En 1838 , je suis rentré dans une ère d’apaisement. Les hommes avaient cessé l’exploitation des mines. Les lieux avaient été désertés après le retrait des derniers cailloux noirs. Les descentes dans les entrailles de la terre avaient été obstruées et sur une pierre était gravée “Danger”.

Les livres sont devenus des francs. Madame Rouard était l’heureuse propriétaire des lieux. Une dame qui a passé beaucoup de temps dans ma cour près de moi et qui m’a appris énormément de choses sur le domaine. Après des années de rencontres avec les humains, je commençais à interpréter facilement leurs manières d’agir. Madame Rouard était une bibliothécaire qui adorait lire. Pendant des années je me suis cultivé, elle avait la manie de lire à voix haute. Tous les jours ensoleillés, elle me berçait sans le savoir.

Au début de mon existence, l'habitat humain était pour moi une boîte recouverte de vaguelettes rougeâtres. Je savais désormais que c’était leur manière de s’abriter . Mon vocabulaire silencieux pour les hommes n’a fait qu’accroitre. Une chose est évidente entre mon espèce et celle de l’humain. Ils sont convaincus que les arbres ne peuvent pas dialoguer mais en fait ils sont incapables de nous écouter et de nous entendre. Les humains ont besoin de nous pour inspirer ce que nous libérons. Ils se servent de nous pour bâtir , se réchauffer et pour communiquer entre eux par le biais de l’écriture et de la lecture. Chaque bouquin que Madame Rouard ouvrait sur ses membres inférieurs était aussi l’un des miens. À ce moment-là, je reconnaissais que nourrir, s’abriter ne leur était pas suffisant.