Madame Rouard , sous un ciel bleu d’automne, comme à son habitude, elle lisait avec une intonation élevée un texte historique sur le domaine. C’est à ce moment-là que j’ai appris le nom du vallon que je surplombe. Il avait été nommé le Camp-Jusiou. C’est au alentour de 1460, Le Roy René a acheté le seigneurie de Gardanne. Cet amas de boîtes , cette ville que je vois aujourd’hui par-dessus les miens au Nord-Ouest. À l'époque c'était un village d’environ deux milles âmes humaines. Dix années plus tard, Le Roy René avait offert gracieusement à l’un de ses valets Pierre Billant et à un Aixois Juif le droit d'exploiter les bonnes terres agricoles de ce vallon, d’où le nom Camp-jusiou. Madame Rouard avait l’aura colorée et légère , une voix douce, je l'écoutais attentivement et je fus pris par un sentiment d’incompréhension.

Soudainement je me suis interpellé:

“ Pourquoi tu t'intéresses à cela?

Tu es un arbre qui est enraciné et lié à la nature pure.

Tu vis dans l’instant présent, pourquoi apportes-tu autant d’importance à tout ça?”

Un léger mistral m’a éveillé et je me suis rappelé que j’avais cette quête. Je devais me fondre et déteindre sur l’homme pour en découvrir sa nature. Ma sève transitait avec amertume. Je venais de comprendre que le bipède était paradoxale.

J'ai mis un arrêt à ma réflexion et je me suis remis à écouter la dame.

Elle parlait de l’oratoire de notre Dame des Anges, celui de Théodore. Je n’ai jamais su où il avait migré mais je savais désormais d’où il venait. À vol d'oiseaux ce n’était pas très loin. Il arrivait de la face cachée, de l’autre versant de cette petite montagne au sud. Les hommes l'appelaient la Chaîne de l’étoile.