Comment s'en sortir ?

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Voilà, j'y suis arrivé : c'est moi le maître du monde, le maître des mots, des phrases, des hommes et des femmes qui écrivent, qui lisent. Bref, c'est moi le patron. Ça a été long, pénible et laborieux, il a fallu convaincre, petit à petit, les maîtres des mots dans chacune des 200 langues écrites du monde (heureusement, une misère sur les plus de 7100 langues parlées dans le monde). Non, les langues parlées sont restées "autonomes", y avait trop de boulot, j'ai laissé tomber.

Tout m'appartient, tous les mots, toutes les lettres, toutes les pages de tous les livres, toutes les pages de tous les sites internet, tout je vous dis !

Je peux écrire ce que je veux, tous les mots sont à moi et toutes celles et tous ceux qui écrivent doivent avoir mon accord pour écrire la moindre lettre, puisque je possède tous les droits sur toutes les lettres (et dans toutes les langues s'il vous plait).

Bon, je vous avoue que parfois (souvent) je suis un peu débordé par des questions à la con en cingalais, ou en ourdou, quand ce n'est pas en bantou, voire même, si, si, parfois en anglais ou en allemand ... et des fois, incroyable mais vrai, des fois aussi en français. Comme ils et elles doivent tous me demander mon autorisation, dès qu'ils et elles écrivent, il a fallu que j'embauche un paquet de gens pour le donner cet accord. Sinon, il m'aurait fallu des journées de plus de mille heures.

Vous n'imaginez pas comme c'est chiant de diriger tous ces gens qui doivent aussi me demander mon accord pour donner mon accord écrit à d'autres. Ben oui, vu qu'ils écrivent cet accord, ils ont besoin de mon approbation.

Il a donc fallu que je crée aussi un service de gens qui donnent leur accord à ceux qui donnent leur accord à celles et ceux qui écrivent. Mais même là, il y avait trop de travail. Pour bien faire, il me faudrait aussi créer un service de ceux qui donnent mon accord à ceux qui donnent mon accord pour donner mon accord pour écrire.


Bon, je ne vous fais pas un dessin ? C'est le bordel... Je crois que finalement, je vais libérer la propriété des mots et des lettres sinon, je ne vais passer mon temps à ne faire que ça : créer des services pour donner mon accord de donner mon accord de... etc...

Et j'ai franchement autre chose à faire, sinon, quand-est-ce que j'ai le temps de faire des galipettes avec ma compagne ? Et de profiter de la vie ? De manger, de boire, de faire la fête avec des potes ?

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