III

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Pierre se réveilla en sursaut et trempé de sueur.

Il sortit de son sommeil léthargique et se positionna sur le lit pour tenter de se calmer. Le réveil, représentation de la Dragon Ball aux quatre étoiles si chère à Sangoku, indiquait 7 heures du matin. La pièce était calme, pas un seul bruit ne sortait des pièces jouxtant celle où se trouvait le jeune homme.

Des larmes commencèrent à couler et un bruit plaintif sortit de sa bouche, un geignement qu’il s’empressa d’étouffer pour ne pas alerter sa famille d’accueil. Un trou béant se forma dans sa poitrine, son cœur se resserra et un désespoir immense l’enroba. Le choc détruisait petit à petit ses barrières émotionnelles déjà érodée par l’absence de sa famille.

Il savait que quelque chose de terrible était arrivé à ses parents, une catastrophe retranscrite par le regard triste des pompiers. Pierre n’arrivait pas à comprendre. Pour lui, ses parents étaient immortels et indestructibles.

C’était juste un cauchemar, ils reviendraient bientôt.

Il se leva et ouvrit les volets. Dehors, les flocons de neige tombaient lestement sur l’herbe du jardin tels des papillons blancs virevoltants gaiement. L’orphelin se rappela les batailles de boules de neige avec ses parents, les innombrables bonhommes de neige qu’ils construisaient ou encore les chocolats chauds, calfeutrés sous les draps devant la télévision.

La terrasse se recouvrait d’une poudre fine, tel du sucre glace nappant un délicieux gâteaux. Son ventre cria famine et il se leva, malgré lui.

Un petit-déjeuner, sans paroles.

La journée passa à une allure folle, toujours rythmée par le mutisme du jeune homme.

Philippe et Christelle avaient tenté de s’occuper du garçon mais il refusait toujours de parler et restait amorphe. Arriva le soir, seul dans sa chambre, la lampe de chevet comme seule lumière. La fatigue s’empara de lui et ses paupières devinrent trop lourdes. Les bras de Morphée commençaient doucement à l’étreindre.

A nouveau, comme la veille, la porte de l’armoire s’ouvrit tout doucement. Le jeune garçon en sortit et Pierre sourit sans comprendre pourquoi. Il voyait enfin un visage amical, une personne de confiance.

  • Tu vois ? Je suis revenu, comme je te l’avais promis. On est arrivé à un moment crucial, un moment qu’il faut passer vite et bien. C’est plus qu’important.
  • De quoi tu parles, répondit Pierre.
  • Tu vas comprendre, fais-moi confiance.
  • Comment t’appelles-tu ?
  • Je n’ai pas vraiment de nom, mais tu peux m’appeler Sän.
  • Tu vas m’emmener à nouveau ? Je veux retrouver mes parents !
  • Viens avec moi. Suis-moi.

Ils s’approchèrent de l’armoire et la franchirent main dans la main. Une sensation agréable gagna Pierre qui se retrouva à nouveau devant toute la beauté et la quiétude de ce monde étrange.

**********

Ils se trouvaient à présent au cœur d’une forêt inextricable où chaque branche, chaque arbre semblaient avoir été placés minutieusement, comme si une force invisible était à l’œuvre dans ce monde et organisait le tout de manière si harmonieuse. On y voyait des chênes centenaires, des saules-pleureurs, des sapins géants… et tous avaient un feuillage parfaitement vert.

Il y avait également beaucoup d’arbres en fleurs qui ajoutaient des couleurs à cette vision fantastique. Un arc-en-ciel sylvestre se matérialisait. Des chants d’oiseaux contribuaient eux aussi à la féérie du lieu, tout semblait ici propice au repos. Cet endroit était d’une perfection époustouflante et était empli d’une fraicheur apaisante, à tel point que Pierre s’y sentait bien.

L’obscurité enveloppant son cœur calanchait pour laisser place à une douceur et à une sérénité si plaisante que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et il se trouvait dans un monde bucolique grandiose et somptueux.

Des pétales de cerisiers flottaient dans les airs, certains se posèrent même sur l’épaule de Pierre. Mais, même s’il adorait être ici, il s’interrogeait toujours sur la véritable raison de sa présence.

  • Tu sais, j’aime beaucoup ce monde, mais je ne comprends toujours pas. Pourquoi m’as-tu amené ici ?
  • Justement, répondit Sän avec un sourire radieux. Que ressens-tu dans un tel lieu ?
  • Eh bien, je me sens calme. Cet endroit est vraiment fantastique, et je voudrais ne jamais le quitter. Mais j’ai la sensation de ne pas être là uniquement pour me sentir mieux, cela doit avoir un rapport avec mes parents, non ?

Sän s’installa en tailleur sur l’herbe qui semblait aussi accueillante qu’un coussin de plumes et tendit une main vers un arbre, un Arbre de Judée aux feuilles pourpres. Un oiseau s’envola agilement et se posa sur son index.

  • En effet, dit Sän. J’ai pensé qu’il serait bénéfique pour toi de venir dans cette forêt. Elle a un pouvoir très apaisant pour quiconque, elle calmerait l’homme le plus féroce.

Symbole même de l’accalmie calmant les orages du cœur et de l’esprit, la frondaison majestueuse transportait chaque âme arpentant son terrain montueux. Une noble licorne arborant une corne dorée trottait et vint se frotter à Sän. Caressant sa croupe avec révérence, il reprit la parole.

  • C’est pourquoi cet endroit est le plus approprié pour te parler à nouveau de ce qu’il t’est arrivé. Est-ce que tu as compris la dernière fois que nous sommes venus ?
  • Oui, nous avons eu un accident de voiture, je me suis retrouvé à l’hôpital et mes parents ont disparu. On m’a dit qu’ils étaient ailleurs, dans un autre monde.
  • Ils ont effectivement quitté ton monde Pierre, le choc de l’accident fut trop violent et ils n’ont pu survivre, pas comme toi…
  • Arrête, coupa sèchement Pierre.

Le chant des oiseaux s’était soudainement tu et les couleurs auparavant si éclatantes semblaient maintenant s’assombrir brusquement. Pierre reprit :

  • Pourquoi me dis-tu ça ? Mes parents ont disparu, c’est tout. Je dois les retrouver.
  • Non, écoute…
  • Je ne veux plus t’écouter ! Laisse-moi tranquille, je veux rentrer !

L’atmosphère n’avait plus la même teneur, l’apaisement s’était dissipé au profit d’une sensation plus oppressante pour le petit Pierre. La lumière offerte par ce lieu s’obscurcissait crescendo.

  • Très bien, soupira doucement Sän. Tu n’es peut-être pas encore prêt pour ça. Je vais te ramener, je pense que tu as besoin d’un petit moment de réflexion.

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