Chapitre 3 : L'invention

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Toute la communauté scientifique travailla d'arrache-pied suite à cette découverte. Et ainsi que l'histoire nous l'avait déjà montré, le développement technologique de notre civilisation s'est grandement accéléré. En mars 2127, l'armée des Nations Unies avait terminé un prototype de vaisseau spatial très particulier permettant un voyage dans le futur. Depuis que nous savons que l'univers est composé de vingt-et-une virgule sept dimensions d'espace, nos connaissances sur les voyages spatiaux se sont grandement développées.

L’une des possibilités découlant de ces connaissances était d'accéder à des voyages à plusieurs années-lumière de distance sur une échelle de temps humaine. Avant ça, d’une part, les technologies existantes ne permettaient pas de voyager à des vitesses proches de celles de la lumière, il aurait donc fallu des siècles pour parcourir des distances cosmiques. d’autre part, s’il avait été possible de voyager à la vitesse de la lumière, le temps d'accélération nécessaire pour qu'un corps humain tienne le choc aurait été également trop long sur nos échelles de temps. La solution à ce problème a été trouvée via un système de bombe. Le vaisseau devait être équipé d'un type de système appelé « bombes à distorsion ». Leur objectif est de créer un point de gravité très fort. Lorsque l’énergie latente du vide est stimulée par une énergie très dense qu’on appelle « enthalpie libre de génération », elle permet la génération de matière, comme ce fut le cas lors du Big Bang. La matière spontanément générée dépend de paliers énergétiques qui engendrent des fréquences de vibration. Selon nos modèles issus de la théorie GM, chaque fréquence est associée à une certaine particule de matière. Les bombes à distorsion sont donc conçues pour créer non seulement de la matière, mais surtout les particules les plus denses, un savant mélange de bosons de Higgs et de gravitons qui m’échappe, et permettant de créer un trou noir pendant un temps très court. Lorsque ce trou noir se dissipe, il crée temporairement un anti-trou noir en réaction. Celui-ci repousse, ou plutôt déplie, l'espace et permet d'accéder physiquement aux différentes dimensions d’espace. Pour comprendre ce phénomène, il faut imaginer une pierre lourde tombant à la surface de l'eau, c'est le trou noir synthétique. Quelques dixièmes de secondes plus tard, on observe une colonne d'eau se former à l'endroit où la pierre est tombée, puis retomber en oscillant jusqu'à ce que l'eau reprenne une surface plane, c'est l’anti trou noir. Notre espace n'étant pas un plan, comme la surface de l'eau, l'effet est légèrement différent. L'espace se déplie comme une feuille de papier repliée vingt-et-une virgule sept fois, ou plutôt un papier chiffonné en boule qui se déplierait. Cela permet d'accéder aux replis profonds de l'espace, inaccessibles jusqu'alors car protégés par les trois dimensions usuelles. Accéder à ces nouvelles dimensions d'espace a pour effet de réduire les distances de voyages spatiaux. De la même manière qu'une longueur unidimensionnelle de trois mètres donne un carré de neuf mètres carrés en deux dimensions et un cube de vingt-sept mètres cubes en trois dimensions, voyager de dix kilomètres dans le plus petit repli de dimension de notre univers permet de remonter à la surface dans nos dimensions usuelles à dix puissance vingt-sept kilomètres du point de départ. En réalité, pas tout à fait car les dimensions spatiales forment des circonvolutions qui empêchent de raisonner de façon linéaire. Ce système a pour avantage de permettre de parcourir de grandes distances sans avoir une quantité de carburant impossible à stocker et de voyager à des échelles de temps humaines. Pour ajuster les distances de déplacement, il est possible de réguler l’intensité du trou noir créé. Là encore, il faut atteindre un certain palier énergétique pour déplier six dimensions, un palier supérieur pour neuf dimensions et ainsi de suite. Par un phénomène encore peu connu, une fois qu’un corps pénètre dans ces repliements de l’espace, il subit une forme de poussée d’Archimède, la « Poussée d’éjection quantique de Braham » qui le rejette lentement comme un corps étranger. Nous n’étions capables de provoquer ces distorsions qu’en certains points spécifiques que les scientifiques appelaient « ZEF » pour Zones d’Espace Fragile. L’un des soucis majeurs était que naturellement, la poussée de Braham avait tendance à faire prendre la direction d’une autre zone fragilisée, notamment par des trous noirs, des vrais. Pour se représenter le phénomène avec les mains, il est possible de remplacer le vaisseau par un sous-marin, la poussée de Braham par la poussée d’Archimède qui tend à faire remonter un corps vers la surface, et le trou noir par un typhon. Il fallait donc à tout prix éviter de ressurgir des profondeurs de l’espace sur un trou noir. Il était tout à fait possible de réduire son déplacement pour que la Poussée de Braham devienne suffisamment prépondérante pour éjecter le vaisseau plus tôt. Cependant l’influence de ces trous noirs est tellement forte qu’il était impensable de ne pas se retrouver rapidement dans une zone de gravité dangereuse ! Le second problème était donc de réussir à ressortir de ce champ de gravité énorme avant l'annihilation totale du vaisseau. Les trous noirs sont formés par des étoiles dont la masse est telle qu’elles s’effondrent sur elle-même. Leur taille est donc presque infinitésimale contrairement à ce que le rayon du champ de gravité laisse croire. Pour lutter contre ce champ de gravité induit par les trous noirs, l’armée mit au point une bombe énergétique, qui est d’abord déclenché par une réaction de fusion nucléaire, puis qui s'autoalimente grâce à l’énergie du vide décuplant sa puissance par effet boule de neige. L'énergie dégagée ferait passer n'importe quelle bombe H pour un pétard mouillé. Le but était d’envoyer la bombe sur le centre du trou noir, à l’endroit de taille infinitésimale où l’étoile s’est effondrée sur elle-même. La conséquence était une dissolution de la matière en énergie et la dissipation de cette énergie de telle sorte que la densité de l’étoile s'allégeait considérablement, et le champ de gravité en même temps. Il était donc possible, en attaquant un point proche du centre du trou noir, de l'annihiler pendant quelques minutes, le temps que le vaisseau puisse s'échapper. Puis le trou se reformait, en ramenant à nouveau l'énergie dissipée sur un point central. Pour le voyage de retour, il avait été constaté qu’une fois l’espace fragilisé en un point d’espace, celui provoqué par le point de départ, il restait suffisamment fragile pour permettre l’émergence d’un vaisseau au retour. Ceci permettait, si le départ était effectué dans le système solaire, de revenir dans celui-ci.

L’un des points qui n’avaient pas été prévu immédiatement était que le temps était lié à l’espace, et se déplacer dans des repliements dimensionnels induisaient un écoulement du temps beaucoup plus faible. Là encore, l’écoulement du temps était fonction des paliers de dépliement atteints. Se déplacer dans six dimensions n’implique pas la même déformation temporelle que de se déplacer dans neuf dimensions, et ainsi de suite. Ce type de déplacement impliquait donc, un saut dans le temps pur et simple.

Ainsi naquit Vernes I, le premier vaisseau armé à voyager dans le futur.

En Avril 2132, les Nations Unies, qui possédaient désormais une armée au budget colossal, mettaient au point une mission d'exploration à bord de Vernes III. Vernes I avait été envoyé aux alentours du trou noir NGC 1277. Ce trou noir est l'un des plus gros référencé. Son diamètre est de quatre jours lumière. Le souci, avec des trous noirs de cette taille est que la moindre incertitude a des répercutions colossales. C'est embêtant car il fallait que la bombe atteigne un point suffisamment proche du centre du trou pour que le rayon d'explosion atteigne le centre. La bombe avait presque deux jours lumière de trou noir à traverser, ce qui, en comptant la déformation du temps, revenait à une éternité du point de vue de l'extérieur du trou noir. Dans des proportions aussi énormes, une seconde de décalage, une erreur d'un kilomètre sur le rayon d'explosion de la bombe avait des conséquences terribles qui signifiaient l'échec de la mission. Vernes I a été détruit, mais cet échec a appris à la communauté scientifique que notre maîtrise n'était pas suffisante pour approcher des trous noirs de cette envergure. Vernes II a été envoyé près de XTE J1650-500, ce trou noir est l'un des plus petits référencés, et présent dans notre galaxie. Sa taille est celle d'une grande ville, vingt-quatre kilomètres de diamètre. S'en approcher est moins dangereux, les incertitudes de calculs sont plus permissives et le rayon d'explosion de la bombe permet un réglage large. Vernes II a donc pénétré le champ gravitationnel de XTE J1650-500 sur deux kilomètres. Vernes II avait avancé d'environ cinq ans dans le temps. L'expérience fut donc une réussite. La construction de Vernes III avait été entamée dès le départ de la mission de Vernes II, cette fois pour accueillir un humain à son bord.

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