Prologue

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Cette nuit est particulièrement froide. Le givre recouvre les fenêtres d'une fine couche de glace. Les femmes de chambre s'activent à alimenter le feu de la cheminée de la pièce.

Je regarde derrière moi et aperçois mon fils dans l'encadrement de la porte avec son doudou lapin. Je fais quelques pas pour m'avancer vers lui.

- Ne t'inquiète pas retourne te coucher mon poussin, tout va bien.

Je demande expressément à l'une des femmes de chambre de raccompagner mon fils dans son lit.

Les sages-femmes s'activent à préparer ma femme pour la venue de notre deuxième enfant.

Les quatre grands mages sont aussi présents. La naissance d'un enfant de sang royal est un grand événement.

Ce soir est une nuit assez particulière, c'est une pleine lune.

Dans notre monde, les pleines lunes sont rares par rapport au monde des humains. Il en arrive rarement et aléatoirement.

Dans les textes anciens, il est écrit quand un enfant de la lune naît, il devient un puissant sorcier. Néanmoins pas indestructible, mais dangereux s'il ne maîtrise pas ses pouvoirs et que quelqu'un de mauvais pouvait trouver le moyen de s'en emparer. Nous n'avons jamais eu de références à ce sujet. Rien n'est écrit de plus. Les mages pensent que les enfants de la lune ont été tués à la naissance.

Les cris de ma femme se sont de plus en plus rapprochés, la naissance est presque imminente. Les sages-femmes me disent que c'est juste une question de quelques minutes.

Je sors de la chambre, il faut que je prenne une décision.

Accoudé à la balustrade du balcon en pierre blanche, j'observe les étoiles, qui sont plus étincelantes que jamais. La pleine lune est aussi bien présente.

Je tourne et retourne la situation dans tous les sens, il est improbable pour moi de tuer un enfant. De tuer mon propre enfant.

Dans les deux sens, cela parait purement égoïste. Sacrifier un petit être innocent pour le bien de notre monde. Ou bien alors, laisser ce petit être vivre au détriment de ce qu'il pourrait se passer.

Les mages, mes fidèles conseillers, sont dubitatifs. Ils ont été pris de court, car aucune de leur vision n'a permis de savoir ce qui allait se produire ce soir.

D'ailleurs la grossesse de la Reine a été énigmatique pendant ces neuf derniers mois, ils n'ont pas été dans la capacité de prédire si cela serait une fille ou un garçon. Ni le jour exact de l'accouchement. Jamais les mages, ont été dans tel flou.

Ce n'est que quelques heures à peine avant la fin de la journée, que la pleine lune a fait son apparition et que le travail a commencé.

Ils se sont enfermés dans les archives pour y trouver des réponses, mais en vain. Leurs recherches furent peu fructueuses. Juste un petit texte s'y trouvait, n'expliquant que trop peu le phénomène.

- Mon roi, l'enfant est né, me dit une petite voix à peine audible.

Sans un mot, je suis la servante, jusqu'à ma femme.

Les quatre mages silencieux forment un demi-cercle autour du lit quand je m'y approche.

Je rejoins Mathilde qui est allongée sur le lit avec l'enfant dans ses bras. Ses yeux sont cernés, mais ils pétillent de bonheur. Pourtant, l'ambiance est anxiogène dans la pièce, sauf elle. Elle n'a pas l'air de le remarquer. J'ai donné l'ordre de ne pas l'inquiéter. Je voulais que le travail se passe dans les meilleures conditions possible. Le sourire aux lèvres, je me penche vers elle et l'embrasse sur la tempe. Elle me tend ce bambin emmailloté dans son lange, avec ce mini rictus de fierté au coin de la lèvre. Le deuxième fruit de notre amour a pointé le bout de nez. Il gigote tellement qu'il réussit à sortir ses minus bras à l'extérieur du linge.

Une chose m'interpelle sur son poignet droit s'y trouve une demi-lune avec une étoile. Puis l'étoile disparaît, mais la lune reste comme un tatouage encrée dans sa peau.

Sous l'incompréhension, d'un regard, je demande aux mages que cela signifie. Ils me répondent juste d'un hochement d'épaule en signe de méconnaissance.

Je contemple plus attentivement ma chair et mon sang. Ce bébé est si beau, avec ses petites joues roses potelées et ses yeux grands ouverts qui m'observent comme si j'étais la septième merveille du monde.

Doux enfant, à peine, tu fais partie de ce monde que ton avenir est incertain.

- C'est une fille, annonce ma bien-aimée d'une voix si douce. Elle s'appelle Lucie.

Je ne peux m'y résoudre. Mon choix est fait.

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