Le jour suivant , je sentis à travers mes membres, l'humidité du sol qui remontait vers le ciel. En contrebas sur la grande terrasse du domaine la patrie humaine s'était regroupée formant une meute compacte. Une symphonie de métaux dans un caisson résonnait. Un écho de ding et de dong atténuait le moindre son naturel des terres avoisinantes. En tête du troupeau humain, des hommes portaient des caisses en bois où dans chacune d’elles, un corps d’enfant sans vie était renfermé. L’un deux fit un discours pendant que d’autres creusaient le sol. Le reste déversait par leurs orifices vitreux , les gouttes d'eau qui dénonçaient la peine et la tristesse de ces individus. Dans cet acte cérémonial qu’ils entreprenaient. L’afflux de ma sève s'accélèrait. Je réalisais que les trous étaient faits cette fois-ci pour enfouir les corps des deux petits êtres enveloppés par les restes des miens.

Un calme régnait , les derniers coups de pelles avaient remis la terre à son niveau initiale.

Toute une panoplie d’animaux des collines dans la discrétion totale observaient l’attroupement d’hommes et de femmes qui remontaient sur grand plateau devant le domaine. Dans les deux coins de la face avant de la plateforme verdoyante, ils se mirent encore à creuser. Plume Noire, sur une barrière en métal rouillée les observait. À chaque extrémité, ils ont planté deux jeunes semblables. Les deux Cyprès étaient enracinés comme un emblème au devant du domaine.

Je pris conscience que les humains nous considéraient aussi comme représentation symbolique. J’eus à ce moment là un sentiment de respect pour cette espèce qui voyait les Cyprès comme un prolongement de la vie de leurs défunts.