Citrouille (Writober jour 15)

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Un, deux, trois...

Avec beaucoup de patience et de minutie, le vieil homme les a sélectionnées dans son potager et alignées côte à côte sur son établi, pleinement conscient de la beauté naturelle et merveilleusement saugrenue qu'elles incarnent en cette saison déclinante. Chaque année, le village compte sur lui pour les parer de leurs plus beaux atours jusqu'à ce qu'elles soient parfaites pour la célébration qui précèdera le solstice d'hiver. Alors, méticuleux et précis, il les vide prestement dans des gestes presque amoureux. Puis, concentré, il rajuste ses lunettes, saisit une petite lame et entreprend de les sublimer en lanternes vivantes, expressives et uniques.

Au creux de cette chaumière, au fin fond du Bois Sacré, le feu crépite gaiement, l'air ambiant se parfume de sciure de bois, de noisettes et de pain chaud. Dans un coin de l'unique pièce, un fauteuil à bascule veille en silence sur notre personnage, attendant le moment où ce dernier appuiera son dos fourbu contre lui tout en fumant sa pipe, le regard perdu dans la danse frénétique des flammes. Une lampe à huile sans âge trône fièrement sur la table de travail, ajoutant à l'atmosphère un charme désuet et authentique, tandis que quelques bougies disséminées ça et là tamisent les espaces les plus sombres. Quand une citrouille atterrit dans ses mains, la magie opère. Comme une incantation prononçée pour soi-même, que personne ne saurait entendre mais que tout un chacun ressentirait en poussant la porte aux contours arrondis sa maisonnée. Peu à peu, les miettes orangées s'amoncellent sous les mains du vieillard, semblables à une richesse insoupçonnée, et la nuit tombe sur les gigantesques sapins alentour, noire, profonde et d'autant plus gardienne de mystères légendaires.

Après plusieurs heures de labeur, il relève enfin la tête de son ouvrage et tourne son regard vers la fenêtre donnant accès à son champs de trésors. Les ombres y ondulent dans la pénombre en écho aux flammes marquant la mesure d'une mélodie imaginaire dans l'âtre. Tout est silence, quiétude et solennité. Car ce soir, la lune illumine le ciel de son croissant parfait. Et dans la plus grande discrétion, des lucioles parcourent l'espace, inspirant la quiétude peut-être illusoire d'une nature sauvage, mystique et féérique...

Un, deux, trois...

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