Chapitre XVII

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L’après-midi, c’est séance jardinage et Harmonie se débrouille à merveille. Elle est admirative de tout, les pommes de pins minuscules, la bruyère, le myrte, l’eucalyptus, les arbousiers, les cigales, toutes les senteurs de la Corse, du maquis lointain, réunis sur ma propriété.

- C’est surprenant, je sens l'odeur de la mer d’ici, dit-elle radieuse.

C’est vrai que l’atmosphère a ce petit relent bien particulier, à peine humide, qui rend la chaleur très supportable. D’ici, on ne voit pas la Méditerranée mais on devine partout sa présence.

D’une seule main, Harmonie arrache les mauvaises herbes qui ont échappé à la vigilance du jardinier. Elle a délaissé sa petite robe noire et elle s’affaire maintenant en petite culotte. J’adore. Je la regarde pour ne pas dire que je la dévore des yeux. Ce corps presque nu, qui se baisse, se relève, se penche m’offrant ainsi toutes les facettes de sa féminité avec une agilité surprenante. Je suis fasciné par sa poitrine qui accompagne généreusement tous les mouvements.

- Ben tu fais quoi ?

- Je te regarde... Tu es belle.

- Et c’est tout ?

- Bon, désirable aussi.

- Ah, c’est déjà mieux mais si ça t’empêche de travailler je peux remettre ma robe.

Pour un appel du pied, c’est plutôt mal engagé. Je m’en retourne à mes broussailles, déçu, tout en gardant un œil attentif à cette féminité troublante qui déambule insidieusement sur mon terrain, dans des positions on ne peut plus affriolantes.

Harmonie s’est éclipsée depuis peu, chassée par les moustiques friands de la blancheur de sa peau qui ne demande qu'à s’émanciper. Je la retrouve derrière la maison, le tuyau d’arrosage à la main. C’est fou comment elle s’habitue à la vie citadine. Je n’ai besoin de ne rien dire, de ne rien faire, elle gère toute seule, avec une bonne humeur si attachante qu’on n’a aucune envie d’aller la lui déloger. Pourtant, j’aurai dû m’en douter. Le danger à porté de lance, je me suis fais saucer avec un rire monumental, celui d’une petite fille hilare, radieuse devant sa mesquinerie et bien évidemment, ça s’est mal terminé. Les représailles se devaient d’être à la hauteur de l’ignominie.

- Arrête Patrick, mes chaussures vont être toutes mouillées et j’en ai besoin pour ce soir s’écrit-elle en riant aux éclats.

- Ok, je te laisse deux minutes pour les retirer, pas une de plus.

Certes, le combat fut inégal. Avec son bras en écharpe, Harmonie n’avait pas toute sa dextérité mais même d’une seule main, elle fût redoutable. Une adorable féline, prête à tout sacrifier pour la bonne cause et c’est dans mes bras qu’elle s’est retrouvée au bord de la piscine, une tigresse à peine effarouchée, du bonheur et de la joie plein les yeux, heureuse comme jamais. Sans son plâtre, nul doute qu’elle serait passée au bain. Il a fallu composer bien à regret. Alors, je me suis assis à côté d’elle, les pieds dans l’eau, barbotant joyeusement comme des enfants insouciants. Sans rien dire, elle a posé sa tête sur mon épaule en me caressant la nuque et les cheveux de sa seule main valide. Nous sommes restés comme cela un bon moment, immobiles, l’un à côté de l’autre, en nous délectant juste de notre présence.

- Tu sais Patrick, lorsque je suis rentrée toute seule du marché, sur le chemin j’étais si émue que j’ai fini par pleurer, comme un idiote.

- Pourquoi tu étais émue, ma chérie ?

- C’est con mais juste l’idée de me dire que je rentrais à la maison, que j’avais maintenant un chez moi aussi quelque part, que quelqu’un m’attendait...Tu ne peux pas savoir l’effet de ouf que ça fait. C’était énorme… Tu ne me laisseras pas tomber quand tu repartiras, dis-moi ?

Il y a dans sa voix un tel désarroi, un cri de détresse d’une telle force qu’il est impossible de ne pas l’entendre. C’est vrai que je n’ai pas pensé à regarder l’avenir, me contentant de vivre égoïstement le moment présent. D’ailleurs pour moi, rien de compliqué, le chemin est tout tracé. Ce sera la reprise de mon activité, le train train quotidien, les courses le samedi matin, la télé le soir, prendre un verre avec les amis, chez moi ou chez eux, enfin ceux qui me resteront fidèles suite à ma séparation avec Elena, un bowling de temps en temps, un resto, un ciné, quelques promenades sur la plage et un peu de footing pour maintenir la forme.

Je réalise qu’Harmonie devra s’intégrer dans ce paysage, le modeler à sa façon aussi avec ses propres envies et c’est tout aussi vrai que je n’ai pas pensé une seule seconde à lui en faire part. Je comprends ses craintes, je comprends ses attentes aussi. Évidemment j’ai été sot, toujours trop égocentrique pour n’avoir pas eu la présence d’esprit de lui en parler avant, juste pour la rassurer. Elena me l’avait reproché ouvertement et maintenant que j’y pense, elle avait raison.

- Non, pourquoi veux-tu que je te laisse tomber ?

- Oh ! Tu sais, dans ma vie, je n’ai jamais eut beaucoup de chance. Et lorsqu’elle pointait faiblement son nez, c’était juste pour me faire savoir qu’elle existait avant de me renvoyer sans ménagement dans ma galère, et ça fait encore plus mal. Alors maintenant qu’elle est là et qu’elle semble vouloir s’accrocher, j’ai tellement peur qu’elle s’enfuit…

- Ma chérie, la chance n’a rien à voir la dedans et tu n’as rien à craindre, je t’emmènerai la-haut avec moi, c’est évident. Ce sera une autre vie, différente d’ici évidemment, le soleil en moins. Je voudrai que tu saches que quand tu n’es pas là, tu me manques. Lorsque tu es là, tu m’amuses et j’adore. Et même si on fait rien, le simple fait que tu sois là, ici, me comble de bonheur. Avec toi, je suis heureux. Je vois la vie différemment et ça n’a rien à voir avec ce que j’ai connu auparavant. Moi j’appellerai ça plutôt de l’amour et ça me va bien parce que je t’aime.

- Oui mais peut-être que ce soir tu ne vas pas apprécier ? Je suis excitée comme une puce et en même temps j’ai peur, si peur de te décevoir que j’en ai déjà la boule au ventre. Peut-être que je n’aurais pas dû ?

- Tu as fais ce qui tu avais envie et tu as réussi. Alors, qu’est-ce que tu veux de plus ?

- Mais maintenant, j’ai une trouille bleue, celle de ne pas être à la hauteur. Ça fait longtemps, très longtemps que je n’ai pas...

- Vous êtes vraiment bizarres vous les femmes. Tu voulais que je te fasse confiance et maintenant que je te fais confiance, tu doutes. Rassure-toi Harmonie, je ne sais pas ce que tu complotes mais je voudrai que tu saches que je suis avec toi. On est ensemble. On est tous les deux.

- Oui mais ce soir, je serai toute seule…enfin presque, alors j’appréhende.

- Toute seule ?

- Je ne veux pas t’en dire davantage pour l’instant. Ah si, j’ai aussi invité Christelle.

- °° -

Au café de la place, une petite brasserie sans grande envergure avec une terrasse d’une grande simplicité, il y a déjà du monde attablé lorsque nous arrivons main dans la main. Le patron, José, nous accueille, masque sous le menton vu la chaleur, avec un énorme sourire qui me rend fou de jalousie, étant pour l’essentiel destiné à ma jolie compagne.

- Harmonie, je t’ai réservée la meilleure table, sur le devant de la scène. Ça ira ?

- Oui, très bien José. Merci.

Je suis ahuri. Elle connaît le patron et c’est réciproque. Je tombe des nues. Ma chérie affiche un air décontracté mais je sais qu’elle est angoissée. Je le vois dans ses yeux. Même pas le temps de poser les questions qui me brûlent la langue que Christelle arrive elle aussi. Elle est magnifique avec son short raz les fesses, son chemisier déboutonné sur une large partie de sa poitrine, ne cachant que l’essentiel, sa peau toute bronzée et ses cheveux qu’elle a remontés en un vague chignon. Avant de s’asseoir, elle fait un signe de la main à José qui lui répond par un bonjour tonitruant et le même sourire admiratif qu’il avait accordé précédemment à ma chérie en lorgnant discrètement dans son décolleté. Je suis rassuré. José aime les jolies filles, toutes les jolies filles.

- Ça va aller Harmonie ? Demande Christelle

- Chut ! Il ne sait pas.

Christelle se tourne vers moi, le regard contrit.

- Pas de chance Patrick, vous allez rester en dehors du secret encore un petit moment.

Je tente de la soudoyer discrètement sans grande conviction et vu la complicité des deux femmes, je sais que je n’aurais aucune faveur. Sur l’estrade, juste en face de nous, des musiciens s’évertuent devant quelques notes de musique que personne n’entend compte tenu du brouhaha général. Ici, ça cause fort et l’apéritif aidant les voix vont crescendo. La patronne a fait son apparition. Toute guillerette, elle se dirige vers nous et nous passons commande ; une bière pour Harmonie, une gentiane pour Christelle et une anisette pour moi. Il reste encore quelques tables désertes autour de nous et tous les masques sont tombés. Harmonie me jette un regard inquiet. Je devine que la tension monte dans son petit corps tout frêle. Christelle qui a elle aussi saisi l’angoisse de la situation, tente de détendre l’atmosphère. On rit des plaisanteries qu’elle aligne sans s’arrêter mais Harmonie est ailleurs. Je le sens, je le sais. Je commence à la connaître et ses yeux trahissent une agitation intérieure intense. Je pose une main sur la sienne. Elle est toute moite.

La musique s’arrête et les musiciens en profitent pour se désaltérer. Ma chérie lâche ma main, se lève et se dirige vers eux. Elle se hisse sur la scène et les discussions vont bon train. Je n’entends pas ce qui se dit. Je regarde Christelle d’un œil interrogateur et elle me répond par un sourire muet qui se veut rassurant.

Je crois que je commence à comprendre.

- Qu’est-ce qu’elle va faire ? Elle va chanter ?

- Possible Patrick. Je vous trouve bien curieux d’un seul coup !

- Tu peux peut-être me tutoyer.

- Je n'osais pas... Tu n’as plus longtemps à attendre maintenant.

- Oui mais je meurs d’envie de savoir.

- Encore un petit peu de patience Patrick. Ça va venir.

Christelle se lève à son tour et vient à mes côtés, occuper la place libérée par Harmonie.

- Ce sera mieux que de tourner le dos à l’estrade.

Harmonie est toujours en grande discussion avec les musiciens. Ça rigole, ça complote et personne ne fait attention à eux si ce n’est Christelle et moi, attentifs au moindre détail. Ma chérie semble plus détendue, presque à l’aise. La tension est passée de mon côté et c’est mes mains qui ont pris de la moiteur. Christelle me chuchote à l’oreille.

- Tiens toi bien, ça va commencer.

Notre commande arrive ; deux verres. J’allais protester lorsque José revient précipitamment du comptoir avec une grande bière, mousseuse à souhait, qu’il dépose sur l’estrade. Harmonie lui rend un sourire plein de reconnaissance. Elle se lève. Elle prend une gorgée du précieux liquide ambré, saisit le micro, tapote l’extrémité et le bruit de ses doigts raisonne partout sur la terrasse. Les musiciens ont regagné leurs instruments et c’est le silence. Les regards sont de connivence et d’un signe de la tête, ma petite chérie s’adresse à l’assistance.

- Bonjour. Je m’appelle Harmonie et je vais vous accompagner quelques instants ce soir.

Les clients se sont tus. Les notes de musiques s’envolent dans l’air ambiant et Harmonie, le micro en main, debout sur la scène, avec ses bottines de marche, sa petite robe fleurie achetée le matin même et sa tignasse rosée, entame ‘les amants d’un jour’.

Je suis stupéfait. Ébahi, d’abord par la voix magistrale, claire et d’une précision exceptionnelle puis je suis saisi par la détermination qu’elle affiche sur scène. Ce n’est plus Harmonie mais le diable en personne qui gesticule avec grâce du haut de l’estrade, un bras dans le plâtre. Je suis admiratif. Fier. Fabuleusement fier de ce petit bout de femme qui est mienne et qui me fait ériger tous les poils de mes bras par l’émotion qu’elle dégage. J’en ai les larmes aux yeux.

Harmonie est dans son élément. Elle nage sur la scène comme un poisson dans l’océan. Elle, ce petit bout de femme si fragile, si réservée aussi parfois, voilà qu’elle se lâche, qu’elle se libère de ses chaînes. Ses chansons, elle ne les chante pas, elle les vit et lorsqu’elle enchaîne sur ‘L’homme à la moto’, c’est sous une ovation d’applaudissements. La petite ville d’Aléria est sens dessus, sens dessous. Un regroupement s’est formé et il n’y a plus assez de tables pour accueillir la foule. José est lui aussi submergé. Il ne sait plus où donner de la tête d’autant qu’Harmonie à un registre relativement large, surtout axé sur les années quatre-vingts, quatre-vingt-dix. Les musiciens sont rouges d’excitation. Parfois on remarque une note bizarre suivi d’une grimace imperceptible, un problème de synchronisation vite rétabli mais sur les visages de tous, c’est le bonheur qui s’affiche, celui de jouer, celui de chanter, celui d'écouter et ce bonheur passe à travers la foule pour mieux ressurgir dans les applaudissements.

Christelle s’est levée pour battre des mains en cadence, balancer son fessier admirable au rythme des basses, abandonnant son corps tout entier à la musique. Je l’accompagne un peu maladroitement, un peu gauche mais oh combien admiratif.

Pour la première fois depuis qu’elle est sur scène, Harmonie ose lever les yeux dans ma direction. Nos regards se croisent et ce que je peux y lire est d’une beauté remarquable, exceptionnelle. Il n’y a pas que la joie, la fierté d’avoir réussi son challenge. Elle est admirative, surprise elle même de sa prestation, de l’engouement qu’elle a suscité, de l’effervescence de la foule qui l’acclame ouvertement en toute simplicité et en redemande. Elle est épuisée aussi et je remarque derrière sa satisfaction, un voile de détresse. Je la sens presque prête à s’écrouler. Pourtant, courageuse elle rassemble ses dernières forces. Un regard complice vers les musiciens, la sueur perlant sur son front, elle se saisit du micro de sa seule main valide et lorsque les premières notes de musique crèvent l’atmosphère, son corps s’ensorcelle. Je suis inquiet pour elle. Christelle me regarde avec insistance. Elle a perçu elle aussi la faiblesse d’Harmonie. Nous sommes deux maintenant à trembler pour elle et c’est super angoissant. Je reconnais ‘La Isla Bonita’, du Madonna pur souche, elle est folle, sensuellement folle et malgré la fatigue elle est délicieusement désirable, son corps, sa voix, toutes ses expressions qu’elle a volées à l’artiste. Trop belle, trop désirable, trop géniale dans son interprétation. Pourvu qu’elle tienne. Pourvu qu’elle ne s’écroule pas. La foule s’est levée et quelques couples se sont mis à danser sur la petite place, entre les tables. C’est magnifique, c’est extraordinaire. Je crois qu’elle ne pouvait pas rêver mieux.

- Je la sens capable de jeter elle aussi sa petite culotte me chuchote Christelle avec un air espiègle.

- Ça m’étonnerait, elle n’en a pas.

- Déconne ?

J’ai scotché Christelle qui me dévisage avec des yeux semi outrés et ça m’amuse beaucoup. Un torrent d’acclamations déferle sur la terrasse bondée. Harmonie est subjuguée. Elle salue l’assistance accompagnée des musiciens tous en rang d’oignons, sous une ovation gigantesque. Je la sens prête à vaciller. Je me précipite sur l’estrade pour la prendre délicatement dans mes bras et avant que je puisse l’enlever, elle m’embrasse passionnément sur la scène ce qui a le don de faire redoubler les applaudissements.

Son corps s’est liquéfié au contact de ma chemise, trempée sur le visage, ruisselante dans ses cheveux, mais toujours aussi magnifique.

- C’était trop dur à la fin. J’ai cru que je n’allais pas tenir jusqu’au bout. Tu as aimé ?

- J’ai adoré Harmonie. Ta voix, l’occupation de l’espace sur la scène, ton déhanché, ta gestuelle, tout était parfait ; une véritable artiste d’ailleurs les clients ne se sont pas trompés. Tu as mis le feu dans la brasserie.

- Je suis trop contente. Je t’aime.

A table, José vient nous rejoindre avec un sourire gigantesque. Il s’assoit à côté de Christelle, face à Harmonie.

- Tu reviens quand tu veux, demain si tu peux.

- Plutôt samedi, ça me permettra de me reposer José et comme j’ai un peu forcé sur les cordes vocales, je ne voudrais pas risquer l’extinction de voix.

- OK, pour samedi ma jolie. Tu as été extraordinaire. Ça ne m’étonnerait pas que demain tu faces la une dans les journaux du coin. J’avais une table de journalistes de la région et tout ce que je peux te dire c’est qu’ils ont été conquis. Je vous apporte ce qu’on fait de mieux dans la maison.

José a regagné ses fourneaux. Harmonie passe une main sur ma jambe, le regard victorieux.

- Tu vois que sans faire la pute, ni même baigner dans la drogue, on peut trouver d’autres solutions.

Christelle qui, pour une fois, a suivi sans rien dire nos échanges, se penche à l’oreille d’Harmonie.

Ma chérie rougit jusqu’aux oreilles en me lançant un regard réprobateur. Je comprends que j’aurai mieux fait de me taire plutôt que de raconter des conneries. Ma puce recule sa chaise, soulève rapidement le devant de sa robe fleurie avec un sourire mesquin.

- Elle est mignonne ta culotte ? Patrick, tu n’es qu’un gros goujat et dire que je t’ai cru minaude Christelle mi courroucée, mi amusée.

On est rentré à la châtaigneraie, bras dessus, bras dessous, entièrement charmé.

- Demain matin, je vais chercher ma fille et sa compagne à l’aéroport. Elles sont lesbiennes.

- Lesbiennes ?

- Ben oui, ça n’arrive pas qu’aux autres.

- °°° -

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