29.03.2020

3 minutes de lecture

C’est quoi son problème à Carmen De Cifuntes ? J’ai envie qu’elle crève. Chiku et moi sommes d’accord là-dessus, faut la foutre avec les lions. Oui, j’ai binge wacthé les deux premières saisons de Las Chicas del Cable. Du coup j’ai un peu la tête dans le brouillard en me levant ce matin. En plus de ça, j’ai passé ma nuit à discuter par WhatsApp avec la terre entière. Vu que je ne comprends rien à l’espagnol, le visionnage ça donnait un peu ça :

Lancer l’épisode,

Répondre aux messages,

Relever la tête,

Ne rien comprendre,

Revenir en arrière et recommencer.

C’est un message de Michel qui me réveille et je me rends compte que je suis un peu à la bourre pour le nourrissage. Il me dit « j’ai un truc de fou à te raconter. » Je m’installe bien confortablement sous le porche avec mon petit-déjeuner et j’attends les potins. S’il y a bien un truc pour lequel nous sommes doués tous les deux, c’est se raconter les ragots. Le bureau renseignement de notre bled africain où tout le monde connait tout le monde, c’est nous. Sauf que là, il m’explique que la voisine du dessus à son hôtel, mariée et en voyage d’affaires, vient de sortir en peignoir d’une chambre du bout du couloir. Cette chambre est occupée par un vacancier venu voir son fils dans le pays. Je n’ai pas répondu tellement elle m’a déçue, cette info.

Je croise les doigts pour qu’il n’y ait pas de folie aujourd’hui, je suis vraiment HS et j’ai envie de me frapper pour cette idée de merde que j'ai eu. En sortant de mon antre, j’en veux à ce Chiku de malheur de s’étendre de tout son long sur sa branche, juste à côté de mon 4x4. Il me nargue ce petit con, avant de fermer les yeux et pioncer. Je me retiens de lui lancer une cacahuète juste pour le réveiller comme il a tendance à le faire avec moi, mais je me retiens. Mon éthique professionnelle reprend le dessus.

J’ai passé ma journée avec mes gros chats dans la partie plus sécurisée de la réserve. Après le nourrissage, j’ai joué avec les lionceaux et Simba m’a pincé la cuisse. Quoi, lui aussi il voulait des cacahuètes ? Après avoir rapidement mangé (« partagé » serait plus approprié) un sandwich sur place en compagnie de mes protégés, j’ai fait faire un parcours d’obstacle aux petits. Ils sont tout de même moins dociles que des chiens et ils n’ont fait que défoncer les barrages que j’avais mis si longtemps à faire tenir debout. J’envoie une vidéo à mes parents d’un des lionceaux qui fait le beau à mes pieds pour que je lui gratte le ventre. Elle me répond en majuscule en me suppliant de faire attention qu’il ne me saute pas à la gorge. Je ne sais pas ce qui est le plus dangereux entre le covid et un lionceau sur le dos… ?

L’après-midi j’ai observé les servals avec mes jumelles depuis mon mirador. Il y a longtemps que nous n’avons pas eu de naissances et, comme pour les lionceaux, passé un certain âge nous les relâchons dans la partie de la réserve qui leur est destinée, clôturée bien sûr. Ils ont tout de même quelques hectares et ne vivent pas avec nos autres pensionnaire. Nous essayons de leur faire retrouver un minimum leur instinct sauvage. Ils ne mettent pas très longtemps à oublier l’être humain, mais les nombreux contacts avec eux durant leur jeunesse nous permettent de leur donner à manger sans qu’ils nous sautent dessus. Ils savent nous différencier des bouts de viandes (heureusement).

Pour les faire courir un peu, j’attache les carcasses à des crochets et j’enclenche un mécanisme de poulie. La corde s’enroule rapidement et les lions/servals sont obligés de courir après la viande. C’est le meilleur moyen de simuler une chasse. Il y a tout de même des clandestins extérieurs qui s’aventurent par ici, mais ils ne font pas long feu. C’est la loi de la nature.

Par contre, les servals, qu’est-ce qu’ils pissent par heure ! Je me suis surprise à faire une blague pourrie. Un serval, des ser-veaux, comme un bocal, des bocaux. J’ai rigolé pendant cinq bonnes minutes avant de faire part de ma découverte à Michel. J'ose espérer que c'est seulement la fatigue et la solitude qui me font délirer. Il m’a fait comprendre qu’à la fin du confinement je serais bonne pour un aller simple au pavillon des agités. Il me conseille d’aller me coucher, mais je ne peux pas. Carmen hante mes nuits et Teal'c n’est pas là pour me protéger. J’entends encore Michel ricaner bêtement à mes conneries. J'ai déjà avaler mon repas, pris ma douche et maintenant, je vais rattraper ma nuit.

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