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Jules regagna la voiture la têtes pleines d'idées. Babacar se mit à aboyer quand il ouvrit la porte, le sourire aux lèvres.

- Superbe imitation du chien, tu mérites un oscar.

- Sincèrement ? J'ai tellement travaillé pour vivre ce moment.

La clef dans le contact, la Clio vrombit avant que le véhicule ne se mêle à la circulation. Sur le chemin du retour, le juriste partagea ses découvertes avec son ami. Il insista sur le duo Diane-Piotr, puis la fuite précipitée de Philippe. Babacar se gratta le menton.

- Mouais… Je ne sais pas trop quoi te dire. Mais autour d'un KFC au repère, ça peut se décanter.

- Et si Philippe n'était pas blanc comme neige ?

- Tu rajoutes un suspect à la liste.

- Je sais.

- Tu détestes ça en temps habituel.

- Je sais aussi.

Le Sénégalais l'observa deux à trois secondes avant de dire :

- Hum hum.

Dans le canapé du QG, les deux acolytes usèrent de poches de glace pour soulager leurs douleurs. Les deux dernières journées n'avaient pas été de tout repos et celle-ci ne se terminerait que tard dans la nuit. Cette sensation de bien être qui les traversait, il ne l’aurait échangé pour rien au monde. Les risques qu’ils avaient pris étaient complètement démesurés, mais la récompense s’annonçait belle.

Marie poussa les portes du hangar, les mains chargées par un carton à la limite de dégueuler un surplus de feuilles.

- Salut… les… gars…

Un appel à l'aide à peine déguisé, mais trop pour deux cerveaux éteints. L’objet, plus lourd qu’en apparence, donnait du fil à retordre à la jeune femme. Pas un seul des deux ne se leva ; l’homme « moderne ».

Jules s’enfonça un peu plus dans le canapé.

Le téléphona hurla sa mélodie, et avant que Marie n’ait pu se saisir du combiné, elle entendit :

- Jules à l’appareil.

La voix de Betty lui parvint. Il ne s’attendait sûrement pas à ce qu’elle le contacte si tôt. Il se redressa et renvoya l’appel sur le téléphone de conférence Polycom Soundstation IP 5000. Marie active la haut-parleur et pris un bloc note pour chacun.

Se levant, Babacar et Jules laissèrent tomber les poches de glace sur le sol avec nonchalance. Ils s’en occuperaient plus tard, si possible.

- Mademoiselle Le Tane vient de décrypter les premiers fichiers de la clef. Les informations sont à la fois étranges et glaçantes.

- Allez-y, je prends des notes.

- Bien. La société de monsieur Kritovsk semble être une façade, une société écran. Les différentes données s’accordent à dire que l’entreprise n’avait plus d’activité depuis au moins 18 mois.

Le temps s’arrêta. Cette information chamboulait toutes les théories de Jules. Alexian était lié à Mâcon et Dimitri pour la drogue. Il acheter, consommait voire revendait, peu importait. Mais quel lien avec son père ?

- Les seules entrées et sorties d’argents son à mettre au nom d’un dénommé Balkichvski.

Nouveau coup de massue.

- Si je comprends ce que vous êtes en train de m’expliquer, c’est que Kritovsk travaillait pour Balkichvski via la société Torgovlia ? Il lui servait de vitrine pour masquer ses activités illégales et sûrement blanchir son produit.

- Je pense oui, c’est ce que les documents démontrent. Je vous les face ?

- S’il vous plaît.

Il y eut un silence. Au loin, les doigts de Diane pianotant sur le clavier.

- Quel serait le lien entre cette société écran et la mort de…

Babacar n’osa pas prononcer le nom du défunt en présence téléphonique de sa petite amie.

- Je suis incapable de te le dire, concéda le juriste.

- Vous pensez qu’il aurait pu être une garantie, une caution ? demanda Betty la voix à moitié cassée.

- Je préfère ne pas tirer de conclusion trop rapide.

- Je comprends.

Le cliquetis redondant du clavier s’arrêta. Jules sentait qu’une nouvelle information allait leur parvenir, une information assez reversante pour que l’informaticienne experte qu’était Diane cesse tout mouvement.

Le trio s’échangea des regards interrogateurs. L’un leva les épaules alors que l’autres dressait sur son siège. Marie incita Jules à rétablir le contact.

- Allô ?

Rien.

- Betty, m’entendez-vous ? Y’a-t-il quelqu’un ?

- Oui. Excusez-moi. Je suis un peu secouée, je m’en excuse.

- Expliquez-moi.

- Je ne peux pas.

- Pourquoi ?

- Ce n’est pas quelque chose qui se dire. Je… je vous envoie les documents tout de suite.

- Merci.

L’imprimante se mit à avaler une première feuille.

- N’hésitez pas à me contacter dès qu’il y aura du nouveau.

Il raccrocha sans attendre.

L’imprimante continuait d’avaler et de recrache des feuilles de papier, l’écran en plus. Marie avait entamé la lecture des premières pages quand son visage perdit ses couleurs. Babacar s’approcha de la jeune femme et lut par dessus son épaule.

- Mec… C’est un truc de ouf. Jamais tu devineras. C’est impossible.

- Mais encore ?

- Le père Kritovsk aurait tué le fils de Balkichvski.

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