Chapitre III-1 Un sauvetage innatendu

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Azira vit que Tascah avait eu tout juste le temps de saisir le jeune dragon rouge entre ses serres par le dos. Le guerrier-ombre qui avait attrapé sa queue entre ses dents le lâcha et la dragonne put le remonter à grands battements d’ailes. Heureusement Saras repris vite ses esprits et se remit à voler tout seul. Le petit groupe s’était positionné en cercle en veillant à ne pas se laisser avoir une deuxième fois. Les guerriers-ombres leurs tournaient autour, certains tentant une attaque rapide mais le quatuor ripostaient à coups de dents et de griffes. Ces guerriers-ombres ne ressemblaient pas à ceux qui avaient attaqué le village des trois dragonnes. Ils portaient une armure noire translucide plus légère qui permettait de voir la peau des dragons qui les portaient et, contrairement à ce qu’elles pensaient, ils n’étaient pas tous noirs. Ils étaient aussi plus minces et semblaient taillés plus pour la vitesse que pour le combat, ce qui n’en faisait pas moins de redoutables assaillants.

Deux d’entre eux commencèrent à voler au-dessus du groupe pour le repousser vers le sol, usant de leur feu pour l'y obliger. Ce dernier n’avait pas le choix à moins de vouloir se faire griller vif. Azira commença à paniquer en apercevant le sol à moins de cent mètres sous elle. S’ils parvenaient à les faire se poser, ils étaient fichus ! Ils devaient absolument rompre cette position. Elle fit passer le message en chuchotant à Misava, qui volait en surplace à sa droite.

  — À mon signal, on plonge vers le bas pour leurs passer en-dessous et on vole vers le nord !

Misava acquiesça et répéta le message à Tascah qui le dit à Saras, qui tremblait encore.

  — MAINTENANT ! hurla la dragonne bleue.

Tous se laissèrent tomber vers le sol mais les guerriers-ombres, surpris quelques instants par la manœuvre, ne se laissèrent pas avoir longtemps et plongèrent à leurs tours. Ils les rattrapèrent avant que tous n’aient atteints le sol et ce fut un véritable capharnaüm. Les guerriers-ombres attaquaient de toutes parts tandis que les autres tentaient de riposter comme ils pouvaient, mais alors qu’ils commençaient à se faire un à un  immobiliser, ils entendirent un cri farouche et un nuage noir les emprisonna dans la pénombre.

 

Azira toussait et elle était obligée de plisser les yeux pour éviter que la poussière ne s'y colle. Mais que c’était-il passé ? Elle entendait des bruits de bagarre mais ne parvenait pas à voir la scène au milieu de ce nuage de fumée. Après quelques minutes, il se dissipa et elle put enfin deviner ce qu’il c’était passé.

Une dragonne aux écailles vert-pâle presque diaphane volait en surplace à quelques mètres au-dessus du sol, et au-dessus du quatuor d’ailleurs, car il avait fini par se poser. Elle affichait un sourire satisfait et méprisant en observant les guerriers-ombres qui tenaient encore debout s’enfuir vers le Sud. Puis, elle se tourna enfin vers eux et son sourire se transforma pour devenir chaleureux.

  — Vous allez bien ?

Azira ne savait pas quoi dire tellement la situation était étrange. Elle balaya ses compagnons de voyage du regard.

  — Heu, oui, ça a l’air d’aller pour tout le monde… Heu, merci de nous avoir sortis de là, même si en réalité j’aimerais bien savoir comment tu as fait…

La dragonne sourit de plus belle.

  — C’est très simple. J’ai d’abord envoyé une pierre d’obscurité et comme ils n’y voyaient plus rien, j’ai pu les mettre en fuite en moins de temps qu’il n’en faut pour décoller. Le pire, c’est que ces abrutis commençaient à se taper dessus entre eux !

Elle riait franchement maintenant, comme si elle avait toujours fait ça.

  — D'où viens-tu ?

Azira et la nouvelle tournèrent la tête vers Misava qui les avait rejointe, et observait leur sauveteuse d’un œil méfiant. Cette dernière s’esclaffa.

  — Eh bien à moins que vous ne connaissiez d’autres endroits où naissent des dragons à la peau translucide comme moi, je viens du Nord !

Misava renifla. Azira devina tout de suite qu’elle détestait déjà la dragonne. Il était vrai qu’elle avait l’air de les prendre pour des idiots, mais elle venait de leurs sauver la vie, alors elle passait outre. Saras et Tascah, en revanche, furent tout de suite intéressé.

  — Du Nord ? demanda le premier. Nous allons au Nord ! Tu pourrais nous accompagner !

  — Si cela ne te dérange pas, bien sûr, ajouta Tascah, amusée par l'enthousiasme de son protégé.

  — Bien sûr, répondit la dragonne, de toute façon…

  — Je ne vois pas vraiment l’intérêt, les coupa Misava. Nous ne sommes plus très loin de la frontière et je doute que nous soyons encore attaqué d’ici là.

  — Il serait quand même plus sûr de voyager avec un habitant du Nord, qui plus est viens de nous sauver la mise face à huit guerriers-ombres, rétorqua Azira.

La dragonne verte fit la moue, sachant que les autres avaient raison.

  — Très bien, alors je vous accompagne ! s’exclama la dragonne du Nord. Au passage, mon nom est Jovquis.

Les autres se présentèrent à leur tour.

  — Vous venez de l’Est j’imagine ? dit-elle à l’intention du trio d'origine en les observant mieux. Je reconnais à coup sûr un dragon de l’Ouest, en revanche je n’ai pas passé beaucoup de temps de votre côté. Que faites-vous si loin ?

  — Nous avons fuis les guerriers-ombres, répondit Azira. Ils ont attaqué notre village et nous ont poursuivis. Ils ne nous ont laissé que lorsque nous avons traversé la Mer du Fond. Enfin, c’était ce qu’on croyait jusqu’à maintenant.

  — Je vois. Si je pouvais en massacrer comme ça plusieurs dizaines par jour, dit-elle avec une lueur de colère dans le regard et en tapotant l’un des dragons assommés au sol, je le ferais sans hésiter. Bon, nous devrions partir avant qu’ils ne se réveillent. Suivez-moi !

Elle prit son envol et bifurqua plein nord. Saras et Tascah la suivirent aussitôt, puis Azira et Misava après avoir échangé un regard.

  — Je sais que tu n’as pas confiance en elle, mais c’est notre meilleure solution.

  — Oui, je sais, soupira Misava.

  — Je crois que c’est sa façon d’être, plus que la peur que ce soit un piège, qui te rend aussi méfiante envers elle.

L’autre ne répondit pas, aussi Azira la laissa-t-elle tranquille. Seuls Tascah et Saras papotaient devant, l’esprit enfin – ou presque – tranquille.

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