Août 1855

2 minutes de lecture

Il y avait à Paris un air chaud et lourd qui faisait baisser les têtes.

Trop chaud, trop lourd.

François Rambert souffrait de la chaleur.

Son Emilie l'aidait à marcher, tellement inquiète pour son vieil ami.

" Nous allons rentrer, mon cher, annonça la religieuse.

- Non, non. Allons marcher dans les jardins."

Le vieillard se leva et, retrouvant sa prestance de militaire, il tendit le bras à l'ancienne aristocrate russe.

" Il y a l'Exposition d'horticulture en face du Palais de l'industrie. Ne veux-tu pas voir les fleurs ?

- J'ai eu mon content de fleurs par le passé, François, sourit la femme, toute à ses souvenirs.

- Oui. Mais c'est ancien.

- Joli-coeur ! Français va !"

Rambert souriait, amusé, essayant de cacher la douleur qui le saisissait durement à la poitrine.

Les deux vieilles âmes se promenèrent dans les allées de l'Exposition d'horticulture, regardant les multiples plantes et arbustes, traversant les pavillons de bois et les serres, examinant les bassins d'agrément et leurs poissons d'ornement venus de la lointaine Asie...

Un pavillon était une magnifique roseraie et le passé revenait toujours.

" Les roses de l'Impératrice, murmura Emilie. La Rose de Napoleone.

- Oui, la Rose de l'Empereur. Joséphine de Beauharnais. Elle n'était pas beaucoup aimée de nous autres, l'Impératrice."

La religieuse souriait, c'était toujours amusant pour une femme d'entendre critiquer une autre.

" J'ai connu la Duchesse de Navarre, rappela Emilie. Après son divorce d'avec Buonaparte. C'était une femme charmante."

François Rambert grogna et sa main vint serrer les doigts de sa compagne posés sur son bras.

" Je ne dis pas qu'elle n'était pas charmante, mais il était connu qu'elle n'aimait pas l'Empereur...et qu'elle le trompait allégrement," asséna durement Rambert.

Là, à cet instant précis, ce fut comme si des années n'étaient pas passées depuis les neiges de Russie et les boues de Waterloo.

Par le rire amusé de la belle femme qui lança à son vieux soldat :

" Que tu es bien un homme, parfois ! Comment sais-tu que Joséphine trompait Napoléon ?

- Hé bien, parce que cela se savait !

- Mhmmm. Bien sûr. Tout se sait, n'est-ce pas ?, quand il s'agit de l'honneur d'une femme ?"

François Rambert ne comprenait pas d'où venait l'hilarité de son Emilie, mais il la regardait rire.

Et il trouvait ses yeux dorés, toujours aussi beaux...

" Pourquoi c'est faux ?"

Emilie secoua la tête et se mit à rire de plus belle.

Annotations

Vous aimez lire Gabrielle du Plessis ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0