chargés

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 Les coups de feu pleuvaient. Le sang coulait, formait des flaques noires, sombres, comme les derniers jours de ces soldats. Et des compagnons s'écroulaient par dizaines, centaines, raides morts. La guerre n'avait commencé que depuis un mois et déjà les pertes se faisaient ressentir. Le moral des troupes baissait. Leur motivation était au plus bas, et leurs espoirs de revoir une ville pleine de vie anéantis.

  Combien étaient morts, abattus par ces monstres sans cœur ? Combien allaient encore mourir, puisque tout venait de commencer ? Quand s'arrêterait cette guerre, violente, à laquelle ils n'osaient même pas espérer une issue ?

  Ils étaient moins nombreux, mais armés jusqu'aux dents. Ils étaient plus réfléchis, mais la force n'y était plus. Et surtout, ils avaient peur. De mourir, de partir, d'être blessés, de se battre, de ne plus pouvoir rien faire, de résister, mais ils ne voulaient pas se laisser faire. Ils ne voulaient pas laisser ces monstres prendre le dessus, ils ne voulaient pas finir en tas de chair juste bonne à manger. Ils ne voulaient pas abandonner, mais ne voulaient plus se battre, être blessés, tués, dévorés. Ils ne voulaient plus perdre personne, car beaucoup ne possédaient plus grand-chose. Certains ne possédaient rien. Plus de famille, d'amis, d'attaches. Plus de vie.

  Car ce n'était pas une vie. Ce n'en était plus une, depuis tellement longtemps. Que voulait dire ce mot ? Quel sens donnait-on au mot « VIVRE » ? Se lever le matin, tranquillement, boire un café bien noir, embrasser sa moitié et ses enfants, partir travailler, sourire, pleurer, crier, rire ? Etait-ce ce qu'on appelait vivre ? Eux, ils ne vivaient plus. Ils ne dormaient plus, ne riaient plus, ne se permettaient même pas de crier, d'évacuer tous les sentiments néfastes qu'ils gardaient au plus profond d'eux. Dans leur tête, seuls les mots viser, tirer, viser, tirer étaient encore présents. Pas de place pour les sentiments comme la pitié ou la tristesse. Si un sombrait, ils sombraient tous. Les choses marchaient comme ceci, maintenant. Et marcheraient comme ça longtemps.

  Pourtant, ils étaient encore là. Malgré la douleur, la tristesse, la peur, ils étaient encore là et resteraient. Ils ne mourraient pas sans se battre, et sans avoir perdu toute lueur d'espoir. Même la plus mince. Parce qu'ils étaient soldats, qu'ils se battaient pour leur survie. Qu'ils avaient été entraînés, et que s'ils lâchaient, l'humanité était finie. Parce qu'ils étaient plus courageux que ce que l'on pensait.

Parce que leurs flingues étaient chargés.

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