Chapitre 4 : 6 murnyl 1079

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Je venais de croiser le fer avec Meton quand la convocation est arrivé. C’était comme moi un maître guerrier. Il était rentré depuis peu au pays et il avait pris sans discuter son tour pour entraîner notre population. Ce jour, je m’en souviens comme si c’était hier, tant les changements qu’il a apportés à ma vie étaient immenses. Je pourrais le raconter stersihon par stersihon tant il est encore présent dans ma mémoire. Je ne vais pas vous infliger la totalité de ma journée. Commencer à l’entraînement avec Meton est à mon avis largement suffisant.

Le matin, nous avons travaillé notre technique ensemble. À nous voir combattre, un observateur extérieur aurait pu considérer que le match n’était pas équitable. Et à ma grande honte, je dois avouer qu’il aurait eu raison. Avec les années, Meton était devenu bien meilleur que moi. Ces derniers siècles, j’avais privilégié les escortes de caravanes à l’entraînement. Le trajet que nous suivions se faisait à travers des terres civilisées, et si elles n’étaient pas exemptes de bandits, leur nombre n’était pas suffisant pour exercer ma pratique du combat. Tout le contraire de mon adversaire. Et sa technique utilisait à la fois sa force supérieure à la mienne tout autant que son habileté à l’épée, une arme que je maîtrisais depuis peu.

Un coup violent en pleine poitrine a mis fin à l'exercice. Je suis tombée assise, essayant de me souvenir comment on faisait pour respirer. Et sur le moment, ma mémoire était défaillante. Meton a enlevé son masque de protection.

— Ça va ? m'a-t-il demandé.

Vu son air inquiet, je devais sembler salement amochée. Le choc que j’avais reçu en plein sternum avait été très violent. Je lui ai fait un geste de la main destiné à le rassurer sur mon état, mais en fait je ne me sentais pas bien du tout. De fait, il ne m'a pas cru. Il s’accroupit à côté de moi.

— Montre-moi où tu as mal, m'a-t-il dit.

Il a essayé d’écarter mes vêtements. J'ai tenté de le repousser d’une petite tape sur le bras. Mais la douleur qui a irradié du bassin à l’épaule m’a incité à le laisser m’examiner. Il aurait pu profiter de la situation. Il ne l'a pas fait. Il était d’autant plus inquiet que c’était lui qui m’avait mise dans cet état-là. Ses attouchements ont été très cliniques, sans arrière-pensées. Pourtant je savais qu’il me désirait. Il avait assez souvent manifesté son intérêt pour mes charmes. Il faut dire que j’étais loin d’être un laideron. D’ailleurs, un peintre de Diacara une fois m'avait demandé de poser comme modèle. L’expérience s’était révélée ennuyeuse. Mais le tableau m’avait plu.

— Rien de cassé, a-t-il diagnostiqué, j’ai juste dû toucher un centre nerveux. Tu n’auras qu’un hématome. Un douzain, et ça sera guéri.

Il s'est relevé et m'a tendu une main que j’ai accepté avec reconnaissance. Me mettre debout a été douloureux. Mais une fois dans cette position, j’ai eu moins de mal à respirer. J’ai enfin pu enlever mon masque. J'ai inspiré à fond pour faire passer la douleur, constatant que Meton avait raison, elle était déjà en train de s’atténuer.

— Il semblerait que j’ai gagné, a dit Meton.

— Un coup de chance, normalement j’aurai dû gagner.

— Chance ou pas, j’ai gagné.

Je lui ai renvoyé un sourire, un rictus plutôt. Cette défaite avait de quoi m’empoisonner. Jamais Meton ne m’avait vaincu pendant l’entraînement. Et pour ce combat, j’avais proposé un peu inconsidérément, je m’en rendais alors compte, un enjeu : une caisse d’hydromel que je convoitais contre une nuit. Il fallait bien ça pour que Meton consentit à se séparer de son nectar. Et maintenant, j’allais devoir m’exécuter. Je pouvais lui faire confiance pour ne pas oublier. J’aurais dû me douter qu’avec une telle récompense à la clef, le jeune guerrier (il avait moins du cinquième de mon âge) allait se surpasser.

J’ai salué mon adversaire. Puis j’ai déposé mon épée dans son râtelier. Une chance que ce soit une arme d’entraînement en bois dépourvue de tranchant. Dans un vrai combat, je serai morte, le cœur transpercé. Mon partenaire m'a rejointe.

— Tu nous quittes déjà, m'a-t-il demandé.

— Je suis de repos.

— Quel dommage, moi qui envisageais avec plaisir de guerroyer encore avec toi.

— Tu guerroieras tout seul. Cet après-midi, je compte le passer sur la plage.

— Mais pourquoi ne prends-tu pas tes congés en même temps que nous ? Tu ne nous laisses aucune chance de te prouver que nous avons d’autres talents que l’épée.

— Pour que j’envisage d’utiliser tes talents un jour de mon plein gré, il faudra que tu saches te servir d’autre chose que de ça, dis-je en désignant l’épée qu’il tenait encore.

Je ne comprenais pas que les pentarques insistent tant pour que les guerriers apprennent à les manier en plus des armes traditionnelles. Nos lances à la pointe en pierre avaient prouvé leur efficacité. Non que je critiquais leur politique. Après tout, nous avions en quelque sorte victorieusement repoussé l’attaque des pirates, bien qu’un quart de la population de l’île soit à ce jour manquante, dont la pentarque Vespef. Mais des épées, d’authentiques armes de cuivre ou de bronze comme en avaient les soldats de l’empire Ocarian, autant rêver. Où la Pentarchie trouverait-elle les richesses pour se les procurer ? De plus, je doutais sérieusement que, dans le cas improbable où j’arriverais à en obtenir une, l’entraînement avec un fac-similé de bois, même lesté, m’ait donné la capacité de m’en servir. Et ce malgré la présence d’un instructeur mustulal qui maîtrisait son usage.

— J’ai une idée, je vais prendre aussi mon jour de repos et on ira à la plage ensemble. Je te montrerai ce que je sais faire.

— Meton, je vois ta tête tous les jours. Laisse-moi la possibilité de rencontrer d’autres personnes pendant mon temps libre.

Le soldat a pris un air penaud qui m’a arraché un sourire. J’ai été bien près de lui donner sur le champ une avance sur ses gains au combat. D’ailleurs, je me demandais pourquoi cette idée me déplaisait. Il était plutôt bel homme lui aussi. Il affichait de nombreuses conquêtes sur l’île et en dehors. Peut-être était-ce la façon dont il m’avait obtenu.

— On se voit demain alors, m'a-t-il demandé plein d’espoir.

— Hélas non. Je suis de garde sur l’îlot pendant un douzain.

— Aïe c’est dur ça.

— Je te crois.

En fait je n’étais pas du tout de cet avis. Pour beaucoup de guerriers, la période de garde sur l’îlot qui émergeait au milieu du gué qui reliait l’île au continent pouvait passer pour une corvée, mais pas pour moi. Pour une femme aussi courtisée que moi, c’était plutôt un moment de repos. J’en profitais pour écrire les chansons que j’interprétais lors des fêtes. Et puis en compagnie de la caisse d’hydromel que j’aurai dû gagner, le temps aurait semblé moins long. Enfin, j'escomptais qu’à mon retour, Meton ait oublié notre pari et son enjeu. Après tout j’étais belle, mais pas exceptionnelle. Il aurait vite fait de trouver des bras accueillants pendant ma période de garde. Et je soupçonnais que c’était le défi plus que la récompense qui l’avait incité à me combattre. Mais comme on dit, l’espoir fait vivre. J’ai déposé un baiser sur la joue du jeune guerrier avant de m’éloigner.

L’honnêteté m’oblige à avouer que j’avais une autre raison pour aimer les séjours sur cet îlot stérile, même si elle n’est pas à mon honneur. Depuis l’attaque pirate, les pêcheurs avaient reconstruit leur flotte. Elle n’avait toutefois pas encore retrouvé l’effectif qu’elle avait avant. Les portions de poisson étaient un peu limites. Côté végétal, les champs mettraient des mois avant de produire à nouveau céréales, tubercules et légumes. Notre nourriture était, depuis quelque temps, principalement constituée de champignons cultivés dans nos plus profonds souterrains. Et même eux étaient rationnés. Et après quelques douzains, je commençais à détester ces légumes tout en n’étant jamais rassasiée. Les guerriers qui rentraient possédaient toujours de quoi manger sur eux. Et si au cours de mes voyages j’ai rarement eu besoin de monnayer mes charmes contre de l’argent, ces derniers douzains, j’ai souvent accordé mes faveurs en échange d’une pièce de venaison ou pour un pain relativement frais.

Avant de me juger, n’oubliez pas qu’aujourd’hui vous vivez dans un pays riche où la nourriture abonde. Aucun de vous ne sait ce qu’on est prêt à faire lorsqu’on a faim. Et je vous souhaite de ne jamais le découvrir.

La ville de Neiso où j’habitais était, comme toutes les villes de l’Helaria, une cité troglodytique. Mon logement était situé non loin de la salle d’entraînement. C’était un appartement helarieal typique : une chambre creusée dans la paroi de la falaise, avec une fenêtre donnant sur l’océan au sud. En ces temps, nous possédions peu de verre et il n’était pas transparent. Dépourvue de vitre, elle pouvait cependant être bloquée par un lourd volet de bois pour me protéger des tempêtes. J’avais peu de meubles, juste un lit, un coffre pour ranger mes vêtements, peu nombreux au demeurant, et quelques étagères aux murs. Je passais ma vie sur les routes, je n’avais jamais vraiment personnalisé l’endroit, sauf pour l’éclairage. À chaque fois que je rentrais, les champignons luminescents qui remplissaient nos vasques d’éclairages étaient morts. J’avais fini par me fournir en chandelles. Ça éclairait moins bien, la lumière était vacillante, mais ça m’évitait de rester dans le noir chaque premier jour de mes retours. Une porte donnait vers la salle de bain, petite et sans luxe, mais avec un équipement fonctionnel. Vu la richesse en eau de l’île, pourquoi se priver ? Je me suis débarrassée de mes vêtements, les semant à tout vent et je me suis immergée jusqu’au nez. L’avantage de vivre sur un volcan éteint depuis peu est que les sources sont chaudes. La chaleur a détendu tous mes muscles noués par l’exercice.

Je ne suis pas restée longtemps dans l'eau. C’était mon après-midi de repos, j’avais envisagé d’aller le passer sur la plage pour nager, lézarder au soleil et aguicher quelques beaux mâles. Peut-être même irai-je jusqu'à en ramèner un avec moi pour la soirée. Et pourquoi pas Meton. Il n’était pas mal après tout. Je me suis arrêté devant un pan de mur qui avait été tant poli qu’il jouait le rôle d’un miroir. Je m’examinais dans les moindres détails.

J’étais une stoltzin d’âge moyen, de taille moyenne comme tous mes concitoyens, à la silhouette élancée. Mon métier de guerrière m’avait donné un corps tonique sans atténuer ma féminité. La pauvreté du royaume m’avait évité de grossir. À cela, s’ajoutaient un visage attrayant, des pommettes hautes, une bouche aux lèvres pleines et une chevelure dorée qui me descendait au milieu du dos. J’avais toutes les chances d’atteindre mon objectif pour la soirée. Seule fausse note, au milieu de la poitrine, un hématome douloureux marquait l’endroit où Meton m’avait touchée. J’allais devoir trouver un moyen de le cacher. Cela devrait pouvoir se faire avec un peu de fond de teint. Quoique ça pouvait être une bonne occasion pour me faire bichonner.

Je me suis habillée rapidement, une tenue décontractée, justaucorps et pantalon en silt, une étoffe grossière et résistante obtenue à partir de la paille des céréales. La Pentarchie était pauvre, le plus pauvre et le plus arriéré des royaumes d’Ectrasyc, elle ne pouvait pas se procurer mieux. Je me suis coiffée soigneusement puis je suis sortie.

Je n’avais pas fait une douzaine de pas dans le couloir que j’ai entendu quelqu’un courir derrière moi en m’appelant. Je me suis retournée. C’était un jeune homme, un apprenti certainement, mais je ne pouvais pas déterminer de quelle corporation, il n’en portait pas encore les symboles caractéristiques. Le garçon s’est arrêté essoufflé devant moi.

— Maîtresse Saalyn, a-t-il dit sur un ton interrogatif.

— Elle-même. Pourquoi ?

— J’ai un message pour vous. Vous devez aller voir Wotan à la Résidence.

— Un rendez-vous avec le pentarque seconde ? Mais pourquoi ?

— Je ne sais pas, il n’a pas dit.

— Et quand dois-je y aller ?

— Il a dit « séance tenante ».

— C’est mon jour de repos. Il ne peut pas me demander ça.

— Je ne crois pas que ce soit une bonne idée de lui désobéir.

Là, je ne pouvais qu’être d’accord. J’avais déjà assisté à une crise de colère de mon pentarque et je ne souhaitais plus jamais en voir une autre de toute ma vie. Seule Vespef savait le calmer. Et elle était toujours absente.

— Alors vous venez ?

J’ai réfléchi un instant. Pas à la réponse que j’allais faire. C’était évident, Wotan n’aurait jamais violé le caractère sacré d’un jour de repos si cela n’avait pas été important. Surtout que depuis l’attaque des pirates, leur nombre était passé de trois à un par douzain. Mais je me demandais ce qui pouvait motiver cet ordre. Ce n’était pas une nouvelle agression, sinon il ne m’aurait pas convoqué juste moi, mais il aurait sonné l’alarme. Sur un signe, le garçon s’est élancé et je l'ai suivi posément. Voyant qu’il me distançait, il a ralenti pour s’adapter à mon pas.

J’ai déjà dit que j’habitais Neiso, le seul village sur la côte sud d'Ystreka. En cet endroit, un grand renfoncement pénétrait les terres à la façon d’une flèche presque jusqu’au centre de l’île. La calanque, large et profonde, aurait fait un port idéal si la pentarchie avait possédé une flotte. Elle détenait bien trois navires confisqués aux pirates. Mais ils avaient été partiellement démontés pour en comprendre leur architecture. Neiso avait été creusée dans la falaise du côté est de la baie et s’étendait un peu sur sa face sud. Au sommet, sur le plateau qui occupait presque toute l’île, on voyait l’océan à perte de vue. Je savais que quelque part dans cette immensité se trouvait le continent de Shacand, mais j’aurais été bien en peine d’en donner la direction exacte.

Un objet mobile à la surface de l’eau a attiré ma curiosité. J'ai regardé plus attentivement. C’était un bateau, petit, de la taille d’une barque de pêche. Mais ce n’était pas un pêcheur que je voyais. Ça ressemblait plus à ces étranges engins à deux coques que Braton, un original qui vivait dans le village de Jimip, au nord de l’île, essayait de fabriquer. Cela faisait trente ans qu’il travaillait dessus. Il était souvent rentré au port à la nage. Mais celui que je voyais ne donnait pas l’impression de vouloir couler. Au contraire, il avait l’air de progresser plutôt bien. Aurait-il réussi ? Je l’espérais, cela ouvrirait des perspectives innombrables à la Pentarchie qui pourrait quitter son isolement pour intégrer le club des royaumes commerçants. La richesse était peut-être en vue.

Mon guide a dû exercer toute sa persuasion pour que je m’arrache à cette vision et le suive en direction de la Résidence. Cette partie de l’île était très boisée. Le long du ruisseau qui se jetait dans baie de Neiso, Muimoï était un village entouré de champs de céréales. Nous l’avons contourné jusqu’à un petit pont que nous avons traversé. Nous avons atteint ce qui s’apparentait le plus à une route, un chemin juste assez large pour que deux personnes puissent marcher de front. Puis nous avons obliqué vers l’est en direction du volcan éteint dont les souterrains abritaient la Résidence, siège du pouvoir.

Ystrkn, le châtiment. C’est ainsi que l’ancien peuple d’Honëga appelait cette île par le passé. Mais pour moi vivre ici n’était pas un châtiment. Bien au contraire. Bien que pauvres, les habitants n’étaient pas misérables. La nature généreuse, les eaux poissonneuses, le soleil, tout contribuait à faire de l’endroit un petit paradis. On ne pouvait que regretter que royaume soit si éloigné des centres culturels. Et surtout, la présence des pirates.

À l’entrée de la Résidence, un soldat faisait le planton. Quand il m'a vue, son visage s’est éclairé d’un sourire. C’était Jetro. Nous avons échangé les salutations d’usages entre amis. Je lui ai demandé des nouvelles de Calen. Mais mon jeune guide manifestait des signes d’impatience.

— Madame, a-t-il geint, maître Saalyn.

— Je dois y aller, ai-je dit, Wotan m’attend.

— Tu as raison, ne le fais pas attendre.

— Comment est-il aujourd’hui ?

— Il avait l’air calme ce matin. Il semblait même d’humeur joyeuse, voire taquin.

Rassurée sur ce point c’est le cœur plus léger que je me suis engagée dans le tunnel sombre, éclairé seulement par quelques globes lumineux.

Le pentarque seconde était dans son bureau de travail. C’était un homme petit et râblé, mais il ne manquait pas de charme cependant. Sombre de teint, il portait une barbe courte soigneusement taillée. Il n’arborait pas la tresse des guerriers comme son rang lui aurait donné droit, il préférait laisser ses cheveux flotter sur ses épaules. D’ailleurs, de moins en moins de guerriers portaient cette tresse, qui tombait en désuétude. Moi-même je ne me la faisais plus depuis presque un demi-siècle. Pour le moment, Wotan était inoccupé. La direction d’un État aussi petit que la Pentarchie ne prenait que peu de temps. Il était accoudé à la fenêtre, regardant la mer à l’est. Au loin, on distinguait le sommet de l’île voisine de Mustul qui émergeait de la brume. Si proche. Et pourtant si différente. Le Mustul contrairement à l’Helaria possédait une flotte de commerce qui la reliait aux plus grands royaumes de l’ouest. Malgré sa petite taille, c’était un pays riche, une puissance maritime sur laquelle ses voisins devaient compter. Mais ce n’étaient plus, comme autrefois, des guerriers. Pendant l’invasion des pirates, ils n’avaient pu que s’enfuir. Et maintenant, en prévision de leur retour, ils étaient venus chercher l’aide des Helariaseny.

J'ai toussé pour attirer son attention. Il s'est tourné vers moi.

Kelyätmetae le Saalyn, m'a-t-il salué.

Kelyätmetae le Wotan töditstek.

J'ai léger hoché la tête, mais ne me suis pas agenouillée. Certains royaumes avaient cet usage, mais pas l’Helaria. Les Helariaseny restaient debout devant leur roi. À proprement parler, nous n’avions plus de rois et les cinq pentarques étaient égaux en pouvoir ; mais l'habitude est restée d'utiliser les termes roi et royaume.

— Je te remercie d’être venue si vite. Je ne t’attendais pas si tôt.

— J’ai cru comprendre que c’était urgent.

— Pressé, tout au plus, mais pas urgent. Tresej a dû faire du zèle.

De la main, il m'a désigné un siège. Il s’est installé en face de moi. Comme d’habitude, il ne s’est pas assis, préférant s’appuyer sur le rebord de son bureau.

— As-tu une idée de la raison pour laquelle je t’ai convoquée ?

— Non aucune.

— Vraiment aucune ?

J'ai secoué la tête de dénégation.

— Il n’y a rien eu de frappant dans la vie du royaume dernièrement ?

— L’attaque pirate, ai-je répondu en hésitant.

— Ah. Tu as quand même remarqué ce détail. Et que penses-tu de la façon dont nous nous en sommes sortis ?

J'ai trouvé la réflexion de Wotan injuste. Depuis deux mois, je me dépensais sans compter pour préparer la Pentarchie à leur retour. Je ne ménageais pas mes efforts et ça m’avait valu une blessure et plus d’ecchymoses que je n’en avais récoltées au cours de toute une vie sur les routes.

— Pas trop mal, ai-je enfin répondu, nous avons été victorieux.

— Nous avons subi une défaite, a assené Wotan.

Il s'est levé et a parcouru la pièce de long en large.

— Une défaite ? me suis-je étonné. Mais on les a repoussés, on a tué un de leur chef, détruit une partie de leur flotte.

— Ces pirates étaient venus pour s’emparer d’esclaves. Ils sont repartis avec des esclaves. Ils ont atteint leur but. Nous n’avons fait que limiter les dégâts.

— Ils voulaient capturer toute notre population. Ils ont échoué.

— Va dire ça à ceux qu’ils ont emmenés. Ou à leur famille.

Il n’y avait rien à répondre à ça. Aussi je suis demeurée silencieuse.

— Ils ont enlevé un quart des nôtres. Ceux qui restent, ce n’est pas le peuple devant lequel j’ai prêté serment. Ce n’est qu’une partie de ce peuple.

— Du calme mon fils ! intervint un nouvel arrivant.

Une voix a brutalement interrompu la diatribe de Wotan. Je me suis retourné vers le nouveau venu. C’était Helaria, le père de Wotan. Le seul qui avait un jour porté le titre de roi dans le pays. Il s’est avancé et est allé s’asseoir sur le canapé défoncé qui occupait tout un mur. Les deux hommes ne se ressemblaient pas du tout. Ce qui était tout à fait normal, Wotan comme ses sœurs avaient été adoptés. Mais ils avaient malgré tout beaucoup de points communs. En particulier, l’énergie qui émanait d’eux. Helaria avait plus de mille sept cents ans, c’était le stoltz le plus vieux du monde, le plus vieux à avoir jamais vécu. Pourtant il ne donnait pas l’impression d’être proche de la fin de sa vie. C’était même un bien bel homme, et sa voix de basse, vibrante et sensuelle, déclenchait un raz de marée de sensations chez moi. Originaire de Mustul, il était grand et fort comme les habitants de ce pays, l’archétype du guerrier de légende. Si on lui confiait une épée, il saurait s’en servir. Pourtant il avait abdiqué, laissant le contrôle de son peuple à son fils et ses filles. Il n’avait pas gagné son dernier combat : la maladie de sa compagne qui avait fini par l’emporter dans la tombe. Plusieurs siècles après sa mort, il lui était toujours fidèle. Je ne dirais pas qu’il n’avait connu aucune aventure depuis, j’étais d’ailleurs bien placée pour le savoir. Mais il n’avait eu aucune liaison sérieuse, que des histoires sans lendemain.

En voyant son père, Wotan s'est dominé. Il est retourné s’asseoir sur l’angle de son bureau, en face de moi.

— Wotan, elle est consciente du problème. Mais elle le nie parce qu’il est intolérable. L’Helaria est dans une situation intolérable. Et nous devons la faire cesser immédiatement.

— Mais comment ? ai-je demandé.

— En allant rechercher ceux qui nous ont été enlevés.

La discussion devenait intéressante. Chercher ceux qui ont été enlevés. Une mission apparemment impossible. D’une part, la Pentarchie n’était pas assez puissante. D’autre part, les Helariaseny pouvaient avoir été vendu n’importe où, voire séparés en petits groupes et dispersés sur tout le continent. Mais la façon dont le patriarche disait cela semblait indiquer qu’ils avaient une solution. Comme aucun des deux ne semblait vouloir me la révéler, j’ai posé la question

— Comment allons-nous procéder ?

— J’ai créé une nouvelle corporation qui se chargera de cette mission, a dit Wotan.

— Une nouvelle corporation ? Cela fait des siècles qu’on en a pas créée.

— Jusqu’à présent le besoin ne s’en était pas fait sentir. En fait, j’en ai créé deux. Mais une seule te concerne. Je l’ai appelé : la corporation des Guerriers Libres.

— Ça sonne bien, mais quel sera son rôle exact ?

— Sa mission sera triple, a expliqué Helaria, elle devra chercher les esclaves helarieal partout dans le monde et les ramener parmi nous, elle devra poursuivre les criminels hors des frontières d’Helaria pour les conduire à leur jugement et elle devra aider les réfugiés qui voudraient nous rejoindre à accéder à notre territoire.

Les deux premiers points coulaient de source. Mais le dernier m’intriguait. Pourquoi favoriser l’immigration, notre population était petite, nous risquions d’être submergés par un afflux de réfugiés. Soudain j'ai compris.

— L’île que vous revendiquez à l’est. Il faut la peupler et nous ne sommes pas assez nombreux. L’Helaria n’est qu’un petit pays.

— Je t’avais dit qu’elle était intelligente, lança Wotan à son père.

— Tu as bien choisi en effet. Mais elle n’a pas encore tout compris.

— Qu’est-ce que je n’ai pas compris ?

— Je ne revendique pas une île dans l’est de l’archipel. Je revendique tout l’archipel.

— Tout l’archipel ! Sauf Mustul bien sûr.

— Y compris Mustul. Mais j’estime inutile de le leur annoncer dans l’immédiat.

Le sourire de Wotan n’était rien moins qu’engageant. Le royaume voisin était en grande partie responsable de l’arriération de l’Helaria. À cause de ça, Wotan ne leur ferait pas de cadeau.

— En quoi j’interviens là-dedans ? ai-je repris.

Wotan se pencha vers moi.

— Tu n’as pas deviné ? a-t-il demandé.

J'ai secoué la tête, par réflexe parce que je ne voyais qu’une possibilité à ce rendez-vous.

— Tu es maintenant membre des Guerriers Libres.

— Qui d’autre en fait partie ?

— Pour le moment, tu es la seule.

Je suis restée sans voix. Une nouvelle corporation et c’est moi qu’on choisissait pour la créer. Cela n’avait pas sens. Je l’ai exprimé.

— Mais, je ne suis pas le meilleur guerrier. J’ai un bon niveau, mais j’en connais de biens meilleurs.

— Mais ce n’est pas de cela dont nous avons besoin pour cette mission.

— Je ne comprends pas.

— Tu l’as dit toi-même. Nous sommes un petit pays. Si nous affrontons nos adversaires de face, nous allons à la catastrophe. Il nous faut une personne rusée, débrouillarde et capable de tirer le meilleur parti des éléments qu’elle possède. Quelqu'un comme toi.

— Comme moi ?

— L’Helaria est un petit État. Je connais quasiment tout le monde. J’ai étudié plusieurs candidats et je pense que tu es celle qui convient le mieux.

— Si Wotan t’a suivie l’année dernière, continua Helaria, ce n’est pas parce qu’il voulait voir du pays, c’est parce qu’il voulait t’observer pendant tes missions. Voir comment tu te comportais dans diverses situations.

Je me souvenais de cette mission. Je la commandais. Nous étions les seuls deux Helariaseny et donc seule je savais qui il était réellement. Avoir son propre pentarque à la fois comme compagnon d’armes et sous ses ordres avait été particulièrement stressant. Au début, j’avais hâte qu'elle se termine. Pourtant, il n’avait jamais fait valoir son rang à aucun moment, se révélant un guerrier efficace et discipliné. En fait, il m’a même surpris. Si le voyage a été relativement tranquille, il n’avait pas échappé aux habituelles bagarres de bar. J’avais découvert à l’occasion qu’il savait se battre. Et plutôt bien. À la fin, j’appréciais de l’avoir pour couvrir mon dos.

— Tu réussis toujours à te débarrasser de tes adversaires quasiment sans les affronter. Tu sais exploiter toutes les armes que la nature t’a données pour gagner, a repris Wotan. Et pas uniquement au combat. En plus, tu es très intelligente, tu peux tirer des conclusions justes à partir de peu d’informations. C’est exactement ça qu’il me faut.

— Sans compter que tu es prête à n’importe quoi pour atteindre ton objectif, a enchaîné Helaria. Grace à quoi tu es la seule à manger presque correctement sur cette île.

J'ai rougi, vu la façon, vieille comme le monde, dont je me procurais ma nourriture. On ne pouvait décidément rien leur cacher. Mais le sourire des deux hommes montrait qu’ils ne m’en tenaient pas griefs. Au contraire, cela ajoutait à mes qualités à leurs yeux. Si j’étais prête à donner mon corps pour une portion de viande, que pourrai-je sacrifier pour mon pays.

— Il y a également autre chose, a repris Wotan, tu sais que nous sommes télépathes mes sœurs et moi.

— Comme tout le monde, ai-je répondu.

— Mais il y a des limitations. Les communications entre nous n’encourent aucune contrainte tant que l’on dispose d’assez d’énergie. Je peux parler à tout moment avec mes sœurs. Mais dès qu’on sort de la famille, ça change. Pour que j’établisse un lien, la personne doit se trouver dans mon champ de vision, ou dans le champ de vision d’une personne avec qui j’ai déjà créé un lien.

— Et alors ? Mais attends, vous m’avez déjà contacté quand j’étais en déplacement, Wuq et toi. Je n’étais pas dans ton champ de vision puisque nous étions séparés de plusieurs centaines de longes.

— C’est exact, parce que tu es ce que j’ai appelé une sensitive.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Une fois que j’ai établi un lien avec toi, il devient permanent. Même si tu es à des milliers de longes de moi. Même si tu dors, il persiste. Seule la mort peut le briser.

— C’est pratique en effet. Je pourrais vous contacter à tout moment pour bénéficier de vos conseils, appeler à l’aide, ou faire mes rapports. Les possibilités paraissent immenses. Mais pourquoi m’avoir choisi comme sensitif ?

— On ne fait pas les sensitifs, a expliqué Helaria, on l'est ou on ne l’est pas. Point. Et tu es la seule en Helaria dans cette génération. Même moi je ne le suis pas. Et pourtant, je vis en sa compagnie depuis plus de mille cinq cents ans.

— La seule, répondis-je au comble de l’étonnement.

— Les sensitifs sont très rares, a repris Wotan, on en compte que deux en Helaria. Mais le deuxième est encore un gamin même pas pubère.

— Quel gamin ?

— Tresej qui t’a conduit ici.

Voilà qui expliquait bien des choses. Pourquoi ils m'avaient choisie. Et de quel maître dépendait mon guide de tout à l’heure. Cependant, je n’y croyais toujours pas. Je levais une dernière objection.

— Une corporation avec une seule personne, ça n’existe pas. Elle a besoin de maîtres, d'artisans, d'apprentis et d'un archonte.

— Naturellement, tu intègres les Guerriers Libres avec rang de maître. Bien que l’appartenance à deux corporations ne soit pas interdite, ni même rare, je te demanderai de renoncer à celle des guerriers. Je veux que tu ne dépendes que d’un seul archonte. Pour l’archonte, on ne va pas te nommer à ce poste administratif alors que ce sont tes talents sur le terrain qui nous intéressent. En attendant que l’effectif devienne plus conséquent, Helaria tiendra ce rôle. Il a une grande expérience du monde extérieur et comme il est toujours près de moi je pourrais vous lier à tout moment. Quand vous serez assez nombreux, vous élirez votre archonte. Quant aux artisans et aux apprentis, tu es maître, c’est à toi de les désigner.

Je réfléchissais à la proposition. Moi qui trouvais la vie dans l’île ennuyeuse au point de participer à la moindre expédition qui se présentait, j’allais être servie. J’allais en voir du pays. Wotan finit par reprendre.

— Naturellement, tu disposeras de tout le nécessaire accomplir ta mission. Le matériel le plus moderne et un droit de réquisition sur tout ce dont tu as besoin. Tu pourras monnayer tes talents dans des affaires annexes. Dans un premier temps, c’est ce que tu devras faire d’ailleurs. Nous ne sommes pas riches, nous aurons du mal à te financer.

— Des affaires annexes ?

— Escortes, recherche de personnes disparues, transport de messages, ce genre de choses, a expliqué Helaria. Tant qu’elles n’entrent pas en conflit avec ta mission et les lois des endroits où tu opères. Et à partir de maintenant, il n'est plus question que tu monnayes tes charmes pour une portion de viande. Je veux que tu exiges au moins la bête entière.

Le message était passé. Même présenté avec humour, ce n’en était pas moins une rebuffade. Je jugeai plus prudent de ramener la discussion sur les rails.

— Et le matériel ? ai-je repris.

— Braton a réussi à mettre au point ses bateaux. D’ailleurs je l’ai nommé archonte de la Bibliothèque. C’est une nouvelle corporation localisée à Jimip dont le but est de faire progresser nos connaissances pour devenir le meilleur en tout.

Le visage de Wotan traduisait sa fierté. Il pouvait. Après tout, c’est lui qui avait découvert le potentiel du jeune homme alors qu’il n’était encore qu’un enfant et lui avait permis de s’exprimer.

— Il a construit plusieurs petits bateaux et travaille sur un grand. L’un d’eux sera pour toi.

Un bateau. Je n’en revenais pas. C’était certainement ce que la Pentarchie avait de plus précieux, et Wotan me le confiait.

— Je disposerai vraiment d'un bateau ?

— Entre autres.

— Entre autres ? Quel autre matériel m’avez-vous attribué ?

Pour toute réponse, Wotan a rapproché la boîte posée sur son bureau et a tourné la fermeture vers moi. C’était une boîte étrange, beaucoup plus longue que large et peu épaisse. L'artisan qui l'avait fabriquée avait soigneusement poli et verni le bois, mettant ses veines en valeur, mais elle n’avait pas de décoration. D’un geste, Wotan m’invita à l’ouvrir.

J’ai hésité. Puis je me suis décidée et j’ai fait sauter le fermoir. J’ai soulevé le couvercle et je suis restée bouche bée. J’étais incapable de prononcer un mot tant la surprise était énorme. J’ai mis un long moment, très long avant d’oser sortir l’objet de son écrin.

C’était une épée. Une véritable épée en bronze qui étincelait de mille feux. Elle était superbe, avec une lame longue et fine. Effilée comme une dent de requin, elle semblait plus tranchante qu’un rasoir. J’ai examiné les symboles qui y étaient gravés en caractères ocarianal, l’alphabet helarieal à base de perles colorées ne se prêtait pas pour ce genre de travail : « Un Helariasen ne s’agenouille jamais, fût-ce devant son roi », la devise de l’Helaria. La poignée était enveloppée dans du cuir pour lui donner une prise en main confortable. Et sur le pommeau, l’artiste avait mêlé la figure animale et végétale de la pentarchie en dessinant une licorne tenant une branche de laurier dans la gueule. Seuls les Bawcks pouvaient créer un tel objet. Aucune de leurs tribus n’était installée à proximité, il avait fallu le faire venir de loin. Cela avait dû coûter cher. Sans compter qu’il était personnalisé, les pentarques ne l’avaient pas acheté dans une armurerie. Ils l’avaient commandée directement auprès des forgerons.

Je brandis l’arme et m’essayais à quelques passes. Elle était lourde, mais pas autant que je l’avais craint. Qu’importe, quel que soit son poids, je saurais m’en servir. Je me musclerais jusqu’à pouvoir la tenir sans fatigue. J’admirais l’épée, mon épée, caressant le métal brillant puis je l'ai reposée dans son coffret. Un dernier coup d’œil avant de le refermer.

Je me tournais vers les deux maîtres de l’Helaria, l’ancien et l’actuel.

— Seigneurs, ai-je dit, je ne vous décevrai pas. J’accomplirai ma tâche et délivrerai tous les esclaves helarieal.

— J’espérai une telle réponse, a dit Wotan.

— Mais seule, je n’y arriverai jamais. C’est une véritable mission impossible que vous me demandez. Il me faudrait du monde.

— J’ai conscience que seule tu ne pourras pas y arriver, a remarqué Wotan. Nous allons former d’autres équipes. Tu es seulement la première pierre de l’édifice. Mais à mesure que tu nous enverras du monde et que l’armée se développera, nous transférerons une partie des effectifs aux guerriers libres. Un jour viendra où ils constitueront une force avec laquelle il faudra compter. À partir de maintenant, les pirates vont comprendre que ce n’est pas parce qu’un raid a réussi qu’ils seront à l’abri pour autant. Ils seront traqués jusque chez eux et nous ne renoncerons jamais.

— Ma première mission sera de retrouver le pentarque Vespef et de la ramener, promis-je.

— Ta première mission sera de ramener ce que tu pourras, tempéra Wotan, ne te focalise pas sur Vespef. Un jour, elle trouvera une gemme et nous contactera. Alors nous aviserons. D’ici là, ne perds pas de temps à la chercher. Si tu relèves une piste, suis là, mais autrement, passe à autre chose.

Tout le monde en entendant ça aurait pu penser que Wotan n’aimait pas sa sœur. En réalité, il l’adorait. Ils étaient aussi proches que les jumelles entre elles. Je savais ce qu’il lui en coûtait de dire ça. Mais il était réaliste. On ignorait tout des pirates, leur refuge, leurs points de vente, leur nom même. On n’avait actuellement aucun moyen de la retrouver. Tiens au fait, les jumelles. Depuis que Muy était sur la voie de la guérison, on ne voyait plus Wuq. Elle passait tout son temps avec sa sœur. Elle avait cru la perdre et ne voulait plus la quitter.

Helaria posa trois verres et une bouteille d’hydromel sur le bureau. Il servit chacun d’eux pour porter un toast.

— Aux guerriers libres, a-t-il dit.

— À Saalyn, a ajouté Wotan.

— À l’Helaria, ai-je complété.

En buvant, je pensais que l’Helaria avait fini de dormir. Il était en train de se réveiller. Maintenant, la vie allait enfin devenir intéressante.

Neiso, le 18 ydomoï 1532

Saalyn, troisième archonte des guerriers libres.

PS : Et mon pari avec Meton, vous demanderez-vous ? En fait, il s’agit de ma vie privée et cela ne vous regarde pas. Je peux quand même vous dire qu’en homme d’honneur, jamais il n'a reclamé son dû. Mais sa récompense a été à la hauteur de son attente.

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