Le premier levé de soleil de l’automne 1766, une forte vibration traversait le sol, comme un essaim d’abeilles un groupe d'individus humains vêtus d’une toge différentes avançait sur le chemin. Le convoi s’est arrêté à côté de moi, certains sont rentrés dans la cour. La paroie de leurs bulles était étanche à un point que j’avais du mal à être réceptif quand ils échangeaient entre eux . L’un d’eux a tendu son membre supérieur gauche pointant le domaine d’une seule tentacule de son crochet et dit:

_ “voilà notre acquisition et c’est ici que nous allons exploiter les entrailles de la terre”.

Ils ont reformé leur essaim et ils ont remis en mouvement leur convoi en direction du domaine.

Leur arrivée était attendue par la patrie de Théodore, dans la grande cour ils avaient mis en place un grand banquet d'accueil. Les nouveaux venus ont déposé toutes leurs affaires à l'extérieur du domaine et ils se sont rendus à la rencontre des anciens.

Je commençais à me rendre compte que les peuples faits de ces individus avaient établi des paliers de contrôles les uns sur les autres, seul le revêtement sur leur morphologie indiquait qui dirigeait qui. Les deux donneurs d'ordres se sont salués et se sont mis à l'écart des autres qui aspiraient par une orifice le jus pressé des fruits des vignes. Ce séminaire dura le restant de la journée et tout le long de la nuit étoilée. A la première clarté du jour dans la grande cour il ne restait qu’un banquet dévasté et dépouillé, ce qu’il avait fait apparaître la veille ils l’avaient fait disparaître le lendemain.

Pendant que le soleil montait dans le ciel, ils sortaient les uns après les autres de leurs terriers sirotant un thé. En haut du vallon récupérant la brise en provenance du domaine, un parfum d’un nouveau germe m’indiquait le départ de la communauté de Théodore et la mise en place d’une nouvelle entité au sein du domaine. Pendant la descente du soleil aux alentours du mas j’ai perçu un décollage soudain de dizaines de Gorges Rouges, je m'interrogeais.

“ Que se passe t’il là bas?”

Le convoi regroupant Théodore et les siens s’était mis en mouvement Pendant toutes ces années j’avais commencé à me familiariser avec ces individus et je comprenais qu’ils étaient en migration. Ils avançaient les uns derrière les autres et aucun d’eux n’avaient les pinces vides. Au milieu de l’attroupement Théodore suivi d’un mulet arrivait à ma hauteur, il est rentré dans la cour et il a marqué un temps d’arrêt il s’est tourné en direction du domaine, quand Âne a poussé un braiement qui a dressé mes épines vers le ciel, il me disait :

“ Méfiez vous des nouveaux venus! J’ai peur que leurs intentions soient mauvaise”

j’ai secoué ma cime libérant une poussière jaunâtre pour alerter tous mes frères qu’un danger pouvait être imminent.

Dans une bulle translucide Théodore s’est tourné vers sa communauté et poussa un cri disant

“ Mes amis je ne peux pas venir avec vous, je préfère partir pour un chemin solitaire, laissez moi vous dire au revoir”.

Après un silence et dans un long chuchotement, ils ont pratiqué des accolades entrelaçant leurs tentacules. Le meneur de tous ces individus était le dernier au revoir que fut Théodore avec un bref échange

_“Où compte tu te rendre, tu as une idée?”

_ je vais en quête de vérité.

Une dernière accolade et il s’est assis sur le banc en pierre et a regardé les siens disparaître, dans une pénombre provoquée par les miens qui bordaient le chemin.

Le silence de théodore a coloré sa bulle dans sa totalité, son inspiration et son expiration se diffusaient entre mes aiguilles. A mon pied, il a levé la tête en direction de ma cime, il a joint ses deux pinces, il a fermé ses yeux un bref instant. Théodore est parti à travers les bois. Sur mes années de vécu, cet échange fut éphémère.