Prologue

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Vous connaissez cette sensation quand tout autour de vous s'effondre ? Comme si tout se consumait, se dilatait...

Il y a des fois où vous sentez tous les regards rivés sur vous et vous voulez juste disparaître. Vous avez le rouge qui vous monte aux joues. D'un coup ,la chaleur vous consumme, des gouttes de sueur coulent le long de votre nuque et sur vos tempes. Vos poils se hérissent quand vous entendez un premier ricanement, suivi de tant d'autres. De vos yeux hagards vous observez la scène sans pouvoir rien faire, prisonnier de votre corps, incapable de vous exprimer. Sur le moment, tout ce que vous souhaitez, c'est quitter la salle dans laquelle vous êtes. Mais plus tard, quand la sonnerie retentira, vous voudrez malgré tout rester dans cette classe car vous savez trop bien ce qui vous attend dans les couloirs : les regards, les moqueries, les insultes. Les chuchotis, vous les connaissez. Les mains qui tentent à peine de cacher les lèvres qui bougent aussi. Cette sensation d'être épié partout. Ici et là, même chez soi.

Je sais trop bien ce que ça fait pour l'avoir vécu toute mon adolescence. Alors, ce soir, je mettrai fin à mes jours. Comme environ vingt-quatre autres personnes en France aujourd'hui.

Il est vingt-deux heures trente. Sur le pont, au-dessus de la Garonne, j'avale une poignée de cachets. Je regarde autour de moi. Personne. Je passe par-dessus la barrière, écoute une dernière fois le brouhaha de la ville, et saute.

Il y a cette sensation de vide autour de moi, qui dure si longtemps qu'un moment je pense que je vais m'envoler, pendant quelques secondes je suis enfin libre. Puis il y a le choc.

À travers le noir infini, je sens la fraîcheur de l'eau m'envelopper. Je me sens rassurée, presque bien. Mais très vite, elle me transperse la chair, me lacère les poumons et des milliers d'aiguilles se plantent sur mon corps. Je tente vainement de ressortir la tête mais ma poitrine est si lourde qu'elle semble m'aspirer vers le fond. J'entends l'eau hurler, la lumière s'échapper et l'air m'éviter. A travers la douleur, les couleurs deviennent des mots qui m'écharpent la langue et les sons des lumières qui brûlent ma peau. Et, enfin, je m'évanouis.

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