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L'Omniscient avait été surprit de remarquer une tâche brunâtre sur son jolie pantalon blanc. Ce devait sûrement être le café du matin. Il n'était pas tant contrarié par la salissure que par le fait de ne pas l'avoir su. Il trônait sur la terrasse de son immense palais qu'il a fait construire sur les Buttes Chaumont. Il enleva son pantalon et ordonna qu'on lui en rapporte un autre, le même. Un des ses hommes de maison s'exécuta, celui-ci quitta la terrasse au moment où trois personnes, escortées d'une hôtesse, pénétrèrent, découvrant ainsi le personnage en sous-vêtements. Celui-ci n'était pas le moins du monde dérangé et n'éprouvait pas de gêne à leur égare. Il sorti de sa veste bleue, après avoir adressé un regard dédaigneux envers ses invités, une sucette à la menthe poivrée dont il replia soigneusement le papier plusieurs fois avant de le laisser tomber par terre. Il regarda ensuite distinctement chacune des trois personnes à travers ses verres fumés bleus. Deux hommes se tenant derrière une femme à l'allure déterminée. Il ne dit pas un mot et attendit une première réaction de leur part. Au bout de quelques secondes, la femme s'apprêta à parler, elle n'eut que le temps de pousser une inspiration lorsqu’il la coupa subtilement dans sa lancée, comme s'il l'avait attendu pour le faire.

- Au fond, cela ne doit pas être si important à vos yeux pour ne pas vous être déplacé vous même.

Le femme fuita instinctivement son regard, peu importe vers où tant qu'elle donnait l'impression de ne pas se laisser impressionner. L'homme en face d'elle était connu pour parler de façon incohérente.

- Je tiens à vous dire que nous somme particulièrement remonté en ce moment. Alors nous allons passez court…

Il s'éclipsa sans même attendre la fin de sa phrase.

- … à vos remarques... désobligeantes habituelles. Continua t-elle dans le vide bien malgré elle.

Darius connaissait ces gens qu'il avait autorisé à entrer. Il regagna nonchalamment son siège, faisant dos à ses invités, pour continuer la conversation qu'il avait eu avec son premier interlocuteur avant d'avoir été interrompu par la tâche de café. Ils étaient assis autour d'une table basse.

- D'une manière où d'une autre, la parcelle s'en trouvera changée et le changement n'est pas forcément mauvais.

- Pardon ? Son interlocuteur restait encore déconcentré au vu de ce qui venait de se dérouler, il ne s'attendait pas à une reprise de la sorte.

- Un jardin à pour vocation de produire des fruits et des légumes, peu importe s'il faut une personne pour cela ou plusieurs. Le résulta reste le même, il n'y a pas de différences entre une pomme et une pomme. Renchérissait Darius.

- J’entends bien, mais là, il s'agit de connaissance, d'informations, pas de fruits.

- C'est pourtant vous qui m'avez affligé de cette métaphore.

- Vous lancez un mouvement centralisateur, de grâce Darius, ne faite pas cette acquisition. Beaucoup y perdront foie.

- Quelle foie ? Le plus grand site internet de partage des connaissances deviendra ma propriété, c'est bien là un signe de bienveillance de ma part. Je l'empêche de risquer un probable effondrement par des humains qui ne savent absolument pas gérer correctement les informations qu'ils reçoivent. Le peuple n'est pas fiable.

- Je vois et j'entends bien ce soucie de préservation que vous avez…

- Gaspard, qu'a dit votre prêtre hier pour que vous veniez m'importuner de bon matin ? Je vous accepte certes dans ma demeure parce que rare sont les philosophes avec qui je puisse converser, mais ne venez pas m’étouffer avec votre odeur de cierge.

- La perpétuelle recherche de sois fait parti de votre ligne de conduite. Je sais que vous n'êtes, à ce titre, pas hostile à la religion en général, mais vous risqueriez d'orienter ceux qui se cherchent eux aussi.

- Je n'ai nullement l'intention de pervertir les gens, simplement m'accaparer une richesse. De plus, ce n'est pas d'un site religieux dont nous parlons, mais d'un site universel.

- Qui pourrait devenir religieux si un gourou s'en accapare. Ajouta la femme restée en retrait pour qui Darius tourna sa tête légèrement laissant traîner son oreille en sa direction. Elle se voulait ferme et rappeler sa présence.

- J'en suis digne. Répond-il à Gaspard.

- Vous ne cessez d'accumuler les connaissances, vous êtes reconnus de tous, mais emprisonner cette richesse ne vous rendra pas plus savant, et la laisser à disposition des autres ne vous enlèvera pas vos acquis.

- Et vous revenez sur vos pas. Ce site sera accessible de tous. Vous tournez en rond dans vos arguments et je commence à m'ennuyer.

- Laissez-nous Doctalia, s'il vous plaît.

- Ce sera Libris quand j'en serais propriétaire. Ou alors Livre-S, pour la blague, j'hésite. Quoi qu'il en soit, merci Gaspard de votre présence, ce fut fort distrayant. Ci cela peut vous rassurer, je ne suis pas encore parfaitement décidé, je peux toujours faire preuve de clémence. Qui sait, peut-être est-ce là le vrai but de ma manœuvre. Dit-il en jetant un regard à celle qu'il avait violemment ignoré.

Alors que le philosophe quitta les lieux escorté, Andréa, restée patiente tout le long de cette fin d'entretien en profita pour enfin se faire entendre.

- Vous avez certainement eu bruit de l’enlèvement de l'un de nos membres. Dit-elle sans détour.

Tout en la fixant dans les yeux, Darius se déplaça inopinément vers l'intérieur du palais qui donnait sur une salle de sport. Une servante vint à lui avec un pantalon neuf qu'il enfila sereinement et se recoiffa légèrement. Il avait les cheveux blanc, mi-long qui cachaient le haut de son front par une frange rayonnante. Il alla ensuite simplement s’asseoir sur un banc de musculation, faisant face à Andréa qui restait debout. Le fait d'être en position inférieure par rapport à elle ne signifiait rien pour lui.

- Nous recherchons activement Angèle Meyer. Annonça t-elle avec la même fermeté.

- Vous n'avez pas l'air si actifs que ça.

Elle pris des photos que son homme de main venait de lui tendre, elle s'avança vers Darius et les lui présenta. Il n'eut pas un seul regard pour les documents, il s'obstinait à fixer Andréa, sucette en bouche.

- Je tente de rester proche de mes ennemis plus que de mes amis. Répond-il comme s'il savait déjà ce que les photos divulguaient.

- Est ce que vous savez où il est ?

- Vous allez quitter cet endroit et vous ne reviendrez plus jamais m'importuner. Si vous chercher un moyen de m'irriter, continuez, c'est en bonne voie.

- Nous n'en resterons pas là.

- Un gourou ne serait rien sans des abrutis de gens aux cerveaux malléables pour l'entretenir dans sa folie. Dieu en revanche n'a besoin de personne pour être. Dit-il en se relevant pour la regarder de haut.

Il ne lui laissa pas le temps de répondre qu'il s’éclipsa de nouveau, se faufilant derrière une porte. Andréa tenta de l'interpeller à plusieurs reprises, mais elle se résigna à abandonner sous les contraintes de plusieurs gardes. Darius marchait calmement d'un pas décidé en compagnie de son homme de main principal. Il traversèrent une bonne partie de la demeure.

- Pourquoi m'ont ils envoyé leurs clowns ? Pour un événement aussi important qui plus est. Ils vont se fatiguer à vouloir me provoquer, il vont le regretter sans pouvoir m'implorer.

- Ils ont peur de vous Monsieur. Ils ont peur de leur faiblesse, c'est ce qui les motive pour faire ce genre d'actes inconsidérés. Ajouta son homme de main.

- La ferme Zeus ! Je me questionne à moi même.

Quand Adam est venu le voir ce jour-là, Darius avait été intrigué car il pressentait bien qu'un grand coup allait être frappé. Cela allait rompre une longue période d'inactivité. Il avait accepté d'y prendre part à sa manière dans le but de contrôler le complot qui s'annonçait. Il ne vit même pas l'intérêt de dévoiler à Andréa qu'il ne se doutait pas que cela allait encourir l'enlèvement d'un memdre de Torem.

- A présent qu'ils sont venus me voir Zeus, il est plus que primordial d’accélérer les recherches. Qu'on me le retrouve avant eux.

- J'entends bien Monsieur, l'homme a beau être difficile à débusquer, il ne nous échappera pas.

- Vous avez pourtant perdu sa trace lorsque vous le pistiez après sa venue.

- Si je peux me permettre, je n'étais pas encore présent à vos côtés, c'était il y a quelque semaines.

- Juste. Et je me demande même si je vais tolérer ta présence encore longtemps.

Ils arrivèrent devant une porte blindée qui nécessita deux hommes de garde pour être ouverte. À l'intérieur trônait des milliers de livres dans une immense bibliothèque. C'était, avec le musée, un haut lieu sacré du palais. Plusieurs niveaux supportaient des dédales d'étagères toutes d(un mètre de hauteur afin d'avoir vue et d'être vu sur tout l'étage d'où que l'on se trouvait. La lumière pénétrait harmonieusement à travers des voûtes de verres habilement situées entre les colonnes massives nacrées. Darius aimait venir se reposer dans ce lieu saint et chaleureux auquel il s'acharnait à ajouter toujours plus d’œuvres pour compléter son énorme collection personnelle qui n'en finissait jamais. C'était une obsession. Ce jour-là, il n'était pas d'humeur, il devait simplement traverser la bibliothèque pour se rendre au QG. Il restait songeur, la visite importune d'Andréa l'a rendu quelque peu euphorique et impatient même s'il savait prodigieusement se contenir. Il pressentait qu'il était en train de manquer quelque chose, cela se passait sous ses yeux.

- Je déteste rester dans l'ignorance.

- Qu'est-ce que vous ignorez Monsieur ?

- Je ne sais pas vu que le je l'ignore abruti. C'est un concept assez dur à concevoir pour vous autres mais la vie n'est en rien une fin en sois. Je ne me satisfais pas de ma situation, aussi parfaite soit-elle. Même si je sais jouir des plaisirs de ma vie, je demeure néanmoins penseur. J'aime à me questionner tout autant que je déteste ça.

- Puis-je emmètre une suggestion Monsieur ?

- Évidemment que tu peux ce n'est pas la question. Demandes-moi plutôt si je le veux.

- Je suis désolé. Voulez-vous que j’émette une suggestion Monsieur ?

Darius ne se donna pas la peine de répondre, Zeus se lança néanmoins.

- Je me demandais simplement, avec ce qui se prépare et l'hostilité grandissante qu'a Torem envers vous, si vous pouviez tenter d'afficher votre soutient au Président et son Gouvernement pour vous attirer la faveur de l'opinion publique.

- C'est à dire ?

- Je pensais à une intervention à l’Assemblée Nationale Constituante. Cela pourrait ainsi atténuer la rancœur des membres de Torem après qu'ils aient découvert votre implication dans l'enlèvement de Fabien Floch.

- C'est ce que je ferais si j'étais idiot. Intervenir publiquement de cette manière égratignerait mon image de pacha retranché. Je suis déjà bien assez dans la lumière avec le rachat de Doctalia. De plus, je n'ai que faire de ce qui peut arriver au Président, même si, j'entends bien, ce n'est que pour me faire valoir auprès du peuple mais je me fou bien plus de ce que peut ressentir cette bande d'incultes. Et enfin, pour que j'en arrive à une telle bassesse, il faille vraiment que je sois en danger, hors, je ne suis en rien en danger Zeus. Il me semble aussi important que futile de te le rappeler. Je peux faire absolument ce que je veux, je suis libre tant que je laisse cette comédie se dérouler au Parlement.

- Bien Monsieur, je comprend, mais l'enlèvement de Fabien...

- Ne t’inquiètes donc pas plus à ce sujet. Je sais de qui j'ai l'attention, et ils devront se déplacer en personne s'ils veulent des explications parce qu'il ne pourront gagner autrement. Ils le savent.

Zeus n'osa pas avouer qu'il n'avait pas tout compris de ce discourt. Il pressentait que l’Omniscient s'en doutait déjà et cela le rassurait d'une certaine manière.

Ils empruntèrent un long couloir en quittant la bibliothèque par l'arrière. Le lieu se voulant sobre, blanc et sans décorations. Ils se dirigèrent vers un ascenseur gardé par deux hommes qui se trouvait au bout d'un long couloir.

- Rassurez-vous Monsieur, nous allons mettre les bouchées doubles pour retrouver Monsieur Adam et son équipe. Nous saurons coûte que coûte ce qu'il prépare, nous allons de ce pas motiver les équipes de recherche. Nous l'auront avant Torem et le Gouvernement.

- Tais-toi tu parles trop.

Darius savait tout de Zeus, celui-ci n'avait pas à l'impressionner. Ils pénétrèrent dans l'ascenseur après qu'un des hommes de garde entra le code d'accès. Darius comme à son habitude se tint droit, au milieu. Il ne pu s'empêcher de songer à voix basse.

- Alors Adam, que nous concoctes-tu ? Maintenant que je t'ai permis ta renaissance, je te veux au rapport.

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