8 Au théâtre des espoirs (partie 1)

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Lucifer depuis sa rencontre fortuite avec la délicieuse Sheryl, s’étonnait de préférer la compagnie de l’humaine, à la destruction de certaines nations voisines. Quand l’incident de la fiole en verre qui l’avait laissé amochée était survenu, le diable décidait de prendre une pause, une année sabbatique. Les plaies béantes ne pouvaient pas être guéries rapidement, les dons du diable le mettraient dans une situation compliquée, si Sheryl parvenait à comprendre son inclination presque magique. Pour elle, il devait rester Jeremy, celui qui invente le théâtre de son époque, l’artiste avant le démon.

Le plan du malin à présent suspendu, rien n’allait empêcher le mignon petit couple de se rapprocher, de plus que la belle commençait à ressentir quelque chose d’humainement intéressant, un frisson d’amour naissant.

Sheryl s’émerveillait de la bonté de Jeremy, l’homme ne la quittait pas pour pouvoir appuyer la blessée. Le matin, il venait la réveiller délicatement, tout en faisant apporter le petit-déjeuner, jamais trop copieux pour ne pas fragiliser son estomac, déjà fortement médicamenté. Tout en se restaurant, le dramaturge préparait devant elle son traitement. Sur le buffet en face du lit, les instruments attendaient toujours que le diable vienne les manipuler, ainsi le brasero chauffait le mélange, les plantes séchées infusaient et les divers contenants se vidaient. Sheryl aimait contempler la silhouette gracile du jeune homme, alors que les premiers rayons du soleil atteignaient la fenêtre, venant caresser Jeremy, faisant scintiller ses cheveux d’or blanc. Il porta à sa vue, exposé à la lumière, une fiole illuminée dont le liquide fluide et transparent rappelait de l’eau. Cette vision faisait rougir la mortelle, consciente de la manière dont elle devait le regarder, perdue dans ses pensées privées à l’encontre du diable dépourvu de ses cornes.

Les débuts chaotiques de la froide Sheryl contre l’oppressant Jeremy, n’étaient plus qu’un lointain souvenir, la méfiance avait laissé place aux émois féminins. Pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de se remémorer le bouc humanoïde, une illusion dû à son cerveau mourant certainement, qui poursuivait sans relâche son esprit, pouvait-elle se confier à Jeremy à ce sujet ? Que risquait-elle à dévoiler ce cauchemar irréel ? Non, il était encore trop tôt, la confiance peinait à s’instaurer, elle ne voulait pas mettre en péril le nouveau foyer qu’elle venait de trouver, mieux valait se taire que de retourner crever dans les bas-fonds de la ville.

– Voilà, annonça Jeremy en lui apportant une tasse remplie du médicament artisanal qu’il venait de concocter, n’hésite pas à rajouter un peu de miel si l’amertume t’empêche de boire. Le goût doit être légèrement différent, je changerai le dosage pour ne pas que ton corps s’accoutume, une des résines peut provoquer une dépendance. Préviens-moi tout de suite si tu sens des nausées ou des vertiges.

– Combien de temps dois-je prendre ce traitement ? La nouvelle pièce m’intéresse grandement, pensez-vous que je puisse prendre part aux répétitions, au moins une fois par semaine ?

Une grimace traversa son visage quand la première gorgée de l’infâme potion traversa son palais, sans hésiter elle se précipita sur le pot de miel devant elle, pour en verser une bonne louche dans la tasse.

– C’est vraiment mauvais, lâcha-t-elle sans bienséance.

– C’est donc vraiment un médicament, dans le cas contraire, ce serait une friandise. Termine ton repas, je t’attendrais en bas, les répétitions débutent dans moins d’une heure.

Il quitta son chevet, fermant la porte pour laisser un peu d’intimité à sa protégée, qui ne put s’empêcher de secouer ses jambes d’excitation. La secousse avait eu pour effet de provoquer une vive morsure de douleur dans ses bras bandés, elle regretta un peu son enfantillage, mais moins que la gorgée qu’elle avalait par la suite, beaucoup trop sucrée à son goût.

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