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— On a des résultats. Son chien.

Je me trouvais à nouveau dans la salle d’interrogatoire. J’étais très fatigué et j’avais mal à la tête, comme après un effort mental intense.

— Tu penses à ce que je pense ?

— Si tu penses aux deux autres cas, oui. Mais on est prêts maintenant, non ?

— Hé ! Vous allez faire quoi ? criai-je.

— Tu sais ce qu’il faut faire. Commence sans moi, j’arrive.

Quelqu’un entra dans la salle. Il s’agissait du même agent qui m’avait menacé dans le parc.

— Votre chien est illégal. Je suis désolé. Une entité s’est associée à lui puis a pris le contrôle de son cerveau, un peu comme un parasite. Si ce n'était pas encore le cas, son corps a dû commencer à s'altérer. On pense que ceci est dû à une faiblesse du plan de la réalité. Ces faiblesses ne sont pas rares dans cette région : c’est la troisième fois cette semaine, et cette entité a déjà tué certains de mes collègues et des civils.

Après l’avoir regardé comme s’il parlait une autre langue, il me dit :

— Allez-y. Posez vos questions.

— Qu’est-ce que ça veut dire, “illégal” ?

— Comment faire simple… Vous savez, les lois de la nature ? Si on appelle ça des “lois”, ce n’est pas pour rien. Il y a des réelles infractions si on les enfreint. Pas comme des amendes et de la prison, plus comme de la perte de matière ou du surplus d’énergie, sans compter le type d’illégalité lui-même. C’est très dangereux. Et notre travail, c’est de neutraliser ces illégalités.

Ils allaient tuer Rod.

Je devais devenir pâle, car l'agent reprit :

— Votre chien est déjà mort de toute façon. Un chien qui parle… ce n’est pas censé exister.

— Attendez... comment vous savez que mon chien parle ?

— Vous n’étiez pas chez vous à l’instant ? Il y avait votre chien qui vous a dit “Existe pas” et “Sors”. Ça, on l’a pas inventé.

Rod n’avait pas dit exactement ça. Je ne supporte pas ce type d’inexactitude, donc je corrigeai :

— Déjà, il a dit “Faux. Irréel” et “Porte”, et… c’est vous qui avez fait ça ?

— Bien sûr, nous nous sommes servis de la capacité de votre cerveau à recréer des situations. C'est encore expérimental, mais si nous détectons quelque chose, c'est vrai. Par contre, on est sûrs que votre chien a dit “Existe pas” et “Sors”. Vous n’avez pas entendu la même chose ?

— Je sais plus, vous me mettez le doute…

En réalité, j’hésitais à dire la vérité. Je risquais d'empirer ma situation.

— Réfléchissez, c’est très important. Soit il est en capacité de verbaliser lui-même des pensées, soit il se sert du cerveau du destinataire pour le faire. Dans les deux cas, c’est illégal, mais il y a un cas moins dangereux que l’autre, et les méthodes de traitement ne sont pas les mêmes, si elles sont nécessaires.

“Si elles sont nécessaires” ? Que voulait-il dire ? Devais-je espérer être libre ?

Après quelques instants de réflexion, je dis :

— Il a dit “Faux. Irréel.”

Qu’avais-je à perdre ? J’étais un homme mort, de toute façon. Ils me croyaient responsables de cette… illégalité, comme ils disaient.

L’agent eut la réaction de quelqu’un ayant fait un mauvais choix. Paniqué, il se leva, me fit signe qu’il allait revenir, et sortit en courant. Il ne prit pas la peine de verrouiller la porte, qui commençait à se fermer lentement.

C’était la seule chance que j’avais.

Comme l’agent, je me levai et allai précipitamment jusqu’à la sortie. Je pus arrêter la fermeture de justesse et franchis la porte.

De l’autre côté de la porte se trouvait un couloir, longeant la vitre sans tain. Il y avait d’autres salles d’interrogatoire, mais toutes semblaient vides. De l’autre côté du couloir se tenait un escalier. Je décidai de l’emprunter lentement et discrètement, mais quelqu’un montait la garde à l’étage. Heureusement, il me tournait le dos. Il fallait que je trouve un moyen de faire diversion…

— Vous êtes perdu, peut-être ? dit sarcastiquement l’agent qui m’avait interrogé.

Je fis volte-face, paniqué à l’idée qu’il m’ait vu.

— Ne vous inquiétez pas, poursuivit-il. Je n’ai pas pu appeler l’équipe en charge de la… correction de cette illégalité, donc on va devoir s’aider. Il revient chez vous, votre chien, quand il s’éloigne ?

— Quand vous dites “la correction de cette illégalité”… vous voulez dire…

— Oui, je veux dire le brûler. Mais on va pas le faire si on s’aide, parce que votre chien n’est pas dangereux. Il peut même être utile.

— Il retourne chez moi, mais… il avait l’air de savoir que vous alliez arriver, et il refusait de revenir à la maison. Il doit être ailleurs.

— Donc, on n’a aucune idée d’où il peut être ?

— Non.

L’agent grommela, puis dit :

— Je vais vous ramener chez vous, puis partir. Il y sera peut-être, soit pour se cacher, soit pour vous sauver, s’il arrive à savoir s’il y a un danger. Restez-y un petit moment, et appelez-moi.

Il me donna sa carte, avec son numéro.

— Par contre, je ne peux pas vous laisser sortir d’ici en sachant où nous sommes.

Alors qu’il disait cela, je ressentis une douleur brève derrière le bras. Le garde m’avait administré un tranquillisant. L’agent dit quelque chose, comme s’il s’excusait, et je crus comprendre “moins cher”, "expérimental" et “effets secondaires”.

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