Chapitre 3 - Week-end culturel et sensuel (15)

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Samedi 25 juillet 1964, maison Graf & de Bruson, Kesswil

Adso chuchota quelque chose à l’oreille de Koen, puis enfila sa longue chemise qui lui arrivait aux genoux.

— Tu es Néerlandais ? demanda Koen dans sa langue maternelle. Je pensais que tu venais de Melk, en Autriche.

— Non, mon nom vient du lait, mes parents sont des fabricants de Gouda.

— Tu parles bien l’allemand, sans accent.

— Ma mère est allemande.

— Alors, tu es d’accord de me montrer ton pénis ?

— Le ciel m’est témoin que je ne le fais que pour aider la science, et je le montre seulement à toi. Je ne veux pas que le Père Emptoire le voie, il me drague tout le temps. Je ne suis pas homosexuel, moi.

Koen voulut lui demander pourquoi il était resté, il se retint. Ils s’éloignèrent de la plage et se cachèrent derrière un bosquet. Adso remonta sa chemise et dit à Koen de lui baisser son slip. Il bandait déjà, son gland était humide. Le futur médecin examina le pénis avec attention, notant mentalement ses caractéristiques et sa longueur, sans faire de commentaires.

— Merci, dit-il, ta contribution est précieuse.

— Puisque tu le dis. Ne me remets pas le slip, il est mouillé.

Adso sécha son entrejambe avec un pan de sa chemise. Ils revinrent vers le pavillon. Le novice mit le slip mouillé dans la poche de sa bure et la passa.

Frédéric et Koen décidèrent de retourner à la maison des architectes, ils remirent leurs shorts pour traverser le chemin pédestre qui faisait le tour du lac.

— Alors ? demanda Frédéric à Koen.

— Alors quoi ?

— Il a une grosse bite le novice ?

— Je ne vais pas te le dire, secret médical.

— Tant pis. J’en ai vu assez d’autres aujourd’hui.

— Je pense qu’il va évoluer sur l’échelle de Kinsey d’ici la fin du week-end, il a déjà passé de zéro à un ou deux. Tout espoir n’est pas perdu que tu la voies.

Frédéric eut la surprise de retrouver son chauffeur sur la terrasse de la maison.

— Urbain ! Vous avez pu vous libérer et venir déjà ce soir ?

— Monsieur, une soirée chez Graf & de Bruson est un privilège que je ne manquerais pour rien au monde. Je pense qu’on peut se tutoyer ici.

— Oui, bien sûr. Tu connaissais déjà cet endroit ?

— Je suis ami avec Martin, il est là ?

— Il masse le Dr. Freud au bord du lac.

— Je vais y aller, il aura peut-être le temps de s’occuper de moi.

Koen et Frédéric se rendirent au Sensorium. Alexandre, le pianiste, était couché sur le dos, vêtu d’un seul caleçon. Il étudiait une partition.

— Désolé de te déranger, dit Frédéric, sais-tu où sont Peter et Stefan ?

— Ils sont dans leur chambre, ils ne vont pas dormir ici.

— Déjà en train de baiser, fit Koen.

— Tu es jaloux ? Non, ils répètent pour la soirée, ils vont faire un duo surprise. Il est doué, Peter. Il pourrait devenir un grand chanteur d’opéra. Comment s’est passé votre après-midi ?

— La routine, dit Frédéric, quelques gâteries.

— Tu en voudrais une ? demanda Koen.

— Une quoi ? Une gâterie ?

— Oui, on a le temps avant l’apéro.

— Ça me détendrait, je suis toujours très nerveux avant un concert.

Alexandre déboutonna son caleçon, en sortit sa queue, puis reprit l’étude de sa partition en chantonnant la mélodie. Koen prit le membre dans sa bouche et débuta ses caresses.

— Il est déchaîné ton ami, dit Niklas, le danseur.

— Ils doivent vaporiser un aphrodisiaque dans la ventilation. Tu en voudrais aussi une ? demanda Frédéric.

— Jamais avant un spectacle, je ne dois pas perdre mon influx.

— Et je pense que Jorge est ton amant.

— Lui ? Pas du tout, chasse gardée, il couche avec le chorégraphe qui doit être en train de l’enculer. Nos relations sont purement professionnelles.

Adso entra à ce moment-là, une petite valise à la main, il fit le signe de croix en voyant Koen penché sur la bite du pianiste. Frédéric lui demanda par acquis de conscience :

— Tu en voudrais aussi une ?

— Je ne vois pas de quoi tu parles.

— Dommage. Tu ne sais pas ce que tu perds. Tu veux vraiment laisser ta bure toute la soirée ? Il fait trop chaud. Je te prêterai une chemise et des pantalons.

— Tu as peut-être raison.

— Je vais te montrer où sont les douches.

— Nous nous sommes baignés dans le lac.

Raté, se dit Frédéric, en sortant un pantalon et une chemise aux couleurs psychédéliques de sa valise. Il les tendit au novice.

— Ça te va ?

— Un peu voyant.

— Je la mettrai, tiens, voici une chemise noire plus sobre.

Adso s’installa à côté d’Alexandre. Il passa un slip sec sous sa bure avant de se changer. Frédéric se déshabilla et sortit prendre une douche, vexé car personne ne voulait de gâterie. Il croisa Urbain.

— Tu n’es pas en train de te faire masser ?

— Martin est à la bourre, il a déjà le curé sur la liste d’attente.

— Tu voudrais que je te suce ?

— Bonne idée, je te rejoins aux douches.

À 18 heures, tout le monde se retrouva sur la terrasse pour l’apéritif. Quelques personnes supplémentaires étaient arrivées. Le traiteur avait préparé des plats d’amuse-gueules, un extra servait le champagne. Au bout d’une demi-heure, Graf fit un discours :

— Messieurs. Je vous souhaite la bienvenue pour notre traditionnelle soirée de la mi-été, avec un peu d’avance cette année. Je salue tout particulièrement notre doyen, le Dr. Freud, et les jeunes qui sont là pour la première fois, ce sont eux qui assureront l’avenir de notre Ring. Il y a encore beaucoup de travail à accomplir pour les droits des minorités sexuelles, ils verront peut-être le mariage pour tous avant leur mort, pas nous. Je rappelle les règles du jeu : pas de drogues illégales, pas de sexe sans consentement mutuel, pas de pratiques extrêmes et pas de pénétrations anales sans préservatifs. Il n’y a jamais eu de problèmes jusqu’à présent et je sûr qu’il n’y en aura pas ce week-end. Après le plat principal, nous aurons la prestation de Peter, un jeune chanteur, accompagné par Alexandre au piano. Et une surprise avec Stefan, qui a aussi préparé les desserts.

Applaudissements dans le public.

— Ensuite, après ces desserts, nous aurons la première mondiale de Boléro II, création du Ballet du XXe siècle. Je salue son fondateur et chorégraphe qui nous fait l’honneur de sa présence.

Nouveaux applaudissements.

— Et, pour débuter la soirée, j’ai le plaisir d’accueillir M. Koen Grotelul qui va vous faire un exposé sur le pénis.

Rires dans l’assemblée, puis applaudissements.

— Moi ? s’étonna Koen, faire un exposé sur le pénis ? Ce n’était pas prévu. Tu le savais, Frédéric ?

— Non, je pense qu’ils ont voulu te faire une farce, mais je suis sûr que tu es capable d’improviser.

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