INTERLUDE : l’Olympus Café

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Elma228 - Jane et ElGe253 – Wilson n’étaient pas tout à fait du même modèle, mais elles s’entendaient bien. Elles prenaient souvent leur pause déjeuner ensemble au sein de Brown Strike Compagnie. En cette belle fin de journée, elles décidèrent d’aller boire un inhibiteur à l’Olympus. Bien que le moindre cocktail y soit très cher le cadre y est fabuleux. L’Olympus café est la plus haute tour de la ville, de très loin. C’est un énorme pylône en verre qui surplombe toute la cité et parfois les nuages. Sur ce pylône, une grande terrasse de verre vient se poser comme un nénuphar céleste. Les tables sont en verre et les chaises également. Des affiches publicitaires montraient une jeune femme, pieds nus, méditant au milieu du ciel, en lévitation au milieu de nulle part. Un slogan disait « Quelques instants de paradis ». Bien que le paradis n’ait pas de sens réel en matière de croyances, le symbole d’un endroit de bien être parfait reste très fort. L’air y est d’une propreté rare, c’est pourquoi le temps passé sur place est facturé en plus des consommations. Les deux amies s’estimèrent heureuses qu’il y ait encore de la place. Sinon Jane aurait été obligée d’offrir un cadeau au barman pour qu’il pousse insidieusement des clients à partir. C’est assez simple, il suffit de leur demander très souvent s’ils veulent consommer autre chose. Quand ils ne désirent plus rien consommer, la gêne les pousse à s’en aller d’eux même. Cette fois-ci, une table les attendait. Jane alla tout de même saluer le barman ce qui fut une occasion de se faire complimenter au sujet de sa nouvelle perruque sculptée qui remplaçait bien tous les tatouages du monde tellement elle surpassait toutes les autres en originalité. Wilson qui était bien plus jeune que Jane n’avait pas l’habitude de fréquenter cet endroit. Bien sûr ce n’est pas une question de salaire, en tant qu’employée de Brown Strike Compagnie elle gagnait le même que son aînée. L’Olympus café est tout de même principalement fréquenté par des clones multi-tatoués. Wilson n’aurait pas envisagé d’y aller seule. Par curiosité, elle avait déjà tenté de régler son amplificateur sur un programme d’isolement céleste. Elle eut une sensation bluffante de flotter au milieu du ciel, mais rien de comparable au vertige procuré par l’Olympus Café. Cela venait sans doute de la perception réelle de la hauteur durant l’ascension dans le pylône. Elle se tenait donc au coude de Jane jusqu’à ce qu’elles finissent toutes les deux par être assises. On leur proposa le nouveau cocktail catalyseur, la meilleure vente du bar. Étant donné qu’elles ne désiraient pas rester tard et que Jane tentait, pour des raisons de lobby obscures, de se passer d’amplificateur pour dormir, elles préférèrent commander des inhibiteurs. Wilson reçu une notification sur son amplificateur, AdCo146 – Daniels aurait été envoyé à l’asile. Jane n’était pas au courant, Wilson lui transféra sur son amplificateur.

« Ça ne m’étonne pas du tout, dit Jane, je l’ai toujours trouvé bizarre. Je suis passée à la compta il y a deux semaines, la musique qu’il écoutait n’était pas du tout de la musique pour AdCo. Encore, de la musique pour AdCD, ou AdcS j’aurais compris, mais là ça ne ressemblait à rien.

— Moi, sur le principe, je peux comprendre que quelqu’un, un jour, pour essayer, ait envie d’écouter une autre musique, mais bon faut pas le faire au boulot quoi ! Ou à la limite si t’as plein de tatouages, mais lui il n’en avait pas.

— Mouais, soupira Jane, en voilà un qui coûte de l’argent à la société sans rien produire. Et qui c’est qui paye ça ? Toi et moi avec nos salaires !

— Human Lab fait n’importe quoi, ils ne savent pas faire dans la qualité.

— Oui mais normalement c’est à Brown Strike Compagnie de vérifier que le clone est conforme avant de l’accepter. C’est celui qui s’est occupé de ça qui devrait être envoyé à l’Asile. répliqua Jane sur un ton ferme.

— Je lui ai déjà parlé une fois à Daniels. Il est sympa. Une fois il s’est perdu en banlieue et il a vu des FoPo tirer sur les Egarés. Ça lui a fait mal au cœur et il essaye de ne pas trop refuser de clones parce qu’il sait qu’ils risquent de finir comme ça.

— Notre rôle, en tant qu’employés de Brown Strike Compagnie est de ne pas le laisser faire ça. C’est du sabotage !

— Non mais ils n’acceptent pas ceux qui sont vraiment mauvais, il ne prend que les très haut taux de conformité. D’après ce que je sais, Daniels faisait bien son boulot si on oublie son attitude bizarre.

— Au final, il finit quand même à l’Asile. Moi je dis ça pour son bien, c’est pour aider l’entreprise et l’aider lui à aller mieux qu’il faut en parler à la hiérarchie. Et qui sait, on aura peut-être droit à un tatouage pour notre prise d’initiative.

— Mais du coup on laisse Human Lab mener des clones à maturité alors qu’ils ne sont pas conformes ? On les laisse agrandir la population d’Egarés ?

— C’est sûr qu’il faut faire quelque chose contre ça aussi, les rues ne sont plus sûres.

— Moi je n’ai jamais eu de problèmes avec eux, dit Wilson. Pour l’instant, ajouta-t-elle.

— Ça c’est parce que les frontières des quartiers sont bien gardées, mais je crois qu’on prévoit de baisser la vigilance pour faire des économies de budget. Tu te sens toujours en sécurité ?

— Bah, un peu moins, mais quand même…

— Tu sais bien qu’ils se droguent, même s’ils n’ont pas un mauvais fond, on ne sait pas de quoi ils sont capables. »

Les deux regardèrent en bas, comme si à cette hauteur, elles étaient capables d’observer l’objet de leur conversation.

« T’as sans doute raison. Tu reveux un inhibiteur ? proposa Wilson.

— Ouais aller, on s’en rejette un et puis on y va, le coucher de soleil est bientôt terminé. L’air n’est pas donné par ici, ria Jane. »

Le coucher de soleil était effectivement magnifique du point de vue de la tour de l’Olympus Café, il baignait tout le ciel d’hyacinthes et d’or, de quoi profiter d’un moment de détente privilégié.

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