Chapitre 1

385 minutes de lecture

Le don de guérir

"livre 3 tome 5"

***/***

CHAPITRE 1 (Aix en Provence) (Mardi fin de matinée) (Mathis)

« Cimetière d’Aix en Provence où est « enterré » Florian. »

La tombe toute en marbre blanc presque entièrement recouverte de fleurs, est maintenant sous la surveillance constante d’un policier municipal depuis sa profanation constatée il y a quelques jours, causant un énorme élan de protestation populaire de la part des Aixois horrifiés d’un tel acte de vandalisme sur la personne qui a tant fait pour le bien de l’humanité.

Les ouvriers ont travaillé d’arrache-pied pour remettre tout en ordre le plus vite possible, ce qui a été fait le jour même du constat avec une douceur de tous les instants comme s’ils ne voulaient pas déranger celui qui y repose.

Autant la tombe connaît un incessant afflux de visiteurs venant la fleurir tout au long de la journée durant les heures d’ouverture, autant tous s’écartent et restent éloignés, lorsque le jeune homme blond est là, respectant sa tristesse et son immense désespoir, d’avoir perdu un être si cher à son cœur.

Chaque jour il est là, debout ou à genoux, comme prostré et son magnifique visage perdu dans les affres d’une souffrance qui ne veut pas le quitter.

Chaque jour ces mêmes personnes voient sa maigreur s’accentuer, ses vêtements devenir trop amples et elles se demandent avec tristesse, combien de temps encore durera sa peine.

***/***

Mathis pleure, comme il pleure depuis ce moment funeste où le corps de Florian s’est affaissé devant eux dans cette clairière maudite où il n’aurait jamais dû mettre les pieds.

Il pleure également son cousin Thomas qui lui aussi l’a quitté, alors qu’il était celui qui le tenait à bout de bras pour ne pas plonger plus loin encore dans la dépression qu’il vivait déjà à la perte de Florian.

***/***

« Chez André et Nathalie Louvain, une heure plus tôt. »

C’est Nathalie qui la première remarque la présence d’un groupe important de personnes circulant dans sa rue alors qu’habituellement à part les voisins, elle est plutôt déserte surtout le matin en pleine semaine.

C’est donc avec une certaine curiosité qu’elle observe l’avancer de toutes ces personnes depuis sa fenêtre, plissant soudainement les yeux en semblant reconnaître de loin son beau-frère et sa femme en tête du groupe.

Au fur et à mesure qu’ils se rapprochent, elle sourit en comprenant que ce sont tous des personnes connues et même si elle n’a pas la moindre idée de ce qui les amène, elle se doute bien que c’est chez elle qu’ils se rendent.

- Chéri !! Nous allons avoir de la visite !! On dirait qu’Alain s’amène avec tout son quartier ! Hi ! Hi !

André vient la rejoindre, curieux de voir ce qu’il en est et bien content de cette visite qui va rompre un peu la monotonie de ses derniers jours de vacances avant qu’il reprenne le boulot.

- Comment ça tout le quartier ?

- (Nathalie) Je reconnais bien les parents d’Éric avec eux !! Il y a aussi leur fils avec Raphaël, Antonin et… Mais c’est Taha ?? Je ne savais pas qu’il était en France ?? Oh !! …Mon Dieu !!

André voit son épouse complètement retournée à se frotter les yeux, semblant ne pas croire ce qu’elle voit.

- Quoi mon Dieu ??

- Regarde toi-même !! A force de vouloir croire que certaines choses peuvent arriver, je dois avoir la berlue !! Ce n’est pas possible autrement !!

André ouvre la fenêtre maintenant que le groupe n’est plus qu’à une cinquantaine de mètres, il sourit en reconnaissant son frère et sa belle-sœur, puis tout comme sa femme quelques instants plus tôt il se fige de stupeur.

- Mais ce n’est pas Benj…non…. Thomas !!!!

- Regarde mieux chéri !! Le petit avec la cagoule, il ne te dit rien celui-là ??

- Je t’assure que c’est Thomas !! Il serait revenu ?? Quel petit ?? Oh !!…. j’y crois pas….mais ça ne peut être que….Florian !!!! Mon Dieu !!! Merde alors !!!

- Ah !! Toi aussi alors ?? J’ai cru à une hallucination sur le coup !!

Elle rejoint son mari à la fenêtre, tous deux les yeux exorbités devant ce qui est pourtant l’évidence malgré le sweat-shirt à capuche qui cache la partie haute de son front et sa chevelure rousse.

Ils voient bien les sourires amusés qui ornent les visages de tous ceux qui entourent le petit rouquin, en s’apercevant à leurs mines d’ahuri qu’ils viennent juste de le reconnaître, visiblement satisfaits de la surprise qu’ils leur font.

André se précipite vers la porte pour les laisser tous entrer, encore sous l’effet du choc qu’il vient de recevoir et c’est à son tour d’avoir les larmes aux yeux quand son

« Neveu » vient le ceinturer dans ses bras pour l’embrasser dans un élan du cœur.

***/***

Je sens bien les deux paires d’yeux braqués sur moi, ôtant mon sweat d’un mouvement vif et théâtral.

- Tatatata !! Le retour du Jedi version De Bierne ! Hi ! Hi ! Que la force soit avec toi !!

CHAPITRE 2 (Aix en Provence) (Mardi fin de matinée) (Mathis) (suite)

« Quelque temps plus tard, aux alentours de midi. »

C’est encore une fois le jeu des questions, toujours les mêmes et des réponses, qui ne cessent qu’au moment où la porte d’entrée s’ouvre une nouvelle fois et que Chloé avec Léa, apparaissent toute souriante pour l’une et toute chamboulée comme on peut facilement l’imaginer pour l’autre, qui s’empresse de venir dans nos bras avec un cri strident de contentement qui nous fait grimacer d’amusement en nous bouchant les oreilles.

- C’était donc vrai ce que m’affirmait Chloé !! Vous êtes revenus tous les deux !!

- Ça a l’air ma puce, sinon faudrait te faire ausculter ! Hi ! Hi !

- Mais comment ?? Et Th… Benjamin ??

- Stop !!! Je ne me sens pas le courage de remettre la machine en route, je te ferai un petit débriefing plus tard si tu veux !! Nous sommes revenus, c’est je pense le principal et le reste des explications pourront bien attendre. « Ben’j » est sans doute heureux lui aussi de pouvoir retrouver sa vraie famille !!

- (Thomas) Mathis n’est pas avec toi ?

Question somme toute tout à fait naturelle mais qui fait subitement retrouver le sérieux à toute la famille Louvain, ne manquant pas de m’inquiéter fortement ainsi que Thomas qui enchaîne alors par une autre question mais cette fois sur un ton beaucoup moins jovial que précédemment.

- Il ne lui est rien arrivé j’espère ??

Léa se tourne vers Chloé.

- Tu ne leurs as rien dit ??

- Heu !! Non !! Faut dire aussi que j’étais tellement surprise de les revoir…tu comprends !!

- (Thomas) Rien dit quoi ??

Je prends Léa par les épaules en plongeant mon regard dans le sien.

- Tu permets que je regarde dans tes pensées ??

Léa est troublée par ces yeux qui la transpercent jusqu’au fond de l’âme.

- Oui bien sûr !!

- Rassure-toi tu ne sentiras rien !!

Ce que nous voyons alors avec Thomas, nous fait devenir subitement tout pâles, ne reconnaissant à peine l’image du garçon amaigri comme celle de celui que j’ai toujours tenu d’une affection profonde et Thomas finit par couper de lui-même le lien mental qui nous lie, pour ne plus lire cette tristesse incommensurable sur le visage de son « cousin » qui lui brise le cœur.

Je romps à mon tour la liaison avec l’esprit de Léa, fortement ému par ce à quoi je viens d’être confronté et qui met mon affectif encore une fois à rude épreuve, au point d’en devenir quelque peu amer envers cette famille qui a laissé s’enfoncer son fils de cette façon.

- Pourquoi vous n’avez pas réagi ??

- (André) Ah !! Parce que c’est de notre faute peut-être ??? Qu’est-ce que tu crois, que ça nous amuse de voir notre fils se détruire la santé comme il le fait ??

- (Alain) Nous avons tout essayé tu t’en doutes bien, seulement c’est comme s’il était cassé de l’intérieur !! Philippe vient le voir trois fois par semaine pour tenter de le faire revenir à la raison mais rien n’y fait et même lui commence à perdre l’espoir d’y arriver, il pense qu’il serait bon d’envisager rapidement un suivi médicalisé en maison de santé !!

- (Léa) Tu crois que ça nous amuse, de voir mon frère dans cet état qui empire de jour en jour ??

- Non bien sûr !! Excusez-moi si vous avez pris mes paroles pour des reproches, c’est juste que ce que j’ai vu m’a vraiment choqué !!

Alain calmé par mes excuses, nous raconte alors un peu de ce qu’il en est entre le retour d’Afrique, l’enterrement et la disparition de Thomas, qui a été sans doute la goutte d’eau qui a fait déborder un vase déjà bien rempli.

- Il passe la moitié de son temps devant une tombe et en plus tout seul ?? Comment voulez-vous qu’après ça il aille mieux ??

- (Nathalie) Nous avons bien essayé de le retenir !! Tu voulais quoi ?? Qu’on l’attache peut-être ??

- Bon !! De toute façon ça ne sert à rien de ressasser le passé, je sais ce qu’il me reste à faire !!

- (André) Il est très faible autant moralement que physiquement, fait quand même attention au choc que ça va lui faire !!

Je préfère ne pas rallumer l’incendie de colère sourde que j’arrive de moins en moins à contrôler, rien qu’en évitant de leur faire la réflexion que s’il est si faible que ça, c’est quand même incroyable de leur part que personne ne le suive même de loin ne serait-ce qu’au cas où !!

- Je l’amènerai à ce qu’il comprenne que je suis bien vivant !!

- (Chloé) Je me demande bien quelle idée tu as encore en tête ??

Au lieu de répondre, je me concentre et laisse échapper ce son inaudible à l’oreille humaine qui m’allie avec toutes les autres espèces animales.

Un énorme concert d’aboiements résonne alors soudainement dans toute cette partie de la ville.

***/***

« Wouh !! Wouh !! Woouuuuhhhhhhhh !! »

CHAPITRE 3 (Aix en Provence) (Mardi fin de matinée) (Mathis) (fin)

« Cimetière. »

« Wouh !! Wouh !! Woouuuuhhhhhhhh !! »

***/***

Mathis redresse la tête, intrigué par ce capharnaüm d’aboiements aussi soudain que semblant venir de partout à la fois et qui lui paraît pour le moins incongru voire complètement irréaliste, il n’imagine même pas le nombre d’animaux nécessaire pour qu’un tel vacarme s’entende depuis ce qui lui semble venir de chaque coin de la ville.

C’est comme si tous les chiens s’y étaient mis en même temps, ce qui bien sûr est une chose complètement impossible à part du temps ou…. Mathis se relève de devant la tombe, l’idée qui vient de lui traverser l’esprit l’amenant dans un nouveau choc émotionnel intense presque identique à celui de ce matin après ce rêve étrange.

Il observe alors autour de lui les quelques personnes qui écoutent elles aussi, l’oreille tendue pour tenter de comprendre comme lui ce qui arrive avec l’immense surprise marquant leurs visages.

Les aboiements résonnent de plus en plus fort, semblant ne jamais vouloir s’arrêter.

***/***

« Wouh !! Wouh !! Woouuuuhhhhhhhh !! »

***/***

« Après plusieurs minutes. »

- Mais c’est quoi ce bordel à la fin !!!

Mathis en est là dans ses réflexions, avec déjà un doute à l’esprit auquel il n’arrive pas à se raccrocher comme si son cerveau refusait purement et simplement de traiter l’information.

Depuis l’entrée du petit cimetière apparaît alors une meute hétéroclite, composée essentiellement de chiens errants vu leur état général plutôt calamiteux et l’absence de colliers qui conforte son idée.

Ceux-ci restent mystérieusement silencieux alors que les aboiements résonnent toujours partout ailleurs, Mathis sent un long frisson lui traverser l’échine quand leurs yeux se fixent sur lui en particulier et que celui qui semble être le mâle dominant de la meute, s’avance lentement vers lui sans que son regard ne quitte un seul instant le sien.

- Qu’est-ce que tu me veux ??

- Wouff !!

Le bâtard tourne casaque en se retournant vers lui à mi-chemin de la meute toujours silencieuse, vérifiant sans doute s’il le suit.

- Wouff !! Wouff !!

- Quelqu’un t’envoie pour me faire comprendre quelque chose, …c’est bien ça ??

- Wouff !!

Mathis n’en revient pas lui-même de parler à un chien comme si celui-ci comprenait, quelque chose dans son esprit se débloque alors en lui donnant à la fois une lueur de lucidité mais aussi un profond trouble qui lui accélère son rythme cardiaque et lui coupe douloureusement la respiration, la pensée qui lui vient étant de celle qui amène bien souvent un espoir sans lendemain juste dicté par l’envie d’y croire.

- Wouff !!

- Oui !! Ça va, j’arrive !! Où veux-tu m’emmener ??

- Wouff !! Wouff !!

Au moment de faire le premier pas et comme s’ils n’attendaient que ça, le concert d’aboiement cesse de la même façon soudaine qu’il avait commencée quelques dix minutes plus tôt.

Le silence d’un coup oppressant fait encore plus réfléchir Mathis, comprenant bien que toute cette mise en scène n’avait qu’un but et même si ce but n’est pas encore très clair dans sa tête, il ne fait pour lui plus aucun doute que ça le concerne directement.

Une seule personne au monde aurait pu être capable de ce genre de …. Plaisanterie ?? Non, elle serait de trop mauvais goût !! Mais plutôt comment dire… préparation psychologique ?? Et cela afin de le mettre en condition pour qu’il se fasse à l’idée que peut être comme dans ce rêve étrange de cette nuit, Florian et Thomas, seraient revenus depuis l’autre réalité, comment expliquer sinon cette manifestation canine qui ne s’adressait de toute évidence qu’à lui seul.

Les larmes qui coulent subitement de ses yeux ne sont plus les larmes au goût acide du désespoir de ces dernières semaines, mais celles plus suaves de l’espoir qui maintenant lui fait accélérer le pas jusqu’à courir comme un dératé derrière la meute qui le conduit directement à la maison, pour s’éparpiller juste avant le portique du jardin comme si quelqu’un ou quelque chose leur avait subitement rendu leur liberté une fois leur mission terminée.

Mathis est épuisé de cette course qui le laisse à souffler comme un forgeron, son corps affaibli n’ayant plus cette force qui lui aurait fait faire ce parcours sans le moindre effort, encore quelques mois plus tôt.

C’est donc les deux mains appuyées sur ses genoux pour reprendre sa respiration, qu’il voit sortir en s’avançant vers lui le visage consterné par l’apparence qu’il lui donne, celui qu’il ne croyait plus jamais revoir et qui lui a envoyé tous ces signes depuis ce matin pour le préparer au mieux à l’idée de ce moment où il s’avancerait vers lui, ressurgissant dont ne sait où pour le prendre dans ses bras.

***/***

La vision de Mathis amaigri cherchant son souffle met à rude épreuve mon émotivité, j’essaie de ne pas trop lui montrer à quel point je suis choqué par son apparence pourtant bien loin de mes souvenirs et je comprends alors à quel point j’avais mal perçu ici aussi la vraie nature de ses sentiments envers moi, sans doute les mêmes que j’ai toujours éprouvés pour lui et qui dans l’autre réalité, m’avaient été révélés de façon plutôt orageuse de la part de son homologue.

Je vois qu’il tient le coup du choc occasionné par mon retour, sans doute grâce à la petite mise en scène suffisamment incroyable pour le faire réfléchir sans trop mettre la puce à l’oreille d’autres personnes, qui n’y verront là en l’oubliant d’ici ce soir qu’une bizarrerie sans explication logique.

Thomas arrive à son tour, tout aussi troublé que moi devant l’état physique de son cousin.

- Mon Dieu !! Mathis !! Mais qu’est ce qui t’a pris de te mettre dans un état pareil, enfin !!

- Aide-moi à le porter dans sa chambre !! Je vais m’occuper de lui !! Tu vois bien qu’il est encore trop sous le choc pour nous répondre, mais ça va aller ne t’inquiète pas !! Il va s’en remettre, pour ça tu as ma parole !!

CHAPITRE 4 (Aix en Provence) (Mardi soir) (Guérison)

Chez les Louvain, l’après-midi est passé très vite en discussions sur le comment reprendre les choses comme avant alors que depuis ces quelques mois, leurs vies avaient changé du tout au tout.

Bien loin de ces pensées somme toute bien terre à terre, Florian accompagné de Thomas et d’Antonin, veille sur Mathis qui reçoit ces « dons » en ayant les yeux en papillotes du plaisir de ces longs baisers qui n’en finissent pas et qui petit à petit lui rendent sa santé tant morale que physique, ce qui n’échappe d’ailleurs pas à ceux qui ne sont là que pour assister une fois de plus au miracle, en trouvant quand même le moyen de lui envoyer des piques à la moindre occasion.

Mathis s’en moque comme de l’an quarante, cet après-midi exclusivement dédié à embrasser amoureusement son petit rouquin qui lui injecte par ce biais des litres de salive en continu lui va très bien.

Le hic dans cette affaire serait peut-être qu’au fur et à mesure qu’il sent ses forces revenir, Mathis ressent également la bandaison monstrueuse qui se développe de plus en plus visible dans son pantalon et que bien sûr ses trois amis ne peuvent pas manquer de voir, donnant du grain à moudre aux railleries amicales qu’il recevait déjà à se laisser rouler des pelles pendant des heures.

- (Antonin) Tu vois ce que je vois Thomas ??

- (Thomas) On dirait qu’il apprécie le bouche-à-bouche de notre petit docteur ! Hi ! Hi !

- (Antonin) Faut dire aussi qu’il me rendrait presque jaloux sur ce coup-là !!

- (Thomas) J’ai quelques notions de médecine si tu veux !!

Thomas voit immédiatement la braguette d’Antonin prendre du volume, il sourit en poursuivant.

- J’ai même l’impression que je suis encore plus doué ! Hi ! Hi ! Allonge-toi près de « Mat » que je joue aussi au docteur « Flo » !!

- Oh oui !! Docteur !! S'il vous plait !!

Antonin se place tout contre Mathis en souriant, ouvrant la bouche en faisant des yeux de merlan frit pour bien montrer qu’il prend ça au énième degré juste pour parodier ses deux amis.

Seulement il ne s’attend pas à ce que Thomas oublie très vite le jeu, l’embrassant avec une fougue telle qu’Antonin s’y laisse emporter et que très vite ce qui pour lui ne devait être qu’un amusement de plus, emmène le petit blond dans une excitation qu’il n’arrive plus à refréner, en jetant des regards d’abord surpris à son Thomas mais qui très vite lui rend la monnaie de sa pièce sans ne plus penser à ceux qui sont à côté d’eux.

***/***

Les yeux de Mathis font la navette entre les miens et ce qu’il se passe entre son cousin et Antonin, je me détache un instant de ses lèvres pour prendre un léger recul afin de constater avec satisfaction que ces heures passées à lui envoyer ma salive on fait leur office et que le voilà redevenu quasiment à quelques kilos prêts, le Mathis que j’ai toujours connu.

Conscient des décisions que j’avais prises dans l’autre réalité, mon regard devient incendiaire quand il croise une nouvelle fois le sien et je me doute bien à voir son expression qu’il n’ose comprendre sa signification, un pâle sourire d’espoir orne alors son visage qui m’amène à le lui rendre au centuple avec un petit clin d’œil entendu.

Quand mes lèvres rejoignent les siennes, ce n’est plus cette fois pour continuer à lui administrer mes soins mais bien pour l’embrasser de tout mon cœur avec une passion qui lui fait émettre un son rauque de plaisir, d’avoir enfin ce qu’il avait espéré depuis si longtemps.

Je change de position pour prendre la même que « Tonin » pour que Mathis se retrouve au-dessus de moi et j’admire les deux cousins si semblables se tenant virilement au-dessus de nous à tendre leurs visages pour s’emparer avidement de nos langues dans un double baiser de feu.

C’en est trop pour Mathis qui n’arrive pas à retenir l’orgasme fulgurant qui lui prend les reins sans crier garde et lui fait tout lâcher dans ses vêtements, comme un ado à son premier touche-pipi.

Thomas à un sourire de contentement de voir son cousin redevenir celui qu’il était, quand il comprend que celui-ci vient de remplir son slip de sa crème et que son visage commence à marquer la honte de s’être laissé aller devant eux comme un gamin, il accentue ses frottements sur Antonin pour très vite partir à son tour avec un fort râle d’extase.

Il regarde ensuite son cousin en mimant le même air contrit qu’il peut lire sur son visage, sa grimace est tellement explicite qu’elle en a l’effet escompté sur Mathis qui du coup ne se sentant plus seul dans son cas, éclate de rire.

- Pffttt !! Nous voilà bien ! Hi ! Hi !

- (Thomas) Allez !! On file sous la douche !!

Antonin les regarde s’éloigner bras dessus bras dessous avec l’énorme complicité de toutes ces années passées ensemble, il se tourne vers moi après avoir difficilement détaché son regard de leurs petits culs pommelés qui tendent magnifiquement le tissu de leurs pantalons.

- Je ne sais pas comment tu arrives à résister avec « Mat » !! Surtout que c’est quasi la copie conforme de Thomas !!

- Ce serait trop long à t’expliquer, sache juste que j’ai eu l’occasion de bien réfléchir depuis quelque temps et je lui laisse la main sur ce que pourrait être ou ne pas être notre relation s’il doit y en avoir une, à lui de voir jusqu’où il est prêt à aller alors qu’il sait bien tout au fond de lui qu’il n’est pas seul.

- Tu penses à « Dami », c’est ça ??

- A qui d’autre voudrais-tu ??

CHAPITRE 5 (Aix en Provence) (Mercredi matin) (DBIFC)

L’Audi A8 se gare lentement à sa place réservée sur le parking de l’agence « DBIFC » d’Aix en Provence, à l’intérieur Franck semble de très mauvaise humeur, sans doute de ne pas avoir eu de nouvelles de Benjamin depuis plusieurs jours et c’est donc en claquant nerveusement la portière, qu’il s’avance ensuite vers l’entrée du bâtiment en tentant de retrouver un calme de façade qu’il est loin de ressentir.

Il remarque à peine l’excitation ambiante du personnel regroupé dans l’open-space du rez-de-chaussée, finissant quand même par ralentir sa marche le conduisant à son bureau qu’il partage quand il est là avec son ami Louis le responsable de l’agence et s’arrête enfin pour observer avec surprise tous ces regards soudainement braqués sur lui, maintenant qu’ils se sont tous aperçus de sa présence.

- Pourrais-je savoir ce qu’il se passe ici ce matin ??

Les regards vont maintenant vers la porte close de son bureau, l’ahurissement général lui fait reprendre sa marche lentement alors que le silence persiste autour de lui.

Une fois devant cette dernière, il regarde une nouvelle fois dans la direction de ses collaborateurs et comme ceux-ci ne semblent pas vouloir lui donner d’autres explications que leurs visages fixés vers la porte, il hausse les épaules en l’ouvrant pour ensuite faire les quelques pas qui le figent à son tour en y découvrant Louis en pleine discussion avec un grand jeune homme blond qu’il ne voit que de dos.

- Ah !! Tu t’es quand même décidé à reprendre le boulot !! Ce n’est pas trop tôt !!

Louis le dévisage en souriant, ce qui bien sûr trouble Franck qui s’attendait à une tout autre réaction et il voit celui qu’il prend encore pour Benjamin tourner la tête vers lui les yeux remplis de joie, un sourire magnifique ornant son visage qui fait un instant accélérer le cœur de Franck qui seulement alors s’aperçoit de son erreur.

- Bonjour Franck !! Comme tu dis ce n’est pas trop tôt, depuis le temps que j’espérais ce moment !!

- Thom…Thomas !!! C’est bien toi mon garçon ?? Mais co…comment ???

- Comme tu le vois, c’est bien moi en chair et en os ! Hi ! Hi !

Franck referme la porte lentement, ce qui lui donne le temps de se remettre de ses émotions et quand il se tourne de nouveau vers le jeune homme, c’est pour lui renvoyer son sourire et venir avec empressement le prendre dans ses bras pour le serrer chaleureusement contre lui.

- Mais alors !! Ils ont réussi ??

- Il semblerait bien que ça ait été le cas en effet !!

- Et Benjamin ??

- Il est retourné là-bas près des siens, je suis sûr qu’il doit tout comme moi en être des plus heureux !!

- J’imagine, oui !! Pauvre garçon, séparé de ceux qu’il aime pour retrouver les mêmes têtes, à la différence près que nous ne le connaissions pas !! Mais alors !! Tu es de nouveau séparé de Florian ?? Normalement c’était Antonin qui devait être du voyage pour tenter d’en apprendre plus !!

- Florian est là lui aussi !!

- Son corps certainement, mais tu as dû comprendre que son âme était remplacée par celle d’une des entités ??

Un mouvement derrière lui, le fait sursauter et en se retournant, il découvre alors qu’une autre personne est présente dans le bureau et qui soulève lentement la capuche lui recouvrant le visage.

- Ça va tonton Francky ??

Franck reste un instant sans réaction, ne croyant pas ce que pourtant ses yeux lui montrent et son visage qui tout d’abord avait pâli, retrouve d’un coup ses couleurs en même temps qu’il s’avance nerveusement pour prendre le jeune homme dans ses bras en le serrant très fort contre lui, les yeux soudainement humides d’un bonheur qu’il ne pensait plus jamais ressentir.

- Florian !!! Oh mon Dieu !!! C’est bien toi ??

Ma tête repose contre son cou alors que mes bras lui prennent la taille en tremblant, trop content de retrouver celui qui reste en quelque sorte avec les Massery la dernière personne qui me raccroche encore à ma vraie famille.

***/***

Thomas tout comme Louis, sont émus eux aussi de les voir dans ces effusions qui démontrent à elles seules combien ils tiennent l’un à l’autre et viennent à leur tour les enserrer tous les deux dans leurs bras, restant un long moment à profiter du bonheur de ces retrouvailles.

**/***

Franck repense à tout ce que l’entité leur avait révélé, il s’inquiète alors que les choses ne se soient pas passées comme prévues.

- Tu ne devais pas revenir avec ce corps !! Ce n’est pas le bon !!

- Celui dont tu parles est resté là-bas ne t’inquiète pas, seule mon âme à fait le transfert !!

- Comment peux-tu en être aussi certain ?? Ce n’est pas ce que disait l’entité pourtant !!

- Il n’avait pas tout analysé apparemment, nous avons déclenché le transfert des deux côtés en même temps et c’est pour ça que rien ne s’est passé comme prévu, en fait c’est une chance inespérée tu ne crois pas ?? Que peux-tu me dire d’autre sur ce que tu as appris sur moi ??

- Et bien…que tu…. Oh !! Non !! Je ne me rappelle plus…c’est comme si ma mémoire était effacée !!

- Déjà Antonin et Taha m’ont dit à peu près la même chose !!

- Tu devras interroger les autres, il y avait Taha mais aussi Maurice, Philippe, Frédéric et le général Mathéi.

- Taha parle de dieu des dieux et ça n’a pas de sens, quelque chose me dit que cette amnésie a été programmée pour que je ne découvre rien sur ce que je suis !!

- Mais enfin, pourquoi ??

- Il ne reste plus qu’à le découvrir !! Mais pour l’instant ce n’est pas le plus important, il me reste encore un peu de temps pour faire la surprise de mon retour avant que ça se sache et je ne voudrais pas en perdre plus que nécessaire, tu comprends ??

- Heu !! Oui, bien sûr !! Si je m’attendais à ça ce matin, wouf…. Quel choc !!

- Tu préférais engueuler le pauvre Benjamin si j’ai bien compris ! Hi ! Hi !

- (Thomas) Je comptais prendre quelques jours de vacances avant de reprendre le travail, j’espère que tu seras d’accord ??

- Hein !! Heu !! Ben… oui !!

Nous éclatons tous de rire devant la tête de Franck qui est encore tout chamboulé par les derniers événements, continuant à me serrer dans ses bras comme s’il ne voulait plus que je disparaisse à nouveau.

Je l’embrasse sur la joue en me détachant de lui, remettant ma cagoule qui me camoufle le visage.

- On aura l’occasion de passer du temps ensemble, pour l’instant les heures sont comptées avant que je fasse ma réapparition officielle et j’ai encore beaucoup de choses à faire, demain nous allons à Reims et ensuite sur Paris, un dernier détour par Orléans et nous serons revenus d’ici la fin de la semaine je pense, d’ici là ne dites rien à personne à part pour Thomas maintenant que toute l’agence l’a vu.

CHAPITRE 6 (Aix en Provence) (Mercredi début d’après-midi) (Yuan)

« Pavillon des De Bierne. »

Nous revenons tous du Mac Donald en riant encore de la tête de la jeune fille quand Thomas a payé avec sa carte Gold American express, elle n’avait jamais dû en voir une de sa vie et ce n’est qu’une fois le manager rassuré que la somme ait bien été débitée, que nous avons pu déjeuner sur la terrasse.

J’ai eu peur un moment d’avoir été reconnu, mais j’ai très vite compris que les regards curieux étaient surtout dirigés vers mes amis et plus particulièrement sur mon « Thom-Thom », dont la joie évidente rendait encore son visage plus rayonnant que d’habitude.

C’est donc en arrivant au pavillon de mes grands-parents que je remarque la limousine garée juste devant, reconnaissant à leurs carrures impressionnantes les deux gardes du corps ce qui ne nous laisse plus aucun doute sur l’identité de nos visiteurs.

Comme la maison était fermée à clé, c’est donc tout naturellement vers la terrasse à l’arrière de celle-ci que nous nous dirigeons, le sourire aux lèvres et que nous découvrons notre ami Ming en train de faire la sieste tranquillement en nous attendant, alors qu’un magnifique jeune homme à la chevelure noir corbeau fait quelques brasses dans la piscine, ne semblant ni l’un ni l’autre avoir remarqué notre présence.

Je me retourne vers mes amis en mettant mon doigt sur mes lèvres pour qu’ils ne fassent pas de bruit, commençant à me dévêtir en ne gardant que mon slip et ce n’est qu’une fois tous dans la même tenue, que nous nous mettons à courir et à plonger dans la piscine en poussant de grands cris, ce qui ne manque pas de faire sursauter Ming et de faire boire la tasse à Yuan quand nous lui tombons tous sur le râble, poussant des « youyouyou » hystériques.

Le temps qu’ils recouvrent tous les deux leurs esprits, j’ai le temps de me mettre en apnée pour ne pas qu’ils me voient et ce n’est que quand Yuan me cherche de toute évidence autour de lui, que j’apparais derrière son dos pour me serrer contre lui en le ceinturant de mes bras.

Même si mon esprit n’est qu’à la joie de le retrouver et de lui faire la surprise, mon sexe lui réagit au quart de tour dès que ma peau entre en contact avec la sienne et il doit bien ressentir la barre bien dure qui se frotte entre ses fesses.

- Devine qui c’est mon grand ??

Je sens son corps trembler brusquement, sa tête cherchant à se retourner pour me voir alors que je me suis plaqué à lui pour que justement ce ne soit pas possible.

Ses mains viennent alors me prendre les hanches en les chatouillant pour que je lâche prise et une fois chose faite après avoir tenté d’y résister le plus longtemps possible en riant aux éclats, il se retourne enfin pour me prendre à bout de bras, le visage mi rieur mi pris dans une intense émotion.

- C’était donc bien vrai !! Je n’y cr….

L’émotion le terrasse, l’empêchant de terminer sa phrase alors qu’il me serre cette fois avidement contre lui, des larmes pleins les yeux.

J’écarte un peu mon visage du sien pour pouvoir mieux le regarder, semblable à celui de l’autre réalité avec ce quelque chose de plus qui me touche particulièrement, sans doute toute cette connivence et cette affection qui depuis que je le connais m’a fait l’aimer de cette amitié certes particulière mais d’une force telle qu’elle restera intacte et aussi puissante toute notre vie.

- Content de me revoir ! Hi ! Hi ! Tu ne peux même pas t’imaginer comme c’est réciproque !!

- Je…je….

- Chut !! Ne dis rien, je sais ce que tu éprouves !! Je ne serai pas contre un bisou à la place si tu t’en sens capable ! Hi ! Hi !

Au moment où nos lèvres vont se joindre, une voix amusée mais également marquée d’émotion se fait entendre.

- Hé, le nain !! Qui t’as donné la permission d’embrasser mon homme ??

Mon regard se fige dans celui de Yuan, brillant d’amusement comme le sien et je me tourne un bref instant vers Patricia en lui tirant la langue, avant de prendre cette fois cette magnifique bouche en otage dans un long baiser qui accélère notre rythme cardiaque de façon exponentiel.

Un « plouf » se fait entendre derrière moi, bientôt suivi par deux mains incontestablement féminines qui me prennent par la taille.

- Et moi alors ??

Je me détache des lèvres de Yuan en lui faisant un petit clin d’œil, me retournant brusquement pour plaquer les miennes sur celles de « Pat » et lui donner à son tour un baiser incendiaire qui lui fait ouvrir les yeux comme des soucoupes de surprise, avant de se laisser aller avec plaisir dans cette preuve de tendresse que je lui donne sans arrières pensées bien au contraire.

Notre baiser dure un petit moment quand même, jusqu’à ce que nos lèvres se séparent et qu’elle me sourit, encore troublée par mon geste d’affection.

- Wouff !! Tu devrais mourir plus souvent si c’est pour m’embrasser comme ça à ton retour !! Oups !!

Comprenant l’incongruité de ce qu’elle vient de dire, Patricia devient rouge de confusion et fait éclater de rire tous ceux qui ont suivi avec émotion notre petit moment de tendresse.

Devant la moue que je fais, elle me pose la question qui lui brûle les lèvres.

- Quoi ??

- Hummm !!! Je crois que je vais prendre goût à embrasser les filles ! Hi ! Hi ! Qui sait !! A ma prochaine résurrection je serais peut-être devenu hétéro !!

Je plisse le nez en lui faisant une grimace.

- Beurk !!

Je reçois une petite claque sur la fesse.

- Oh le sale goujat !! Hi ! Hi !

CHAPITRE 7 (Aix en Provence) (Mercredi milieu d’après-midi) (Ton altesse)

L’après-midi passe très vite, beaucoup de jeux et bien sûr beaucoup de rigolade, heureux de nous être tous retrouvés mais surtout afin de gommer toutes ces longues semaines de chagrin et de tristesse, qu’il nous faut vite oublier.

Ming n’est pas le dernier à sauter dans la piscine pour participer à nos amusements de gosses trop vite grandis, courant même après nous pour nous jeter ensuite à l’eau dans de grands cris de joie et c’est lors d’une de ces courses qui nous fait faire le tour de la maison en piaillant, que nous emportons avec nous une personne tout habillée qui n’a pas vu le coup venir et s’est retrouvé à l’eau dans un grand cri de surprise.

***/***

- Ahhrrrr !!!

« Plouf !! »

***/***

J’arrive à mon tour essoufflé devant la piscine, quand je vois le visage de l’homme sortir de l’eau en recrachant la tasse qu’il vient de boire et je ne peux m’empêcher d’éclater de rire devant la tête qu’il fait.

- Et bien ton altesse !! Tu aurais pu prendre le temps de mettre un maillot avant de sauter dans l’eau ! Hi ! Hi !

Hassan reste comme figé les yeux fixés dans les miens, reprenant petit à petit ses esprits après cette poussée inattendue qui l’a envoyé quasiment au milieu du bassin.

Je capte le visage d’Omar qui de l’amusement d’avoir vu son chéri balancé à l’eau comme n’importe quel quidam, se fige à son tour en me voyant penché à genoux au bord de la piscine à tendre la main à Hassan en riant aux éclats de voir son altesse trempée jusqu’aux os dans ses beaux vêtements hors de prix.

Du coup je ne fais plus trop attention à Hassan qui m’attrape la main en tirant un grand coup vers lui, me retrouvant à mon tour surpris à boire la tasse et ressortir la tête en recrachant l’eau entrée dans mes poumons.

- Apprenez jeune homme qu’il faut toujours fermer la bouche lors d’un plongeon ! Hi ! Hi !

Il me prend dans ses bras, le visage ravagé par l’émotion et toute colère feinte disparue.

- C’était donc vrai ?? Te revoilà revenu parmi nous ??

- « Nous » voilà revenus, Thomas aussi, regarde là-bas ??

Hassan tourne la tête dans la direction que je lui indique et ne peut manquer de voir le grand blond souriant avec encore la larme à l’œil d’avoir trop ri de la gamelle qu’il vient de se prendre.

- Benjamin ??

- Reparti là-bas à la place de Thomas, d’après tous ceux qui m’en ont parlé c’est ce qu’il désirait le plus lui aussi et d’avoir vécu ça, je veux bien comprendre ses raisons !!

- Oui, mais toi comment ça a été possible ??

- Pour tout te dire, mon corps n’était pas dans le cercueil !!

- Ah !! Je comprends !!

- Tu en as de la chance alors, faudra que tu m’expliques parce que j’ai de quoi devenir chèvre avec tout ce que j’ai pu entendre !!

- Ils ont dû te mettre sous assistance pour le conserver, je ne vois que ça de plausible !!

- Bah !! J’en vois quand même d’autres, au moins une pour tout te dire !! Mais ce n’est pas le moment de parler de ça, on en discutera quand nous serons tous autour d’une table parce que j’en ai un peu marre de répéter toujours la même chose !! Comment va le petit prince et son « blondi boy » ??

- Ils vont bien, Joseph est avec eux à notre ambassade en Afrique !!

- Il leurs apprend les bonnes façons de se tenir devant le monde ! Hi ! Hi ! Tu devrais faire évoluer les mentalités dans ton pays !!

- C’est tout aussi compliqué que de leurs faire comprendre d’être discret !! Mais dis-moi, c’est normal que ton retour ne soit encore pas connu du grand public ?? Maurice m’a parlé de la façon dont tu t’es sauvé du camping, tu te rends compte que tu lui compliques énormément la vie en faisant ça ??

- Elle sera beaucoup plus compliquée quand tout le monde le saura, je voulais juste faire la surprise à ceux que j’aime tu comprends ?? Faut pas non plus qu’il me prenne pour un kéké, j’ai reconnu plusieurs de ses hommes qui traînent dans le quartier depuis hier.

- Tu représentes tellement pour lui, je suis même étonné qu’il ne soit pas ici avec vous tous !!

- J’imagine que ses obligations l’en empêchent, je le verrai à Paris avant la fin de la semaine de toute façon !! Tu devrais enlever tes habits mouillés, tu serais plus à l’aise comme nous et Omar aussi par la même occasion, il reste planté comme un piquet à nous dévorer des yeux.

On se regarde en souriant, heureux l’un comme l’autre de s’être retrouvés et je l’aide à sortir de l’eau pendant que Léa arrive avec une serviette de bain pour qu’il puisse s’essuyer, me dirigeant à mon tour vers Omar pour lui faire la bise et discuter un peu avec lui, le sentant trop perturbé par ma présence pour que ça vienne de lui.

- Tu en fais une tête ??

- Je n’arrive pas à comprendre comment c’est possible, nous t’avons pleuré des nuits entières et te voilà souriant à plaisanter comme si de rien n’était, j’avoue que je suis complètement dépassé par tout ça !!

- Tu n’es pas content de me voir ?

- Bien sûr que si !! C’est juste que je ne comprends pas, comment penses-tu que les gens vont réagir quand ils l’apprendront ??

- Nous trouverons bien une excuse et d’ailleurs elle est toute prête, suffit de laisser entendre que je n’ai jamais été vraiment mort !! Je suis sûr que Maurice s’occupe déjà à lâcher quelques indiscrétions dans ce sens, mais c’est toi qui m’inquiètes !!

- Comment ça ??

- Détends-toi !! Je ne suis pas un zombi tu sais, c’est moi Florian !! Ton ami !! Tiens, suis-moi si tu veux une preuve !!

Je lui prends la main en continuant la discussion, l’emmenant près d’Hassan toujours au bord du bassin à s’essuyer énergiquement.

- Regarde Hassan comme il est heureux ?? C’est sans doute dû à ma potion magique !!

- Quelle potion ??

J’attendais justement qu’il pose la question pour le pousser par-dessus bord en riant comme un fou.

- Celle-là pardi ! Hi ! Hi !

***/***

- Ahhh !!!

« Plouf »

CHAPITRE 8 (Aix en Provence) (Mercredi fin d’après-midi) (Philippe)

Philippe fait sortir son dernier client quand sa secrétaire déjà prête à partir, vient le rejoindre dans la salle d’attente en tenant un colis dans la main.

- Oui ??

- Il y a un jeune homme à l’entrée qui demande à vous voir sans rendez-vous, il m’a donné ce colis en disant que vous comprendriez qui il est.

Philippe regarde l’heure en soupirant.

- Très bien !! Dites-lui d’attendre cinq minutes que je range les dossiers en cours et que je prépare les fiches nécessaires pour en ouvrir un nouveau à son nom.

- Très bien monsieur !! Ah !! Tenez, votre colis !!

Philippe s’empare du paquet et lui fait la bise pour lui donner son congé.

- Merci !! Vous pouvez y aller, je fermerai après avoir reçu ce garçon.

- Très bien, à demain alors !! Bonne soirée !!

Philippe se dit que cette soirée ne sera ni meilleure ni pire que les autres depuis quelque temps, perdant petit à petit l’intérêt qu’il avait sur beaucoup de choses et en particulier son métier qui commence à lui peser, au point où il songe parfois à prendre une retraite anticipée en revendant son cabinet.

Tout à ses pensées pas vraiment joyeuses, il s’assoit à son bureau en posant le paquet sur un côté et commence à faire comme il l’a dit, ranger les dossiers du jour et sortir les formulaires nécessaires pour une nouvelle inscription, surpris quand même que le garçon se présente à cette heure, sans rendez-vous au préalable qui plus est.

Du coin de l’œil le paquet l’interpelle déjà par sa forme qui ressemble étrangement à un vieux livre comme il en lisait étant plus jeune, la curiosité est alors plus forte que tout quand il le prend en mains et déchire nerveusement le papier d’emballage, découvrant alors des enluminures qui lui ramènent des souvenirs remontant à une quinzaine d’années.

Son cœur se serre quand il peut lire le titre, alors que déjà il pouvait voir cette baleine énorme devant laquelle une tête boucanée fumant la pipe est en gros plan.

- Mais !! Qu’est-ce… !!

Philippe se lève tellement brusquement qu’il en fait chuter son fauteuil, ne prenant même pas la peine de le redresser en s’élançant vers la porte qu’il ouvre à la volée.

Ses yeux font le tour de la salle d’attente, découvrant une personne assise à cette place qui sera toujours pour lui celle où il a rencontré pour la première fois celui qui deviendra presque un fils.

Le garçon est couvert de la tête aux pieds de vêtements bien trop larges pour lui, sa tête recouverte d’une capuche ne laissant rien apparaître de son visage.

Pourtant la silhouette ne lui est pas inconnue, frêle et de petite taille, Philippe va pour prendre la parole d’une voix défaillante, tellement il voudrait croire que ce qui l’a fait se ruer dans la pièce est bien ce à quoi il s’attendait.

Il n’en a pas le temps que déjà le visage du jeune homme se lève vers lui et que deux yeux verts d’une intensité exceptionnelle se fixent dans les siens.

- Bonjour docteur !! Je suis venu vous rendre votre livre, ça m’aurait déplu que vous me preniez pour un voleur !!

Philippe reste planté là sans réaction, sa tête prête à imploser sous toutes les émotions qu’il ressent en cet instant présent et il lui faut un terrible effort de volonté pour reprendre suffisamment sur lui-même pour entrer dans le jeu de celui qui maintenant observe avec un sourire amusé le contrecoup de son apparition devant son ami de toujours.

- Humm !! Très bien jeune homme, peut-être pourrions-nous poursuivre nos séances maintenant que vous vous décidez à enfin réapparaître dans nos vies !!

Il le voit sourire en dégageant son visage de la cagoule, se lever et s’avancer comme si de rien n’était, pour lui passer sous le nez avec un petit clin d’œil amusé, allant directement s’asseoir à la place qui était la sienne lors de toutes ces séances qu’ils ont passées ensemble depuis ses quatre ans et demi.

Philippe prenant le dessus sur ses émotions, entre à son tour pour venir se placer en face du jeune rouquin qui a toujours les yeux plongés au plus profond des siens.

- Les vacances se sont bien passées ?

- On peut dire ça comme ça, oui !!

- Nous ne pensions pas te revoir un jour !!

- C’était aussi ce que j’ai longtemps pensé !!

Les deux amis se taisent maintenant, chacun attendant un geste de l’autre pour se précipiter dans ses bras et le premier qui craque n’est pas celui qu’on pense, puisque c’est d’un même mouvement qu’ils s’élancent dans les bras de l’autre en se serrant très fort.

- Te revoilà enfin !!

- Vous m’avez tous trop manqué !!

Les paroles deviennent une nouvelle fois inutiles, le temps d’un seul coup ne veut plus rien dire et c’est beaucoup plus tard après que la nuit soit déjà partiellement tombée, qu’ils sèchent en souriant leurs larmes pour se séparer non sans s’être promis de se revoir très vite.

CHAPITRE 9 (Aix en Provence) (Mercredi soir) (La fête)

« Vingt-deux heures chez les De Bierne. »

Il y avait bien longtemps que la maison n’avait pas vécu une soirée comme celle-là, les cris et les rires portant loin dans le lotissement sans gêner personne puisque les plus proches voisins sont quasiment tous là à en faire partie.

Antonin ne peut détacher ses regards de ses deux amis qui tout comme lui sont visiblement heureux de cette soirée, comprenant enfin que l’autre réalité ne devait pas être aussi idyllique comme il l’avait si souvent imaginé avec trop souvent il doit bien le reconnaître, une pointe d’humeur, d’amertume, voire de jalousie, de les savoir ou du moins de les imaginer, vivants leurs nouvelles vies comme si de rien n’était alors qu’ici tout n’était plus devenu que tristesse et solitude.

Yuan vient s’asseoir près de lui en suivant son regard qui reste braqué sur Florian et Thomas comme en état d’hypnose, passant sa main devant les yeux du blondinet qui scille alors en s’apercevant enfin de sa présence près de lui.

- Remets-toi s’en « Tonin », ils sont revenus pour de bon !! Tu ne les perdras plus maintenant !!

- J’ai encore du mal à y croire tu sais ??

- Comme nous tous ici j’imagine.

- Tu crois que tout va reprendre comme avant ??

- Dis-moi à quoi tu penses ??

- Et bien tout quoi !! Le travail, les relations que vous…nous avions tous ensemble ??

- Quand tu dis relations, tu penses au sexe ??

- Aussi, oui !!

- Je sais bien que tu n’approuves pas tout ce que nous faisons avec « Flo » et « Thom », mais ce sont nos amis aussi et même plus !! Tout a commencé avant ton arrivée et il te faudra faire avec comme par le passé, j’étais convaincu que tu n’y voyais plus rien à redire et que tu étais bien content d’y participer à l’occasion, tes dernières paroles m’amènent à nouveau le doute maintenant.

- Je ne pensais pas à nous six, j’ai compris depuis longtemps que vous vous aimiez trop !!

- Que nous « vous » aimions trop !!

Antonin dévisage son ami, il peut y lire toute la sincérité de ces paroles et ça le trouble car pour être sincère avec lui-même, il doit bien reconnaître que sa jalousie si jalousie il y a n’est pas portée sur eux mais plutôt d’avoir entendu certaines histoires qui se sont produites dans l’autre réalité.

Antonin sait bien qu’il n’accepterait pas qu’un nouveau garçon rejoigne le groupe des six, quitte à rompre lui-même avec eux si le cas venait à se présenter.

Il sait aussi très bien qu’il ne le fera jamais de lui-même, que ses pensées sont justes là pour lui éviter d’être malheureux si ça devait se produire un jour.

Antonin revient alors sur les dernières paroles de Yuan.

- Je suis con des fois, excuse-moi !! Je sais très bien que j’ai ma place parmi vous, vous me l’avez assez montré lors de ces derniers mois.

- Même si tu as toujours refusé de nous rejoindre ?

- Je ne m’en sentais pas l’envie ni le courage…ça aurait été pour moi comme…. Les tromper, tu comprends ??

- Ton alter ego n’avait pas ce genre de remords ! Hi ! Hi !

- Il n’avait pas non plus le même vécu !!

- Tu as raison, je ne devrais pas juger ce que j’ignore.

Yuan se resserre doucement contre Antonin qui ne fait rien pour l’en empêcher, le fixant toujours dans les yeux avec maintenant un léger sourire coquin.

- Tu te dis que maintenant qu’ils sont revenus, je suis prêt à reprendre mes relations avec vous ??

- C’est bien le cas pas vrai ??

- Tu as l’air d’y tenir dis donc ??

Yuan sourit à son tour en lui posant doucement le bras autour de son épaule et en l’amenant lentement contre lui.

- Nous sommes les deux célibataires du groupe, avec les garçons j’entends bien ! Hi ! Hi ! Ça me rapproche encore plus de toi « Tonin ».

- Faudrait pas que « Pat » t’entende ! Hi ! Hi !

- Nous en avons souvent parlé, c’est elle qui me disait que nous devrions tenter de nous rapprocher car elle sentait bien qu’aussi bien toi que moi, n’étions pas prêts à chercher un autre garçon pour lier une nouvelle relation.

- Tu sais que j’ai essayé une fois ??

Yuan le fixe intensément, son regard marquant à la fois la surprise mais aussi un étrange sentiment de déception à entendre ces paroles sortant ingénument de la bouche du blondinet si craquant.

Antonin s’en aperçoit, comprenant seulement à cet instant la portée des paroles de Yuan sur le fait que celui-ci n’aurait pu envisager qu’avec lui de reprendre ses relations masculines avec l’aval surprenant de Patricia.

Il lui renvoie alors un sourire rassurant en poursuivant son histoire.

- C’était un jour où « Ben’j » et moi avions le bourdon ! Hi ! Hi ! On a alors voulu se réconforter tous les deux mais ça s’est vite transformé en énorme éclat de rire quand on a compris que ça ne marcherait jamais et que nous n’étions ni lui ni moi, prêts à nous mettre ensemble.

Il laisse passer quelques secondes, le temps que le visage de Yuan se détende enfin après ses explications et poursuit curieux cette fois-ci.

- Patricia t’a vraiment parlé de ça ??

- Je te jure que c’est la vérité, elle voulait même te faire venir pour un séjour chez nous en Chine et elle l’aurait fait crois-moi si tous ces nouveaux événements n’avaient pas tout remis en question !!

- Tu as de la chance d’avoir une petite amie aussi compréhensive, je n’en reviens pas !!

Yuan d’une voix plus faible pour qu’Antonin seul puisse l’entendre.

- Je pense qu’elle en pince aussi pour toi !!

- Non !! Sans déconner !! Remarque maintenant qu’on en parle, je dois t’avouer qu’elle me plaît bien à moi aussi ! Hi ! Hi !

- (Yuan) Mais tu es homo pas vrai ??

- J’ai eu une copine avant de connaître Florian !! Tu ne le savais pas ??

- (Yuan) Mais alors !! Ça veut dire que tu es bi comme moi ?? Waouh !! Ça ouvre des possibilités inattendues, c’est sûr !!

CHAPITRE 10 (Aix en Provence) (Mercredi soir) (la fête) (fin)

« Deux heures du matin. »

Les adultes commencent à rentrer chez eux, Ming tout comme Hassan et Omar, se partageant les chambres libres du pavillon, les jeunes restant encore près de la piscine à discuter tranquillement en profitant de la douceur de la nuit de cette fin Août particulièrement ensoleillée.

Petit à petit les couples se resserrent en se câlinant de plus en plus ouvertement aux yeux des autres, le temps des amusements laissant place progressivement à une autre sorte de divertissement beaucoup plus excitant.

Comme il ne reste qu’une chambre dans la maison, je la propose à Yuan et Patricia car je sais bien qu’il ne se passera rien avec lui tant qu’il sera avec sa chérie, malgré l’envie que j’en ai de le serrer dans mes bras, prévoyant de nous faire inviter chez Éric pour terminer la nuit dans sa chambre à calmer notre besoin de câlins qui devient de plus en plus flagrant à voir les œillades excitées que nous n’arrêtons plus de nous envoyer.

La surprise vient de Patricia qui avec son chéri est venue faire sa chatte contre « Tonin », qui en plus a l’air d’apprécier à sa juste valeur l’attention qu’elle lui porte soudainement.

C’est donc à la surprise générale après qu’elle lui ait parlé à l’oreille et que celui-ci devenu rouge brique de confusion a accepté d’un mouvement de tête, qu’elle nous surprend tous en prenant la parole avec dans la voix une chaleur toute particulière que je ne lui connaissais pas encore.

- On aimerait garder Antonin avec nous cette nuit, de toute façon le lit d’Éric serait trop petit pour cinq gaillards comme vous ! Hi ! Hi !

- (Raphaël) Oh !! Ce regard de mante religieuse !! Mais c’est qu’elle va nous le manger tout cru notre blondinet ! Hi ! Hi !

- (Éric) Tu nous en gardes quand même un morceau pour demain !!

- (Patricia) Mais enfin !! C’est en tout bien tout honneur !!

- (Raphaël) C’est ça, oui !! Alors explique-moi pourquoi il se transforme en écrevisse ébouillantée le « Tonin » ??

Je lui fais un clin d’œil, lui montrant qu’il n’a pas à en rougir et que je suis content pour lui si c’est ce qu’il a envie, me rappelant du peu qu’il m’a raconté de sa vie et tout particulièrement de cette jeune fille avec qui il a partagé quelques mois de bonheur, avant que ses parents ne fuient la dictature de son pays.

- Je sens qu’un fantasme tout féminin va se réaliser cette nuit, je me trompe ??

- (Patricia) Il en faudrait un de plus pour qu’il le soit à fond ! Hi ! Hi ! Peut-être te proposes-tu de te porter volontaire ??

J’avoue que je reste un long moment à hésiter, suffisamment long pour que tous les regards se reportent sur moi, visiblement surpris de mon manque de réaction.

D’un autre côté en acceptant je pourrais faire d’une pierre deux coups, profitant ainsi de Yuan comme j’en ai envie depuis que je l’ai vu cet après-midi et de tester un point que jusque-là je n’avais jamais envisagé la possibilité, celui de savoir si vraiment je suis homo à cent pour cent ou s’il reste une petite part hétéro au fond de moi.

- Ça te plairait vraiment ma puce ??

Je n’ai pas fini ma question que j’éclate de rire devant la tête qu’ils font tous, surtout bien sûr les premiers concernés qui se demandent si c’est du lard ou du cochon et si ce n’est pas juste pour les faire rire, ce qui est bien le cas d’ailleurs et que j’ai lancé l’idée sans l’intention de la concrétiser un seul instant.

***/***

Patricia n’en croit pas ses oreilles, elle se tourne vers Yuan qui lui aussi en reste comme deux ronds de flan et Antonin qui lui, plisse les yeux en regardant Florian pour tenter de savoir si c’est sérieux ou pas.

Maintenant elle l’a tellement espéré depuis qu’elle le connait, qu’elle prend la balle au bond et lui rétorque de façon à le repousser dans ses retranchements et voir jusqu’où il est prêt à aller, comprenant que c’est le moment ou jamais d’assouvir un fantasme qu’elle a depuis qu’elle le connaît.

- Je parie que tu te dégonfles !!

- J’étais certain que tu dirais ça ma puce.

- Alors ??

- Si « Yu » et « Tonin » sont partants, j’y go !! Pour moi aussi ce sera une première et je saurai en plus à quoi m’en tenir, de toute façon j’aurais toujours deux beaux mâles pour m’occuper au cas où ! Hi ! Hi !

***/***

Thomas entre dans mon esprit, visiblement curieux de savoir ce que j’ai réellement en tête.

- Tu es sérieux là ??

- Je crois bien que oui, tu sais que j’ai toujours eu un faible pour « Pat » et si j’ai envie d’essayer avec une fille, c’est seulement avec elle que je pourrai le faire !!

- Oui mais tu as pensé à Yuan ??

- Il m’a assez répété qu’il regrettait de ne pas partager comme nous le faisons avec lui, je ne vois pas où est le problème !!

- Vu comme ça, je n’ai plus rien à dire !!

- Bien sûr que si !!

- Ah oui !! Et quoi donc ??

- Souhaite-moi bonne chance ! Hi ! Hi ! De toute façon on reste connectés, laisse la porte ouverte !!

- Ok !! Mais essaie d’éviter de zoomer sur certains endroits si tu veux bien, je ne voudrais pas non plus jouer les voyeurs !!

- Qu’à cela ne tienne !!

***/***

Je reviens à l’instant présent, notre petite conversation mentale n’ayant pas pris plus que quelques secondes et j’avance vers mes trois futurs amants de cette nuit, pour glisser à l’oreille de Patricia qu’il faudra qu’elle tienne compte de notre connexion permanente avec Thomas.

Elle me regarde, d’abord surprise, puis se tourne vers le grand blond qui la fixe de son regard bleu azur et lui en donne des frissons tellement sa beauté la submerge, elle revient ensuite vers moi pour me répondre tout aussi discrètement.

- Si seulement ça pouvait lui donner envie !!

CHAPITRE 11 (Aix en Provence/Paris/Reims) (Jeudi matin) (Réflexion)

« A bord du train direction Paris. »

Thomas regarde le paysage défiler sous ses yeux, s’en détournant de temps en temps pour vérifier que Florian dort toujours du sommeil du juste.

Il ricane involontairement quand une bribe de la nuit d’hier lui revient en mémoire, l’énorme fou rire général commençant via la chambre de Florian et qui a pris une telle ampleur que ni Ming, ni Hassan et son chéri, n’ont pu en retrouver le sommeil pour le reste de la nuit.

C’était à un point tel qu’Antonin s’en est oublié sous lui et que Yuan en a eu de violentes crampes stomacales jusqu’au petit-déjeuner, quant à Patricia ce n’est même pas la peine d’en parler tellement ses cris ou plutôt ses couinements s’entendaient même jusqu’à la chambre d’Éric.

Un essai hétéro avec Florian qu’ils ne sont pas prêts de retenter un jour, si ce n’est d’avoir envie une nouvelle fois de s’en rendre malade de rire.

En fin de compte il s’y est tellement bien pris que personne n’a eu une relation cette nuit-là, tout avait pourtant commencé pour le mieux après la séparation en deux groupes pour terminer une soirée dans la luxure absolue.

Raphaël et Éric s’occupaient de lui avec un plaisir évident, l’ayant déjà entièrement déshabillé pour s’occuper aussi bien de son côté pile que de son côté face et le traitement commençait même à porter ses fruits, quand les premières conneries venant de Florian lui ont complètement coupé l’envie, pour suivre ce qui dans l’autre chambre s’annonçait comme quelque chose d’anthologie à ne surtout pas manquer.

Ce qu’en retient Thomas en posant à nouveau son regard sur son chéri, c’est que celui-ci n’a vraiment mais alors vraiment aucune disposition pour le sexe féminin, à part sans aucun doute là aussi, l’immense pouvoir de les faire rire.

***/***

« Changement de train pour Reims. »

C’est une main qui me secoue doucement l’épaule, qui me réveille et le regard amusé de Thomas qui me fait comprendre qu’il en est encore resté à la nuit dernière.

- Tu ne t’en es pas encore remis à ce que je vois !!

- Bah non tu vois ! Hi ! Hi ! Ça t’apprendra à vouloir jouer les machos !!

- Pffttt !! J’aurais bien voulu t’y voir à ma place !!

- Ce que j’en ai vu m’a largement suffi pour comprendre que ce ne sera jamais mon truc ! Hi ! Hi ! Mais tu aurais pu y mettre plus de forme pour le lui faire admettre, plutôt que de faire pisser tout le monde dans son froc avec tes clowneries.

- Fallait bien que je trouve quelque chose pour échapper au pire !!

- Si tu le dis ! Hi ! Hi ! Bon allez on descend sinon le train va repartir !!

- On est déjà à Paname ??

Thomas regarde sa montre.

- Oui et on a juste le temps avant la correspondance !!

Je regarde par la vitre les voyageurs qui s’agitent sur les quais, j’aperçois une famille d’asiatique avec plusieurs jeunes enfants qui regarde dans ma direction et je me rends compte alors dans mon reflet sur la vitre que ma capuche est repartie en arrière pendant mon sommeil, je la remets rapidement sans en parler à Thomas pour ne pas qu’il s’inquiète inutilement en espérant ne pas avoir été découvert.

C’est donc avec empressement que nous quittons la gare pour rejoindre celle où nous attend l’autre train, en route je jette fréquemment un coup d’œil autour de nous et je dois bien admettre que les hommes de Maurice s’ils nous surveillent encore, ont pris le coup pour ne plus se faire repérer.

***/***

« A bord du train, direction Reims. »

Une petite heure et quart de route qui ne m’ont jamais paru aussi long, tellement je suis excité de retrouver enfin ceux qui m’ont accepté avec naturel chez eux et avec qui j’ai lié au fils des jours, un amour filial si puissant que je me sens à l’instant présent comme un enfant allant retrouver sa famille après de longs mois loin d’eux.

Je comprends maintenant pourquoi dans l’autre réalité, j’ai toujours inconsciemment évité de les rencontrer alors qu’il m’aurait suffi d’en parler à Maurice pour que ce soit chose faite rapidement.

Je me rends compte que cette rencontre n’aurait forcément pas été comme celle que j’attends maintenant avec fébrilité, retrouvant alors des personnes qui auraient eu vis-à-vis de moi un tout autre regard et qui sait même une certaine appréhension, au cas où « l’autre » aurait eu à faire d’une quelconque manière avec l’un d’entre eux.

- Arrête avec tes jambes, c’est énervant !!

- Je n’y peux rien, c’est nerveux !!

- Je peux te poser une question ?

- Non !!

- ???

- Je plaisante ! Hi ! Hi !

- Pffttt !!!

- C’est quoi ta question ??

- Pourquoi tu n’as pas voulu que les autres nous accompagnent ??

- Pour deux raisons en fait !! Et d’une pour qu’Antonin retente sa chance avec Patricia ! Hi ! Hi ! Et de deux parce que je préfère la discrétion, tu imagines les regards qui n’auraient pas manqués si toute la bande était avec nous ?? Déjà qu’avec toi c’est limite !!

- Tu voulais venir seul ??

- Ce n’était pas là mon propos, juste que tu attires déjà assez les regards sur nous, alors s’il y avait eu « Mat » et les autres, imagine un peu !!

CHAPITRE 12 (Reims) (Jeudi milieu d’après-midi) (Tribunal)

« Bureau du juge pour mineurs, Annie Viala. »

Annie n’est pas vraiment à son travail depuis la veille, trop de choses se bousculent dans sa tête et l’espoir que peut-être l’enfant prodigue puisse être de retour, l’amène tantôt dans une fièvre nerveuse intense, tantôt dans un état proche de la catatonie.

« Toc ! Toc ! »

Annie sursaute car peu, pour ne pas dire pas du tout habituée à ce que quelqu’un frappe à sa porte puisqu’il est naturel pour ceux de l’étage que ce soit collègues ou secrétaires, d’entrer sans se faire annoncer dès l’instant que la pancarte « ne pas déranger » n’est pas affichée en évidence sur la porte.

- Oui !!

L’ouverture de la porte laisse apparaître un policier en uniforme, policier qu’Annie a déjà eu l’occasion de voir lors des sessions du tribunal.

- Excusez-moi de vous déranger madame le juge !! J’ai deux personnes qui insistent depuis plus d’une heure pour vous voir, je leurs ai bien signifiés que ce n’était pas possible mais ils semblent prêts à rester planté devant moi le restant de la journée.

- Pourquoi donc ne les faites-vous pas partir ??

- Je n’aimerais pas en arriver là madame !!

- (Annie) Et pourquoi donc ??

En posant sa question, Annie voit bien le trouble sur le visage du policier et elle se demande bien ce qui peut à ce point le mettre dans un état somme toute inhabituel de sa part, du moins si elle s’en réfère à ce qu’elle se rappelle de lui.

- Parlez donc !! Ne soyez pas gêné de me dire ce qui vous trouble à ce point !! Qu’ont donc ces deux personnes qui vous amènent à venir me solliciter cette entrevue ??

- Je ne saurais dire exactement madame le juge, c’est juste que je ne me sentais pas le cœur à les renvoyer manu militari !! Ces jeunes garçons m’ont paru très pressés de vous rencontrer et puis, ils me semblaient si…. Je…. Je… !! Je m’excuse de vous avoir dérangée, je vais les faire renvoyer comme il se doit !!

Annie voit bien que cette décision lui est venue presque forcée, elle reste perplexe d’un tel état d’âme pour deux inconnus et le rappelle juste au moment où celui-ci va refermer la porte derrière lui.

- Un instant je vous prie !!

L’homme se retourne, surpris.

- Madame le juge ??

- Pourriez-vous me décrire ces garçons ??

- Un grand blond frisé aux yeux bleus magnifique d’une vingtaine d’année je dirais !!

Annie sent sa gorge se serrer.

- Et l’autre ??

Le policier hésite un bref instant.

- Je n’ai pas pu voir son visage, mais il est plus petit et plus fin avec une voix harmonieuse qui me semble plus jeune que son copain.

- Oh !! Mon Dieu !!…mon Dieu !!…non !!! Ce ne peut pas être eux !!!…mon Dieu !!

Le policier reste ahuri devant la réaction de la juge qui vient de se lever comme une folle en tenant sa robe d’apparat à deux mains et qui le bouscule presque en marmonnant, tout en courant dans le couloir comme si sa vie en dépendait.

Annie les larmes aux yeux, court comme jamais elle ne l’a fait et ses pas rapides résonnent sur le marbre du palais en faisant se retourner sur elle tous ceux qui la croisent, se demandant quelle mouche peut bien la piquer.

L’escalier est dévalé en quatrième vitesse au risque de se prendre un gadin, surgissant ensuite telle une furie devant l’entrée où elle repère de suite les deux garçons en question et c’est avec un cri puissant sorti tout droit du cœur qu’elle les rejoint en les prenant dans ses bras, les larmes de joie lui brouillant la vue.

Sa main tremblante tire la cagoule du plus petit en arrière, son cœur lui envoyant alors un pincement cruel qui manque de lui faire perdre connaissance.

Thomas s’en rend compte et la soutient de ses bras puissants, évitant ainsi qu’elle se fasse mal en tombant, puis doucement il la porte presque jusqu’à un des bancs de pierre heureusement libre qui ornementent l’entrée du palais de justice.

Tel une mère qui retrouve un enfant disparu, Annie palpe fébrilement les joues de Florian en l’embrassant un peu partout sur le visage.

Celui-ci sourit aux anges, l’immense joie de ces retrouvailles nimbant son visage et faisant ressortir le vert si particulier de ses yeux, humides eux aussi de tant d’émotion en un si court instant.

- Mon Dieu mon chéri !! C’est bien toi !! Je ne rêve pas ?? Dis-moi que je ne rêve pas !! Oh mon Dieu !! Ce n’était donc pas un rêve ??

Elle craque soudainement le corps pris de soubresauts, attirant les regards curieux des personnes témoins sans le vouloir de la vision de cette femme en robe noire aux épaulettes renforcées qui ne laisse aucun doute sur sa fonction et c’est le policier qui est venu l’avertir, qui fait s’éloigner avec autorité tous ces voyeurs malgré eux pour la laisser seule avec les deux garçons semblant eux aussi très proche de la crise émotionnelle.

Une fois l’entrée dégagée, il revient vers eux pour prendre par l’épaule le grand blond qui semble des trois le moins atteint.

- Suivez-moi !! Il y a une pièce pas loin où vous pourrez tous reprendre vos esprits tranquillement !!

- (Thomas) Merci monsieur, passez devant !!

Le policier voit alors pour la première fois le visage du deuxième garçon, son visage pâlit à son tour quand il capte ses yeux, vert émeraude ainsi que la chevelure rousse en épi qui a tant défrayé les chroniques du monde entier depuis ces derniers mois.

- Mais…ce n’est pas …possible !!!

Thomas réagit le premier en prenant l’homme par le bras, ne lui laissant pas l’opportunité d’en dire plus.

- Allons dans cette pièce si vous le voulez bien, ensuite je vous donnerai un numéro de téléphone à appeler et vous recevrez très certainement des instructions qu’il vous faudra suivre à la lettre, c’est très important que ce que vous venez de découvrir ne se sache pas encore !! Vous comprenez ??

Le policier n’arrive pas à détacher son regard du jeune rouquin serrant toujours très fort la juge dans ses bras et qui à son tour le fixe dans les yeux, avec un sourire radieux autant qu’amical.

- Faites ce que vous demande Thomas s’il vous plaît.

L’énorme sentiment d’empathie qu’il ressent alors, fait frissonner le policier qui lui rend alors son sourire.

- Bien sûr mon petit gars !! Suivez-moi !!

Il n’a pas terminé sa phrase que deux hommes en costume noir apparaissent devant l’entrée, l’un des deux tient son portable à son oreille et en les voyant, pousse un ouf de soulagement en donnant un coup de coude à son collègue en lui montrant les personnes assises sur le banc d’un geste de la tête, informant en même temps la personne avec qui il est en communication.

- Ils sont là patron, vous aviez raison !!

***/***

« Florian en murmurant, apparemment contrarié à l’oreille de Thomas. »

- Petit !!! Tu as bien entendu toi aussi ?? Rrrrrr !! Il se croit grand peut-être ?? Non mais !!

CHAPITRE 13 (Reims) (Jeudi fin d’après-midi) (Chez les Viala)

Je sors de la chambre que je partageais avant tout ça avec Guillaume, surpris de constater qu’absolument rien n’a changé et que même mes vêtements sont restés dans les tiroirs, ce qui m’arrange bien en me permettant de mettre quelque chose de plus léger que l’accoutrement qui me sert depuis mon retour.

J’entends les voix de Thomas et d’Annie dans la cuisine, discutant tranquillement alors qu’une bonne odeur de crêpe commence à me titiller les narines.

Une fois de retour près d’eux.

- Comment ça se fait que rien n’a été bougé dans la chambre ??

- Tu demanderas ça aux garçons !! C’est tout juste si j’étais autorisée à passer l’aspirateur sous ton lit !!

- C’est un peu morbide comme intention, tu ne trouves pas ??

Annie me regarde en souriant tristement, se remémorant très certainement la vie qui était la leur depuis leur retour d’Afrique.

- Il faut comprendre aussi l’attachement qu’ils avaient envers toi, c’était un peu leur façon à eux de te garder près d’eux !!

- (Thomas) Remarque du coup ça t’a permis de te changer ! Hi ! Hi !

Je préfère changer de sujet de discussion pour en revenir aux choses plus joyeuses, jetant un coup d’œil gourmand sur le tas de crêpes déjà cuites.

- Je peux en avoir une ?? Rien que l’odeur me met l’eau à la bouche.

Annie sort deux assiettes qu’elle pose devant nous.

- Servez-vous !! Mais n’allez pas vous gaver avec ça, alors que nous dînons dans deux heures.

- Oui m’man !!

Je relève les yeux vers elle en m’apercevant qu’une fois de plus mes paroles sont sorties plus vite que ma raison, ce qui était prévisible arriva et Annie les yeux embués de larmes dut s’asseoir pour se reprendre, mon retour étant encore beaucoup trop frais dans son cœur pour que mes paroles soient prises avec le plaisir qui était le sien dans mes souvenirs.

Je me lève en me léchant les doigts pour ne pas la tacher, venant m’asseoir ensuite sur ses genoux en lui ceinturant le cou de mes deux bras et mon front venant s’appuyer sur le sien, tandis que je cherche à capter son regard pour lui montrer toute la peine que j’ai de la voir combattre cette dépression qui sans doute ne date pas d’hier.

- Je suis là maintenant m’man !! Tu devrais plutôt sourire et être heureuse de notre retour.

- Mais je le suis, c’est juste que j’ai été tellement malheureuse !! Laisse-moi le temps d’oublier tout ça, regarde dans quel état je suis !!

- Mais tu es toujours aussi belle je t’assure, enfin…quand tu ne portes pas ce tablier datant d’avant-guerre ! Hi ! Hi !

***/***

L’émotion est si forte entre eux, qu’ils n’entendent pas la porte d’entrée s’ouvrir et donc ne voient pas l’ombre se profiler devant la porte de la cuisine, seul le bruit sourd d’un corps tombant à terre les ramène à la réalité des choses.

Thomas est le premier à se ruer vers le salon, s’agenouillant pour relever celui qui n’a pas résisté au choc émotionnel en réalisant qui était là.

- C’est Damien !! Il est évanoui !!

***/***

« Un quart d’heure plus tard. »

Damien ouvre les yeux en se demandant où il est, il reconnaît très vite sa propre chambre malgré qu’il y fasse quasiment nuit noire et qu’il s’y retrouve allongé dans son lit encore tout habillé.

Tout lui revient alors comme dans un flash, son retour à la maison, les bruits de voix dans la cuisine qui lui ont amené à s’y diriger sans bruit, trop curieux de savoir qui peut bien être là et le choc qui a eu raison de sa conscience.

Il se redresse brusquement sur les coudes, sentant sa tête tourner.

- Florian !!!!!

Une main douce lui appuie sur l’épaule pour qu’il se rallonge sur le lit.

- Je suis là « Dami » !! Reste tranquille.

Damien reconnaît la voix, son corps se met à trembler sans qu’il puisse le contrôler.

- Calme-toi petit frère, je ne voulais pas réapparaître aussi brusquement devant toi !!

Damien sent un corps venir s’allonger près du sien et s’y pelotonner en douceur, un bras passant sous sa tête tandis que l’autre vient lui caresser doucement le visage.

Il ressent alors comme un immense apaisement, une chape lourde qu’il traînait en lui depuis des mois commence à disparaître et le libérer de cette peine qui le faisait pleurer chaque soir quand il se retrouvait dans l’intimité de sa chambre.

- C’est vraim….

- Chut !! Dort un peu petit frère, nous aurons le temps de parler de tout ça à ton réveil quand ça ira mieux !!

Damien sent alors un effleurement humide sur sa joue, le baiser lui fait un bien fou et il sombre rapidement dans le sommeil, un immense sourire enfantin se dessinant alors sur ses lèvres.

CHAPITRE 14 (Reims) (Jeudi fin d’après-midi) (Chez les Viala) (suite)

Mon esprit quitte alors le sien, une fois que je me suis assuré que tout ira bien et que mes ondes d’apaisement vont faire leur œuvre durant cette petite sieste réparatrice, me séparant de contre lui en forçant ma volonté qui sinon m’aurait fait rester.

Je rejoins Thomas et Annie dans la cuisine, répondant à la question muette que leurs yeux fixés sur moi me posent.

- Il dort, ça ira mieux d’ici une petite heure !!

- (Annie) Comment peut-il s’être endormi aussi vite après avoir découvert votre retour ??

- Je l’ai un peu aidé, il le fallait pour qu’il se remette du choc tu comprends ?

Annie hoche la tête en silence, quand un nouveau bruit de porte nous alerte sur le retour d’un autre membre de la famille.

- (Annie) C’est qui ??

- C’est moi chérie !!

- Tu rentres bien tôt ??

« Un bruit de vêtements qu’on enlève. »

- C’est que j’ai des bonnes nouvelles, du coup je suis parti plus tôt du CHU pour vous préparer à les entendre !!

- Comment ça nous préparer ??

- Un scoop, chérie !!

Des pas s’approchant de la cuisine, nous fait nous reculer avec Thomas pour qu’il ne nous voie pas tout de suite.

- Oui !! Et un sacré, figure-toi, j’ai eu Maurice et il m’a confirmé que… Tiens … !! Tu as fait des crêpes ?? Cela faisait longtemps !! C’est en quel honneur ??

- Sûrement pour les mêmes que ton fameux scoop ! Hi ! Hi !

C’est à ce moment-là que je fais un pas en avant, sortant de derrière le dos d’Annie avec encore un morceau de crêpe sortant de ma bouche.

- Et « che » peux te dire qu’elles « chont » drôlement bonnes !! La « chournée » a été bonne « ch’pa » ??

***/***

« Une heure plus tard, chambre partagée avec Guillaume. »

Thomas est allongé près de moi sur mon lit, les deux mains derrière sa nuque et un sourire bienheureux aux lèvres.

- Frédéric n’a pas eu l’air trop surpris, moins qu’Annie et Damien en tous les cas !!

- C’est normal si Maurice l’avait déjà débriefé !! En tout cas je préfère ça aux réactions d’Annie et de Damien, ça m’a fait un choc de les voir se mettre dans des états pareils.

- Fallait s’y attendre !! Nous aurions sans doute dû nous y prendre autrement, comme pour Frédéric par exemple en laissant quelqu’un d’autre leur annoncer.

- Pourquoi crois-tu, que nous attendons dans cette chambre ??

- Je ne sais pas si ça va servir beaucoup !! Frédéric a eu plusieurs heures pour se faire à l’idée, je suis certain qu’il a dû lui aussi verser sa larme même s’il ne nous l’a pas dit !! Alors que là entre le moment où ils vont l’apprendre et celui où ils seront près de nous, il ne se passera pas une minute.

- Pour Guillaume je suis d’accord, pour « Aurel » un peu moins, je miserai plutôt pour une minute et demie, voire deux ! Hi ! Hi !

***/***

Frédéric est dans ses pensées depuis qu’il a demandé aux garçons d’attendre dans la chambre, cherchant comment annoncer la nouvelle à ses deux derniers fils qui ne sont pas encore au courant.

Plusieurs idées lui viennent bien à l’esprit, mais aucune qui éviterait ce qui pour Frédéric sera forcément inévitable étant conscient des réactions émotionnelles qui ne manqueront pas de frapper durement ses fils.

Il en est là dans ses pensées quand le facteur chance va lui venir en aide, sans qu’il n’ait plus à prendre le temps d’y réfléchir plus longtemps.

Une clé pénétrant la serrure ainsi que des voix discutant derrière la porte d’entrée le font se raidir, se disant que le moment est venu.

La porte est à peine ouverte que la voix de Guillaume se fait entendre, visiblement surpris.

- Hé !!! Qu’est ce qui leur prend à ces deux-là !!

« Tic » et « Tac » déboulent alors dans le salon, stoppés rapidement dans leur lancée pour se figer les oreilles et le museau à l’affût et d’un élan commun s’élancer dans le couloir menant aux chambres en miaulant.

- Miaou !!

- Miaou !!

Aurélien entre à son tour et referme la porte derrière lui, jetant un coup d’œil étonné sur les deux siamois.

- Qu’est ce qui leur prend à ces deux-là ?? Tu as encore laissé tes chaussettes sales traîner dans ta piaule, faut pas demander si ça sent le poisson pourri ! Hi ! Hi !

Frédéric prend la balle au bond sans trop réfléchir.

- Il y a d’autres odeurs et une en particulier qui pourrait les exciter autant, vous ne croyez pas ??

- (Guillaume) En parlant d’odeur, ça sent les crêpes !! Ça faisait un bail !!

- Miaou !!

- Miaou !!

Aurélien fixe son père dans les yeux, son sourire décontracté le surprend agréablement car il ne se rappelait plus l’avoir vu comme ça depuis la mort de…. L’aîné de la fratrie fronce les sourcils, son regard revient sur les deux chats qui semblent bien excités à gratter la porte de la chambre de son frère.

L’odeur des crêpes, l’attitude relaxe de son père, sa mère qui sort de la cuisine en chantonnant, l’autre odeur particulière dont a parlé son père, le rêve commun à toute la famille de ces deux dernières nuits, tous ces indices commencent à mettre un énorme doute dans l’esprit cartésien d’Aurélien qui commence à prendre le même chemin que « Tic » et « Tac » quelques instants plus tôt.

Arrivé devant la chambre de Guillaume, sa main hésitante attrape la clenche et l’actionne en entrouvrant la porte, les deux siamois en profitant pour s’y faufiler rapidement en miaulant toujours.

La vision des deux garçons allongés sur le lit le regardant avec le sourire aux lèvres, le laisse un instant sans voix avant qu’un léger sourire n’illumine à son tour son visage jusqu’alors parfaitement impassible et qu’il tourne la tête vers le salon.

- Tu avais raison p’pa !! Ça sent le rouquin dans la chambre de Guillaume !!

CHAPITRE 15 (Reims) (Jeudi fin d’après-midi) (Chez les Viala) (fin)

Quand nous voyons la porte s’entrouvrir, tout va alors très vite et ça commence par deux masses de poils qui nous sautent dessus en miaulant pour venir nous lécher le visage, suivis ensuite du visage d’Aurélien qui nous fixe un bref instant avant de se tourner dans le couloir en disant que ça sent le rouquin.

Paroles dites sans expression particulière, comme si c’était une simple vérification de sa part des dires de son père et enfin l’arrivée en fanfare du titi parisien de la bande, qui manque d’écraser sous lui un des siamois en venant nous sauter dessus de tout son poids.

C’en est trop pour le lit acheté chez une grande marque suédoise, un énorme craquement sous l’assaut de Guillaume est très vite suivi par la casse des lattes du sommier, nous retrouvant dans un énorme éclat de rire pris en sandwich par le matelas.

Le raffut est tel qu’il attire le reste de la maisonnée, Damien y compris qui éclate de rire à son tour en venant rajouter son poids aux nôtres et achève ainsi dans un craquement sec, ce qui restait encore intact des boiseries du lit.

Le moment est alors d’anthologie pour toute la famille, chacun en rajoutant dans l’amusement collectif et c’est assez longtemps plus tard qu’ils sortent tous un par un de la chambre ressemblant plus à un champ de bataille qu’autre chose.

***/***

« Dîner en famille. »

La cacophonie qui règne à table est celle des jours heureux de ces deux années, avant les funestes derniers mois où les repas n’étaient plus qu’une obligation pour nourrir le corps.

Annie a une larme qui coule de temps en temps sur ses joues, son bonheur de voir tous ses enfants rassemblés lui ôtant toute maîtrise sur ses émotions.

Frédéric en bon père de famille regarde avec un plaisir et une fierté évidente cette fusion fraternelle, qui unit tous ces jeunes hommes dans cette bruyante démonstration de bienêtre collectif.

De revoir sa femme et ses fils souriants, démonstratifs du plaisir qu’ils ressentent et surtout revenus de cette tristesse qui plombait si souvent leurs réunions de famille, lui redonne l’envie de se remettre à ses différents projets et de se réinvestir aussi bien dans son travail, que dans ses obis qu’il avait laissés en plan depuis qu’il avait perdu le goût des choses.

Tous comprennent que ce repas sera celui qui gomme définitivement les derniers mois, passés non pas à vivre mais juste à survivre, les projets fusant dans tous les sens aussi farfelus pour certains que des plus sérieux pour d’autres en étant une preuve manifeste s’il en fallait.

***/***

« Minuit, chambre de Guillaume. »

Une fois la chambre remise en état, boiseries du lit évacuées et matelas posé à même le sol, nous voilà tous les cinq installés sur le matelas pour ne pas risquer de faire le même sort au second lit.

Les discussions reprennent mais cette fois ciblées essentiellement sur nous et ceux à qui nous sommes particulièrement attachés, sans plus revenir sur l’autre réalité qui ils l’ont bien compris tous les trois, n’a pas amené d’excellents souvenirs aussi bien pour moi que pour Thomas et ce même si nous avions là-bas également, noué quelques fortes amitiés.

La première discussion importante concerne bien sur nos amours, la fratrie s’inquiétant non pas des sentiments qu’ils éprouvent toujours aussi forts pour leurs amoureux respectifs, mais plutôt sur l’état dépressif qu’ils éprouvaient tout comme eux depuis tous ces longs mois.

Mathis bien sûr étant celui qui les inquiétait le plus, Damien n’en dormant plus de le voir dépérir à chaque fois un peu plus et même s’il se voulait rassurant quand ils étaient ensemble, Damien tout comme ses frères, sentait bien que ce n’était qu’une façade dont même lui n’était plus dupe.

Je les rassure donc en leur donnant l’image de Mathis du matin même où nous avons quitté Aix pour les rejoindre, celle-ci amenant les larmes aux yeux de la fratrie et principalement de Damien, qui vient alors me prendre par le cou pour m’embrasser tendrement.

- Merci « Flo » !! Tu ne peux pas savoir comme j’avais peur pour lui, je n’aurais pas accepté de le perdre… tu comprends ??

- Rassure-toi « Dami » !! Moi non plus.

Un assez long moment passe avant que je recommence à les observer avec une moue amusée, qui ne manque pas d’amener leurs sourires à chercher en même temps à connaître ce qu’il me passe par la tête.

- (Guillaume) J’aimerais connaître à quoi tu penses ! Hi ! Hi !

- Oups !! Je ne sais pas si je peux le dire ! Hi ! Hi !

C’est Aurélien qui nous surprend cette fois-ci en se levant et en allant fermer la porte de la chambre à double tour, Guillaume et Damien, sourient en se levant à leur tour pour dégager une zone entre le lit et le matelas posé à terre, Thomas surpris me pose alors la question.

- Tu peux m’expliquer ce qu’ils font ??

- Préparation du pas de tir !!

- ??? Ça veut dire quoi ???

Je me lève en le fixant dans les yeux, mes mains déboutonnant mon jeans et laissant apparaître mon sexe déjà bandé à mort, ses yeux ahuris me faisant sourire.

- Ouverture des hangars !! Sortie des fusées !! Prêt pour l’allumage des moteurs !!

Thomas s’aperçoit seulement alors que ce n’est pas un mais quatre sexes bandés qui sont sortis des pantalons, ses copains commençant à s’astiquer, les yeux brillants d’une complicité joyeuse retrouvée en le regardant fixement.

Je l'observe également en lui faisant un clin d’œil.

- T’attends quoi pour sortir la nouvelle Ariane ?? Nous n’attendons plus que toi pour le décollage ! Hi ! Hi ! Les gars vous allez découvrir le nouveau modèle !! Ça va chauffer dans les tuyères je vous le dis !!

Thomas sourit en nous prenant certainement pour de vrais gamins mais malgré tout, ça l’excite assez pour qu’il se joigne à nous et fasse découvrir son sexe magnifique à la fratrie qui en reste bouche bée, à part Damien qui commence à rire aux éclats.

- Je connaissais déjà ce modèle-là !! Bon, d’accord !! Peut-être avec un étage en moins, va falloir que j’en parle aux ingénieurs qu’ils arrangent ça dans les années à venir ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 16 (Reims) (Vendredi matin) (CHU)

Frédéric n’a pas pu avoir sa journée, comme il l’aurait souhaité pour pouvoir rester avec Florian et Thomas, trop de cas en attente et pas assez de personnels dispos en cette période estivale pour que Robert lui accepte sa demande formulée il se doit de l’admettre, bien trop tard.

C’est donc la mine taciturne qu’il arrive sur le parking du CHU ce matin-là, se retrouvant comme c’est souvent le cas garé juste à côté du véhicule de Maxime qui lui est arrivé quelques secondes avant lui.

Les deux hommes devenus de bons amis se font la bise.

- « Ju » n’est pas avec toi ce matin ?

- Il est de nuit cette semaine !!

- Il reprend la fac à la rentrée ? Il en est où dans son cursus déjà ?

- Encore deux ans et nous en verrons le bout, il voudrait déjà y être tellement il a hâte qu’on parte pour le dispensaire dès que sa construction sera terminée.

- Ça devrait le faire pile-poil !!

- Tu te rends compte du monde que ça va faire en moins ici ??

- Robert le sait très bien, il a d’ailleurs doublé l’effectif d’internes de cette année justement pour combler le trou !!

- Vous avez décidé de qui prendra la direction du centre ?? Je ne parle pas de la partie administrative puisque « Tonin » à l’air de plutôt bien s’en sortir, en plus si quelqu’un mérite le poste c’est bien lui.

- (Frédéric s) Je pense que nous aurons le meilleur qui existe, ne t’inquiète donc pas !!

- Vous avez déjà quelqu’un en vue ??

- A la prochaine réunion des actionnaires du complexe dont tu fais partie, nous délibérerons sur la personne qui se propose à le prendre en charge !! L’appel à candidature est toujours ouvert, mais je connais déjà la décision qui sera prise.

- Je peux savoir de qui tu parles ? Quelqu’un de connu j’imagine, pour que tu sois aussi sûr du vote !!

Frédéric hésite à en dire plus, Maxime est un des meilleurs amis de Florian et nul doute qu’il devrait très vite être approché par lui, peut-être serait-il bien qu’il lui révèle ou tout du moins qu’il le prépare à découvrir la vérité pour ne pas qu’il lui arrive la même chose qu’à Damien.

Frédéric connaît l’énorme émotivité de l’infirmier, l’annonce du décès de Florian à l’époque l’avait très durement marqué et il n’y aurait eu son Julien pour se soutenir mutuellement, ils ne seraient pas sortis aussi vite du terrible état dépressif dans lequel ils se trouvaient aussi bien l’un que l’autre.

- Je peux juste te mettre sur la voie, tu te doutes bien que ce ne serait pas décent de ma part de donner mon avis à tous mes amis ? Ce serait comme si je voulais leur forcer la main, tu comprends ?

- Vas-y grand chef !! Je t’écoute ! Hi ! Hi !

- Uderzo !! Potion !! Tacheté !! Comique !!

Maxime regarde Frédéric, les yeux ronds.

- Heu !! Tu te moques de moi ? C’est ça ? C’est un jeu radio « RTL » ou quoi ? Je n’ai pas besoin de montre, la mienne marche très bien !!

Frédéric actionne la télécommande de sa voiture pour en condamner l’ouverture, il quitte ensuite Maxime sans une parole de plus avec juste un léger sourire d’amusement aux lèvres.

Maxime le regarde partir encore ahuri des dernières paroles du chirurgien, paroles ou plutôt énigme en quatre mots, qui pour lui dans le contexte de la discussion n’ont bien sûr aucun sens.

Il secoue la tête, incrédule et s’apprête à prendre son poste, quand Émilie et Julien, arrivent à leur tour en se garant près de lui.

La jeune infirmière va pour lui faire la bise, quand elle s’aperçoit de son air contrarié.

- Tu en fais une tête ?? Quelque chose ne va pas ?? Julien est malade ??

- Non il va bien !! C’est plutôt Frédéric qui m’inquiète, on dirait bien qu’il a pété un plomb !!

- (« Juju ») Un peu comme nous tous par moment ! Hi ! Hi ! Tiens au fait !! Tu as le bonjour de Dorian et de Gérôme, figure-toi qu’on a eu leurs visites hier soir et ils ont demandé des nouvelles d’un peu tout le monde, ils devraient normalement venir vous faire un petit coucou dans la semaine.

- (Maxime) C’est drôle, j’ai eu Gérôme au téléphone pas plus tard que la semaine dernière et il ne m’a pas parlé qu’ils passeraient dans le coin cette semaine !!

- (Émilie) Une mission imprévue à ce que j’en ai compris !! Tu sais bien qu’avec eux pour savoir quelque chose, ce n’est pas évident !! Toujours avec leurs secrets d’agents spéciaux !!

- (« Juju ») En tous les cas ils avaient le sourire, il y avait longtemps que je ne les avais pas vus aussi gais !!

- (Maxime) Je me faisais la même réflexion sur Frédéric il n’y a pas cinq minutes !!

- (Émilie) Je croyais qu’il avait pété un plomb ?? C’est ce que tu m’as dit à l’instant il me semble !!

- (Maxime) Tu savais qu’ils auraient trouvé la perle rare pour diriger le complexe De Bierne ??

- (« Juju ») Non !! Déjà !!

- (Émilie) Il t’a donné un nom ?? Je savais qu’il y avait plusieurs candidatures, mais le vote n’est pas encore programmé il me semble ?? Sinon nous aurions déjà reçu une convocation !!

Maxime explique à ses amis la réponse sibylline de Frédéric.

- (Émilie) Un rébus ?? Je comprends mieux ton air étonné de tout à l’heure ! Hi ! Hi ! Si tu nous répétais ce qu’il t’a dit, à nous trois on y arriverait peut-être !!

Maxime répète les quatre mots à ses amis qui l’écoutent attentivement.

- (« Juju ») Putain !! Si je ne savais pas où il est enterré, je jurerais qu’il parlait de « Flo » !!

Les trois amis se regardent, un moment songeur quand presque au même moment leur vient la même réflexion.

- (Les trois ensemble) La mission !!!!

Les trois amis restent sous le choc sans réagir, l’idée qu’ils viennent d’avoir est tellement énorme qu’il ne leur reste plus qu’une possibilité.

Celle d’en avoir le cœur net, ne voulant surtout pas avoir plus longtemps de fausses espérances et pour ça il leur faut retrouver Frédéric au plus vite, c’est donc avec beaucoup d’émotions et d’espoirs en tête, qu’ils partent à sa suite pour le rattraper avec la ferme intention de lui tirer coûte que coûte les vers du nez.

CHAPITRE 17 (Reims) (Vendredi matin) (CHU) (suite)

« Une heure plus tard. »

Frédéric sort du bloc à la fin d’une intervention somme toute bénigne qu’un interne lambda aurait très bien pu réaliser à sa place, il va pour se laver les mains quand il entend l’appel des haut-parleurs.

***/***

- Le docteur Frédéric Viala est prié de se présenter au plus vite au bureau du directeur !!

***/***

Frédéric surpris, lave et sèche ses mains rapidement en se demandant ce que peut bien lui vouloir Robert, aussi c’est donc en ronchonnant qu’il n’a pas de temps à perdre et bien d’autres chats à fouetter pour faire de la réunionite, qu’il s’y rend en croisant la secrétaire de direction au passage.

Celle-ci l’interpelle alors, étonnée de le trouver là.

- Ah !! Docteur Viala !! Nous vous cherchions partout, le patron vous attend !! Ça fait déjà plus d’un quart d’heure que les autres responsables de services sont dans son bureau !!

- J’étais au bloc !! Je viens juste d’entendre l’appel, vous savez de quoi il s’agit ?

- Aucune idée !! Juste que le patron avait l’air plutôt surexcité !! Vous savez aussi bien que moi que ce n’est pourtant pas dans ses habitudes !!

Frédéric hausse les épaules et s’avance jusqu’à la porte de Robert, frappe un coup bref et entre sans attendre de réponse.

Il reste alors planté devant la porte ouverte, surpris du monde se trouvant déjà à l’intérieur du bureau.

Robert le voit et se lève en lui faisant signe d’entrer, ce que s’empresse de faire Frédéric en refermant derrière lui.

- Ah !! Te voilà !! Maxime vient de nous raconter une drôle d’histoire, j’aimerais connaître ta version !!

Frédéric commence à se dire qu’il a sans aucun doute eu la langue trop bien pendue et il reconnait l’ancien staff de Florian regroupé dans un coin de la pièce, se tenant éloignés des chefs de services qui le regardent fixement, leurs visages marquant une extrême curiosité fortement teintée d’espérance et d’émotion.

Il s’adresse alors à Maxime en soupirant.

- Je vois que tu as très vite compris de qui je parlais !!

Robert d’une voix émue.

- J’aimerais que tu confirmes les allusions que tu as faites devant Maxime !! Mais surtout que tu m’ex…que tu « nous » expliques pourquoi tu les lui as faites ??

- C’est pourtant simple à comprendre !! Je ne voulais pas qu’il ait les mêmes réactions que mon épouse et mon plus jeune fils !! Lui mettre l’idée en tête et c’est d’ailleurs bon pour vous tous, évitera les crises émotionnelles qui n’auraient pas manqué de se produire.

- Bordel Frédéric !! Tu vas te décider à cracher ta « Valda », oui !!

- Ce que vous voulez savoir c’est si Florian est vivant ?? Eh bien oui !! Il est depuis hier chez moi avec Thomas !! Maintenant il va me faire la gueule de lui avoir coupé l’herbe sous le pied !! Il voulait venir vous faire la surprise et ce même si je lui ai dit que ce n’était pas une bonne idée, pour être franc je préfère que ça se fasse comme en ce moment pour une histoire de discrétion !! Pour l’instant très peu de personnes connaissent la nouvelle !!

Un brouhaha de voix teintées d’un énorme sentiment d’excitation mais aussi de saisissement à cette annonce, résonne alors dans le bureau, chacun à sa façon mais tous les yeux brillants ont entendu le message et donnent leurs premières impressions, ce n’est que bien plus tard quand le silence revient à nouveau et que les yeux sont redevenus suffisamment secs, qu’une conversation rationnelle peut reprendre.

Frédéric explique alors ce que lui a raconté Florian la veille au soir, faisant référence également aux deux nuits précédentes où tous ont eu le même rêve et qui était déjà une façon qu’avait trouvée Florian pour les y préparer.

Devant les visages statufiés de tous ses collègues et amis, Frédéric décide alors d’enfoncer le clou en apportant une preuve irréfutable à ses dires.

Il téléphone alors chez lui en demandant à Aurélien de se rendre avec toute la famille dans son bureau, d’allumer l’ordinateur et de faire une demande d’ami à l’adresse « SKYPE » de Robert.

Tous alors s’agglutinent comme des sardines devant l’écran et quand la demande de Visio apparaît, Robert l’accepte d’un doigt tremblant en appuyant sur la touche « ENTER » du clavier.

L’image paraît sur l’écran, ne montrant à tous que deux gros yeux exorbités et curieux façon « grenouille », parce que son visage se trouve sans aucun doute beaucoup trop proche de la caméra.

La couleur des iris ne trompe pourtant personne et quand le visage prend du recul, ils voient tous la bouille grêlée et souriante, qu’ils ne pensaient plus revoir un jour et leurs amenant une fois de plus les larmes aux yeux, constatant ainsi de visu que leur ami est bien vivant.

- Kikou tout le monde !! Ça baigne ??

Personne bien sûr n’est capable de répondre tant ils sont tous pris dans leurs bouleversements affectifs, ils voient l’œil scrutateur faire le tour de tous les visages qui lui apparaissent à l’écran et d’une voix imitant quasi à la perfection celles de deux acteurs comiques (du moins pour l’un des deux) dans un film bien connu, il s’adresse alors à eux une nouvelle fois en faisant de grandes brassées avec ses mains.

- Des hommes monsignor !! Des hommes !!…Y’en manque un !!! Non !! Deux !! Hi ! Hi !

Reprenant son sérieux.

- Grégory et « Ju » ne sont pas là ??

CHAPITRE 18 (Reims) (Vendredi matin) (CHU) (fin)

« Quelques minutes plus tard. »

La discussion ayant repris un ton plus conventionnel cette fois, se poursuit pendant un certain temps et personne ne fait attention qu’une autre personne vient d’entrer qui s’inquiète de ne pas les voir ressortir du bureau alors que le téléphone interne n’arrête pas de sonner pour savoir quand les chirurgiens arrivent aux différents blocs où déjà des patients les y attendent.

La secrétaire de Robert puisque c’est d’elle qu’il s’agit, voit bien tout le monde agglutiné devant l’écran de l’ordinateur de son patron et ils sont tous tellement pris dans la discussion, qu’ils ne font pas attention à son entrée.

Curieuse, elle s’avance à son tour pour tenter d’apercevoir qui peut bien les tenir ainsi en haleine et reconnaissant la personne, pousse un petit cri en sentant son cœur cogner très fort dans sa poitrine avant que tout devienne noir et qu’elle perde connaissance sans que personne n’ait le réflexe de la retenir.

C’est René qui alarmé par le cri s’aperçoit de sa présence au sol et qui se précipite pour lui porter secours, il prend son pouls en se tournant vers ses amis.

- Elle est juste évanouie !! Le choc sans doute !!

- (Frédéric) Vous comprenez mieux maintenant pourquoi il était souhaitable d’agir comme je l’ai fait ??

- (René) Ecartez-vous un peu, elle a besoin d’air !!

***/***

- Quelqu’un pourrait me dire ce qu’il se passe ??

- (Robert) C’est ma secrétaire qui vient de perdre connaissance, elle ne s’attendait pas à te voir à l’écran !! Ne t’inquiète pas elle va bien !!

- Mince alors !!

- (Robert) On va te laisser « Flo », nous devons nous occuper d’elle et reprendre le travail, on se voit demain au hangar comme prévu ?? J’espère que tes autres amis ne seront pas aussi émotifs ??

- Je me demande maintenant si c’est une bonne idée !!

- Un conseil !! Évite surtout ce genre de choc aux plus fragiles !!

- Tu as raison !! Je vais envoyer quelqu’un pour préparer mamie Mireille, à demain tout le monde !! Bisous !!

***/***

Je coupe la liaison, en me tournant ensuite vers mes amis ayant suivi la Visio à mes côtés.

- (Damien) Je me charge de mamie, j’irai avec « Tic » et « Tac » !! Elle a l’habitude que je vienne la voir avec eux !!

J’acquiesce de la tête, troublé par ce qui vient encore une fois d’arriver et je me dis qu’il va falloir que je prévienne Maurice pour le jour où ils décideront de rendre mon retour officiel.

Jusqu’à maintenant je pensais que cet état émotionnel ne toucherait que mes amis les plus proches, m’apercevant que ce n’est pas forcément le cas car à part quelques bonjours-bonsoirs le peu de fois où j’ai dû la croiser, je n’avais pas entretenu de relation spéciale avec la secrétaire de Robert.

- (Thomas) Je t’avais prévenu que ta réapparition ferait du bruit, je vois que tu viens de t’en rendre compte !!

- Je ne pensais pas que c’était à ce point-là !!

- (Annie) Beaucoup de personnes ont été fortement touchées par l’annonce de ta mort, la princesse Masako nous avait prévenus le jour de ton « enterrement » que son beau-père en avait été particulièrement affecté et que ses médecins ont craint un instant pour sa santé. Il n’y a sûrement pas que lui dans ce cas-là, beaucoup grâce à tes recherches ont vu leurs vies ou celle d’un proche changer en retrouvant la santé.

Elle hésite à poursuivre.

- Et tu ne sais sans doute pas encore tout !!

- Tu me caches quelque chose ??

- Disons plutôt que nous avons reçu certaines personnes…ils…comment dire…envisageaient certaines démarches !!

- Du genre ??

- ……

- C’est si grave que tu ne veuilles pas en parler ??

- En fait rien n’était encore certain, c’était juste des renseignements sur toi et ta façon d’être, ton empathie, ta vision du monde, les choses que tu avais réalisés pour aider les gens.

- Hi ! Hi ! On croirait à t’entendre qu’ils voulaient me canoniser !!

- ….

Je regarde Thomas qui comme moi n’en revient pas de ce que semble vouloir nous faire entendre Annie, je me tourne à nouveau vers elle encore plus surpris devant la tête qu’elle fait.

- Ne me dis pas que…non !!!! Sans déconner !!!! Manquait plus que ça ! Hi ! Hi !

- (Annie) Tu ne devrais pas rire de ces choses-là Florian !! Comme je te l’ai dit, beaucoup de choses ont changé et les lieux de culte sont de moins en moins désertés depuis ces quelques mois, à entendre les médias je dirais même qu’ils ne désemplissent plus.

- T’es sérieuse ????

- …..

Je fais un tour de table de mes amis, voyant leurs regards devenus sérieux tout comme celui de Thomas qui semble tout comme moi tombé des nues.

- Pffttt !!! Manquait plus que ça !! Déjà Taha qui me bassine avec son dieu des dieux et maintenant voilà qu’on va me prendre pour le pape !!!! Remarquez ! Hi ! Hi ! Papy Flo c’est pas mal comme nom ! Hi ! Hi !

Damien mort de rire.

- Imagine si tu avais des enfants !! Ils t’appelleraient sûrement « papounet » ! Hi ! Hi !

- Trop drôle ! Ah ! Ah ! Non sans déconner, qu’est-ce qu’ils ont tous à vouloir que je sois un saint ou un truc dans le genre !!

- (Thomas) C’est peut-être parce que tu es unique en ton genre ?

- Unique !! L’unique !! Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi, Je suis Florian De Bierne et rien de plus. F…D…B….

- (Guillaume) Ça te va comme un gant remarque ! Hi ! Hi !

Voyant que ses amis n’ont pas compris.

- FDB !! Fan De Bites !! Capitch… !!

CHAPITRE 19 (Reims) (Vendredi après-midi) (Visite)

La journée se passe tranquille chez les Viala, Damien n’est pas encore rentré avec les chats de chez Mireille et Thomas est enfermé depuis la fin du repas avec les deux autres frères, tandis qu’Annie surveille d’un œil maternel le petit rouquin qui depuis plus de deux heures semble déconnecté du reste du monde, plongé dans son sempiternel petit carnet.

Annie sait très bien qu’il est inutile de lui parler, que tout ce qu’elle pourrait espérer comme réponse serait d’office à côté de la plaque et elle se contente de rester assis en face de lui à profiter un maximum du bonheur de sa présence.

C’est un coup de sonnette qui la fait revenir à la réalité, se levant rapidement pour aller ouvrir avant que la personne qui sonne ne s’impatiente et risque de déconcentrer Florian de ses notes, quoiqu’elle se demande si quelque bruit que ce soit pourrait y parvenir.

Elle appuie sur le bouton de l’interphone.

- Oui ??

- C’est Maurice…. Il est là ??

- Oui, monte !!

Annie actionne l’ouverture de la porte et ouvre celle de son appartement en attendant de voir apparaître son visiteur, celui-ci ne tarde pas à sortir de la cage d’escalier en dédaignant comme toujours d’utiliser l’ascenseur.

Embrassade de rigueur avant que Maurice ôte ses chaussures et suive son hôtesse jusqu’au salon, découvrant ou plutôt redécouvrant avec émotion celui qu’il n’espérait plus revoir un jour autrement que comme un légume sans âme.

C’est d’une voix rauque qu’il s’adresse à lui, alors qu’il se rend bien compte que celui-ci ne s’est pas encore aperçu de sa présence.

- Bonjour Florian !!

- B’jour Maurice !!

- Belle journée ??

Maurice le voit lever le nez vers la porte-fenêtre une macro seconde avant de replonger dans ses notes.

- Ouaih !!

Annie sourit devant le visage déconcerté de son ami.

- Allons Maurice, tu sais bien comment il est quand il est plongé dans son carnet ??

- Oui mais là c’est déconcertant !! C’est comme s’il ne nous avait jamais quittés !!

- Attends qu’il revienne à la réalité, pour l’instant tu n’obtiendras rien de plus de lui.

Maurice ne l’entend pas de cette oreille, il se rapproche de Florian pour finir par se camper devant lui.

- Oh !! Gamin !! Tu ne crois pas qu’on ait une discussion sérieuse à avoir tous les deux !!

- Hummm !!

- Tu peux poser ce carnet s’il te plaît ??

***/***

Quelque chose me déconcentre, n’arrivant plus à suivre le fil de pensée qui me faisait avancer sur la traduction de la conception de ces futures nanopuces reconstructives qui devraient occasionner une révolution médicale dès qu’elles seront mises au point et je finis par refermer mon carnet en réalisant enfin qu’une personne se tient debout devant moi, attendant sûrement une réponse à une question qui m’a complètement échappé.

Je lève les yeux et sursaute en reconnaissant Maurice, qui semble lui aussi l’avoir remarqué.

- Ah !! Quand même !!

- Maurice ??

Je bondis d’un coup dans ses bras pour l’embrasser, trop content de le revoir.

- C’est donc bien toi alors ?

- Pourquoi, tu t’attendais à voir quelqu’un d’autre ??

***/***

Devant la question dite de façon si ingénue, Maurice craque et serre tout contre lui le corps tout frêle du jeune rouquin, qui s’abandonne dans un de ses câlins qui font que plus rien d’autre n’a d’importance.

Les paroles qui lui viennent alors ne sont certainement pas celles pour lesquelles il a fait le déplacement mais venant cette fois de l’irrationnel du cœur, sans autre but que de montrer à quel point le fait de le revoir en le serrant dans ses bras est pour lui une joie incommensurable.

- Nous croyions tous t’avoir perdu !! Je… Je ne sais plus …quoi dire, tellement je suis heureux !!

Annie se détourne pour respecter l’émotion de son ami, comprenant qu’elle aussi n’aurait pas apprécié qu’une autre personne soit témoin de cette faiblesse affective qui fait céder toutes les barrières d’une éducation puritaine.

Elle retourne donc sans bruit dans sa cuisine, laissant les deux amis dans leurs embrassades et sèche ses yeux d’un revers de sa manche, l’émotivité une fois de plus à fleur de peau.

CHAPITRE 20 (Reims) (Vendredi après-midi) (Mireille)

Mireille préparait le retour de ses locataires qui ne tarderont plus à revenir, après ces deux mois d’absences pour retrouver leurs familles pendant les vacances.

Même le jeune couple que forment Mickael et Catherine, a profité de ces congés pour partir au soleil, ils ne devraient rentrer que courant de semaine prochaine pour reprendre le travail le lundi suivant.

Mireille avait perdu l’habitude d’être seule, tournant en rond en s’ennuyant de cette jeunesse qui a investi sa maison pour sa plus grande joie.

Heureusement que quelques visites viennent rompre sa solitude le temps de quelques heures, aussi elle sourit de plaisir quand elle entend la sonnerie de l’entrée en se précipitant pour aller ouvrir à son visiteur.

La porte à peine ouverte qu’elle sent la caresse sur ses jambes nues des deux siamois venant se frotter à ses chevilles, heureuse d’accueillir le jeune Damien qui comme beaucoup des garçons, la considère un peu comme sa grand-mère.

Quelque part dans son cœur, Mireille sait que c’est un de ses préférés et pas seulement parce qu’il vient régulièrement lui rendre visite mais surtout par sa gentillesse et sa façon bien personnelle de la faire rire de tout et de n’importe quoi, alors qu’elle sait très bien que tout comme pour elle, son cœur est pris d’un chagrin qui ne le quittera sans doute jamais.

- Quelle bonne surprise !! Entre mon doudou !!

- Bonjour mamie !! Tu ne t’ennuies pas trop toute seule ?? Tu pourrais venir nous voir plus souvent toi aussi !!

- Mes vieilles jambes ne sont plus ce qu’elles étaient, je dois faire attention à ne pas trop les fatiguer.

- Allons mamie !! Tu racontes ça à qui tu veux mais pas à moi, je sais très bien que tu en rajoutes un peu beaucoup quand même ! Hi ! Hi !

- Peut-être petit galopin, mais s’il m’arrivait quelque chose je n’aur…. Enfin passons !!

- Mais si, vas jusqu’au bout de ta phrase !!

- Ça ne sert à rien sinon qu’à nous rendre tristes encore une fois !!

Mireille rien qu’à évoquer même indirectement Florian, en a les larmes qui déjà lui coulent sur les joues.

- Tiens !! Tu vois, mon maquillage va être bon à refaire maintenant !!

- (Damien) Ah !! Parce que tu étais maquillée mamie ! Hi ! Hi !

Mireille l’observe soudainement avec surprise, c’est la première fois qu’il a cette réaction de rire quand on aborde le sujet délicat de la mort de leur ami commun, alors que d’habitude ses larmes ne sont jamais loin à jaillir en accompagnement des siennes.

- Je te trouve changé tout d’un coup ??

- C’est peut-être parce que je t’apporte de bonnes nouvelles, mamie !!

- Tu m’intrigues mon chéri !!

- Et si on s’asseyait ??

- Je ne me sens pas fatiguée !!

- Ce n’est pas ce que tu disais il n’y a pas cinq minutes ! Hi ! Hi !

- Et si tu arrêtais de tourner autour du pot ?? Je sens bien depuis tout à l’heure que tu n’es pas comme d’habitude, c’est Mathis ?? Tu as des nouvelles ? Il va mieux ?

- C’est vrai qu’il va beaucoup mieux depuis cette semaine, sans doute un effet de la bonne nouvelle que je viens t’annoncer !! En fait !! Je ne sais pas trop comment t’en parler !!

- (Mireille) C’est si grave que ça ? Tu m’as parlé d’une bonne nouvelle alors je ne pense pas que tu doives prendre des gants avec moi, si elle est si bonne que tu sembles le dire tout du moins !!

- C’est que je n’aime pas te voir pleurer, même si c’est de joie !!

- De joie ?? Tu sais bien que plus rien ne me fera pleurer de joie, il faudrait que tu m’annonces une résurrection pour ça !!

- Justement mamie !!

- Justement quoi ?? Tu veux me faire mourir avant l’âge ou quoi ??

- Tu sais pour Thomas ??

- Tu perds la mémoire mon garçon, tu étais là quand je l’ai apprise rappelle-toi !! Pauvre garçon !! Je parle de celui qui est arrivé à sa place, en parlant de place je ne voudrais pas y être !!

- Rassure-toi mamie, c’est une partie de la bonne nouvelle ! Hi ! Hi ! Benjamin est reparti d’où il venait et du coup Thomas est revenu !!

- Voilà qui fait plaisir à entendre, j’aime beaucoup ce garçon tu le sais bien et j’étais très triste de l’avoir perdu lui aussi, comme tu vois je suis contente mais je n’arrive pas à pleurer de joie !! Mes larmes hélas sont réservées à de plus tristes fins !!

- Attends !! Ce n’est qu’une partie de la bonne nouvelle mamie, Thomas n’est pas revenu tout seul !!

Mireille attrape Damien par le bras en le serrant très fort.

- Qu’est-ce que tu me racontes là ?? Qui est revenu avec lui ??

- Laisse-moi commencer depuis le début et si tu pouvais lâcher mon bras, c’est que tu as une sacrée poigne pour ton âge mamie.

Damien lui raconte tout ce qu’il a appris la veille en passant les détails trop longs car il voit bien le visage de la vieille femme devenir blanc comme un linge, il écourte alors au maximum son histoire en venant la prendre dans ses bras.

- Florian est chez nous mamie !! Il m’envoie pour te prévenir parce qu’il avait peur que le choc soit trop grand pour toi s’il venait lui-même, je suis venu te chercher pour que tu puisses le serrer dans tes bras et lui aussi n’attend que ce moment, je peux te l’assurer !! Ça va mamie ?? Réponds-moi s’il te plaît !!.... Mamie !!!

Le visage de la vieille femme fait soudainement peur à Damien, les larmes ne s’arrêtant plus de couler et son corps soudainement se retrouve pris de spasmes convulsifs, désarmant complètement le jeune homme qui ne sait plus comment réagir.

- Mamie !! Est-ce que ça va ??

***/***

« Une heure plus tard. »

Mireille ouvre les yeux en se demandant où elle est, après un moment de flou total elle finit par comprendre qu’elle est allongée dans son lit et le souvenir de l’après-midi lui revient alors en lui amenant une vive douleur à la poitrine, sentant une nouvelle fois son esprit défaillir.

Une main caressante est posée sur son bras nu, se voulant rassurante et ce n’est qu’en tournant la tête qu’elle aperçoit alors un jeune rouquin la fixant avec anxiété, un faible sourire aux lèvres.

- Florian !! C’est bien toi mon enfant ??

- Repose-toi mamie, c’est bien moi !! Il faut que tu te reprennes, plus jamais je ne te quitterai !! Je te le promets !!

La main toute ridée s’agrippe alors sur son bras, les yeux rougis dévorant le visage de celui qu’elle ne croyait plus revoir un jour et des larmes de bonheur cette fois, inondent à nouveau ses joues fripées par l’âge.

- J’ai tellement prié pour toi, si tu savais !!

- Je sais mamie, je sais !!

CHAPITRE 21 (Reims) (Vendredi fin d’après-midi) (Un peu de calme après tant d’émotions)

Ce n’est qu’une fois rassurés que tout ira bien pour elle, que nous repartons en laissant « Tic » et « Tac » avec une mission de surveillance.

Son état encore trop faible nous faisant renoncer à l’emmener avec nous comme il était prévu de le faire, le trajet de retour me permettant de faire un bilan sur ces derniers jours et m’aide beaucoup à comprendre quelle place ils ont tous dans ma vie, me sentant enfin revivre là où je suis chez moi.

Il est difficile de se faire à l’idée d’être aussi apprécié sans paraître présomptueux ou imbu de sa personne, pourtant le fait est là et je dois bien le reconnaître sans avoir eu l’impression d’en avoir fait plus qu’un autre, j’ai juste suivi mon cœur en étant ce que je suis et rien de plus.

Damien me couve du regard au point où il manque plusieurs fois de se prendre un gadin en oubliant un trottoir ou en manquant de se heurter à un poteau, ce qui finit par m’amuser en lui en faisant la remarque.

- Tu ferais mieux de regarder où tu mets les pieds ! Hi ! Hi ! Je ne vais pas disparaître comme par enchantement tu sais ??

- Pourquoi tu dis ça ??

« Vlan !! »

- Aïeee !!!

- Justement pour éviter ça ! Hi ! Hi !

Damien se frotte le crâne, qui vient de dire bonjour sans le vouloir à un candélabre.

- Putainnnn !!! Ça fait mal !!

- Viens là que je te fasse un petit bisou tout mouillé sur le front ! Hi ! Hi !

- T’es ouf !! Pas devant tout le monde !!

- Si tu préfères souffrir c’est ton choix, mais dans ce cas souffre en silence !!

Nous faisons encore quelques mètres, je vois bien qu’il a tapé fort et que ce n’est pas du chiqué, son visage grimaçant en est une preuve plus que tangible.

Damien finit par s’arrêter en se dissimulant au mieux contre un des arbres le long de l’avenue où nous nous trouvons.

- Allez !! Vas-y mais fais ça vite fait !! J’ai le crâne prêt à exploser !!

- Faut dire aussi que tu y as été franco ! Hi ! Hi ! Allez viens mon chéri que ton homme te fasse un gros poutou !!

- Mort de rire !! Fallait vraiment que tu reviennes, parole !!

Je lui prends l’arrière du cou d’une main pour le faire se pencher vers moi, c’est bien vrai qu’il a dû taper fort car l’hématome est déjà assez impressionnant à voir, je mouille bien mes lèvres avant de les lui appliquer sur le front en insistant bien, à la fois pour bien imprégner la blessure mais surtout pour m’amuser à le voir piquer un fard en regardant quelques passants qui ne ratent rien à mon geste pour le moins équivoque.

- T’es content ?? Tu viens de me faire péter la honte !!

- Ça te gêne tant que ça d’être mon ami ??

- Ne raconte pas de conneries !! C’est de faire croire autre chose à ces gens qui me gêne !!

- Je ne te savais pas devenu si prude d’un coup, ce n’était qu’une bise sur le front après tout !!

- Tu parles d’une bise !! J’ai cru un moment être un aquarium avec le poisson lave-vitre collé à moi ! Hi ! Hi !

- En attendant tu ne te plains plus d’avoir mal, quel manque de reconnaissance des soins donnés par un si brillant professeur !!

- Tu parles d’un brillant professeur !! Tu as vu ta dégaine ?? Avec ta cagoule qui te mange le visage, tes baskets trouées et ton bas de jogging trop large, on croirait plutôt une racaille de la zone ! Hi ! Hi !

- Faudrait que tes potes te voient alors !!

- Et pourquoi donc ??

- Pour les impressionner ! Hi ! Hi ! Le petit garçon à sa « moman » qui fréquente les voyous !!

- Tu sais ce qu’il va te faire le garçon à sa moman ?

- Faudrait déjà qu’il sache courir ! Hi ! Hi !

- Attends un peu le rouquemoute, mais c’est que je vais te botter le cul moi !!

***/***

Commence alors une course effrénée entre les deux copains, course ponctuée d’éclats de rire et de paroles moqueuses qui font sourire les passants, ceux-ci comprenant bien que tout ça n’étant en fin de compte qu’un jeu entre deux jeunes liés visiblement par une très forte amitié.

Ce n’est qu’une fois bien essoufflés, arrivés à quelques dizaines de mètres de chez eux qu’ils s’écroulent en riant à gorge déployée, en s’asseyant l’un contre l’autre sur un des bancs du petit centre commercial situé au milieu des habitations résidentielles.

Un petit groupe assez éloigné d’eux discute lui aussi assis sur un banc, quand l’un des garçons du groupe lève la tête en les entendant rire.

Un deuxième garçon plus jeune mais lui ressemblant beaucoup, s’en aperçoit et lui demande curieux.

- Qu’est-ce qu’il y a « Antho » ?

- C’est ce rire que je viens d’entendre !!

- Qu’est-ce qu’il a de particulier ?

- Je suis certain de l’avoir déjà entendu !! Mais, non…c’est impossible !!

CHAPITRE 22 (Paris) (Vendredi fin d’après-midi) (Retour à l’appartement)

Les trois amis quittent les sous-sols du métro pour se retrouver avec le sourire à l’air libre, arpentant tranquillement les quelques centaines de mètres qui les séparent de l’appartement où Yuan doit retrouver son père et Hassan, avant que chacun ne reparte à ses occupations officielles.

- (Patricia) On va être serrés ce soir, à six dans tes trois pièces.

- (Yuan) Nous laisserons les chambres aux anciens et nous dormirons dans le canapé-lit, il sera assez large pour nous trois !! Ça ne te gêne pas « Tonin » ?

- (Antonin) Non, pourquoi cette question ?

- (Patricia) Je pensais un peu comme Yuan, qu’une fois tes chéris loin de toi, tu redeviendrais inaccessible !!

- (Antonin) Yuan n’a parlé que de dormir il me semble ! Hi ! Hi ! Et puis après ce qu’il s’est passé entre nous hier soir, avouez que ce serait mal venu de ma part de vous snober !!

Yuan l’observe du coin de l’œil en se rappelant la nuit précédente, la bisexualité du blondinet n’étant plus à remettre en cause et ni lui, ni sa fiancée ne sont encore revenus de leur surprise d’avoir eu avec eux un magnifique étalon qui n’a rechigné devant rien si ce n’est quand il a voulu le prendre et qu’il s’y est refusé en lui faisant comprendre que dans ce cas de figure avec un couple il ne pouvait psychologiquement qu’être hétéro et actif.

Ce n’est qu’en l’entendant que Yuan s’est rendu compte qu’il en était de même pour lui, alors que s’il n’était qu’avec ses amis mâles il se sentait aussi bien actif que passif suivant l’envie mais surtout pas hétéro.

Du coup c’est Patricia qui a eu la surprise et le bonheur d’avoir deux hommes exclusivement dédiés à son plaisir, gardant de cette soirée un souvenir particulièrement agréable et prête comme elle leurs a bien fait comprendre, à remettre ça quand ils le veulent.

- (Patricia) Avoue plutôt que tu as kiffé grave ??

- (Antonin) Pas toi, peut-être ??

- (Yuan) Donc ce soir si j’ai bien compris, c’est juste « dodo » !!

- (Patricia) Si vous arrivez à rester sérieux ! Hi ! Hi !

Antonin regarde son ami asiatique avec un sourire amusé.

- J’ai comme l’impression que ce n’est pas l’idée de tout le monde !!

- (Yuan) Je la comprends aussi, elle nous laisse nous éclater entre nous sans jamais une réflexion et pour une fois que c’est elle qui profite de la largesse d’esprit générale, je n’y vois rien à redire.

- (Patricia) Tu y vas fort avec ta largesse d’esprit générale !! Il n’y a que « Tonin » qui l’a il me semble ??

Yuan se tapote la tempe.

- Tu oublies sans doute qu’il est relié avec Thomas et le rouquemoute, c’est toujours bien le cas pas vrai ??

Antonin vérifie en se concentrant sur ses deux chéris, il sourit en se rendant compte que c’est bien le cas.

- Oui mais il faut quand même la volonté d’y penser !! Nous ne sommes pas tout le temps en train de nous épier tu sais ?

- (Yuan) Ce n’était pas ce que je voulais dire, juste qu’ils n’y voient rien à redire et donc que mes paroles de tout à l’heure reflétaient la vérité, en plus tu avais l’air d’apprécier toi aussi cette soirée.

- (Patricia) C’est un bien faible mot pour ce que j’en ai constaté ! Hi ! Hi ! C’est un fait indéniable que tu aimes aussi les filles « Tonin », ne prétends surtout pas le contraire après la nuit dernière !!

- (Antonin) Les… je ne sais pas, mais toi oui !!

La discussion continue encore un moment, confortant les trois amis dans une relation qui sera renouvelée tout autant que celles qui lient les garçons entre eux mais qui comme pour eux ne sera qu’un épanouissement de plus parmi des couples aimants, sans jamais en devenir plus important.

Une pensée vient alors à Antonin, qu’il pose à son amie avec un naturel désarmant.

- Tu n’as jamais éprouvé l’envie de faire l’amour avec une autre fille ??

- (Yuan) Tiens !! C’est vrai ça ?? Tu nous vois nous éclater entre garçons, l’idée ne t’est jamais venue d’essayer ??

- (Patricia) En voilà une question !! Je vous avouerais que je n’y ai jamais pensé, faudrait déjà que j’aie un déclic sur une fille et pour l’instant ça ne m’est jamais arrivé, si ça venait à se produire pourquoi pas !! Je suis ouverte à tout mais pas à me forcer rien que pour tester, je ne sais pas si vous vous en êtes rendu compte les gars !! Mais ce ne sont pas les lesbiennes qui prédominent dans notre groupe ! Hi ! Hi !

- (Yuan) Il y a quand même un certain nombre de filles dans notre groupe, qui te dit qu’il n’y en aurait pas une parmi elles qui serait tentée d’essayer ?

- (Patricia) Qu’est-ce qui vous prend aujourd’hui ?? Les filles du groupe sont des amies rien de plus, elles ont toutes un copain cent pour cent hétéro qui doit avoir autre chose à penser que de mettre sa chérie dans les bras d’une autre fille !! Même si j’ai lu quelque part que c’était le fantasme de beaucoup d’hommes, surtout je pense pour pouvoir se taper deux nanas en même temps !!

Elle voit Yuan et Antonin se jeter un bref coup d’œil et rougir légèrement, avec un petit sourire complice.

- Ah !! D’accord !! Je vois !! Pas de doute sur vous deux, vous êtes vraiment « bi » !! Je comprends mieux pourquoi ça vous intéressait d’avoir une réponse sur mes éventuels penchants lesbiens, faudra trouver autre chose les gars !! Désolée !!

- (Yuan) Tu es fâchée ??

- (Antonin) Je ne voulais pas dire ça pour que ça en devienne un motif d’engueulade entre nous !!

Patricia sourit devant l’air contrit des deux garçons, elle leurs passe une main dans les cheveux avant de les embrasser chacun leur tour d’une façon qui ne prête à aucun doute sur ses sentiments pour eux.

- Je préfère vous garder pour moi toute seule, je ne suis pas aussi partageuse que vous et j’ai vraiment apprécié cette nuit, que vous ne vous occupiez que de moi sans vous tripoter, je ne sais pas si j’aurais pris autant de plaisirs sinon !!

CHAPITRE 23 (Paris) (Vendredi fin d’après-midi) (Une fortune colossale)

***/***

« Dans l’appartement. »

Ming et Hassan sont dans une conversation beaucoup plus terre à terre, leurs préoccupations du moment étant essentiellement portées sur les paquets d’actions de l’héritage de Florian partagés à sa "mort" et suivant sa volonté, entre tous ses amis.

- (Ming) Je ne pense pas que ça posera un réel problème pour eux, je ne voudrais juste pas qu’ils se sentent lésés !!

- (Hassan) Florian étant vivant, je ne vois vraiment pas pourquoi ils s’y sentiraient !! Je propose que nous en parlions avec lui avant d’engager des démarches officielles, nous pourrions nous mettre d’accord pour leurs racheter leurs parts au cours du jour !!

- (Ming) Ou de redistribuer le portefeuille en les gardant tous comme actionnaires, il suffit pour ça de se mettre d’accord sur une nouvelle redistribution !!

- (Hassan) Les sommes en jeu sont tellement importantes que de toute façon nous n’arriverons jamais à les dépenser, rien que cette année j’ai plus que doublé ma fortune personnelle et je me doute bien qu’il en va de même pour toi, alors qu’est-ce que quelques milliards de plus ou de moins pourraient avoir comme importance ??

- (Ming) Surtout que pour l’instant aucuns de ceux qui ont hérité de Florian n’en ont profité dans un but personnel, ils ont tous investi leurs gains en grande partie tout du moins dans le complexe hospitalier De Bierne !! Nous remboursant ainsi déjà en partie des sommes que nous y avions investies en prêt, j’aime bien tous ces jeunes et ils méritent tous d’avoir une aisance financière suffisante pour avoir une vie heureuse !! Et puis comme tu l’as dit si bien, que ferions-nous de tout cet argent ?? Depuis mon premier milliard je ne fais plus trop la différence, ce n’est plus qu’une histoire comptable !!

- (Omar) Hummm !! Si je peux me permettre ??

- (Ming) Bien sûr mon ami, tu es toi-même concerné il me semble !!

- (Omar) Peut-être serait-il bon d’attendre que Florian nous donne son avis, il a peut-être une autre proposition à amener !!

- (Hassan) A quoi penses-tu ??

- (Omar) Le connaissant, je pense qu’il préférera recréer une autre société avec éventuellement d’autres brevets qu’il mettrait sur le marché !! Je ne pense pas que l’argent compte à ce point pour lui qu’il veuille déshériter ses amis et puis Thomas a reçu la plus grosse part il me semble, comme ils ont un compte commun il n’y a donc aucun souci d’argent pour Florian !! Il va récupérer l’entreprise de son père de toute façon, pour ça il ne va pas y couper puisqu’il en est le seul propriétaire à part les quelques pourcentages qu’ont hérités ses amis de la part de ses grands-parents.

- (Hassan) Nous savons tous très bien qu’il ne sera pas à la rue ! Hi ! Hi ! Je serai déjà prêt moi-même à lui financer ses nouveaux projets !!

- (Ming) Omar a raison, laissons Florian décider !! De toute façon quoiqu’on fasse, il aura toujours les poches vides ! Hi ! Hi ! Ce garçon crée de l’or là où il passe et nous fabriquons les coffres pour l’engranger, nous sommes ses oncles « Picsou » en quelque sorte, alors que lui serait plutôt notre neveu Donald ! Hi ! Hi !

- (Omar) Je préfère le voir en "Géotrouvetout", ça lui ressemble plus ! Hi ! Hi !

***/***

C’est à ce moment que les trois jeunes rentrent dans l’appartement, n’entendant que l’éclat de rire de Ming et d’Omar.

- (Yuan) On ne s’ennuie pas ici !! On vous entend rire d’en bas !!

- (Ming) On parlait des poches vides de Florian !!

- (Yuan) Vous ne le referez pas ! Hi ! Hi ! Vous savez quand il vient nous rejoindre ??

- (Hassan) Dimanche normalement !! Il avait prévu de rester quelques jours à Paris et ensuite d’officialiser son retour une fois que tous ses amis seront prévenus, mais vous le savez aussi bien que moi puisque nous étions tous là quand il nous a donné son emploi du temps.

- (Yuan) Avec lui il faut toujours s’attendre à du changement, tu sais comment il est, c’est une vraie anguille !!

Hassan se lève.

- Bon !! Nous allons vous laisser, on se revoit demain ??

- (Yuan) Vous ne dormez pas ici ??

- Une suite nous a été réservée pour les deux nuits, j’ai promis à Omar de lui faire visiter Paris by night !! Pour une fois que nous sommes ici sans raison officielle et puis comme ça, vous serez moins serrés.

- (Ming) Pour ma part je vais aller chez mon neveu, Chan a insisté pour m’avoir un peu à lui et tu sais comment il est têtu quand il veut quelque chose, en plus vous serez mieux entre vous ! Hi ! Hi !

- (Yuan) Qu’est ce qui te fait rire ??

- (Ming) Antonin semble bien s’entendre avec vous deux, vous ne voudriez pas que j’entende encore une fois vos cris toute la nuit ?? Ce n’est pas et de loin le mieux pour trouver le sommeil !!

- (Omar) Nous ça nous a plutôt stimulés, pas vrai chéri ??

Hassan sourit, faisant un gros clin d’œil aux trois jeunes.

- C’est ce qui nous a donné l’idée pour nos deux prochaines nuits, vous savez !! Paris by night !!

Yuan amusé regarde son père.

- Tu oublies juste le jeune « nymphomane » qui vit avec ton neveu p’pa !!

Ming sort de sa poche une petite boîte contenant une paire de bouchons d’oreilles.

- Crois-tu vraiment ton vieux père à ce point naïf ??

CHAPITRE 24 (Reims) (Nuit de vendredi à samedi) (Vous avez dit, câlin discret ?)

« Vendredi soir chez les Viala. »

Après un repas comme il va de soi très animé, la famille est dans le salon, télé éteinte à discuter de tout et de rien comme ils aimaient à le faire du temps où Florian vivait avec eux et c’est d’ailleurs un des sujets qui semble monopoliser l’attention générale ce soir-là, voulant connaître les intentions de Florian sur ses projets pour l’année à venir.

- J’aimerais bien revenir ici si ça ne vous gêne pas ?

- (Annie) Pourquoi voudrais-tu que ça nous gêne ?? Bien au contraire voyons !!

- (Frédéric) Et toi Thomas ?

- Je vais devoir reprendre mon travail à la DBIFC, je serai souvent loin j’imagine, du moins le temps de reprendre contact avec nos principaux clients et nous ferons comme par le passé à nous voir le week-end, ou pendant les congés universitaires de nos amis.

- (Damien) Cool !! Oups !! Ce n’est pas ce que je voulais dire « Thom », excuse-moi !!

- (Thomas) T’inquiète je n’avais pas pris ça pour moi, je me doute que tu sois content d’avoir ton copain près de toi après tout ce qui s’est passé.

- En fait ça va dépendre aussi de Maurice, j’espère qu’il pourra continuer à me laisser libre mais aussi que nous ne serons pas embêtés par trop de monde !! J’aimerais bien reprendre mon poste à l’hôpital et aussi de temps en temps à Bégin, il faudra aussi que je surveille l’avancement des travaux du complexe et que je m’occupe de mon labo, ça fait beaucoup de travail en perspective !!

- (Frédéric) Les personnes que tu as mises en place font très bien leur travail, pense aussi un peu à te faire plaisir !!

- Mais ça me fait plaisir !! Je ne ferai qu’y passer de temps en temps sans plus et puis il y a aussi l’université, j’aimerais y donner quelques cours si j’y suis autorisé !!

- (Annie) Dis plutôt que tu ne veux rien lâcher de ton ancienne vie alors qu’à l’époque tu avais du temps pour le faire, ça fait beaucoup pour un seul homme même s’il s’appelle Florian !!

- Le truc c’est que je souhaite avant tout ne perdre aucun de mes amis de vue !!

- (Frédéric) Nous l’avions bien compris, il va te falloir néanmoins faire des choix tu t’en rends compte quand même ?? Tes amis tu pourrais les réunir une ou deux fois l’an pour les vacances comme les années passées, le reste du temps ne t’occuper que de ton travail !! Les journées n’ont que vingt-quatre heures, tu vas vite t’en rendre compte !!

- Je vais devoir m’organiser, trois semaines à Reims et ensuite une semaine à Paris, pour le reste que ce soit Aix où ailleurs ce sera pendant les vacances. De toute façon nous y arrivions bien l’année dernière, je ne vois pas pourquoi ce ne serait plus possible cette année !!

- (Thomas) Tu oublies juste une chose, maintenant tu es connu et beaucoup vont attendre de toi des miracles comme tu leur en as déjà offerts !! Ça ne sera plus aussi simple dorénavant de passer pour monsieur tout le monde, pour ne pas dire impossible !!

- Je saurai faire comprendre qu’on me laisse vivre ma vie, en attendant il se fait tard et j’aimerais dormir un peu, parce que demain j’ai encore plein de trucs à faire.

- (Damien) Dormir ?? Avec « Thom-Thom » ?? Sois franc et dis plutôt que tu as envie d’un gros câlin !!

- Tu es jaloux parce que « Math » n’est pas là !! Ça me fait penser que vous devriez venir terminer vos vacances à Aix avec nous, histoire d’être « reposés » pour reprendre les cours ! Hi ! Hi ! En plus maintenant que tout le monde va mieux, ça va être la fête du slip garantie !!

Annie rougissante.

- Tiens donc !! Je ne savais pas que cette fête existait !!

- Faudra la légaliser alors ! Hi ! Hi ! Tu viens beau blond ? Faudrait peut-être penser à l’inaugurer histoire de voir ce que ça donne !! En plus comme le matelas est par terre vous n’entendrez rien !!

- (Guillaume) Je vais faire camping toute la nuit si j’ai bien tout compris !! Oups !! Excuse-moi m’man, ça m’a échappé !!

Après cette incartade suivie d’un éclat de rire général, tout le monde s’occupe à préparer sa nuit, que ce soit toilettes ou douches, pour se retrouver tous dans leurs chambres respectives à peine une demi-heure plus tard.

***/***

« Chambre partagée entre Florian, Thomas et Guillaume. »

Les garçons sont sous la couette, prêts à éteindre, quand Guillaume regarde ses amis installés à même le sol sur le matelas.

- Vous allez vraiment faire l’amour ce soir ?

- Ouaippp !!!

- Pfff !!! Soyez discrets alors !!

- Tu as peur de quoi ?? Si ça t’excite tu n’auras qu’à venir nous rejoindre ! Hi ! Hi !

- Dans tes rêves ma poule !! Tu sais bien que je ne mange pas de ce pain-là !!

- Tu devrais faire comme « Tonin » !! Il vient juste de se rendre compte qu’il était « bi » !!

- C’est quoi encore cette embrouille ??

- Je te jure que c’est vrai, hein Thomas ??

- (Guillaume) Il s’est trouvé une meuf ?? Je n’y crois pas !!

- Pourtant c’est la vérité !!

- Je la connais ??

Je fais un clin d’œil à Thomas.

- Ça pour la connaître, tu la connais !!

- Qu’est-ce que tu voudrais me faire comprendre ?? Ce n’est pas Léa quand même ??

- ….

- Tu vas répondre oui ??

- ….

- Floriannnn !!!

- Eh bien oui là !! C’est bien de….

On le voit blanchir soudainement.

- …Patricia qu’il s’agit ! Hi ! Hi ! T’as vu sa tête Thomas ! Hi ! Hi ! Non mais, t'as vu !!

Guillaume se lève d’un bond pour nous sauter dessus de tout son poids.

- Espèce de salopiot !!!

- Noonnn !!! « Guigui » pas de chatouille !! Noonnn !! Thomas, aide-moi !! Arrête… ! Hi ! Hi ! Pitiiiéééé !! Noonnn ! Pas çaaaa !!

CHAPITRE 25 (Reims) (Samedi matin tôt) (Rumeur “or not” rumeur?)

Quand Frédéric se réveille, la place près de la sienne est déjà vide et il se lève à son tour la bouche sèche, heureux de cette nuit pas forcément très reposante mais qui démontre une fois encore s’il s’en fallait que son attirance pour Annie soit toujours telle qu’aux premiers jours, la petite joute nocturne qu’ils se sont octroyée en étant une preuve manifeste.

Il étend son corps en baillant, se frictionne les bras et se lève à son tour, prit par une soudaine envie pressante.

Aussi il se retrouve nez à nez avec Damien, tenant une brassée de draps dans ses bras et se retrouvant gêné d’un seul coup de tomber sur son père.

- Tiens c’est nouveau ça !! Depuis quand tu t’occupes de refaire ton lit ??

- Il faut bien aider maman !!

- Humm !! Si tu le dis !!

C’est Aurélien qui cette fois apparaît dans le couloir, tenant également son linge de lit en boule dans ses bras.

- (Frédéric) Vous vous êtes donné le mot ma parole !!

- (Aurélien) Tu verras ça avec Florian, p’pa !!

Frédéric comprend alors que sa petite « joute » nocturne devait elle aussi avoir les mêmes raisons, si elle n’a pas eu les mêmes conséquences sur les draps que pour ses fils.

- C’est sa façon de faire un câlin discret à ce que je vois !! J’avoue que c’est assez plaisant en fin de compte !!

- (Damien) Je ne souhaite pas que ça t’arrive un jour où maman n’est pas là, ou tu verras que comme pour nous les draps s’en souviennent ! Hi ! Hi !

- (Frédéric) Ouaih !! Bon !! Mettez ça dans la corbeille et venez prendre votre petit-déjeuner, le plus à plaindre c’est encore votre frère !! Il avait vu juste hier quand il prédisait d’avoir à planter la tente toute la nuit, je n’avais pas vraiment fait le rapprochement !!

- (Damien) C’est sûr p’pa ! C’est sans doute la première tente où la pluie sort du piquet central !! Va falloir qu’il fasse breveter ! Hi ! Hi ! Ça serait pratique dans le désert !!

Aurélien observe son petit frère avec amusement, content de le voir si métamorphosé depuis hier.

- On voit que ça va mieux pour toi « Dami », depuis que « Flo » et « Thom » sont revenus, tu as retrouvé ton humour à deux balles !!

Une fois les draps mis au sale, les besoins du matin terminés et le petit-déjeuner n’étant plus qu’un souvenir, Frédéric allume la télé en étant vite rejoint par ses deux fils tandis qu’Annie prépare une nouvelle cafetière pour les trois retardataires.

Frédéric zappe d’une chaîne à l’autre jusqu’à ce qu’il revienne en fin de compte sur la une, le journal du matin venant de commencer.

La première chose qu’ils voient est le visage en gros plan de Florian, ce qui tout de suite les rend attentifs en augmentant le son.

***/***

Le présentateur semble troublé, sa voix vibre alors qu’il pose la question aux milliers de téléspectateurs qui suivent son émission.

- Est-il vivant ?? Voilà la question mesdames et messieurs, qui se pose ce matin !! Vous comprendrez bien que rien qu’à prononcer ces paroles devant vous, ma gorge soit nouée et vous m’en excuserez !! Pourtant depuis plusieurs jours la rumeur court que nous aurions été trompés honteusement par nos gouvernants, qu’en est-il de cette rumeur ?? Je n’en ai bien sûr pas la réponse et je ne me permets que de poser la question qui brûle les lèvres de millions de nos concitoyens, est-il vivant !!! Florian De Bierne, celui qui par ses découvertes a rendu la pureté à notre atmosphère !! Celui qui a également rendu le bonheur et l’espoir d’un nombre incalculable de familles en éradiquant deux des plus grands fléaux de notre siècle que sont Alzheimer et le sida !! Est-il vivant ?? Pourquoi cette question ?? Tout simplement parce que nous en rêvons tous depuis ces dernières nuits ?? Peut-être bien en effet !! Peut-être aussi parce que beaucoup d’entre nous prient depuis ce triste jour qui nous a valu un deuil non pas national mesdames et messieurs, mais mondial !! Rendez-vous compte de ce que mes paroles reflètent sur la reconnaissance que nous portons tous envers ce garçon que nous croyions avoir vu disparaître si jeune.

Le présentateur se tourne alors que sur l’écran défilent des images de Florian lors de diverses occasions officielles, ce n’est qu’une longue minute plus tard qu’il refait face à la caméra le visage fortement troublé par l’émotion feinte ou réelle qu’il veut montrer aux téléspectateurs.

- Est-il vivant ?? Nous avons posé la question à quelques responsables politiques tout en menant nous-même une enquête avec nos propres reporters !! Les réponses sont pour le moins troublantes, personne n’ayant voulu trancher par un oui ou par un non ce qui admettez-le, mesdames et messieurs, a de quoi piquer au vif notre curiosité !! Voici pourtant quelques faits qui pourraient amener un semblant de réponse en attendant un communiqué officiel qui ne saurait tarder vu la pression médiatique de ces dernières heures !! Le milliardaire Ming Tsu, ainsi que le prince Saoudien Hassan Al Malouf ont été vus avant-hier dans le quartier d’Aix en Provence où vivait Florian De Bierne !! Vous n’ignorez pas le lien très fort qui unissait ces deux personnalités à la famille De Bierne ! Nous avons interrogé également la femme de ménage qui s’occupe du pavillon de la famille, vide depuis le décès énigmatique des grands-parents de celui-ci et elle nous a répondu que quelqu’un avait vécu dans la maison cette dernière semaine, étant donné l’état dans laquelle elle l’a trouvé elle penserait que ce serait le fait de plusieurs personnes !! Une famille de Japonais certifie à qui veut l’entendre depuis jeudi soir dernier avoir vu le visage de notre jeune prodige à la fenêtre d’un train en gare de Lyon, en provenance directe justement du sud de la France !! Alors !! Ma question comme celle qui d’ici peu sera relayée par tous les médias reste posée !! Est-il vivant ?? Nul doute que nos gouvernants auront à y répondre très vite !! Nous vous tiendrons informés comme il se doit au fur et à mesure que nous découvrirons les dessous de toute cette affaire !!

***/***

Frédéric arrête la télé en soupirant.

- Et bien !! Ça n’aura pas tardé à se savoir !!

- (Damien) J’espère juste que Florian aura le temps de réaliser ses projets avant que tout éclate au grand jour !!

- (Aurélien) Il va falloir qu’il trouve une planque !! Les curieux vont vite faire le lien avec notre famille !!

- (Annie) Le député Durieux habite en retrait de la ville, il pourra peut-être recevoir Florian et Thomas, pour une nuit ou deux ??

- (Frédéric) Damien !! Va réveiller nos trois roupilleurs, il faut agir rapidement avant que les curieux campent devant chez nous, ce qui ne saurait tarder !!

CHAPITRE 26 (Reims) (Samedi matin) (Émile dit “Mimile”)

« Chez les Durieux. »

Sarah comme chaque samedi matin fait son ménage, aspirant, cirant et époussetant la maison de fond en comble, terminant toujours par les cadres du salon et surtout le dernier, représentant Thomas et Florian souriant qui lui laisse couler une larme, comme chaque semaine depuis qu’ils ne sont plus là.

Elle serre le cadre contre son cœur avant de le reposer avec délicatesse sur le buffet, bien en évidence devant ceux représentant sa famille et leurs amis.

***/***

Emile est déjà dans son bureau à traiter ses dossiers, le même cadre en plus petit montrant les deux garçons, cette fois se retrouvant au milieu de la bande d’amis à laquelle ses propres enfants font partie intégrante.

Lui aussi regarde souvent avec tendresse cette photo, moins émotif toutefois que son épouse du moins extérieurement parce qu’à l’intérieur de lui la douleur reste vive.

Il gère cette douleur dans le travail, préférant avoir l’esprit sans cesse occupé plutôt que de laisser ses pensées vagabonder à ressasser ces moments de pur bonheur qu’il a passés auprès de ce garçon si attachant.

Un son venant de son ordinateur le soustrait un instant de son travail, une demande de connexion venant de Frédéric Viala lui fait froncer les sourcils de curiosité car son ami ne l’a pas habitué à converser avec lui si tôt le matin.

Il accepte donc la demande, attendant que le programme se charge et que l’image de Frédéric apparaisse à l’écran, souriant déjà de pouvoir se détendre un peu de tous ces dossiers somme toute rébarbatifs.

***/***

L’image de Frédéric apparaît enfin, semblant lui aussi de bonne humeur quoiqu’avec un petit air contrarié qu’Émile ne peut manquer de remarquer.

- Comment va Frédéric ?? Je suis surpris de t’avoir de si bon matin !! Ta famille va bien ??

- Impeccable mon vieux !! Et toi ?? Sarah et les enfants ??

- Les enfants sont partis très tôt ce matin au hangar pour répéter qu’ils nous ont dit, je pense plutôt que c’est pour profiter de leurs amoureux avant que les cours ne reprennent !! Comment va Mathis ?? Tu sais que nous nous inquiétons tous pour lui ??

- C’est un peu la raison de mon appel !!

- (Émile) Tu ne m’annonces pas une mauvaise nouvelle j’espère ??

- Non !! Au contraire rassure-toi !! Figure-toi qu’il a retrouvé le goût à la vie, tu penses bien qu’ici nous en sommes tous soulagés et surtout Damien, ils ont prévu de finir leurs vacances à Aix du coup !!

- Tu m’en vois heureux pour eux !! C’est quand même étonnant qu’il se soit remis si rapidement ?? Aux dernières nouvelles ça n’allait vraiment pas fort !!

- Beaucoup de choses ont changé depuis quelques jours, c’est le but de mon appel et je t’avoue que je ne sais pas trop comment t’annoncer la chose sans que tu nous fasses un arrêt cardiaque ! Hi ! Hi !

- (Émile surpris) C’est quoi encore cette histoire ??

- Pour une histoire, c’est une drôle d’histoire !! Bon, je me lance !! Aurais-tu une chambre de libre pour une nuit ou deux ?? C’est pour un petit couple qui a envie de calme tu comprends ?? Tu as écouté les infos ce matin ??

- Je n’ai pas vraiment eu le temps, pourquoi ?

- Tu aurais dû, ça aurait été plus facile pour moi ! Hi ! Hi !

- Mais enfin Frédéric, qu’est-ce qu’il se passe ?? C’est quoi cette histoire de couple qui cherche une chambre ??

- Tu verras, ils sont sympas et je suis certain que tu les accueilleras les bras ouverts !! C’est Damien qui les amène avec Guillaume, pas qu’ils ne sachent pas où tu habites mais plutôt pour faire tampon !!

- Tu ne pourrais pas être plus explicite ?? Et puis d’abord c’est qui ce couple ??

- Un grand blond et un petit rouquin !!

- C’est une…plaisanterie !!!

- Pas du tout !! Tu n’as donc pas fait ces rêves ces dernières nuits ??

- Tu…tu….

- Je…je…mon ami !! Je…je… ! Hi ! Hi ! Ils ne devraient plus tarder, je te conseille de te remettre rapidement parce que là tu vires au blanc cadavérique !! Ce n’est pas une plaisanterie Émile, tu ferais bien de préparer Sarah parce que nous savons ce que ça fait pour y être passé hier.

Frédéric explique en quelques mots ce qui l’a amené à l’appeler, alors que Florian n’avait pas vraiment prévu d’être repéré aussi tôt.

- Il voulait vous faire la surprise ce soir, mais les choses ont été plus vite que lui pour une fois !!

- Et bien ça alors !!! Si j’avais pensé entendre ça en me levant ce matin !!!

- Tu vas pouvoir les accueillir alors ??

- Tu oses poser la question ?? Plutôt deux fois qu’une et qu’il n’y ait pas un de ces curieux sous mes fenêtres s’il ne veut pas prendre mon pied au cul !! Paroles !!

- Il n’a pas changé tu sais ??

- Pourquoi tu me dis ça ??

- Juste pour te prévenir…. « Mimile » ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 27 (Reims) (Samedi matin) (Sarah chérie, tu vas avoir des invités)

Émile Durieux une fois la communication coupée d’avec son ami Frédéric, reste un long moment à reprendre ses esprits en caressant machinalement le petit cadre représentant toute la joyeuse bande d’amis réunis autour d’un Florian resplendissant de bonheur.

Il arrive malgré tout à reprendre le dessus sur l’énorme bouffée d’émotion qui le clouait à son siège, il repose alors le cadre et s’essuie le visage des quelques larmes versées, se levant légèrement chancelant pour retrouver Sarah afin de la préparer à son tour au choc qu’elle va de toute façon subir de plein fouet elle aussi.

Il la retrouve au salon, au moment précis où elle aussi s’essuie subrepticement les yeux après avoir remis le cadre en place.

- Chérie ??

- Oui ??

- Tu vas devoir préparer la chambre d’amis, tu vas avoir des invités ce weekend !!

- Comment ça « je » vais avoir ??

Sarah se tourne vers son mari et ne peut que s’inquiéter de le voir les yeux rougis comme s’il avait pleuré.

- Qu’est-ce qu’il t’arrive ?? Tu en fais une tête !! Quelque chose ne va pas comme tu voudrais ??

Emile va s’asseoir sur le canapé en tapotant la place près de lui pour signifier à sa femme de l’y rejoindre, ce n’est qu’une fois celle-ci installée qu’il y va franco en sachant que de toute façon il n’a plus guère le temps de prendre des pincettes avec elle.

- Ils sont revenus !!

- ?????

- Thomas et Florian !!!.... Ils sont revenus !!

- Mais…comment…je…oh mon Dieu !!!

- C’est Frédéric qui vient de me prévenir à l’instant, ils ne devraient plus tarder à arriver !!

- La…chambre…c’est pour eux ??

Emile explique à son épouse le peu qu’il en sait, en la tenant fortement serrée contre lui pour l’aider à accepter ce que lui-même a tant de mal à réaliser et ce n’est que quand la sonnerie de la porte retentit, qu’ils sursautent tous les deux, avant qu’il se lève en caressant la joue de Sarah qui le fixe dans les yeux, prise dans une émotion qui semble la déconnecter du monde.

C’est Damien qui apparaît le premier sur le pas de la porte, courant depuis le porche pour prendre les devants.

- Papa t’a prévenu de notre arrivée ??

- Oui !!

- Tu sais donc avec qui nous venons ??

- Oui !!

- Ça va ??

- Oui !!

- Wouah !!T’es vachement causant ! Hi ! Hi ! J’imagine que tu as du mal à réaliser, remarque ça a été pareil pour nous tu sais !!

- Oui !!

- Bon !! Je vois bien que ce n’est pas aujourd’hui qu’on aura besoin d’un traducteur ! Hi ! Hi ! C’est dommage parce qu’on en avait amené un avec nous !!

Il se retourne vers le porche où trois silhouettes l’attendent.

- C’est bon les gars vous pouvez venir, le message est passé !! Seulement il va falloir attendre pour tenir une conversation parce que là c’est des plus minimalistes !! Pour un député ça fait vraiment court.

Émile voit alors Guillaume accompagné de deux autres personnes parfaitement camouflées dans leurs vêtements de façon à ce qu’on en voie le moins possible d’eux, il fait machinalement un pas en arrière pour les laisser entrer avant de refermer la porte spontanément derrière lui.

Une fois chose faite, il regarde les deux garçons se débarrasser de leurs accoutrements et le plus petit venir vers lui alors que le plus grand plonge ses merveilleux yeux bleus dans les siens avec un sourire qui couvre le brave homme de frissons sur tout le corps.

***/***

Une fois de plus je ne peux que constater l’effet de mon retour parmi ceux que j’aime, la violence de leurs émotions me laisse dans un désarroi si fort qu’il me faut quelques secondes pour reprendre sur moi et faire les premiers pas vers lui, le prendre ensuite dans mes bras pour qu’enfin il réagisse et que son regard se détache de celui de Thomas pour venir se fixer dans le mien avec un ahurissement qui m’amène le sourire.

- Et bien « Mimile » !! C’est comme ça que tu accueilles tes amis ??

C’est Sarah qui réagit la première en venant droit sur nous, palpant nos visages à Thomas et à moi, comme si elle voulait s’assurer que ses yeux ne lui mentaient pas, nous embrassant ensuite avec fièvre les joues couvertes de larmes.

- C’est bien vous mes chéris !!! Émile !! Ils sont revenus, tu m’entends ?? Émile….

- (Guillaume) Laissez le tranquille, vous ne voyez donc pas qu’il est sous le choc ??

- (Damien) Heureusement que papa l’a prévenu !!

« Clac »

C’est Sarah qui n’a trouvé que ce moyen pour le faire réagir et qui vient de lui donner une claque bien sentie sur la joue, malgré notre surprise cela semble efficace et Émile s’ébroue visiblement ahuri en se tenant la joue d’une main, semblant seulement alors voir que nous sommes devant lui.

- Florian !! Thomas !!

Damien s’approche de lui, visiblement rassuré et lui répond d’un air amusé, lui faisant un gros clin d’œil.

- Oui !!

Il se tourne vers nous, qui le regardons sans comprendre.

- Je viens de traduire ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 28 (Reims) (Samedi après-midi) (Invitation)

« Maxime et Julien. »

Son service à l’hôpital à peine terminé que Maxime est déjà dans sa voiture direction l’appartement où il va retrouver Julien, qui avec un peu de chance doit encore dormir.

Le visage du jeune infirmier reflète l’immense joie qu’il va pouvoir annoncer à son chéri, s’amusant par avance de la tête qu’il va faire en apprenant la nouvelle.

- Florian vivant !! Waouh !!

La femme dans sa voiture qui regardait en profitant du feu rouge ce beau jeune homme qui ferait bien son affaire très certainement, hausse les sourcils de surprise à le voir et l’entendre manifester une joie qui le rend encore plus craquant.

Bien sûr Maxime ne s’en rend pas compte et continue à jubiler tout seul du retour de celui qui leur a sauvé la vie à son chéri et à lui, après le terrible accident qui les avait laissés pour mort.

De se remémorer ça le calme quelque peu, le souvenir en étant pour lui toujours difficile à vivre et ses pensées reviennent alors vers celui qui n’a jamais voulu s’avouer vaincu, tentant tout jusqu’au bout pour réaliser l’impossible.

Un garçon qui est arrivé dans sa vie un jour comme les autres et qui depuis lors a tout bouleversé autour de lui au point où les souvenirs de l’avant Florian se sont quasiment effacés de sa mémoire, ne gardant que ses deux années merveilleuses qui lui ont amené tant de satisfactions que ce soit professionnelles aussi bien que personnelles.

Les derniers mois avaient amené comme une chape de plomb sur son bonheur, seul son couple ainsi que les liens très forts tissés avec la bande lui ont permis de résister à la facilité de se laisser aller dans la dépression, ce qui hélas n’a pas été le cas de tous aux dernières nouvelles.

Nul doute, se dit-il en retrouvant le sourire, que maintenant tout va redevenir comme avant et que cette dure épreuve n’aura apporté en fait qu’un resserrement encore plus puissant des liens qui les unissent.

Ce n’est qu’une fois garé sur le parking de sa résidence, que Maxime comprend qu’il est arrivé et s’étonne de ne pas avoir vu le trajet, court certes mais conduit comme si son cerveau était déconnecté de son corps.

***/***

L’appartement est silencieux quand il referme la porte derrière lui, souriant par avance de pouvoir réveiller Julien en profitant de la bandaison « matinale » même si l’après-midi est déjà bien commencé.

Ayant prévu le coup en prenant sa douche au CHU avant de partir, il n’a juste qu’à faire tomber ses vêtements pour se glisser sous la couette non sans avoir au préalable pris le temps d’admirer son jeune compagnon souriant dans son sommeil.

Son œil devient grivois quand il remarque la bosse au niveau du bas ventre de son chéri, qui malgré la couette qui le recouvre ne laisse aucun doute sur la raideur glorieuse de ce sexe qui depuis maintenant plus d’un an ne lui apporte encore et toujours que du plaisir.

Sa langue lèche sa lèvre supérieure de convoitise, alors que sa main soulève le tissu pour découvrir le corps nu de l’homme de sa vie et sa tête s’engouffre dans le passage, dans l’intention manifeste de lui prodiguer la petite gâterie qu’il avait en tête depuis sa fin de service.

***/***

« Quelques instants plus tard. »

Après que son envie ait porté ses fruits, Maxime sent les mains de Julien insister pour qu’il remonte à sa hauteur, mélangeant ensuite leurs langues pour qu’il y retrouve le goût de sa jouissance et conscient de l’excitation de son chéri, remonte ses jambes pour l’inviter à le prendre et lui donner alors en retour le plaisir qu’il a autant envie de donner que de recevoir.

CHAPITRE 29 (Reims) (Samedi après-midi) (invitation) (suite)

***/***

« Un long moment plus tard. »

Maxime plaque son front couvert de sueur sur celui dans le même état de son chéri, leurs yeux se fixant en exprimant toute la tendresse et l’attachement qu’ils ressentent l’un pour l’autre, leurs lèvres terminant ce moment de pur plaisir par un baiser tout en douceur.

Julien est le premier à reprendre ses esprits, il s’écarte de Maxime avec un sourire marquant à la fois la satisfaction mais aussi l’étonnement de découvrir comme une lueur étrange dans le regard de son ami.

- J’aime bien te voir comme ça « Max », c’est comme si quelque chose te rendait encore plus heureux que d’habitude !!

- C’est parce que je t’aime !!

- Ce n’est pas ce que je voulais dire…enfin si !! Mais …. Je ne sais pas comment expliquer … c’est comme avant que Fl…

- Chut !! Je ne voudrais pas voir ce si beau visage redevenir triste, j’ai bien compris ce que tu voulais dire et je suis d’accord avec toi, quelque chose a changé !! Quelque chose que je n’aurais jamais cru possible !! Quelque chose qui m’a redonné le goût de rire !!

Julien écoute Maxime dont la voix monte dans les aigus sous l’excitation de ses propres paroles, se demandant quelle mouche peut bien le piquer pour qu’il se mette dans un tel état de volubilité.

- Mais enfin !! Qu’est-ce qu’il t’arrive aujourd’hui ??

- Je suis heureux, voilà ce qu’il m’arrive !! Heureux d’avoir le garçon le plus beau et le plus gentil de la terre comme compagnon !! Heureux de ce que j’ai appris ce matin !! Heureux que Thomas et Florian soient en vie et revenus dans notre réalité !!

Julien l’écoute avec des yeux ronds d’étonnement, la dernière phrase lui fait observer son compagnon en craignant pour sa santé mentale.

- Tu vas bien « Max » ?? Tu me fais peur là !!

- Mais oui je vais bien !! J’essaie juste de te faire passer le message !!

- Un message ?? Quel message ??

- Mais tu m’as écouté au moins !! Florian et Thomas sont de retour !! Ils sont chez Frédéric depuis hier !! Tu m’as entendu cette fois ??

- ….

- Qu’est- ce qu’il te faut pour me croire ?? .... Attends !!

Maxime se lève brusquement, allume le radio-réveil et bien sûr tombe directement sur le scoop qui depuis le journal télévisé de TF1 tourne en boucle sur tous les médias nationaux.

***/***

- Le gouvernement n’apporte aucun démenti !! Serions-nous témoins d’une énorme mystification de sa part ?? Je ne saurais à l’heure actuelle vous en dire plus mais nous assistons depuis cette annonce à un véritable mouvement populaire !! Des dizaines voire des centaines de personnes commencent à s’amasser face à l’Elysée mais aussi partout devant les bâtiments gouvernementaux de chaque ville de France, en criant le slogan « est-il vivant ?? ». La mairie d’Aix en Provence a reconnu que sa tombe avait été profanée il y a quelques jours !! Pourquoi ?? Que nous cache-t-on ?? La question que tout le monde se pose aujourd’hui devra trouver rapidement une réponse, Florian De Bierne est-il vivant ?? Et si c’est bien le cas, pourquoi avoir monté cette cabale ?? Protection ou protectionnisme ?? Vérité ou mensonge ?? Voici la question qui fait la une de l’actualité de ce samedi !!

***/***

Maxime coupe la radio qui ne fait que répéter en boucle les mêmes questions, il se tourne alors vers Julien qui est devenu blanc comme un linge et qui a les yeux fixés sur lui depuis le début.

- Tu me crois maintenant ??

Julien se lève brusquement, cherche ses vêtements et commence à s’habiller rapidement, s’emmêlant dans les jambes de son pantalon au point d’en tomber le cul sur le lit.

- Tu fais quoi là ?? J’espère que tu n’as pas l’intention d’aller chez les Viala ??

- Je veux en avoir le cœur net, tu comprends ??

- Tu vas rester gentiment ici et te calmer !! Frédéric n’aurait pas annoncé son retour si ce n’était pas le cas, imagine si nous faisons tous comme toi ?? Il faut rester discrets et nous verrons Florian et Thomas ce soir, c’est prévu alors prends ton mal en patience et ne va pas le faire repérer avant l’heure, de toute façon il n’est plus là-bas !!

Julien relève la tête vers Maxime.

- Où est-il alors ??

- Chez Émile !! Personne n’est au courant bien sûr, s’il te plaît « Ju » sois raisonnable !! Nous le verrons ce soir je te le promets, nous irons comme souvent le samedi écouter nos amis au hangar !! Personne n’ira faire le rapprochement et Florian pourra faire la surprise à ceux qui ne seront pas encore au courant, je ne voulais rien te dire mais c’était plus fort que moi, il fallait que je t’annonce la bonne nouvelle !! Moi aussi je meurs d’envie de les serrer dans mes bras tu sais !!

CHAPITRE 30 (Reims) (Samedi après-midi) (invitation) (suite)

« Julien, Émilie et Grégory. »

Quand ils rentrent à l’appartement, les deux infirmiers sont seuls car Grégory ne termine que plus tard dans l’après-midi et ils s’installent donc tranquillement pour discuter de ce qu’ils viennent d’apprendre, aussi bien par Frédéric que par les nouvelles transmises par l’autoradio pendant tout le trajet.

- (Émilie) Ça va faire un sacré bordel !! Je me demande comment le gouvernement va s’en sortir ??

- Bah !! Comme d’habitude avec un gros mensonge que tout le monde gobera !!

- Humm !! Cette fois-ci ça ne concerne pas que nous, les autres pays ne se laisseront pas si facilement abuser !!

- Ils vont sûrement penser que « Chi-Chi » voulait garder les futures découvertes pour lui et ne plus en faire profiter tout le monde ! Hi ! Hi !

- Certains peut-être, mais pas ceux qui connaissent Florian !! Ils savent très bien qu’il n’est pas comme ça !!

- Alors ça se complique !! Si jamais ils se mettent en tête l’idée d’un enlèvement ou tout du moins une mise en quarantaine de la part de nos gouvernants, on n’est pas dans la merde !!

- (Émilie) « Flo » trouvera bien les paroles qui satisferont tout le monde !! Celui-là je te jure !!

- Nous le verrons ce soir, j’ai hâte qu’on reprenne le boulot tous ensemble !!

- Tu penses au boulot toi ?? Tu es bizarre quand même comme gars !!

- Comment ça ??

- Eh bien moi je pense plutôt à pouvoir le serrer dans mes bras, rire avec lui et tout ce qui fait qu’il me manque tellement !!

- Moi aussi c’est sûr !! Mais avoue qu’au boulot c’est quelque chose, en plus il est tout à nous quand on est dans le bloc.

C’est l’ouverture de la porte d’entrée qui leur fait comprendre que ça fait plusieurs heures qu’ils discutent, ils lèvent les yeux vers le couloir menant au salon pour y voir débouler un Grégory livide qui est visiblement perturbé.

- Vous avez écouté la radio depuis ce matin ??

Julien se lève pour venir l’embrasser et l’aider à s’asseoir pour se calmer.

- Dans la voiture, oui !!

- Et c’est tout l’effet que ça vous fait ?? D’abord ces « rêves » et maintenant tout le monde va le voir partout, ils ne peuvent pas le laisser tranquille et respecter sa mémoire, au lieu de saccager sa tombe et de balancer des inepties pareilles !!

Emilie l’embrasse à son tour, sentant son corps trembler de la colère qui le ronge.

- Calme-toi, allons !!

Grégory regarde ses deux compagnons, visiblement perplexe de les voir aussi détendus.

- Ça ne vous fait rien d’entendre des conneries pareilles ??

- (Julien) Pour être honnête, je te répondrai que non !!

- Mais enfin !! C’était aussi votre ami !!

- (Émilie) Et ça l’est toujours, ne t’imagine surtout pas le contraire !!

- (Julien) La différence avec toi, c’est que nous connaissons la vérité alors qu’eux ne sont sûrs de rien en lançant ça sur les ondes !!

- La vérité ?? Quelle vérité ??

- (Émilie) Que Florian et Thomas sont revenus !! C’est Frédéric qui nous l’a dit ce matin !!

- (Julien) Je comprends ton trouble, c’était pareil pour nous !! Mais tu peux nous croire, ils sont bien revenus !!

- Mais !! Comment…l’enterrement….

- (Émilie) On le voit ce soir, tu auras toutes les explications en même temps que nous !! Juste que nous savons que son corps n’a jamais été enterré, il était sous surveillance médicale à Begin.

- (Julien) Son « don » de guérir sans doute ou plutôt devrais-je dire, son « don » de ne pas mourir à en croire ce qu’il s’est passé !!

Grégory essuie ses yeux qui depuis qu’il a compris le sens des paroles de ses chéris lui donnaient une vision floue à cause des larmes, il sourit enfin en se levant brusquement pour se retrouver un moment seul afin de gérer la nouvelle dans l’intimité en préservant sa pudeur de mâle.

- Je vais prendre une douche !!

- (Julien) Tu as raison mon grand, ça te fera du bien !!

Grégory sort de la pièce sans se retourner, ce n’est qu’une fois seul enfermé dans la salle de bain qu’il se laisse aller à l’émotion qui lui noue l’estomac et qu’il s’assoit par terre pour pleurer tout son soûl en libérant l’immense joie qu’il ressent et qui n’a que cet exutoire pour pouvoir le calmer, restant un long moment prostré à laisser ses nerfs se dénouer pour retrouver le calme intérieur qui le pousse vers la douche pour évacuer le sel piquant des larmes qui lui collent au visage.

CHAPITRE 31 (Reims) (Samedi après-midi) (invitation) (fin)

« Chez les Dufour. »

Fabienne termine sa petite sieste de l’après-midi avant de bientôt devoir se préparer pour partir au travail, André profite de son week-end libre pour rentrer avec les garçons le bois qui leur servira cet hiver.

Carole est partie à Orléans avec Mélanie depuis la veille au soir et ne reviendra que ce soir en ramenant une partie des garçons dans sa Clio, les autres profitant de la voiture nouvellement acquise par Arnault qui les accompagne avec Alexie et Ludovic pour profiter de leurs amis jusqu’au dernier jour avant la reprise des cours.

Fabienne sourit en pensant à la réponse de Ludovic quand elle l’a eu au téléphone en lui demandant si ça ne le dérangeait pas de partager la chambre de Mélanie et qu’il lui a répondu de ne pas s’inquiéter, que ce serait en tout bien tout honneur.

Elle a bien cru exploser de rire au téléphone, le ton de voix du petit bonhomme était tellement sérieux qu’elle ne voulait pas le vexer en s’amusant de sa réponse.

Ce bout de chou de dix ans aussi mignon que son grand frère, est entré dans son cœur dès la première fois qu’elle l’a vu et ma foi Fabienne s’avoue qu’elle ne sera pas opposée d’ici quelques années à un rapprochement plus sérieux avec sa fille, tellement les deux enfants s’aiment et vont bien ensemble.

Revoir les quatre autres garçons lui fait également extrêmement plaisir, heureuse de constater que la perte de leurs deux amis n’a fait que resserrer encore plus fort les liens d’amitié qui unissent toute la bande alors qu’il aurait très bien pu en être tout autrement.

De penser à Thomas et Florian la réveille complètement, se levant rapidement pour s’activer à tout et n’importe quoi, juste pour réfléchir à autre chose avant qu’elle ne retombe dans la mélancolie qui la prend comme à chaque fois que l’image des deux garçons disparus lui revient à la mémoire.

Des sons de voix venant de l’extérieur l’amènent par curiosité à la fenêtre, constatant avec surprise que les Orléanais sont déjà arrivés et qu’ils discutent avec de grands gestes avec son mari, Sylvain et Sébastien, qui semblent les écouter avec une extrême stupeur.

Elle va pour sortir à leur rencontre, quand Ludovic l’aperçoit à la fenêtre et s’élance à toute vitesse pour la rejoindre en lui tombant dans les bras, un grand sourire joyeux ornant son visage en lui donnant le charme d’un ange.

- Je suis trop content !!

- (Fabienne) Je vois ça, ta mère m’a parlé des changements qui vont bientôt faire de toi un vrai petit homme !!

- Aussi oui, mais je ne pensais pas à ça !! Papa a écouté les informations ce matin et il a ensuite appelé Maurice qui lui a confirmé, c’est pour ça que nous sommes là plus tôt que prévu !!

- Si tu pouvais commencer depuis le début ?? Maurice a confirmé quoi à ton père ?

- Le retour de « Flo » et de « Thom-Thom » pardi !!

Fabienne regarde avec stupéfaction le petit blondinet souriant, elle jette ensuite un œil rapide vers l’extérieur où elle surprend son mari à essuyer ses yeux, les visages volubiles et joyeux des uns et ceux ahuris pleins d’émotions des autres, semblant conforter les paroles de Ludovic en lui amenant une énorme bouffée de chaleur dans la poitrine.

Elle dépose le garçonnet au sol en allant ensuite s’asseoir sur un siège, sentant bien ses jambes tremblées tellement qu’elles n’allaient bientôt plus la soutenir.

- Tu peux répéter ??

***/***

« Chez les Lemont. »

Bastien s’approche du lit, soulagé de constater que sa femme a les yeux ouverts.

- Ça va mieux chérie ?? Tu m’as fait peur tout à l’heure !!

- Je n’arrive toujours pas à me faire à la nouvelle !! C’est tellement…tellement….

- Incroyable ??

- C’est ça oui, j’en perds mes mots !!

- Je te comprends, moi-même il m’a fallu un certain temps pour me faire à l’idée !!

- Les enfants ne sont pas à la maison ??

- Ça fait un moment qu’ils sont partis pour Reims, ils devraient y être à l’heure qu’il est !!

Henriette inquiète.

- J’ai dormi si longtemps ??

- C’est le cachet que je t’ai fait prendre avant midi, tu as dormi presque six heures !! Tu te sens mieux maintenant ??

- Ça peut aller, juste que je n’arrive pas à me faire à l’idée de leurs retours !!

- En tous les cas ça fait un sacré ramdam dans tout le pays, je ne pensais pas qu’il y aurait un tel soulèvement populaire !! Le centre-ville est complètement bouché !! Les gens attendent des réponses, ils veulent savoir si la rumeur est vraie.

- Pourquoi ne pas leur dire ?? Je ne comprends pas ??

- Leur dire quoi ??

- Et bien qu’ils soient revenus, de quoi d’autre voudrais-tu qu’ils parlent ??

- Tu en as de bonnes toi !! Tu imagines peut-être qu’ils vont donner la vraie version des faits ?? La connaissent-ils d’ailleurs ?? Je pense plutôt qu’ils doivent ramer comme des malades à trouver une explication, en fait à mon avis ils ne diront rien tant que Florian n’aura pas parlé avec eux.

- Et bien alors !! Qu’est-ce qu’ils attendent ??

- De mettre la main dessus peut-être ! Hi ! Hi ! D’après Maurice, Florian veut déjà renouer avec tous ses amis avant de se montrer au grand jour, tu le connais ??

- Qui ça, Maurice ??

- Pffttt !! Mais non, Florian !! Il ne doit même pas se rendre compte de tout le remue-ménage qui se fait en ce moment autour de son retour.

CHAPITRE 32 (Reims) (Samedi soir) (Le hangar)

La répétition bat son plein, le groupe enchaîne la musique pour la représentation qu’ils donnent à leurs parents et amis chaque samedi, ils ont mûri depuis ces derniers mois et Anthony a complètement modifié son tour de chant au plus grand regret de tous, qui ne voient pas d’un bon œil sa façon de reprendre les paroles des tubes démontrant autant son état dépressif que le manque viscéral de son ami qui lui a rendu la vue.

Chaque musicien en a les larmes aux yeux de l’entendre chanter, toujours avec cette voix merveilleuse mais qui maintenant les emmène dans une vague de tristesse et de mélancolie indicible.

Les amis commencent à s’installer, les musiciens s’étonnant de les voir si nombreux alors que depuis quelque temps ils n’étaient plus qu’une petite dizaine à peine pour venir encore assister à la représentation.

Bien sûr personne n’en veut à personne, le groupe comprenant bien que venir passer une soirée pour pleurer n’est pas ce qui peut attirer la foule et que l’engouement joyeux qui les faisait venir avec plaisir par le passé est maintenant loin derrière eux.

Bizarrement ce jour-là ils semblent tous être venus, les musiciens s’en faisant réflexion à voix basse, le silence se fait quand Anthony monte sur l’estrade et leurs fait signe que c’est bon pour lui, il attaque alors un morceau revisité qui amène aussitôt un long frisson de nostalgie ponctué des larmes qui dès les premières paroles les prennent tous à la gorge.

***/***

« Chant (sur la base de : j’ai besoin d’un ami de Johnny) »

J’ai perdu un ami

Qui réchauffait ma vie

Pour les jours où son amour

Illuminait mes « nuits »

Un jeune homme

Presque un enfant

Mais quelqu’un qui m’a souri

Et qui m’a tendu la main

Maintenant je suis seul dans la vie

Je ne suis plus qu’un « voyant »

Et je pleure son nom

Parmi les indifférents

J’ai perdu mon ami

Qui savait m’écouter

Pour m’aider à oublier

Celui que j’étais

Maintenant je suis seul et ma vie

Est si lourde à porter

Dans le « jour infini »

Où son amour m’a laissé

J’ai perdu mon ami

Qui réchauffait ma vie

Je ne pourrais jamais oublier

Que je l’aimais

***/***

Les dernières notes sont suivies d’un silence lourd d’émotion, les nez reniflent et les bras essuient les larmes qui avaient inondé les visages.

Quand soudainement un son de guitare électrique donne le ton d’un nouveau morceau, les musiciens étonnés se retournent vers le fond de l’estrade d’où sort le son mais la pénombre les empêche de voir qui peut bien être celui qui à l’évidence manie l’instrument avec un naturel et une maestria digne des meilleurs.

Une voix enchaîne alors un nouveau morceau bien connu lui aussi, une voix toute aussi prenante que celle d’Anthony mais cette fois dans un autre registre, qui amène d’abord l’étonnement puis d’autres larmes de ceux qui au fur et à mesure comprennent que c’est une réponse pour Anthony à sa chanson précédente.

***/***

« Chanson (sur la base du : je suis seul de Johnny) »

Tu n’es plus seul

Arrête de te désespérer

Quand je te vois tendre la main

Vers tous ceux qui ne comprennent rien

Ce garçon-là, il te réapparaîtra

Et il sera là, rien que pour toi

Tu n’es plus seul

Arrête de te désespérer

Tu nous parles de ton amour

Tu n’es plus seul depuis ce jour

Au milieu de tes tourments

Je me dis qu’il est temps

La vie la vie est bien trop jolie

N’aie plus peur d’avoir perdu ton ami

Et ton amour tu peux le lui redonner

Tu vois bien qu’en ce jour tu le fais crier

Tu n’es plus seul

Arrête de te désespérer

Tu n’es plus seul !!!!!!!

***/***

Au fur et à mesure de la chanson, ils voient tous celui qui s’avance vers Anthony en le fixant dans les yeux et un murmure à peine perceptible montre que tous l’ont reconnu, les musiciens reprenant leurs instruments pour l’accompagner jusqu’à la fin du morceau.

Celui-ci se termine quand les deux garçons sont face à face, le visage ravagé d’une émotion si forte qu’à peine un souffle se fait entendre une fois que les instruments ayant porté leurs dernières notes se sont tus.

CHAPITRE 33 (Reims) (Samedi soir) (Le hangar) (fin)

Thomas est resté derrière la scène pour ne pas gâcher la surprise de Florian, il observe les visages de tous ses amis réunis pour cette soirée et l’émotion à fleur de peau qui suit cette joute musicale, lui amène à lui aussi les larmes aux yeux.

Il voit Florian prendre Anthony dans ses bras, les deux garçons se serrant l’un à l’autre dans un sanglot commun jusqu’à ce qu’ils soient rejoints dans un premier temps par les musiciens du groupe qui très vite se resserrent contre eux deux.

Les néons du plafond s’allument, dévoilant l’endroit où il se trouve et beaucoup peuvent alors l’apercevoir les yeux rougis par le spectacle auquel il a été témoin, c’est Ludovic qui le premier s’élance vers lui pour lui sauter dans les bras et le regarder dans les yeux, essuyant ses joues avec douceur.

- T’es trop beau Thomas !! Je veux être comme toi plus tard !!

- Pas de souci bonhomme, tu es déjà bien parti pour !!

- C’est vrai ??

- Croix de bois, croix de fer !!

- Hi ! Hi ! C’est un truc de gosse ça !!

- Excuse-moi, c’est vrai que tu es grand maintenant !! Tu ne vas pas faire la bise à « Flo » ??

- Il y a trop de monde après lui.

- Ce n’est pas ça qui te fait peur quand même !! Un grand garçon comme toi !!

- Bah non !! Je suis dans ses bras quand je veux, tu veux que je te montre comment ??

Thomas regarde le gamin en souriant, voyant soudainement ses yeux s’allumer de malices.

- Oh ! Oh ! Qu’est-ce que tu nous prépares encore ! Hi ! Hi !

- Tu vas voir, laisse-moi descendre !!

Thomas le dépose donc au sol, le regardant avec surprise se jeter par terre en poussant des cris de douleurs.

- Aïe !! Aïe !! J’ai mal !! Aïe !!

Bien sûr tout le monde se tourne vers lui avec inquiétude, Thomas retient un sourire en se penchant vers lui pour faire semblant de regarder sa cheville et reçoit un clin d’œil du blondinet qui en rajoute une couche, apitoyant tout le monde sur son sort.

- J’ai mal !! Aïe !! Ma cheville !! Aïe !!

Thomas amusé.

- Tu n’en fais pas un peu trop là ?

Ludovic n’a pas le temps de répondre que déjà il voit Florian arriver vers lui, le front plissé d’inquiétude.

- Aïe !!

Dans un souffle à l’oreille de Thomas.

- Comme je te le disais, quand je veux ! Hi ! Hi !

Plus fort pour que tous entendent bien.

- Aïeee !!!

***/***

J’entends les cris de Ludovic qui semble s’être fait très mal, je me fais alors un passage entre tous mes amis pour le voir étalé aux pieds de Thomas et je profite qu’il monopolise l’attention pour me rendre auprès de lui, surpris quand même du visage mi sérieux, mi amusé de Thomas.

C’est avec amusement que j’entends ce qu’ils se disent à l’oreille, comprenant l’arnaque du gamin pour être plus vite près de moi.

Bien sûr j’entre dans son jeu, trop content de le revoir et j’ai à peine mis un genou au sol pour regarder sa cheville, qu’il m’attrape par le cou en criant au miracle.

- Waouh !! Rien que le fait d’être dans tes bras et je n’ai plus mal, tu expliques ça comment ?

- Je vois que tu es toujours aussi malin.

- Tu m’as trop manqué !!

- Toi aussi tu m’as manqué !!

- Tu ne partiras plus, tu le promets ??

- Je te le promets !! C’est bon maintenant, tu peux marcher tout seul ?

- Noonnn !!!

- Ah !! C’est plus grave que je le pensais alors !! Flavien !! Tu peux venir s’il te plaît ??

Ludovic fronce les sourcils en voyant l’armoire à glace qu’est son grand frère arriver devant eux.

- Un problème ??

Flavien comprend tout de suite en voyant son petit frère mettre sa tête dans le cou de Florian en le regardant les yeux suppliants.

- Je vois !! Pour une fois que ce n’est pas après moi qu’il en a, je te le laisse volontiers !! Comme ça tu te rendras compte de ce que c’est d’avoir un petit frère ! Hi ! Hi !

Je vais pour répondre qu’il se fait quand même un peu lourd, quand la musique reprend avec cette fois-ci un son ayant perdu toute tristesse et relançant la soirée pour le bonheur de tous, qui éprouvent de nouveaux le besoin de rire et de s’amuser après toutes ces émotions.

J’arrive au bout d’un moment à décrocher la sangsue blonde lovée autour de moi pour reprendre la guitare qui était restée au sol, retrouvant alors une part de moi qui m’avait tant manqué dans l’autre réalité.

***/***

Inutile de dire que la soirée fut à l’image du plaisir de se retrouver tous et qu’un certain rouquin s’est donné en spectacle plus que de raison jusqu’à pas d’heures cette nuit-là, amusant la galerie de si belle façon que les allers-retours aux toilettes se sont faits de plus en plus fréquents, du moins pour ceux auxquels le fou rire déclenche l’irrésistible besoin de se soulager rapidement.

CHAPITRE 34 (Paris) (Dimanche matin) (Une journée encore bien chargée)

« Bureau du directeur de la DST. »

Maurice est au téléphone depuis qu’il est arrivé au bureau et peste contre tout et tout le monde, depuis qu’il a reçu pour instruction d’amener au plus vite Florian à l’Elysée pour aider au retour à l’ordre public.

Il conçoit qu’il y ait urgence de faire un communiqué officiel, mais attraper Florian c’est comme vouloir pêcher une anguille à main nue et il s’en rend encore plus compte ce matin-là, l’équipe envoyée pour sa surveillance l’ayant une fois de plus perdu de vue.

C’est justement avec Dorian et Gérôme, qu’il est en ligne en pestant comme un beau diable.

- Mais enfin !! Vous l’avez vu oui ou non ?

- ….

- Il a bien été coucher quelque part ensuite ??

-….

- Et bien qu’est-ce que vous attendiez pour aller le prendre en charge chez lui ??

- ….

- Comment ça il n’y est plus ??

- ….

- Emile ne vous a rien dit de plus ??

- ….

- Ecoutez les gars !! Retrouvez-le coûte que coûte, c’est compris ??

- ….

- Entendu !! J’attends de vos nouvelles !!

- ….

***/***

« Dans le train Reims-Paris. »

Dorian coupe la communication et regarde son copain avec un gros clin d’œil, avant de revenir vers leurs deux voisins de compartiment.

- Vous vous rendez compte de ce que vous nous faites faire les gars ??

- (Thomas) C’est juste l’histoire de quelques heures !!

- (Gérôme) Le patron va nous tuer, c’est sûr !!

- (Thomas) Antonin dit que tout est prêt !! Nous n’avons que deux visites de prévues, ensuite nous irons à Begin et nous nous mettrons à la disposition de Marcel, qui j’en suis sûr mettra tout en œuvre pour protéger Florian de la foule.

Les deux agents en entendant prononcer son prénom, jettent un œil sur le petit rouquin toujours engoncé dans ces vêtements trop grands et qui dort comme un bienheureux.

Dorian sourit tendrement.

- Crois-tu que ça l’inquiète ?? Monsieur dort comme si de rien n’était !!

- (Thomas) Faut dire aussi qu’il s’y est donné de bon cœur cette nuit ! Hi ! Hi ! Et puis de toute façon, je ne l’ai jamais vu plus de cinq minutes conscient quand il prend le train !!

- (Gérôme) Si tu profitais du voyage pour nous raconter un peu comment c’était là-bas, dans l’autre réalité ?

***/***

« Chez Yuan. »

Ce matin-là l’appartement semble bien petit tout d’un coup, les couples arrivant de plus en plus nombreux répondant à l’appel d’Antonin qui a passé une partie de la veille à les appeler un par un.

Les premiers arrivés sont Chan et Dante, que Ming a ramenés avec lui après avoir passé la nuit chez eux, ensuite sont arrivés Steven et Michael, puis Raymond, Luka et Patrick, Redwan avec Gauthier et sa coupe afro, sans oublier bien sûr Antoine en bon dernier ayant eu du mal à expliquer à son chéri qu’il devait rester chez lui toute la matinée en faisant en sorte que ses frères soient là également sans lui en dire plus.

Ce qui bien sûr a mis Jonas dans tous ses états, surtout depuis que les médias semblent de plus en plus sûrs de leurs informations et ne demandent plus si « Florian est vivant », mais bien maintenant « où est Florian », sentant bien qu’Antoine lui cache quelque chose.

Hassan arrive en bon dernier avec Omar, surpris du monde s’agglutinant dans le salon et ce n’est que quand Yuan le met au courant de la visite attendue de Florian, qu’il retrouve le sourire en comprenant mieux l’état d’excitation extrême de tous ces jeunes adultes.

***/***

« Chez les Novak, chambre des triplés. »

- (Jordan) J’espère que tu as une bonne raison de nous retenir à la maison un dimanche, nous devions retrouver les filles pour passer la journée ensemble !!

- (Jonas) C’est Antoine qui me l’a demandé, vous ne vous demandez pas plutôt pourquoi ??

- (Johan) Un rapport avec les événements de ces derniers jours ??

- (Jonas) C’est aussi ce que je pense !! Antoine n’était pas comme d’habitude !!

- (Jordan) Comment ça ??

- (Jonas) Il était joyeux, souriant mais aussi énervé comme un pou !! Je pense que le fait que Yuan soit revenu et qu’Antonin soit avec lui ne soit pas anodin, rajoutons à ça le bordel qu’il y a dehors et je mettrai ma main à couper que nous allons avoir de la visite, une visite qui va nous transformer en madeleine je vous le dis.

- (Jordan) Ça expliquerait pourquoi papa est pire qu’une pile électrique depuis quelques jours !!

- (Johan) J’ai une idée pour en savoir plus !!

Il ouvre la porte de la chambre en ouvrant ensuite celle d’à côté.

- « Coco » !! Debout !! J’ai une mission pour toi !!

- Rhaa !! Toujours prêt capitaine !! Rhaa !!

Un bruit d’ailes avant que le fameux « Coco » n’apparaisse et se pose sur l’épaule de Johan.

- Ton maître est de retour, va donc jeter un œil par là-bas et reviens nous dire si la rumeur qui court est bien réelle !!

- Rhaa !! Rumeuurrr !! Rhaa !! Quellllle ruuumeuurrrr !! Rhaa !!

- Celle qui dit que Florian serait revenu !!

Le perroquet reste un instant comme s’il n’avait pas compris, jetant un coup d’œil vers le sol en hésitant, ce qui fait rire Jonas.

- Un peu haut pour faire le mort ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 35 (Paris) (Dimanche midi) (Aux alentours de Bégin)

D’avoir revu quasiment tous nos amis, nous a donné une pêche terrible et l’émotion des premiers instants a vite succédé à la joie des retrouvailles, où il a fallu une fois de plus répondre à la curiosité générale somme toute bien naturelle.

Réponses qu’il a fallu donner une fois encore avec les triplés, Jonas étant resté tout le temps de notre présence chez eux pendu à mon cou sans vouloir me lâcher, tellement le plaisir tout en émotion de notre retour pouvait se lire dans ses yeux.

Ses frères plus pudiques n’en ont pas été moins émus, simplement ils sont restés dans leur virilité toute masculine à ne pas vouloir extérioriser plus que nécessaire ce qui pourtant transparaissait de façon évidente dans leurs comportements.

Le tempo étant des plus serrés, il nous a fallu assez vite les laisser eux aussi, en promettant de se revoir très vite pour passer un moment afin de mieux connaître leurs fiancées car à part Benjamin que j’ai soigné et sa mère que j’ai pu voir à cette occasion, les deux sœurs restent pour moi comme pour Thomas quasiment de parfaites inconnues.

C’est donc en fin de matinée que nous nous retrouvons non loin de Bégin, ayant pu éviter les diverses manifestations en jouant de mes connaissances de la ville pour prendre des rues annexes longeant les grandes avenues noires de monde.

Thomas regarde autour de lui depuis que nous avons décidé de partir à pied.

- A quoi tu penses grand ?

- Juste qu’il ne faudrait pas que quelqu’un nous reconnaisse !!

- Il n’y a pas de danger avec nos accoutrements ! Hi ! Hi !

- Rigole pas « Flo », si ça arrivait je ne sais pas ce qu’il se passerait !! C’est plutôt flippant tous ces gens qui scandent ton prénom, tu ne trouves pas ?

- Tu as raison, je ne pensais pas être devenu aussi populaire, surtout une fois mort !!

- J’en avais déjà eu une petite idée avant de te rejoindre, mais là ça dépasse de loin tout ce à quoi je m’attendais à retrouver !! Mais regarde-moi ça !! Il y a des flics partout !!

- -Allez !! Avance, gros !! Ils sont loin d’imaginer que nous sommes parmi la foule, par contre ça va être coton de passer la grille !! Si nous cherchons à nous en approcher, c’est là qu’on risque de commencer à se demander ce qu’on veut.

- Tu proposes quoi, alors ??

- Il nous faut de l’aide, sinon nous ne passerons jamais avec tout ce monde !!

- Tu penses à quoi ??

- Tu connais l’histoire du joueur de flûte ??

- Bien sûr, mais je ne vois pas ce…non !! Tu n’as quand même pas l’intention…si ??

- Mon avis que d’ici pas longtemps le chemin sera dégagé ! Hi ! Hi ! Viens par ici !! Cachons-nous derrière cet immeuble le temps que tout le monde soit parti, manquerait plus qu’on se fasse renverser à cause de l’effet de panique !!

- Tu ne peux pas trouver autre chose ?? Imagine si quelqu’un venait justement à être blessé dans la panique ??

- Tu as raison, c’est en t’en parlant que je me suis fait la même réflexion !! Bon !! Donc on n’a plus trop le choix !! Il y a une porte plus loin, elle est gardée mais il devrait y avoir moins de monde et puis avec un peu de chance je connaîtrai le planton qui la surveille pour qu’il nous ouvre sans faire trop d’histoire, on va faire un détour par derrière ces bâtiments de façon à éviter un maximum à avoir à se mêler à la foule.

***/***

« Porte de service, Bégin. »

Encore trois quarts d’heure avant la relève se dit le militaire de garde, curieux d’aller à son tour voir ce qu’il se passe du côté des grilles d’où il entend les slogans répétitifs de la foule en délire réclamant de savoir où peut bien être Florian De Bierne.

Le jeune homme a un sourire triste quand il repense au jeune rouquin du temps où il faisait la une des conversations au sein de la caserne, sa gentillesse avec tout le monde et surtout sa façon toujours amusante de remettre en cause la hiérarchie militaire.

Encore aujourd’hui, il entend encore souvent vanter ces capacités hors normes dans sa façon qu’il avait à traiter les cas les plus difficiles et beaucoup lui doivent d’avoir retrouvé la santé après être passés entre ses mains.

Un crissement de pas sur le gravier le fait se redresser pour reprendre une position plus protocolaire, bien lui en prend quand apparaît un capitaine qui très certainement fait un tour d’inspection rendu nécessaire du fait de l’état ambiant d’agitation autour de l’enceinte de la caserne.

- Rien à signaler soldat ??

- Tout est calme mon capitaine !!

- Très bien !! Restez vigilent !!

L’officier lui rend son salut et s’apprête à poursuivre son chemin quand le planton ose reprendre la parole.

- Excusez-moi mon capitaine !!

- Oui soldat ??

- Vous croyez que les gens ont raison ?? Que Florian serait toujours en vie ??

Le capitaine hésite, puis sourit.

- Je peux vous dire qu’étant un de ses amis, c’est ce que je souhaite le plus au monde !! Maintenant il n’y a pas de fumée sans feu !!

Une voix derrière la porte répond avec ironie.

- Tu n’aurais pas une allumette « Philsou » ?? Juste pour allumer ton feu, tu comprends ?? Hi ! Hi !

Philippe sent comme un étau lui enserrer la poitrine, il regarde le planton qui comme lui fait des yeux ronds de ces paroles sorties d’un ton amical depuis l’autre côté de la porte mais dont le timbre de voix ne lui semble pas inconnu.

- Capitaine ??.... J’attends vos ordres !!

- Mais ouvre donc bougre d’âne !!

CHAPITRE 36 (Paris) (Dimanche début d’après-midi) (Besoin de protection)

« Chez les Désmaré. »

Maurice est rentré chez lui pour rejoindre sa famille, le fait d’attendre à son bureau ne lui servant pas à grand-chose si ce n’est de tourner comme un lion en cage, puisqu’il sera averti dès qu’un fait nouveau surviendra et il sera toujours temps alors d’y retourner le cas échéant.

Il a donc pris son repas en famille, ce qui lui a changé les idées et surtout lui a permis de déstresser quelque peu, même s’ils sont tous à garder un œil sur le téléviseur.

Ramirez venu dès qu'il a appris la nouvelle et Erwan, sont assis côte à côte sur un coin de canapé à se câliner, tandis que Martine aidée de Coralie, apportent les cafés.

Maurice sourit de contentement d’avoir sa petite famille auprès de lui, profitant du havre de paix qui lui redonne la force nécessaire au moment de reprendre son travail.

« Ding ! Dong ! »

Son premier regard va vers son téléphone, vérifiant qu’il n’a pas raté un quelconque appel urgent et une fois rassuré que ce ne soit pas le cas, il fait signe qu’il s’en occupe en se levant pour aller ouvrir.

Quelle n’est pas sa surprise quand Victor avec deux de ses hommes se retrouvent devant lui, le visage soucieux des mauvais jours.

Maurice les fait entrer pour leur indiquer d’un geste de la main la direction de son bureau, cela afin de ne pas inquiéter plus que nécessaire sa famille sur un problème de travail.

Ce n’est qu’une fois enfermé avec eux, qu’il s’assoit dans son fauteuil en n’attendant pas plus longtemps pour prendre la parole.

- Florian ??

- (Victor) Oui patron !! Nous l’avons retrouvé, ou pour être exact nous avons été avertis d’où il se trouvait !!

- Où ça ??

- Il est arrivé juste aux alentours de midi à Bégin, ça nous a été confirmé !!

- Voilà qui est plutôt rassurant !! Pourquoi faites-vous cette tête-là ??

- Je m’inquiète pour sa sécurité patron !! D’après mes renseignements, il y a une foule compacte qui est de plus en plus nerveuse devant les grilles et l’effectif de garde semble insuffisant au cas où sa présence là-bas serait découverte, le week-end ne sont présents que les médecins de semaine avec quelques infirmiers ainsi qu’un minimum de soldats.

- Quelqu’un d’autre est au courant ??

- Je ne pense pas patron !! Nous avions retrouvé sa trace grâce à mes fils qui m’ont prévenu de sa visite, ce sont eux qui m’ont donné la piste pour Bégin et quand j’ai appelé là-bas pour en avoir la confirmation, le capitaine Malherbe me l’a confirmé en s’inquiétant justement du peu d’effectif sur place en cas de pépins !!

- Très bien !! Je m’en occupe !! Des nouvelles de vos collègues ??

- Dorian et Gérôme sont arrivés au bureau juste quand vous le quittiez patron !! Ils avaient d’après eux retrouvé leurs traces jusqu’à la gare de l’Est, ils les ont perdus de nouveau ensuite !! C’est du moins ce qu’ils prétendent patron et si vous voulez mon opinion, je trouve leur histoire plutôt louche !!

- A quoi penses-tu ??

- Qu’ils étaient de connivences avec Florian et Thomas, leur rapport est cousu de fils blancs et ne passerait pas un interrogatoire un peu plus poussé, j’ai le nez quand on me mène en bateau et là patron, c’était un paquebot ou je me fais curé !!

- (Maurice) Et bien mon « père », ce ne sera pas la peine d’en arriver là ! Hi ! Hi !

- (Victor) Ça vous fait rire patron ??

- N’en auriez-vous pas fait de même, s’il vous l’avait demandé ??

Victor gêné se tourne vers ses deux collègues qui se fendent d’un sourire entendu, il sourit à son tour en revenant vers son patron, les deux mains jointes devant sa poitrine comme en prière.

- Amen !!

Maurice malgré le contexte éclate de rire, heureux d’apprendre malgré tout que tout cela est bien réel et que Florian a été retrouvé.

- Hi ! Hi ! Bon !! Plaisanterie mise à part, vous ramassez tous les hommes disponibles et vous foncez à Begin, essayez de la jouer discrète si vous le pouvez !! J’avise pour ma part les autorités militaires afin qu’ils envoient sans tarder des renforts, nous allons sonner le banc et l’arrière banc des forces républicaines ! Hi ! Hi ! Tout ça parce que notre petit rouquemoute est de retour, rendez-vous compte de l’importance qu’il représente !!

C’est à ce moment précis qu’Erwan arrive en panique.

- P’pa !! Ils l’ont retrouvé !! Les infos viennent de l’annoncer !! Paraît qu’il est à Bégin et la foule s’acharne déjà sur les grilles !!

Maurice se lève d’un bond, devenu blême d’un coup.

- Allez, les gars on se bouge !! Je pense que cette fois ci, la plaisanterie est terminée !! Plus besoin de discrétion alors foncez !!

CHAPITRE 37 (Paris) (Dimanche début d’après-midi) (Bégin)

« Sur la place d’armes. »

- (Philippe) Pourquoi a-t-il fallu que tu enlèves ton sweet-shirt ??

- J’avais trop chaud dessous et puis nous étions loin des grilles !!

Philippe lève un doigt au ciel.

- Tu n’as donc pas vu les hélicos là-haut ?? Je suis sûr que les images qu’ils prennent de toi sont déjà envoyées en direct sur les ondes !!

- (Thomas) Faudrait faire quelque chose rapidement, les grilles ne tiendront pas longtemps !! Mais qu’est-ce qu’ils veulent à la fin !! Ça devient flippant !!

- (Philippe) C’est l’effet de foule !! Une fois en route, ça va être difficile de les arrêter !!

- Mais enfin « Philsou » !! Ils ne me veulent rien de mal !! Pourquoi paniquez-vous tous comme ça ??

- Parce que souvent vouloir trop de bien a le même effet que son contraire, ils t’aiment tous j’en suis certain mais je ne prendrais pas le risque qu’ils puissent t’approcher de trop près tant que l’agitation ambiante ne se sera pas calmée !!

- Et tu vas faire quoi contre cette marée humaine ?? Laisse-moi plutôt aller leur parler !!

- (Philippe) Tu m’écoutes quand je te parle ??

- (Thomas) Je crois qu’il a raison « Flo » !! Ecoute comme ils sont tous hystériques ??

- Comme vous voulez !! Tu vas faire quoi maintenant ??

- (Philippe) Les autorités sont prévenues, nous allons renforcer les grilles le temps que des renforts arrivent en priant que certains ne tenteront pas de passer par-dessus les murs malgré les barbelés !!

Philippe s’avance vers plusieurs soldats qui sortent d’un bâtiment pour aller en renfort et il les arrête au passage.

- Sortez les camions et allez les placer contre les grilles, une fois chose faite vous en ferez autant des portes secondaires quand c’est possible !!

- A vos ordres mon capitaine !!

- Et puis déposez vos armes !! Je ne veux pas d’incidents avec des civils, en plus ce n’est pas ça qui aidera à leur rendre leur calme !!

Il revient ensuite vers les deux garçons qui restent figés au milieu de la place.

- Rentrez dans le bâtiment vous deux !! Ça ne sert à rien de vous exposer comme ça à la vue des caméras !! Je vous rejoins en salle de briefing dès que j’ai des nouvelles, allez-y !! Tu sais où elle se trouve Florian !!

- Mais…

- Faites ce que je vous demande, il n’y a que comme ça que je pourrais m’occuper du reste plus sereinement !!

- Bon d’accord !!

Une fois qu’ils sont suffisamment éloignés, Philippe met son talkie devant son visage pour mettre un autre de ses plans à exécution, en priant que celui-ci fera réfléchir les médias et qu’ils relaieront l’information.

- Ils arrivent !! Mettez les caméras en route et zoomez bien sur eux deux, je veux que tout soit net quand vous transmettrez en direct leur conversation !!

- « Crac » Bien reçu mon capitaine « crac »

Philippe remet son talkie à sa ceinture en bougonnant pour lui seul.

- Bon !! À vous de jouer maintenant, j’espère que vous avez des choses intéressantes à vous dire sur ce qu’il vous arrive !!

***/***

« Une fois seul à l’intérieur de la salle de briefing. »

J’observe Thomas qui est blanc d’inquiétude, venant alors me serrer contre lui pour tenter de le réconforter.

- Vous vous faites tous une montagne de tout ça, il n’y a aucune raison d’avoir peur !!

- Va leur expliquer ça !! Tu ne vois pas comment ils sont excités dehors ??

- J’avoue que je suis surpris moi aussi !!

- Ils t’ont cru mort « Flo » !! Nous t’avons tous cru mort, tu comprends ??

- Heureusement qu’ils s’en sont aperçus à temps que ce n’était pas le cas, sinon je me serais réveillé au fond d’une tombe !! Brrr !!

- Ils n’auraient pas dû le cacher comme ils l’ont fait !! Tu vois ce que ça donne maintenant ??

- Eux aussi me croyaient perdu, que voulais-tu qu’ils leur disent ?? Que mon corps vivait encore ?? Qu’ils ne savaient pas comment me faire revenir ?? Honnêtement, je pense qu’à leurs places j’en aurais fait autant !!

- Oui mais tu es là bien vivant, la preuve qu’il y avait un espoir !!

- C’est pour toi que je suis revenu Thomas !! Je te sentais si malheureux et je pensais ne pouvoir rien y faire, c’est la force de notre amour qui m’a permis de trouver l’énergie et la volonté suffisante pour revenir, sans toi pour eux je serais toujours mort !!

- C’est pour ça que j’ai peur mon chéri !! J’ai peur que sans le vouloir ces gens te fassent mal, j’ai peur qu’ils ne te laissent plus ta liberté et qu’à cause d’eux nous soyons de nouveau séparés, je t’aime trop pour y survivre une deuxième fois.

- Ils finiront bien par le comprendre !!

- Puisses-tu dire vrai !!

J’embrasse mon Thomas avec les yeux couverts de larmes, lui aussi y met tout son cœur et nous restons un long moment enlacé, prolongeant ce baiser qui nous réconforte dans cette tourmente.

***/***

« Quelques minutes plus tard. »

Un lieutenant court en direction du capitaine, visiblement pressé d’apporter des nouvelles.

- Mon capitaine !!

- Oui lieutenant ??

- Il se passe des choses bizarres à la grille mon capitaine, les gens commencent à reculer sans raison apparente !!

Philippe sourit en levant les yeux au ciel, il voit les taches sombres des hélicos s’éloigner à leur tour et il se dit que ce qui les intéresse maintenant vient plus de la foule qui doit commencer à se disperser, montrant ainsi l’effet rapide des retransmissions qu’ils ont reçues et relayées depuis les différentes régies.

Retransmissions largement diffusées en direct sur toutes les antennes radios aussi bien que télévisuelles, faisant comprendre l’énorme malentendu occasionné par tous ces rassemblements populaires ainsi que le mal-être, voire l’inquiétude palpable pour leur sécurité, ressentie par Florian et surtout par Thomas, due à une pression médiatique poussée jusqu’à la déraison.

CHAPITRE 38 (Paris) (Dimanche fin d’après-midi) (Saute d’humeur)

Les rues de la capitale comme partout ailleurs dans le pays, se sont brusquement vidées de toutes ces démonstrations d’hystérie pour retrouver à quelques exceptions près, le calme habituel d’un dimanche en fin d’après-midi.

Seuls quelques groupuscules jusqu’au-boutistes se sont regroupés autour du palais de l’Elysée, plus pour demander des comptes au gouvernement que pour chercher une vérité qui a été révélée par celui-là même pour qui ils se posaient la question.

Que ce soit les images ou tout simplement la bande sonore qui passe en boucle depuis qu’elles ont été enregistrées, ont bien fait comprendre que ces garçons n’aspirent qu’à être considérés comme tout un chacun et qu’ils devront à l’avenir en tenir compte pour leur laisser tout simplement la liberté de vivre.

***/***

« Bégin »

Le général Mathéi tout comme beaucoup d’autres ce jour-là, sont revenus prendre leur poste en quatrième vitesse dès l’annonce de la présence de Florian et il se remet à peine de ses émotions d’avoir pu serrer à nouveau contre son cœur les deux garçons.

Antoine, Valérie et Romain, sont eux aussi tout excités d’avoir retrouvé leur ami, la question de reformer l’équipe lui a été bien entendu posée et sa réponse affirmative n’a pas manqué de les faire exploser de joie, comprenant qu’ils continueraient ainsi à se voir alors qu’ils craignaient que Florian ne leur soit plus aussi accessible au vu de sa notoriété.

***/***

« Bureau du directeur de la DST. »

Maurice sourit comme un enfant à son premier tour de manège, il regarde les yeux brillants de pur bonheur le tableau d’Épinal que forment toutes les personnes qui lui sont les plus chères et qui pour ceux de sa famille sont venues avec lui sans qu’il n’ait son mot à dire, retrouvant quelques heures plus tard les deux disparus ramenés par Victor et ses hommes, sans incidents notoires depuis Bégin.

Les premières minutes ont été comme de bien entendu exclusivement consacrées à la forte émotion due aux retrouvailles, pour ensuite après les explications tant de fois racontées par Florian, revenir dans cette ambiance quasi familiale telle qu’elle était par le passé.

Coralie ne quitte pas les genoux de Florian qui l’embrasse souvent sans raison, juste pour le plaisir de câliner sa petite princesse comme il se plaît à l’appeler, celle-ci toujours aussi subjuguée par la beauté irréelle de Thomas qu’elle dévore des yeux dès qu’elle ne se croit plus observée.

Erwan et Ramirez ont répondu aux questions de Florian une fois qu’eux-mêmes ont eu toutes les réponses qu’ils attendaient de lui, Erwan est ravi d’apprendre la reconstitution de l’équipe et pour son compagnon la promesse de la prochaine visite de ses deux amis au cirque pour assister à son nouveau spectacle.

Martine comme Victor qui lui aussi est resté avec eux, se contentent comme Maurice de sourire en ressentant bien toute cette joie retrouvée et qui fait plaisir à voir, les derniers mois semblant soudainement n’avoir jamais existé.

- (Maurice) Je ne voudrais pas gâcher cet instant Florian, mais il va falloir qu’on y aille !! Le président nous attend !!

- A cette heure-là ??

- (Maurice) En fait depuis plusieurs heures ! Hi ! Hi !

- Il n’est pas un peu trop vieux pour veiller si tard ??

- Floriannnn !!!

- Pffttt !! Bon d’accord !! Mais je te préviens, pas longtemps !! Yuan nous attend chez lui pour dîner et pour coucher !!

- (Maurice) Mais enfin mon garçon, c’est du président que nous parlons !!

- Oui et alors !! Déjà une, il aurait pu avoir la politesse de demander si nous étions disponibles !! Non mais !!

Je regarde Maurice qui en a les yeux qui sortent de la tête d’ahurissement.

- Eh bien oui, quoi !! Ce n’est pas mon père que je sache !!

- (Thomas) Oulah !! La pendule est remontée à bloc là, vaudrait peut-être mieux reporter ça à demain !!

- (Maurice) Il n’en est pas question et toi tu arrêtes de faire ton gamin capricieux !! Tu crois quoi ?? Que tu vas reprendre tout comme avant sans un minimum d’explication sur tout ça ?? Tu rêves là mon grand, tu t’en rends compte j’espère !!

- Je sais très bien tout ça, juste que je ne vois pas l’utilité d’une telle urgence !! Mais comme je ne veux pas me disputer avec toi, allons-y donc le voir ton président !!

Maurice va pour répondre que c’est aussi le sien, quand il voit le signe de Thomas lui faisant comprendre de ne pas remettre d’huile sur un feu là où les braises sont déjà bien ardentes et il se contente donc de se lever en faisant signe qu’il est temps d’y aller, inquiet malgré tout de ce que va donner cette rencontre si Florian entre-temps ne s’est pas calmé, tout en comprenant quelque part son manque de motivation ainsi que sa mauvaise humeur, sachant pertinemment qu’il avait prévu de consacrer cette journée exclusivement au plaisir de revoir ses amis Parisiens.

CHAPITRE 39 (Paris) (Dimanche fin d’après-midi) (Mise au point des intentions futures)

Le trajet se fait dans un silence qui a le don de mettre Maurice mal à l’aise, Florian s’étant plongé dans son carnet à prendre des notes rapides sans plus se préoccuper de ce qui l’entoure.

Thomas pour sa part ayant préféré qu’on le ramène chez Yuan pour y attendre son chéri, ne se sentant pas l’envie de l’accompagner là où il sait très bien qu’il n’a pas sa place.

Ce n’est qu’une fois la grille principale passée, que Florian lève enfin les yeux pour refermer d’un claquement sec son calepin en montrant bien par ce geste, qu’il n’est là que par obligation et non par sa propre décision, accentuant encore plus qu’il n’en faut le malaise de Maurice.

- Ce ne sera pas long !!

- Si tu le dis !!

- S’il te plaît Florian, si tu ne le fais pas pour lui fais le pour moi !! Prends ça comme un service que je te demande !!

Ce n’est qu’à ce moment-là que je me rends compte de son air préoccupé, voire malheureux de m’amener ici contre mon gré et c’est sans doute ça qui me fait revenir à de meilleures dispositions, lui adressant un petit sourire qui je le vois bien lui remonte d’un coup le moral.

- Je vais faire un effort, mais c’est bien pour te faire plaisir !! Mais je te préviens, on ne traîne pas ici et tu me ramènes direct chez « Yu » après ça !!

- Merci !!

- S’il y a quelqu’un à remercier ici, c’est toi pour tout ce que tu fais pour moi !! J’ai dû te paraître bien ingrat avec mes caprices, excuse-moi !!

- Et bien n’en parlons plus, on mettra ça sur le coup de la fatigue !!

- Heu !! Ce n’était pas vraiment ma source de motivation ! Hi ! Hi !

Maurice aperçoit la lueur dans l’œil mi amusée, mi excités du jeune rouquin et il préfère donc ne pas épiloguer plus longtemps sur ce qui le pousse à se retrouver aussi vite chez son ami.

***/***

« Bureau du président. »

Cela fait maintenant un bon quart d’heure que la discussion va bon train entre le président et Florian, rassurant tout à fait Maurice qui au début tendait le dos en s’attendant à un clash ou a minima une réflexion du plus jeune.

En fait l’ambiance est plutôt bon enfant, les deux protagonistes ayant sans doute apprécié autant l’un que l’autre la façon peu orthodoxe qu’a mis Florian à venir embrasser celui qu’il a appelé « Papy » d’un naturel si déroutant, qu’il en a fait sourire le président, se rappelant une autre rencontre auquel le souvenir lui en reste encore fortement marqué dans sa mémoire.

Le premier quart d’heure consistant essentiellement pour Florian à répéter une fois de plus son histoire, ce n’est donc qu’ensuite qu’ils purent aborder d’autres sujets beaucoup plus terre à terre ceux-là.

Ce n’est qu’une fois rassuré sur les intentions de Florian à poursuivre sa vie comme par le passé, que le président retrouve un regain de bonne humeur tout en lui posant quand même quelques questions d’ordre plus politique qui lui tiennent particulièrement à cœur.

Questions on s’en doute bien essentiellement portées sur les futures découvertes et avancées importantes dans les domaines auxquels semble exceller le jeune homme.

- J’ai déjà commencé à réfléchir sur quelques pistes qui me semblent prometteuses. Nous en resterons donc à notre précédent accord ainsi que pour tout ce qui est des futurs brevets, dès lors que l’autorisation de fabrication qui restera il va de soi nationale, n’entravera pas une distribution mondiale au profit de tous !! Pour les découvertes d’ordre technologique s’il y en a, elles devront être mises gratuitement à la disposition de tous et ce tout simplement parce qu’en cas contraire, elles pourraient occasionner un trop grand déséquilibre des forces entre les pays, en créant des tensions qui se termineraient nécessairement par des conflits !! Ce qui n’est pas du tout dans mes intentions !!

- De quels genres de découvertes parles-tu ??

- Il s’agit principalement d’énergie propre ou encore d’avancées dans certains domaines bien spécifiques, que ce soient écologiques ou spatiales.

- Spatiales ???

- L’espace sera forcément un jour l’avenir de l’homme, les avancées actuelles n’en sont qu’au balbutiement et si je peux donner un coup de pouce…. J’avais d’ailleurs commencé avant d’être projeté dans cette autre réalité, à étudier quelques améliorations sur les principes actuels de propulsion !! Surtout pour en améliorer les rendements, les réacteurs de fusées consommant trop de matières fossiles et seront vite un facteur d’épuisement des ressources si nous continuons dans cette lancée.

- (Maurice) Mais où vas-tu chercher tout ça !! C’est quand même dément, à t’entendre ça paraît aussi simple que de sortir un nouveau jeu vidéo !!

- Le cerveau est une machine qu’il faut toujours pousser dans ces extrêmes, il n’y a que comme ça qu’on peut espérer en sortir quelque chose de concret et j’aime beaucoup repousser mes limites, ça me stimule tout autant qu’une bonne partie de sexe ! Hi ! Hi ! Oups !! Excusez-moi les gars, je m’égare !! Sans doute parce qu’il est temps pour moi de retrouver mes amis, j’ai assez fait travailler mon cerveau pour aujourd’hui alors c’est au tour disons… du reste, si vous m’avez suivi !!

Maurice observe stupéfait les réactions du président qui d’attentif pendant les explications économiques du début, est devenu soucieux des répercussions de ces éventuelles découvertes technologiques et se termine par une envie de rire difficilement contrôlée suite aux dernières paroles suffisamment explicites sur les intentions de Florian pour passer la soirée à venir.

CHAPITRE 40 (Paris) (Dimanche soir) (Où on prévoit de faire travailler autre chose que ses méninges)

« Appartement de Yuan. »

Thomas éclate de rire très vite rejoint par Antonin, alors qu’ils étaient tranquillement installés avec Yuan dans la cuisine à préparer le repas du soir pour quand Florian rentrera.

Yuan surpris se retourne vers eux en se demandant si tout tourne bien dans leur tête, même si de les voir comme ça rire aux éclats lui donne une bouffée de chaleur dont la nature n’est plus à démontrer.

- Ça vous prend souvent ??

- (Thomas) Il y a des fois où je me dis que rien ne l’arrête celui-là ! Hi ! Hi !

- De qui tu parles ??

- De Florian pardi !!

- Je ne me ferais jamais à votre liaison mentale !! Profitez-en pour savoir quand il rentre, de façon à mettre le four en route !!

Observant toujours du coin de l’œil Thomas qui n’arrête pas de ricaner malgré lui.

- Tu pourrais faire profiter les copains ??

Thomas lui explique en quelques mots la conversation de Florian avec le président, du moins la partie finale où il est des plus clairs dans sa façon de prévoir comment terminer la soirée.

Yuan bien sûr en a les yeux qui étincellent rien qu’à la perspective de se retrouver tous les quatre dans sa chambre, Patricia pour sa part étant restée à Reims pour profiter quelques jours de plus de sa famille après son long séjour en Chine.

- Dire « excusez-moi les gars » au président, il ne manque pas d’aplomb le rouquin !!

- (Antonin) C’est du « Flo » tout craché ça !! Moi ce que j’en retiens, c’est que nous n’allons pas encore beaucoup dormir cette nuit !!

- (Yuan) Comme si ça te dérangeait ?? Hi ! Hi !

- (Thomas) Pour répondre à ta question de tout à l’heure, tu peux mettre en route !! Ils viennent juste de repartir !!

- Ok chef !! No problème, c’est comme si c’était fait !!

Pendant que Yuan règle l’heure de cuisson, Thomas et Antonin vont s’installer dans le salon, le blondinet s’asseyant face à Thomas sur ses genoux pour l’embrasser langoureusement en se trémoussant du bassin pour bien faire monter la température du grand blond, qui devient vite cramoisi d’envie en lui dévorant la bouche.

Yuan arrive sur ces entrefaites, restant un instant ébahi devant le spectacle.

- Vous pourriez attendre qu’on soit tous là quand même, bande d’affamés !!

Antonin se tourne vers lui avec un grand sourire.

- C’est juste pour chauffer le rouquemoute !! Tu verrais la tête qu’il tire dans la voiture ! Hi ! Hi !

- (Yuan) Ça va être chaud bouillant si vous commencez à le prendre par les sentiments ! Hi ! Hi !

Antonin avant de reprendre les lèvres de Thomas en continuant à faire ses mouvements lascifs des reins.

- C’est fait un peu pour aussi !!

- (Thomas) Hummm !!!

***/***

« A l’arrière de la voiture. »

Putain les salauds !! Voilà que je bande comme un poney alors que Maurice discute de je ne sais trop quoi, trop pris par le spectacle d’Antonin pour l’écouter.

Celui qui me chauffe le plus c’est « Yu » avec sa façon de les regarder sans oser encore participer, restant debout le sexe faisant une barre sans équivoque dans son pantalon, sous l’œil tout aussi excité que moi de Thomas pendant que « Tonin » continue à le mettre en transe.

- Tu m’écoutes Florian ??

- Hein !! Heu, non excuse-moi j’étais ailleurs !!

Maurice se retourne pour me regarder en profitant qu’il n’est cette fois que passager lui aussi, ne ratant pas mon geste de mettre mes mains sur mon bas-ventre pour cacher du mieux possible mon érection.

- Bah tiens donc !! J‘imagine bien où vont tes pensées !! Tu étais donc tant que ça en manque dans l’autre réalité ??

- Bah non au contraire !! Mais ce n’était pas du tout pareil !!

- Ah !! Tu étais pourtant bien là-bas aussi avec ta petite bande de…copains ??

- Tu aimes Martine pas vrai ??

- (Maurice) Bien sûr je ne vois pas le rapport !!

- Alors imagine que tu te trouves avec une autre Martine, exactement la même et que tu fasses l’amour avec elle, ce serait sans doute très bien aussi mais ça ne serait pas ta femme !! Physiquement c’est kif-kif bourricot, mais mentalement elle ne saurait pas ce que tu aimes ni tout ce que vous avez expérimenté pendant toutes ces années de vie commune et pire encore imagine si elle n’a pas les mêmes goûts ni les mêmes envies, je ne rentre pas plus dans les détails car je pense que tu m’as très bien compris !!

- Reçu cinq sur cinq !! Je n’avais pas vu ça comme ça !! Ça doit être plutôt flippant quand j’y pense !!

- Surprenant surtout !! Oui c’est ça, surprenant !!

CHAPITRE 41 (Paris) (Lundi matin) (La vie reprend)

J’ai la surprise en me réveillant le premier ce matin-là, de n’avoir qu’Antonin à mes côtés dans le grand lit de la chambre de Ming et qui sert de chambre d’amis, quand il est absent.

La nuit me revient alors en mémoire, très chaude il me faut bien le reconnaître avec un petit sourire satisfait aux lèvres mais surtout étonnamment câline, loin des nuits d’orgies de l’autre réalité.

C’est vers les trois heures du matin si mes souvenirs sont bons, que Thomas et Yuan, nous ont laissés pour continuer à deux dans l’autre chambre, sans en dire plus sur leur décision tout simplement parce qu’ils en éprouvaient l’envie alors que pour ma part je me sentais particulièrement bien dans les bras de « Tonin ».

Une nuit donc très agréable comme j’aimerais en connaître plus souvent et c’est en me redressant sur les coudes pour regarder mon petit blondinet dormir, que celui-ci s’éveille en ouvrant d’abord un œil curieux pour venir aussitôt après se blottir contre moi et me donner un baiser tout en tendresse, que je lui rends en passant mes mains sur son dos jusqu’à prendre fermement ses deux belles fesses qui se creusent de plaisir sous mes doigts.

- Tu as bien dormi ??

- Hum !! Oui !! Depuis votre retour je dors comme un bébé !!

- C’est sûrement parce qu’on t’avait privé trop tôt de ta tétine ! Hi ! Hi !

Antonin sourit en descendant lentement vers mon entrejambe tout en passant des petits coups de langue sur ma peau au passage, il arrive finalement là où était son intention d’aller et tète mon gland pendant quelques secondes, me regardant dans les yeux en le lâchant un instant.

- J’aime trop mon gros « nin-nin » pour en être sevré si jeune !!

Son regard se reporte sur mon sexe bandé avant de revenir me fixer, visiblement amusé.

- Enfin !! Quand je dis « nin-nin » c’est un lapsus ! Hi ! Hi !

- Et bien qu’est-ce que tu attends alors ??

- ??

- J’aime bien quand tu me fais des lape-suce ! Hi ! Hi !

Antonin à l’œil qui s’allume de convoitise quand il revient pour s’occuper de sa gourmandise favorite, j’avoue que j’éprouve quasiment autant de plaisir à sentir sa bouche sur mon sexe qu’à le regarder faire, tellement il est à son affaire à me téter la queue comme un enfant se jetant affamer sur un bonbon qu’il dévorait des yeux depuis toujours et qu’on vient de lui offrir.

Bien sûr le bonbon malgré qu’il soit bien dur, n’arrête pas néanmoins de se tendre à chaque becquée jusqu’à ce qu’il libère son sirop épais qui est avalé goulûment par mon grand bébé visiblement heureux de déguster cette manne abondante directement à la source.

Il va de soi que je lui rends aussitôt la politesse, ma bouche happant en entier le perco qui après un doigt inquisiteur dans son intimité m’envoie en direct un expresso bien tassé.

***/***

« Pendant le petit-déjeuner. »

J’en suis à ma troisième bolée de café, quand Yuan pose la question sur nos intentions quant à la dernière semaine avant la reprise des cours.

- On pourrait rejoindre Raphaël et Éric au camping où ils ont promis à Jean de l’aider à finir la saison ?

- (Thomas) Bonne idée ça !! De toute façon après nous devrons attendre la Toussaint avant de pouvoir nous réunir à nouveau, Franck m’a prévenu que c’était sa dernière année avant qu’il ne me laisse la main, alors je vais certainement être très occupé ces prochains mois.

Yuan voit bien le regard indécis que pose Antonin sur Florian, comprenant ce qui le préoccupe et comme il connaît bien le petit blond qui reste parfois dans une timidité déconcertante quand il s’agit de lui principalement, il amène lui-même le sujet qui sans doute tracasse le blondinet en ce moment.

- Et toi « Flo » ? Tu prévois quoi maintenant que tu es revenu ?

- Rien de spécial en fait, je compte reprendre mes activités comme avant avec « Tonin » !! Sauf si bien sûr il a autre chose de prévu, je sais bien qu’après plusieurs mois d’absence de ma part il a sans doute pris d’autres engagements !!

- (Antonin) J’aidais surtout Benjamin ces derniers temps, je suivais aussi l’avancement du complexe De Bierne mais je suis prêt à reprendre mon rôle à tes côtés.

- (Yuan) Vous voilà rassurés tous les deux ! Hi ! Hi ! Pour ma part je reprends la fac ici à Paris, mon dossier devrait bientôt leur parvenir pour qu’ils acceptent ma réintégration.

- Bon !! Donc tout baigne !! Je dois voir Maurice ce matin pour récupérer mon identité et tous mes papiers, vous vous occupez des billets de train les gars ?? L’idéal serait qu’on parte en début d’après-midi, les Viala nous attendront gare de Lyon si on les prévient assez tôt.

- (Antonin) Je m’en occupe !!

- (Thomas) Je m’occupe des billets !!

- (Yuan) Je vois avec « Pat » si elle vient avec nous ou si elle préfère rester avec ses parents !!

- Coooolllll !!! Tout reprend comme avant alors ??

Personne ne répond mais les sourires entendus montrent bien que tout le monde est satisfait de reprendre la vie d’avant Paques, chacun s’occupant ensuite des tâches auxquelles il est investi.

***/***

« Une heure plus tard. »

Nous sommes environ à cinq cents mètres de l’entrée des bureaux de la DST, quand je tape sur l’épaule d’Henry qui avec deux collègues à lui m’emmènent pour mon rendez-vous avec Maurice.

- Tu peux stopper la voiture s’il te plaît ?

- (Henry) Nous sommes presque arrivés !!

- Justement !! J’aimerais faire les dernières centaines de mètres à pied si ça ne vous fait rien ?

- Allons Florian !! Sois raisonnable !! Tu as vu comme nous hier les réactions que ta présence amène sur les gens !!

- Je n’ai pas l’intention de me cacher toute ma vie non plus, puisque tu parles d’hier alors tu as bien vu qu’ils se sont tous calmés d’un coup et puis regarde autour de nous, il n’y a quasiment personne dans la rue alors qu’est-ce que je risque ??

CHAPITRE 42 (Paris) (Lundi matin) (Test réussi)

Henry tape sur le bras du chauffeur en lui faisant signe de se ranger sur le bas-côté, il descend ensuite du véhicule une fois celui-ci garé le long du trottoir et il fixe un moment la rue avant d’ouvrir ma portière, me retenant de sortir d’une main sur ma poitrine le temps de me donner ses dernières instructions.

- En cas de problèmes tu reviens directement vers nous, nous serons quelques mètres derrière toi !!

- Oui m’sieur !! Promis m’sieur !!

- Arrête de prendre ça à la rigolade tu veux bien, je risque ma carrière en acceptant de prendre ce risque !!

Je repousse gentiment mais fermement sa main, pour sortir en claquant la portière derrière moi.

- Arrête de t’en faire tout un monde, puisque je te dis que ça va aller !! On voit l’entrée de vos bureaux d’ici, ce n’est quand même pas la traversée de Paris !! Il faut que je sache à quoi m’attendre tu comprends ?? Alors c’est aussi bien maintenant que plus tard !!

- Ok !! Vas-y !!

Je sens bien leurs regards inquiets dans mon dos quand je les quitte, n’ayant pour ma part aucun stress à marcher tranquillement dans cette rue et j’en profite même pour faire un peu de lèche-vitrines.

Les premières personnes que je croise ne font aucun cas de ma présence en poursuivant leur chemin comme si de rien n’était, comme quoi ils sont tout comme moi à ne pas toujours observer les gens autour d’eux et ne se préoccupant que de ce qui les concerne directement, sans se tracasser outre mesure de ceux qui vivent dans leur entourage.

Ce n’est qu’au bout de cents mètres environ, qu’une personne me dévisage en prenant un air surpris et je me contente d’un petit sourire à son intention quand je la croise, recevant avec plaisir un petit signe hésitant mais amical en contrepartie.

Un peu plus loin un couple s’arrête, la femme me montrant du doigt à celui qui doit être son mari et j’ai le droit en les croisant à quelques paroles gentilles, qui m’amènent une réponse brève mais sincère.

- C’est bien que vous vous soyez remis de votre coma jeune homme !! Passez une bonne journée !!

- Merci bien !! Bonne journée à vous aussi !!

A moins de cinquante mètres de ma destination, c’est une vieille femme qui s’arrête à son tour pour me dévisager et m’interpeller gentiment.

- Je vous ai vu à la télé jeune homme !! Vous faites un très beau couple avec votre ami, c’est vraiment un très beau garçon lui aussi !!

- Chut !! N’allez pas le crier sur les toits, s’il l’entendait je ne pourrais plus le tenir ! Hi ! Hi !

C’est donc sans aucun souci que j’arrive devant l’entrée de la DST, par contre c’est là où je m’y attendais le moins que je suis stoppé net par un homme au visage fermé.

- S’il vous plaît !! Où comptez-vous vous rendre comme ça ?? Ce lieu est interdit au public, c’est pourtant écrit assez gros sur la porte !! Puis-je voir vos papiers ??

Je trouve ça tellement gros que j’éclate de rire ou plutôt devrais-je dire d’un énorme fou rire, fou rire qui me prend les tripes à me plier en deux sous le regard sévère de cet homme qui imagine sans doute que je me moque de lui.

- Hi ! Hi ! Hi ! Hi !

L’homme va pour m’attraper par le col pour me remettre fermement debout, quand arrive Henry avec ses collègues qui n’en croient visiblement pas leurs yeux de voir la façon dont je vais être jeté manu militari dehors.

- Qu’est-ce que tu fous malheureux !!

- (L’homme) Comment ça !! Je mets ce gamin dehors, voilà ce que je fous !! Tu ne vois pas qu’il se moque de ma poire en plus, juste parce que je lui ai demandé ses papiers parce qu’il n’avait rien à faire ici !!

Henry lui fait lâcher ma chemise d’un geste brusque, alors que je suis toujours autant mort de rire à ne plus pouvoir placer une parole intelligible.

- C’est ! Hi ! Hi ! …. Dange…. Hi ! Hi ! …reux dans la rue ! Hi ! Hi ! …Tu seras…plus ! Hi !

Hi .... En sécurité chez…. Nous ! Hi ! Hi !

- (Henry) Ouaih !! C’est bon remets-t ’en, toi aussi !! Il y a fallu que tu tombes sur le seul abruti qui ne regarde pas la télé !!

L’homme s’entendant traiter d’abruti, regarde Henry avec effarement.

- Abruti toi-même !! Je ne faisais que mon boulot, alors modère tes propos s’il te plaît !!

Là j’avoue qu’il marque un point et je m’en veux un peu d’être le fauteur de trouble entre eux, du coup je retrouve un semblant de sang-froid pour essayer de calmer le jeu qui sinon risque de dégénérer.

- Vous n’allez pas vous disputer pour ça quand même ?? C’est de ma faute en plus et ça t’apprendra à me mettre dans la tête que tout le monde me connaît, tu as la preuve que ce n’est pas le cas !! Bon !! Je monte voir Maurice, tu expliqueras à ton collègue pourquoi je n’ai pas de papiers et profites-en pour lui expliquer que mon fou-rire n’était absolument pas porté contre lui !!

CHAPITRE 43 (Paris) (Lundi matin) (Surveillance plus discrète)

Je monte quatre à quatre l’escalier menant à l’étage où se trouve le bureau de Maurice, frappe à sa porte et entre après en avoir eu l’autorisation, amusé de son regard surpris que ce soit moi qui arrive sans qu’il soit prévenu à l’avance.

- Florian ?? Mais entre donc et referme la porte !! Justement on parlait de toi !!

Le « on » me fait tourner la tête vers la partie jusque-là non visible de son bureau, reconnaissant avec plaisir les quatre personnes et me dirigeant vers elles pour leurs faire la bise, trop content de les serrer contre moi et en particulier Patrice avec Camille que je n’avais pas encore eu l’occasion de revoir depuis mon retour.

- Vous parliez de moi ??

Maurice une fois qu’il a eu droit lui aussi au bisou.

- Il faut bien reprendre le boulot que veux-tu !!

- Finies les vacances les gars !! Hi ! Hi !

Maurice sourit en me tendant une enveloppe.

- Tiens !! Voici tes papiers remis au goût du jour ainsi que tes cartes de crédit, carnet de chèques et tout le toutim, pour le reste j’ai eu ton notaire qui s’occupe de tout remettre à ton nom en suivant tes instructions qu’il m’a dit avoir reçues de la part de… Ming ??

- Oui c’est vrai, j’en avais parlé avec lui et Hassan !! Je demande juste à ce que la part d’héritage qu’ont reçue mes amis leur soit laissée !! De toute façon c’est Thomas qui a eu le principal, ça me laisse les mains libres pour reprendre mes autres activités.

- C’est très généreux de ta part, comme nous faisons tous ici partie de tes généreuses donations, nous ne pouvons que te remercier de ton geste.

- Bah !! Ce n’est pas grand-chose et puis l’argent n’est pas le plus important, du moment que j’en ai suffisamment pour vivre !! J’ai juste demandé à récupérer le portefeuille d’actions de la boîte de mon père, ce qui suffit largement tu en conviendras avec moi !!

- (Camille) Pas grand-chose !! A chaque fois que je lis mon relevé de compte, j’ai les yeux qui me sortent de la tête devant la somme !! Si tu appelles ça pas grand-chose, qu’est-ce que ça doit être quand c’est quelque chose ??

- Ce ne sont que des chiffres, le principal est que nous soyons tous amis et le fait que je sois revenu n’a pas à vous faire sentir gêner de le garder !! Un ou deux nouveaux brevets et j’ai refait le plein ! Hi ! Hi ! En tout cas, merci d’avoir fait si vite pour les papiers !! Ça me faisait tout drôle de ne plus être officiellement quelqu’un.

- (Maurice) Tes amis ici présents sont réaffectés bien entendu à ta protection, il vous suffira de reprendre vos habitudes comme par le passé !! Seulement !! Et oui, il y a un « mais » !! Je vais devoir renforcer le dispositif maintenant que tu es connu comme le loup blanc partout.

- Commence par informer ton service alors !!

Devant la tête qu’il fait, je lui explique mon arrivée avec le début d’altercation qui a failli s’en suivre et j’en profite pour lui donner mon avis sur le fait de renforcer ma protection.

- Je ne vais quand même pas me traîner une bande de mecs en costards cravates pendant chacun de mes déplacements !! J’aime autant te dire tout de suite que ça ne va pas le faire, mais alors pas le faire du tout !! Ce n’est plus une vie rends toi compte, je suis d’accord pour qu’on en reste comme avant et pas plus !! De toute façon en cas de problèmes, je suis assez grand pour gérer !! J’ai pas mal d’alliés rappelle toi ?

Je vois bien à sa tête qu’il n’est pas convaincu, je lui fais donc une concession qu’il accepte avec le sourire.

- Je vais reprendre « Tic » et « Tac » avec moi à plein temps !! Tu les connais assez pour savoir qu’il ne vaut pas mieux s’y frotter de trop près !!

- Je vais y réfléchir, pense à donner ton emploi du temps à nos quatre amis derrière toi !! Qu’ils sachent au moins où tu as l’intention de te rendre, les hommes qui leurs seront affectés n’interviendront que sur leurs ordres !! Ça te va comme ça ??

- Ai-je le choix ??

- Non !!

- Alors disons que ça ira !! J’aimerais avoir Raymond en cas de besoins, tu crois que c’est possible ??

- Ça ne devrait pas poser de problèmes insolubles !! Mais tu sais aussi bien que moi que ce n’est pas son travail de prédilection ?? Alors pourquoi lui ??

- Comme je te l’ai dit, c’est juste au cas où !! Ça n’est pas le besoin d’avoir un garde du corps de plus qui motive ma demande mais plutôt justement dans ce qu’il excelle le plus, il pourra me renseigner sur des personnes avec qui je devrais peut-être avoir à faire !! Au départ j’avais pensé prendre Joseph à mon service, mais il a d’autres occupations en ce moment qui sont toutes aussi importantes à mon sens.

Je lui fais un gros clin d’œil entendu.

- Et puis Raymond est un ami que je ne voudrais pas perdre de vue ainsi que Luka et Patrick, tu comprends ?

- (Maurice) Ok mon garçon, je n’ai pas besoin d’un dessin !! Mais si je peux te donner un conseil ?

- Bien sûr !!

- Essaie de ne plus te faire trop d’amis, sinon un jour tu ne sauras plus où donner de la tête !!

- Je prends note ! Hi ! Hi !

Maurice se lève, visiblement satisfait des décisions prises.

- Et bien nous allons en rester là, je présume que tu as hâte de repartir sur Aix ??

- C’est exact, il me reste une semaine pour profiter de mes potes qui sont là-bas avant de reprendre les choses sérieuses.

Je me tourne vers mes quatre « gardes du corps ».

- Je pars cet après-midi et demain nous irons tous passer la semaine chez Jean, pour que vous soyez au courant.

***/***

« Une fois dans la rue. »

Je refais les cinq cents mètres qui sont nécessaires pour rejoindre la voiture en réfléchissant à ma demande de pouvoir bénéficier des services de Raymond, sa première mission sera de retrouver Jean Baptiste afin de savoir dans cette vie où il en est exactement.

Certes pas dans l’intention de l’intégrer dans la relation que j’ai avec mes amis-amants, mais plutôt pour lui faire rejoindre si possible notre groupe d’amis et pourquoi pas le présenter à Philippe qui aura je l’espère le même coup de cœur envers lui en lui refaisant sa proposition d’intégrer son cabinet de psy, à condition toutefois qu’il soit resté le même garçon que j’ai eu le plaisir de connaître dans l’autre réalité.

Je souris en me disant qu’il reste encore un de mes amis célibataire et que ma foi, je trouve qu’ils iraient bien ensemble.

Mais là je m’avance un peu vite, sachant très bien que ce sera à eux une fois présentés de voir s’ils ont suffisamment d’affinités pour devenir amis et pourquoi pas plus, si entente.

CHAPITRE 44 (Paris) (Lundi après-midi) (En route pour Aix)

« Dans le train pour Aix. »

Je commence à m’assoupir sous les regards amusés de mes amis, quand je remarque du coin de l’œil une fillette de sept ou huit ans qui a le visage collé à la vitre de notre compartiment.

Elle me fixe depuis déjà plusieurs minutes, semblant attendre que je fasse attention à elle et je perçois également sur son visage une tristesse qui ne me laisse forcément pas indifférent, relevant la tête pour lui envoyer un sourire censé lui donner le courage de venir nous parler, si c’est ce qu’elle souhaite.

La petite répond timidement à mon sourire, notre petit manège éveille vite l’attention de Damien qui est assis en face de moi et s’amusait jusque-là à voir combien de temps il me faudrait pour m’endormir complètement, tournant ensuite son regard dans la même direction que le mien pour à son tour apercevoir la fillette dans le couloir.

- Thomas !!

- Oui ??

- Tu peux ouvrir la porte du compartiment ?? Il y a une « fan » du rouquemoute qui a sans doute envie d’un autographe !!

Thomas me regarde un bref instant, il voit mon signe de tête et jette à son tour un œil curieux vers le couloir, souriant amusé en voyant de quel genre de fan il s’agit.

Il fait coulisser la porte pour ensuite lui demander ce qu’elle veut.

- Bonjour petite !! Tu as quelque chose à nous demander ??

La fillette pointe alors du doigt vers moi.

- Tu es le monsieur de la télé ? Celui qui soigne les gens ?

- C’est bien moi en effet !!

- Tu pourrais soigner mon petit frère alors ??

- Je pourrais au moins essayer, qu’est-ce qu’il a ton petit frère pour que tu t’inquiètes tant que ça pour lui ??

- Les docteurs disent qu’il sera toujours malade et qu’ils ne peuvent rien faire, il y en a même un qui a parlé de toi à maman.

Je lui fais signe de venir près de moi, elle entre timidement pour que je la prenne dans mes bras en la faisant s’asseoir sur mes genoux.

- Qu’est-ce qu’il a dit le docteur ?

- Qu’il n’y aurait eu que toi qui aurais pu faire quelque chose pour lui, mais que tu étais mort !!

- Comme tu vois, il s’est trompé !!

- Tu veux bien t’occuper de mon petit frère alors ??

- Oui, mais à une condition ??

Je lui tends ma joue.

- Tu me fais un gros bisou avant !!

Son buste se tourne vers moi tandis que ses petits bras me prennent par le cou et que ses lèvres viennent me faire un gros « SMAC » sur la joue, bisou que je lui rends aussitôt en la faisant se relever et en la prenant par la main pour sortir du compartiment.

- Il est dans le train ton petit frère ??

- Oui, avec papa et maman !!

- Conduis-moi, tu veux bien ?

Elle me montre la partie arrière du train.

- C’est par là !!

***/***

Nous traversons deux autres wagons comme le nôtre, avant de mettre les pieds dans un de ceux de deuxième classe que nous traversons également alors que je sens des regards curieux dans mon dos.

C’est à la sortie du wagon, une fois dans le soufflet permettant d’accéder au suivant, que j’arrête la fillette pour lui poser une question qui m’intrigue.

- Dis-moi ?? Que faisais-tu aussi loin de tes parents ??

- Je vous ai vu par la fenêtre quand vous êtes arrivé avec vos amis !!

- Tu as prévenu tes parents ?

- J’ai dit que j’allais aux toilettes !!

- Ils doivent commencer à trouver le temps long alors, viens dépêchons-nous avant qu’ils s’inquiètent de trop !!

La porte derrière nous s’ouvre, je me retourne un peu nerveux pour me détendre aussi vite en reconnaissant Dorian qui lui aussi me suivait pour rester en contact.

- Tu fais quoi ici avec cette gamine ??

- Je la ramène à ses parents, elle se fait du souci pour la santé de son petit frère tu comprends ?

- Je comprends surtout que ça jase déjà derrière toi, certains des voyageurs t’ont reconnu !!

- Et ??

- Pour l’instant tout semble calme, mais nous devons quand même faire attention !!

- Tu n’as qu’à venir avec moi, nous ne devons plus être bien loin !!

- Ok, je te suis !!

CHAPITRE 45 (Paris) (Lundi après-midi) (En route pour Aix) (suite)

Je me rends compte que nous sommes dans le bon wagon, quand je vois un homme d’une bonne trentaine d’années se lever brusquement de son siège en parlant à la jeune femme qui se tient près de lui et qui est visiblement sur les nerfs.

- Tiens !! La voilà !!

Il fait les quelques mètres qui nous séparent en regardant surtout Dorian, vu que c’est celui de nous deux qui fait le plus âgé.

- Merci de me la ramener monsieur !!

A sa fille qu’il prend dans ses bras.

- Tu t’étais perdue ma puce ?

- Non papa, j’étais allée voir le monsieur de la télé !!

- Quel monsieur de la télé ?? Tu sais bien que ce n’est pas poli d’aller embêter les gens !!

Dorian tout comme moi entend les murmures qui se font de plus en plus insistants autour de nous, suffisamment pour que le père de la fillette écoute à son tour et se retourne ensuite vers nous en s’apercevant que tous les visages sont maintenant braqués sur moi.

***/***

« Murmures entendus par Florian et Dorian, venant de toute part du wagon. »

- C’est Florian je te dis !!

- Non ?? Tu es sûr ??

- Florian De Bierne ??

- J’en suis sûr !!

- Non !! Tu déconnes !!

- Florian !!

- Le garçon roux, tu sais l’inventeur ??

- Celui qui guérit tout le monde ??

- Mais si c’est lui, je te dis !

***/***

Je regarde le père de la petite fille en haussant les épaules.

- Je crois que je suis grillé là ! Hi ! Hi !

- Vous êtes vraiment celui que tous ces gens prétendent que vous êtes ??

- (Dorian) Vous ne regardez donc jamais la télé ?

- Juste les films et quelques séries !!

- (Dorian) Je comprends mieux alors !!

- Oh !! Mais j’écoute la radio et je vous connais de nom !!

Le silence s’est fait brutalement autour de nous depuis que nous parlons, les voyageurs avides de savoir ce qui m’amène ici.

Je redeviens attentif à la jeune femme qui doit être la mère de la fillette dont j’ignore encore le prénom, m’avançant vers elle pour découvrir enfin assis près de sa mère le fameux petit frère.

Il doit avoir entre deux et trois ans, d’une pâleur à faire peur mais surtout d’une extrême faiblesse qui l’empêche assurément de se tenir en position bien droite sur son siège et lui donne une apparence de marionnette désarticulée.

Je comprends tout de suite de quoi souffre cet enfant, une anomalie extrêmement rare des globules rouges du sang qui l’anémie en lui faisant perdre toute puissance musculaire.

J’approche de la femme en lui faisant un faible sourire, m’agenouillant ensuite auprès du petit bout d’homme, qui m’observe avec curiosité de ses grands yeux ronds ne manquant pas d’intelligence.

- Depuis quand sa dernière transfusion ??

La femme surprise.

- Mais !! Com…

- (Le père) Il y a une semaine, les médecins disent qu’il faudra bientôt le laisser branché sans interruption.

- Depuis quand ont-ils diagnostiqué sa maladie ?

- (Le père) Nous sommes informés pour notre fils depuis avant sa naissance, nous n’avons pas voulu qu’ils… enfin vous comprenez !!

- A-t-il déjà marché ??

- (Le père) Mathieu a été un enfant quasiment normal jusqu’à il y a environ deux mois, les médecins nous avaient prévenus que la maladie irait jusqu’à ce stade mais nous pensions qu’il avait plus d’années devant lui.

- C’est bien là le problème avec les maladies orphelines, trop peu de cas pour qu’on se penche véritablement dessus et du coup les familles restent dans l’ignorance totale de ce qu’elles doivent faire.

- Tu peux guérir mon petit frère ? Dis monsieur ?

- (Le père) Noémie, allons !!

- Ne la grondez pas !! Vous devriez plutôt lui être reconnaissant qu’elle se préoccupe autant de Mathieu !! Et toi mon garçon, tu voudrais venir avec moi pour que je t’examine d’un peu plus près ??

- Je veux bien monsieur !! Je vous ai vu à la télé vous savez ?? J’ai beaucoup ri en vous voyant !!

Je prends alors mon air redoutable de “gogolito” troisième dan.

- De quoi !! Mais je suis un garçon très sérieux moi jeune homme !!

- Hi ! Hi !

Je prends cette fois la têtard attitude qui amuse toujours mes amis malgré leur âge.

- Quoi !! Quoi !! Quoi !! Tu te moques de moi !! Quoi !! Quoi !!

- Hi ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 46 (Paris) (Lundi après-midi) (En route pour Aix) (suite)

***/***

Dorian surveille les voyageurs du wagon, rejoints par ceux du précédent et qui pour beaucoup rient ou essuient les larmes d’émotion à voir le petit bonhomme chétif rire aux éclats devant les pitreries de celui qui pourtant est capable de tant de sérieux dans ses diverses professions.

Il est surpris par la main de Florian tirant sur sa manche.

- Tu peux le transporter jusqu’à notre compartiment ??

- Bien sûr pas de souci, il ne doit pas être bien lourd en plus !!

La femme le voyant se pencher pour prendre son fils dans ses bras nous regarde, moi et son mari, visiblement en mode panique.

- Qu’allez-vous faire avec mon fils !!

- Ne vous inquiétez pas madame, j’ai promis à Noémie de bien m’occuper de son petit frère et de toute façon je ne peux pas faire autrement puisque j’ai été payé d’avance.

Le père abasourdi.

- Comment ça payé d’avance ??

- Vous verrez ça avec la petite !! Passe devant « Do » !! J’ai étudié cette maladie, je pense avoir un remède qui pourrait guérir votre fils !! Oui madame vous m’avez bien entendu, j’ai dit guérir !!

La femme va pour poser encore un millier de questions, quand son mari lui prend la main en la fixant dans les yeux.

- Chut, chérie !! Laissons faire ce jeune homme, sa réputation le précède tu le sais bien !! C’est peut-être la seule chance pour notre Mathieu de devenir un petit garçon comme les autres !!

Il fait signe à Dorian qu’il peut y aller, puis ses yeux plongent dans les miens qui ne se détournent pas un seul instant.

- Faites pour le mieux, je vous fais confiance !!

- Et bien allons-y !!

- Je peux venir avec vous ??

- Bien sûr !! Noémie ?? Tu restes avec ta maman, elle ne doit pas rester seule !!

***/***

J’avoue que le retour est un peu plus compliqué que l’aller, beaucoup de voyageurs curieux font obstacle à notre progression vers notre wagon.

J’en profite pour discuter mentalement avec Thomas, lui demandant de me trouver un nécessaire de transfusion.

***/***

« Conversation mentale. »

- Tu veux que je trouve ça où ??

- Vois avec « Gégé », il y a bien une trousse de secours ou une infirmière dans le train !!

- Il te faut quoi au juste ??

- Une seringue fera l’affaire, tu sais comme celle qu’on se sert pour les prises de sang ??

- Je m’en occupe !! Ça n’aurait pas été plus facile avec ta salive ??

- C’est ça oui !! Je vais rouler une pelle pendant une heure à un minot de trois ans ! Hi ! Hi !

- (Antonin) Vu l’effet sur Mathis, il aurait peut-être apprécié ! Hi ! Hi !

- Crétin va !! Bon !! Bougez-vous le popotin les gars, on n’a pas toute l’après-midi non plus !!

***/***

Il ne nous faut tout de même pas moins de dix minutes pour faire le retour, nous entrons dans le compartiment avec un Dorian rouge pivoine qui repose le gamin en poussant un soupir de satisfaction.

- Ouf !! Pas lourd mais à la longue ça pèse quand même !!

Je fais signe à mes amis de sortir en leurs précisant de se positionner de façon à ce qu’aucun curieux ne puisse voir dans le compartiment, faisant sortir également le père en lui expliquant cette fois que le traitement étant expérimental, il ne pouvait rester à y assister.

- Je vous ferai venir près de votre fils dès que j’en aurai terminé, ne vous inquiétez pas !!

- Je comprends !!

Je prends en passant le cache-nez de Damien, attendant ensuite le retour de Gérôme en espérant qu’il ait trouvé ce que j’ai demandé.

Il arrive cinq bonnes minutes plus tard en tenant une mallette à la main, qu’il me tend en souriant avec les explications qui vont avec.

- Elle appartient à une infirmière qui me l’a gentiment confiée, je dois la lui ramener dès que possible !!

- Gentiment ??

- Oui, enfin après lui avoir montré ma carte !!

- Je comprends mieux ! Hi ! Hi ! Bon !! Thomas et Antonin, vous restez avec moi et pour les autres c’est comme je vous l’ai demandé, OK ??

Nous refermons la porte derrière nous en tirant bien les rideaux, j’ouvre ensuite la mallette qui révèle tous ses trésors et j’en sors plusieurs choses qui ne me serviront pas mais qui en cas de recherche me servira à tromper d’éventuels curieux.

Ce qui m’importe en fait, c’est le kit de prise de sang neuf avec ses tubes aux bagues de couleurs différentes, certainement destiné à un futur patient pour une série d’analyses.

- Vous pouvez mettre le cache-nez sur les yeux de Mathieu ?? Ce n’est pas la peine qu’il voie ce que j’ai à faire et comme ça si on le questionne, il ne pourra rien raconter.

- Je sais garder ma langue monsieur !!

- Je n’en doute pas petit, juste que c’est une précaution de plus et puis comme ça tu ne sentiras pas venir la piqûre.

- Il y a longtemps que je ne les sens plus vous savez ??

Je découvre ses avant-bras et je comprends mieux le sens de ses paroles, les traces étant suffisamment nombreuses pour les conforter.

- Et bien dis-toi que ce seront très certainement les dernières, avant longtemps !!

CHAPITRE 47 (Paris) (Lundi après-midi) (En route pour Aix) (fin)

Le petit me sourit juste avant que Thomas lui couvre les yeux, je m'attelle alors à ma tâche sous les regards curieux de mes deux chéris.

Si Mathieu n’en est plus à une piqûre près, ce n’est hélas pas mon cas qui n’ai jamais été fervent de ce genre de truc et qu’en plus ce soit à moi de me la faire, n’arrange rien.

C’est donc avec une grimace qui manque de faire exploser de rire Antonin, que je me prélève une bonne grosse seringue de sang et que je l’injecte ensuite dans une veine du bras bleui de Mathieu.

Une fois chose faite, il ne nous reste plus qu’à attendre et par la même occasion faire des ponctions d’un peu de tout dans la mallette, pour que personne ne puisse deviner ce qui m’a servi exactement.

Je range le reste avant de la refermer, m’approchant ensuite du gamin pour lui enlever son bandeau improvisé et lui poser quelques questions sur comment il se sent.

- Ça va ? Tu n’as pas eu mal ?

- Non !! Pourquoi c’est déjà fini ??

- Oui !! Tu devrais très vite te sentir beaucoup mieux !! Mais dis-moi, tu parles étonnamment bien pour ton âge ?

- C’est aussi ce que me dit mon maître d’école !!

Sentant qu’il n’ose pas me demander quelque chose.

- Oui ??

- Je pourrais marcher à nouveau ??

- Bien sûr !! Tu pourras même courir autant que tu veux, faire du sport et t’amuser avec tes copains, tu pourras faire tout ce qu'un garçon de ton âge a envie.

- Coooolllll !!! Il faudra que je retourne à l’hôpital ??

- Si tu y retournes un jour, ce ne sera plus à cause de cette maladie je te le promets !!

- Pourquoi tu es si gentil avec moi ??

- Je suis gentil avec tout le monde tu sais, tu pourras faire une grosse bise à ta grande sœur d’avoir eu le courage de venir me voir pour me demander de soigner son petit frère !! Crois-moi, il faut qu’elle t’aime beaucoup pour avoir eu un tel courage !!

- Moi aussi je l’aime !! C’est ma seule amie !! Euh…

- Oui, dis-moi à quoi tu penses ?

- On pourra aussi être amis, tu crois ?

Je souris avant de répondre, me rappelant bien les dernières recommandations de Maurice à ce sujet.

- Mais oui ! Hi ! Hi !

- Eux aussi ??

Je me tourne vers Thomas et Antonin en leurs faisant un clin d’œil.

- Bien sûr !!

- Coooolllll !!!!

En disant ça, Mathieu se redresse pour se mettre dans une position plus confortable.

- (Thomas) On dirait que ça commence à aller mieux ??

- Oui !! J’ai vu ça !! On va essayer d’accélérer les choses, remets-lui le bandeau s’il te plaît.

J’entrouvre la porte en croisant le regard de Yuan.

- Tu peux nous amener un verre d’eau ??

- (Yuan) Je m’en occupe !!

Il n’est pas absent très longtemps, je le fais entrer avec nous et pendant qu’il observe curieux le petit bonhomme tout calme dans son coin, j’envoie ma potion miracle dans le verre après en avoir bu une bonne partie.

Je remue un moment avant de le mettre dans la main de Mathieu.

- Tiens !! Bois ça d’une traite, le goût n’est pas terrible mais ça te fera du bien !!

Le minot porte le verre à ses lèvres et le boit comme je le lui ai demandé, une fois vide il me le tend en grimaçant.

- Beurk !!

- Je t’avais prévenu !! Tu peux ôter ton bandeau maintenant !!

Une fois que j’ai récupéré le cache-nez de Damien, je tire les rideaux puis j’ouvre la porte en faisant signe à son père de nous rejoindre.

Celui-ci ne voit que son fiston qui lui sourit en lui tendant les bras, s’accrochant à lui avec une force qui surprend son père et qui me regarde le visage plein de questionnements.

- Vous pouvez reprendre votre fils, il va aller très vite beaucoup mieux vous verrez !!

Le père, ému.

- Je… Je ne sais…

- Vous remercierez sa grande sœur, sans elle il serait encore avec cette maladie !!

- (Le père) Serait ??

- Vous avez bien entendu, votre fils est guéri !! Complètement, je vous le promets !! Une chance pour vous que je m’étais déjà intéressé à ce genre de cas, c’est d’ailleurs un brevet que j’ai déposé et qui est à l’heure actuelle en cours de validation, alors je vous demanderai de rester discret si quelqu’un vous pose des questions à ce sujet !! Quant à Mathieu, comme je vous l’ai dit il va s’en remettre !! Juste qu’il va lui falloir un peu de temps pour que tout redevienne normal, mais vous vous apercevrez très vite que ce sera rapide et d’ailleurs vous devez déjà le sentir, pas vrai ??

Le père lâche Mathieu quelques secondes, le bambin surpris se cramponne alors à lui très facilement.

- Là !! Vous voyez ?? Il en aurait été bien incapable il n’y a pas encore une heure !! Vous pouvez aller retrouver votre femme pour la rassurer et dites-lui bien, que c’est définitivement fini et embrassez donc Noémie de ma part !!

- Vous ne venez pas avec moi ??

- Vous savez, moi et les bains de foule !!

- Je comprends !! Merci encore pour ce que vous avez fait pour Mathieu et notre famille, tenez voici ma carte et n’hésitez pas à venir nous voir à l’occasion !!

- Je n’y manquerai pas, promis !!

Nous les laissons donc repartir, en les suivant des yeux tant qu’ils sont dans notre wagon et ce n’est qu’après qu’ils aient disparu de notre vue, que nous rentrons tous pour que je puisse cette fois faire cette petite sieste qui amuse tant la galerie.

CHAPITRE 48 (Aix en Provence) (Lundi après-midi) (Arrivée à Aix)

Une fois le train en gare, nous récupérons nos bagages ainsi que les deux siamois toujours dans leur panier sous la garde d’Aurélien qui occupait un autre compartiment avec Dorian et Gérôme, faute de place dans le nôtre.

Une fois en gare, je les libère en les posant sur mes épaules pour ne pas prendre le risque que l’un ou l’autre prenne un mauvais coup sans le faire exprès avec toute cette foule autour de nous.

J’entre en douceur dans leurs têtes pour profiter de leurs vues perçantes, ce qui amuse beaucoup mes camarades en les voyant bouger la tête exactement raccord avec mes propres mouvements.

- (Guillaume) Ça fait bizarre, on croirait une hydre à trois têtes ! Hi ! Hi !

- (Thomas) Ce n’est pas comme ça qu’on va se faire discret !!

- (Damien) « Thom » a raison, tout le monde a maintenant les yeux fixés sur toi !!

Il attrape « Tac » sous le ventre en le serrant contre sa poitrine d’une main et en le caressant doucement derrière les oreilles de l’autre, ce qui bien sûr fait ronronner le matou qui en ferme les yeux de plaisir.

Guillaume prend la même initiative avec « Tic » qui imite vite son frère sous les caresses, ce qui du coup ne me permet plus de rien voir autrement que par mes propres yeux.

Une fois sur le parking de la gare, Yuan hèle deux taxis en donnant l’adresse du lotissement et moins de vingt minutes plus tard, nous voilà rendu à destination avec un grand sourire aux lèvres de contentement.

Les bagages ne sont pas encore déballés, que les trois frangins sont déjà en route pour rejoindre leurs chéris, bien trop pressés de les serrer dans leurs bras maintenant que la joie est revenue après ces quelques mois de tourmente.

Nous faisons le partage des chambres, étant entendu que je passerai la nuit avec Thomas dans sa tanière pour cause de manque de place et après avoir mis au point le départ du lendemain, nous nous séparons tous en nous souhaitant une bonne nuit car il ne fait aucun doute que nous avons tous besoin de sommeil après cette longue journée combinée au manque de repos de la nuit précédente.

***/***

« Mardi matin tôt. »

C’est frais comme un gardon que je m’éveille ce matin-là, Thomas toujours endormi me couvrant de son corps tel une couverture chauffante.

Je m’extirpe de ses bras en douceur, lui laissant ainsi quelques minutes de plus de repos et je vais faire mes quelques ablutions matinales avant de rejoindre ses parents dans la cuisine où ils prennent leur petit-déjeuner en discutant tranquillement.

Je me joins donc à eux après un bisou à chacun, plongeant le nez dans ma bolée de café que j’avale avec délice tout en jetant un œil sur eux qui me fixent bizarrement.

- Oui ??

- (Alain) Va falloir qu’on reprenne certaines habitudes à ce que je vois !!

- Du genre ??

- Comme d’avoir un naturiste dans la maison par exemple ??

- Oups !!

Je reçois une robe de chambre sur la tête, j’entends ensuite la voix de Thomas amusée.

- Tiens !! Enfile ça sale gosse !! Hi ! Hi !

Je prends tout mon temps car je ne vois rien de mal à ma façon d’être, puisque la douche m’avait de toute façon fait perdre ma tension matinale.

- Les prochaines vacances nous irons tous dans un camp naturiste, vous verrez après ça que c’est la nature !!

- (Éveline) En attendant ces fameuses vacances, ce serait bien que tu mettes quelque chose sur tes fesses quand nous sommes en famille !! Je ne dis pas ça pour moi crois-le bien, mais certains pourraient faire des complexes tu comprends ??

Thomas me voit rougir, il sourit en répondant à ma place.

- Si nous parlions d’autre chose ??

- (Alain) Vous repartez ce matin ? Éric nous a dit hier avant de partir qu’ils s’occupaient du couchage, normalement d’après lui il reste des dispos car c’est la fin de saison.

- (Thomas) Notre bus part à neuf heures, j’espère que les « cousins » n’auront pas trop abusé de leur corps cette nuit !!

- (Alain) Tu n’as qu’à les appeler !!

Thomas file vers le téléphone.

- Bonne idée !!

- Pendant que tu y es, fais-en autant avec Chloé !! Tu sais qu’il ne faut pas trop bousculer « Aurel », surtout le matin !

- (Thomas) C’est marrant, je n’avais jamais fait la différence avec l’après-midi ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 49 (Aix en Provence) (Mardi matin) (Départ pour le camping)

***/***

« Dans la chambre de Mathis. »

Autant du côté Florian, Thomas, c’était un réveil serein avec une nuit calme et autant du côté Mathis, Damien, c’est une toute autre histoire car pour pouvoir se réveiller en pleine forme, il faudrait déjà s’être endormi.

A entendre la chambre d’à côté, ça ne semble pas mieux au vu des gémissements et des grincements qu’ils ont perçus tout au long de la nuit, pendant les rares moments où ils s’accordaient quelques minutes de calme, histoire de recharger quelque peu les batteries.

Damien se retourne pour prendre avec toujours cette même avidité possession cette fois encore des lèvres de Mathis.

Ce dernier lui repousse tendrement la tête avec un sourire rayonnant des sentiments qu’il éprouve pour son jeune Rémois si fougueux, ses yeux se noient quelques secondes dans les siens et c’est d’une petite voix exprimant bien l’épuisement ressenti de cette nuit de corps à corps, qu’il lui murmure à l’oreille.

- Tu n’imagines pas à quel point je t’aime « Dami » !!

- Comme tu n’imagines pas la mienne je présume !! Tu es le seul garçon qui compte dans mon cœur, je suis tellement heureux de te retrouver tel que tu étais avant toute cette histoire !! Tu ne l’imagines même pas !!

Mathis se trouble subitement, un énorme sentiment de honte le prenant soudainement à la gorge.

- J’aimerais tellement pouvoir t’en dire autant !!

Il voit la réaction de surprise de Damien, s’empressant de poursuivre pour ne pas lui faire imaginer des choses qui ne sont pas la réalité.

- Non !! Ne te fais pas déjà un mauvais film !! Toi aussi tu es le seul avec qui je partage toutes ces choses qui nous lient comme un vrai couple !!

- Mais… ?? Parce qu’il y a un « mais » n’est-ce pas ??

- Tu as raison et ce n’est pas nouveau !! De l’avoir cru perdu m’a fait réaliser à quel point je l’aimais également, mais tu sais tout ça pas vrai ? Nous en avons déjà assez parlé.

- Je croyais que les choses avaient été mises au clair pourtant ??

- Mais elles le sont !! Juste que de l’avoir revu vivant m’a réouvert la plaie en grand, je sais qu’il va de nouveau me falloir du temps pour la refermer !!

- Quelque chose s’est passée pour que tu m’en parles ??

- Oui et non !! En fait quand Florian m’a vu, lui comme Thomas ne l’a pas supporté et il a passé ensuite l’après-midi à m’embrasser, au début juste pour que sa salive opère pour me remettre en état !!

Mathis voit que Damien le fixe en attendant la suite, les sourcils froncés d’appréhension.

- Comment dire !! Vers la fin nous nous embrassions vraiment, ça n’avait plus rien à voir avec ma guérison et c’était tellement bon que j’en ai joui dans mon pantalon.

Damien d’une voix tremblante.

- Et pour « Flo » ??

- Lui, non t’inquiète !! Juste la phrase qu’il m’a dite après qui me tourne depuis en boucle dans le cerveau !! En gros il m’a fait comprendre qu’il avait déjà eu l’occasion d’y réfléchir, sûrement de là d’où il venait sinon je ne vois vraiment pas à quel moment et qu’il ne me refuserait rien mais que c’était à moi de bien réfléchir, que je n’étais pas seul !! Il t’aime trop toi aussi pour vouloir te faire du mal, quelque chose a dû arriver dans l’autre réalité avec mon autre moi qui lui a fait dire une chose pareille. Je n’arrête pas d’y penser depuis lors et je ne vois que ça pour expliquer les choses, faudra qu’on cuisine un peu Thomas pour en savoir plus.

- Tu connais ma position, je n’y reviendrais donc pas !! Tu as été honnête en me disant tout ça, c’est le plus important pour moi !!

- …..

- Tu t’attendais à quoi ?? Que je te pousse dans ses bras avec ma bénédiction ?? Et bien sache que je ne le pourrais pas !! Tant que nous serons ensemble, chose qui j’espère durera toute notre vie… je ne te partagerai pas !! Tu comprends ça ?? Je ne suis pas comme eux !! Je ne critique pas leur façon d’être, c’est la leur un point c’est tout mais ce n’est pas la mienne.

- Pourquoi tu t’emportes comme ça ?? Je n’ai pas l’intention de te quitter, je t’aime trop pour ça et si un jour tu me quittes, je n’y survivrai pas !! Sache le une bonne fois pour toutes !! C’est juste que j’aime « Flo » et même si ça reste toute notre vie platonique, maintenant je sais que lui aussi m’aime !! Tu ne peux pas savoir le bien que ça me fait de le savoir, jusque-là je n’en avais jamais eu la preuve formelle et quelque part ça me faisait mal, maintenant je sais exactement ce qui me lie à lui et il sera pour moi toujours plus qu’un frère, mais je le répète pour que ça rentre bien dans ta tête, c’est avec toi que je veux vivre ma vie !!

- Donc il n’y aura jamais rien entre vous ??

- Jamais !!

Damien sourit et se penche pour lui reprendre les lèvres dans un baiser de feu.

- C’est tout ce qu’il m’importe de savoir !!

CHAPITRE 50 (Aix/Pyla) (Mardi matin) (Départ pour le camping) (fin)

« Dans l’autocar, en route pour la Test-de-Buch »

Yuan observe avec amusement la tête de ses potes regroupés avec lui au fond du car, il peut voir ceux qui ont passé une bonne nuit comme lui l'a fait avec « Tonin » en ne s’accordant qu’un gros câlin avant de sombrer dans les bras de Morphée et ceux comme Guillaume, Damien et leurs chéris respectifs, qui ont dû s’en donner toute la nuit à cœur joie.

Côté Chloé et Aurélien, il n’arrive pas à trop se prononcer et s’il croit déceler quelques traces de fatigue sur le visage de son amie, rien n’apparaît en revanche sur celui d’Aurélien semblant toujours égal à lui-même.

Il s’adresse donc à Chloé par pure curiosité.

- Tu m’as l’air crevée ??

Chloé lui sourit, jetant un petit coup d’œil énamouré au passage sur son compagnon.

- J’avoue que je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit !!

- (Yuan) Pourtant « Aurel » semble en pleine forme ??

Guillaume écoutant comme les autres la conversation, répond avant son grand frère avec les yeux brillants d’amusements.

- Ne demandez pas qui a fait tout le boulot cette nuit !!

Aurélien soulève juste une paupière pour fixer un bref instant son frère, sans laisser apparaître quoi que ce soit qui affirmerait ou infirmerait ces paroles dites avec ironie.

Chloé se retient difficilement de rire devant si peu de réactions venant de son chéri.

- Tu connais bien ton frère !! Pas besoin de te faire un dessin !! Hi ! Hi !

- (Damien) Je suis sûr que son jus devait avoir un goût de coton !!

- (Chloé) Comment ça ??

- Bah !! Hi ! Hi ! Il a dû les éjecter du lit sans les sortir de la couette !! Les draps étaient propres au moins ?? Depuis le temps qu’ils roupillaient ceux-là !!

Antonin se tourne vers moi, étonné.

- Mais de qui il parle ?? Tu as compris quelque chose toi ??

- Il faisait allusion aux « spermatotos » d’Aurélien !!

- Ohhh !!! Pffttt !!! Hi ! Hi ! Le con !! Où il va nous chercher des trucs pareils, je te jure !!

Aurélien sourit à Antonin, il reporte ensuite son attention sur son petit frère.

- Au moins ça prouve que je ne me secoue pas la banane cinq à six fois par jour, pas comme un qui se reconnaîtra !!

Antonin mort de rire.

- Et pan !! Prends ça dans les dents camarade !!

- (Aurélien) Je ne pense pas qu’il envoie ça si loin !! Tu en dis quoi monsieur le petit branleur ??

Damien a les joues rouge vif en s’apercevant que maintenant tout le monde le regarde, même quelques passagers qui ont tout entendu et qui se marrent, la tête tournée vers lui.

- Oui, bon !! C’est bon maintenant, pas la peine d’en remettre une couche !!

Le sourire s’accentuant sur les lèvres d’Aurélien en dit long sur son intention de reprendre la balle au bond au sujet de la fameuse couche.

- Ça me rap….

- (Guillaume) C’est bon « Aurel », on a compris !! Tu attendras qu’on soit entre nous pour continuer s’il te plaît !!

L’aîné comprend qu’il est allé peut-être trop loin et referme tranquillement les yeux après un léger clin d’œil à Guillaume.

- Ce n’est pas moi qui ai commencé, faudra qu’il apprenne lui aussi à fermer son bec quand on est en public !!

J’écoute avec le sourire aux lèvres, heureux de retrouver enfin toutes ces petites choses qui me manquaient singulièrement et qui font ma joie de tous les jours auprès de mes amis.

Damien, les joues encore bien rouges d’avoir été piqué au vif, a son air boudeur qui lui enlève plusieurs années d’un coup.

Aussi je ne peux m’empêcher de lui prendre la main pour la lui serrer tendrement, compatissant avec lui et par là même, lui redonnant le sourire après m’avoir fixé longuement dans les yeux.

Quelques ricanements se font encore entendre çà et là, mais bien vite les cahots de la route viennent nous bercer et nous plonger dans une sieste réparatrice.

Quand nous arrivons au but du voyage, Éric et Jean sont déjà là à nous attendre, chacun avec son véhicule pour faire les derniers kilomètres qui nous séparent du camping.

Jean me serre dans ses bras avec une émotion qui me va droit au cœur, il en fait de même avec Thomas pour ensuite s’essuyer rapidement les yeux avant de nous enjoindre de monter en voiture et nous prévenir qu’un copieux goûter nous attend chez Franck après toutes ces longues heures de route, ce qui bien sûr réveille nos estomacs qui se mettent à gargouiller de concert en nous faisant éclater de rire.

Je suis « obligé » de prendre « Tonin » sur mes genoux à cause du manque de place, ce qui d’ailleurs n’est pas pour me déplaire et nous voilà partis dans une ambiance bonne enfant, chantant à tue-tête des airs qui ne sont, à l’évidence plus de notre âge mais qui nous éclatent un maximum.

CHAPITRE 51 (Camping de la dune) (Du mardi au samedi) (Que du bonheur)

La semaine se passe sans incident, si ce n’est le premier jour quelques curieux qui nous ont fait comprendre par leurs présences insistantes que si nous voulions être tranquilles, nous devrions éviter les plages publiques et passer les quelques jours qui nous restent sur celle beaucoup moins accessible, mais aussi beaucoup plus calme « réservée » aux autochtones.

Et de fait nous y avons passé tous nos après-midis de manière fort agréable, chacun s’amusant tout son saoul et s’accordant également des séances bronzage des plus reposantes.

C’est justement lors d’une de ces séances, que nous nous sommes tous retrouvés à parler de nos intentions pour les mois à venir et bien entendu de savoir à quels moments nous pourrions-nous retrouver, convenant que le plus facile serait le week-end sur Paris.

Les soirées par contre sont restées exclusivement cloîtrer dans nos emplacements, déjà à cause de la nuit qui tombait de plus en plus tôt et fraîche, en nous faisant comprendre que la fin de l’été approche à grand pas mais aussi du fait de l’arrêt des activités récréatives saisonnières.

Ces soirées ont donc été consacrées à la discussion, aux jeux de société pour se terminer comme il se doit par des activités physiques très jouissives nous amenant jusque loin dans la nuit, à part pour Taha qui s’est vu attribuer une petite caravane pour lui tout seul afin de pouvoir garder l’esprit tranquille.

Rien donc que de plus traditionnel pour des jeunes en vacances, ce n’est que le samedi matin que nous commençons à faire la grimace en sachant que le lendemain sera le jour du retour au bercail.

J’ai eu confirmation qu’au CHU ils attendaient mon retour et que mon cabinet médical avait été réouvert, les secrétaires des autres professeurs se chargeant des premiers rendez-vous avant qu’Antonin puisse reprendre son poste.

D’après Alain qui tremblait d’émotion en m’ayant au bout du fil, mon carnet de rendez-vous est déjà plein jusqu’à la fin de l’année mais qu’il avait donné les instructions pour qu’une semaine sur quatre, reste libre ainsi que deux matinées par semaine jusqu’à dix heures au cas où je voudrais prendre des clients imprévus.

J’ai très bien compris l’appel du pied pour que j’officie ces débuts de matinée là aux urgences, ce qui d’ailleurs n’est pas pour me déplaire et j’en ai profité juste avant de raccrocher pour lui donner l’emploi du temps d’Antonin qui aura d’autres choses à s’occuper et c’est dans cette intention que j’ai restreint les heures d’appels pour les rendez-vous.

Sa dernière phrase avant de raccrocher m’a fait sourire, quand il m’a dit que depuis l’annonce de mon retour l’ambiance était redevenue joyeuse mais surtout que tous rongeaient leurs freins à attendre le plaisir de me revoir.

Je dois bien reconnaître sans faire péché d’orgueil, qu’il est toujours plaisant de se sentir désiré et c’est donc avec un sourire banane que j’ai remis mon portable dans mon sac, ce qui bien sûr n’a pas échappé à plusieurs de mes amis.

- (Damien) Tu as l’air super-content de reprendre le travail, tu dois être un peu maso dans ton genre ! Hi ! Hi !

- (Antonin) Il faut bien gagner sa croûte !!

- (Damien) Tiens !! En parlant de ça !! Il te paie bien au moins ton patron ??

- (Antonin) J’ai tout ce qu’il me faut pour vivre.

- (Damien) Tu n’as pas répondu à ma question !! Ne me dis pas que tu bosses gratos quand même ?? Si ??

- (Antonin) Je crois qu’on a déjà tous été payé plus que largement il me semble !!

Damien n’en revient pas de ce à quoi il croit comprendre, il se tourne cette fois vers Thomas pour lui poser la même question.

- Et toi Thomas ??

- Quoi, moi ??

- Tu touches bien un salaire quand même ??

- Bien sûr que oui !! Et pour ta gouverne je te dirais qu’Antonin aussi, c’est la société qu’a Florian à Reims qui lui verse son salaire chaque mois !! Le hic avec « Tonin », c’est qu’il a la même adresse que « Flo » et tout comme le rouquemoute, il n’ouvre jamais son courrier. Du coup j’ai tout fait envoyer chez notre notaire qui tient tout ça à jour, les miens aussi pour le coup et comme ça, on est tous peinards, tu comprends ??

Antonin et moi nous regardons l’air étonné, du coup on se pose la même question en même temps ce qui bien sûr amuse la galerie.

- Bien content de l’apprendre !!

- (Thomas) Comment tu expliquerais ta carte bleue « Tonin » et c’est pareil pour toi « Flo » !! Vous n’imaginez tout de même pas que les impôts ne sont faits que pour les autres ?? Si vous étiez un peu moins dans votre nuage, il y a longtemps que vous vous seriez intéressé à minima à tout ça !!

Antonin a un grand sourire ému, comme à chaque fois qu’il voit que quelqu’un prend soin de lui.

- Tu as bien fait d’aborder le sujet Damien, on sera un peu moins bête aujourd’hui qu’hier !! Pas vrai « Flo » ??

- Attendez monsieur Much !! Maintenant que je sais que je vous verse un salaire, il faudrait voir à être moins familier avec votre patron !! Hi ! Hi !

- Même pendant les pauses patron ??

- Hum !! Ça reste à définir, c’est quand même plus simple de demander ton petit cul ou une bonne pipe que du genre, « s’il vous plaît mon cher collaborateur !! Voudriez-vous m’aider à extraire ce trop-plein de tonicité que je ressens au niveau du pénis ainsi que de mes testicules, pour qu’ensuite je puisse reprendre plus sereinement ma tâche ?? »

- Wouah !! C’est sûr que de me demander une « tite » pipe, c’est quand même plus simple ! Hi ! Hi ! Ça fait moins…. Académique !!

- (Thomas) Je ne sais pas pour vous, mais moi ça m’a donné envie !! Tu viens « Tonin » ?? J’ai vu un coin tranquille pas loin !!

- Hééé !! Et moi ??

- (Thomas) Allons patron !! Nous sommes en congé là, pas au boulot !!

Je reste un moment sur le cul à regarder mes deux blonds s’éloigner en se tenant par la taille et bien sûr en riant comme des malades.

- (Damien) Ils ne vont quand même pas….

- Si tu veux mon avis, je crois bien que si !!

- Et tu ne dis rien ??

- Je t’avoue que j’ai la fainéantise de me lever !! Mais ils ne perdent rien pour attendre, le prochain des deux qui viendra me demander de la rallonge va devoir être très…. Convaincant !! Hi ! Hi !

CHAPITRE 52 (Camping de la dune) (Dimanche) (Fin des vacances)

Il est presque dix heures du matin quand nous arrivons à la gare de bus, le plus heureux pour descendre des voitures étant à l’évidence Taha, qui ne savait plus où se mettre assis comme il l’était sur les genoux de Yuan alors que « Tonin » cette fois-ci, s’est retrouvé sur ceux de Thomas.

Éric avec Jean, sont resté avec nous jusqu’à ce que l’autocar soit hors de vue, nous avons tous remarqué l’air de tristesse du grand brun qui malgré l’assurance de se revoir très prochainement lors d’un week-end, n’en est pas moins ému de nous voir le quitter.

C’est étrange comme les trajets de retours paraissent beaucoup plus longs qu’à l’aller, sans doute du fait de savoir que c’est la fin des bonnes choses et qu’il va être maintenant temps de réattaquer le train-train quotidien, même si celui-ci pour certain a aussi quelque chose de plaisant.

Nous laissons Thomas, Taha, Antonin et Yuan, à Paris, mon grand blond devant retrouver Franck à l’agence Parisienne pour entamer ensuite la tournée semestrielle des agences du groupe et mon petit blond voulant passer une dernière soirée avec eux avant de me rejoindre le lendemain au CHU.

Nous ne sommes donc plus que quatre une fois dans le train pour Reims, partageant notre compartiment avec deux vieilles femmes très gentilles qui me font penser que je n’ai pas eu le temps encore d’aller embrasser mamie Mireille depuis la soirée au hangar ainsi que d’aller faire un petit coucou aux parents de Flavien à Orléans, reportant ce dernier déplacement pour un de ses prochains jours, en envoyant un « sms » à Frédéric en lui demandant s’il ne pouvait pas inviter Mireille ce soir.

La réponse m’a fait sourire quand j’ai pu lire qu’il y avait pensé et qu’elle était déjà à l’appartement avec deux autres invités « surprises », qui eux aussi voulaient me voir et qui rentraient également de vacances, ayant appris la nouvelle par les bulletins d’informations.

Je me doute bien de qui ça peut être vu que c’est le seul couple de mes amis sur Reims que je n’ai pas encore revu, même brièvement à mon dernier passage.

***/***

Je ne suis donc pas vraiment étonné quand en rentrant dans l’appartement, ils me tombent sur le dos avec une émotion et une joie manifeste bien que tempérée pour Mickaël, qui garde en lui cette timidité respectueuse des premiers jours.

Pour Catherine c’est le jour et la nuit d’avec son amoureux, sa façon franche d'aborder les gens et sa volubilité naturelle, font qu’elle n’arrête pas de parler en disant bien souvent tout haut ce que les autres pensent tout bas sans oser le dire.

C’est une main toute ridée et tremblante venant se poser avec douceur sur ma hanche, qui me fait abandonner un instant mes amis pour me retourner et prendre la vieille femme dans mes bras avec une émotion que je n’arrive en aucune façon à contrôler.

Nous restons un long moment enlacé sans qu’il n’y ait besoin de prononcer quelque parole que ce soit, l’entrée se vidant autour de nous pour nous laisser seuls le temps d'un câlin.

Quand je sens que cela va mieux pour elle, je l’emmène en la tenant toujours par la taille jusqu’au salon pour la faire asseoir près de moi.

Je garde une de ses mains dans les miennes et c’est à cet instant précis que je me fais la remarque que cette femme est la dernière grand-mère qu’il me reste, qu’après elle il ne me restera plus personne de cette génération qui me considérera comme l’enfant que leurs yeux voyaient en me regardant avec cette douceur inimitable de ceux qui ont vécu longtemps et qui savourent chaque instant qu’il leur reste comme un cadeau du ciel.

***/***

Mireille se sent heureuse, les yeux plongés dans ceux mouillés d'émotions qui ne lâchent pas les siens qui d’ailleurs ne valent guère mieux, si ce n’est que les siens n’ont pas cette couleur si particulière qui l’ont captivée dès la première rencontre quand il lui a demandé si elle avait besoin d’aide pour récupérer ses deux chats.

Depuis ce jour-là, c’est comme si le petit rouquin était entré dans son cœur par la grande porte, celle qui d’habitude est réservée à la famille la plus proche et le pire ou plutôt le meilleur dans tout ça, c’est qu’il ne fait aucun doute pour elle que c’est réciproque.

Comprenant bien ce que ressent Florian en ce moment précis, après avoir perdu les deux derniers membres de sa famille qui comptaient pour lui depuis toujours et qu’il lui reportait maintenant tout cet amour auquel il a besoin de se rattacher, aussi se penche-t-elle vers lui pour lui déposer un baiser sur le front.

Son cœur fait un bond dans sa frêle poitrine, quand un immense sourire lui donne la récompense de son geste et qu’il lui rende son baiser en lui murmurant juste un mot à l’oreille.

- Merci !!

***/***

Autour d’eux personne ne reste insensible à tant d’amour et de douceur dans le geste, la fratrie Viala venant se serrer autour de leurs deux parents tandis que Mickael embrasse tendrement sa Catherine encore toute retournée par l’ambiance et qui pour une fois en perd totalement sans bagou, se serrant tremblante dans les bras de son amoureux.

Il faut que « Tic » et « Tac » entrent dans le salon, serrés eux aussi l’un contre l’autre, pour que tous se rendent compte du tableau qu’ils forment et commencent à en rire, ce qui aide beaucoup à détendre l’atmosphère qui il faut le reconnaître commençait à être pesante.

CHAPITRE 53 (Reims) (Lundi matin) (Soulagement matinale)

Quelle sensation bizarre après toutes ces semaines, de se réveiller seul dans un grand lit.

C’est la première réflexion qui me vient à l’esprit quand j’ouvre les yeux ce matin-là, cherchant de la main les corps chauds de Thomas et d’Antonin, n’y trouvant que le contact des draps froids.

Guillaume capte mon regard en souriant, comme il a capté mon désarroi précédent.

- Va falloir t’y refaire !! C’est la vraie vie qui reprend !!

- Bah !! Ce n’était que pour cette nuit !! Je peux venir te rejoindre quelques minutes ??

- Bien sûr, j’allais te le proposer !!

Je sors rapidement de mon lit pour venir dans le sien, alors qu’il a déjà ouvert la couette en grand pour m’y accueillir et qu’il la referme aussitôt derrière moi pour garder la chaleur du lit.

Je me blottis contre lui en l’embrassant sur la joue.

- C’est mieux comme ça, je n’aime vraiment pas être seul !!

- Je ne suis pas contre, seulement il serait bien que tu gardes au moins un sous-vêtement !! Tu ne peux pas savoir le drôle d’effet que ça me fait d’avoir un mec nu serré contre moi dans mon lit ! Hi ! Hi !

- Je ne pense pas à mal tu sais !!

- Manquerait plus que ça !! Ça me fait drôle c’est tout !!

- Demain j’irai faire mon câlin à « Dami », je suis sûr que lui au moins ça ne le dérangera pas.

En lui disant ça, je lui tire la langue pour bien montrer que ce ne sont que des paroles en l’air et que de toute façon Antonin sera là, aussi demandeur que moi à ce niveau.

- C’est ça mon gars !! Donne-lui l’occasion de se la secouer avec toi, je suis sûr qu’il ne demanderait que ça en plus !!

- Pourquoi ?? Pas toi ??

- ….

- Qui ne répond pas….

- Mais tu n’es vraiment qu’un gros pervers !! Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour que mon meilleur pote ne pense qu’au cul comme ça ??

- Tu n’y penses jamais peut être ??

- ….

- Là !! Tu vois !! …Bon !! Comme il faut que j’évacue le trop-plein, je vais aller faire ça dans les toilettes !! Comme ça, je préserve ta toute « nouvelle » pudibonderie !!

Je commence à sortir du lit quand je l’entends soupirer, sa main retient alors mon bras.

- OK !! C’est bon !! Recouche-toi !!

- Tu es sûr que c’est ce que tu veux ??

Un mouvement fluide sous la couette suivi d’un caleçon qui atterrit à l’autre bout de la chambre, me fait sourire en le regardant bien dans les yeux.

- J’imagine que c’est ta réponse ! Hi ! Hi !

N’attendant pas de réponse, j’empoigne ma hampe en commençant à la secouer doucement et les secousses de la couette du côté de Guillaume, démontrent que lui aussi s’y est mis à son tour.

Nous restons quelques minutes comme ça, jusqu’à ce que la couette nous gêne et que nous la refoulions à coups de pied jusqu’au fond du lit, nous montrant ainsi à la vue de l’autre avec sur les lèvres un petit sourire de satisfaction qui ne nous échappe ni à l’un, ni à l’autre.

Quelques minutes encore à nous observer tout en continuant nos manipulations sur nos engins raides comme la justice, pour voir Guillaume changer de main en se caressant plus langoureusement.

- Tiens ?? Tu fais ça aussi de la main gauche ??

- Essaie, tu verras comme c’est troublant !! Ça donne l’impression que c’est quelqu’un d’autre qui te le fait !!

J’essaie pendant quelques secondes, puis je reprends mon sexe dans la bonne main en y trouvant beaucoup plus de plaisir comme ça.

- (Guillaume) Tu n’aimes pas ??

- Pas trop, non !! Ça fait trop bizarre, ça ne vaut pas quand c’est vraiment quelqu’un d’autre qui te le fait !!

- ….

Guillaume ne lâche pas mon corps du regard, sa main droite restée libre semble hésiter à entrer en contact avec ma cuisse et ça me fait comme un choc dans la queue qui bande encore plus d’un seul coup, du coup j’approche ma main libre contre sa cuisse en sentant bien que je ne vais pas tenir longtemps avant de tout cracher tellement ça m’excite.

Le plaisir nous cambre comme des arcs bandés, l’orgasme nous vide de toute substance et nous laisse un long moment, alanguis à reprendre conscience de ce qui nous entoure, j’entends nos respirations saccadées qui cherchent l’air dans nos poumons et quand enfin tout se calme, nos corps s’écroulent à nouveaux sur le matelas du lit, sans pour autant que nos mains ne quittent la cuisse de l’autre.

CHAPITRE 54 (Reims) (Lundi matin) (Un curieux bien compréhensif)

Nos regards se rejoignent alors dans un sourire épanoui, montrant à l’autre la force décuplée de l’orgasme que nous venons de ressentir.

- (Guillaume) Waouh !! C’était trop fort !!

- Putain, oui !! Rien à voir avec une simple branlette !!

- Dis-moi « Flo » ??

- Oui, quoi ??

- Tu crois que je deviens …. Gay ??

- N’importe quoi !! Bien sûr que non, c’est juste un plaisir qu’on se donne parce qu’à notre âge on en a besoin !!

- Tu es sûr ??

- Bien sûr que j’en suis sûr, la preuve en est que je n’ai aucune envie de plus avec toi !! C’est pareil que quand nous faisons ça tous ensemble !!

- Oui, mais là je t’ai touché la cuisse et j’ai bien senti que c’était ça qui a déclenché tout !!

- C’est déjà arrivé et tu n’en as jamais fait un drame !!

- Oui, mais là c’était avec ma main !!

- Arrête de te poser des questions existentielles !! Ce n’est pas de notre âge et puis tu as aimé, non ?? .... Oui ?? alors c’est le principal !!

- A ce rythme-là, la prochaine fois jusqu’où ira-t-on ? Se branler mutuellement ??

- Pourquoi, tu en as envie ??

- …

- Ne réfléchis pas, dis ce que tu penses là !! Maintenant !!

- …oui !!

- Coooolllll !!!! Hi ! Hi ! Tu aimes toujours Léa pas vrai ??

- Bien sûr que oui !!

- Eh bien, tu vois !! Il n’y a pas de quoi en fouetter un chat !! Tu en as envie, j’en ai envie !!

- Tu aimes Léa, j’aime Thomas et Antonin…Raphaël…Éric…Y…

- Ça va j’ai compris ! Hi ! HI ! Pas besoin de me faire la liste, je les connais tous !!

- De toute façon la liste était finie et tu n’étais pas dedans il me semble ?? Nous, on s’aime autrement, tu le sais et je le sais, le reste n’est qu’une façon de nous le prouver rien de plus.

C’est à ce moment que la porte de la chambre s’ouvre sans qu’on n’ait le temps de réagir et que la tête de Damien apparaisse, visiblement surpris et ensuite amusé de nous voir dans cette position plus que compromettante.

- Et bien !! On ne s’ennuie pas ici !! Vous auriez pu m’appeler espèce de faux frères !!

- Pour quoi faire ??

Damien entre en refermant derrière lui, il s’approche de nous en montrant du doigt les traces de notre jouissance.

- Vous n’allez pas essayer de me la faire à moi !! C’est quoi ça ?? Pas de la crème Nivea en tout cas !!

Je regarde Guillaume qui comme moi a bien vu la mine boudeuse de son petit frère, il me fait un clin d’œil qui n’a pas besoin de paroles pour me faire comprendre la question induite dans son geste et je lui réponds de la même façon, ce qui lui amène un petit sourire amusé aux lèvres.

Nous nous séparons en faisant une place suffisamment importante pour que Damien en comprenne le sens et quand nous tapotons de la main sur l’endroit ainsi libéré, il vient nous y rejoindre sans se faire prier une seule seconde.

Une fois allongé entre nous deux, son regard va de l’un à l’autre en attendant la suite des événements.

- Et maintenant ??

Nous roulons sur lui en riant, lui maculant la poitrine de nos jus épais en s’amusant de le voir essayer de nous échapper en poussant des cris outrés.

- Oh !!! Vous êtes dégueulasses !! Beurk !! Bande de sales porcs !!

- Un peu de crème pour avoir une peau toute douce !! Hi ! Hi !

Il a beau se débattre et dire tout ce qui lui passe par la tête comme onomatopées, ce qui est sûr c’est qu’il bande comme un âne et que son petit slip blanc déborde de partout, nous disant exactement le contraire de ses paroles.

J’attrape l’élastique du slip de mon côté alors que Guillaume me voyant faire en fait tout autant du sien et nous le lui descendons jusqu’aux chevilles, Damien se figeant en nous regardant faire.

- Hé !! Vous faites quoi, là !!

- Tu nous traites de tous les noms pendant que tu bandes comme un cochon.

- (Guillaume) Tu ferais bien de la fermer et de te soulager, tu « pré cum » d’envie comme un malade !! N’essaie même pas de dire le contraire.

- Vous voulez que je me branle devant vous ??

- Eh bien oui, vas-y !! Qu’est-ce que tu attends, qu’Aurélien arrive à son tour ??

- Je suis cap de le faire, qu’est-ce que vous croyez ??

- (Guillaume) Alors tu attends quoi ?? Qu’on te donne un coup de main peut-être ??

Son regard nous observe à nouveau, semblant nous jauger tout en cherchant à comprendre nos véritables intentions et un petit sourire malicieux vient alors remplacer celui surpris qu’il avait jusqu’à maintenant, ses deux mains venant se positionner derrière sa tête et son bassin donnant quelques petits coups nerveux, nous indiquant par là même ce qu’il attend de nous.

- Et bien ne vous gênez pas les gars !! Voyons voir jusqu’où iront…. Vos grandes gueules !!

CHAPITRE 55 (Reims) (Lundi matin) (Un hétéro plein de surprises)

Sur le coup, j’avoue que j’hésite à poursuivre alors qu’avec Guillaume c’était juste une envie du matin que nous avons fait passer en toute amitié, là c’est autre chose.

Je vais pour dire à Guillaume de laisser tomber, quand je le vois attraper le slip de son frère et le lui enlever cette fois complètement.

- Bon !! Voyons voir si je suis une si grande gueule !!

Guillaume prend le sexe de son cadet à pleine main et il commence alors à le lui secouer d’une façon assez rude pour faire grimacer Damien.

- Hé !! Va doucement !! …Hum !!!

Le petit râle qu’il vient d’émettre semble vouloir annuler ses dernières paroles, car le voilà maintenant à se tortiller sur le lit en poussant des petits gémissements de plaisir.

Guillaume a alors un petit sourire en coin carnassier, il n’a à mon avis pas l’intention de faire durer ça des heures et comme preuve que j’ai raison, la main libre vient lui mettre direct un doigt bien profond dans le fondement.

- Arrhhh !!!

J’avoue que je reste un moment comme un couillon à regarder le spectacle, pour finir par poser à Guillaume la question qui me vient directe à l’esprit.

- Où as-tu appris à faire ça ??

- (Guillaume) En fait c’est Léa qui a appris ça par une copine, j’avoue qu’on en prend vite l’habitude !! Hi ! Hi ! Ne viens pas me dire que les homos ne connaissent pas ça ??

- Bien sûr que si, mais venant d’un hétéro ce n’est pas courant comme pratique !!

- (Guillaume) Ce n’est pas toi qui disais qu’il fallait laisser parler son corps et que ce qui était bon pour lui, ne devait pas être l’objet d’un blocage restrictif ??

- (Damien) Je n’en reviens pas que Léa te fasse un truc pareil !! Elle cache bien son jeu pour une fille !!

- Moi je trouve que c’est très bien au contraire, la fausse pudeur dans un couple n’est pas une bonne chose et chacun doit pouvoir découvrir son plaisir partout où il se trouve, que ce soit pour le prendre aussi bien que pour le donner.

- (Damien) Ouaih !! Tu n’as peut-être pas tort « Flo », après tout nous le faisons bien entre garçons !!

Damien sourit à son frère de l’air légèrement vicieux de celui qui veut tout savoir sur les rapports de sexe entre un garçon et une fille.

- Et toi ?? Tu lui fais pareil, dis ??

- (Guillaume) Tu es bien curieux !! Pour tout te dire, nous avons essayé une fois et ça n’était pas le pied pour elle, en plus ce n’est pas la zone qui m’intéresse le plus chez une fille !!

- C’est normal qu’elle n’y prenne pas le même plaisir que toi, elle n’a pas les mêmes zones érogènes que nous c’est pour ça !!

- (Damien) Tu veux dire que quand on met le doigt, ou une bite dans le cul d’une fille ça la laisse indifférente ??

- Je n’irai pas jusqu’à dire ça, juste qu’elle n’éprouvera pas le même plaisir que toi !! À mon avis c’est pour elles un plaisir plus cérébral que physique !! Je te rappelle en passant que les filles n’ont pas de prostate, au cas où tu ne t’en souviendrais pas !!

- (Damien) Ah bon ??

- (Guillaume) On voit bien qu’il n’y a que les garçons qui t’intéressent !!

Le fait de l’entendre dire ça à son frère m’a rappelé ce qu’il vient juste de lui faire, avec une maestria digne d’un pro et le petit Damien a grimpé au rideau en moins de temps qu’il n’en a fallu pour le dire, ça plus la conversation que nous avons eue précédemment commence à me faire poser la question de savoir si mon « Guigui » n’aurait pas une part de bisexualité cachée ou tout au moins inconsciente.

Comme j’entends du bruit dans l’appartement, je mets fin à la discussion avant que quelqu’un ne vienne voir ce que nous faisons et notre tenue actuelle n’aidera en rien à donner une réponse.

- On aère et on se rhabille les gars !! Ça remue dans la cuisine, il est temps de prendre le petit-déj !! C’est la reprise rappelez-vous !!

***/***

« Quelques minutes plus tard. »

Ce n’est qu’une fois tous installés à table que je remarque le regard narquois d’Aurélien qui nous fixe.

- Ça veut dire quoi ce regard ??

- (Aurélien) Je suis juste surpris de vous voir en bonne santé !!

- (Damien) Pourquoi donc ?

- (Aurélien) J’ai eu l’impression tout à l’heure qu’un de vous trois se faisait égorger, c’est tout !!

CHAPITRE 56 (Reims) (Lundi matin) (CHU)

Antonin en arrivant au CHU, se doutait bien que ce jour-là ne serait pas un jour comme les autres et comme de bien entendu, il avait vu juste.

Ça a commencé par les regards qui se sont fixés immédiatement sur lui dès qu’il est apparu devant l’entrée du personnel, regards amicaux certes mais refrénant une immense envie de venir lui poser tous, la même question.

Il décide donc de prendre les devants une fois arrivé aux vestiaires, prenant son courage à deux mains et en montant sur un des bancs, il lève les deux bras pour attirer une attention qui était déjà quasiment monopolisée sur lui.

- Déjà pour commencer, bonjour à tous et je suis heureux de vous revoir après cette longue absence !! Ensuite pour éviter de me répéter je ne sais combien de fois, je vous répondrais !! …Oui !!.... Florian sera bien ici ce matin et si j’arrive aussi tôt, c’est juste pour préparer la réouverture de son cabinet et avant cela, passer au secrétariat prendre son nouveau carnet de rendez-vous !! Vous voilà tous renseignés, merci de m’avoir écouté sans m’interrompre !! S’il vous plaît, faites passer le message autour de vous !!

Antonin redescend de son estrade d’infortune, satisfait de voir qu’enfin les chuchotements ne sont plus directement adressés à sa personne et il peut donc déambuler tranquillement ou presque à ses affaires, prenant le temps ensuite de consulter les rendez-vous pris pour la semaine en cours.

***/***

Une étrange émotion l’a pris quand il est arrivé devant le cabinet où lui et Florian vont reprendre le travail, caressant de la main la plaque en cuivre fixée sur la porte où est inscrit.

« Florian De Bierne

Professeur agrégé toutes spécialités

Uniquement sur rendez-vous »

***/***

Antonin soupire un grand coup avant d’ouvrir la porte et de se retrouver dans la petite salle d’attente, son bureau se trouvant juste dans l’angle de celle-ci et derrière lui se trouve une seconde porte donnant directement dans le bureau de consultation de Florian.

C’est avec les mains légèrement tremblantes, qu’il allume son pc pour ensuite aller vérifier que tout est prêt et que rien ne manque dans la vitrine à pharmacie au cas où Florian aurait besoin de quoi que ce soit en urgence.

- Toujours aussi méticuleux dans ton travail Antonin !!

Le blondinet sursaute, n’ayant pas entendu la personne arriver derrière son dos.

- Oups !! Heureusement que je ne suis pas cardiaque ! Hi ! Hi !

- Excuse-moi si je t’ai surpris !!

- Bah !! Ce n’est pas grave !!

Antonin vient serrer la main à René qu’il est heureux de revoir, étant l’un des meilleurs amis qu’ils ont ici lui et Florian.

- (René) Tu ne peux même pas imaginer combien de fois j’ai rêvé à ce jour !!

- J’imagine bien en effet.

- (René) Et je ne suis pas le seul !!! Si je suis passé si tôt ce matin, c’est juste pour te prévenir que j’ai un lien informatique avec le carnet de rendez-vous de Florian et que tu ne t’en étonnes pas quand tu ouvriras le fichier, le but étant d’avoir son équipe à dispo au cas où !! Il sera toujours plus facile comme ça pour se rendre service mutuellement.

- Je pense que Florian appréciera l’intention, mais avoue plutôt que c’est aussi pour avoir l’occasion de pouvoir retravailler avec lui ??

- (René) Je vois que j’ai été vite démasqué ! Hi ! Hi !

- Quelque chose me dit qu’il n’y a pas que toi qui en éprouveras l’envie !! Il me semble même l’avoir entendu en parler à Claude, de toute façon c’est aussi bien pour vous deux pas vrai ??

- (René) Je préfère cette solution que celle de perdre une équipe très efficace, me doutant bien que sinon nos quatre lascars m’auraient filé leur « dém » !!

- Je présume que de cette façon, chacun y trouvera son compte !!

- (René) C’est bien comme ça que je le voyais, sais-tu que tu es un garçon décidément très perspicace et que Florian a de la chance de t’avoir avec lui ? Où est passé le jeune homme si peu sûr de lui et tout timide des premiers jours ?

- Il a eu de bons professeurs mais aussi des personnes qui ont su le mettre à l’aise et lui pardonner son manque d’assurance en l’aidant de bon cœur, je leur en serai toujours reconnaissant !!

- (René) En tout cas, je suis content pour toi que tu aies retrouvé ton sourire !! Ça me faisait de la peine de te savoir seul sans tes deux am…is.

- Oh !! Tu peux dire amoureux, tu sais !! C’est loin pour moi d’être un mot auquel je pourrais avoir honte !!

- (René) Tout va bien pour vous trois alors !! C’est un juste retour des choses, vous ne méritiez pas cette séparation !! Bon !! Je parle, je parle !! Je ferais mieux d’aller reprendre mon poste, j’espère que « Flo » viendra nous faire un petit coucou !! Je sais bien qu’il est très occupé et qu’il n’aime pas trop les effusions affectives !! Mais bon !! Je ne me referai pas non plus, surtout à mon âge ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 57 (Reims) (Lundi matin) (CHU) (Une matinée bien peu excitante)

« Un peu avant dix heures, parking du CHU. »

- C’est bon les gars !! Vous avez quartier libre jusqu’à ce soir, je n’ai pas l’intention de bouger d’ici aujourd’hui !!

- (Dorian) Ok « Flo » !! On va en profiter pour ranger nos affaires dans notre chambre et pour emmener mamie en course, normalement nous serons là tous les six à partir de ce soir !! Flavien retourne avec Carole chez les parents de Sylvain le temps qu’on se trouve un appartement.

- Ça n’a pas l’air de trop vous brancher dis donc ??

- (Gérôme) Pas vraiment non !! Mais nous n’avons pas trop le choix vu qu’il n’y a que quatre chambres, comme en plus c’est nous qui sommes partis en laissant la place à Mickaël et Catherine !!

- Je vois peut-être un moyen pour vous deux de rester en « famille » là-bas !! Il vous suffirait de faire quelques travaux, je m’étais déjà fait la réflexion en visitant la maison au tout début que le grenier pourrait une fois aménager faire un très beau loft !! Pourquoi vous n’en parleriez pas à « Mimie », elle vous aime beaucoup tous les deux et je ne pense pas qu’elle y verrait quelque chose à redire !! J’appellerai Maurice pour qu’il vous fasse débloquer des fonds, après tout ce sera toujours moins coûteux à moyen terme qu’un loyer sur Reims.

- (Dorian) Ça ne risque pas de fatiguer « mamie » tout ce monde ?

- J’en ai parlé avec Mickaël quand nous nous sommes vus à Paris chez Yuan, il s’occupe de lui faire accepter une aide-ménagère prise en charge par votre société !! Après tout vous en êtes tous actionnaires maintenant !!

- (Gérôme) Mais elle est à toi !!

- A Thomas pour cinquante pour cent de mes anciennes parts, de toute façon elle n’a été créée que pour rembourser le prêt de Ming et d’Hassan, d’après ce que j’en sais les bénéfices prévisionnels sur deux ans sont déjà quasi suffisants. Que tous mes amis en profitent ensuite me va très bien, de toute façon nous parlons de sommes si astronomiques que je suis même je vous l’avoue, réellement surpris que vous soyez encore tous à votre ancien travail.

- (Dorian) On a dû tous déteindre sur toi, que veux-tu ?? Mais nous retenons ton idée et nous allons en parler à « Mimie » dès aujourd’hui, c’est vrai que chez elle nous nous sentons tous en famille.

- OK les gars !! Il est temps que je me mette au taf, « Tonin » va finir par s’inquiéter si ça continue !!

Je les quitte en souriant, c’est vrai que depuis mon retour j’ai l’impression d’avoir retrouvé une grande famille et c’est donc d’un bon pas l’âme sereine, que je traverse le parking pour entrer dans l’enceinte du CHU.

C’est en mettant le premier pied dans l’entrée, que je me rends compte que je ne serai jamais à l’heure à mon bureau et je m’y résigne avec le sourire, en voyant tous les regards tournés vers moi.

***/***

« Une heure plus tard. »

C’est les joues en feu et la gorge sèche, que j’ouvre la porte de mon cabinet en captant le regard amusé et condescendant d’Antonin, qui sans aucune parole me tend un verre d’eau que j’avale cul sec avec un plaisir évident.

- La prochaine fois tu fais comme moi, passe par-derrière ! Hi ! Hi !

- En plus j’aurais dû m’y attendre, la rançon du succès que veux-tu !!

- C’est surtout le plaisir que tu sois revenu et vivant qui plus est !!

- Remarque que ça n’aurait pas été évident de revenir mort ! Hi !! Hi !

C’est là où mon regard pour la première fois se tourne vers la salle d’attente, ma surprise fait sourire une fois de plus Antonin.

- Ils avaient vraiment peur d’arriver en retard eux par contre !! Même ton rendez-vous de midi est déjà là, tu imagines !!

- Oups !! Ne perdons pas plus de temps alors, je m’habille et tu fais venir le premier patient d’ici cinq minutes.

- Bien Docteur !!

Je capte le clin d’œil d’Antonin sur ce « bien docteur » dit à haute voix, tout comme le sérieux avec lequel il reprend sa place à son bureau et je me dis qu’à midi j’en connais un qui devra me le redire de la même façon, tellement il m’excite grave dans son rôle d’assistant.

Les consultations se passent très bien, vu que pour tous ce n’est qu’une première visite et je passe donc presque tout le reste de la matinée à prescrire des examens, des radios ou des scanners pour les futurs soins opératoires de ceux pour qui le besoin s’en fera sentir.

Rien de bien intéressant je dois le reconnaître et autant je me sens si bien quand mes interventions sont vitales, autant alors tous ces « bobos » somme toute anodins qui se sont présentés ce matin me lassent déjà.

Quand le dernier patient de la matinée quitte mon bureau, je pousse un « ouf » de satisfaction et je vais rejoindre directement Antonin qui me voit arriver avec ma tête des mauvais jours.

- Ne me dis rien !! Quand j’ai vu le carnet de rendez-vous ce matin, j’étais certain de ta réaction !!

- Tu sais quoi « Tonin » ?? Je me suis pris pour un généraliste pendant toute la matinée !!

- Et tu n’as pas fini, c’est comme ça jusqu’à noël !!

- Tu vas me faire le plaisir d’annuler tout ça !! Tu ne gardes que ceux de cette semaine et tu me fais le plaisir de ne prendre que des cas sinon désespérés, du moins qui sont susceptibles de présenter des pathologies difficiles !! Tu renvoies les autres à des confrères qui s’en chargeront, je ne veux pas perdre mon temps à soigner des broutilles alors que des personnes qui en auront vraiment besoin risquent la mort.

- À quoi donc crois-tu que j’aie passé ma matinée ?? À faire des scoubidous ?? Figure-toi que je m’étais fait la même réflexion, je te connais trop bien pour savoir que tu n’allais pas vraiment apprécier.

CHAPITRE 58 (Reims) (Lundi midi) (CHU) (Allons docteur, un peu de retenue)

Je le regarde en souriant n’en attendant pas moins de lui, de le voir avec sa blouse blanche m’excite comme pas possible et l’idée de tout à l’heure me revient en mémoire, sentant mon sexe commencer à se trouver bien à l’étroit dans mon pantalon.

- Pourriez-vous me suivre dans mon cabinet d’auscultation, j’aurais besoin d’un service qui requière votre assistance et…

Antonin regarde l’horloge un bref instant pour s’assurer qu’il peut me couper la parole.

- Je suis en pause là, Docteur !! Je suis désolé de vous faire faux bond, mais mon chéri semble avoir besoin d’un petit moment d’intimité avec moi et je désire profiter de ma pause casse-croûte pour nous satisfaire d’un gros câlin.

En l’écoutant parler, je sens la température de mon bas-ventre monter de plusieurs degrés et je rentre dans mon bureau sans répondre en laissant la porte ouverte, me déshabillant à toute allure pour balancer mes vêtements dans l’autre pièce en recevant en retour un tas de fringues que je prends quasi en pleine poire.

C’est un Antonin tout nu et bien sûr tout bandé, qui entre à son tour pour se jeter dans mes bras en plaquant ses lèvres aux miennes.

Il s’en détache au bout de quelques secondes, prenant un air faussement outragé pour me dire.

- Tu te rends compte que le taulier ne voulait pas me lâcher !! En plus c’était pour me proposer la botte j’en suis sûr, il y en a qui se croit tout permis !! Heureusement que je l’ai envoyé balader ! Hi ! Hi !

Il me tourne le dos le temps de fermer la porte soigneusement à clé, me laissant admirer en bavant ses petites fesses bien rondes, que la marque de bronzage du reste de son corps fait paraître encore plus blanches.

- La prochaine fois nous irons dans un camp naturiste.

Antonin se penche en faisant trémousser son popotin.

- Pourquoi ? Il ne te plaît pas comme ça mon petit cul ?

- Oh, que si !!

Il plaque ses deux mains bras tendus contre la porte en écartant les jambes et en cambrant ses reins de façon suggestive, m’amenant encore plus l’eau à la bouche.

Je lui plaque avec douceur mes deux mains sur les hanches en le faisant frissonner, les malaxant un instant pour jouir de la sensation de sentir cette chair douce et ferme entre mes doigts, je remonte ensuite mes mains sous forme de caresses vers son ventre pour remonter jusqu’à sa poitrine et le sentir à ce contact haleter comme un jeune chiot, tendant encore plus son fessier pour tenter d’aller nerveusement au contact de mon membre.

Mes lèvres se posent sur son cou, sa peau frémit de plaisir et sa gorge commence à faire entendre ces petits gémissements qui me rendent fou, résistant encore à l’envie de le posséder alors que tout mon corps n’attend plus que ça.

Ma bouche descend lentement, ma langue laissant un sillon de salive tout du long de sa colonne vertébrale tandis que mes mains amorcent la descente en insistant un moment sur ses tétons érigés.

- Arrhhh !!! Tu me rends dingue là !! Fais-moi l’amour !! Je ne tiens plus !!

Ce n’est pas l’envie qui m’en manque, juste que je veux le pousser au plus loin dans son désir d’être mien aussi je continue mon exploration manuelle côté face et buccale côté pile, jusqu’à ses reins que je lèche lentement alors que mes doigts explorent cette fois son pubis aux poils blonds en faisant bien attention de ne pas entrer en contact avec son sexe qui sinon risquerait de ne plus pouvoir retenir plus longtemps son envie de jouir.

Ma bouche attaque cette fois la partie pâle de son anatomie, se régalant de ses belles fesses fermes et soyeuses au goût sucré qui m’affolent, mes doigts revenus la rejoindre pour les écarter afin que ma langue puisse explorer en profondeur.

Antonin maintenant n’est plus qu’une pile électrique, son corps tout entier palpite au rythme de mes caresses et ses petits cris du début, deviennent de véritables geignements.

- Arrh !! Pitié !! C’est trop bon !!…Encore !!! Ahhh !!!...Ouuiii !!! Prends-moi !!! Je vais…Arrh !!!

Antonin sentant son corps tout entier se nouer sous le coup du double plaisir, celui anal qui lui chauffe l’intérieur des tripes comme une divine morsure et celui venant de son sexe qui lui amène un orgasme fulgurant qui le vide comme jamais il ne s’est vidé.

Ce n’est qu’une fois nos sens enfin repus que nous nous laissons aller toujours enlacés sur le sol, le regard vitreux encore sous l’émotion du plaisir que nous venons de connaître et pourtant alors que nos forces semblaient épuisées, mon sexe déjà quémandeur et à la recherche de nouveaux plaisirs.

CHAPITRE 59 (Reims) (Lundi après-midi) (CHU) (Urgence ? Vous avez dit urgence ?)

L’après-midi commence comme s’est terminée la matinée, c'est-à-dire sans rien de bien excitant en perspective et c’est seulement aux alentours de dix-sept heures, alors qu’il ne restait plus qu’un patient dans la salle d’attente, qu’enfin quelque chose éveilla mon attention.

Une conversation venant depuis le bureau d’Antonin et prenant du volume au point qu’il me semble que ça en devient une véritable dispute en règle, je termine donc avec ma patiente en ouvrant ma connexion d’avec « Tonin » pour essayer de comprendre ce qu’il se passe.

***/***

- Mais monsieur, vous devez prendre rendez-vous comme tout le monde !!

- C’est ça, oui !! Pour la « saint glinglin » !! Puisque je vous dis que mon épouse est enceinte et qu’elle souffre anormalement !! Ces connards de toubibs que nous avons vus jusque-là, disent que c’est tout à fait normal !! J’ai déjà assisté à la grossesse de mes deux premiers enfants, je vois bien que cette fois-ci il y a quelque chose qui cloche.

- Ça ne sert à rien de vous emporter après moi !!

- Je m’excuse si je parle fort, mais il n’y a que le docteur « miracle » qui peut m’aider !! Dès que j’ai appris qu’il s’en était remis, j’ai promis à ma femme que je ferais tout pour que ce soit lui qui la soigne !!

***/***

Je vois bien que cet homme craint vraiment pour la santé de son épouse, ses yeux ne peuvent mentir et montrent bien l’inquiétude qui le mine, son emportement n’étant dû qu’à la crainte de ne pas pouvoir obtenir ce qu’il était venu chercher.

Je raccompagne ma patiente en lui donnant rendez-vous dans deux semaines avec ses bilans de santé, puis je demande à la dernière personne qui attend son tour de bien vouloir entrer.

L’homme me regarde avec cet air bien particulier qu’ont les gens quand ma profession se heurte à mon âge, une sorte de mélange de stupeur et d’impossibilité, qui à chaque fois m’arrache bien malgré moi un sourire amusé.

- J’ai entendu une partie de votre altercation avec mon assistant !!

- Heu !! Je m’en suis excusé !!

- Où est votre épouse ??

- Dans la voiture, elle ne se sent vraiment pas bien vous savez…Docteur.

- Ma jeunesse vous choc à ce point-là ??

- Oui !! Enfin, non !! J’y étais préparé, mais entre ce que l’on peut voir à la télé et d’être devant vous, c’est vraiment perturbant je dois bien l’admettre.

- Je comprends !! Je termine mon dernier patient, pendant ce temps je vous laisse aller chercher votre épouse avec mon assistant !! En cas de problème, il saura gérer l’urgence ne vous en faites pas !!

Le visage de l’homme s’illumine d’une véritable impression de relâchement, tellement la tension qu’il ressentait devait lui peser.

- Je…Merci !!

Je fais signe à Antonin de le suivre, tout en lui donnant mentalement quelques précautions à prendre.

***/***

« Conversation mentale. »

- Prends un fauteuil roulant aux urgences, je ne sais pas ce qu’a cette femme, aussi il est inutile de la fatiguer plus que nécessaire.

- Rien d’autre ??

- Si !! Tu préviens le chirurgien de garde que nous aurons peut-être besoin des services d’une équipe opératoire.

- Entendu !!

***/***

Je retourne m’occuper de mon dernier patient, suivant en live les déplacements d’Antonin qui me montre une fois encore combien il est énergique et qu’avec lui en plus d’un chéri, j’ai trouvé la perle rare pour me seconder efficacement.

Le temps d’une brève auscultation pour une fois de plus n’avoir qu’un acte bénin à prévoir sur cet homme pour qui le moindre bobo doit être soigné par un spécialiste, alors que son médecin traitant aurait été tout aussi capable de diagnostiquer la petite hernie abdominale qui l’a amené ici.

Ce n’est qu’une fois en avoir terminé avec lui, que je peux me plonger complètement dans l’étude de la jeune femme que son mari aide avec Antonin, à s’asseoir dans le fauteuil médical.

Son teint blafard ainsi que ses yeux marqués de veinules apparentes, me font lever d’un bond de mon siège pour aller à leurs rencontres et les rattraper dans le couloir du rez-de-chaussée, ralentissant pour reprendre un air tranquille afin de ne pas se faire poser d’autres questions à l’homme qui ne comprendrait certainement pas la raison de mon impatience à les rejoindre.

- Ah !! Vous voilà, c’est très bien !! Bonjour Madame, je suis le docteur De Bierne !! J’ai préféré descendre pour pouvoir faire quelques examens rapides, si vous voulez bien me suivre ??

Antonin pâlit soudainement, comprenant bien que la raison invoquée n’est certainement là que pour rassurer le couple.

- Dois-je prévenir quelqu’un Docteur ?

- J’aimerais en effet avoir l’assistance d’une équipe d’infirmiers, qu’elle nous rejoigne en radiologie.

- Bien Docteur !!

Je vois bien que le couple commence à s’inquiéter à la façon qu’ils ont de se serrer la main, je les rassure alors en leurs parlant de façon toute naturelle.

- Ne vous en faites pas, c’est tout simplement pour aider madame à s’allonger sur la table de radio !!

CHAPITRE 60 (Reims) (Lundi fin d’après-midi) (CHU) (Diagnostic)

***/***

« Conversation mentale avec Antonin. »

- Fais préparer un bloc en urgence, cette femme a sûrement un bébé mort dans le ventre !!

- Et merde !!!

- Comme tu dis, le pire c’est qu’il est en train de faire mourir sa mère !!

- Comment ça ??

- Le sang du bébé, tu comprends ?? Il empoisonne celui de sa mère !!

- Mais tu vas la sauver ??

- Ce n’est pas ça le plus difficile !!

- Je ne sais pas ce qu’il te faut !! Et c’est quoi pour toi ??

- De le faire admettre aux parents et surtout de comprendre comment ça a pu arriver.

***/***

Nous arrivons devant la salle de radiologie et je fais signe à l’homme d’attendre avec son épouse dans le couloir, le temps que je prévienne le personnel qui est à l’intérieur.

Le radiologue termine justement avec sa patiente quand il me voit entrer, son visage contrarié ne dure que le temps qu’il met à me reconnaître.

- Florian ?? On m’avait averti de ta présence, mais je ne pensais pas te voir aujourd’hui !! Alors tout ce qu’on entend depuis une semaine serait donc vrai ??

- Ecoute, ce n’est pas que je ne veuille pas te répondre mais j’ai besoin de tes services en urgence !! Nous aurons l’occasion ensuite d’en reparler, mais là ça urge vraiment et il en va de la vie d’une jeune femme, je voudrais que tu lui fasses une échographie pour confirmer mon premier diagnostic.

- C’est quoi le problème ??

- Justement, à toi de me le dire !!

- Entendu !! Je m’en occupe !!

- Merci, je te revaudrai ça !!

***/***

« Quinze minutes plus tard. »

Le radiologue me regarde en grimaçant, j’ai suivi l’échographie avec lui et j’ai donc eu la confirmation que j’attendais, l’état du bébé montre que sa mort date de plusieurs jours et comme nous n’avons rien vu de spécial sur le monitor, j’appréhende ce que je vais découvrir lors de l’opération.

- (Le radiologue) Comment peut-on laisser une femme dans cet état de nos jours ??

- Pour le moment, le plus important n’est pas de comprendre mais bien d’agir !! Heureusement que son mari a insisté aussi lourdement pour me voir, sinon je ne suis même pas certain qu’elle aurait passé la nuit.

- (Le radiologue) Elle draine depuis plusieurs jours dans son corps tout le sang pourri du bébé, j’ai bien peur qu’il ne soit déjà trop tard !!

- Allons !! Homme de peu de foi, il faut toujours avoir confiance !!

Le radiologue me regarde en souriant.

- C’est vrai que tu es revenu.

Je lui rends son sourire en lui serrant la main, rejoignant ensuite le couple pour passer au moment le plus difficile pour moi qui est celui d’annoncer ce genre de nouvelles.

Heureusement que Maxime et « Juju » sont déjà arrivés car c’est tout juste si le mari ne nous est pas tombé dans les pommes.

Ils le soutiennent donc jusqu’à un bureau pour que j’obtienne les autorisations nécessaires à l’opération de son épouse, pendant que mes deux amis la conduisent au bloc où les attendent déjà Émilie et Patricia.

Autant dire que je suis soulagé de retrouver mon équipe, habituée qu’ils le sont à mes méthodes opératoires et c’est donc plus confiant que je m’assois face à l’homme, pour lui faire le bilan de santé de son épouse.

- Notre bébé est vraiment mort docteur ??

- Hélas oui, d’après les premières analyses ça ferait plus de quarante-huit heures !! À quand remonte votre dernière visite chez un spécialiste ?

- Presque une semaine !!

- Et la dernière échographie ??

- Ça date du mois dernier !!

- Il faudra m’apporter tout ce que vous avez, mais pour l’instant ce n’est pas ça l’essentiel !! Je dois opérer votre femme dès ce soir, il est vital pour elle que le bébé soit extrait et qu’ensuite nous puissions la mettre sous médications spécifiques à base d’antibiotiques, son sang devra également être filtré des impuretés venant du bébé pour soulager les défenses rénales qui doivent souffrir sous l’attaque.

- Mais vous allez la sauver ??

- Si vous êtes venus me voir, c’est que vous aviez foi en moi ??

- Bien sûr !!

- Alors gardez votre foi, je ferais le maximum pour sauver votre épouse.

Je lui présente les autorisations qui me sont nécessaires pour pouvoir agir en toute légalité, autorisations qu’il me signe sans même les lire me prouvant ainsi toute la confiance qu’il me porte.

- Merci !! Je vais demander qu’on vous prépare une chambre double pour la nuit, je présume que vos autres enfants sont entre de bonnes mains ??

L’homme acquiesce de la tête.

- Ils sont chez mes beaux-parents !!

Je me lève en le fixant droit dans les yeux, ce qui semble le troubler mais aussi le rassurer.

- Attendez ici que quelqu’un vienne vous prendre en charge et ne craignez rien, votre épouse vous reviendra vite !!

CHAPITRE 61 (Reims) (Lundi soir) (CHU) (L’équipe se retrouve)

« Vingt heures, bloc opératoire. »

Je commence l’autopsie du fœtus, tandis que Patricia termine les sutures abdominales de la mère et que Maxime la mette sous dialyse avec l’aide de Julien.

C’était moins une qu’il ne me faille utiliser ma « potion magique » comme le dit si bien « Max », soulagé tout de même de ne pas l’avoir fait car toujours dangereux au cas où quelqu’un d’étranger à notre groupe viendrait à le découvrir.

La mère devrait s’en remettre doucement, il lui faudra quand même rester quelques semaines au lit le temps que son organisme reprenne des forces.

Mon empathie pour le bébé me brouille la vue, alors que j’extrais ses organes internes pour tenter de comprendre ce qui a bien pu produire son décès prématuré et ne voyant rien là de flagrant, je lui fais les prélèvements de tissus qui révéleront très certainement l’élément pathogène lors des analyses en laboratoire.

Patricia me rejoint en me tendant un mouchoir, émue autant par le bébé que par mon visage couvert de larmes.

- Laisse « Flo », je m’en occupe !! Tu en as assez fait pour aujourd’hui, va prendre une douche et rentre à la maison, nous nous reverrons demain.

- Je dois encore voir son mari pour le rassurer !!

- (Émilie) Je vais aller le voir, écoute plutôt « Pat » !!

Elle se tourne vers Maxime et Julien, qui reviennent de la salle de réveil où ils ont emmené la jeune femme.

- Les garçons ?? Occupez-vous de « Flo », vous voulez bien ??

Maxime s’approche, visiblement inquiet.

- Qu’est-ce que tu as ??

C’est en tournant le visage vers lui, qu’il comprend de quoi il s’agit et qu’il me prend sous les bras pour me relever, m’écartant au plus vite du petit cadavre.

- C’était à nous de faire ça !! Allez !! Sous la douche camarade, tu viens « Juju » ?? Le petit a besoin qu’on lui frotte le dos !!

- J’arrive !! Passez devant, je vous rejoins !!

***/***

« Sous la douche. »

Je me laisse laver par mes deux copains, qui sourient après quelques minutes de constater ma passivité mais aussi de voir que je me sens mieux et c’est vrai que l’image du bébé s’efface petit à petit, au fur et à mesure qu’ils me savonnent en douceur.

En fait ils savent très bien que j’adore être papouillé et ils font en sorte que je me détende un maximum, commençant même leurs plaisanteries à deux balles sur mon excroissance pénienne qui à force de frôlements commence à donner des signes d’expansion évidente.

- (Julien) Bordel !!! J’ai encore pris le mauvais côté, tu crois avoir fini et ça s’allonge encore, t’en donnant encore plus à laver ! Hi ! Hi !

- (Maxime) Toujours à râler le vieux !!

- (Julien) Tu sais ce qu’il te dit le vieux, gamin ??

- (Maxime) Qu’il est jaloux de ne pas en avoir une comme ça ??

- (Julien) Pffttt !!

Il me retourne en riant.

- Puisque c’est comme ça, occupe-t’en toi-même !! Hi ! Hi !

- (Maxime) Volont…oups !! Ah, oui !! Quand même !! Et bien mon cochon, tu n’as pas honte ??

- Hi ! Hi !

- (Maxime) En plus il trouve ça drôle !!

Maxime en a les yeux qui brillent du plaisir de me voir enfin sourire, il me prend alors dans ses bras en me serrant très fort contre lui.

- Tu m’as trop manqué « Flo ».

Mes mains l’enserrent à son tour, trop content moi aussi de les avoir retrouvés et si je n’éprouve absolument rien de sexuel de cette étreinte, elle m’apporte un bonheur sans pareil d’une amitié ou devrais-je plutôt dire d’un amour réciproque envers ces garçons qui sous le prétexte d’un amusement, me montrent à quel point je compte aussi pour eux.

- Vous n’imaginez pas à quel point ça a été pareil pour moi les gars !! Non…vous n’imaginez pas à quel point !!

***/***

« Salle de repos du sous-sol. »

La douche en commun m’a fait un bien fou, et ce autant pour le corps qui se sent ragaillardi, que pour l’esprit qui a retrouvé sa sérénité.

Nous nous retrouvons tous les cinq dans la salle de repos à boire un « bon » café, quand Antonin suivi de près par René nous y rejoignent.

Je fonce dans les bras de cet homme qui m’a toujours fait confiance depuis qu’il a été subjugué par notre première rencontre où il a vu arriver tout d’abord d’un drôle d’œil ce gamin qui en quelques minutes l’a laissé sans voix devant des compétences pour le moins surprenantes pour son âge.

Un respect tout d’abord exclusivement professionnel nous a liés, très vite remplacé ou devrais-je dire plutôt « complété » par une amitié là aussi devenue indéfectible.

Il passe en souriant une main paternelle sur mes cheveux en pétard, chose que je n’accepte avec le sourire que venant de très peu de personnes.

- Alors mon garçon !! C’est ton premier jour de reprise et déjà tu fais parler de toi ?

- Il fallait bien te trouver une excuse pour venir me décoiffer ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 62 (Paris) (Vendredi soir fin septembre) (Raymond)

Yuan est chez lui à cuisiner depuis qu’il est rentré de la fac, ce week-end comme chaque dernier week-end du mois étant annonciateur de la semaine parisienne de Florian qui débute sa permanence à Bégin le lundi suivant avec son arrivée le dimanche en fin d’après-midi.

Il profite donc de cette soirée du vendredi où il ne va pas passer son week-end à Reims, pour inviter quelques amis qui raffolent de sa cuisine typiquement asiatique.

C’est donc avec un plaisir évident qu’il farfouille dans ses gamelles après s’être assuré que tout est prêt pour les recevoir, n’attendant plus qu’eux pour commencer la soirée.

Ce soir il a invité deux couples plus le seul célibataire restant de la bande, en effet Benjamin depuis que ses sœurs fréquentent assidûment Jordan et Johan, est devenu quasiment inséparable d’avec Jonas ainsi que de Luka et bien sûr leurs chéris respectifs.

C’est donc ces cinq lascars qui ce soir ont accepté avec plaisir son invitation, les prochains sur la liste étant son cousin Chan avec son conjoint Dante mais aussi leurs deux amis également inséparables que sont Steven et Michael, restera ensuite à inviter l’équipe de Florian à Bégin avec leur amoureux respectif pour faire quasiment le tour de la bande parisienne.

Yuan a un projet à leurs présenter à tous, c’est pour cette raison qu’il a lancé cette campagne d’invitations et son but est d’obtenir leurs accords pour l’achat ou la location d’une salle dans un immeuble de bureaux idéalement située en plein cœur du complexe de la Défense et qui sera spécialement dédiée à leurs futures soirées.

En effet vu le nombre, il est quasiment impossible à l’heure actuelle qu’ils puissent se réunir chez l’un ou chez l’autre et Yuan sait très bien qu’il n’est pas le seul à s’en plaindre, ses amis tout comme lui ne demandant qu’à se voir régulièrement pour passer une bonne soirée de temps en temps tous ensemble, comme le font au hangar ceux de Reims et qui du coup pourront aussi venir s’amuser avec eux s’ils le souhaitent, chose pour laquelle Yuan ne se fait pas de souci.

C’est donc devant ses fourneaux tout dans ses pensées, qu’il entend la sonnerie annonçant l’arrivée des premiers invités.

***/***

« Une demi-heure plus tard. »

Les voilà tous les six installés dans le salon à converser joyeusement en sirotant leur apéro, la conversation consistant comme par hasard à faire parler Raymond sur sa nouvelle affectation ainsi que sur la mission que lui a confiée Florian.

- (Luka) Même à moi, il ne veut rien dire !! Juste qu’il a été affecté au service spécial de la DST qui est chargé de protéger « Flo ».

- (Antoine) Tu ne vas pas regretter ton ancien boulot ?? Il me semble que ce doit être assez barbant comme nouveau job !!

- (Yuan) À moins que ce ne soit pour y mener des enquêtes ?? Je sais par Florian que la demande vient de lui, le connaissant je me dis que ça ne doit pas être sans arrière-pensée de sa part !!

- (Jonas) Mais tu vas parler papy !!! Ou sinon il va falloir qu’on te torture ! Hi ! Hi !

- (Benjamin) Allez « Ray » !! Soit cool !!

- (Raymond) Le « papy » comme le dit si bien le coquelet à la crête rousse, il est lié au secret professionnel pour le cas où personne ici ne s’en souviendrait !!

- (Luka) Pas avec nous quand même !! Tu sais très bien que ça restera entre nous ??

Raymond va pour répondre quand le téléphone fixe se met à sonner, Yuan va pour décrocher l’appareil et voilà que tous se taisent autant par curiosité, que par politesse pour qu’il puisse entendre correctement son interlocuteur à l’autre bout du fil.

- Allô !!

- ….

- Salut cousin, qu’est ce qui t’amène ??

- ….

- Heu !! Non…pas encore, on vient juste de commencer !!

- ….

- Rien pour le moment, tu sais comment il est !!

- ….

- Non !! C’est moi qui te rappelle !!

- ….

- Vous ?? Qui ça vous ??

- ….

- Hi ! Hi ! Je vois qu’il n’y a pas que nous que ça intéresse alors !!

***/***

Pendant la conversation, Raymond fixe Luka avec un petit sourire montrant qu’il ne se laisse pas abuser.

- Tu sais très bien que ça restera entre nous ?? Il a l’air de s’étendre pas mal le « entre nous », tu ne crois pas ??

- Ne fais pas celui qui ne ferait pas pareil à notre place, tu sais très bien que c’est comme ça pour tout ce qui concerne « Flo » !!

- Avoue que je suis plus doué que vous niveau enquêteur ! Hi ! Hi ! On peut lire sur vos visages à livre ouvert, même Yuan qui essaie de rester vague dans les réponses qu’il donne à Chan pour que je ne perce pas à jour le motif de son appel !!

- S’te plaît chéri !! Je ferais tout ce que tu voudras si tu nous donnes une piste !!

- Hum !! À quoi tu penses en disant ça ??

Luka en rajoute en forçant le trait, quand il lui envoie un regard énamouré.

- Tout ce que tu voudras !!

- Alors là mon chéri, il y a un gros souci !!

- Vraiment ??

- Oui, vraiment !! J’ai déjà tout ce que je n’aurai jamais pu imaginer un jour rêver d’avoir en t’ayant toi, alors je ne saurais vraiment pas quoi demander de plus !!

Luka en a le regard qui se trouble, venant se serrer encore plus fort contre l’homme de sa vie.

- Bah, toi alors !!

Raymond sourit tendrement en embrassant son chéri d’un bref baiser sur le front, comprenant que ses dernières paroles l’ont fortement marqué à ceci près qu’elles reflétaient exactement son cheminement de pensée.

***/***

C’est là que Yuan revient vers eux, surprit de les voir tous les deux dans cet état d’extrême émotion alors qu’il n’a pas suivi ce qui l’a occasionné.

- J’ai raté quelque chose ??

- (Jonas) C’est Luka qui s’est pris en boomerang son intention de faire chanter « Ray », j’avoue qu’il est plutôt fortiche dans ses réparties notre papy !!

CHAPITRE 63 (Paris) (Vendredi soir fin septembre) (Raymond) (fin)

À entendre Jonas, Raymond du coup fait un bref tour d’horizon ; à part Yuan, tous les garçons ont une petite larme à l’œil.

- Il y aurait pourtant une solution toute simple pour assouvir votre curiosité, du moins pour une partie et pour ça, il suffit que Florian m’y autorise.

Yuan comprend soudainement à quoi fait allusion Raymond, il se frappe le front de la paume de la main.

- Quel con !! Je l’appelle tout de suite, pourquoi je n’y ai-je pas pensé plus tôt ?? Quelqu’un peut-il me le dire !!

***/***

L’accord de Florian lui a été donné sitôt qu’il lui en a fait la demande, Raymond demandant à lui parler pour en avoir la confirmation en démontrant par là qu’il n’était pas enquêteur pour rien et que toute information se doit d’être vérifiée et recoupée, afin qu’il ne puisse pas plus tard y avoir de quiproquo.

Une fois chose faite, il sourit visiblement amuser par tous ces regards maintenant braqués sur lui à attendre qu’il se décide enfin à parler et n’étant pas du genre à bouder son plaisir de se sentir l’invité privilégié de cette soirée, vu l’attention particulière que tous lui portent à rester suspendus à ses paroles, il décide de les faire languir un peu.

- J’ai faim, pas vous ?? Nous reprendrons cette conversation après le dîner, les odeurs qui viennent de la cuisine sentent trop bon.

- (Antoine) C’est ça !! Profite bien et prends surtout tout ton temps pour nous faire maronner !!

Luka connaît bien son amoureux pour lire sur son visage qu’il savoure particulièrement cette soirée, où il se retrouve sans s’y attendre le centre d’intérêt de tous ses amis.

- Ça t’excite d’avoir des petits jeunes attentionnés autour de toi, ne me dis pas que ce n’est pas vrai surtout !! Ton sourire parle pour toi !!

- J’avoue que le papy s’amuse bien !!

- (Yuan) De toute façon le dîner est prêt !! Dis-moi Luka ?? Tu crois qu’il faut qu’on lui mouline sa viande ??

- (Jonas) Tu as pensé à lui mettre une cuillère devant son assiette ?? Hi ! Hi !

Benjamin ne voulant pas rater l’occasion d’en remettre une couche.

- Et la bavette ?? Vous y avez pensé les gars !!

- (Raymond) Continuez comme ça les jeunes !! Je vous attends au virage !!

***/***

« Après le repas. »

Ce n’est que quand tout est débarrassé, lavé et rangé, que Raymond se décide enfin à révéler tout ce qu’ils veulent savoir.

- Bien !! Déjà pour votre gouverne, sachez que je n’ai pas quitté mon poste !! Juste que je suis autorisé à m’absenter quand le besoin s’en fera sentir pour des missions de recherches que pourrait me confier Florian.

Il sort un papier soigneusement plié en quatre de son portefeuille, qu’il déplie en le posant sur la table basse pour que tous puissent voir le visage d’un jeune homme parfaitement représenté comme il se doit par la patte d’artiste de Florian.

- Il faut que je me renseigne sur ce garçon, il s’appelle Jean Baptiste et Florian l’a, disons…bien connu pendant ces quelques semaines…d’absence.

- (Jonas) Il arrache grave le gars !!

- (Antoine) Ne va pas me dire que ça t’étonne ??

- (Yuan) C’est vrai qu’il est plutôt pas mal !!

- (Luka) Plutôt ?? Je dirais qu’il est canon !!

Tous les regards vont alors sur Benjamin qui est le seul à ne pas avoir donné ses impressions, les coups d’œil entendus qu’ils se donnent ensuite les uns aux autres en disent long sur ce qu’ils n’ont pu s’empêcher de remarquer.

Benjamin bien sûr est le seul à ne pas s’en rendre compte, trop pris dans sa contemplation du visage souriant dessiné avec soin et ce n’est qu’après de longues secondes à ne plus entendre parler autour de lui, que son attention revient vers ses amis et qu’il sent son visage prendre feu devant les petits sourires en coin qu’ils lui adressent.

- Quoi ??

- (Antoine) Tu ne dis rien ?? Tu le connais peut-être ??

- Bah non, sinon je m’en souviendrais !!

- (Luka) Je me doute bien !! Il n’a pas l’air de te laisser indifférent en tout cas !! Les gars, je ne sais pas pour vous mais je pense que notre petit « Ben’j » ne sera bientôt plus célibataire ! Hi ! Hi !

- (Raymond) C’est tout le mal que je lui souhaite, en attendant il faut déjà le retrouver s’il existe !! J’ai déjà amorcé quelques recherches avec ce que m’a dit Florian sur ce qu’il a appris sur lui, je pense avoir très vite des informations puis nous verrons ensuite s’il y a possibilité de le contacter, sachez que Florian demande que ce soit lui qui l’aborde en premier !!

- (Jonas) Tu crois que lui et ce Jean Baptiste… Enfin, qu’ils ont…

- (Raymond) Faudra que tu lui demandes, tout ce que je sais c’est qu’ils étaient devenus de très bons amis et qu’il envisage un truc entre ce garçon et Philippe.

- (Yuan) Philippe ?? Tu crois que…non !!!

- (Raymond) Rien de sentimental, du moins pas comme tu sembles le croire !! Non, mon impression était sur quelque chose entre eux plus d’ordre amical et professionnel.

- (Benjamin) Putain !! Quelle galère s’il doit vivre à Aix !!

- (Jonas) Ça y est, voilà notre petit « Ben’j » qui le voit déjà dans son lit !! Remarque je préfère te voir comme ça que depuis que ça a cassé avec Aomé, la différence de culture était bien trop grande entre vous pour que ça dépasse le stade du premier coup de cœur et te voir t’intéresser de nouveau à quelqu’un me réconforterait plutôt qu’autre chose, ce garçon te plaît alors ?

- Mais non !! Enfin je n’en sais rien, j’en ai un peu marre d’être le seul à n’avoir pas un petit copain !! Je vais finir par penser que je ne suis le genre de personne !!

- (Luka) Arrête de dire n’importe quoi, tu sais bien que c’est faux en plus !! Ce ne sont pas les mecs qui auraient envie d’être avec toi qui manquent, mais plutôt le contraire !! Avoue !!

- C’est de ma faute à moi, si tous ceux qui me plaisent sont devenus des amis et casés qui plus est ?? J’ai parfois l’impression d’être le vilain petit canard du groupe !!

- (Yuan) Je t’assure qu’un vilain petit canard comme toi, je l’adopte tout de suite !!

- Heureux de l’apprendre…désolé « Yu », ce n’est pas ce que je voulais dire !!

- (Antoine) On a des règles dans notre groupe et tu les connais, trouve-toi déjà un amoureux et nous pourrons en reparler par la suite.

- (Luka) Antoine a raison !! Si tu es toujours avec nous quatre, c’est qu’il y a peut-être aussi une bonne raison et je confirme que pour nous tu n’es pas un vilain petit canard, bien au contraire.

CHAPITRE 64 (Paris) (Dimanche soir fin septembre) (Agrandissement programmé)

Raphaël avec Éric, ont passé l’après-midi avec Yuan à faire un peu de shopping et c’est sur le coup de dix-sept heures que Thomas les a rejoints pour aller en grande partie à pied à cause du beau temps de cette fin de saison, y attendre Florian, Patricia et Antonin gare de l’Est, les transports en commun étant bien plus pratiques à utiliser qu’une voiture une fois arrivée dans la capitale.

Comme à leur habitude et principalement quand ils sont regroupés, les œillades dirigées vers eux sont fréquentes et les amusent beaucoup maintenant qu’ils y sont habitués, sachant très bien que ce sera encore plus flagrant quand Florian sera avec eux.

Ils marchent donc tranquillement, ayant encore une bonne heure à perdre avant que leurs amis n’arrivent en gare et ça papote ferme comme à chaque fois qu’ils se retrouvent ensemble.

- (Yuan) Alors comme ça dans l’autre réalité, le fameux « JB » était en couple avec « Tonin » ?? J’avoue que j’ai du mal à le croire.

- (Thomas) Pourtant c’était bien le cas, mais Antonin là-bas n’était pas le même que celui que vous connaissez et même si je suis convaincu qu’il nous aimait vraiment, ce n’était pas aussi exclusif que peut l’être notre « Tonin » ici.

- (Raphaël) Exclusif ?? Comme tu y vas, toi !!

- (Thomas) Je me comprends en disant ça !! Les choses là-bas étaient particulières, il s’est passé des trucs qui n’arriveront jamais ici !!

- (Éric) Comme quoi par exemple ?

- (Thomas) Comme la relation d’Antoine avec Florian, ou encore celle d’Antonin avec « JB » puisque c’est de lui qu’il est question !!

- (Yuan) Florian sait pour toi et Antoine ?

- (Thomas) Bien sûr !! Comment pourrait-il l’ignorer ? C’était une erreur et nous en avons convenu moi et Antoine depuis lors, c’était juste parce que nous voulions nous raccrocher au souvenir de « Flo ». J’admets maintenant avec le recul que ce n’était pas la meilleure idée que nous avons eue, en plus ça n’a duré que le temps de le dire.

- (Raphaël) Et de le faire aussi !! Pourtant nous étions là, nous !!

- (Thomas) Je n’étais plus moi-même, avouez les gars que c’était aussi pareil pour vous ?

- (Éric) Tu as raison, nous ferions mieux d’oublier cette période qui heureusement est maintenant terminée.

- (Yuan) Pour revenir à « JB », vous croyez que Raymond va le retrouver ?

- (Thomas) J’en suis certain, ce n’est pas comme s’il se cachait et puis je vous avouerai les gars que j’aimerais bien moi aussi le revoir, même si je suis convaincu que cette fois nous ne serons qu’amis avec lui.

- (Yuan) De toute façon il y a déjà quelqu’un sur le coup ! Hi ! Hi ! La tête de Benjamin quand il a vu le dessin, Pffttt !!! Coup de foudre directos !!

- (Thomas) C’est aussi bien comme ça si ça pouvait être réciproque !! Je ne le connaissais quasiment pas, mais c'est vrai qu'il est super-mignon le petit « Ben’j » !!

- (Yuan) Il n’y a pas que toi qui s’en es aperçu, j’en connais quatre qui le dorlotent particulièrement si tu vois ce que je veux dire !!

- (Thomas) C’est marrant quand même comme notre « règle » semble avoir fait des émules !! En tout cas pour ma part, celle de « Tonin » et celle de « Flo », nous avons bien l’intention d’en rester à vous trois ou du moins trois et demi puisqu’entre « Pat » et « Tonin » ça a l’air de bien fonctionner.

- (Yuan) Le plus drôle dans tout ça, c’est notre façon de rester hétéro quand on est tous les trois et tout le contraire quand on est avec vous.

- (Raphaël) Je crois que c’est par respect pour « Pat » que vous faites ça, honnêtement je trouve ça plutôt cool de votre part !

- (Éric) Et puis ce ne sont pas les occasions de s’éclater entre garçons qui manquent !! Le principal c’est que chacun soit bien dans sa peau, ce qui semble être le cas pas vrai ?

- (Yuan) Oui, aussi bizarre que ça paraisse, tu as entièrement raison.

- (Thomas) Le hic c’est la place, une chambre de plus serait la bienvenue !!

- (Yuan) Mon père est sur le coup avec le proprio de l’appart contigu au mien, en abattant un mur nous devrions récupérer deux chambres en doublant la surface du salon et avoir aussi une pièce supplémentaire à la place de la deuxième cuisine, j’aimerais bien en faire un bureau.

- (Raphaël) Ça serait cool !! Nous pourrions avoir une chambre par couple et y laisser des affaires de rechange, ça éviterait de se trimbaler avec les valises.

- (Yuan) Il n’y a pas de raisons qu’on n’y arrive pas, si tout va bien nous serons tous installés avant noël !!

Les quatre amis marchent quelques centaines de mètres en silence, les sourires montrent à quel point la nouvelle leur fait plaisir.

- (Raphaël) On fait quoi ce soir ? Une sortie où on reste tranquille à la maison ?

- (Thomas) J’ai réservé au restau où travaille Michael, après on décidera quand on sera tous ensemble.

- (Éric) C’est un sacré phénomène aussi celui-là, je vous jure, il ne veut rien entendre quand « Stev » lui demande de démissionner et de reprendre des études !!

- (Yuan) J’ai eu l’occasion d’en discuter avec lui, il dit qu’il attend comme tout le monde qu’il soit temps de partir pour le complexe et que là-bas il tiendra la cafétéria pour nous nourrir comme il faut, ce sont ses paroles au mot près.

- (Raphaël) J’apprécie l’intention ! Hi ! Hi ! Mais du coup il devrait écouter Steven et reprendre des études avec un grand chef, ça aurait de la gueule à la cafét !! Les mille et une façons d’accommoder les produits locaux, banane givrée en dessert !! Miam !!

- (Éric) Tout de suite les bananes, givrées en plus !! Tu ne penses qu’à ça décidément !!

- (Raphaël) C’était surtout pour toi que je disais ça !! C’est bien toi qui te plains toujours d’avoir le cul en feu, non ? Ça devrait te faire du bien !! Et puis pour Thomas, ça le changerait de la trompe d’éléphant farcie à la « Flo » !! Hi ! Hi !

- (Yuan) Il n’y a pas à dire, ça doit venir de la couleur des cheveux !! Il ne vaut pas mieux que l’autre rouquemoute celui-là, je vous jure !!

***/***

C’est donc en pleins délires qu’ils arrivent à la gare, passant le reste du trajet à imaginer des plats les plus exotico-comico-sexuels qui soient.

C’est avec un grand sourire qu’ils voient venir vers eux les trois derniers de la bande, sacs à dos en bandoulière et qui sans le savoir en rajoute une couche qui sous leurs regards incrédules plient en deux nos quatre compères.

C’est Patricia qui sans s’en douter, lâche la bombe.

- Je ne sais pas pour vous les gars, mais j’ai envie d’une glace !! Une énorme banana split !!

- Hi ! Hi ! Hi !

- Mais…. Qu’est qu’il leur prend ?? Ils sont devenus fous ma parole !!

CHAPITRE 65 (Paris) (Lundi matin fin septembre) (Traduction et enseignement)

Le petit-déjeuner est particulièrement silencieux ce matin-là et pour cause puisque le groupe qu’ils forment avec ce lien si particulier, va s’éclater pour que chacun reprenne ses obligations.

Patricia et Antonin repartent pour Reims alors qu’Éric, Thomas et Raphaël, eux rentrent à Aix et que Yuan le plus chanceux a ses cours à suivre, heureux malgré tout d’avoir Florian pour lui tout seul toute cette semaine.

C’est en partie la raison du silence ambiant, mais ce n’est certainement pas la seule et tous surveillent d’un œil amical le petit rouquin plongé une fois encore dans son sempiternel petit carnet, visiblement hors du temps à transcrire des formules qui feraient s’arracher les cheveux à plus d’un scientifique.

- (Yuan) Qui peut dire ce que notre Einstein nous concocte encore cette fois-ci ?

- (Antonin) Des nano-truc-muche je crois !!

- (Yuan) Des nano quoi ??

- (Antonin) Il me l’a dit, mais impossible de me rappeler le nom !! Juste que ça devrait pouvoir remplacer des terminaisons nerveuses pour redonner une certaine autonomie à des personnes handicapées moteur.

- (Patricia) Et bien !! Tu m’en diras tant !! Vu le nombre de personnes souffrant de déficience motrice, ça risque de faire encore le buzz quand il va nous sortir la formule de son chapeau !!

- C’est un carnet, pas un chapeau !!

Thomas sourit à son chéri qui vient de répondre sans même lever le nez de la page qu’il griffonne, sans sembler hésiter un seul instant sur les formules qui noircissent les pages les unes après les autres.

- On dirait bien qu’il est proche du but final de sa recherche !!

- (Yuan) Qu’est ce qui te fait penser ça ??

- Une prémonition peut-être, ou c’est que je commence à bien le connaître et il a des mimiques que j’arrive à déchiffrer.

- (Raphaël) En tout cas, je ne connais personne capable de le suivre !! Comment il fait pour ne pas s’y perdre dans toutes ces formules ??

- (Thomas) Pour ça au moins je peux répondre pour lui avoir posé la question !!

- (Raphaël curieux) Et ??

- D’après « Flo », la formule complète est inscrite sur la première page de son carnet !!

- (Yuan) Tu rigoles !!!

- Pas du tout !!

- (Patricia) Pourquoi toutes ces dizaines d’autres pages alors ??

- C’est juste une traduction pour que nous …. Enfin quand je dis « nous », c’est au deuxième degré !! Une traduction donc, juste pour que la formule soit accessible à la compréhension de nos scientifiques !!!

- (Yuan) Tu déconnes ??

- Pas du tout !! C’est mot pour mot la réponse qu’il m’a faite, apparemment son esprit est capable de synthétiser des portions entières d’algorithmes en un seul symbole et ces quelques symboles mis bout à bout suffisent pour l’exploitation industrielle de ses découvertes, sauf que nous n’avons aucune idée de leurs significations et qu’il doit les traduire pour les mettre à notre portée, pour faire court je dirais que c’est écrit dans un langage que seul Florian peut comprendre.

- (Éric) Tout ce temps qu’il y passe n’est donc que pour mettre ses découvertes à la portée de nos connaissances ??

- Exactement !!

Leurs visages se tournent tous vers moi en entendant ma réponse, je leurs fais un clin d’œil en refermant mon carnet.

- Et croyez-moi que ce n’est pas facile de transcrire tout ça de façon exploitable pour eux, je suis même obligé de redévelopper des notions erronées que tous jusqu’à aujourd’hui prenaient pour des principes de base et qui les faisaient stagner dans des recherches qui de ce fait ne pouvaient aboutir.

- (Antonin) En français s’il te plaît !! Moi pas y en être scientifique ! Hi ! Hi !

- Pour faire court comme le dit si bien Thomas, certains principes qu’ils pensaient fondamentaux sont inexacts et il me faut étayer chaque nouvelle formule afin de le leur démontrer.

- (Yuan) Et tu comptes faire comment pour les remettre à niveau ??

- Tout simplement en organisant des sessions de connaissances et de développements en fac pour les étudiants de dernières années des cursus de sciences et de recherches appliquées.

- (Thomas) Tu veux devenir professeur d’université ??

- Pourquoi pas ??

- Tu ne te rappelles déjà plus ce que ça a donné la fois où tu t’y es essayé ??

- Les choses ont changé depuis !! D’ailleurs ce n’est pas là ma véritable intention, je vais créer une institution à cette intention et je n’irai dans certaines facs que pour y recruter ceux qui auront le potentiel nécessaire à suivre ou à donner mon enseignement.

- (Yuan) Tu es un petit malin quand même !! C’est une façon pour toi de recruter ensuite les meilleurs éléments pour les embaucher dans tes sociétés.

Je fixe un instant Yuan en lui faisant ensuite un petit clin d’œil complice.

- Pas bête l’idée, pas vrai !! Ton père et Hassan y trouveront également des collaborateurs de haut niveau sans que personne n’y trouve rien à redire !! Il faudra juste qu’ils mettent la main à la poche pour mettre en place le plan d’action, je verrai ça avec eux rapidement.

Je lève mon petit carnet en le faisant tourner plusieurs fois de droite à gauche.

- De toute façon ce nouveau brevet va réclamer la création d’une nouvelle usine, je suis sûr qu’ils seront heureux de faire partie de l’actionnariat de cette nouvelle société que j’ai l’intention de mettre en place tout aussi rapidement.

- (Raphaël) Je vois qu’à peine revenu parmi nous, tu ne manques déjà pas d’idées !!

- Bah non !! Il faut bien s’occuper l’esprit ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 66 (Paris) (Lundi matin fin septembre) (Bégin)

« Neuf heures du matin, poste de garde de l’entrée. »

Le soldat de faction ce matin-là est plutôt d’une humeur mitigée, heureux d’être celui qui verra arriver en premier le petit rouquin mais aussi contrarié d’avoir à se coltiner un colonel qui fait les cent pas devant lui depuis déjà plus d’une heure.

Henry ou « Smiley » comme l’a surnommé Florian, le fameux colonel en question est loin de se rendre compte des préoccupations du planton vis-à-vis de la gêne qu’occasionne sa présence à ses côtés, pour sa part il serait à l’heure actuelle plutôt obnubilé par le fait de vouloir être le premier à lui mettre le grappin dessus avant que d’autres ne fassent appel à lui.

Ses recherches actuelles se trouvant au point mort depuis plusieurs semaines, il aimerait en faire part à ce garçon si brillant à l’esprit d’analyse qui lui a déjà montré ses preuves et qui pourra certainement le remettre dans la bonne direction, en mettant le doigt à l’endroit où il a commencé à se perdre dans ses calculs.

C’est donc avec soulagement mais certainement pas pour les mêmes raisons, que les deux hommes voient apparaître la silhouette frêle du jeune homme en question.

Le regard acéré du colonel ne manque pas de remarquer les deux hommes qui le suivent à une dizaine de mètres de distance, semblant simplement déambuler à leurs affaires personnelles mais qui sont assurément là pour sa protection.

***/***

J’arrive à la grille après quelques centaines de mètres de marche à pied, reconnaissant aussitôt les deux hommes devant la guitoune.

- Salut Henry !! Salut Jérémy !! Ça baigne les gars ??

- (Le planton) Salut « Flo » On t’attendait tous avec impatience !!

- Certain plus que d’autres à ce que je vois ! Hi ! Hi !

- (Henry) Bonjour Florian !! J’avoue que j’espérais te voir avant que quelqu’un d’autre monopolise ton attention.

- Rien de grave j’espère ??

- Euh…non !! En fait je voulais te montrer quelques recherches qui me tiennent à cœur !!

- Tu travailles sur quoi ??

- Les effets post-traumatiques des combats après le retour à la vie civile.

- Houlà !! Ta recherche est médicale ou juste sur un traitement d’ordre psychologique ??

- Médicale !!

- Psychotrope ? Antidépresseur ? J’ai déjà eu matière à réfléchir à ce sujet il y a quelques années de ça, j’ai appelé ça l’effet « Rambo » à l’époque ! Hi ! Hi ! Tu devineras facilement pourquoi !!

Je prends Henry par la manche en bombant le torse et en prenant la voix de Stallone dont j’ai vu plusieurs fois les films alors que j’étais encore au collège.

- Allons-y !! Je vous suis mon colonel !!

- Je fais un clin d’œil à Jérémy en passant devant lui, celui-ci se retenant avec peine d’éclater de rire sous le nez de son officier supérieur.

***/***

Je reconnais la salle de cours qui m’a permis de le rencontrer la première fois, un sourire me vient en apercevant l’immense tableau noir où de nombreuses lignes de formules y sont inscrites à la craie.

- Je vois que tu en es toujours à l’ancienne méthode.

- L’ordinateur est trop restrictif, je préfère pouvoir suivre tout mon travail d’un seul coup d’œil.

- Je comprends et j’adhère complètement !! Voyons voir… !!

Henry me laisse un moment à lire son travail, m’observant attentivement pour essayer de déchiffrer sur mon visage ce que j’en pense et c’est sur une grimace de ma part, qu’il reprend la parole sur un ton hésitant.

- Alors, tu en penses quoi ??

- Bof !! Je pensais trouver là quelque chose d’innovant, mais je ne vois là qu’une recherche supplémentaire d’un traitement par Antidépresseur !!

- C’est surtout un travail sur l’amélioration de la molécule pour limiter les effets secondaires à la dépendance sur un traitement basé sur le long terme.

- C’est toujours une drogue qui n’efface pas le souvenir mais permet juste de vivre avec, avec les conséquences sur la perte affective qui vont avec !! Pourquoi personne n’a-t-il jamais pensé à traiter la cause plutôt que l’effet ??

- Comment ça, je ne comprends pas !!

- La cause, c’est le vecteur qui crée le syndrome !! L’effet, c’est le syndrome lui-même !! Supprimer la cause et plus besoin de drogue pour en tenter d’effacer l’effet !!

- Allons mon garçon !! Je connais ton opinion sur ce que tu appelles la cause, tu sais très bien que c’est dans la nature humaine !!

- Je suis conscient de l’utopisme de mes paroles, maintenant revenons-en à ce qui cloche dans ta formulation.

Je prends une craie rouge, puis j’entoure les points qui aboutissent au final à ce qu’il n’avance plus dans sa recherche et nous passons le reste de la matinée à réécrire la formule de façon à ce qu’elle améliore nettement le traitement actuel.

- Tu es un véritable génie, tu t’en rends compte au moins !! Utiliser le cerveau comme régulateur naturel à l’effet de la molécule, fallait y penser !!

- Jusqu’à maintenant, cette molécule forçait la sécrétion de sérotonine !! Ce qui impliquait forcément une addiction à la prise du produit, l’effet de manque étant quasiment immédiat vu que le cerveau n’est pas l’acteur principal de la demande. Avec cette nouvelle molécule, nous donnons de fausses informations qui lui permettent de réguler à la hausse la production et du coup il n’a plus cette réaction de manque quand tout redevient normal après la fin du traitement, ce qui évite alors cette impression de rupture brutale.

- Tu t’écoutes parler quelquefois ?? Tout paraît si simple à t’entendre !! Tu viens en quelques heures de révolutionner un traitement qui date de plusieurs décennies, là où des centaines de chercheurs ont passé une bonne part de leurs années de recherches.

- Suffisait de demander ! Hi ! Hi ! Arrête le stress tu veux bien, sinon c’est toi qui vas finir par servir de cobaye à tes propres découvertes !! Maintenant tout ça reste théorique, mais je ne doute pas que ça donne des résultats probants une fois que tu vas nous finaliser ça en pratique et je te félicite par avance pour cette découverte.

- Mais…c’est toi qui as tout f…

- Je n’étais là que comme consultant, rappelle-toi !! Par contre j’accepterais volontiers que tu m’invites à déjeuner, j’ai complètement oublié de prendre de l’argent et je t’avouerai que j’ai la dalle !!

CHAPITRE 67 (Paris) (Lundi soir) (Amitié particulière)

L’après-midi me permet de reprendre mes habitudes avec l’équipe d’amis qui me seconde, rien de bien palpitant niveau soins à donner et c’est donc avec plaisir que nous pouvons discuter tranquillement, en retrouvant quelques autres connaissances avec qui je m’entendais plutôt bien.

Antoine le fils du général a voulu m’annoncer une nouvelle qui ne m’a pas vraiment surpris, à savoir qu’il s’était fiancé avec Valérie et le visage rayonnant de mon copain n’avait d’égal que celui de sa chérie au moment où j’ai accepté bien volontiers d’être son témoin avec Erwan pour leur mariage.

Valérie ayant sollicité Romain et Jean Baptiste son gendarme de chéri, qui bien sûr ont tous deux répondus présent à l’appel.

La date n’étant pas encore fixée, nous aurons tout le temps d’en reparler le moment venu et c’est donc après cette journée bien plaisante, que je les quitte en nous donnant bien entendu rendez-vous pour le lendemain.

Ce n’est qu’une fois arrivé près de la guitoune du planton, que j’aperçois la silhouette de Yuan en pleine conversation avec le militaire de garde.

- Alors comme ça, on laisse rentrer des civils sans accréditation ?

- Yuan n’est pas un civil comme les autres mon « lieutenant » !!

- Mes baskets non plus ne sont pas comme les autres !!

- Mon « lieutenant » ?? Qu’ont-elles de particulier mon « lieutenant » ??

- Elles sont spécialisées pour botter le cul de ceux qui m’appellent mon « lieutenant », tu ne le savais pas ??

- Seriez-vous passé « capitaine », mon « lieutenant » ??

Yuan nous regarde en ne sachant pas trop ce qu’il se passe.

- À quoi vous jouez tous les deux ??

Au lieu de lui répondre, il nous voit nous serrer dans les bras avec de fortes tapes dans le dos amicales.

- Alors te voilà vraiment de retour ??

- Comme tu peux le voir, ça va, toi ?

- Mieux depuis que l’ambiance ici est repartie à la hausse !! Ce n’était pas la joie ces derniers mois, surtout le général !! Tu sais, je faisais partie de ceux qui gardaient ta chambre et il y venait régulièrement, je ne te raconte pas sa tête quand il en sortait !!

- C’est du passé maintenant !! Demain midi si tu es libre, on pourrait casser la croûte ensemble au réfectoire ? Préviens les copains et n’oublie pas Jérémy, je suis sûr qu’il sera content qu’on reprenne nos habitudes.

- Avec plaisir « Flo » !!

Je lui fais la bise avant de reporter mon attention sur Yuan.

- On y go ?? Mais dis-moi ?? Ce n’était pas prévu que tu passes me prendre ??

- Non, mais comme j’ai fini mes cours de bonne heure je pensais que nous pourrions aller faire un tour avant de rentrer.

- Bien vu !! Il n’y a rien de prévu pour ce soir, rassure-moi ?

- Bah non, pourquoi ?

- Juste pour savoir, une petite soirée en tête à tête nous fera du bien après ces derniers jours.

- C’est aussi ce que je me disais !!

***/***

« Une fois à l’appartement. »

Pendant que « Yu » révise ses cours pour demain, je passe un peu de temps avec « Coco » qui m’étonne de plus en plus par l’intelligence qu’il montre dans ses conversations mais surtout de l’humour décalé dont il fait preuve à la moindre occasion.

Ce n’est que quand je vois Yuan ranger ses livres et ses cahiers pour se diriger ensuite vers la salle de bains, que l’envie me prend de le rejoindre et je lui laisse le temps de se poser sous la douche, pour quand j’entends l’eau couler aller l’y retrouver avec un petit sourire en coin qui en dit long sur mes intentions.

J’entre dans la pièce alors que la buée sur le plexi de la porte de douche le cache presque entièrement à ma vue, ne me laissant découvrir que sa silhouette qui déjà m’amène des envies difficiles à dissimuler à quiconque serait près de moi.

J’envoie une pensée à Thomas et à Antonin, qui sourient l’un comme l’autre en me souhaitant une bonne soirée et en me demandant de ne surtout pas rester sage, ce qui bien sûr n’était pas dans mes intentions.

Le bref contact avec eux me fait du bien, retrouvant là aussi cette connivence qui me manquait avec « Tonin » et qui me transporte de joie, me faisant presque oublier pourquoi je suis dans cette pièce.

Une magnifique paire de fesses qui viennent se coller comme deux ventouses sur le plexi me remettent vite les idées en place et c’est avec un long frisson d’excitation que je laisse tomber mes vêtements à même le sol pour aller le rejoindre sous la douche, le sexe tendu dirigé vers lui comme un furet qui chasse le lapin.

Bien sûr il ne lui faut pas longtemps pour investir le terrier, s’enfonçant toujours plus loin à la recherche de sa proie et le savonnage efficace de celui-ci aidant pour beaucoup dans la manœuvre, le corps de mon bel asiatique se cambrant une fois la surprise passée pendant que de sa gorge un râle de satisfaction se fait entendre.

- Ahhrrrr !!!

- Coucou !! C’est moi !!

- Humm !! Heureusement que mon père m’a écouté !!

- Pourquoi ça ??

- Il voulait une douche italienne ! Hi ! Hi !

- Rhoooo !!! Vas-y dis-le que je suis petit !!

- Arrhhh !!! Tu parles de quoi là !! Arrhhh !!! Parce que là, Arrhhh !!! Je le sens bien !! Putain !! Dis-moi que c’est ton bras, pas ta queue !! Ahhh !!

Mon sang cogne dans mon sexe qui grossit encore plus, faisant trembler Yuan qui maintenant n’est plus que gémissements de plaisir.

Je sens qu’à mon tour je perds le contrôle, mes coups de reins se faisant de plus en plus nerveux et profonds, cherchant à aller le plus loin possible pour y déverser ce qui bouillonne au fond de moi.

La respiration sifflante de Yuan ainsi que son corps tout entier qui se durcit, annoncent la jouissance proche de mon ami qui maintenant a les deux mains plaquées à la faïence de la douche et qui se cambre encore plus.

J’explose alors avec toujours cette sensation de plénitude et de force qui me vide dans de violents soubresauts nerveux.

Comme je ne débande pas, c’est un petit « pop » comique qui annonce sa libération et qui le fait se retourner pour prendre mes lèvres avec une avidité animale, nos regards remplis d’amour et de gratitude du plaisir puissant qui nous pousse à chaque fois l’un vers l’autre.

- Au fait !! C’est quoi cette histoire de douche Italienne, j’attends toujours ta réponse ?? J’ai senti comme une allusion me concernant !!

CHAPITRE 68 (Paris) (Mardi fin d’après-midi) (« Ben’j »)

« Dix-huit heures, à l’appartement. »

Comme la veille cette journée ne sera pas à marquer d’une pierre blanche, car à part pendant le déjeuner que j’ai passé avec quelques soldats devenus des amis et où je me suis bien amusé en les écoutant raconter leurs potins sur la vie à la caserne vus par le petit bout de la lorgnette, pour le reste je dois bien avouer que les cas à soigner n’avaient rien de transcendant.

Du coup me voilà rentré tôt à l’appartement, n’attendant plus que le retour de Yuan en lisant quelques revues scientifiques particulièrement soporifiques.

« Ding ! Dong ! »

- « Coco » !! Tu peux voir qui c’est ??

- Rhaa !! J’y vais, j’y cours, j’y vole ! Rhaa !!

Une fois devant l’interphone, l’oiseau met un bon coup de bec sur le bouton en le coinçant ensuite avec un ongle de sa patte.

- Rhaa !! Ouaih !! Qui c’est ? Rhaa !!

- Heu !! C’est Benjamin !!

- Rhaa !! Connais pas !! Rhaa !!

- C’est toi « Coco » ?? Ouvre-moi s’il te plaît, c’est « Ben’j » !!

- Rhaa !! Tu ne pouvais pas le dire tout de suite !! Rhaa !!

Le perroquet appuie du bec sur le bouton qui déclenche la serrure, sautant ensuite sur mon épaule alors que je passe devant lui pour ouvrir la porte.

J’ouvre également la porte de sa chambre pour qu’il puisse aller s’y reposer, curieux de connaître la raison de cette visite.

Benjamin est celui de la bande avec ses sœurs que je connais le moins, mais ce n’est pas pour autant que je ne l’apprécie pas autant qu’un autre de mes amis et c’est donc avec le sourire, que je l’accueille au moment où il sort de l’escalier pour se diriger vers l’appartement.

- Quelle bonne surprise !! Entre !!

- Je ne vous dérange pas ??

- Bien sûr que non, allons !! Nos amis ne nous dérangent jamais, bien au contraire !!

Nous nous faisons la bise au moment où il passe la porte, un regard rapide à l’intérieur lui fait comprendre qu’il n’y a que moi et je le vois hésiter à avancer plus avant dans l’appartement, devenu soudainement moins sûr de lui.

- Tu es sûr ??

- Dis-moi plutôt ce qui te rend si mal à l’aise ?? Ce n’est pas le fait qu’on ne soit que tous les deux quand même ?

- Non !!…enfin, si un peu !!

- Bah !! Ça ira mieux dans cinq minutes !! Allez, tu rentres dans la chambre et tu te déshabilles, je te rejoins dès que tu es à quatre pattes tout nu sur le lit !!

- De quoi !!! Mais….

Il s’aperçoit seulement à ce moment-là à mes yeux rieurs que je me moque gentiment de lui.

- Pffttt !!! T’es con !! Hi ! Hi !

Je lui prends la main, l’emmenant avec moi jusqu’au salon.

- Raconte-moi ce qui t’amène !! À moins que ce soit Yuan que tu voulais voir ??

- En fait c’est à toi que je voulais parler, mais Jonas m’avait promis qu’il viendrait lui aussi.

- Je t’intimide tant que ça ??

- C’est que…enfin c’est un peu spécial et je ne voudrais pas que tu penses que…. Hé merde !!

Benjamin commence à vouloir se relever dans l’intention très certainement de repartir, aussi je le reprends par les épaules en l’empêchant de poursuivre son geste.

- Arrête de faire l’imbécile tu veux bien ?? Si tu as quelque chose à me demander, tu n’as pas à te trouver gêné avec moi ! Je sais bien que tu ne me connais pas beaucoup, mais j’espère juste que tu me considères aussi comme un ami ?

- Bien sûr !! Tu m’as sauvé la vie !!

- C’est tout ce que je suis pour toi ? Celui qui t’a guéri de ton accident ??

- Mais non enfin !! C’est juste que ma démarche de ce soir me paraît déplacée maintenant que je suis là !!

- Tu viens aux nouvelles pour Jean Baptiste ??

- Comment…je…

D’une petite voix.

- …Oui !!

- C’était si difficile que ça à dire ??

- Ça ne te fait pas bizarre que je vienne te demander ça ??

- Et pourquoi, ça le devrait ?? J’ai appris pour toi et Aomé, si c’est ça qui te bloque dis-toi bien que je n’aie pas à juger de ta décision et d’ailleurs pour être franc, je trouvais que votre liaison était un peu rapide et pas forcément aussi solide que vous vouliez le faire croire, Aomé trouvera sûrement un compagnon parmi les siens avec qui il pourra construire sa vie.

- ….

- Ok, mec !! Relaxe !! C’était juste un aparté pour te faire comprendre qu’il n’y a pas de lézard entre nous vis-à-vis de ça !! Pour te répondre sur « JB », je dirais que j’attends toujours des nouvelles de Raymond qui cherche à le localiser. Mon dessin semble t’avoir drôlement marqué, Yuan m’en avait parlé mais je ne pensais pas que c’était à ce point-là. Tu ne devrais pas t’obnubiler sur lui tant qu’on ne saura pas ce qu’il en est exactement à son sujet, c’était un ami dans l’autre réalité mais rien ne dit qu’ici il sera dans les mêmes dispositions envers moi.

- Je suis stupide, je m’en rends bien compte mais c’est plus fort que moi et je n’arrête pas de penser à lui.

Il me sourit en me faisant un clin d’œil amical.

- C’est grave docteur ??

- Difficile à soigner surtout !! Je le sais pour avoir connu ça !!! Hi ! Hi ! Si tu veux nous irons le voir ensemble quand « Ray » l’aura repéré, j’espère juste pour toi qu’il n’a pas déjà quelqu’un et que lui aussi aime les garçons, sans compter qu’il faudra aussi que tu lui plaises mais pour ça je ne me fais pas de bile, tu ne manques pas d’atouts dans ta manche et il lui sera difficile d’y résister.

CHAPITRE 69 (Paris) (Mardi fin d’après-midi) (« Ben’j ») (suite)

« Poursuite de la conversation entre Benjamin et Florian. »

- Tu trouves ??

- Pas qu’un peu, oui !! D’ailleurs il me semble avoir compris que quelques-uns de nos amis l’ont déjà remarqué !!

- Tu es au courant de ça aussi ?? Je n’y crois pas !!

- C’est pareil pour moi tu sais, il n’y a pas de quoi en chier une pendule !! De plus je trouve qu’ils ont plutôt bon goût, maintenant je comprends aussi qu’ils attendent avant de se déclarer.

- Moi pas vraiment en fait !

- Ils sont en couple et ils s’aiment, comme j’aime le duo Éric, Raphaël et si nous apprécions de nous retrouver avec quelques autres de temps en temps, il n’y a personne qui reste sur la touche car eux aussi sont en couple et ils prennent ça comme nous, un plaisir supplémentaire qui resserre notre amitié. Tu ne voudrais pas être juste l’amant occasionnel quand même ? Celui qui se retrouve seul quand tes amis vivent ensemble, je ne pense pas que cette relation puisse être durable car trop frustrante sur le long terme.

- Peut-être que tu as raison, mais en attendant je viens d’avoir dix-huit ans et je suis toujours puceau, tu crois que ce n’est pas frustrant aussi ? Surtout de savoir que ceux que j’aime ressentent la même chose pour moi !!

- Pas vraiment la même chose, tu le comprendras quand toi aussi tu auras trouvé la bonne personne !! Yuan était comme toi tu sais, lui aussi il a dû attendre et tu pourras lui demander si avec le recul il a encore à s’en plaindre, avoir des amitiés fortes même au niveau sexe ne remplacera jamais l’amour qu’il peut y avoir entre deux personnes.

- Il m’en a déjà touché un mot, seulement j’ai cru comprendre que vous acceptiez de faire quelques trucs avec lui en attendant.

- C’est vrai !! Mais ça restait dans une certaine limite, une sorte de « petting » un peu plus poussé. Si tu veux tout savoir, nous avions trop envie de lui et lui de nous pour attendre, nous avions trouvé cette solution pour satisfaire à la fois notre envie tout en respectant le plus possible sa « virginité ».

- Il en a eu de la chance !!

- Vous en avez parlé au moins ??

- ….

- Je ne sais pas comment prendre ton silence, si c’est ce à quoi je pense il est certain que ça ne risquait pas d’arriver !! Yuan savait que nous avions envie de lui tout comme nous savions que c’était réciproque, si vous ne vous parlez pas comment veux-tu que les choses avancent ??

- C’est plus facile à dire qu’à faire !!

- Mais tu les aimes ??

- Bien sûr, quelle question !!

- Tous les quatre ??

- Oui !!

- Pas même une petite préférence ??

- ….

- Tu peux parler, on en a tous forcément sans pour cela mettre les autres à un autre niveau !! Moi par exemple je ne sais pas résister à Raphaël, c’est physique et je n’y peux rien, pourtant ça n’enlève rien aux sentiments que je porte aux autres ni à l’amour de Thomas et dans une autre mesure assez proche d’Antonin, si j’étais à ta place il ne fait aucun doute que j’en aurais également.

- C’est vrai ?? Ça serait qui pour toi ??

- Sans aucune hésitation je te répondrai Jonas !! D’ailleurs s’il n’y avait pas eu Antoine mon cousin, je crois bien que j’aurai craqué depuis longtemps pour lui et c’est ce qui a failli arriver pendant un temps, seulement la vie l’a voulu autrement. Je ne regrette rien puisque « Jo » fait partie de mes meilleurs amis et si je l’aime toujours autant, c’est juste d’une autre façon.

- Luka !!.... Dès que je suis près de lui ça me fait bizarre, un peu j’imagine comme toi et Raphaël !! Mais ça n’enlève rien aux autres !!

- Tu prêches un convaincu ! Hi ! Hi ! Ils ne t’ont jamais fait d’avances alors ? De la part d’Antoine ou de Raymond je comprends ça puisqu’autant l’un a eu une éducation puritaine, autant l’autre nous fait un complexe sur son âge. Par contre je suis étonné que « Jo » ou Luka n’aient jamais essayé d’aborder le sujet avec toi, surtout Luka puisqu’il y a de grandes chances qu’il éprouve la même chose envers toi.

- Peut-être des allusions que je n’ai pas osé relever ??

- Ah !! Je me disais aussi !! Tu veux que le docteur « Flo » te fasse une ordonnance ??

- Hi ! Hi ! Remboursée par la sécu ??

- Peut-être pas, faut pas pousser quand même mais ça t’aiderait au moins à « débourser » ! Hi ! Hi !

Nous nous regardons avec cette fois la certitude qu’il n’y aura plus jamais de timidité entre nous et que cette fois-ci nous venons de sceller notre amitié.

Je vais pour lui en faire la remarque, quand la porte d’entrée s’ouvre en nous faisant apercevoir Yuan et Jonas qui arrivent à leur tour.

- (Jonas) Salut « Ben’j », tu es déjà là ??

- (Benjamin) On avait dit dix-huit heures trente je te signale, tu as juste une heure de retard !!

« Le temps à tous de se faire la bise. »

- J’ai à parler avec Yuan, si ça ne vous dérange pas vous pourriez aller tous les deux dans la chambre et en profiter pour discuter vous aussi.

Jonas voit bien Benjamin devenir tout rouge, il me fixe alors en apercevant mon sourire moqueur.

- C’est quoi l’embrouille ?? Ça sent le coup monté à plein nez !!

- Essayez de faire monter autre chose qu’un cou, visez plus bas et faites-vous plaisir ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 70 (Paris) (Mardi fin d’après-midi) (« Ben’j ») (fin)

Je vois bien que Jonas va répliquer, ne comprenant forcément pas grand-chose à mes paroles, aussi c'est d’un grand geste de la main que je leurs fais comprendre d’aller dans la chambre.

- Allez !! Du balai vous deux, on vous appellera quand on aura fini de discuter !!

J’attrape juste la manche de « Ben’j » au passage, pour lui glisser à l’oreille.

- Courage !! Fais comme avec moi, sois franc et après tu te sentiras mieux, tu verras.

Je les regarde avec amusement se diriger vers la chambre comme deux gosses pris en faute, Jonas se retournant une dernière fois vers moi les sourcils relevés en cherchant toujours le pourquoi du comment de toute cette histoire.

Ne voulant pas aller plus loin, n’étant pas après tout leur entremetteur et n’ayant pas l’intention de le devenir, j’envoie une bise à « Jo » en lui faisant signe au revoir.

Une fois nos deux amis enfermés dans la chambre, Yuan vient s’asseoir à côté de moi.

- Heu !! Tu m’expliques ce qu’il se passe ici ??

- « Ben’j » se cherche, au contraire de nous il est trop timide pour montrer ses sentiments et nous avons eu une longue explication, maintenant c’est à lui de jouer. Tu avais raison pour Jean Baptiste, il en est tombé amoureux au point qu’il était venu aux nouvelles.

- Je sais !! « Jo » m’a raconté, c’est aussi pour ça qu’il a fait exprès d’arriver en retard et ça ne fait pas loin d’une demi-heure qu’on discutait en bas tous les deux. Tu lui as dit quoi ?

- Juste qu’il risquait de se prendre une sévère claque car nous ne connaissons pas le « JB » d’ici et que rien ne dit qu’il sera du même acabit que celui que j’ai connu.

- Tu as bien fait !! Mais pourquoi les envoyer dans la chambre ?

J’explique alors à Yuan la conversation que j’ai eue avec Benjamin, celui-ci hochant souvent la tête pour me faire voir qu’il comprenait bien la situation.

- C’est vrai qu’il est très timide et c’est d’ailleurs pour ça que les autres n’ont jamais osé aborder le sujet avec lui, c’est vrai que Luka est un peu du même acabit que Raphaël. C’est un gars vraiment craquant qui dégage quelque chose de particulier, je suis même étonné te connaissant que tu n’aies jamais fait la remarque.

- Bizarrement je n’éprouve pas le besoin d’aller chercher ailleurs ce que j’ai déjà, reste que je suis entièrement d’accord avec toi. Je préfère savoir mes amis heureux comme ils sont, j’ai déjà assez à faire avec nous six ! Hi ! Hi !

- Tu sais « Flo » !! Au tout début je trouvais tout ça un peu bizarre, je parle du fait de ne pas me contenter que de mon couple et puis j’ai compris que c’était bien comme ça en fin de compte, que ça évitait les tromperies et d’aller un jour ou l’autre chercher ailleurs en cachette ce qui m’aurait fatalement manqué. Nous nous entendons tous très bien, aucun mensonge entre nous et surtout nous formons en quelque sorte une famille, je ne pense pas pouvoir vivre un jour autrement !!

- Moi non plus et c’est pour ça que je n’éprouve pas le besoin d’aller chercher ailleurs, ce qui prouve bien que cette façon de vivre est pour moi comme elle le semble pour toi c’est-à-dire parfaite et ça me permet d’avoir des amis tout aussi magnifiques et désirables qui soient sans ambiguïtés, même « Pat » maintenant y trouve son compte.

***/***

« Dans la chambre. »

C’est Jonas qui referme la porte après avoir jeté un dernier coup d’œil à Florian qui semblait plutôt amusé de les envoyer s’enfermer dans la chambre.

- Qu’est-ce qu’il lui a pris ??

Benjamin hésite un instant, le cœur commençant à s’emballer d’appréhension.

- C’est suite à ce qu’on s’est dit tout à l’heure, il l’a fait exprès pour qu’on puisse parler.

- De quoi ??

- De ce que tu éprouves et de ce que j’éprouve, de ….

Jonas voit Benjamin s’asseoir brusquement en se cachant le visage dans ses deux mains, il comprend alors que son ami ne va pas bien et quelque chose en lui le pousse à le rejoindre, de s’asseoir tout contre lui en le prenant par la taille.

- Dis-moi ce qui ne va pas « Ben’j », qu’est-ce que j’ai fait pour te mettre dans un état pareil ?

Jonas a un pincement à l’estomac de voir son ami aussi fragile.

- Commence par le début, vous avez parlé de quoi avec « Flo » ?

Jonas attend avec patience que Benjamin se reprenne suffisamment pour raconter la conversation qu’il a eue avec Florian, priant avec lui que tout se passe au mieux avec ce Jean Baptiste qu’ils ne connaissent ni d’Ève ni d’Adam et qui déjà rien que par un simple portrait, amène autant d’espoir et de souffrance à son ami, ce n’est qu’une fois que Benjamin enchaîne sur la relation qu’il a avec son couple et celui de Luka, que Jonas comprend alors que leur mutisme à son égard lui était des plus pénibles.

Jonas connaît parfaitement l’histoire de Yuan et ses débuts de relations qu’il avait avec Florian et Thomas en attendant qu’ils puissent aller plus loin une fois qu’il serait en couple.

- Nous ne t’en avons jamais parlé tout simplement parce que nous non plus n’avons pas franchi le pas ensemble. Pas que nous hésitons ou que nous n’en avons pas envie bien au contraire, c’est juste que l’occasion ne s’est jamais présentée et peut être aussi attendions nous que tu sois prêt à être, toi et ton futur copain, avec nous quand ça se fera.

- Vrai ?? Vous ne l’avez jamais fait ??

- Jamais !! Alors tu vois, il n’y a pas à penser qu’on t’évite !! Ça reste un désir entre nous, mais un désir qui ne veut surtout pas mettre quelqu’un de côté et je pense maintenant que nous en parlons, que te savoir à l’écart est ce qui nous empêche de concrétiser. Dieu sait pourtant que nous en avons envie, crois-moi !! Je craque à mort sur Raymond, Antoine sur toi.

- Et moi sur Luka ! Hi ! Hi !

- On fait une sacrée bande de pd quand même ! Hi ! Hi !

- Une de plus alors !! …Florian m’a dit pour lui et toi !!

- Il t’a dit quoi ? Que ça aurait pu se faire ?

- Oui !!

- Je l’aime tu sais, mais je préfère l’aimer comme mon meilleur ami maintenant que j’ai Antoine !! J’ai fait un choix ce jour-là et je ne le regrette pas, Florian est très attachant, craquant, intelligent, drôle, bien monté, tout ce que tu veux mais il y a un problème de taille avec lui !! Un problème que ses autres amis-amants comprendront quand il sera trop tard !! Florian aime Thomas !! Et ça, tu vois, c’est ce qui me fait dire que je préfère rester son ami et m’évitera un jour ou l’autre à sombrer dans la dépression ou pire encore.

- Tu ne crois pas que tu abuses là ?

- Peut-être en effet, mais peut-être aussi que j’ai raison.

- Je ne pense pas qu’il soit du genre à laisser tomber Antonin, Yuan, Éric et Raphaël, je ne les connais pas assez bien mais j’ai tout de suite vu comment ils sont quand ils sont ensemble, un peu comme nous nous aimerions être, si tes paroles de tout à l’heure reflétaient vraiment tes pensées ?

- En fin de compte, tu as sans doute raison !! Seul l’avenir nous dévoilera un jour ce qu’il en est, mais quelque chose me dit que ce jour-là ils repartiront tous les deux et que quand ça arrivera…. Nous ne les reverrons sans doute plus jamais !!

CHAPITRE 71 (Paris) (Mercredi matin) (Le camp insalubre)

Romain est avec Jean Baptiste qui n’étant pas de service a insisté pour l’accompagner jusqu’à son travail et ce pour plusieurs raisons, l’une personnelle et l’autre sinon professionnelle, du moins concernant plus ou moins indirectement son travail.

- (Romain) J’aurais très bien pu demander à Florian de passer à la maison en fin de journée.

- (Jean Baptiste) Il sera trop tard, le campement doit être évacué dans la journée et ce sera beaucoup plus compliqué ensuite pour leur venir en aide.

- Tu as prévenu les services sanitaires, ils veilleront à ce que les choses soient faites humainement !! Je ne vois pas où est le problème ?

- Ces gens sont malades, certains tiennent à peine debout et je ne suis pas certain qu’ils sauront prendre les bonnes décisions !!

- Mais tu n’es pas médecin !! Comment peux-tu dire une chose pareille ?

- Tu n’as pas vu ce que j’ai vu hier, sinon tu parlerais peut-être autrement !! Je voudrais juste montrer quelques photos à Florian, si je suis à côté de la plaque il saura me le dire !! Ça ne lui prendra que quelques minutes et j’aurais la conscience tranquille.

Romain n’a jamais vu son chéri aussi anxieux que depuis qu’il est rentré à la maison hier soir après son service, il répondait invariablement à son inquiétude que c’était un souci de travail et ce n’est que ce matin après une mauvaise nuit passée à ne pas trouver le sommeil, qu’il lui a raconté ce qu’il a vu et la décision qu’il a prise durant la nuit d’aller en parler à Florian.

C’est donc pour cette raison qu’ils sont partis ensemble pour Bégin, prenant la voiture de fonction de Jean Baptiste pour pouvoir intervenir le cas échéant plus rapidement au cas où son mauvais pressentiment lui serait confirmé.

Arrivé devant la barrière du poste de garde, Romain lui fait signe de se garer sur le côté afin de pouvoir donner quelques informations au planton et obtenir l’autorisation d’entrer nécessaire.

Jean Baptiste le voit discuter en tapotant nerveusement son volant, soupirant de soulagement quand il voit enfin la barrière se lever pour le laisser passer.

Une fois que Romain a repris sa place côté passager, il démarre et roule quelques centaines de mètres jusqu’au parking réservé aux visiteurs, accrochant ensuite le badge que lui tend son chéri sur le devant de sa tunique d’uniforme.

Ayant les autorisations d’accès, il lui est facile ensuite de suivre Romain dans le bâtiment où ils devraient pouvoir trouver Florian.

***/***

Nous n’attendons plus que Romain pour commencer la journée et quelle n’est pas ma surprise de le voir arriver avec son chéri, qui dès qu’il me voit semble visiblement soulagé.

- Salut « Jean Bat » !! Quelque chose me dit à voir ta tête que tu n’es pas venu juste pour nous faire la bise !!

- Salut « Flo » !! Tu as raison, c’est toi que je venais voir !!

Il me tend une pochette.

- Pourrais-tu regarder ces photos et me dire ce que tu en penses ?

- Bien sûr !! Allons-nous installer là-bas !!

Je pose un œil interrogateur sur Romain qui se contente de hausser les épaules sans que ça m’aide beaucoup à comprendre la situation.

Nous nous installons à une des tables de la salle de pause, j’ouvre l’enveloppe pour en sortir les clichés et c’est à mon tour de prendre un visage soucieux, passant de l’une à l’autre de plus en plus fébrilement avant de revenir fixer Jean Baptiste.

- Elles datent de quand ??

- D’hier en milieu d’après-midi !!

– Où ?

- Un camp de Roms que nous devons faire évacuer ce matin près de Goussainville !!

- Ils sont là depuis quand ?

- Six ou sept jours et les habitants se plaignent de l’insalubrité des lieux depuis qu’ils sont arrivés !!

- Ne bougez pas, je reviens !!

Je fonce alors jusqu’au téléphone le plus près pour passer un appel, heureusement Marcel est dans son bureau quand il décroche après seulement deux sonneries.

- ….

- Marcel ? C’est « Flo » !! Il y a une alerte sanitaire majeure près de Goussainville, il faut déclencher l’alarme et faire tout de suite installer un périmètre de quarantaine !!

- ….

- Ça demande confirmation sur place mais il semblerait que ce soit une souche active de la peste bubonique !!

- ….

- Comment veux-tu que je le sache ??

- ….

- Je pars immédiatement sur les lieux avec mon équipe, j’aurais besoin de gros moyens d’intendance !!

- ….

- Entendu !! Je l’appelle !! On n’a pas de temps à perdre, il y a des enfants qui semblent déjà bien mal en point !! Il va falloir des tentes et le matériel de campagne pour les diagnostics et les premiers soins, demande à Henry de nous rejoindre là-bas avec les gars qu’il a sous la main s’il en a de formés à ce genre de situation.

- ….

- Je sais mais le risque est trop grand.

CHAPITRE 72 (Paris) (Mercredi matin) (L’épidémie)

Je raccroche d’avec Marcel pour appeler Maurice dans la foulée, lui donnant les mêmes explications en lui demandant d’intervenir auprès des services de police pour qu’un cordon de quarantaine soit mis en œuvre dans les plus brefs délais, en lui précisant d’éviter tout contact avec qui que ce soit dans un périmètre le plus large possible autour du camp.

Je rejoins ensuite Jean Baptiste pour lui demander de me suivre sur place avec mon équipe, connaissant déjà les lieux il me sera très utile pour délimiter la zone de quarantaine avec les autorités qui seront sur le terrain.

***/***

« Une demi-heure plus tard, sur le site concerné. »

Nous arrivons à peu près au même moment que les premiers véhicules de police qui se déploient aussitôt pour commencer à bloquer les routes, alors que d’autres arrivent toujours plus nombreux pour mettre en place les barrières de cantonnement.

Les camions de l’armée arrivent à leur tour en installant sans perdre de temps un hôpital de campagne, des équipes de soins en tenues de protection étanches entrent dans le camp sous l’œil apeuré des familles qui y vivent.

***/***

Il ne faut pas moins de la matinée pour qu’un certain calme revienne, les plus atteints transportés sous les tentes pour les mettre sous perfusions et les autres regroupés avec des couvertures dans un immense barnum en attendant d’être pris en charge à leur tour.

Les habitants des proches alentours qui auraient eu un contact avec le camp sont priés de se faire connaître, ainsi que ceux qui souffriraient de fièvres, de toux subites ou qui découvriraient des marques inhabituelles sur leur corps.

Quelques découvertes macabres essentiellement des gens âgés ou de très jeunes enfants, sont emmenées pour autopsie dans un autre camp sanitaire provisoire établi à l’écart du nôtre.

***/***

« À l’intérieur d’une des tentes de l’hôpital de campagne, début d’après-midi. »

Je termine l’analyse des prélèvements, me tournant ensuite vers le groupe d’officiers qui venait chercher les résultats des tests.

Hyperleucocytose avec polynucléose, élévations des taux de transaminases et quelques troubles de coagulation, nous sommes bien en présence de la Yersinia pestis ou en langage courant, la peste !!

- Avez-vous un traitement à nous conseiller ?

- Du basique pour l’instant, Ciprofloxacine cinq cents milligrammes toutes les douze heures pour les adultes et quinze milligrammes pour les enfants ainsi que les femmes enceintes et ce pendant sept jours, plus un traitement préventif de toutes les personnes qui se trouvent dans la zone de quarantaine, personnel militaire et hospitalier inclus !!

- Et pour la quarantaine ?

- Quarante-huit heures sans contact avec le monde extérieur au commencement du traitement !! Je vais voir s’il m’est possible de recréer l’ancien vaccin qui semblait efficace mais uniquement pour la forme bubonique, pour ça il me faut traiter la souche entière de la bactérie.

- Vous pensez nous l’obtenir rapidement ?

- Il ne me faudra que quelques heures, il y a assez de matière première pour ne pas avoir à la synthétiser !! Dommage que la production ait cessé depuis quelques années !! Seulement il me faudra retourner à Bégin avec mon équipe et celle du colonel Bientz.

- Vous voulez quitter la zone de quarantaine ?

- Pas de soucis, nous nous vaccinerons les premiers !! Nous n’en sommes qu’aux premières heures d’exposition et nous avons pris toutes les précautions nécessaires. Nous partirons dans un seul véhicule qui sera désinfecté sitôt arriver et nous ne nous déplacerons que munis d’une combinaison étanche, de toute façon cette maladie dans sa forme actuelle se soigne très facilement quand le traitement est pris à temps. Le processus vital n’est engagé que pour ceux qui arrivent en fin du cycle viral, il va falloir maintenant rechercher la cause de cette épidémie et il va vous falloir interroger ces gens sur leurs faits et gestes, disons entre le moment où ils sont arrivés et une dizaine de jours en arrière, l’incubation dure huit jours plus deux pour assurer le coup et ça devrait être bon, je pense que c’est leur façon de vivre qui a amené la maladie.

- Vous pouvez être plus précis ?

- Recherchez parmi les premiers atteints, s’il n’y a pas eu quelques cas de griffures ou de morsures avec des rats !! C’est une des probabilités la plus crédible, surtout quand on voit l’état d’insalubrité du camp après seulement une semaine d’installation.

Je me lève en faisant signe à mes amis qu’il est temps de partir pour Bégin si on ne veut pas y passer la nuit, je sors le dernier de la tente et en tendant l’oreille j’entends la question qu’un des officiers pose à ses collègues.

- Heu !! Quelqu’un pourrait-il me rappeler l’âge de ce garçon ?? J’ai comme un trou de mémoire soudainement !!

CHAPITRE 73 (Paris) (Mercredi fin d’après-midi) (Bégin)

« Laboratoire de recherches biologiques du colonel Bientz. »

Henry sort enfin de son mutisme après ces quelques heures passées à observer Florian travailler sur la souche virale, visiblement dépassé par la rapidité des instructions qu’il donne à l’équipe de laborantins qui les suivent avec une lueur de fascination évidente dans le regard.

Il est vrai qu’il y a de quoi être impressionné et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il s’est mis en retrait, sachant très bien qu’il le gênerait plutôt qu’autre chose et que le temps des questions viendra quand la mise au point du vaccin passera en mode production.

Henry regarde sa montre, quatre heures seulement qu’ils se sont mis au travail et déjà il voit Florian qui lève les yeux du microscope électronique avec le sourire réjoui de celui qui tient la solution, quatre heures là où des centaines de laboratoires de par le monde ont dû mettre des décennies pour ensuite s’avouer vaincu au point de stopper la production du seul vaccin existant dont le pourcentage d’efficacité quoique intéressant, n’était pas suffisamment probant et a fini par être sorti du marché car trop restrictif à une seule souche du virus.

Henry voit alors le regard brillant de passion du jeune chercheur qui une fois de plus semble avoir fait une découverte peu commune et tant qu’on y est disons-le, extraordinaire.

- Eurêka !!! Hi ! Hi ! Il m’aura donné du fil à retordre le bougre, mais ça y est !! Kaput !!

- (Henry) Tu as réussi à reproduire le vaccin ??

Je tends l’éprouvette à la laborantine la plus proche de moi, lui donnant les instructions pour la mise en fabrication rapide et le dosage adéquat, pour ensuite revenir vers Henry pour répondre à sa question.

- Hein ?? Non en fait j’ai laissé tomber !! Par contre je suis parti de l’idée de base des recherches pour disons…. L’améliorer !!

- Ha !! En une après-midi ??

- Comme je te le disais, il m’a donné du fil à retordre !!

- (Henry) Ce n’était pas un reproche mais plutôt le contraire !!

- Non !! Tu as raison, j’ai un peu merdé au début !! Bref !! Normalement demain il y aura assez de doses pour vacciner l’ensemble des personnes, ceux vivants dans le secteur tout au moins !

- Normalement il devrait être testé longuement avant de l’utiliser sur l’homme !!

- A toi de voir !! Maintenant ce n’est plus de mon ressort, le seul truc que je peux dire c’est qu’il est efficace à cent pour cent. Tu crois qu’ils ont attendu des années avant de lâcher mon « nettoyeur » dans l’air ?? C’est pareil pour les médocs qui sortent de mon labo, alors si tu veux avoir la conscience tranquille tu n’as qu’à passer un coup de fil à qui tu sais !! Ne lui dis pas que c’est gratuit surtout, sinon il voudra prendre le temps d’y coller une vignette ! Hi ! Hi !

- De toute façon je suis obligé de passer par là, tu le sais aussi bien que moi !!

- Ok !! Pas de stress !! Pense juste à vacciner en premier ceux qui bossent ici avant de les autoriser à rentrer chez eux.

Je regarde l’heure à la pendule du labo.

Ça va, je suis encore dans les temps pour que mon copain ne s’inquiète pas de mon retard !! S’il y a un souci, vous savez où me joindre de toute façon !!

- Tu n’attends pas d’être vacciné comme tout le monde avant de sortir ??

- Je n’en ai pas besoin, mais si ça te pose un problème parles-en à Marcel !!

Je quitte le labo en souriant, certain qu’une fois que j’aurais franchi la porte il va se ruer sur le téléphone pour avoir confirmation et j’ai vu juste, reconnaissant la silhouette de Marcel devant le portail.

- Je vois que la confiance règne !!

- Comme tu t’en doutes, Henry n’est pas au courant de tout ce qui te concerne et il n’a fait que ce qu’il trouvait juste, tu n’as pas à lui en vouloir.

- Pourquoi es-tu là alors ?

- Parce que pour garder certaines choses secrètes, je me vois contraint à ne pas autoriser ta sortie ce soir !! C’est un problème de sécurité, tu comprends.

- Non !!

- Ne fais pas ta mauvaise tête !! Tu sais comme moi que si je te laisse partir, des gens se poseront la question de savoir pourquoi toi et pas les autres, c’est déjà bien assez compliqué comme ça sans en rajouter une couche si on n’y est pas obligé.

- Mais j’avais prévu ma soirée avec Yuan !!

- Fais-le venir ici si tu veux, je suis sûr que ça lui fera plaisir et en plus ça vous changera du quotidien.

- On va dormir où ?

- Ce ne sont pas les chambres qui manquent dans un hôpital ! Hi ! Hi !

- On va être serré à deux dans vos plumards !!

- Vous pouvez aussi bien en prendre chacun un ??

- Oh, dis !! Tu trouves que je ne me sens pas assez puni comme ça ?? Pourquoi pas faire chambre à part tant que tu y es ?

- Houlà, la pente devient glissante !! Fais comme si je n’avais rien dit !!

Je le regarde repartir alors qu’il lève les bras au ciel en marchant d’un pas rapide, c’est avec un petit sourire amusé que je salue derrière son dos en parlant rien que pour moi.

- À vos ordres mon général ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 74 (Paris) (Mercredi soir) (Chez Yuan)

***/***

« Une heure plus tard dans le salon de Yuan. »

- Pourquoi tu ne l’as pas écouté ? Ça m’aurait amusé de passer une nuit avec toi là-bas !! En plus il risque de te faire la gueule quand il va l’apprendre !!

- Pourquoi donc ?? Je n’ai fait que ce qu’il m’a demandé !!

- ??????????????

- Ses dernières paroles étaient pourtant claires !! Fais comme si je ne t’avais rien dit !! Et bien !! C’est ce que j’ai fait, rien de plus !!

- Sérieux « Flo » !! Tu joues avec ces mots pour n’en faire qu’à ta tête, tu sais pourtant qu’il ne t’imposait pas ça de gaieté de cœur !!

- Oui mais si j’accepte une fois, qui te dit qu’après ils ne voudront pas me garder enfermé tout le temps pour ma sécurité ?

- Tu pousses un peu là !!

- Le crois-tu vraiment ? Pourtant ce serait la solution pour eux la plus efficace !!

- Tu deviens parano !!

- Peut-être bien, j’en ai marre de tout ça !! Si j’avais su je serais resté tranquillement à continuer à faire comme Monsieur tout le monde, comme je le faisais au bahut en ne donnant jamais un exercice complètement bon.

- Si tu avais fait ça, nous ne serions pas avec toi, penses-y !! Ni moi, ni Raphaël, ni même Antonin et bien d’autres encore !! Peut-être même que tu n’aurais pas percuté sur tes sentiments avec Thomas et qu’il serait toujours à se toucher le pipi avec Éric, en te matant dans le jardin !!

- Rhaa !! Arrête, c’est bon tu m’as convaincu !! Juste que j’aimerais tellement être comme tout le monde, ne pas avoir sans arrêt des gus qui me collent aux pattes dès que je fais un mètre dehors !!

- Plains-toi !! J’en connais beaucoup qui aimeraient être à ta place, devenir le super héros qui guérit l’humanité entière !!

- Wouah !! C’est vrai ça !! Il va me falloir un costume et aussi un nom, qu’est-ce que tu penses de…. « Floderman » !! Ça en jette un max, tu ne trouves pas ??

- Hi ! Hi ! Pas vraiment, non !! Décidément, tu es pire qu’un gosse quand tu t’y mets !! « Floderman », je te demande un peu où tu vas chercher des trucs pareils ?? De toute façon ça n’aurait pas pu marcher !!

- Tiens donc et pourquoi ça ?

- Parce que tout simplement ta « Loïs » n’est pas journaliste pardi !! Hi ! Hi !

- Je suis sûr qu’il ne demanderait que ça d’être ma « Thom-Thom girl » !!

- Vouai !! Bon !! Au lieu de délirer, si nous allions nous coucher ??

- Yep !!

- Pour dormir !!

- Dans tes rêves ma poule !!

- D’accord, mais pas toute la nuit !! Je suis sur le cul en cours depuis lundi, je n’ai pas envie de planter mon année.

- Promis !! Juste un petit câlinou et dodo !!

***/***

« Le lendemain matin tôt. »

C’est la deuxième sonnerie du réveil qui me décide à ouvrir les yeux, un regard circulaire sur l’état du lit me fait sourire.

- Debout « Yu » !!

- Mmmmm !!

Comme il se tourne vers moi en ronchonnant, je peux voir sa tête encore complètement en vrac de la nuit que nous venons de passer.

Je le secoue pour qu’il ouvre les yeux.

- Allez, debout mon grand !! Il est déjà sept heures et tu as cours à neuf heures !!

- Mmmmm !!!

Je lui mets une petite claque sur le cul pour le décider à ouvrir les yeux.

- Allez !! File sous la douche, ça te fera du bien et je prépare le petit déj en attendant !!

- Un câlinou ?? C’est ce que tu avais dit hier soir, juste un câlinou !! Explique-moi alors pourquoi je me sens comme passé à la lessiveuse ?

- J’espère que tu ne vas pas me mettre tout sur le dos, essaie de te souvenir de la soirée tu veux bien ?? Il me semble que ce n’est pas moi qui n’en avais jamais assez !!

- Joker ! Hi ! Hi !

- Je préfère ça !! Bon…. J’y go !!

Je commence à mettre les pieds hors du lit, quand j’entends un petit gémissement qui me fait sourire.

- Quoi ??

- On a bien cinq minutes quand même ?

- C’est quoi l’idée ?

- Hummm !!

Je vois ses yeux qui se fixent sur mes fesses avec gourmandise.

- Tu n’en as pas eu assez cette nuit ? Je n’y crois pas et c’est moi qui ne pense qu’à ça ??

- Hummm !!!

Son corps roule sur lui-même en me dévoilant ce qui jusqu’à présent m’était caché, son membre tendu à mort au-dessus de ses bourses complètement remontées.

- Je vois, je vois !!

- C’est grave docteur ? Je n’ai pas débandé de la nuit !!

- Voyons voir ça !! Je vois ce que c’est, il n’y a qu’un traitement qui pourrait convenir !!

- Vraiment docteur ??

- Il faut le mettre au chaud bien serré et dans le noir pour qu’il libère le mal !!

- Où je vais trouver un endroit pareil docteur ??

- Je crois avoir la solution, laissez-vous faire jeune homme !!

- Bien docteur, j’ai entièrement confiance en vous !!

Je viens m’asseoir sur lui en guidant l’objet de nos délires pour qu’il retrouve son chemin, là où il a passé une partie de la nuit et des deux précédentes, l’autre partie de nuit ayant servi aux mêmes soins pour mon propre compte.

- Humm !! Je sens déjà un grand mieux docteur !!

- Tu trouves ? Alors secoue-toi la bite si tu ne veux pas être à la bourre ce matin !!

- Vos ordonnances sont des ordres docteur !!

Et là, je n’éprouve plus le besoin de parler tellement j’en prends pour mon grade et à mon plus grand plaisir de sentir mon jeune samouraï, me pourfendant de son « Katana » avec une dextérité et une rapidité de maître d’armes.

- Ahhh !! Putain « Yu » !! Je vais joui…Arrhhh !!!

CHAPITRE 75 (Paris) (Jeudi midi) (Petits secrets entre amis)

« Cafétéria de la fac. »

Steven cherche une place libre à une table en tenant son plateau des deux mains, quand il aperçoit la chevelure noir corbeau caractéristique de son ami asiatique et c’est donc tout naturellement avec le sourire qu’il va s’asseoir en face de lui.

- Salut !! Tu as une petite mine dis donc ??

- « Flo » !!

- Ah !!.... Je comprends !!

- Ah, oui ??

- Enfin devrais-je dire plutôt, j’imagine !!

- Et tu serais encore loin de la réalité, crois-moi !!

- Tu devrais aussi prendre le temps de dormir, j’ai connu ça avec Michael !! Peut-être pas à ce point-là tout de même, mais nous avons quand même dû nous restreindre un peu, surtout la semaine.

- Je le sais bien, mais c’est trop bon !! Je ne m’en lasserai jamais.

- Remarque je vous comprends !! A part ça, quoi de neuf ? Florian a-t-il retrouvé son Jean Baptiste ?

- Raymond s’en occupe !!

- Ça me paraît bien long son histoire ?

- Tu sais comment il est, il ne dira rien tant qu’il ne saura pas tout ce qu’il y a à savoir sur lui !! Même sa couleur préférée de chaussettes, tu verras !!

- Si ça tombe il se ballade sous notre nez ! Hi ! Hi ! D’après « Flo », il devrait être en fac pour sa première année.

- Ce serait cool qu’on le trouve avant Raymond, tu imagines sa trombine si on lui coupait l’herbe sous le pied ??

- Vu le nombre de fac à Paris, ce serait vraiment un coup de bol qu’il soit dans la nôtre et en plus je ne pense pas qu’il soit dans un cursus équivalent, il me semble que Florian parlait de psychologie ou un truc dans le genre !! Oui !! Ça me revient puisqu’il disait qu’il pourrait reprendre le cabinet de Philippe, une fois ses études terminées.

- Brrr !! Je n’aime pas trop ça, ces gars-là sont toujours à vous trouver des trucs qui déconnent dans votre tête.

- J’en connais un qui cherche depuis presque quatorze ans et qui est encore plus perdu aujourd’hui qu’au début ! Hi ! Hi !

- Faut dire aussi qu’il a un sacré client avec notre rouquemoute !! Si tu veux, après la bouffe on se fait un petit tour dans le coin des premières années pour le cas où ?

- Dis plutôt que ça t’intéresse d’aller guigner sur les petits nouveaux ?

- Ça aurait été l’année dernière je ne dis pas et puis il n’y a rien de mal à satisfaire le plaisir des yeux, pas vrai ?

- Tu sais, pas besoin d’aller les chercher !! Depuis la rentrée il y en a déjà quelques-uns et quelques-unes qui me tournent autour.

- Ça ne te fait rien ?

- Bah, moi tu sais bien que je préfère les petits blondinets puceaux tout timides et qui se font peloter dans les chiottes par des gros lourds qui n’en veulent qu’à leur petit cul bien serré !!

- T’es comme moi en fait !! Pour ma part ce serait plutôt les beaux bruns qui se branlent aux toilettes de la fac.

- T’es marrant comme garçon, on te l’a déjà dit ?? Le pire dans tout ça c’est qu’on n’a jamais rien fait ensemble ! Hi ! Hi !

- Peut-être en effet, on y a gagné une forte amitié quand même, reconnaît-le ?

- C’est vrai, si c’était à refaire et bien je referais exactement la même chose !! J’ai gagné deux amis ce jour-là, remarque si on se met à compter c’est moi le perdant dans l’histoire !!

- D’un gars timide vivant dans une soupente, ne connaissant personne à Paris et sans le sou, grâce à toi c’est certain qu’il y a eu du changement depuis.

- Comme quoi il faut toujours y croire !! Au fait, ça a l’air de bien coller avec mon cousin ? J’ai appris que vous deveniez inséparables tous les quatre ?

- Au début avec Michael, on se demandait si c’était réciproque parce qu’on se sentait vraiment bien avec eux et en fait j’ai fini par apprendre qu’ils se demandaient exactement la même chose de leur côté, c’est Dante qui m’a chopé à part fin juillet pour m’en parler et il voulait savoir si nous aussi ça nous faisait pareil, tu penses bien que depuis c’est encore plus cool entre nous.

- Vous avez déjà…

- Tu veux parler de sexe ?

- Euh…oui, mais tu n’es pas obligé de répondre !! C’est votre vie privée après tout !!

- Oh !! Il n’y a pas de honte, on connaît bien la vôtre tout comme celle qui se trame avec Antoine et les autres, pour répondre à ta question et bien c’est oui, nous nous voyons aussi pour passer de bonnes soirées comme vous le faites.

- Alors ??

- Alors quoi ??

- Tu en penses quoi de faire ça avec d’autres que Michael ?

- On aime trop ça, tu vois !! J’ai l’impression que depuis on est encore plus copains qu’avant, c’est un vrai délire de pouvoir passer des soirées comme ça !!

Yuan sourit en montrant les poches sous ses yeux.

- Ne m’en parle pas ! Hi ! Hi !

Un bruit de plateau cognant en se posant sur leur table, les fait se tourner vers l’inconnu qui les regarde timidement en semblant s’excuser.

- Il n’y a plus d’autres places de libre, ça ne vous gêne pas si je m’assois à votre table ?

- (Steven) Vas-y, pas de soucis !! Moi c’est Steven et mon ami c’est Yuan !!

- Enchanté les gars, moi c’est Jean Baptiste, mais vous pouvez m’appeler « JB »

CHAPITRE 76 (Paris) (Jeudi midi) (Comme quoi le monde est petit)

Yuan remarque le hoquet de surprise de Steven, alors que lui l’avait parfaitement reconnu et s’il n’avait pas pris part à la conversation jusque maintenant, c’est tout simplement dans l’attente de la confirmation qu’il n’y a pas erreur sur la personne.

Steven va pour reprendre la parole tellement il est sidéré par l’idée qui vient de lui traverser l’esprit, quand il sent la main de Yuan venir lui serrer fortement le genou en dessous la table.

- (Yuan) Tu es nouveau ici ? Je ne me rappelle pas de toi l’année dernière ?

- Oui !! Je suis en première année de prépa, ce n’est pas le pied parce que je n’ai pas pu obtenir de place là où je voulais réellement m’engager !! Alors plutôt que de perdre un an, quelques bases de commerce ne me feront pas de mal.

- (Steven) C’était quoi ton premier vœu ?

- Médecine ou sciences humaines !!

- (Yuan) Psycho ?

- Ce serait l’idéal pour moi je l’avoue, seulement il n’y a qu’en province qu’il y a de la place et je ne peux pas quitter Paris pour le moment, c’est une histoire de pépettes vous comprenez ?

- (Steven) J’ai connu ce genre de galère l’année dernière, cette année ça va mieux grâce à mes amis mais je te comprends !!

- (Yuan) Même si je ne connais pas ce genre de désagrément, je comprends ta situation et tu n’en as encore que plus de mérite !!

***/***

La conversation continue pour faire mieux connaissance jusqu’à la fin du repas, les trois garçons se quittant en se donnant déjà rendez-vous à la même table le lendemain.

Ce n’est qu’une fois Jean Baptiste hors de vue, que Steven interroge son ami sur la raison de son silence.

- Pourquoi tu ne lui as pas parlé de Florian ?

- Parce que nous ne sommes pas censés connaître Jean Baptiste, tu voulais que je lui dise quoi ? Tiens !! J’ai un pote rouquin qui te cherche, il t’a connu dans une autre réalité et il paraît que tu es plutôt bon au lit !!

- Pffttt !!! T’es con !!! Bien sûr que non, mais juste l’inviter un soir à passer un moment avec des amis.

- Deux inconnus qui te proposent ce genre de plan à la première rencontre, tu en penserais quoi toi ?? Je préfère laisser Florian et Raymond s’occuper de ça à leur façon, quant à nous !! Apprenons tranquillement à le connaître pour nous faire notre propre idée sur lui, rappelle-toi ce que nous a dit « Flo » au sujet de son frère !!

- C’est peut-être un gars sympa ici !!

- Peut-être ou peut-être pas !! Donc restons prudents et de toute façon nous serons amenés à le revoir d’une façon ou d’une autre.

***/***

« Bureau de l’inspecteur-chef Baltot, police scientifique. »

Raymond termine son sandwich qu’il avale comme bien souvent sur le pouce, trop pris par ses affaires en cours pour rentrer à la maison déjeuner alors que de toute façon il s’y retrouverait seul puisque les horaires de fac de Luka ne lui permettent pas à lui aussi de rentrer.

Il jette le papier d’aluminium dans sa poubelle, quand un de ses collègues entre en lui tendant fièrement un dossier.

- Tiens Raymond !! Voilà tout ce que j’ai pu trouver sur ce garçon, Jean Baptiste Durand.

- Il existe donc bien, voilà déjà une bonne chose !! Sans trop rentrer dans les détails, ça donne quoi ??

- Parents décédés il y a presque deux ans, recueilli par son frère aîné depuis lors et il commence une première année de fac commerce, intelligent, sans casier !! Enfin le gars tranquille qui veut s’en sortir !! Ah, oui !! Il travaille chez « Mc Do’ » pour payer ses études, c’est tout il me semble.

- Et son frère ?

- Je peux me renseigner si tu veux ??

- J’aimerais bien, oui !!

- C’est comme si c’était fait !! Sinon tu trouveras son adresse dans le dossier avec d’autres renseignements !!

- Merci pour le coup de main !!

Raymond ouvre le porte-documents, il en sort une photo qu’il compare au dessin de Florian et il ne fait plus aucun doute après ça que ce ne soit pas la bonne personne, le reste n’étant que des fiches d’état-civil et des relevés scolaires sans plus d’importance, à part l’adresse qu’il note soigneusement dans son agenda.

Il pose la photo devant lui en souriant, pensant que Benjamin avait décidément très bon goût et que ce garçon devrait lui plaire, sauf bien sûr il s’avère qu’ils ne partagent pas les mêmes orientations.

- Mais bon !! (Pense-t-il tout haut)

Son travail n’était qu’à le retrouver, le reste n’est plus de son affaire et sauf s’il se vérifie qu’avec « Ben’j » ça colle, il ne devrait plus en entendre parler.

Ne reste plus qu’à prévenir Florian, ce qu’il fera le soir même avant de rentrer chez lui et rejoindre son Luka, qui lui manque toujours autant après chaque journée de séparation.

CHAPITRE 77 (Paris) (Jeudi soir) (L’invitation surprenante)

« Élysée, bureau du président. »

Maurice est là depuis déjà cinq bonnes minutes, quand le président lève enfin la tête du courrier qu’il relisait pour la énième fois tellement la démarche l’étonne.

- Ah !! Maurice !! Je ne vous avais pas entendu !!

- J’ai vu ça Monsieur le président !!

- Où en est-on de cette épidémie ?

- En bonne voie monsieur, heureusement que l’officier de gendarmerie chargé de l’expulsion a eu le réflexe de s’inquiéter et en a fait part à Florian qu’il connaissait bien !

- L’origine de cette maladie a-t-elle été trouvée ?

- Le manque d’hygiène de cette tribu nomade est le facteur déclencheur, les spécialistes ont découvert des traces de morsures de rats sur deux des cadavres.

- Je préfère ça !! Mais ce n’était pas le but de ma convocation, lisez cette lettre et dites-moi ce que vous en pensez ?

Maurice prend la feuille qu’il lui tend, prenant ensuite le temps de lire en cherchant à comprendre ce qui dans la demande peut bien choquer le président.

- C’est une invitation pour Florian au Vatican ??

- C’est tout l’effet que ça vous fait ??

- Je ne vois rien dans cette demande qui pourrait me heurter !! Comment se fait-il qu’elle ne lui soit pas parvenue directement ?

- Tout simplement parce qu’elle était adressée ici !! Pourquoi veulent-ils le voir ??

- Ce que nous appelons ses « dons », doivent être pris pour des « miracles » par le Saint-Siège et je veux bien les comprendre en y réfléchissant un tant soit peu. Maintenant je ne vois toujours pas où est le problème avec cette invitation, si Florian l’accepte tout du moins.

- Tu crois qu’il oserait refuser ??

- C’est Florian et s’il juge qu’il n’a pas à y aller, rien ne le forcera à le faire !!

- Pourquoi s’y refuserait-il ?

- Qu’est-ce que j’en sais, moi !! Pour ne pas heurter les autres religions par exemple. Je ne sais même pas s’il est croyant !! Si ce que j’entends dire de lui est exact, ça serait étonnant qu’il le soit !!

- Je ne comprends pas ??

- Il faudrait qu’il croie en lui alors ??

- Ah !! Parce que vous croyez à toutes ces superstitions venant de son ami Masaï ??

- Il y a aussi les entités monsieur !!

- Introuvables quand on les cherche !!

- Ce à quoi j’ai assisté à Bégin ne pouvait s’expliquer autrement.

- Hum !! J’avoue que tout cela est bien troublant et pour ce qui est de l’invitation, faites-en part à Florian !! S’il décide d’accepter, vous devrez veiller à sa sécurité.

Maurice réfléchit quelques secondes avant de sourire, visiblement amusé par ce à quoi il vient de penser.

- Ça risque d’avoir l’effet d’une bombe cette visite ! Hi ! Hi !

- Comment ça ??

- Rappelez-vous la première fois qu’il vous a été présenté !! J’ai eu l’occasion d’avoir aussi le fin mot sur ses rapports avec l’empereur Hirohito et c’est sans compter tout le remue-ménage que sa présence a occasionné quand il s’est présenté à Bégin, ce garçon n’a aucune idée de ce que le mot cérémonial veut dire !! Alors imaginez-le en visite à l’endroit le plus marqué par le protocole qui soit et vous comprendrez pourquoi ça me fait rire !!

Le président regarde Maurice avec à son tour les yeux brillants d’amusement.

- Je vais peut-être partir avec lui, histoire de voir ça de mes propres yeux !!

- Pas certain que ce soit une bonne idée, vos sourires pourraient avoir un effet désastreux sur nos relations avec l’Église !! L’humour n’a jamais été leur maître mot, c’est du moins ce qu’il me semble !!

- Tu as sans doute raison !! Vois ça avec Florian !! Il devra aussi répondre à une autre invitation, je ne doute pas un instant que celle-là, il l’accepte avec plaisir !! La princesse Masako nous a fait savoir que son beau-père souhaitait recevoir Florian dans son palais et le premier ministre Jun’ichirô nous l’a confirmé ce matin par missive diplomatique.

- Ce n’est que le début monsieur, vous pensez bien que chaque pays voudra à un moment avoir l’honneur de sa présence !! Surtout s’ils ont en tête de lui faire visiter certains sites de recherches, en faisant en sorte qu’il tombe par « hasard » sur quelques savants en mal d’intuitions dans la poursuite de leurs travaux.

- Il faudra bien le briefer là-dessus et qu’il n’oublie pas la convention que nous avons passée avec lui sur ce sujet délicat.

- Pour l’instant je me dois d’admettre que tout est calme !! Je m’attendais à beaucoup plus de demandes venant de l’international tout au moins !!

- Je dois reconnaître que la petite discussion privée entre Florian et son compagnon à Bégin, a eu largement l’effet escompté sur les populations. Je n’aurais pas trouvé mieux à dire que d’aller directement dans l’émotionnel et le sentimentalisme des gens, pour leur faire comprendre qu’ils devaient les laisser respirer.

- Le capitaine Malherbe a eu une idée de génie ce jour-là pour faire se disperser la foule, personne ne se serait attendu à ce que ça marque les esprits aussi profondément qu’une espèce de pudeur les retient maintenant à trop parler de Florian !! Je pense surtout aux médias qui depuis lui foutent une paix royale !!

- Chose qui nous arrange bien par la même occasion !! J’ai eu vent de quelques avancées médicales majeures ces derniers jours, ce qui prouve bien qu’il ne faut pas lui mettre la pression et qu’il suffit de lui poser la bonne question au bon moment, vous êtes au courant pour la nouvelle molécule évitant l’effet d’accoutumance et donc de manque aux antidépresseurs ?

- Une petite matinée pour résoudre un problème prétendu insoluble, j’en ai entendu parler.

- Ce garçon est quelqu’un de trop précieux pour négliger quoi que ce soit pour sa sécurité, vous avez carte blanche quant aux moyens financiers et humains pour y parvenir, pensez à surveiller ceux qui en avaient après lui avant que tous nous le croyions mort !!

CHAPITRE 78 (Paris) (Vendredi matin) (Fac)

Yuan et Steven profitent des quelques minutes de libre entre deux cours pour se retrouver et taper la discussion comme ils aiment le faire depuis qu’ils se connaissent.

Cette fois-ci comme de bien entendu, la conversation est monopolisée par Jean Baptiste et Steven meurt d’impatience de savoir ce qu’a dit Florian quand Yuan le lui a annoncé en rentrant hier soir.

- Aller !! Accouche ta Valda !! Il a dit quoi ?

- Il n’a pas eu l’air surpris plus que ça !!

- C’est tout ??

- Juste qu’il sera là à midi pour déjeuner avec nous, remarque que c’est la façon la plus simple de lui présenter « JB » puisqu’il doit nous y rejoindre aussi rappelle-toi !!

Steven médusé.

- Attends !!! T’es sérieux ???

- Comment ça ??

- Florian va vraiment venir ici aujourd’hui ?? Je n’y crois pas !! Tu imagines quand tout le monde va le reconnaître ??

- (Yuan) C’est exactement ce que je lui ai dit hier ! Hi ! Hi !

- Et ???

- Juste que s’il commence à prendre ça en compte à chacun de ses mouvements, il ne sortirait plus de chez lui et en y réfléchissant bien, reconnais qu’il n’a pas tort !!

- Bah ouaih, mais quand même !!

- Attends-toi à avoir un tas de nouveaux amis après ça !!

- Pourquoi tu dis ça ??

- Parce que dès que tout le monde va comprendre que c’est un de nos amis, je pense que nous serons très certainement un moyen détourné pour ceux qui voudront se rapprocher de lui.

- Qu’ils y viennent !! Moi, mes amis je les connais et ici ils se comptent sur les doigts de mes mains, inutiles donc aux niaiseux de venir me faire du rentre-dedans alors qu’ils m’ont ignoré jusqu’à aujourd’hui.

- Tu en as déjà plus que moi, en fait ici je n’ai que toi avec qui j’aime venir parler.

- Tu auras facile à les reconnaître alors ! Hi ! Hi !

« Dring ! Dring ! »

La sonnerie de reprise des cours les fait se séparer avec chacun en tête la surprise qui ce midi va en étonner plus d’un.

***/***

« Cafétéria de la fac. »

Yuan et Steven posent leur plateau à la table où ils ont pris l’habitude de s’installer, très vite rejoints par Jean Baptiste qui était quelques personnes derrière eux dans la file d’attente.

- Ça va les gars ??

Il pose son plateau pour ensuite leur serrer une franche poignée de main, s’asseyant une fois chose faite avec le sourire aux lèvres et visiblement heureux d’avoir deux nouveaux amis qui en plus pour ne rien gâcher au plaisir, sont les deux beaux gosses de la fac que tout le monde envie derrière leur dos.

- Beurk !! Tu aimes les épinards toi ??

- (Yuan) J’aime tout en fait !! Pourquoi, pas toi ??

- Ah ça non alors !! On me forçait à en manger étant petit, c’était à vomir !!

- (Steven) N’en dégoûte pas les autres !!

- Excusez-moi !! Vous parliez de quoi dans la cour tout à l’heure, je vous ai vus de loin et je n’ai pas osé venir vous embêter, des fois que ce serait des histoires de filles ! Hi ! Hi !

- (Steven) Ça ne risquait pas avec moi en tous les cas !!

- Ah bon ??…tu veux dire que tu es….

- (Steven) Homo ?? De la pointe des pieds à la pointe des cheveux !!

Jean Baptiste se tourne vers Yuan, visiblement surpris.

- Toi aussi ??

- Pour moi c’est plus …compliqué !! Disons que j’aime les deux !!

- Et vous annoncez ça cache à chaque fois que quelqu’un vous le demande ??

- (Steven) Et pourquoi non ?? Je n’ai pas honte d’être ce que je suis et j’aime autant mon chéri qu’un couple hétéro !!

- (Yuan) Pareil pour moi, ma fiancée connaît bien mes copains et….

- Tes copains ??

- (Yuan) Comme je te le disais, c’est plus compliqué et je t’en parlerai peut-être un jour quand on se connaîtra mieux !!

- (Steven) Et toi « JB » ?? Une copine ou un copain ??

- Ni l’un, ni l’autre pour l’instant.

- (Steven) Mais tu y as déjà pensé ??

- Je…. Je ne l’ai jamais dit à personne….

- (Yuan) Mais ??

- Je préfère les garçons, mais ce n’est que théorique puisqu’en pratique je n’en ai jamais connu.

- (Steven) Branlette devant un porno gay, en pensant à un beau mec ou une revue pour homme ?

- Tu as l’air de connaître le sujet ! Hi ! Hi !

- Avant de rencontrer Yuan, j’avoue que je n’étais pas loin d’en être au même point que toi !!

- (Jean Baptiste) Ah !! Parce que vous êtes ensemble ??

- (Yuan) Non pas du tout, juste que j’ai découvert Steven en même temps que ses penchants et que j’avais justement une connaissance qui me semblait être de la même trempe, je les ai juste présentés et ce sont eux qui ont fait le reste.

- C’est grâce à « Yu » que j’ai connu Michael et depuis nous sommes en couple, ça a fait un an il y a quelques jours qu’on se connaît.

Jean Baptiste les observe un moment avant de sourire en s’adressant à Yuan.

- Bah !! Alors si tu en as un autre qui soit de la même trempe pour moi, n’hésite pas à me le présenter !!

CHAPITRE 79 (Paris) (Vendredi midi) (Fac)

Yuan et Steven se regardent avec amusement, ce que ne manque pas de remarquer Jean Baptiste.

- Qu’est-ce que j’ai dit de si drôle ?

- (Steven) C’est que justement nous connaissons quelqu’un !!

- (Yuan) Qui kiffe à mort les beaux gosses un peu rouquins, comme toi à première vue !!

- (Steven) Faudra qu’on te le présente si tu veux ?

- Ça dépend de comment il est et de l’âge qu’il a aussi !!

- (Yuan) Benjamin vient d’avoir dix-huit ans, il est en terminale et ses deux sœurs sont en couple avec des amis à nous !!

- (Steven) Super beau gosse en plus, un peu comme nous ! Hi ! Hi ! Même taille que toi !! Cheveux châtains !! Même corpulence !!

- (Yuan) Assez timide, super-gentil !!

- N’en jetez plus les gars ! Hi ! Hi ! On croirait que vous voulez me le vendre !!

Les trois amis ne s’aperçoivent pas du silence qui se fait dans la cafétéria, ni des regards fortement étonnés qui tous sont dirigés vers l’entrée de celle-ci où un jeune rouquin qui défraie depuis longtemps les chroniques médiatiques ainsi que nombre de conversations de par le monde, fait son apparition en prenant tranquillement un plateau et en faisant la queue pour le choix du plat principal, se servant dans les assiettes d’entrées et de desserts ainsi que pour son pain et sa boisson.

Un silence presque religieux pèse sur toute la cafétéria ainsi que dans le couloir menant à la salle qui se voit remplir par les curieux l’ayant aperçu et suivi depuis la cour principale dès qu’il y est apparu.

***/***

Je regarde d’un œil amusé le garçon derrière son fourneau qui me fixe les yeux ronds, la louche à hauteur de son nez.

- Pour moi ce sera les épinards avec l’escalope de dinde à la crème s’il vous plaît !!

Le gars semble enfin sortir de sa stupeur en regardant mon doigt montrer le plat que j’ai choisi.

- Hein !! Ah…oui, bien sûr !!

- Vous mettrez ça sur le compte de mon copain Yuan Tsu, ça ne pose pas de problème ??

- Hein !! Euh…non !!!

- Parfait alors, merci beaucoup !!

Je quitte la file en cherchant mes amis du regard, les apercevant au bout de la salle tranquillement en train de papoter alors qu’une bonne centaine de paires d’yeux me fixent avec cet air que peuvent avoir les gens devant quelque chose ou quelqu’un qu’ils ne s’attendent vraiment pas à voir là.

Ce n’est que quand j’ai presque entièrement traversé la salle, que les murmures commencent à se faire derrière mon dos et que les sons de voix remplissent à nouveau la cafétéria, tout d’abord sous forme de chuchotements puis de plus en plus forts au fur et à mesure que j’entends mon prénom prononcé du ton ahuri de ceux qui n’en croient pas leurs yeux.

***/***

Yuan lève la tête vers la salle, se rendant compte qu’il y a quelque chose qui cloche et sourit en comprenant ce qui déclenche cette rumeur qui enfle de plus en plus.

- Voilà « Flo » !! Décidément il ne risque pas de passer inaperçu !!

Steven et Jean Baptiste tournent la tête dans la direction du regard de Yuan, un sourire marquant rapidement le visage de Steven alors que Jean Baptiste reste la bouche ouverte en reconnaissant le « Flo » dont il est question.

- Mais…c’est…non !!!

- (Yuan) J’avais oublié de te prévenir qu’il devait nous rejoindre ce midi, je te présente notre copain Florian.

Je pose mon plateau en souriant à mes amis, amusé de voir la tête de « JB » qui bien sûr ici ne me connaît que par médias interposés.

J’embrasse rapidement Steven sur le coin des lèvres, j’en fais autant avec Yuan mais cette fois en centrant ma cible et en y prenant plus de temps, avant de me tourner vers Jean Baptiste en lui tendant la main.

- (Yuan) Florian, voilà Jean Baptiste !!

- Enchanté « JB » !! Tu peux refermer la bouche, tes amygdales sont en parfait état ! Hi ! Hi ! Ça va les gars ??

- (Steven) Nous oui, mais demande plutôt autour de toi parce que là ils semblent tous sur le cul !!

- Bah !! Ça leur passera avant que ça me reprenne !! Voilà donc le fameux « JB » ?? Sais-tu que « Yu » n’a pas arrêté de me parler de toi de toute la soirée d’hier ??

- Ah bon ??

- Si je te le dis, sinon pourquoi je serais là d’après toi ?

- Tu es venu juste pour me voir ? Je n’y crois pas !!

- Si tu veux tout savoir, c’est surtout un peu par jalousie ! Hi ! Hi ! Rends-toi compte aussi, entendre parler d’un autre mec quand tu es au lit avec le tien !!

Jean Baptiste passe son regard de Yuan à moi plusieurs fois avant de bien comprendre mes dernières paroles.

- Vous…tu…vous…êtes ensemble ??

- On peut dire ça comme ça même si c’est un peu plus compliqué au final !!

- Pffttt !!!

- (Yuan) Je t’avais prévenu !! Si tu veux, demain soir j’organise une petite fête chez moi avec quelques potes et si tu es libre, je t’invite avec plaisir !!

- (Steven) Tu découvriras une partie de la bande et Benjamin sera là en plus !!

Je regarde Yuan avec surprise, étonné d’entendre Steven parler déjà de « Ben’j ».

- (Yuan) J’ai expliqué à « JB » comment j’ai fait rencontrer Michael à Steven et il m’a demandé si je n’avais pas un autre pote dans ma manche pour lui, alors comme il n’y a plus que « Ben’j » de libre….

J’attrape « JB » sous le menton en faisant celui qui l’observe de près.

- Hum !!! A en croire notre « marieuse » tu devrais faire l’affaire !! Peut-être que oui en fin de compte !! Par contre tu devras deviner lequel de nos amis c’est parmi ceux qui seront là demain soir, d’accord ??

- (Steven) L’idéal serait même qu’on soit tous masqués ! Hi ! Hi !

- (Yuan) Ça pourrait être drôle en effet !!

- Ok pour moi les gars !! Mais avec mon look je serais vite reconnu !!

- (Yuan) Pas forcément !! J’ai une idée, laisse-moi organiser ça à ma façon !!

Nous continuons jusqu’à la fin du repas à discuter en faisant connaissance et c’est un Jean Baptiste radieux qui me dit au revoir en acceptant cette fois la bise sur les joues, j’avoue être troublé de ce simple contact après ce que j’ai connu avec lui dans l’autre réalité.

CHAPITRE 80 (Paris) (Vendredi soir) (Damien)

« Gare de l’Est. »

Damien est accoudé sur son siège quand il sent la décélération du train qui commence à freiner pour entrer en gare, un coup d’œil rapide sur sa montre le fait sourire de tenir les temps pour attendre Mathis gare de Lyon.

Métro avec changement puis quelques mètres de marche à pied et le voilà cinq minutes en avance dans le petit bistrot où ils ont convenu de se retrouver pour ensuite aller faire la surprise à Florian et Yuan, de cette visite imprévue.

C’est un murmure intéressé venant d’une table pas très éloignée de la sienne qui lui fait tourner la tête vers la rue, reconnaissant son beau blond sac à dos en bandoulière qui comme son cousin ne manque jamais de faire forte impression quand il apparaît en public.

Il avait déjà repéré les trois filles assises à la table, déjà parce qu’une d’entre elles lui avait jeté à plusieurs reprises une œillade sans équivoque sur ce qu’elle avait en tête à son encontre mais aussi des quelques mots appréciateurs à son sujet, dits suffisamment fort à ses amies pour qu’il les entende.

Damien fait un signe à travers la vitrine à Mathis qui lui répond par un sourire enjôleur qui met immédiatement les trois filles en état de pâmoison.

Ce n’est qu’une fois à l’intérieur du bar quand Damien se lève et qu’ils se prennent dans les bras pour s’embrasser sans aucune équivoque sur le type de relation qui les lie l’un à l’autre, que la déception bien visible sur le visage des filles fait sourire Damien.

Les deux garçons s’assoient en ne se quittant plus des yeux, trop heureux de passer ce week-end ensemble et qui plus est loin de la famille, ce qui leur permet de moins avoir à retenir leurs élans affectifs.

- (Damien) Tu as fait bon voyage ?

- Ouaih !! Cool !! C’est le pied de ne pas avoir cours le vendredi après-midi !!

- C’est sûr !! Tu bois quelque chose ?

- Comme toi !!

Pendant que Damien fait signe à la serveuse d’apporter la même chose à son copain, Mathis ne peut s’empêcher de le regarder amoureusement tellement il le trouve sexy dans ses fringues « fashion » et sa bouille d’ange qui cache bien un esprit vif et toujours partant pour la déconnade.

Damien comme de bien entendu s’en rend compte et se relève légèrement de son siège pour lui donner un baiser rapide sur les lèvres, baiser qui surprend agréablement Mathis en le sortant de sa léthargie sentimentale.

- Wouah !! Toi aussi tu m’as trop manqué !!

- (Damien) Tu sais quoi ? J’ai envie grave de toi !!

- (Mathis) On va peut-être attendre d’être arrivé chez « Yu » ! Hi ! Hi !

- Trop loin !!

- ??? Tu ne veux quand même pas qu’on fasse ça dans les toilettes du bar ??

- Tiens !! Pourquoi pas ??

- Tu déconnes là !!

- Oui t’inquiète !! En fait je voyais plutôt la réserve d’une librairie qui est à deux pas d’ici !!

Mathis en a les yeux qui brillent, il vide son verre en quelques secondes et laisse un billet sur la table en attrapant Damien par la manche, sortant ensuite avec lui comme un fou du bistrot sous le regard étonné de ceux qui bien sûr n’en connaissent pas la raison.

Deux rues et quelques minutes plus tard, les voilà devant ladite librairie qui voit sa porte s’ouvrir brusquement pour les laisser entrer en riant comme des fous sous le regard d’abord surpris, puis en les reconnaissant amusé de leur copain Dante.

- Salut les gars !!

- (Damien) Salut toi !! Ton patron n’est pas là ?

- (Mathis) La réserve est libre ?

- Non ! Oui ! Mais…. Ah, d’accord !! Il y a urgence ! Hi ! Hi !

- (Damien) Grave, oui !! Tu nous excuses, on discutera après !!

- (Mathis) C’est pour la bonne cause ! Hi ! Hi ! Oh !! Putain !! J’en ai mal à la queue là !!

- Et bien ne vous gênez pas pour moi les gars, vous connaissez le chemin !!

Dante a un sourire jusqu’aux oreilles en les regardant entrer en coup de vent dans l’arrière-boutique, il se dit qu’il en connaît un qui va être surpris ce soir quand il va rentrer parce que là à voir ses deux copains excités, sa libido vient de percer le plafond et il se sent comme un grand vide qu’il va falloir remplir rapidement pour le calmer un tant soit peu.

***/***

« Dans l’arrière-boutique. »

Mathis claque la porte derrière eux pendant que Damien cherche l’interrupteur pour faire un peu plus de lumière que celle de la pauvre vantelle qui donne sur la rue.

Sitôt fait, les deux garçons se jettent dessus comme des affamés et c’est Mathis qui plaque Damien contre une cloison en lui dévorant la bouche, pendant que son chéri soulève son sweat-shirt et son sous-vêtement qui sortent de la ceinture du pantalon pour plaquer ses deux mains à l’intérieur en lui caressant fébrilement le dos.

CHAPITRE 81 (Paris) (Vendredi soir) (Damien) (fin)

Mathis frémit sous les caresses, ses deux mains de chaque côté du visage de Damien alors que ses lèvres mènent la danse dans un état d’excitation peu commune.

Les vêtements des deux garçons commencent à tomber au sol un à un, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent juste vêtus de leurs slips complètement déformés par leurs érections.

Les lèvres du grand blond commencent alors la lente descente sur le corps de son ami, s’arrêtant quelques secondes dès qu’une zone plus sensible arrive à portée et qu’il suçote le temps d’entendre un gémissement de plaisir pour repartir aussitôt après vers une autre et ce jusqu’au moment où son menton rencontre l’élastique du slip, sa bouche affamée mordillant avidement ensuite la colonne de chair qui y est toujours enfermée.

Ses mains descendent à leurs tours, caressant la poitrine, la taille et les reins jusqu’à crocheter le tissu pour le faire tomber aux pieds de Damien qui n’est plus que sensations et couinements sous les assauts enfiévrés de son chéri.

Damien sent le plaisir monter, stoppant Mathis en le repoussant légèrement pour lui faire comprendre qu’il est proche de la jouissance et surtout que ce n’est pas de cette façon qu’il veut y arriver, se retournant en se cambrant pour lui guider cette fois la bouche vers là où est le véritable feu.

Mathis sent une forte bouffée de chaleur lui prendre les reins, ses mains le libèrent de son sous-vêtement avant qu’une d’entre elles servent alors de guide à la pénétration pour que celle-ci se fasse sans douleur.

Une fois les poils de son pubis en contact avec la douce chaleur des fesses de Damien, il lui laisse le temps de s’habituer à l’intromission en lui prenant la gorge d’une main pour lui tirer la tête en arrière afin de pouvoir l’embrasser en le fixant avidement les yeux dans les yeux.

C’est un mouvement souple des reins de Damien qui donne le top à la reprise des hostilités, les muscles internes massant sa hampe de si bonne façon que Mathis en serre les dents et lui bloque les reins pour qu’il se calme le temps qu’il reprenne le contrôle.

- Attends !! Attends !! Je vais jouir trop vite sinon !!

- Prends-moi « Math » !! J’ai trop envie là !!

- Laisse-moi faire, si tu continues dans deux secondes je lâche tout !!

- Humm !!!

- Damien s’t’eut plaît !! Arrhhh !!! Salop !!

- Allez vas-y !! Je sens que pour moi aussi ça monte !!

Mathis serre les dents, attrape son copain par les hanches et se lâche dans Damien qui part à son tour dans un cri de pur plaisir en arrosant copieusement le mur de l’arrière-boutique.

***/***

Dante sourit en entendant les râles de ses amis qui montrent à quel point l’envie était pressante, puisqu’il ne s’est pas passé dix minutes montre en main depuis qu’ils sont partis s’enfermer dans la pièce.

C’est donc légèrement moqueur, qu’il les voit revenir dans la boutique la tête en vrac et les vêtements remis à la va-vite.

- Et ben dis donc !!! C’était pire qu’une envie de pisser votre affaire !!

Damien en sueur.

- Tu n’aurais pas un truc à boire ??

Dante sort deux petites bouteilles d’eau de derrière son comptoir.

- Tenez les gars !!

Mathis sourit en prenant sa bouteille, il voit bien l’état de bandaison de son ami qui d’ailleurs ne s’en cache pas vraiment.

- Ça t’a donné des idées on dirait bien ! Hi ! Hi !

Dante baisse la tête vers sa braguette.

- Faut dire aussi que vous ne l’avez pas joué discret !! Heureusement qu’il n’y a pas de clients !! J’aurais eu l’air fin sinon !!

Les trois amis discutent encore quelques minutes avant que Mathis et Damien ne lui disent au revoir et quittent la boutique avec le sourire aux lèvres, ce n’est qu’une fois éloigné de quelques dizaines de mètres que Mathis reprend la parole.

- Il est vachement craquant tu ne trouves pas ?

- Qui ça ? Dante ?

- Non !! Je parlais du téléphone sur le comptoir !! Pffttt !! Bien sûr, de qui veux-tu d’autre que je te parle !!

- C’est vrai qu’il n’y a rien à jeter !!

- Ça m’a un peu embêté de le laisser dans cet état, pas toi ?

- ???? Tu voulais quoi ?? Lui proposer de lui vider les burnes ??

- Laisse tomber !! Je ne sais pas ce qui m’a pris de dire ça !!

- L’envie de te l’envoyer très certainement !!

CHAPITRE 82 (Paris) (Vendredi soir) (Pensées troublantes)

Mathis s’arrête en se tournant vers Damien, pour le fixer dans les yeux.

- Tu n’as jamais pensé à faire un truc avec un de nos potes ?? Je veux dire tous les deux ensembles bien évidemment !!

- (Damien) Je n’en sais rien !! Peut-être !! Tu aimerais toi ?

- Je me posais juste la question, quand j’ai vu dans quel état nous avions mis Dante tout à l’heure !! J’avoue que j’aime beaucoup ce gars, il est canon et bourré de qualités.

- J’en connais un aussi qui est comme ça !!

- Ah oui ?? Qui c’est ??

- Toi !!

Damien reprend sa marche sans rien dire de plus, laissant à Mathis le soin de comprendre le message qu’il vient de lui faire passer.

Celui-ci le rattrape bientôt en courant, lui prenant aussitôt la main en s’appuyant contre lui.

- Tu as raison, je ne sais pas ce qui m’a pris !!

- Je ne te suffis peut-être plus ??

- S’il te plaît, ne dis jamais des choses pareilles !! Tu sais très bien que c’est du n’importe quoi !!

- Je sais !!

- C’est de voir les autres qui s’éclatent comme des ouf !! Ça me met la tête à l’envers !!

- Dis plutôt que tu penses toujours à Florian !!

- Tu n’y as jamais pensé toi ??

Damien s’arrête à son tour en fixant Mathis, cherchant à comprendre où il veut en venir.

- T’es sérieux là ??

- Je te pose juste une question !! Tu sais très bien ce que j’éprouve pour lui, ça ne date pas d’hier et il me semble que nous avons déjà dit tout ce qu’il y a à dire à ce sujet !!

- Florian est mon meilleur ami, c’est aussi comme mon frère !! Je l’aime pour ces deux raisons-là, mais certainement pas de celle à laquelle tu penses.

- Pourtant vous….

- Nous rien du tout !! Si tu parles des parties de branlettes, c’est juste un truc qu’on fait parce que ça nous fait plaisir et que ça nous amuse, ça permet aussi de se soulager quand c’est trop dur d’être loin de ceux qu’on aime !!

- Alors pourquoi tu te fâches quand je parle de Dante ?

- Explique-toi ?? Peut-être que j’ai mal compris où tu voulais en venir tout à l’heure !!

- C’était un peu dans le même genre d’idée que ce que vous faites avec tes frères !! Je n’ai jamais pensé sérieusement aller plus loin qu’un rapprochement manuel, juste que ça aurait pu aussi être sympa de ne pas le laisser finir sa journée la queue raide alors que nous, on s’est éclatés comme des malades !!

- Tu devrais apprendre à mieux t’exprimer alors, parce que ce n’est pas vraiment ce que j’avais compris !!

Mathis se mordille les lèvres, visiblement perdu dans cette conversation qui lui échappe complètement.

- Tu ne vas pas me faire la gueule ??

- Non, t’inquiète !! Tu me poses des questions, j’y réponds !! Un couple c’est aussi ça, pouvoir aborder nos idées même les plus farfelues et en parler, les accepter ou pas et ensuite les mettre ou pas en pratique !! Ce qui m’aurait fait te faire la gueule, c’est que tu le fasses sans m’en parler avant pour connaître mes sentiments sur la question et pire encore, de le faire en sachant que je suis contre.

- Ça ne me viendrait sûrement pas à l’idée, c’était juste une idée comme ça en passant.

- Tu sais « Math » !! Rien ne dit qu’un jour nous n’aurons pas la même envie, que ce soit sur une autre personne ou n’importe quoi d’autre et il ne faudrait pas que ce jour-là on rate une occasion justement pour ne pas en avoir exprimé l’idée. Moi aussi j’aurais certainement des idées qui ne te plairont pas, c’est ça la vie à deux !! Il faut juste qu’on soit honnête l’un envers l’autre, toujours !!

- Tu sais quoi ??

- Vas-y, dis !!

- Je trouve que tu as vachement mûri dans ta tête ces derniers mois, plus que moi en tout cas !!

- J’ai eu matière à réfléchir, que ce soit la perte de Florian et de Thomas, tout comme ta façon de te laisser aller dans la dépression !! Ça m’a occasionné suffisamment de larmes et de nuits blanches pour qu’il en sorte quelque chose de positif, j’ai perdu beaucoup de ma jeunesse insouciante et il fallait bien que je prenne sur moi pour pouvoir supporter tout ça, alors c’est vrai que je vois les choses différemment maintenant.

Les deux amoureux reprennent leur marche en se tenant serrés l’un contre l’autre, se moquant complètement du qu’en-dira-t-on de ceux qui jugeraient leurs façons d’être.

Mathis ressasse dans sa tête les paroles pleines de bon sens de son Damien, heureux d’avoir trouvé du premier coup celui qui à l’évidence partagera sa vie entière avec lui.

Damien pour sa part observe à la dérobée celui qu’il aime plus que tout, même dans ses faiblesses et ses emportements, sachant très bien l’attachement qu’il y a entre eux deux.

C’est donc en silence qu’ils arrivent devant l’immeuble où habite Yuan et qu’ils s’arrêtent devant l’interphone, se jetant un coup d’œil en souriant à l’avance de la surprise qu’ils vont faire à leurs deux amis.

CHAPITRE 83 (Paris) (Vendredi soir) (Gilles)

« Quelques minutes plus tôt, chez les frères Durand. »

Jean Baptiste rentre chez lui le temps de poser son sac et de repartir après une bonne douche après s’être changé pour sa prise de poste au « Mc Do’ » à quelques centaines de mètres de chez lui.

- Gilles !!! T’es là frangin ??

Comme il n’a pas de réponse, Jean Baptiste hoche la tête en se disant qu’il n’est très certainement pas encore rentré de son travail et qu’il lui racontera en rentrant du sien sa rencontre avec le Florian de la télé, ce qui il en est sûr épatera bien son frère.

Il range ses affaires de fac dans sa chambre, puis entre dans la salle de bains et pousse soudainement un cri d’angoisse en trouvant son frère allongé inanimé sur le sol.

- Gilles !! Qu’est-ce qu’il t’arrive ??

C’est en tremblant qu’il lui soulève la tête, la panique venant d’un coup le prendre au point qu’il reste un long moment figé sans réaction.

- Gilles !! Réponds-moi !! Gilles !!

Jean Baptiste attrape une serviette qu’il roule en boule pour y déposer plus confortablement la tête de son frère, ses yeux s’emplissent de larmes alors qu’il court en tremblant jusqu’au téléphone pour appeler les secours.

Il répond entre deux accès de crises de panique aux questions qu’on lui pose, puis retourne auprès de son frangin toujours inconscient mais semblant respirer correctement, ce qui quelque part le rassure suffisamment pour qu’il réagisse en entendant quelques minutes plus tard les pimpons de l’ambulance.

La porte à peine ouverte, qu’un médecin suivi de deux infirmiers entre dans l’appartement.

- Où se trouve la personne inconsciente ?

- Par ici !! Suivez-moi !!

Jean Baptiste les conduit jusqu’à la salle de bains, il est très vite ensuite repoussé vers le couloir le temps que le toubib se penche sur Gilles et commence à lui prendre sa tension, pour ensuite lui soulever les pupilles et débuter les palpations pour y rechercher d’éventuelles lésions.

- Une civière !! Nous le transportons à l’hôpital !!

Pendant que les deux infirmiers s’activent, il ouvre sa trousse pour faire une injection à Gilles et sentant qu’il est observé, reporte ensuite son regard sur Jean Baptiste en lui envoyant un sourire se voulant rassurant.

- Il y a longtemps qu’il est sans connaissance ??

- Je ne sais pas, il était déjà au sol quand je suis rentré il y a un bon quart d’heure maintenant !! C’est grave ??

- Je pense que votre frère vient de faire un début d’AVC, il est jeune donc il devrait s’en sortir sans trop de séquelles !!

- Vous l’emmenez où ??

Le médecin lui tend une carte de visite.

- Voici l’adresse de l’hôpital !! Vous pourrez passer demain, pour aujourd’hui c’est trop tard pour les visites et de toute façon il va passer différents examens durant la nuit. Vous vous chargez de prévenir vos parents je présume ??

- Nous n’en avons plus, ils sont décédés depuis deux ans et c’est mon frère qui s’occupe de moi !!

- Désolé !! Nous allons bien nous occuper de lui, ne te fais pas de soucis.

- Vous êtes sûr que je ne peux pas venir avec vous ?

- Ça ne servirait à rien puisque tu ne pourrais pas l’approcher, demain matin tu pourras venir !! Excuse-moi mais nous devons y aller !! Bon courage mon garçon !!

Jean Baptiste regarde son frère transporté par les ambulanciers, la porte du véhicule qui claque en le lui enlevant de la vue et la sirène qui se remet en marche alors que l’ambulance s’élance dans la rue.

Quand il referme la porte de l’appartement, il se sent subitement fragile et surtout seul, se rendant compte que sans son frère il est complètement perdu et c’est là que sa pensée bascule d’un coup dans une angoisse qu’il ne peut maîtriser, sentant une énorme boule de stress gonfler dans son estomac.

Il va pour ranger la carte de visite de l’hôpital dans son portefeuille quand il aperçoit celle que lui a laissée son nouvel ami Yuan, pour qu’il ait son adresse pour les rejoindre à la soirée prévue le lendemain.

Son esprit alors ne fait qu’un tour quand il se rue littéralement sur le téléphone pour l’appeler et lui demander son aide, n’ayant personne de plus proche que lui à qui faire cette démarche.

***/***

« Chez Yuan. »

Damien et Mathis ne sont pas là depuis cinq minutes que la sonnerie du téléphone interrompt une conversation joyeuse et animée, la surprise de leur visite ayant mis une ambiance du feu de dieu parmi les quatre amis.

- Allô !!

- ….

- « JB » ?? Calme-toi !! Dis-moi ce qui se passe !!

- ….

- Arrête de pleurer, tu sais où ils l’ont emmené ??

- ….

- Attends deux minutes, ne quitte pas surtout !!

Yuan me jette un œil, troublé.

- C’est Jean Baptiste, son frère vient de faire un début d’AVC d’après le toubib du SAMU et tu penses bien qu’il est en pleine panique !! Je lui dis quoi ??

- Passe-le-moi…allô !! « JB » ? C’est Florian, le rouquin de ce midi !! Tu me remets ??

- ….

- Donne l’adresse et rejoins-nous là-bas devant l’entrée des urgences, nous arrivons d’ici une petite demi-heure !!

- ….

- Ne t’alarme pas pour rien mon grand !! Ils me laisseront entrer !! Calme-toi et fais comme je viens de te dire !!

- ….

- Bah, ne t’inquiète donc pas pour ça !! Ça sert aussi à ça les copains !!

CHAPITRE 84 (Paris) (Vendredi soir) (En route pour un sauvetage)

Je raccroche en prenant mon manteau et en enfilant vite fait mes chaussures.

- Vous venez avec moi ou vous préférez rester là ?

- (Les trois à la fois) On vient !!

- Alors on y go les mecs !! Je passe devant pour choper les gars à Maurice, il faut bien qu’ils justifient leur salaire ! Hi ! Hi !

Je descends quatre à quatre l’escalier, traverse l’entrée principale et je me retrouve en pleine rue à chercher des yeux où peuvent bien s’être cachés les deux lascars.

Bien sûr c’est toujours quand on les cherche qu’on ne les trouve pas, je fais signe à mes amis de ne pas sortir et je pousse un grand cri en m’affalant en plein milieu de la rue, me rappelant du stratagème de « Ludo » au hangar.

- Aïeee !!!!

Il ne se passe pas dix secondes que j’entends des pas se précipiter vers moi et les deux agents qui me redressent en regardant autour d’eux, arme au poing.

- Doucement les cowboys !! Vous avez amélioré votre façon de vous planquer, je n’avais pas le temps de vous chercher alors j’ai usé de ce petit stratagème !!

- Tu nous fais quoi là ??

- Excusez-moi mais j’ai besoin que vous nous conduisiez d’urgence à cette adresse, il y a un ami à nous qui vient d’y être emmené suite à un accident !!

Je leur tends le papier sur lequel Yuan a noté l’adresse de l’hôpital.

- Tu ne pouvais pas appeler un taxi ??

- Pas de temps à perdre, mais c’est noté pour le jour où ce sera un de vous qui aura besoin de mes services en urgence !!

- Bon !! Ne te fâche pas…. Allez, suis nous et grimpe !!

Je fais signe à mes amis de se magner le cul et nous nous installons tous les quatre à l’arrière, moi sur les genoux de Yuan et Damien sur ceux de Mathis.

L’agent près du conducteur nous regarde faire sans oser prononcer une seule remarque et pourtant je vois bien à son air fermé ce qu’il en pense.

- Fais au plus vite s’il te plaît !!

Je n’ai droit qu’à un grognement pour toute réponse mais la voiture démarre quand même sur les chapeaux de roues en faisant crisser les pneus.

La position à l’arrière n’est pas des plus confortables, du moins pendant les premières minutes car je sens rapidement quelque chose de dur contre mes fesses et je tourne ma tête vers Yuan qui soulève les sourcils pour me faire comprendre que c’est plus fort que lui.

Le regard de Damien qui me fait un clin d’œil en remuant langoureusement les reins, me fait comprendre à quel jeu il joue et je lui renvoie son clin d’œil en m’attaquant sur le même principe au bas-ventre de Yuan.

Très vite les respirations de nos deux amis s’accélèrent, leur sexe bandé à mort par les massages pervers que nous nous amusons à leur prodiguer.

Damien met la démultipliée en s’activant encore plus fort, ses fesses remontant et descendant le long de la hampe de Mathis qui en est devenu rouge brique, n’osant rien dire à cause des deux agents aux places avant qui ne se doutent heureusement de rien de ce qui se trame à l’arrière.

J’en suis au même point avec Yuan que je sens vibrer de tout son corps en cherchant très certainement à retenir ce que nous avons bien l’intention autant Damien que moi de leur faire subir, soit pour être très clair, de les faire jouir dans leur slip.

- Pffttt !!

Le premier soupir annonçant l’envoi massif de sperme dans le vêtement vient de Mathis que nous entendons avec satisfaction en nous souriant de connivence Damien et moi, très vite suivit d’un petit « Arrh » crispé de Yuan dont je sens bien le sexe pulser en cascades placé comme il l’est entre mes fesses.

Je capte le geste de Damien de revenir plus sur le devant des genoux de Mathis, j’en comprends la raison et du coup je fais exactement comme lui quand je vois la tache sombre auréoler la braguette du grand blond et tout comme Damien, je n’ai pas envie de me balader avec le même genre de marque au cul.

Ce qui bien sûr n’est pas du goût de nos deux victimes qui s’empressent de nous remettre en place en faisant en sorte de bien nous frotter le cul à l’endroit que nous voulions justement éviter.

- Un problème les gars ??

Le chauffeur nous regarde par le rétroviseur, alors que son collègue se tourne vers nous quand il l’entend s’inquiéter pour nous.

- Euh !! Non !! Juste que ce n’est pas très confortable à la longue !!

- (Damien) Surtout avec la chaleur, je vais avoir le cul trempé de sueur ! Hi ! Hi !

Je remue mes fesses en faisant des cercles sur le bas-ventre de Yuan, regardant le chauffeur qui a toujours les yeux sur moi et qui me voit faire avec étonnement.

- Pour moi c’est déjà le cas, j’ai le pantalon trempé c’est presque à croire que « Yu » s’est lâché sur lui !! Hi ! Hi !

Heureusement pour nos deux amis qui supportent nos frasques sans oser la ramener et pour cause, nous arrivons enfin devant l’entrée des urgences de cet hôpital parisien que je ne connaissais vaguement que de nom.

CHAPITRE 85 (Paris) (Vendredi soir) (Quiproquo)

Jean Baptiste est déjà là à nous attendre en faisant les cent pas devant l’entrée du bâtiment, il est visiblement toujours autant angoissé et je le comprends, préoccupé par l’état de santé de son frère.

Il ne nous regarde pas moins avec surprise quand il nous voit sortir du véhicule, l’éclairage ambiant montrant bien les dégâts sur les pantalons de toiles fines et de couleurs clairs que nous portons tous.

Je passe devant pour me diriger directement vers l’accueil des urgences, ne manquant pas d’entendre au passage la remarque que « JB » fait à Yuan.

- Qu’est ce qui est arrivé à vos pantalons ??

- (Damien) Problèmes de tuyauterie ! Hi ! Hi ! Mais dis donc !! Je te connais, toi !!

Je n’en entends pas plus car je suis à la recherche d’une personne pouvant me renseigner, c’est un garçon de salle traversant le couloir et qui s’arrête pour me regarder bizarrement, venant ensuite droit vers moi avec l’intention manifeste de me voir quitter les lieux.

- Ce n’est pas une salle de spectacle ici gamin !!

- Mais…je….

Il voit alors débouler les quatre autres à ma suite.

- Non mais oh !!! Vous vous croyiez où les jeunes !! Du balai, vous n’avez rien à foutre ici à une heure pareille !!

Il commence à nous repousser du geste en arrière quand une femme fait son apparition, certainement l’infirmière de garde à l’accueil qui rejoint son poste en entendant son collègue s’égosiller contre nous.

- Qu’est-ce qu’il se passe ici ??

- (L’homme) Rien, je gère !! Allez oust les mômes !! Je ne vous le répéterai pas cinquante-six fois !!

Je sens la moutarde me monter au nez quand je me bloque devant lui en le fixant l’air furibard.

- Non, mais oh !! Vous allez vous calmer et nous parler autrement, pour qui vous vous prenez à la fin !! Nous sommes bien au service des urgences ?? Alors faudrait peut-être déjà demander ce qui nous amène avant de vouloir nous foutre dehors !! Non mais !!

- (L’infirmière) Allons, calmez-vous tous !! Très bien, dites-moi ce qui vous amène jeune homme ?? Et toi retourne à ton travail, depuis quand fais-tu partie du service d’ordre ??

Le gars ne doit pas en être à sa première remontrance parce qu’il repart en baissant la tête, après avoir jeté un regard noir à la femme qui ne baisse pas les yeux pour autant et revient vers nous dès qu’il a disparu à l’angle du couloir.

- Bon !! Excusez-le mais il se prend parfois pour beaucoup plus important qu’il ne l’est en réalité mais ce n’est pas un mauvais bougre malgré tout !! Si vous m’expliquiez le but de votre visite ? Vous semblez tous en bonne santé à vous voir, peut-être quelques ennuis urinaires ??

Là pour le coup, Mathis et Yuan reprennent la couleur cerise qui leur va si bien en se mettant aussitôt de profil pour cacher ce qui a sauté aux yeux de l’infirmière qui devait avoir envie de mater des beaux gosses et en profiter pour se rincer l’œil de formes pour le moins assez proéminentes, étant donné la semi-érection qu’ils leur restent après notre petite promenade routière et je détourne le regard que porte sur eux la femme, en répondant à sa question.

- Le frère de mon ami vient d’être amené ici sur un appel d’urgence, il était inconscient !!

- Pouvez-vous me donner son nom ?

- Gilles Durand avec un « D » !!

- Je consulte mes fiches d’arrivée, veuillez patienter quelques instants !!

Je la vois vérifier ses fiches à travers la vitre de son bureau, puis en lire une plus particulièrement et revenir ensuite vers nous.

- Il y a bien un Gilles Durand ici, il vient d’être admis en réa et on s’occupe de lui, mais vous ne pouvez pas rester là !! C’est interdit, seul le personnel médical a le droit de passer ces portes et la salle d’attente est fermée à cette heure, il vous faudra revenir demain.

- Très bien alors !! Mes amis vont attendre dans la voiture !!

- Vous ne m’avez sans doute pas bien comprise jeune homme ??

- Si, justement !! Je suis le chirurgien attitré de Gilles, vous seriez bien aimable de me conduire jusqu’à lui !!

- ????????????? Là je pense que vous dépassez les limites de ma patience !!

Deux hommes traversent le couloir alors qu’elle commence à s’enflammer après moi, elle les appelle donc à la rescousse.

- Docteurs !! J’ai besoin de vous si vous voulez bien intervenir !!

Je vois les deux gars se tourner vers elle visiblement surpris, l’un d’eux s’approche alors que l’autre s’aperçoit de ma présence et me fixe soudainement avec des yeux ronds d’ahurissement.

Le premier toubib.

- C’est à quel sujet ?

- (L’infirmière) Ce jeune homme se prétend chirurgien et il dit qu’il vient s’occuper d’un de ses patients qui a été admis ici en début de soirée !!

Le deuxième toubib n’attend pas que son collègue ironise comme il en a l’habitude et nous rejoint rapidement en me tendant la main.

- Enchanté de vous rencontrer enfin docteur De Bierne, si vous pouviez me donner le nom de votre patient !! Je vous conduirai volontiers à lui pour que vous puissiez l’ausculter à votre convenance !!

Je regarde l’infirmière et le premier toubib avec aplomb.

- Ah, quand même !! Il faudrait peut-être prendre le temps de vérifier avant de décréter que les gens sont des mythos !! Je vous suis monsieur !!

Le deuxième toubib regarde ses collègues, visiblement amusé de la gêne subite qu’il peut lire sur leurs visages.

- Il faut regarder les informations !! Il y a des personnalités pourtant faciles à reconnaître ! Hi ! Hi ! C’est le patron qui va être content après vous quand il va savoir ça !!

CHAPITRE 86 (Paris) (Nuit de vendredi à samedi) (Soins rapides)

« Salle de réanimation. »

Je souris en entrant dans la salle, lançant un « bonsoir messieurs dames » aux personnes penchées sur un jeune homme brun d’une petite vingtaine d’année.

C’est le médecin qui après s’être renseigné, m’a conduit dans cette salle et qui me présente à ses collègues de manière plutôt enthousiaste.

- Nous avons de la visite !! Je vous présente le docteur De Bierne, pour ceux qui ne l’auraient pas reconnu comme c’était le cas à l’accueil !! Ce jeune homme est apparemment un de ses amis, aussi il aimerait s’en occuper personnellement !! Personne n’y voit d’objections ??.... Non ??.... Et bien tant mieux !!

Faut dire aussi qu’il ne leur laisse pas trop le temps de se remettre de leur surprise, mais cette entrée rapide en matière me va très bien et permet surtout de ne pas perdre plus de temps en bavardages inutiles, je me dirige donc vers eux en tendant la main sur un dossier IRM que tient une des assistantes.

- Puis-je ?

- (La femme) Heu…oui !! Bien sûr !! …Tenez, heu…. Docteur !!

- Merci bien !!

Un feuilletage rapide me donne l’ampleur du problème, un caillot sanguin de la grosseur d’une bille de stylo dû très certainement à un choc datant de plusieurs années et qui a fini son parcours en obstruant une veine du lobe temporal gauche.

Heureusement que malgré tout l’oxygénation se fait à minima par des vaisseaux secondaires, faute de quoi mon intervention n’aurait plus eu lieu d’être.

- Pouvez-vous faire immédiatement préparer un bloc opératoire avec le matériel nécessaire pour une résorption ultrasonique par voie intra-veineuse ?

Le chirurgien urgentiste.

- Nous avons le matériel qu’il vous faut, seulement la personne formée à l’utiliser est absente.

- Je m’en occuperai moi-même !! J’aurai également besoin d’assistance pendant l’opération, deux personnes au moins !!

Le même homme.

- Je serais honoré de vous assister avec mon équipe.

- Très bien alors ? Je vais ausculter le patient pendant que vous faites préparer le bloc.

***/***

« Bloc opératoire. »

Gilles a de la chance dans son malheur, la chance que la veine obstruée par le caillot soit d’un diamètre suffisamment important pour que l’appareillage médical puisse circuler sans trop d’encombre à l’intérieur et permette l’intervention sans avoir besoin d’ouvrir la boîte crânienne pour un acte chirurgical plus conventionnel, ce qui n’aurait pas été possible sur un vaisseau plus petit ou encore le même mais dans les méandres inaccessibles du cerveau.

J’ai donc sous les yeux la lecture sur écran de l’avancée de la sonde munie d’une caméra, d’un émetteur à ultrason et d’une tubulure d’aspiration ou micro suceur qui permet d’aspirer les particules de matières détruites par le faisceau d’ondes.

Je dois avouer que je m’amuse comme un fou, cet aspect de la science médicale ressemblant fort à un jeu vidéo avec bien sûr la conscience que c’est d’un être vivant qu'il s’agit et qu’il n’y a pas place à l’erreur ni à l'à peu près, une nouvelle partie étant impossible en cas d’échec.

Quatre personnes m’assistent, les trois demandées plus le toubib qui m’a amené à eux et qui bien sûr n’aurait pas voulu manquer ça pour rien au monde, ils sont donc là tous les quatre derrière mon dos à me regarder opérer et ils assistent tout comme moi à l’avancée de la caméra jusqu’à l’endroit précis de l’obstruction, suivant ensuite la désintégration par étapes du caillot avec la récupération des micros-particules de déchets qui s’ensuit.

Quand j’estime l’avoir réduit suffisamment, j’augmente la puissance du suceur pour que le reste du caillot s’y colle et je commence à le ramener en arrière avec précaution car la pression artérielle qui est maintenant libérée tente de l’aspirer et le détacher pour le ramener encore plus loin, là où l’appareillage ne pourrait plus aller le rechercher.

Ce n’est que quand j’arrive au niveau du cou, que je commence à mieux respirer.

- J’ai besoin d’une compression sur l’artère pour en diminuer la pression, le temps que je récupère le matériel !!

- (L’urgentiste) Je m’en occupe !!

- Merci !!

Je tends la main à une des infirmières après avoir récupéré la sonde.

- Désinfectant et cautérisant !!

- Tenez !!

- Sutures !!

- Tenez !!

- Compresses !!

- Voilà !!

Une fois terminé, je relève enfin les yeux en regardant la pendule et je constate avec plaisir que ça n’aura pas duré une heure au total, ce qui ma foi n’est pas si mal que ça.

- Bien !! Gardez-le sous surveillance pour le reste de la nuit !! Perfusion antiseptique pour lui nettoyer le sang et dès qu’il se réveille, tests de mémoire pour vérifier que tout va bien à ce niveau. Il devra se souvenir de sa journée ainsi que du moment où il ne s’est pas senti bien, si ce n’est pas le cas vous m’appelez immédiatement !! De toute façon je passerai le voir demain matin et nous verrons s’il est en état de pouvoir sortir après quelques examens complémentaires.

CHAPITRE 87 (Paris) (Nuit de vendredi à samedi) (D’anciens amis se retrouvent)

Le temps que je passe aux douches, voilà que déjà le bouche-à-oreille a fait son chemin et quand je me représente devant l’accueil des urgences, l’infirmière tout sourire me prend en aparté pour me signifier que mes amis ont été installés dans une salle et ce malgré le règlement qui stipule bien le contraire.

Je l’en remercie en me dirigeant vers la salle d’attente en question où je retrouve mes copains, ainsi que mes deux gardes du corps en pleine discussion amicale avec eux.

Damien et Jean Baptiste sont légèrement à l’écart des autres, papotant eux aussi comme de vieux amis qui se retrouvent après une longue période d’absence et c’est donc vers eux deux que je me dirige en premier, curieux de savoir si mes souvenirs d’autres réalités ont ici aussi lieu d’être.

- J’ai cru comprendre que vous vous connaissiez ?

- (Damien) Ah !! Florian !! Oui en effet, nous étions amis en première au lycée !!

- Comme quoi le monde est petit !!

- (Jean Baptiste) Comment va mon frère ??

- Très bien, je m’en suis occupé personnellement comme tu dois bien t’en douter !! Il devrait rentrer chez vous demain, c’était bien d’un AVC qu’il s’agissait mais heureusement pour lui à un endroit non réellement vital si pris à temps et il n’y aura pas de séquelles, c’est pour en être certain qu’il devra subir quelques examens psychologiques dès son réveil.

Jean Baptiste en a les yeux qui se mouillent quand il vient me prendre dans ses bras, j’avoue que son contact me fait frissonner en me remémorant d’autres souvenirs où il n’était pas comme ici un simple ami, mais beaucoup plus.

C’est Damien qui décidément me connaît mieux que je ne l’aurais jamais imaginé, qui me pose la question en lisant mon trouble suite à cette étreinte.

- Tu connaissais « JB » ??

- Je l’ai vu ce midi à la fac de Yuan et Steven, pourquoi ?

- Ne me prends surtout pas pour un con, tu veux bien !! Tu sais très bien de quoi je parle !!

- (Jean Baptiste) Florian ne dit que la vérité, on s’est vu pour la première fois ce midi à la cafétéria de la fac !! Pourquoi voudrais-tu qu’il te mente ?

- Ça te dirait de venir terminer la nuit avec nous chez Yuan ? Nous y serions mieux pour avoir une discussion !!

- (Jean Baptiste) Je veux bien aller avec vous, mais je ne vois vraiment pas ce que nous pourrions dire d’autre à Damien ?

- (Damien) Moi je vois et Florian aussi, ce que tu vas apprendre risque de t’étonner beaucoup au contraire !!

- Rentrons alors !! Avant qu’il y ait trop de monde ici, je ne pense pas qu’il soit bon de s’éterniser outre mesure et de toute façon nous reviendrons demain matin pour ramener ton frère à la maison, il y a quelques renseignements sur lui que j’aimerai vraiment avoir et tu comprendras pourquoi quand je t’aurai raconté toute l’histoire !!

***/***

« Quelque temps plus tard, appartement de Yuan. »

Après que je me sois changé avec Damien et que mes deux autres amis aient pris une bonne douche pour nettoyer le sperme séché dans leurs poils pubiens avant de changer eux aussi de vêtements, nous voici tous installés au salon pour reprendre la conversation là où elle s’était interrompue dans la salle d’attente de l’hôpital.

Une meilleure compréhension du pourquoi de cette douche nécessaire à mes deux amis, fait bien rire Jean Baptiste et regarder Damien avec les yeux pétillants de malice.

- Toujours partant pour faire des tours pendables à ce que je vois ! Hi ! Hi !

- (Damien) Faut dire aussi que depuis que je connais « Flo », ça ne s’est pas arrangé bien au contraire !!

Avant d’en venir à mon histoire, une question me vient que je pose à Jean Baptiste et à Damien, cherchant surtout à connaître jusqu’où pourrait aller la corrélation avec mes autres souvenirs.

- Je vais vous poser une question à tous les deux, je sais que pour toi Jean Baptiste elle va te paraître bizarre voire déplacée mais Damien et les autres comprendront pourquoi je la pose…. L’un de vous deux a-t-il été amoureux de l’autre à un moment ou un autre du peu de temps que vous avez passés ensemble au lycée ??

- (Damien) Heu…non !! Justes amis !! D’ailleurs je n’avais jamais raconté mon orientation sexuelle à personne et je dois bien avouer qu’à ce moment-là je n’y pensais pas vraiment.

- Et toi « JB » ??

- Non plus !! Quelle drôle de question aussi !! En fait comme disait Damien nous n’étions que copains et moi non plus je ne connaissais pas encore vraiment mon orientation sexuelle à cette époque-là !! Comment sais-tu que nous nous sommes connus que si peu de temps au fait ?? Je n’ai pas souvenir que ni Damien, ni moi n’en avons parlé tout à l’heure ?

- Tu vas comprendre une fois que je t’aurai raconté mon histoire, juste une dernière question avant ça si tu veux bien ??

- (Jean Baptiste) Vas-y je t’écoute ?

- Est-ce que ton frère a déjà eu des démêlés avec la justice ?? Ou plutôt, est ce que tu lui connais des agissements répréhensibles ?

- Qui ça ?? Gilles ?? Bien sûr que non !! C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a eu le droit d’être mon tuteur à la mort de mes parents alors qu’il n’avait que dix-huit ans et moi seize, il avait déjà un boulot depuis presque un an et il s’en sortait très bien, suffisamment en tout cas pour qu’il obtienne ma garde !!

- Et bien tu as répondu à ma question et je dois bien t’avouer que je préfère ça à ce que j’ai connu de lui disons…ailleurs !!

- Comment ça ailleurs ?? Qu’est-ce que tu racontes ??

- J’y viens !! Installe-toi et écoute, vous autres aussi si ça vous intéresse !!

- (Damien ahuri) Je suis curieux comme « JB » d’entendre ça !! Je crois comprendre que ça concerne directement ce que tu as vécu pendant ces quelques mois dans l’autre réalité ?

- Exactement !! Une réalité bien sombre par rapport à celle-ci croyez-moi les gars !!

- (Jean Baptiste) Une autre réalité ?? Et quoi encore ?? Et en quoi ça nous concernerait mon frère et moi ??

- Parce que le Florian de cette réalité était un voyou notoire apparemment et ton frère ne valait pas mieux puisqu’il faisait partie de sa bande !!

- Pffttt !!! C’est quoi cette histoire de fou ?? Et moi là-dedans ?? Ne me dis pas que j’étais aussi un voyou ??

- Non !! Toi tu étais amoureux !!

- Tiens donc, voyez-vous ça !! Et de qui, si ça n’est pas trop demandé ??

- De moi !! Maintenant ne pose plus de questions et écoute ce que j’ai à dire, tu auras tout le temps de m’en poser après mais il va te falloir faire un gros effort pour me croire, s’il en est besoin je t’apporterai quelques preuves que ce n’est pas du délire et d’ailleurs mes amis ici présents connaissent déjà en grande partie tout ce qui me concerne, s’ils te paraissent attentifs en ce moment c’est juste parce qu’ils ne connaissent pas les détails te concernant particulièrement !!! Toi mais aussi ton frère, quoique pour lui je n’ai que ce qu’on m’a raconté comme souvenirs, ne l’ayant vu pour la première fois que ce soir.

CHAPITRE 88 (Paris) (Nuit de vendredi à samedi) (D’anciens amis se retrouvent) (fin)

« Un bon quart d’heure plus tard. »

Je termine mes explications sur le comment du pourquoi de la relation que nous avons eue « JB » et moi, dans cette autre réalité où j’ai vécu quelques mois dans la peau d’un gars que je ne pourrais pas appeler moi tellement il était vil et fourbe, n’ayant passé ces quelques semaines qu’à essayer de rattraper ses conneries.

Bien sûr Jean Baptiste reste comme deux ronds de flan tout au long de mes explications et ne seraient-ce mes amis qu’il observe régulièrement et qui eux ne paraissent qu’intéressés par mon histoire sans sembler la remettre en question une seule seconde, il aurait pris la parole depuis longtemps pour remettre en cause le fait que tout ceci ait été vécu pour de vrai.

Je termine donc par les dernières heures voire minutes avant le transfert, réservant pour plus tard si ça l’intéresse de lui raconter les retrouvailles avec tous ou presque tous mes amis.

- Donc normalement là-bas tu devrais te la couler douce avec Antonin !!

- Waouhhhhh !!! Il faut réellement que je croie tout ça ?? C’est dément !!

- Comme je te l’ai dit, je peux t’en apporter la preuve !!

- Tu as ramené des photos ? Une vidéo ou un truc du genre ?

- (Damien) Attends-toi à une surprise mon gars ! Hi ! Hi ! Parce que comme vidéo on ne trouve pas mieux sur le marché en ce moment !!

- (Jean Baptiste) Tu as le matériel pour me montrer ça ?? J’avoue être curieux de savoir si tout ce que tu m’as dit est bien réel, reconnais quand même que j’ai des sérieuses raisons d’en douter !!

Ce que j’aime bien chez ce mec, c’est la franchise avec laquelle il parle et qui va direct à l’essentiel sans employer des termes orduriers ou tout au moins vulgaires pour mettre en doute et je le comprends, mes paroles.

- Installe-toi confortablement alors parce que tu risques d’être surpris !! Vous tous aussi par la même occasion, ça risque de durer un moment et comme ça vous ne me demanderez plus rien sur ma vie passée là-bas pendant mon absence.

Je vois « JB » s’asseoir en face l’écran plat, je souris ensuite de voir l’ahurissement qui le prend quand il s’aperçoit que mes amis s’installent n’importe où dans le salon et pour la plupart, pas directement devant le téléviseur qui d’ailleurs n’est toujours pas allumé.

Je m’assois donc en face de lui, amusé par son trouble évident.

- Prêt mon copain ??

- Heu !! Oui, mais…

- Alors c’est parti !!

***/***

« Une demi-heure plus tard. »

J’arrête mon résumé au moment où nous faisons la tentative d’envoyer Antonin ici pour aller aux nouvelles, souriant toujours de la tête qu’a eue Jean Baptiste durant toute la durée de la connexion mentale.

- Et voilà le travail !! Tu en sais autant que moi maintenant et tout le reste comme par exemple pour l’existence de ton frère, tu as bien compris que je ne l’ai su que par on-dit et que je n’ai aucun souvenir de la vie de ce Florian dont j’ai pris le corps, j’en suis tout autant interrogatif que n’importe qui d’entre vous sur la raison qui fait que ce ne soit pas comme avec les autres réalités.

- (Jean Baptiste) Putain !!! Mais comment tu fais ça !!

- Transmission mentale !!

- Mais tu es qui ?? Ça n’existe pas ou alors tu m’as hypnotisé pour que je croie avoir vu toutes ces images dans ma tête !!

- (Yuan) Je sais que c’est difficile à croire comme ça sans un minimum de recul, mais je peux te certifier que tout ce que tu as vu est la pure vérité !!

- (Mathis) C’est exact !! Pour nous ça a été moins brutal car nous avons découvert ça ensemble avec « Flo », lui aussi se pose des questions et il n’a pas toutes les réponses, ce que nous savons avec certitude c’est qu’il a développé tout un tas de « dons » plus extraordinaires les uns que les autres.

- (Damien) Tu peux lui montrer ton « don » de guérir ?? Maintenant avec ce qu’il vient d’apprendre sur toi, on n’est plus à ça près pas vrai ??

Je regarde Jean Baptiste qui me fixe toujours avec les mêmes yeux exorbités que depuis le début des révélations.

- Tu voudrais voir ça ??

- Heu !! Oui !! C’est quoi au juste ??

Yuan se lève pour aller directement à un tiroir de sa cuisine, il revient avec un couteau particulièrement affûté qu’il tend à « JB » le plus sérieusement du monde.

- Je dois faire quoi avec ça ??

- (Yuan) Tu t’entailles la main assez profondément pour qu’on voie bien la coupure !!

- Et tu trouves ça drôle sans doute ??

- (Damien) Vas-y fais-le !! Tu voulais une preuve, alors tu vas l’avoir !!

- (Jean Baptiste) Vous voulez vraiment que je me coupe la main ?? Ça ne va vraiment pas chez vous les gars !!

Je lui prends le couteau des mains et sans lui laisser le temps de réfléchir à mon geste, je m’entaille la paume assez profondément.

- Putain !! Mais t’es con ou quoi ??

- Relax beau gosse et regarde bien, la suite devrait te prouver que je ne suis pas aussi mytho que tu sembles le croire en ce moment !!

- Mais tu saignes comme un ouf !! Il faut soigner ça tout de suite !!

- Yuan !! Tu me passes un morceau d’essuie-tout humide, que je m’essuie de tout ce sang avant que j’en mette partout ??

- (Yuan) Tu n’as plutôt pas intérêt si tu ne veux pas être de corvée de ménage ! Hi ! Hi !

Jean Baptiste le regarde, visiblement inquiet également pour la santé mentale de mon ami asiatique.

- Et ça le fait rire en plus !! Mais je suis où là !!

CHAPITRE 89 (Paris) (Samedi matin tôt) (Réveil inattendu)

« Chambre d’ami, six heures trente du matin. »

- Rahhh !! Debout là-dedans !! Rahhh !!

Jean Baptiste sursaute à cette voix étrange venant depuis l’intérieur de la chambre.

- Humm !! C’est qui ??

- Rahhh !! Le réveille-matin !! Rahhh !!

- Mets en pause tu veux bien !! Rappelle-moi dans une demi-heure !!

- Rahhh !! Comique en plus !! Rahhh !!

Cette fois-ci Jean Baptiste se réveille pour de bon, se demandant qui peut bien être cet étrange personnage avec une voix aussi bizarre.

Il ouvre les yeux en se positionnant sur les coudes, cherchant dans la direction d’où vient la voix et reste un moment subjugué par la vision qu’il a d’un magnifique perroquet gris qui le fixe en ayant vraiment l’air de se moquer de lui.

- C’est toi qui viens de me parler ??

« Coco » fait tranquillement un tour d’horizon complet sur son perchoir en semblant chercher quelque chose, puis revient ensuite fixer Jean Baptiste.

- Rahhh !! Tu vois quelqu’un d’autre ici ?? Rahhh !!

Jean baptiste se frotte les yeux pour être certain qu’il ne rêve pas encore, mais il doit bien se faire à l’idée que tout ça c’est bien réel.

- Tu comprends vraiment mes paroles ??

- Rahhh !! Tu n’as pas l’air d’avoir inventé l’eau chaude toi !! Rahhh !!

C’est à ce moment-là qu’un coup discret est donné à la porte de sa chambre, Yuan montrant sa tête une fois celle-ci suffisamment entrebâillée et sourit en le voyant réveiller.

- Ah !! Tu es déjà réveillé ?? Je venais juste chercher « Coco » pour ne pas qu’il t’embête !!

- A cinq minutes près c’était bon !!

Yuan entre dans la chambre et tend le bras à son perroquet qui va aussitôt se percher dessus, gardant son regard braqué sur Jean Baptiste.

- Les présentations sont faites j’imagine ??

- On peut dire ça comme ça, il a l’air drôlement intelligent ??

- C’est surtout qu’il n’a pas la langue dans sa poche depuis que Florian lui a…comment dire…boosté son cerveau ?? Oui …c’est bien le bon terme !!

- Encore un de ses « dons » j’imagine ??

- Rahhh !! Tout juste Auguste !! Rahhh !!

Yuan les yeux brillants d’amusement lui indique alors la direction du couloir.

- Je t’ai préparé tes graines à la cuisine !! Allez !! Oust !!

- Rahhh !! Pourquoi tu t’excites « tite » bite ?? Rahhh !!

Jean Baptiste éclate de rire devant la tête de Yuan qui regarde l’oiseau s’envoler vers son repas.

- Hi ! Hi ! Il est toujours comme ça ??

- Oh mais des fois c’est encore pire !! Il se tient bien parce qu’il ne te connaît pas encore !!

- Pourquoi t’appelle-t-il comme ça ?

- Pas pour ce que tu pourrais croire, c’est juste une comparaison vis-à-vis de « Flo » qui l’amuse, surtout qu’il a bien compris que ça ne me plaît pas plus que ça et c’est sa façon à lui de me faire comprendre quand je lui dis ou fais quelque chose qui ne lui plaît pas !! C’est que monsieur à ses humeurs ! Hi ! Hi ! Mais bon !! S’il n’était pas là, je crois qu’il nous manquerait à tous !!

- J’imagine en effet, j’avoue que c’est assez surprenant !!

- Tu t’y feras comme tout le monde !! Bon !! Tu viens prendre ton petit déj ?? N’oublie pas que tu dois aller avec Florian rechercher ton frère à l’hosto !!

- Il est déjà debout ??

- Pas encore, mais ça ne saurait tarder et je serais toi, je me magnerai d’arriver avant lui !!

- Pourquoi ça ?? Il va vider le frigo ??

- Non !! Tu n’y es pas du tout, juste que tu comprendras mieux pourquoi le surnom que me donne « Coco » en comparaison ! Hi ! Hi !

***/***

« Un quart d’heure plus tard, dans la cuisine. »

Jean Baptiste en est déjà à sa deuxième tartine, quand un bruit venant du couloir attire son attention et qu’il se retourne pour voir qui arrive, son sourire en reconnaissant le petit rouquin est très vite remplacé par le trouble dû à la vision qu’il en a en dessous de la ceinture.

Enfin en dessous pour le début de la chose, car l’extrémité supérieure semble se terminer bien plus haut au-dessus du nombril et c’est avec un trouble certain que Jean Baptiste comprend ce qu’a voulu lui dire Yuan un peu plus tôt, il se tourne donc vers son ami asiatique, le visage montrant bien sa stupéfaction.

- Ah oui !! Quand même !!

CHAPITRE 90 (Paris) (Samedi matin) (Le retour du frère)

« Dix heures du matin, hôpital Parisien. »

Nous sommes trois à entrer par l’entrée principale de l’hôpital, car Damien voulait rester la journée avec moi alors que les deux autres avaient d’autres occupations en tête pour la matinée.

L’hôtesse d’accueil en nous voyant, se lève de sa chaise comme un ressort et passe aussitôt un coup de fil, très certainement pour prévenir sa direction de notre arrivée.

Nous n’avons pas le temps de nous présenter en donnant le motif de notre venue, que déjà elle embraye de façon volubile sans nous laisser le temps d’en placer une.

- Docteur De Bierne !! C’est un honneur de vous rencontrer !! Le jeune homme qui a eu droit à vos soins cette nuit s’est réveillé en pleine forme, monsieur le directeur vous demande de patienter quelques instants. Il tient à venir en personne, vous présenter ses respects et vous conduire à votre patient !!

Jean Baptiste soulagé.

- Mon frère va bien ??

- Très bien, il a pris un bon petit-déjeuner ce matin et vous attend avec impatience, il s’est inquiété de son petit frère durant toute la nuit en disant qu’il se retrouvait seul et qu’il voulait rentrer, nous avons eu du mal à lui faire comprendre que son état nécessitait une bonne nuit de repos.

Je glisse un coup d’œil en douce vers « Dami » qui semble s’amuser comme un fou des paroles volubiles de l’hôtesse, sa main ne quittant pas un seul instant mon épaule et j’avoue que ce contact fraternel me fait le même bien qu’à lui, sa présence près de moi ayant un effet reposant qui me met dans une humeur particulièrement sereine.

Un homme dans la cinquantaine arrive à grands pas dans notre direction, la main déjà tendue vers nous pour nous la serrer à chacun vigoureusement, prenant à son tour la parole avec une courtoisie mêlée de surprise qui me fait sourire.

- Docteur De Bierne ? Je ne vous voyais pas si jeune !!

- On me l’a souvent dit, mais vous verrez dans quelques années ça semblera normal ! Hi ! Hi !

Nous faisons les présentations, le directeur posant sa main paternelle sur l’épaule de Jean Baptiste.

- Si vous voulez bien me suivre, nous allons rassurer ce jeune homme sur la guérison rapide de son frère grâce à vos soins !!

Nous avons droit à son irrésistible envie de parler pendant tout le chemin menant à la chambre de Gilles, nous faisant à la fois le résumé des exploits de son établissement et de ce qu’il aurait pu être avec un médecin aussi habile que je le suis, si j’en faisais partie et patati et patata....

Je lui réponds quelques mots aimables, n’étant pas prolixe à parler de moi surtout quand il s’agit de répondre à ce genre de compliments.

La porte de la chambre est à peine ouverte que Jean Baptiste va se nicher comme un oisillon perdu dans les bras de son grand frère, qui le serre contre lui comme la chose la plus précieuse qu’il ait au monde et bien sûr mon éternel sentimentalisme prend le dessus devant la vision de tant d’amour fraternel, mes larmes ne tardant pas à faire une apparition qui très vite finit par m’inonder la lèvre supérieure avec leurs goûts salées.

Un contact encore plus rapproché de Damien, m’indique que lui aussi ressent la même chose que moi et un coup d’œil rapide l’un envers l’autre, montre bien que nous ressentons tous les deux les mêmes sentiments.

Les deux frères discutent quelques secondes pour que chacun prenne des nouvelles de l’autre, quand Gilles se tourne enfin vers nous en demandant à son cadet.

- Tu ne me présentes pas tes amis ?

- Damien, Florian !! Mon frère Gilles !!

- (Gilles) Je vous remercie de vous être occupés de Jean Baptiste pour cette nuit, je n’aimais pas l’idée qu’il se retrouve seul !!

- Pareil pour nous, c’est bien de l’avoir gardé avec toi quand vous vous êtes retrouvés que tous les deux !!

- (Gilles) Il ne pouvait en être autrement, mon frère est la dernière personne qu’il me reste de ma famille, je ne me voyais vraiment pas le laisser aller en foyer !! Nous sommes très attachés l’un à l’autre.

- Nous avions remarqué !! Bon !! Maintenant si tu veux pouvoir sortir ce matin, il va falloir que tu me laisses regarder si tout va bien !! Je n’en ai pas pour longtemps, une IRM et quelques tests physiques, juste pour s’assurer qu’il n’y a pas un début de paralysie sur un membre et le tour est joué, niveau mental tout semble déjà aller pour le mieux.

Gilles m’a écouté comme si je parlais une langue inconnue, son visage montrant à quel point son incompréhension est grande.

- Un problème ??

Jean Baptiste amusé.

- Je pense que mon frère a du mal à se faire à l’idée que tu as toutes les aptitudes nécessaires pour ce que tu viens de dire ! Hi ! Hi !

- (Gilles) Les toubibs que j’ai vus cette nuit et ce matin, m’ont prévenu par qui j’avais été pris en charge….

- Mais ??

- (Gilles) Je n’imaginais vraiment pas que tu puisses ressembler à…ça !!

Damien mort de rire le regarde puis me regarde pour revenir à Gilles.

- Je veux bien te comprendre ! Hi ! Hi ! « Flo » fait cet effet-là à tout le monde et encore, là il est on ne peut plus sérieux !!

CHAPITRE 91 (Paris) (Samedi matin) (Là au bon moment)

« Une heure plus tard. »

Nous laissons Gilles et Jean Baptiste repartir chez eux une fois rassurés sur l’état de santé de son grand frère, avec la promesse de « JB » d’être présent à notre petite soirée chez Yuan.

Nous restons avec Damien quelques minutes de plus pour discuter le bout de gras avec quelques membres du personnel, moins intimidés que les autres à venir assouvir une forte curiosité.

***/***

Damien comprenant que son copain va en avoir encore pour un moment, profite que toute l’attention soit sur Florian pour faire un petit tour dans les environs.

Une conversation semblant orageuse attise sa curiosité, marchant sans en avoir l’air dans la direction des voix pour finalement s’arrêter quand celles-ci deviennent suffisamment claires pour qu’il en comprenne le sens.

Cette « dispute » vient du local réservé aux infirmières de l’étage, Damien écoute alors la conversation et si tout d’abord c’était juste pour passer le temps, il en va très vite autrement quand il comprend de quoi il en retourne.

***/***

« Discussion entre un petit groupe d’infirmières. »

- Si je te le dis !! Jamais il n’ira lui en parler !!

- Sa fierté devrait parfois rester au vestiaire, tu ne crois pas ??

- Nous pourrions aller le voir nous-même !! Après tout, il n’a pas l’air si inapprochable que ça !!

- Et se prendre le retour de bâton une fois qu’il sera parti ?? Très peu pour moi, merci bien !! J’ai déjà donné !!

- Vous préférez peut-être que ça continue comme ça ?? Je n’accepterai pas d’en perdre un de plus sans réagir !!

- Moi non plus !!

- Tu parlais de fierté tout à l’heure, moi je dis que c’est de l’inconséquence !! Tout ça pour ne pas voir baisser la note de l’établissement !!

- Bah !! Pour moi il n’y a pas que ça, il faudrait qu’il explique pourquoi il ne s’y prend que maintenant pour prévenir du problème alors que ça fait plusieurs semaines qu’on le traîne avec nous.

- Je ne sais pas pour vous les filles !! Mais moi j’y vais, s’il est encore là je dois lui en parler !!

- Tu risques gros, tu le sais ??

- Il ne va pas te rater après ça !!

- Et si nous y allions tous alors ??

- Tu es folle ??

- Et toi tu n’es qu’une dégonflée, tu préfères risquer encore une fois de perdre un de ces nourrissons rien que pour garder ta place ?

- Mais enfin, ce ne sont que des suppositions !! Les divers prélèvements n’ont rien donné, pas plus en tout cas que les autres secteurs de l’établissement et nous sommes en deçà de la moyenne nationale, c’est peut-être nous qui nous faisons des idées pour rien !!

***/***

Damien en a assez entendu pour comprendre qu’il y a un problème au sein de l’hôpital, un problème suffisamment inquiétant pour que certaines personnes en parlent à mots couverts.

Il croit comprendre que cette histoire divise en deux clans le personnel, d’un côté ceux qui s’en inquiètent et de l’autre ceux qui ne trouvent rien d’anormal sur un point qu’il n’a pas bien saisi mais qui semble concerner principalement des bébés, voire de très jeunes enfants.

Il rejoint donc Florian toujours en conversation avec le personnel ainsi que le patron des lieux, lui pose une main sur l’épaule en la serrant par petites pressions successives tout en demandant d’une façon innocente.

- Dis Florian !! Je n’ai jamais visité une maternité, tu crois qu’on pourrait y jeter un œil si nous avons le temps ?

***/***

Je me retourne vers Damien surpris d’une telle demande venant de sa part, surtout qu’avec son père chirurgien ce ne sont pas les occasions de venir au CHU qui lui ont manqué.

Les petites pressions bizarres sur mon épaule me retiennent de lui en faire la remarque, tandis que son regard fait tout pour paraître naturel alors qu’il n’en est visiblement rien surtout pour quelqu’un qui le connaît aussi bien que moi.

- Si tu veux !!

Je me tourne cette fois vers le directeur.

- Vous n’y voyez pas d’inconvénients ??

- Heu !! Non, pourquoi y en aurait-il ?? Il vous faudra juste suivre la procédure habituelle si vous voulez entrer dans la nursery !!

- Pour ça pas d’inquiétude, je connais parfaitement les protocoles mis en place !!

- Je vous appelle quelqu’un pour vous y conduire, je suis désolé de ne pas pouvoir le faire moi-même mais j’ai d’autres rendez-vous de prévus encore ce matin et il se fait déjà tard !!

Damien voit deux femmes sortir du même couloir que lui a déjà pris tout à l’heure, il remarque l’hésitation de l’une d’entre elles qui s’aperçoit de la présence de Florian avec le directeur et Damien voit bien le geste qu’elle fait pour aller vers eux, geste presque aussitôt stoppé par les paroles de son patron quand il s’adresse à elle.

- Ah !! Mademoiselle !! Pourriez-vous conduire le docteur De Bierne jusqu’en périnatalité ?? Son ami aimerait voir comment cela se passe si j’ai bien saisi la demande.

- Bien monsieur !!

Damien remarque l’énorme soulagement sur le visage de l’infirmière, il attend que celle-ci les ait emmenés assez loin du directeur pour reprendre la parole en s’adressant à la jeune femme.

- Si vous nous disiez quel est votre souci maintenant ? Je passais dans le couloir tout à l’heure et je n’ai pas pu ne pas entendre ce qu’il s’est dit entre vous, j’avoue ne pas avoir tout saisi si ce n’est que vous ne sembliez pas toutes d’accord et qu’il était question d’enfants, ou plus particulièrement d’un danger qui les concernerait ?

CHAPITRE 92 (Paris) (Samedi matin) (Un facteur d’infection)

L’infirmière stoppe en fixant Damien dans les yeux, visiblement surprise et à la fois soulagée de ne pas avoir eu à se mettre en avant pour faire venir le docteur De Bierne afin qu’il donne un avis circonstancié sur le sujet qui la préoccupe, elle et quelques-unes de ses collègues.

- Ce n’était pas pour vous alors ??

- (Damien) Bien sûr que non, mon père est chirurgien au CHU de Reims et j’ai eu maintes fois l’occasion d’en faire le tour, c’est juste un prétexte pour une petite visite des locaux avec Florian sans vous mettre en porte à faux avec votre direction.

- (L’infirmière) Merci !!

- Si vous me rencardiez un peu vous deux, au lieu de vous confondre en excuses et en remerciements ??

- (L’infirmière) Depuis plusieurs semaines, nous notons une recrudescence de symptômes respiratoires majeurs sur des nouveau-nés dès le lendemain de leur naissance et nous en avons averti comme il se doit notre hiérarchie directe, seulement celle-ci pour une raison que nous ignorons semble ne pas prendre en compte nos remarques en se retranchant sur des statistiques. Avec mes collègues nous voulions profiter de votre présence autant imprévue que bienvenue pour que vous nous donniez votre avis sur la question.

Je la regarde attentivement, elle ne semble guère plus âgée que mon Thomas et ma foi d’un physique qui serait des plus agréables, voire attirant pour tout hétéro lambda.

- Est-ce que je ressemble tant que ça à ton grand-père ??

- ???

- A ton père alors ??

- ??? Pourquoi cette question ?? Bien sûr que non !!!

- C’est bien ce que je me disais aussi, alors pourquoi ce vouvoiement ?? Sur le coup, j’ai eu l’impression d’avoir pris au moins vingt ans de plus ! Hi ! Hi !

- (Damien) Remarque ça n’aurait pas changé grand-chose si c’était le cas, pas vrai ??

- Humm !!! No comment !! Si nous y allions, avant que mon ami ici présent finisse par devenir drôle !!

- (L’infirmière) Vous êtes toujours comme ça tous les deux ??

- Hélas oui ! Hi ! Hi !

Nous avons droit à un sourire resplendissant, qui lui amène une ravissante petite fossette sur chaque joue et c’est sans plus rien dire qu’elle nous conduit jusqu’au service concerné, où l’ambiance ressemble fort à n’importe quel autre secteur similaire dans tous les hôpitaux du monde.

Quelque chose malgré tout met mon attention en alerte, les pleurs naturels des nourrissons semblent être altérés par une rugosité persistante des voies respiratoires et c’est avec beaucoup plus de motivation que j’enfile la blouse et le masque jetable, qui normalement doit justement les protéger des contacts venant de l’extérieur.

J’entre dans la nursery en faisant signe à Damien de rester derrière moi sans s’approcher des bébés, le silence du personnel soignant montre qu’ils nous ont repérés et c’est avec un étrange sentiment d’être dévoré par des yeux inquisiteurs, que je m’avance vers un des couffins pour en sortir la petite chose s’égosillant d’une douleur qu’elle ne sait pas exprimer autrement.

Je le pose délicatement sur une table à langer, je passe ensuite quelques minutes à l’ausculter et à le palper pour me conforter dans ce qui m’était apparu à première vue.

- Quelqu’un pourrait m’apporter un kit de prélèvement sanguin, il reste à le confirmer mais cet enfant semble atteint du staphylocoque doré !!

- (Damien) C’est grave ça ?

- C’est un des principaux facteurs d’infections de ce qu’on appelle communément une maladie nosocomiale !! Il faut que je fasse ces prélèvements pour m’en assurer et si c’est le cas, il va falloir mettre ce secteur en quarantaine le temps d’une désinfection agressive.

Je suis certain que tous m’ont entendu, aussi je suis extrêmement surpris que personne ne cherche à me contredire ne serait-ce déjà pour une question évidente de faute grave d’avoir laissé les choses en arriver à cette extrémité.

Je prends le kit des mains de l’assistante qui me le tend, je fais ensuite la prise de sang nécessaire et je me laisse conduire jusqu’au laboratoire d’analyses où j’ai très vite la confirmation que mes craintes étaient bien fondées.

Je profite d’un moment où je suis quelques minutes seul, pour préparer un flacon avec une solution neutre additionnée avec ma salive que j’emporte avec moi en retournant dans le service pédiatrie.

Ma petite heure d’absence a rameuté tous les responsables de services, qui maintenant m’attendent de pied ferme devant la nursery.

J’ai conscience que ma présence ici est prise de façon pour le moins ambiguë, sachant très bien que les retombées seront lourdes pour certains d’entre eux d’avoir ainsi laissé les choses se perpétuer sans plus de réactions que ça.

J’attaque donc le premier pour prendre avantage sur eux.

- L’hygiène de ce service montre des lacunes inadmissibles !! Combien de nourrissons vous faudra-t-il encore perdre pour que vous preniez les mesures drastiques qui doivent être prises ??

Un des hommes les plus âgés s’approche de moi, se sentant visiblement directement concerné par mes dernières paroles.

- Mais je vous assure que nous prenons toutes les mesures possibles pour tenter d’enrayer cette infection !! Nous avons triplé la fréquence de désinfection de la salle ainsi que tout le matériel à l’intérieur !!

- Humm !!! Je ne m’autoriserais pas à mettre votre parole en doute, mais le fait est que l’infection persiste et que certains de ces bébés sont déjà à un stade préoccupant !! Vous auriez dû penser à les transférer dans une autre salle !!

- Mais !! C’est ce que nous avons fait !!

- Humm !!! Dans ce cas, le problème vient d’un membre de votre équipe !! Vu la rapidité de prolifération d’un tel virus et la fragilité respiratoire des nourrissons, une seule personne porteuse saine suffisait pour réduire tous vos efforts à néant.

CHAPITRE 93 (Paris) (Samedi début d’après-midi) (Une réputation justifiée)

L’homme se mordille les lèvres en jetant un regard vers ses collègues, à voir son expression je suis quasiment certain que personne n’a pensé à cette possibilité et c’est donc d’un ton beaucoup plus conciliant que je reprends la parole.

- Chaque personne entrant ici devra être examinée dans l’heure et dès sa prise de service pour celles qui sont absentes, seules celles qui seront reconnues comme non-porteuses pourront reprendre leur activité et pour les autres elles devront suivre le traitement antibiotique adéquat avant de pouvoir reprendre leur poste.

- Et pour les nouveau-nés ? Croyez-vous que nous pourrons récupérer les plus atteints ??

- Heureusement pour vous que j’ai pu développer un antivirus à spectre large qui devrait faire l’affaire, vous connaissiez hélas la réponse à votre question avant même de la poser !!

- Je suis désolé de ne pas avoir pensé à ce cas de figure, c’est impardonnable de ma part et j’en assumerais les conséquences !! Je pensais sincèrement avoir fait tout ce qu’il y avait à faire !!

- Comme quoi il est toujours bon de demander son avis à une personne extérieure, c’est une chance que mon ami ait voulu visiter votre service.

- Que nous conseillez-vous ?

- Maintenant ?? Et bien déjà pour commencer, faire sortir toutes les personnes qui se trouvent dans la salle et me laisser traiter les nourrissons avec la composition antivirale que j’ai pris le temps de mettre au point par anticipation pendant que j’effectuais l’analyse du test d’infection.

- En si peu de temps ??

- Il faut bien être à la hauteur de la situation !!

- (Damien) Ça compense avec sa taille ! Hi ! Hi !

Je capte tout de suite le petit sourire de l’infirmière qui nous a amenés ici.

- Heu !! Je ne vois pas de quoi tu parles !!

L’atmosphère se détend quelque peu après notre petite tirade amicale, suffisamment pour que chacun fasse ce qu’il a à faire sans plus se poser de questions existentielles et j’entre de nouveau dans la nursery après m’être muni d’une seringue ainsi que du nombre d’aiguilles nécessaires pour traiter l’ensemble des bébés du bloc.

***/***

« Une demi-heure plus tard. »

Je termine d’injecter ma mixture au dernier des « minots », retournant vers les premiers traités pour constater avec satisfaction que déjà les respirations se font plus librement et que beaucoup d’entre eux se sont endormis une fois qu’ils se sont sentis mieux.

Je ne peux résister à les reprendre tous un par un dans mes bras pour leur donner un bisou, avant de les remettre dans leur lit en les recouvrant d’une couverture.

J’entends quelques voix exprimant une forte émotion, me retournant alors vers la glace qui sépare la salle du couloir et je souris aux quelques parents qui y ont le visage collé à me fixer comme si j’étais le messie incarné.

Quelque chose me dit que cette histoire va encore faire le tour de la planète, quand je perçois les flashs agressifs des appareils photo qui m’en font fermer les yeux à la fois d’éblouissement et de surprise.

***/***

« Quinze heures, bureau des infirmières. »

Les rires qui maintenant s’échappent de la pièce, montrent le soulagement d’une fin heureuse après toutes ces journées d’inquiétudes mais aussi des turpitudes venant des deux hurluberlus, qui ont accepté le repas sur le pouce proposé à cette heure trop tardive pour un déjeuner traditionnel et qui maintenant que la pression est retombée, s’en donnent à cœur joie en compagnie de toutes ces demoiselles ravies de ces instants de détentes qu’ils leur offrent.

Ce n’est qu’une heure plus tard que Florian et Damien les quittent, alors qu’elles ont encore les yeux rougis et couverts de larmes d’avoir trop ri.

Ce n’est qu’arrivé sur le parking après qu’une nouvelle fois ils en aient squatté les places arrière du véhicule rattaché à la surveillance du jeune rouquin, qu’ils retrouvent leur sérieux et que Damien revienne sur le sujet de Jean Baptiste et de la façon qu’ils ont trouvée pour voir si une attirance réciproque est possible avec Benjamin, qui pour sa part semble déjà bien mordu.

- (Damien) Benjamin a craqué sur ton dessin mais rien ne dit que ce sera réciproque du côté de « JB » !!

- C’est pour ça que nous n’avons pas prévenu « Ben’j » qu’il serait là et comme nous serons tous déguisés, ça risque d’être plutôt marrant ! Hi ! Hi !

- (Damien) Je ne croyais plus jamais pouvoir retrouver ce plaisir de nous réunir pour péter un délire de ce genre, c’est dément de se sentir aussi bien avec vous tous !!

- Yuan t’a parlé de l’idée qu’il a eue avec les autres Parisiens de chercher une salle où nous pourrions vraiment nous voir tous sans être limités par la surface de son appartement ?

- (Damien) Ouaih !! C’est cool !! Un peu comme nous au hangar avec « Antho » et ses soirées musicales !!

- Ou comme chez Jean !! Maintenant je verrai avec ceux d’Aix pour qu’ils regardent aussi de leur côté !!

- (Damien) T’as déjà fait le compte du nombre qu’on est au total ? C’est plus qu’impressionnant !!

- J’avoue que non !! Ce serait étonnant qu’un jour nous voie tous réunis, pour l’instant ça ne s’est jamais produit !!

- (Damien) Faudra qu’on essaie de se faire ça au moins une fois, pour le fun !!

- Faudra réserver un hôtel complet alors ! Hi ! Hi !

Je m’amuse de voir les yeux de mon copain briller en imaginant la scène que ça pourrait être, je lui fais quand même remarquer que de toute façon il y a de grandes chances pour que ça se fasse naturellement.

- Tu sais « Dami » !! Quand le complexe sera terminé, il ne manquera normalement plus grand monde à l’appel !!

CHAPITRE 94 (Paris) (Samedi soir) (La fête chez Yuan)

Quand nous arrivons chez Yuan, celui-ci nous attend de pied ferme dans l’entrée avec des masques de nuit qu’il nous demande de mettre en nous faisant signe de faire silence avant de nous amener un par un et à l’aveugle dans sa chambre.

Je poireaute ainsi au moins cinq minutes devant la porte d’entrée, avant que ce soit mon tour et que Yuan m’ôte le masque en me tendant ensuite une pièce de tissu et une cordelette.

- Qu’est-ce que tu veux que je fasse de ça ??

- C’est tout ce que j’ai trouvé pour pas que ce soit trop facile de nous repérer les uns les autres, attends que je te montre !!

Il pose le carré de tissu sur ma tête, ce qui en fait une sorte de linceul bariolé et après avoir centré les trous pour les yeux, le nez et la bouche, il noue la cordelette sans la serrer autour de mon cou et me tourne ensuite vers la glace pour que je puisse voir l’effet que je donne accoutrer de cette manière.

- J’avoue que c’est bien trouvé, difficile de savoir qui se cache là-dessous tant qu’on ne parle pas.

- Je trouve aussi ! Hi ! Hi ! Je te remets le bandeau pour que tu ne voies pas ceux qui sont déjà là, vous pourrez les enlever une fois que nous n’attendrons plus personne.

- J’imagine qu’on n’aura pas le droit de donner notre prénom ?

- Tu as tout compris !! Pour nous ça ira vite à nous reconnaître, mais pour « JB » j’en connais plus d’un qui va se poser la question !!

- Qu’est-ce qu’on ne doit pas faire quand même ! Hi ! Hi !

- Bah !! C’est plutôt amusant et nous verrons ce que ça donne, en plus tu ne sais pas tout alors ça risque de ne pas manquer de piquant !!

- C’est quoi le truc que je ne sais pas ?

- Parce que tu crois que je vais te le dire peut-être ? Où serait la surprise si je le faisais ?

- Allez « Yu » s’te plaît !!

- Tu ne m’auras pas en minaudant comme ça, je te connais trop bien mon gaillard ! Hi ! Hi !

Je tends mon visage vers lui la bouche en cœur en lui montrant que je veux l’embrasser, il me sourit en approchant ses lèvres et en me donnant un bref bécot qui me laisse sur ma faim, se reculant ensuite avec un petit sourire ironique.

- Tu ne pensais pas m’avoir aussi facilement, pas vrai ??

- Siiii !!

Ses yeux brillent d’amusement quand il me repositionne le bandeau sur les yeux.

- Ce sera la surprise pour tout le monde, aucun passe-droit sur ce coup-là !! Même pour toi !!

Il me ramène dans le salon où il me fait asseoir, en redonnant la consigne d’attendre sans rien dire que tout le monde soit là.

Du coup j’essaie d’évaluer la situation avec mes autres sens, j’arrive à compter les personnes déjà arrivées aux bruits de leur respiration et aussi à les situer plus ou moins dans la pièce, alors que Yuan ouvre à nouveau la porte d’entrée pour accueillir d’autres arrivants.

Heureusement que le tissu léger du déguisement n’est pas du tout gênant et que nous n’attendons pas trop longtemps avant que la voix de Yuan nous demande de bien vouloir ôter nos bandeaux alors qu’il amenait le dernier invité au salon.

- La soirée commence les gars !! Juste une ou deux petites règles à suivre jusqu’au moment où nous tomberons le déguisement, vous ne devez rien dévoiler sur vous-même, si la personne qui vous parle vous a reconnu et surtout pas un prénom qui pourrait dévoiler une identité, pour le reste l’apéro est servi et les plats d’amuse-gueules sont à votre disposition, bonne soirée à tous et surtout bon amusement !! Vous pouvez enlever les bandeaux maintenant !!

Déjà de revoir le jour me fait plisser les yeux, je vérifie ensuite si mon compte de personnes invitées est le bon, je dois bien admettre que pour l’instant il y a plus de monde que je m’y attendais et je me dis que c’est sûrement la fameuse surprise de Yuan, qui est capable d’avoir invité des personnes que nous ne connaissons pas rien que pour pimenter la soirée.

Une fois ces réflexions faites, je regarde autour de moi tous ces fantômes de toutes les couleurs qui font comme moi à chercher du regard un indice pouvant dévoiler qui est qui et à ce petit jeu-là, j’ai vite fait de trouver mes amis les plus proches et ça rien qu'à leurs yeux, tailles ou encore d’autres petits signes qui ne trompent pas.

Mathis avec ses yeux bleus identiques à mon Thomas, ceux de Yuan presque noirs et bien sûr le regard aux pupilles marron foncé explorant la pièce avec curiosité et vivacité, de Damien qui se prend visiblement à fond au jeu.

En fait pour être honnête, il ne me faut pas cinq minutes pour m’être fait une idée générale des invités que je connais tous, la surprise venant de Patrice accompagné de sa fiancée et de Camille, ainsi et surtout par la présence de Gilles qui semble de toute évidence complètement perdu devant tout ce monde qui pour la plupart lui sont complètement inconnus.

Tout le monde joue le jeu en discutant tantôt avec l’un, tantôt avec l’autre sans former de véritables regroupements et en s’amusant sous l’ambiance musicale, profitant des boissons et des petits fours, avec souvent des rires ponctuant des discussions se voulant ambiguës sans pour autant tromper grand monde sur l’identité de la personne.

Ce n’est qu’un peu plus tard dans la soirée que les affinités finissent par s’apparier plus longuement, moi-même me trouvant depuis quelque temps déjà en pleine discussion avec Damien, Mathis et Yuan.

Étant les quatre à connaître le pourquoi de cette soirée, nous nous mettons évidemment en retrait pour pouvoir parler plus librement afin de pouvoir faire en toute discrétion le constat de nos impressions.

- (Damien) Je crois les gars, que nous allons avoir deux frères qui ne seront bientôt plus aussi seuls et célibataires !!

- J’avoue que je ne m’attendais pas à ça moi non plus.

- (Yuan) Et moi donc !! Moi qui avait toujours dans la tête que Camille était lesbienne depuis sa relation avec Léonie, j’ai l’impression que c’est loin d’être le cas !!

- (Mathis) J’avoue que c’est aussi ce que je me suis dit !!

- En tout cas le « Ben’j » il va avoir la surprise de sa vie quand il va voir la tête du mec avec qui il parle depuis tout à l’heure, j’ai bien envie d’aller l’interroger et le titiller un peu sur tout ça avant qu’il soit temps d’enlever nos déguisements ! Hi ! Hi ! Putain !!! J’adore ces situations-là, c’est génial d’avoir organisé ça « Yu » !! Je kiffe à mort, vous ne pouvez même pas imaginer !!

CHAPITRE 95 (Paris) (Samedi soir) (La fête chez Yuan) (suite)

Je quitte mes trois copains en me rapprochant de Benjamin, prenant le temps de quelques paroles avec l’un ou l’autre de mes amis croisant mon chemin pour que « Ben’j » ne se doute pas que je viens spécialement lui soutirer les vers du nez.

Il me faut donc au moins cinq bonnes minutes pour en être suffisamment proche et lui adresser la parole, comme je viens de le faire avec d’autres juste avant.

- Ça va ? Tu t’amuses bien ?

- Mais c’est mon sauveur ou je me trompe ??

- Pas de questions personnelles, tu connais la règle !!

- Bien sûr mais pour ne pas te reconnaître faudrait vraiment en tenir une sacrée couche ! Hi ! Hi !

- Ça veut dire quoi ??

- Que tu es le seul où il faille baisser la tête pour te parler !!

- Mort de rire !! Le prochain coup je penserais à mettre des godasses de drag-Queens !!

- Oui mais pour ce soir c’est mort !! Super soirée, pas vrai ?? Mais ôte-moi d’un doute, il y a des personnes que je ne connaissais pas et pour toi ?

- Heu !! Non, pas vraiment !! Même si c’est très récent pour certains !! J’ai vu que tu accrochais bien avec le gars au déguisement à damier rouge et bleu ?

- C’est justement un de ceux dont je te parlais, il a l’air cool !! J’ai tout de suite accroché avec lui et je n’ai pas l’impression de le connaître, je m’en rappellerais sinon !!

- Tiens ! Tiens ! Je te croyais pourtant déjà mordu sur quelqu’un ?

- Je vois que les pipelettes s’en sont donné à cœur joie ! Tu crois que Raymond va le retrouver ?

- Tu n’as qu’à le lui demander puisqu’il est là lui aussi ??

- J’ai bien essayé tout à l’heure, mais il n’a rien voulu me dire en me faisant croire qu’il n’était pas celui que je prétendais qu’il était !! Comme si je pouvais avoir des doutes sur lui, c’est quand même le papy du groupe !!

- C’est la règle ce soir de ne rien dévoiler officiellement, tu devras attendre que les masques tombent et si ça tombe tu oublieras vite cette photo pour te retourner sur ton inconnu de ce soir, qui sait ! Hi ! Hi !

- Ça m’étonnerait beaucoup, mais on ne sait jamais !!

Je repère Jean Baptiste au bar avec son frère.

- Je vais me chercher un verre, on se revoit tout à l’heure ?

- Ok ! Cool !

Je laisse donc « Ben’j » rejoindre le groupe que forme Luka avec « Jo » et mon cousin, pour m’approcher de « JB » afin de tâter le terrain.

Il est en pleine discussion avec son frère sur la jeune fille avec qui celui-ci a passé le plus clair de la soirée, semblant lui aussi s’être aperçu de l’intérêt qu’il lui porte.

***/***

- Tu risques d’avoir une désillusion frangin, il me semble qu’elle est en couple avec le mec baraqué assis sur le fauteuil là-bas !!

- Tu crois ??

- En tout cas ça semble évident car ils sont à n’en pas doutés venus ensemble !!

- Ça ne veut rien dire, tout le monde semble bien se connaître ici et nous faisons un peu la curiosité de la soirée, ils sont quasiment tous venus me voir en cherchant à savoir qui j’étais !!

- (Jean Baptiste) Je trouve que l’idée de Yuan est excellente !! Nous serons moins stressés quand il sera l’heure d’abattre les masques et j’ai déjà un peu l’impression de m’être fait un tas d’amis, pas toi ?

- C’est vrai !! J’hésitais à venir mais finalement je ne le regrette pas !! Tout le monde est sympa et en plus l’ambiance est super, il y a longtemps que je n’ai pas passé une aussi bonne soirée !!

- Depuis le décès des parents !! Il y a fallu que tu sois adulte bien trop tôt et à cause de moi, du coup tu as oublié de penser à toi !!

- Ne dis jamais une chose pareille !! Si c’était à refaire sois certain que je le referais sans me poser de questions, c’est juste qu’il y avait des choses plus importantes que les sorties !!

Gilles fixe son cadet dans les yeux.

- Et une surtout, plus importante pour moi que tout au monde !!

Il voit l’émotion de ses paroles dans le regard devenu subitement humide de son petit frère, préférant changer de sujet avant de lui gâcher sa soirée alors qu’ils sont là tous les deux dans le but de s’amuser.

- Mais si on parlait un peu pour changer du gars avec qui tu es resté quasiment toute la soirée ?

- Heu !! Pourquoi tu me dis ça ?? C’est juste pour faire connaissance !!

Gilles pose une main sur l’épaule de Jean Baptiste.

- Pourquoi tu te mets tout de suite sur la défensive ?? Je ne t’ai rien dit de mal il me semble ?? Tu as le droit de voir qui tu veux, je serais même franchement content que tu aies enfin quelqu’un et qui sait ce que cette soirée nous réserve !!

- En plus je crois savoir qui est ce garçon !!

- Tiens donc ??

CHAPITRE 96 (Paris) (Samedi soir) (La fête chez Yuan) (suite)

***/***

C’est à ce moment que je me décide à mettre les pieds dans le plat, en venant m’insérer en douceur dans la conversation.

- Ça va vous deux ? Pas trop de stress avec tous ces inconnus ?

- (Gilles) C’est vrai qu’il y a du monde !! Pfft !! Juste quelques amis, ce sont mot pour mot les paroles de ton copain quand il a eu « JB » au téléphone !!

- Il a raison en plus ! Hi ! Hi ! Il faudrait une pièce quatre à cinq fois plus grande et encore, pour qu’ils puissent tous tenir à l’intérieur !!

- (Jean Baptiste) Sans déconner ???

- Je t’assure que c’est la vérité !! Vous avez commencé à vous faire des connaissances j’ai vu ? Vous verrez que mes amis sont tous très sympathiques et que vous allez très vite vous intégrer à eux, cette petite soirée a été organisée à la base pour Jean Baptiste !! Ça a l’air de vous étonner ??

Jean Baptiste fait un grand geste de la main en montrant tout le buffet et les invités, semblant à son regard plus qu’incrédule à mes dernières paroles.

- Tout ça rien que pour moi ?? Mais ça a dû coûter une fortune rien qu’en boissons et en bouffes !!

- Tu ne sais donc pas tout sur ton ami Yuan à ce que je vois ?

- Comment ça pas tout ??

- Disons pour ne pas entrer dans des « détails » sordides, que sa famille fait partie de ce qu’on pourrait appeler la « jet set » dans son pays et de ce fait tu comprendras bien que ce n’est pas l’argent qui lui fait défaut, loin de là s’en faut !!

- (Gilles) Et pourquoi le copain de « JB » a-t-il fait tout ça pour mon frère ??

- Suite à une conversation qu’ils ont eue récemment je pense !!

Gilles comprend que je n’en dirai pas plus, je le vois bien à son sourire derrière le tissu du déguisement et je me fais la réflexion que ce garçon n’est certainement pas de la même trempe que celui qui a connu mon homologue dans l’autre réalité, n’étant pas du genre entre autres choses à donner des jeunes paumés en pâture à des vieux notables friqués.

- (Jean Baptiste) Mon frère connaît ma…différence !! Tu peux parler sans crainte de dévoiler quoi que ce soit devant lui.

- Cool !!! Mais il me semble qu’avant que je vous interrompe, tu étais prêt à lui en dire plus !! J’avoue que c’est la curiosité qui m’amène, juste pour savoir si le challenge est en bonne voie ou pas ! Hi ! Hi !

Gilles reporte son attention sur son frère, visiblement curieux de connaître la suite.

- Il me semble que tu t’étais arrêté à « je crois savoir qui est ce garçon » !!

- (Jean Baptiste) C’est venu un peu par hasard à la fac quand nous avons un peu discuté sur disons…nos relations intimes et j’ai été surpris d’apprendre que Yuan et Steven étaient comme moi, j’en ai donc appris un peu plus sur eux et je ne sais plus trop à quelle occasion, je les ai enviés d’avoir quelqu’un alors que j’étais toujours célib !! C’est là qu’ils m’ont parlé d’un ami à eux qui l’était encore lui aussi et c’est de là que j’ai fait plus ou moins le rapprochement avec le jeune gars qui a discuté avec moi toute une partie de la soirée.

Je fais celui qui cherche par curiosité à en savoir plus.

- Tu peux me montrer lequel c’est ?

Jean Baptiste fait un tour rapide du regard sur le salon, me montrant ensuite sans surprise pour moi le déguisement que porte « Ben’j ».

- C’est lui là-bas !!

- Ah !!

- Ça veut dire quoi ce « ah » ??

- Juste que le garçon que tu me montres est déjà amoureux.

Le silence qui suit montre la déception de « JB » d’apprendre ça.

- Mais c’est vrai que pour le moment il est encore libre !!

- Comment ça, je ne comprends plus ??

- Et bien disons qu’il s’est entiché d’un garçon qui n’est pas au courant.

- Il attend quoi pour lui en parler ??

- Pas grand-chose en fait, juste qu’on le retrouve !!

- Pourquoi ça, il a disparu ??

- C’est un peu plus compliqué, juste que c’est fait mais depuis pas longtemps.

- Et ????

- Tu me parais bien curieux ? On dirait que mon pote te fait déjà de l’effet, pourtant tu ne sais même pas quelle tête il a !!

Jean Baptiste croit bon de se défendre.

- Mais non, enfin si peut-être !! C’est juste que j’ai senti le feeling passer entre nous, maintenant s’il voulait être ami avec moi j’en serais ravi crois-le bien !! De là à dire qu’il me fait de l’effet de la façon dont tu sembles l’interpréter, je n’irai pas jusque-là !! Du moins pas encore et maintenant que je sais qu’il a déjà quelqu’un en tête, je me contenterais d’espérer juste qu’on devienne pote.

- (Gilles) Wouff !! Tu es bien volubile d’un coup pour un simple copain !!

- (Jean Baptiste) Pas plus que toi pour cette fille qui a déjà un mec ! Hi ! Hi !

- Qui ça ? Camille ? Première nouvelle ?

- (Jean Baptiste) Pourtant elle est toujours à discuter avec le gars là-bas !!

- C’est un peu normal puisqu’ils bossent ensemble.

- (Gilles) Ah oui vraiment ?? Ils sont dans quelle branche ??

- Pour tout vous dire, ils sont tous les deux chargés de ma sécurité et depuis le temps, nous avons appris à nous apprécier pour très rapidement devenir de vrais amis.

- (Gilles) Tu sembles te lier très vite d’amitié, je me trompe ?

- Tu es bien placé pour le juger toi-même ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 97 (Paris) (Samedi soir) (La fête chez Yuan) (suite)

« Vingt-trois heures trente. »

Une fois le buffet débarrassé, Yuan prend la parole en demandant l’attention de tout le monde.

- Il est temps je pense d’enlever nos déguisements et qu’on vous présente ceux qui je l’espère sincèrement seront accueillis les bras ouverts dans notre « petit » groupe d’amis. Mais avant ça j’aimerais que les deux invités mystères me rejoignent afin de nous donner leurs premières impressions sur ce que je me permettrai d’appeler sans que ce soit péjoratif, notre communauté. Allez !! Venez les gars, ne soyez pas timides !!

Gilles et son frère s’avancent, ils sont pris par le bras par Yuan qui les dispose de chaque côté de lui et s’adresse à Gilles en premier, montrant la direction du plus petit d’entre eux en souriant.

- Dans tout ce monde, je sais que tu n’en connais que deux et j’allais dire, pas les moindre !! Pour les autres tout reste à découvrir mais je ne me fais pas de soucis et j’ai bien vu que des affinités avaient commencé à se nouer, que pourrais-tu nous dire sur ta première impression ?

Gilles fait un rapide tour d’horizon, sentant les regards amicaux qui sont portés sur lui et il se souvient d’une conversation très récente puisqu’elle ne date que de ce midi et qu’il a eue avec Jean Baptiste, justement pour en savoir plus sur Florian avec en particulier l’explication de comment ils se sont connus.

L’aspect comique du jeune rouquin étant mis en exergue par son cadet, alors que lui-même s’en était aperçu du peu de temps qu’il a pu le voir à l’hôpital.

Mais surtout ce qui l’a marqué, c’est son visage si particulier qui amène la franche camaraderie dès le premier contact et l’envie de rire à la moindre de ses mimiques qui lui font penser immédiatement à une bande dessinée qu’il lisait avec avidité quand il était tout jeune.

C’est donc en repensant à ça, qu’il donne sa réponse d’une façon inattendue et qui fera beaucoup par la suite pour créer ce fameux lien qui unit, il le voit bien toute cette bande de garçons et filles, qui semblent si différents les uns des autres.

- Heu !! C’était « GLOP » !!

***/***

J’étais à attendre la réponse de Gilles quand je l’ai bien vu me fixer en souriant, sa réponse m’a tellement scié le cul de surprise que j’éclate de rire, bientôt suivi par l’ensemble de mes amis qui tout d’abord aussi décontenancés que moi de cette pointe d’humour, ont vite ensuite compris l’allusion directement dirigée vers ma personne.

- Hi ! Hi !

- (Yuan) Je pense que c’est la plus courte synthèse que j’ai entendue mais qui a le mérite d’être des plus claires ! Hi ! Hi !

Il attend quelques secondes que le calme revienne et pose la même question à Jean Baptiste, lui laissant à lui aussi le temps nécessaire pour qu’il retrouve son calme.

- (Yuan) Alors ? À ton tour de nous donner tes impressions suite à notre rencontre et tout ce qui s’est ensuivi ?

- (Jean Baptiste) Je risque d’être plus long que mon frère ! Hi ! Hi ! Que dire ?? Si ce n’est que je ne m’attendais pas à me faire aussi vite deux amis quand je t’ai rencontré avec Steven pour la première fois. Ensuite il y a eu l’apparition de celui qui fait tant parler de lui et qui a scotché tous les étudiants présents sur leurs sièges quand ils l’ont reconnu, j’avoue honnêtement que je ne savais pas moi-même comment prendre la chose, surtout en le voyant s’asseoir à notre table en vous embrassant Steven et toi. De quelqu’un qui nous paraissait à tous inaccessible tant sa popularité était grande, s’est révélé très vite l’exact contraire et mon début de stress à sa présence s’est très vite dissipé, se terminant en fin de compte par un début d’amitié pour le moins inattendue. Il y a eu ensuite l’accident de mon frère, la panique que j’ai eue alors de n’avoir personne vers qui me tourner et c’est sans réfléchir que j’ai appelé Yuan, ne me demandez surtout pas pourquoi car encore maintenant je ne saurais donner de réponse à mon geste. Toujours est-il que mon appel a très vite trouvé une personne à l’écoute de mes angoisses, essayant de me faire parler pour comprendre la détresse qui m’a fait l’appeler !! Ensuite tout a été pour moi comme un miracle, Florian qui pourtant ne me connaissait pour ainsi dire pas a pris les choses en main en me libérant de cette sourde impression d’impuissance qui me nouait l’estomac depuis la découverte du corps de mon grand frère sur le carrelage de la salle de bains. Ensuite j’ai vécu comme dans un rêve toutes les actions qui au final m’ont rendu Gilles tel qu’il était avant.

Tous voient Jean Baptiste hésiter avant de poursuivre d’un ton plus jovial.

- Du moins c’est ce que je pensais jusqu’à sa dernière intervention ! Hi ! Hi !

Bien sûr les rires repartent dans le salon, Jean Baptiste reprenant la parole après quelques secondes pour terminer ce qu’il avait encore à dire.

- J’ai été encore plus surpris même si je n’en comprends qu’à moitié la raison, d’apprendre que cette fête a été organisée à mon intention et j’en remercie Yuan ainsi que ceux qui l’ont organisée avec lui, juste dire qu’il a été fou de dépenser autant d’argent rien que pour moi.

- (Yuan) Je pense que tu comprendras très vite tous les tenants de cette histoire, sache seulement que cette fête n’a de particulier que d’être déguisés et que nous en faisons souvent quand l’occasion se présente. Pourquoi aujourd’hui ce changement avec cette idée de déguisement ? Nous ne sommes que cinq avec Steven à en connaître le but et quand tu ôteras ton masque, un certain nombre de mes amis ici présents comprendront pourquoi !! Particulièrement l’un d’eux qui va j’en suis sûr pousser un cri de surprise qu’il lui faudra t’expliquer ensuite et c’est ce moment précis qui nous a donné envie de monter cette petite mise en scène.

Yuan dénoue la cordelette autour de son cou pour ôter le tissu qui masquait son corps, avant d’en faire autant sur Gilles et sur Jean Baptiste, qui une fois le visage à découvert entend une interjection d’étonnement venir depuis là où se trouve « Ben’j », le garçon dont il ignore pour l’instant le nom mais avec qui déjà il éprouve une forte connivence.

- Ben merde alors !! Jean Baptiste ??

CHAPITRE 98 (Paris) (Samedi soir) (La fête chez Yuan) (suite)

Benjamin tout à son ahurissement d’avoir en face de lui la réplique exacte du dessin de Florian, ôte à son tour le carré de tissu qui masquait son visage et son corps, à la vue des autres participants de la soirée mais ne manque pas d’observer avec une petite crispation de contentement, le visage de Jean Baptiste qui à l’évidence se retrouve fortement troublé en voyant à quoi ressemble celui avec qui il avait déjà éprouvé des signes d’intérêt.

Gilles et Yuan qui sont les plus près de Jean Baptiste, ont suivi eux aussi ce brusque changement sur le visage de ce dernier qui de curieux, marque maintenant un trouble certain pour Benjamin qui lui aussi se retrouve depuis son constat sur son petit nuage.

Les deux nouveaux amis se regardent en se faisant un petit clin d’œil entendu sur la nature manifeste de ce trouble, Gilles prenant quelques pas de recul en entraînant Yuan avec lui pour lui parler discrètement à l’oreille.

- C’était donc ça le but de cette soirée ?

- Tu as tout compris !!

- Comment se fait-il que ce garçon semble connaître mon frère alors que ce n’est manifestement pas réciproque ?

- C’est une bien longue histoire !! Florian t’expliquera sûrement ce qu’il en est !! Mais sache-le, Jean Baptiste est loin d’être un inconnu pour lui ainsi que pour Thomas son chéri.

Gilles regarde le salon où maintenant tout le monde s’est débarrassé de son déguisement, fortement troublé de l’apparence physique plus qu’avantageuse de tout ce petit monde.

- C’est lequel le fameux Thomas ? Je suis curieux de le connaître.

- Pourquoi ça ?

- Et bien déjà par curiosité ! Hi ! Hi !

- (Yuan) Je comprends ce que tu veux dire !! À quoi peut bien ressembler le mec qui se met en couple avec un personnage aussi atypique que notre Florian ?? C’est bien ça ??

- J’avoue franchement que c’est la première question qui m’est venue à l’esprit quand tu en as parlé !!

- Et tu l’imagines comment ??

- Alors là !! Aucune idée, de là ma question !!

- Thomas n’est pas ici ce soir, il est actuellement à l’étranger pour son travail !! Mais je te promets la surprise de ta vie quand tu le rencontreras ! Hi ! Hi !

Gilles sourit en commençant à s’imaginer un hurluberlu à la mesure du petit rouquin qui commence déjà à faire l’andouille dans un coin du salon, à la plus grande joie de ceux qui commencent à s’attrouper autour de lui.

- Je n’en doute pas un instant ! Hi ! Hi !

Les deux nouveaux amis observent alors autour d’eux, l’un pour surveiller amicalement le rapprochement tout en timidité de Benjamin d’avec Jean Baptiste et l’autre qui se fige soudainement devant le visage ravissant d’une jeune fille, qui semble n’avoir d’yeux que pour lui depuis qu’ils ont baissé les masques.

***/***

Patrice est installé avec sa fiancée sur le canapé, s’apercevant à son tour de la fixation qu’à Camille sur un des nouveaux venus et il en fait la remarque à Catherine, qui elle ne rate rien du rapprochement des deux autres garçons.

- J’ai l’impression que c’est la soirée coup de foudre.

- Pourquoi n’en suis-je pas plus étonnée que ça, tu peux me le dire ?

- L’effet Florian sans doute ?

- Je pense aussi, ce n’est pas la première fois qu’on en parle et je commence à croire qu’il y a du vrai dans tout ça, ces garçons sont subjugués l’un envers l’autre !!

- Pareil pour le frangin, regarde-le dévorer Camille des yeux !! Ça confirme mon impression de tout à l’heure quand je les ai vus discuter ensemble !!

- (Catherine) Du coup nous n’avons plus de célibataires dans la bande, avoue que c’est quand même fort de café !!

- Je suis content pour elle, elle le mérite bien et ce garçon me semble avoir toutes les qualités requises pour qu’ils soient bien ensemble !! J’ai beaucoup apprécié quand j’ai su pour sa façon de prendre en charge son petit frère à la mort de leurs parents, ce garçon a du cœur c’est certain !!

- Et il est beau comme un dieu, ce qui ne gâche rien !!

- Encore un phénomène spécifique à l’entourage de Florian !!

Catherine regarde son fiancé avec une mimique moqueuse.

- Ça ira les chevilles ??

***/***

Jean Baptiste discute avec Benjamin et Damien dans la cuisine de Yuan où ils sont un peu au calme, cherchant visiblement à comprendre comment Benjamin pouvait le connaître alors que lui, il ne l’avait jamais vu ou sinon il s’en souviendrait.

Benjamin sort alors de son portefeuille un papier plié en quatre, qu’il lui montre.

- Regarde ça !!

- Qu’est-ce que c’est ??

- Un dessin de Florian !!

Jean baptiste lui prend la feuille des mains et regarde le croquis qui le représente plus vrai que nature, il reporte son attention sur ses deux amis qui eux le regardent en cherchant à suivre le déroulement de ses pensées et s’amusent à y voir un immense trouble marquer son visage, trouble qui précède de peu la question qui lui brûle les lèvres.

- Quand a-t-il fait ce dessin ??

- (Damien) La semaine dernière si je ne me trompe pas !!

- Impossible !! Nous nous sommes rencontrés pour la première fois qu’hier !!

- (Damien) C’est une histoire qui pourrait paraître démente, je laisse donc le soin à « Flo » de te la raconter !! Mais pourtant il l’a déjà fait, tomber amoureux t’aurait-il fait perdre la mémoire ?

- Hum !! Et toi ?? Pourquoi tu trimbales mon portrait dans tes papiers ??

Benjamin sent bien la chaleur qui monte sur ses joues, ne sachant pas quoi répondre à cette question sans dévoiler ce qu’il éprouve de plus en plus fort pour le garçon en face de lui.

Sentiment qui s’est largement confirmé depuis qu’il s’est dévoilé en réel devant lui.

- Oups !!

Jean Baptiste curieux.

- Quoi, oups !!

- (Damien) C’est là où j’ai eu bien fait de vous suivre, je sens qu’on va bien s’amuser !

Hi ! Hi ! On t’écoute mon petit « Ben’j », voyons voir comment tu vas t’en sortir ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 99 (Paris) (Samedi soir) (La fête chez Yuan) (fin)

Benjamin fusille Damien du regard, irrité que celui-ci prenne pour amusement la gêne qu’il éprouve actuellement et surtout qu’il accentue par ses paroles, la curiosité de Jean Baptiste à attendre la réponse à sa question.

- Je vois qu’on peut toujours compter sur les copains pour vous mettre plus la honte, merci Damien !!

- (Damien) Hé !! Ne t’en prends pas à moi juste parce que tu n’as pas le courage de lui dire que tu le kiffes trop !!

- (Benjamin) Mais arrête !! Pour quoi il va me prendre maintenant !! Ne l’écoute pas « JB », il dit n’importe quoi rien que parce que ça l’amuse !!

- (Jean Baptiste) Ah !!! Dommage alors !!

Damien hilare en voyant la trombine de « Ben’j » de cet aveu à peine déguisé.

- Dis-lui que tu le kiffes sinon tu vas rater l’occase de ta vie, tu vois bien qu’il en est au même point que toi !!

Benjamin pose un regard surpris sur les joues subitement devenues rouges de Jean Baptiste, suite aux paroles on ne peut plus claires de Damien sur ce que justement il éprouve dans l’instant présent.

- C’est vrai ??

- (Jean Baptiste) Heu !! C’est un peu clash comme situation, si ça ne te dérange pas j’aimerais prendre un peu de temps pour y réfléchir !!

- (Damien) C’est normal !!

Il regarde sa montre, visiblement amusé, il lève les yeux et sourit en voyant ses deux amis l’observer, il regarde une nouvelle fois sa montre.

- Bon !! Alors ?? Tu as eu tout le temps qu’il te fallait, pas vrai ??

Benjamin éclate de rire devant la mine ahurie de Jean Baptiste, l’envie qu’il éprouve brusquement pour lui prendre sa main dans la sienne est tellement vive qu’il n’y résiste pas et s’en empare nerveusement, son regard se fixant dans le sien avec une douceur se voulant apaisante qui est loin de la nervosité qu’il éprouve réellement.

- Ne l’écoute pas, d’après certaines sources lui aussi a été assez long avec son chéri avant de lui avouer ses sentiments !!

- (Damien) Sauf que moi j’avais un bouledogue en face de moi !! Mais à la façon que tu viens de le dire, il n’y a plus trop d’ambiguïté à avoir sur les tiens.

- (Benjamin) Il n’y en a jamais eu pour moi, juste que je ne suis pas tout seul sur ce coup-là !!

- (Jean Baptiste) Vous savez les gars, quand je suis venu ici c’était avec les paroles de Yuan et de Steven en tête, ils voulaient me présenter à leur seul copain selon leur dire encore célibataire et je ne savais pas vraiment s’il fallait que je prenne leurs paroles au premier degré ou si c’était juste une plaisanterie. Je viens de réaliser qu’ils étaient sérieux et que cette soirée n’a été imaginée de façon très fine je dois le reconnaître, principalement que dans ce seul but. La seule chose que j’ignorais totalement, c’était que le fameux « célibataire » avait déjà de l’avance sur moi du fait de ce dessin et que Yuan tout autant que Steven était au courant.

- (Benjamin) Ça change quelque chose pour toi ?

- Énormément !! La question que je me pose maintenant est de savoir s’ils m’ont parlé parce qu’ils avaient envie de mieux me connaître, ou tout simplement parce qu’ils m’avaient eux aussi reconnus sur ce fameux croquis !!

- (Damien) Je ne vois pas trop ce que ça change au final puisque vous êtes devenus de vrais amis par la suite et très vite en plus ??

- L’aurions-nous été sans ça ??

- (Damien) Disons que c’était votre destin, même s’il a été poussé quelque peu à cause de Florian qui voulait à tout prix te retrouver !!

Benjamin ricane à son tour et donne l’explication de son comportement soudain devant le regard interrogateur de Damien.

- À ton tour de te sortir du merdier dans lequel tu viens de te mettre ! Hi ! Hi ! Ça va être difficile après ce que tu viens déjà d’avouer, de ne pas en dire plus et je t’avouerai franchement que je serais à la place de « JB », je commencerais à me demander où je suis tombé !!

- (Jean Baptiste) Je crois qu’il n’a pas tort !! Qu’est-ce que c’est que cette histoire avec Florian ? Ce n’est pas la première allusion qu’on me fait à ce sujet et j’ai beau me creuser la tête, je n’arrive pas à trouver une amorce de réponse cohérente !! À part à la télé, à la radio ou encore en lisant les gros titres des journaux, je suis certain de n’avoir rien en commun avec lui du moins avant ces deux derniers jours. Alors pourquoi aurait-il voulu tant que ça me retrouver ?? en y réfléchissant bien ce qu’il m’a dis hier ne tient pas la route !!

Une main vient se plaquer sur son épaule qui le fait sursauter de surprise, se retournant pour voir à qui elle appartient et souriant enfin après avoir reconnu celui qui justement faisait la une de leur conversation depuis quelques minutes.

- Tu veux une réponse ??

- Bien sûr, quelle question ??

- Tu risques de ne pas me croire !! C’est même une certitude en y réfléchissant bien !!

- Essaie toujours, on verra bien !!

- Disons alors que dans une réalité parallèle à celle-ci où je me suis retrouvé un temps sans vraiment le vouloir…

- Encore cette histoire sans queue ni tête !!

- Laisse-moi finir !! Où j’en étais du coup ? ah oui !! Dans cette autre réalité donc, tu étais amoureux de moi et nous avons fini par être disons pour faire court…ensemble !!

Jean Baptiste regarde les trois visages tournés vers lui semblant des plus sérieux et y cherchant une lueur qui pourrait lui démontrer qu’ils se moquent de lui, il finit par éclater de rire à leur plus grande surprise car ne s’attendant visiblement pas à une telle réaction de sa part.

- Vous croyez vraiment que je vais gober ça ??, Oh !! Les gars !! Un peu de sérieux !! C'est la deuxième fois que tu essaies de me la faire celle-là !! Voilà en plus que maintenant nous étions amants !!

Il pose un doigt sur son front, puis d’un mouvement lent de gauche à droite en se penchant vers eux.

- Ce n’est pas marqué la poste ! Hi ! Hi !

CHAPITRE 100 (Paris) (Dimanche matin) (Réveil)

« Très tôt ce matin-là. »

Antonin paie la course du taxi qui l’a amené depuis Reims jusque chez son copain Yuan, il en sort ensuite les bras chargés de viennoiseries et un trousseau de clés à la main, excité par avance de pouvoir faire la surprise en allant se glisser dans les draps entre ses deux amants.

L’escalier monté, il ne lui faut guère que quelques minutes pour entrer dans l’appartement et y déposer ses courses dans la cuisine, se dévêtir ensuite pour entrer nu dans la chambre en venant se glisser dans la pénombre quasi-totale entre ses deux amis emmitouflés jusqu’aux oreilles sous la couette.

De sentir ces deux corps nus contre lui, accentue encore plus une bandaison déjà bien présente et il n’en faut pas plus pour que sa libido prenne le pas sur sa réserve légendaire, se glissant lentement sous la couette jusqu’à atteindre l’endroit rechercher où deux barreaux soulèvent légèrement le drap d’une érection dite matinale.

Un petit décalottage à droite et ensuite la réciprocité à gauche pour ne pas faire de jaloux fait émettre des petits sons de contentement à ses deux copains encore en plein sommeil.

Antonin va pour reprendre sa manœuvre en alternant une nouvelle fois d’un sexe à l’autre, quand quelque chose qu’il ne saurait définir sur le coup le trouble suffisamment pour qu’il se fige un instant et qu’il prenne le temps d’analyser cette drôle d’impression qui a arrêté son geste.

À peine a-t-il compris son erreur, que quatre mains l’attrapent par les aisselles et le font remonter jusqu’à la tête du lit, captant les regards ahuris de Damien et de Mathis, encore sous le choc de le découvrir dans leur lit.

- (Mathis) Antonin ?? Mais qu’est-ce que tu fous là ?? Et d’abord à quoi tu joues là ??

Antonin statufié.

- Je…. Je…croyais que….

Damien comprend soudainement le malaise de son ami, qui croyait très certainement faire une surprise à Florian et à Yuan, en se glissant dans leur chambre et qui n’était bien sûr pas au courant du changement à cause de « Coco » dont la présence les empêchait de dormir, car n’y étant pas habitué autant que leurs deux autres amis qui n’y font plus attention depuis longtemps.

Il décide alors de s’amuser un peu aux dépens d’Antonin, qu’il trouve depuis toujours très mignon mais surtout réellement gêné par la situation où il s’est mis.

- Tu croyais qu’on serait content que tu nous fasses une petite gâterie ??

- Mais non… ce n’est pas ça !!

Mathis qui comprend lui aussi l’erreur du petit blondinet, décide d’entrer dans le jeu de son chéri.

- Comment ça, non ?? Tu étais pourtant bien parti pour nous sucer la queue, je n’ai pas rêvé ??

- Mais…je…

- (Damien) Et bien qu’est-ce que tu attends pour y retourner maintenant que tu nous as bien excités ??

- (Mathis) Surtout que…Wouah !! C’était super bon !!

- Je…non !! Je ne….

Damien le repousse doucement vers le pied du lit.

- Tu voulais te faire plaisir avec deux vrais hommes !! Alors vas-y, tu vois bien qu’on est d’accord !!

Antonin est tellement perturbé qu’il ne se rend pas compte de l’amusement dans le ton de ses amis, prenant pour argent comptant leur demande à ce qu’il continue à leur donner du plaisir.

Il se relève alors brusquement en enjambant Damien, sautant du lit pour quitter la chambre en quatrième vitesse sous les rires amusés des deux compères plutôt fiers de leur petite farce.

Ce n’est qu’une fois disparu de leur vue, qu’ils se regardent toujours en riant mais un brin excité quand même par la vue même très brève du corps nu d’Antonin s’enfuyant comme un voleur.

- (Damien) Il n’y a pas à dire, il est vraiment craquant !!

- Pour ça c’est sûr !!

- J’en connais qui ne doivent pas s’ennuyer avec lui, mais je n’aurais pas aimé être à sa place quand il s’est aperçu de son erreur ! Hi ! Hi !

- Surtout en le connaissant !!

- (Damien) Maintenant qu’il nous a réveillés et surtout bien excités, tu sais ce qu’il te reste à faire ??

- Tiens donc ?? Et pourquoi moi et pas toi ??

- Parce que c’est moi qui te l’ai demandé le premier !!

- Vu comme ça, je n’ai rien à redire !!

Mathis approche son visage de celui de Damien pour lui donner un bref baiser, il descend ensuite lentement en l’effleurant à peine de son corps jusqu’à arriver devant le but final de sa descente et le prendre en bouche goulûment, faisant geindre de plaisir son chéri qui lui caresse doucement les cheveux.

- Humm !! Ouuiii !!

***/***

Pendant que les deux amis terminent ce qu’il avait commencé sans le vouloir, Antonin se remet de ses émotions en faisant le pied de grue dans le couloir entre les deux chambres.

Il attend que son cœur reprenne un rythme normal, finissant par sourire de son erreur en se disant qu’ils ont quand même deux beaux morceaux entre les jambes et quand quelques secondes plus tard il surprend les petits cris venant de la chambre, il sourit cette fois en se disant que sa visite n’aura pas été si mal perçue au final.

Il récupère ses affaires qui étaient éparpillées entre la porte et la cuisine car il ne tient pas vraiment à se remontrer nu devant eux et se dit pour se trouver une excuse, qu’il aurait été plus prudent s’il avait été au courant de leur présence.

Une fois cette idée bien ancrée en lui, il sourit en faisant une grimace amusée avant d’entrer cette fois dans la bonne chambre.

Fin du livre 3 tome 5

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire laurentdu51100 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0