Chapître 6-partie 4

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Les trois jeunes filles étaient attablées près de la cheminée, du matériel de couture éparpillé autours d'elles.

Kate examinait les différents fils de couleurs plus brillant les uns que les autres, tandis que les deux Espagnoles s'affairaient à leur travail. Bélen dodelinait légèrement la tête, chantonnait doucement l'une des comptines jouée plus tôt, brodant peu à peu les contours de ce qu'il semblait être une colombe, un rameau d'olivier dans e bec. Teresa, quant à elle, affichait une mine concentrée, les yeux rivés sur le magnifique paysage arctique qui se dessinait sur son mouchoir. Elle laissa échapper un soupir exaspéré lorsqu'elle arriva au bout de son fil, et chercha bruyamment la bobine correspondante.

-C'est celle-ci ? lui demanda Kate en lui tendant un petit cylindre de fil bleu.

-Ah, ! Merci ! lui répondit-elle avec un grand sourire. Elle ne se remit cependant pas au travail tout de suite, les yeux toujours posés sur Kate.

-Kate, díme, commença Teresa, Mlle Greenmoor est ta tante, c'est-ça ?

Bélen leva les yeux de son ouvrage et regarda tour à tour ses deux camarades.

La jeune Anglaise secoua la tête :

-Non, grand-tante. C'est la soeur de... de mon grand-père.

-Oh ! Vále! Mais tu la connais bien ?

-Non... continua Kate, de plus en plus mal à l'aise. J'ignorais même jusqu'à son existence il y a encore deux mois...

-Qué!? Pues pourquoi tu es ici ? Je ne sais pas comment tu fais, quitter chez toi comme ça ! Qu'est-ce qui...

Bélen s'empressa vivement de lui mettre la main sur le poignet, lui intimant de s'arrêter. Elle tourna la tête vers Kate, un air rassurant sur le visage.

-Teresa, Kate doit être fatiguée par toutes tes questions !

La jeune none s'empressa de s'excuser, confuse, avant de retourner à son travail sans plus ouvrir la bouche. Le silence s'abattit sur la pièce, personne ne souhaitait laisser échapper d'autres paroles malencontreuses.

Kate baissa ses yeux sur son propre mouchoir, encore intact. Elle le délesta de son carcan de bois avant de l'enfouir dans sa poche.

-Dites-moi, mesdemoiselles , fit-elle tandis que les deux Espagnoles levaient vers elle un regard intrigué, quelle est la raison de votre présence ici ? Je doute qu'Emmelia en soit l'instigatrice...

-Nous sommes ici pour le Vatican ! jubila Teresa, un large sourire sur le visage. Les deux jeunes filles échangèrent un regard complice, voyant la mine incrédule de la jeune aristocrate.

-C'est un peu compliqué à expliquer, commença Bélen, mais disons que le Vatican veut... renforcer sa présence au Groënland depuis que les Européens font du commerce avec les... au... autochtones ? C'est pour ça qu'il a formé des groupes pour prendre contact avec les populations.

-Nous sommes les premiers ! ajouta sa camarade avec un sourire. Bélen aquiesça :

-Oui ! On va construire une église !

-À vous seuls ? s'étonna Kate. Les deux nones s'esclaffèrent.

-Non ! On va demander aux indiens de nous aider !

- Mais si ils refusent ? Si ils vous chassent ? Ces gens doivent bien avoir leurs propres croyances, vous vous pensez capables de leur faire abandonner leur religion aussi facilement ?

-Pas besoin, lui répondit simplement Bélen en se frottant la paupière, Ils sont déjà chrétiens ; la tribu que nous avons rencontrée a été évangélisée il y a un peu plus de trente ans.

Kate les fixa quelques instants, l'air dubitatif. Distraitement, elle fit cliqueter les ongles de sa main droite.

-Et... quand comptez vous entamer les travaux ?

- On ne sait toujours pas, soupira Teresa, une moue dépitée sur le visage, ça fait huit mois qu'on est là et huit mois qu'ils repoussent !

- Finalement, il y a peut-être bien un différent avec les indigènes !

- Oh non ! Le padre Bisognin est très expérimenté dans ce genre de chose ! Il a beaucoup voyagé, on peut lui faire confiance ! la coupa Bélen.

Sa camarade ricana amèrement avant de marmoner quelque chose en espagnol. L'autre le remarqua et la héla dans la même langue, l'air accusateur. Les réponses se firent de plus en plus vives et les deux jeunes filles commencèrent à se chamailler, ignorant complètement Kate, tandis que celle-ci s'enfonçait lentement dans son siège, sans comprendre un mot de leur querelle. Elle se demanda comment s'éclipser quand des pas rapides résonnèrent et Meredith déboula dans la pièce :

-Oh ! Du calme , s'écria-t-elle, faisant stopper net les deux religieuses, rouges de honte.

-J'aime mieux ça , fit-elle l'air satisfait. Elle s'apprêta à tourner les talons lorsqu'elle lança à Kate

-Ah ! Au fait ! Emmelia veut te parler dans son bureau ce soir, après le dîner ! Dernier étage, tu peux pas te tromper!

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