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C'était donc pour ça qu'Estelle Beauprés fut démasquée, Angèle ne pouvait plus retirer les caisses de bois du garde meuble, elle s'était faite enlevée avant de pouvoir prendre toute mesure. Andréa conclut que ces gens de La Force Grise ont semé la pagaille dans les plans d'Adam, si tant est que cela ne fusse pas encore un piège devant conduire à cette situation précise. Cela l'étonna néanmoins.

- La ferme ! Grogna t-elle à Jimmy. Elle en avait marre d'entendre ses jérémiades incessantes. Elle aspirait à plus de calme et de concentration.

- Je crois que vous n'avez pas bien compris pourquoi on a exigés que vous soyez là !

- Vous voulez m'utiliser comme moyen de pression car vous vous retrouvez par défaut sans aucun atout vu qu'elle refuse de vous dire où est gardé Fabien Floch.

- Ça fait de vous notre prisonnière.

- Sérieusement ? Vous êtes cons à ce point ? Vous ne vous demandez pas pourquoi j'aurais accepté d'aller dans la gueule du loup alors que j'ai manifestement bien plus à perdre dedans que dehors ?

- C'est surtout vous qui vous êtes jetés dans la gueule du loup. Ajouta Angèle à l'attention de Jimmy et Santon.

Andréa l'entendait parler pour la première fois, cela forçait son attention mais elle ne se voulait certainement pas en position de faiblesse.

- Comment est-ce qu'une redoutable personne comme vous ai pu se faire attraper par eux ?

- Il m'ont piégé. Comme quoi, la convergence des luttes, c'est une affaire d'hypocrisie.

Jimmy voyait bien qu'Andréa n'était là que pour parler à Angèle.

- Vous allez appeler votre pote et lui dire de se tirer d'ici avec toute la troupe !

Elle eut comprit qu'elle ne pourrait parler à Angèle sans un geste de sa part. Elle prit donc son téléphone et appela le poste de contrôle devant la gare. La commandante répondit immédiatement et s’irrita.

- Vous vous rendez compte de ce que vous avez fait ? Si vous n'êtes pas capables de mettre vos émotions de côté, changez de vocation !

- Fermez-la et écoutez-moi.

Curieusement, elle sembla maître d'elle même. Elle ordonna clairement à Cécile de s'éloigner quand Jimmy lui arracha le téléphone des mains.

- Vous nous laisser une voiture et on ne veut pas vous voir dans les parages.

Il était regrettable pour la commandante d'agir ainsi, elle voyait son opération compromise par une membre de Torem qui n'était rien d'autre qu'une civile avec beaucoup de privilèges. On lui avait donné le grade de directrice des recherches dans l'affaire Fabien Floch à cause de l'influence et du pouvoir de son organisation. Cécile aurait préféré que la prise d'otage se passe ailleurs que sous sa juridiction et ne rien avoir à faire dans cette histoire.

- Je veux savoir où se trouve Fabien et je vous laisse ensuite partir.

Jimmy n'intervint pas pour sauver son orgueil de cette attaque mal placée, il avait tout autant besoin de cette information.

- Il ne nous est plus d'aucune utilité. Lâcha Angèle.

- Il est donc mort ?

- Il n'était pas assez résistant.

Andréa mesura la légèreté de ton dans ces paroles doulureuses. Elle se releva de sa chaise et fit quelques pas en rond.

- Je me suis demandé comment il était possible de connaître l’emploi du temps de quelqu'un d'aussi protégé que Fabien Floch. Son emplois du temps non professionnel qui plus est. Je me suis demandé combien de temps il vous aura fallut à enquêter et finir par ce joli coup. Non ! Cela vous a demandé bien trop de moyens pour qu'il soit mort si vite. Surtout au vu de l'importance de votre prise.

Angèle écouta patiemment, toujours avec le fusil de Santon braqué sur elle.

- Ne me prenez pas pour une idiote s'il vous plaît. Je ne suis pas comme ces crétins...

- Sans nous vous ne l'auriez jamais retrouvé alors faite pas la maligne. S'obligea à dire Jimmy.

- Dites moi où il se trouve et nous ferons en sorte que vous et tout les autres ne soyez pas jugés par le tribunal populaire mais par nous même. Ainsi, nous vous logerons dans de confortables endroits de vie qui ne vous feront pas penser à une prison. Vous n'aurez plus rien à craindre, tout vous sera offert.

- Parce que vous pensez vraiment que c'est ça qui nous motive ?! Grogna Santon.

- Et ce n'est pas de la corruption. S'employa t-elle à préciser. Ce sera un allègement pour avoir facilité l'arrêt de toute action terroriste.

- Méfiez-vous, vous êtes la deuxième de votre genre que j'approche d'aussi près. Ajouta Angèle. Je peux vous emmener le rejoindre si vous le voulez.

- Et qu'est ce que vous allez en tirer ? Elle est où la Révolution ? Tout le monde vous déteste. Si on vous laisse en place publique, vous seriez lynchée.

- Votre système n'est donc pas si parfait que ça.

- Ce cher Adam pense encore et toujours agir en justicier. Qu'adviendra t-il de vous lorsque que nous auront fait de lui un membre de notre organisation ? Il vous livrera avec tout le monde. Vous n'avez aucune valeur.

Angèle eut un léger sourire.

- Vous êtes tous sacrifiables, vous avec regrets mais vous serez tous sacrifiés. Je suis la seule qui ai de la valeur ici.

Andréa regarda machinalement Jimmy quand Flo s’immisça dans la pièce.

- J'ai un contact ! Cria t-il tout excité.

- Enfin ! S'exclama Jimmy.

- Angèle, tu nous dis où Fabien se trouve et tu te barres avec la bagnole de devant.

- Toute la nuit je suis assise ici et tu penses toujours que je vais parler. Tu m'as trahis connard !

- Tu sais très bien que tu peux nous faire confiance. Toutes tes infos seront protégées. Dit-il en jetant un œil à Andréa.

- La Force Grise était autrefois pacifiste, c'est dommage qu'elle ne soit représentée que par des losers dans votre genre. Heureusement que certains savent encore rester discret sous les radars. Lui lança t-elle pleine de dégoût.

Andréa le savait déjà que des sympathisants de LFG se fondaient dans la masse. Mais tant que ce n'était pas des terroristes où des conspirateurs, cela n'était pas un problème. Les mesures liberticides au nom de la sécurité furent abolies depuis longtemps et tout le monde avait le droit d'avoir son opinion. Les critiques envers le Gouvernement étaient même encouragées tant qu'elles étaient argumentées, soignées vérifiées et exemptes de tout sophismes. Cela contribuait à la bonne évolution de la vie politique à laquelle tout le monde s'implique. Cependant, le Gouvernement était tellement juste et apprécié qu'il était bien difficile d'y trouver une faille. Adam Adam restait le seul homme qui les poussait à bout. Un paradoxe pour un homme qui se battait pour un monde juste selon-lui, se trouvant être ainsi le seul à provoquer des entorses à la loi de la part du pouvoir.

Andréa se tourna vers Jimmy après avoir longuement testé Angèle.

- Bon. C'est à vous que je m'adresse à présent. Je vous fait la même proposition que je lui ai faite. Excepté que ce ne sera pas une prison dorée mais la totale liberté.

- Vous nous proposez juste une prison plus spacieuse. Rétorqua Jimmy.

- Nous pouvons vous caser dans un autre pays si ça vous chante. On a des accords avec beaucoup de monde. Vous nous la laissez et nous vous laissons.

- Ce que l'on veut, c'est être acteur. S'empressa de dire Santon. Nous voulons des sièges au Parlement.

- Vous savez qu'il faut être élu pour siéger. Au cas où le concept de démocratie vous interpèle encore un peu. Répond t-elle surprise de cette proposition.

Rachid cria soudain depuis son post de surveillance.

- Ramenez-vous ! Il y a un truc bizarre qui se passe.

Leur prisonnière eu de nouveau ce sourire qui la caractérisait. Jimmy quitta la pièce pour se précipiter vers l'entrée de la gare.

- Votre fin sera proche. Fabien nous a déjà beaucoup apprit. Murmura soudainement Angèle sans regarder Andréa.

- Regardez-vous ! C'est vous qui êtes finie. Lui répond t-elle orgueilleuse.

- Vous vous pensez être intouchables mais au fond vous avez peur. Peur de ce que l'on a découvert. Autrement, vous seriez déjà là, à prendre les choses en charge de vous même.

Andréa eu une étrange sensations à la suite de ces paroles.

- Comment-ça ?

- Ce n'est pas à vous qu'elle parle. Intervint Santon resté en retrait. Et toi arrête de faire comme ci elle allait être libérée. Ajouta t-il plus fermement à Angèle.

Andréa comprit d'où venait l'impression qu'elle ressenti. Angèle lui a parlé de la même manière que Darius l'avait fait quelques jours plutôt.

Après quelques secondes de silence, et voyant Jimmy ne revenant pas, Andréa se fixa devant Angèle, les yeux dans les yeux.

- Qu'est ce que vous ne me dites pas ? Que savez-vous ? Demanda t-elle pour capter l'attention de Santon. Celui-ci était tout ouï lorsqu'elle profita de sa concentration pour le mettre à terre en subtilisant son arme. Andréa avait de très bonnes notions de combat qu'elle s'était gardé de faire connaître pour justement les prendre par surprise.

Jimmy, Rachid et Flo firent face à une scène effrayante. Il y avait trois fois plus de monde qui les encerclait. Tous avançaient au pas comme s'ils étaient dans une parade, bien coordonnés et synchronisés comme des robots. Les forcenés furent figés de ce spectacle quand leur état de choc fut interrompu par des cris venant de derrière. Flo, sans chercher à comprendre se rua vers Andréa qui n'eut d'autre choix que de l’immobiliser en lui tirant à la jambe.

- Et maintenant qu'est ce qu'on fait ? Ironisa Jimmy arme au poing. Nous on a pas peur de la mort, on y est préparé. C'est plus problématique pour vous.

- Alors vous voulez siéger au parlement c'est ça ? Considérez que vous avez obtenus gains de cause. Baissez vos armes.

- Elle nous prends vraiment pour des débiles. S’exclama Rachid.

- Nous voulons siéger à distance, connectés 24/7, participer au débats, faire porter notre voix. Ajouta Jimmy.

- Je m'y engage.

- On s'en fou de vous. Répondit Rachid irrité. Nous voulons que ce soit officialisé. C'est le gamin qui devra l'annoncer officiellement.

Elle ne s'attendait pas à cette revendication.

- Alors vous dite à Corentin de nous réhabiliter en public comme il sait faire. Et à ce moment, vous n'aurez plus le choix pour tenir parole.

- Ok. Nous allons rester dans ces positions jusqu'à ce que ça se fasse. Ironisa t-elle.

Elle se disait qu'ils auraient pu faire cette revendication bien plus tôt, avant même qu'elle n'arrive sur place.

Tout le monde avait bien compris que la situation n'allait pas se régler par un accord, d'autant que les policiers dehors se rapprochaient dangereusement. Ces membres de LFG furent déterminés à mourir s'ils n'obtenaient pas gains de cause, c'est ainsi qu'il comprirent lorsque le moment fut de renoncer. Flo qui restait à terre commença à se diriger vers son arme tombé non loin de lui. Il n'eut plus rien à perdre. Il ignora les mises en garde d'Andréa qui impuissante se décida à aller se cacher derrière un guichet en tirant dans leur direction pour se couvrir. Jimmy tenta de riposter lorsqu'il fut touché dans le ventre ainsi que dans la cuisse. Il s’effondra net et mourra dans l'agonie. Flo vit ses yeux, à la même hauteur, à quelques centimètres du sol se fermer. Il leva la tête pour lancer un regard d'adieux à Rachid qui se cachait derrière une porte, puis se suicida après avoir récupéré son pistolet. Le dernier survivant déversa sa colère sur le guichet d'Andréa avant de tenter sa chance en prenant la fuite ayant pris soin de ne pas totalement vider son arme.

La commandante fut informée de cela après que l'on vit un homme courir à travers champs.

- Ne tirez pas, ne l’interpellez pas. Vous gardez un œil sur lui. Il est désespéré et impuissant, il commettra une erreur.

Cécile Laudry ordonna à toute la troupe, qui obéissait au pas, de se disperser. Une équipe pista Rachid, le gros des hommes sécurisèrent les alentours de la gare tandis qu'une dernière équipe pénétra dans le bâtiment. Ils marchèrent près des corps de Jimmy et Flo puis continuèrent vers les bureaux derrière les guichets. Cette gare déplorable fut réinvestie par différentes générations de squatteurs avant qu'elle ne soit définitivement abandonnées. Les nouvelles conditions de vies étaient tellement profitables qu'il devint impossible d'être sans-abris. Les hommes armés entrèrent dans la pièce où ils entendirent Andréa répondre à leur appel. Ils la virent relevant Angèle pour l’éconduire hors d'ici. Celle-ci jeta un regard lourd de regrets envers Santon qui restait encore inconscient par terre. Une fois dehors, on lui ôta les câbles électriques qui servaient de liens pour les remplacer par des chaînes reliant ses mains à sa taille et ses pieds. Elle se fit embarquer dans une camionnette blindée prévu pour les convois de prisonniers et de fonds.

Andréa vit le véhicule s'éloigner avec les escortes de rigueur, Cécile s'approcha alors d'elle sereine.

- Je vais rédiger un rapport sur vos agissements, sur cette journée en général et surtout sur vos agissements.

- Faîtes-donc, c'est parfaitement dans vos devoirs liés à votre fonction.

- Cette paperasserie sera ma dernière corvée, ça n'aura aucun impacte et ça ma coûtera mon poste.

Elle perçut en elle la résignation. Cécile ne pouvait rien faire contre elle, juste regretter.

- Où pas. Lança Andréa comme une perche tendue.

Les deux femmes disposèrent. Cette journée laborieuse fut très fructueuse malgré tout. Les heures furent longues pour Andréa qui se préparait déjà à l'interrogatoire à venir.

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