Août 1855

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La reine d'Angleterre était jolie, c'était vrai. Une femme, un peu petite, mais avec de grands yeux bleus, un teint délicieusement pâle et un nez aquilin du plus bel effet.

Sa prestance naturelle et son port de tête faisaient d'elle une incarnation de la Reine.

Napoléon III était un empereur anglophile. Il avait longtemps séjourné en Angleterre durant son exil après la chute de l'Empire. Il voulait une réconciliation durable avec l'Angleterre. Une "entente cordiale".

La France participait à la Guerre de Crimée au côté de l'Angleterre.

Et ainsi s'estompait la silhouette de Napoléon Ier...

François Rambert souriait en voyant le joli couple de souverains qui déambulait dans Paris. Des dentelles, du satin, des uniformes chamarrés...

Son amie lui saisit la main et la serra avec douceur.

" C'est loin...

- La Guerre de Crimée ? Une autre boucherie, ma douce.

- Oui. Mais c'est loin nos années...

- C'est une jolie reine et c'est un bel empereur.

- Oui. Et c'est une belle entente..."

L'Exposition Universelle se terminait sur la section de l'Agriculture. Des champs avaient été artificiellement reconstitués autour des jardins et des serres tropicales.

Le drainage, l'irrigation, l'amendement des sols n'intéressaient que moyennement les foules, mais la mécanisation était en marche.

La firme américaine Mc Cormick triomphait avec sa machine à moissonner.

On regardait avec effarement cette machine qui réalisait le travail de dizaines de manoeuvres.

La famine devait disparaître avec de tels engins !

Un monde nouveau se levait !

Il serait beau, il serait grand, il serait fort !

François Rambert souriait toujours, mais cette fois aux slogans endiablés qu'énonçaient les visiteurs impressionnés.

" Le futur sera beau, sans famine et sans guerre ! "

" La véritable compétition entre pays sera celle de la technique !"

L'ancien soldat de la Grande Armée embrassa la main de sa compagne.

" J'ai vu les larmes de l'Empereur à Eylau et ailleurs... Le futur n'est pas beau pour nous... Pourtant que de promesses !

- François... Le futur n'est pas pour nous. Nous sommes du passé !

- Oui. Prions le Ciel qu'il apporte un futur !"

L'ancienne aristocrate russe, qui avait perdu jusqu'à son nom, hocha la tête à cette assertion.

" Allons au pavillon de la Gironde, il y a une classification à tester, paraît-il, proposa la femme, avec une coquetterie qui fit battre le coeur du vieux soldat.

- Une classification ?

- La Chambre de Commerce de Bordeaux a mis en place une classification de ses vins pour faciliter le commerce.

- Hoho ! Pour l'intérêt du commerce et de la science, allons goûter les vins de Bordeaux !"

Emilie se mit à rire.

Le passé ne meurt jamais...

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