Chapitre II-2

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Avant de partir, les trois dragonnes voulurent manger car elles n’avaient rien avalé depuis deux jours. De plus, même si Saras affirmait le contraire, elles savaient qu’il mourait de faim lui-aussi, seulement il ne désirait que mettre le plus de distance possible entre lui et son lieu de naissance.

Plutôt que de s’enfoncer dans les terres à la recherche de gibier, Azira proposa d’essayer de pêcher. Sa sœur ne comprenait décidément pas cet attrait qu’elle avait pour la mer ! Saras les observa quelques minutes puis, voyant qu’elles parvenaient à peine à saisir les poissons glissants dans leurs serres, il décida de leur montrer de quoi il était capable.

  — Vous savez déjà comment se positionner pour cacher votre ombre aux poissons et comment les repérer. Cependant les vagues changent la vision qu’on a d’eux, et alors que dans un lac il suffit de plonger la patte au moment où on le voit passer, en mer il ne faut pas s’y fier car les mouvements de l’eau ne montrent pas son emplacement exact.

Il reprit son souffle après cette tirade.

  — Il faut donc réussir à deviner l’endroit précis où il est, en fonction des courants et de sa direction, mais on s’y habitue avec la pratique.

Il banda ses muscles et attendit au-dessus de l’eau, en vol stationnaire. Il plongea soudain la patte dans l’eau et en ressortit un poisson bleu dont les écailles avaient des reflets arc-en-ciel au soleil. Il contracta les serres autour de sa tête pour le tuer le plus rapidement possible tandis que les dragonnes l’observaient avec attention.

  — On dirait que tu fais ça depuis des années ! lança Misava.

Le dragon rouge aurait certainement rougi si cela n’avait pas été sa couleur originale.

  — Détrompe-toi, je ne pêche pas depuis si longtemps que ça, et seulement des poissons à peine plus gros. Je n’ai encore jamais attrapé de nubisce ou de polyssi.

Les trois autres le regardèrent avec un air interrogateur.

  — Vous ne connaissez pas ? Ce sont une sorte de poisson géant blanc et une grosse pieuvre qui éclaire toute seule.

  — Une pieuvre qui éclaire toute seule ? s’exclama Tascah.

  — Ben oui, vous n’en avez jamais vu ? Elles vivent habituellement en profondeur, c’est pour ça qu’elles produisent de la lumière, ça attire leurs proies au milieu du noir, mais parfois elles remontent plus près en surface. C’est vraiment délicieux !

Les dragonnes le regardèrent, amusées par son air rêveur. Puis les quatre se partagèrent la pêche et s’envolèrent sitôt le repas terminé. Azira ne manqua pas le regard triste de Saras quand il survola pour peut-être la dernière fois son village natal. Elle connaissait se sentiment, même si leur fuite à elles avaient été trop rapide pour qu’elles aient le temps de regretter leur village. Saras, lui, avait eu toute la journée.

Les dragons prirent la direction du nord, sans vraiment savoir ce qui les attendait sur le chemin. Le jeune dragon rouge était leur seul guide dans ce territoire où elles n’avaient jamais mis les pattes.

 

Pour se rendre dans le Nord depuis le village de Saras, la route la plus rapide était de couper tout droit par la mer du Fond, mais ni Saras ni les trois dragonnes n’étaient capables de voler au-dessus de l’eau pendant si longtemps. Ils choisirent donc de longer la côte, puis ils voleraient droit vers le nord. Ils firent une pause peu après la tombée de la nuit pendant laquelle ils en profitèrent pour essayer de pêcher un peu. Les dragonnes aperçurent même leur première polyssi ! Mais quand Tascah tenta de l’attraper, l’animal s’avéra nager plus profondément qu’elle ne le pensait et elle se retrouva le corps totalement immergé sans même parvenir à le toucher. Elle remonta et s’ébroua en grommelant, ce qui fit sourire ses deux amies.

  — Tu l’auras la prochaine fois, lui dit sa sœur.

‘‘Si on revient’’ se dit Tascah.

Ils volèrent encore un peu puis se posèrent, Saras étant trop fatigué pour continuer et la lumière trop peu présente, malgré leur bonne vue de nuit, pour pouvoir s’orienter correctement.


*****


Misava, la dernière à avoir veillé, les réveilla à l’aube. Ils s’envolèrent le ventre vide, les trois amies espérant apercevoir du gibier. Saras, de toute façon, n’avait pas faim après le repas de la veille. En volant assez haut, le petit groupe parvenait à distinguer la fin de la mer. Ce qui signifiait également qu’ils approchaient de la frontière !

La mer du Fond traversait tous les territoires, bien qu’elle soit majoritairement présente à l’Ouest et donc exploité surtout par ses habitants. Mais le royaume de l'Est en possédait une bonne partie lui aussi, tandis que deux petits bouts appartenaient au Sud et au Nord.

Ils se trouvaient à environ quatre heures de la frontière quand Azira, volant au-dessus des autres, aperçu un groupe de dragons noirs. Droit devant. ‘‘C’est impossible, ils n’ont pas pu nous doubler !’’

Elle rejoignit aussitôt les autres pour les avertir.

  — Mais comment ont-ils pu nous passer devant sans que nous nous en rendions compte ? Ils n’ont pas pu passer par la frontière côté Est, ils se seraient faits aussitôt intercepter par ceux du Nord, s’exclama Misava.

  — Je ne sais pas, répondit Azira, mais en tout cas ils ne vont pas tarder à nous repérer eux-aussi. Et après, je ne donne pas cher de notre peau.

  — Alors on fait quoi ? demanda Saras. On peut essayer de les contourner !

  — Je ne suis pas sûre que ça marche, grommela Tascah. Il faudrait beaucoup dévier de notre route pour ne pas qu’ils nous voient.

Trop occupé par les guerriers-ombres devant eux, le groupe ne vit pas ni n'entendit arriver les soldats de l’Empereur Noir derrière lui. Saras soudain cria de surprise et de douleur alors que l’un d’eux lui avait attrapé la queue et le tirait vers le bas. C’était un piège. Le groupe devant n’était qu’une diversion, qui maintenant fondait droit sur eux, alors que d’autres guerriers-ombres affluaient de derrière. Oui, ils étaient piégés.

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