Chapitre VII, Partie 7 : Première mission à EXODUS

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Il redescendit donc très vite la petite montagne pour faire au plus vite ses fichus relevés. Lorsqu'il arriva en bas, sur le lieu de l'experience, il trouva deux ou trois corps entassés près d'un puit noirci. Il préleva quelques morceaux de tissu, un peu de peau carbonisé et du sable qui se trouvait à proximité. Il esquissait une expression de dégoût prononcé. Il n'avait guère l'habitude de tripoter des morts, en particulier dans cet état.

Sitôt sa besogne terminée, il se mit en route vers le canon. Il devait trouver un moyen de contourner le dispositif qui l'entourait. Certes, comme il l'avait vu, peu de gardes surveillaient l'endroit, mais beaucoup de scientifiques armés se balladaient autour du monstre, comme une maman surveille son bébé. Dieter supposa qu'ils étaient là pour la maintenance de l'engin. Ce machin était si énorme que les seules chenilles devaient requérir au moins quelques dizaines d'hommes bien formés.

Il recula de quelques pas, et se mit à l'abri d'un grand rocher. Il réflechit. Il avait le choix dans sa manière de les distraire. Aller au complexe et désactiver les caméras? Non, ce serait prendre le risque de se faire prendre et ça ne réglait pas le problème des personnes sur place. Pouvait-il les tuer, purement et simplement? Absoument pas, ils étaient très nombreux et armés. Sans compter que si son secret était découvert, à prendre des balles et à se régénérer, il finirait probablement sur une table de dissection. Il pouvait peut-être faire évacuer le site en déclenchant une évacuation d'urgence, alors? Non plus, le bouton était presque inaccessible et s'il ne se présentait pas lors de l'appel post-alarme, on le soupçonnerait et on le mettrait sous surveillance.

Dieter se gratta nerveusement la tête, toujours accroupi derrière son bloc de pierre. Il devait se depêcher s'il voulait saccager ce canon, car Eolia l'attendait pour son rapport.

C'est alors qu'il se souvint de ce qu'il avait vu en descendant la colline. Le câble XXL qui avait toute l'attention des chercheurs de tout à l'heure, voilà qui ferait une distraction idéale. Vu sa taille, ce devait être le câble d'alimentation du Gauss. Il pouvait être facilement transpercé par son fleuret, mais la gaine était probablement auto-régénératrice. Il devait mettre le souk à l'interieur.

Il se retourna donc et remonta le chemin. Il mit peu de temps à arriver près de ce câble, lui totalement sans surveillance.

Il se releva, mais étant presque à découvert, il fit attention de ne pas faire de mouvement brusque. Il sortit son fleuret, le plaça à l'horizontale du câble et respira un bon coup. Enfin, de toutes ses forces, il pénétra la gaine noire et enfonça son épée dans la bestiole. Quelques étincelles et sifflements en sortirent. Dieter recula rapidemment, et dégagea d'un coup de main les morceaux de métal chauffés à blanc qui avaient giclé sur sa veste.

Mais avant que les autres en blouse ne se rapprochent, il sortit de sa poche un petit objet ovale et clignotant et l'introduisit dans la brèche formée par le fleuret.

Il s'éloigna rapidement du lieu de l'incident et se cacha derrière un buisson, pendant que les scientifiques -peu, comme le présentait Dieter- s'affairaient autour de leur bijou. Ils discutaient, cherchaient à comprendre qui avait pu faire ça. Mais bien vite, la plupart d'entre eux retournaient à leurs occupation, considérant que le problème n'était pas si grave que ça.

 -Ah, c'est pas assez grave pour conserver votre attention? Très bien, à votre guise...

Sur son fleuret, toujours sorti, il retira de la garde un petit capuchon de métal. Il appuya alors sur le bouton qui s'y cachait.

Instantanément, la gaîne toute entière explosa. Les quelques scientifiques qui étaient restés sur place furent soufflés à quelques mètres, tout comme le rocher qui se trouvait à proximité. Sur plusieurs mètres, le câble était laminé, lacéré, crevé de toutes parts et brûlé. Il était parfaitement inutilisable. Dieter profita du nuage de fumée maronâtre pour se faufiler derrière et rejoindre d'autres buissons, plus proches du canon.

La réaction ne se fit pas attendre : tout les hommes du complexe accoururent près du lieu de l'explosion avec, pour certains, des sceaux d'eau, pour d'autres de la terre et du sable. Des officiels avaient également deserté le complexe mobile pour aller jeter un oeil. De sa cachette, le jeune prince crut même distinguer Eolia sortant pour aller constater les dégâts. Il la voyait gesticuler, battre des bras et pouvait presque l'entendre crier contre les savants.

 -Voilà, ceux là ne me gêneront plus. C'est moins amusant quand ça vous arrive, hein? J'y suis peut-être allé un peu fort, mais apparemment c'était nécéssaire. Bref, notre bête,...

Il sortit sa petite tête chevelue du buisson. C'était toujours la cacophonie près de l'incendie, d'autant plus que le câble agonisant projetait encore beaucoup d'étincelles et de débris brûlants. Mais près de l'immense canon, plus personne. La zone avait été desertée.

Dieter repoussa le feuillage et courut en direction du Gauss. Il y arriva sans encombres, plus personne n'était là pour le surveiller. De plus, se dit-il, les caméras de surveillance ne couvrent pas un angle assez large pour me filmer.

Il s'approcha de la chenille gauche de l'engin. Il tâta quelques minutes, sans trouver, à la recherche d'une trappe qui donnerait sur le bloc moteur ou une partie sensible. Il trouva cependant une petite manette, proche d'une soudure qui ressemblait à un panneau, mais l'ouverture nécéssitait une clé.

Il fronça les sourcils, non pas de colère mais d'ennui. Serieusement, ils n'avaient pas pu trouver quelque chose de plus compliqué pour son niveau d'intelligence?

Il dégaina de nouveau son sabre, tourna une molette d'ajustement qui se trouvait sur la garde, pointa sur la serrure proche de la manette et appuya sur la gachette. Un léger coup de feu retentit et la manette sauta, en même temps que la trappe s'entrouvrit. Il y plongea la main et ouvrit en grand le panneau métallique.

A l'interieur, tout un fatras de fils de toutes les couleurs, des rouages et des gaines bleutées. De la strabonite passait là dedans. Super, se dit Dieter, celle ci allait rendre les dégâts plus importants. Il farfouilla donc un petit peu, et chercha à déconnecter ce qui lui semblait le plus important. Mais il n'y avait rien à faire, les soudures étaient très solides, et l'on ne pouvait rien entreprendre à main nu dans cette mécanique avancée.

 -Pfff, la tuile....dans ce cas, aux grands mots les grands remèdes. Mon fleuret en viendra à bout.

Il s'éloigna, pour ne pas être bléssé par l'explosion. Il remonta sa garde au niveau de son visage, tourna la molette d'auparavant sur la position "charge maximale", et pointa le discret canon caché par la lame sur l'interieur de l'engin.

 -Je n'ai jamais utilisé cette puissance encore. A la grâce de Dieu !

Il appuya, et le coup partit.

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