Willow Tree

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Nous avons tous un monde intérieur où nous réfugier lorsque la réalité devient pénible. Il revêt des décors différents en fonction de nos expériences passées, de notre culture ou de notre état de pensées. Généralement, il est difficile de le décrire concrètement, car il est en constante évolution. Ce monde arbore des éléments visibles de la réalité, parsemé de concepts abstraits, de paysages imaginaires et de personnes disparues ou en cours de création.
 Il s'agit de l'endroit le plus intime que nous possédons, dans lequel nous ne laissons entrer que les personnes de confiance. Nous savons pertinemment que la moindre destruction, la moindre souillure de cet endroit aura des conséquences sur notre être.

 Ma vie actuelle me laisse rarement le temps d'y retourner. Mes pensées sont constamment submergées par mes activités professionnelles et personnelles. Le sommeil ne permet pas le repos. Ainsi, lorsque l'épuisement devient extrême, je me laisse porter vers cette contrée. Je hume l'air marin qui me pique les narines. Je ressens les herbes hautes contre mes jambes et la terre s'enfoncer sous mes pieds nus. Je connais sur le bout des doigts chaque détail, et pourtant, ce lieu ne cesse de me surprendre. Parfois, les personnages de mes créations m'y rendent visite. Ils m'attendent patiemment pour discuter de l'avancée de leurs histoires. Certains comprennent mon retard et m'encouragent à continuer. Après tout, ils ne seraient pas là, si je ne leur avais pas insufflé la vie dans mes lignes. D'autres me hantent inlassablement, m'accusant de laisser leurs histoires en suspens. Ils me reprochent ma lâcheté, faisant rejaillir ma culpabilité.

 Le saule pleureur, accroché à la falaise, me salue toujours de sa grandeur, m'invitant à me blottir entre ses racines pour discuter. Il ne répond jamais, mais je sais qu'il est le gardien de mes secrets. Il protège précieusement mes souvenirs douloureux : des amitiés oubliées, des rendez-vous ratés, et même des souvenirs heureux jaunis par le passé. Il a assisté à la création de nombreux univers et à la naissance de tant de personnages. Cependant, une malédiction le frappe inéluctablement. La robustesse de son bois, la densité de son manteau de feuille et sa santé dépend de mon état émotionnel. Le saule pleureur s'épanouit dans les moments de joie et flétrit lorsque la tristesse arrive. En ce moment, je dirais que les bourgeons commencent à revenir...

 Je suis seule sur le bord de cette falaise, je sens les racines m'envelopper tendrement tandis que je regarde la mer. Aucune vague ne vient perturber le calme marin. Mes paupières sont lourdes, pourtant, je n'ai pas envie d'abandonner cet endroit. J'aimerais reconstruire ces univers, discuter et me réconcilier avec certains personnages. J'aimerais te revoir épanoui. Mais je suis tellement fatiguée...


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