Octobre 1805 : Ulm

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J'étais jeune.

Je me figurais que l'armée était une merveilleuse carrière.

Je sortais de l'école de médecine, j'avais mon diplôme en poche et des rêves plein la tête.

J'étais jeune.

Ce devait être ma seule excuse.

Je me suis engagé après le Sacre de l'Empereur en 1804.

J'étais si heureux, si fier. J'attendais de partir à la guerre.

J'entendais parler des grands généraux de l'Empereur, partis de rien et devenus si puissants.

Je rêvais.

Ma première bataille ne mit pas fin à mon engouement !

Ulm fut une si belle victoire !

La Grande Armée, forte de ses 80 000 hommes, de la cavalerie de Murat, de la Garde Impériale, marchait à la rencontre de l'armée autrichienne du général Karl Mack.

Une armée de 27 000 hommes, sans nourriture et fatiguée de combattre.

Ceci, bien entendu, je ne le savais pas.

Moi, je voyais les rangs des grognards charger.

Je sentais l'air saturé de poudre noir et d'excitation.

La guerre m'enveloppait et j'en étais ébloui.

Ulm !

Une si belle victoire !

Plus tard, je sus que je n'avais pas vraiment assisté à une bataille mais à un chef-d'oeuvre de stratégie militaire.

Par des manoeuvres habiles, L'Empereur enferma le général autrichien dans la ville d'Ulm, il l'y maintint bloqué et le força à donner sa reddition.

L'armée du général Mack était isolée, faite prisonnière, affamée.

Un mois de manoeuvres !

De la belle ouvrage !

Ce que je vis fut le défilé des soldats autrichiens rendant les armes à l'Empereur Napoléon, les officiers, amers, saluer avec déférence leur vainqueur.

Je vis 25 000 Autrichiens capturés, dont 18 généraux et 60 canons pris.

L'Aigle pouvait avancer sur Vienne.

La Grande Armée ne compta que 500 morts et 1000 blessés pour la bataille d'Ulm.

Pauvre de moi !

Je me croyais soldat et chirurgien militaire, je n'avais pas encore connu la guerre.

« Soldats de la Grande Armée, je vous ai annoncé une grande bataille. Mais grâce aux mauvaises combinaisons de l’ennemi, j'ai pu obtenir les mêmes succès sans courir aucun risque... En quinze jours, nous avons fait une campagne » affirma Napoléon Bonaparte dans le Bulletin de la Grande Armée daté du 21 octobre 1805.

Oui, je n'avais pas encore connu la guerre et j'étais terriblement candide.

J'étais jeune.

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