VI

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Pierre se réveilla, doucement. Il s’étira de tout son long et profita de la chaleur matinale. Le soleil en était encore au stade d’un disque rouge prêt à chantonner sa mélodie embaumante. Les rayons venaient caresser son visage reposé, un beau jour venait de se lever. Pour la première fois depuis longtemps, le poids qui le harcelait et le consumait jusqu’alors se trouvait allégé, étouffé. Bien sûr, il savait que toute sa peine n’avait pas disparue comme par magie, mais il sentait quelque chose de changé en lui : il voulait aller de l’avant.

Il descendit les marches une à une, prenant le temps de respirer à plein poumons, il se sentait revigoré. Sa famille d’accueil était attablée, beurrant quelques tartines roussies comme il fallait. Ils sourirent à son arrivée, et pour la première fois, il sourit en retour. Christelle et Philippe n’en revenait pas. La surprise était telle qu’ils faillirent même lâcher ce qu’ils avaient en main.

  • Comment te sens-tu Pierre ? Tu as bien dormi ? Demanda Christelle.
  • Oui, oui. Je me sens mieux que ces derniers temps, répondit-il.
  • Voilà qui est une bonne nouvelle, rétorqua Philippe dans un grand sourire. Tu as gardé en mémoire ce que je t’ai dit hier ?
  • Oui, tout finit par passer, dit-il dans un regard un peu vide mais d’où brillait tout de même une flamme d’envie de vivre et d’avancer.
  • Tes parents auraient été fiers de toi tu sais, dit Christelle.

Elle s’arrêtait dans sa phrase, consciente qu’elle avait abordé un sujet tabou qui allait replonger l’enfant dans son mutisme maladif. Mais il n’en était rien, Pierre tourna la tête, continua d’étaler sa confiture de mirabelle et la regarda dans les yeux.

  • Je sais Christelle, j’avance pour eux, je vis pour eux. Ils seront toujours présents, là, finit-il par dire en se tapotant la poitrine au niveau de son cœur. Je ne les oublierai jamais …
  • En effet, il ne le faut pas, affirma Philippe. Ton cœur est la seconde maison, la seconde vie des gens que nous aimons.
  • Ils resteront près de moi éternellement. Il me suffira de fermer les yeux pour les apercevoir et pour parler avec eux.
  • Oui, ils t’aideront à surmonter les épreuves de la vie qui vont s’offrir à toi dans le futur. Ils seront l’ancre qui te permettra de ne pas couler, l’encre qui t’aidera à écrire ton histoire.

Ils petit-déjeunèrent dans le calme et la bonne humeur. Pierre se leva de table et monta les premières marches de l’escalier en colimaçon. Une belle journée commençait. Il se retourna et fit face à sa famille d’accueil.

  • Merci pour tout, merci de m’accueillir.

Pressé de s’habiller pour sortir dans le jardin et s’amuser un peu sous ce beau soleil printanier, il se dépêcha de prendre une douche et enfila un jean bleu et un pull grenat sous lequel il était habillé de l’un de ses maillots fétiches : un patchwork de scènes de mangas épiques.

Bien sûr, Pierre était retourné à l’école une semaine plus tard. Les jours, les semaines et les mois se succédèrent sans trop de difficulté. Même si certains événements restaient douloureux pour le jeune garçon, il s’était désormais adapté à sa nouvelle vie, tentant tant bien que mal d’avancer avec l’aide de sa nouvelle famille. Tout cela permit à ce dernier de réaliser que même si des événements dramatiques peuvent survenir, une reconstruction n’est pas impossible malgré les difficultés. Le temps et la patience contribuaient à la poursuite de son existence.

Pierre savait : les personnes disparues continuaient de vivre tant qu’une pensée volait tendrement vers eux.

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