27.03.2020

3 minutes de lecture

J’ai trompé l’apprentissage de l'italien avec la langue russe.

я не понял

Je ne sais pas ce que ça veut dire et je sais encore moins le lire. Mais bientôt je pourrais aller papoter missiles nucléaires avec Poutine autour d’une vodka. L’alcool me manque. J’ai fait une promesse écrite à Michel en lui expliquant qu’à son retour on se met une murge avec Chiku. Il m’a ri au nez. Il dit que c’est de la maltraitance.

Aujourd’hui, je m’attaque aux tortues et j’en profite pour leur filer quelques brins de persil qui risquent de moisir dans mon frigo. Faut que j’appelle quelqu’un pour qu’il me ramène de la bouffe sinon je vais devoir me battre contre les vervets pour toper quelques bananes. Chiku risquerait de rompre avec moi.

Je passe quelques coups de téléphone et à 12 h tapante un coursier est à la grille principale, alors que je viens tout juste de terminer le nourrissage. Je lâche les mangoustes pour récupérer mes provisions. Vous savez quoi ? Il y a des bières dans mon panier. Je soupçonne Michel d’être dans le coup.

L’après-midi je m’attaque aux antilopes noires, élan du cap et impalas. C’est également l’heure de la manucure pour Fola. Il a une malformation et ses cornes poussent en s’enroulant sur elles-mêmes. Toutes les six semaines, on lui rabote. D’habitude c’est Michel qui le fait. Il a la technique et les muscles. Moi je n’ai que mes bras tout mous de gonzesses.

L’idée de la bière fraiche au frigo m’a fait tenir bon. Mais contre toute attente, je n’ai pas de décapsuleur. Comment le prendraient les rhinos si je venais les déranger...? J’ai fini par laisser tomber, trop soûlée et j’ai opté pour un simple coca. En même temps il est à peine 16 h donc faut pas déconner. Y-a-t-il vraiment une heure spécifique pour prendre l’apéro ?

Je me suis appuyée sur la rambarde pour profiter de mon coca frais et prendre des nouvelles de mes parents et amis, mais elle a pété sous mon fessier. Je ne sais pas trop comment je dois le prendre. Par contre l’atterrissage, il a piqué. Il fallait que je la répare, de toute façon. Ce sera ma mission de fin de journée. Qui n’a jamais rêvé d’un vendredi soir pareil ? Je pars avec ma hache pour couper du bois dans les kékés. C’est le bon moment pour mettre du Disney.

Il est 19 h et je sue comme un poulet dans une rôtisseuse, sous le regard expert de Chiku qui danse sur « comme un homme » de Mulan. J’ai du mal à tenir ma hache avec mes gants beaucoup trop grands. Je décide que j'ai assez de bois pour bricoler une nouvelle rambarde à peu près solide et stoppe donc le massacre de ces pauvres branches sèches.

Je reçois un message de Michel. Il m’envoie une photo de lui et d’une parfaite inconnue. Mon collègue d’origine sud-africaine et métisse de peau, au physique de nageur se la coule douce au bord de la piscine de son hôtel. Il y a pire comme confinement. Il me présente Delilah, une étudiante et sa voisine de chambre, elle aussi confinée. C’est quoi ce nom de p*** biblique ? Je m’excuse pour les autres Delilah de l’univers qui doivent être des nanas super, mais celle-là, je ne l’aime pas.

Du coup j’envoie un selfie de moi et mon voisin de chambrée, Chiku, en lui expliquant rapidement mes péripéties de bucheronne. Mais c’est tout de suite moins sexy avec les traces de poussières rouge sur la gueule et la tête à l’envers du vervet sur sa branche. Ensuite j'ai montré la photo de Delilah à Chiku et il a détalé en criant. Je crois qu’il a eu peur de cette fausse blonde.

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