Chapitre IX

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Sur l’autoroute, j’ai accéléré légèrement pour tenir un petit cent cinquante afin de ne pas arriver trop tard à Nice. Et c’est maintenant la côte méditerranéenne qui s’affiche derrière les vitres de la voiture. Harmonie est en admiration, le regard perdu entre mer et montagne, sous le soleil couchant et le mistral qui s’est levé.

On a bien roulé. Ma passagère s’est assoupit plusieurs fois avec deux arrêts pipi identiques en tout point au tout premier, si des fois j’oubliais la photo de son minou. A vrai dire, je commence à y prendre goût et si lors du premier épisode, j’étais un peu gêné, il n’en est plus rien. C’est même devenu pour moi une routine rigolote, amusante tout autant qu'excitante.

A l’hôtel, passé le barrage de la réception où les regards n’étaient visiblement pas très véhéments, Harmonie découvre le confort qu’elle n’a plus connue depuis de nombres années, à commencer par la douche que je lui ai donnée après l’avoir déshabillée intégralement. Son bras plâtré hors du jet d’eau, elle tourne maintenant toute nue sous la pomme de douche, m’offrant ainsi la dernière facette cachée de son anatomie ; des fesses magnifiquement dessinées, toutes blanches, minuscules. L’eau qui se déverse sur ses cheveux entraîne avec elle un peu de sa couleur pourpre, laissant une chevelure rose de plus en plus délavée. Harmonie joue avec la mousse laissée par le lait hydratant et pour la première fois, je la vois sous un autre angle ; une femme comme une autre qui profite d’un instant magique.

J’ai pris plaisir à la regarder déambuler ainsi dans son bonheur. Je me suis surpris l’espace d’un instant à la désirer. Et le désir est monté d’un cran lorsque je me suis employé à la sécher. J’ai bien tenté de refouler toutes mes envies mais femme plus que femelle, elle a lu dans mes yeux autre chose qu’un simple regard.

- J’ai un mini short dans mon sac de voyage mais je vais avoir un mal de chien à le mettre.

- Et la culotte ?

- Je le porte sans culotte. Ca me permettra de laver celle-ci et d’attendre qu’elle sèche. L’autre que j’ai, elle est trouée de partout.

- Ah ! ok.

- Tu veux une chemisette propre ?

- Non celle là me convient très bien. J’adore son odeur et sa texture. Elle est si douce. C’est trop bon et avec mon short, ça va faire un truc de ouf. Et puis je n’ai pas pour habitude de changer de tenue tous les quatre matins.

- Je comprends.

- Tu m’aides ?

Harmonie ainsi vêtue, on sort sur le vieux port à la recherche d’un restaurant.

- Je crois rêver Patrick. Tout est si beau. La mer, les bateaux, le clapotis des vagues sur la coque des voiliers, j’adore ce bruit, les mâts qui tintent à la lueur des lampadaires. Les gens qui se promènent comme nous, même pas stressés, les restaurants plein de monde, les boutiques, la chemise qui gonfle sous le mistral, le vent qui passe entre mes seins, j’en suis toute retournée, excitée comme une puce, pas toi ?

- Oula, oula ! on se calme jeune fille ! Tu aimes les fruits de mer ?

- Ca fait longtemps, trop longtemps pour que je me souvienne. Les crevettes et les bulots ça oui, les huîtres et les autres trucs, je ne sais plus.

- On essaye ?

- Allez ! Mais euh, j’ai pas un rond. Je préfère que tu le saches d’avance.

- Pas grave. Tu feras la plonge.

- Rigole, je l’ai déjà faite et le patron me mettait la main au cul à chaque fois qu’il passait derrière moi jusqu’au moment où j’en ai eu marre et il s’est pris une assiette sur la tronche. Bon disons qu’après, même s’il l’avait cherché, ça n’a pas fait parti de mes meilleurs souvenirs.

- Assois-toi ! Ici, pas de main au cul et pas de plonge. Tu prends ce que tu as envie.

- Je ne sais pas. Il y a trop de choses. Choisi pour moi, tu veux bien ?

J’ai pris un petit vin blanc local en guise d’apéritif et un plateau de fruits de mer pour deux. A la fin du repas, le vin blanc aidant et la chaleur sont rapidement venus à bout des dernières forces d’Harmonie.

- Je suis un peu pompette. J’ai pas l’habitude mais c’était vachement bon. On rentre ou on va se baigner ?

- On approche du couvre feu. On va plutôt rentrer à l’hôtel. Ca va aller pour marcher ?

- Euh oui si de temps en temps je peux m’appuyer sur toi.

- Viens !

Et Harmonie ne se fait pas prier. Elle s’empresse de venir se blottir tout contre moi et j'adore ce simple contact. Je passe un bras derrière sa taille pour la soutenir. Je sens la chaleur de son corps à travers ma chemisette. Elle me sourit, un sourire généreux, pas encore trop alcoolisé mais suffisamment pour deviner qu’elle n’est plus dans son état normal.

- Le réceptionniste va encore me regarder de travers.

- Nous regarder de travers tu veux dire. Je crois qu’il nous a mis dans le même sac.

- Et ça te dérange ?

- Non, je m’en fous. Je ne m’attache pas à ces choses là. Le regard des autres, c’est leurs problèmes, pas le mien.

- T’es trop cool comme mec.

- Tu me l’as déjà dit.

- Oui je sais. Mais je te le redis des fois que…

- Des fois que quoi ?

- T’es chiant. Portes-moi s’il te plaît. J’en peux plus.

C’est surprenant. Il y a moins d’une journée, j’ignorais tout de son existence. Et il a suffit d’un pouce levé sur le bord d’une route pour tout chambouler. Et maintenant, elle est affalée dans mes bras, la tête sur mon épaule. Pour un poids plume, c’est un poids plume et je la porte sans fatigue. Même pas cinquante kilos.

- Tu piques. Tu aurais pu te raser quand même ?

- En fin de journée, c’est toujours comme ça ma belle.

- Tu veux que je chante ?

- Euh, vue l’heure, je préfère que tu t’abstiennes. On verra demain d’accord ?

- J’avais envie là maintenant. Tu sais, j’ai une très jolie voix.

- Je n’en doute pas une seule seconde. Attention, je te dépose. On est devant l’hôtel.

On passe tous les deux devant le réceptionniste qui nous jette un regard moribond en me tendant les clés du bout des doigts.

- Un problème ? demandais-je séchement.

- Non, non monsieur. Tout va bien.

- Demain matin, on prendra le petit déjeuner dans la chambre à huit heures. Café au lait pour la demoiselle et café pour moi.

- C’est noté Monsieur. Bonne nuit et à demain.

- J’ai bien cru que tu allais le bouffer.

- J’ai horreur de me laisser marcher sur les pieds. On va prendre l’ascenseur. Ce sera plus prudent.

- Comme tu veux.

Dans la chambre, Harmonie s’affale sur le lit en grognant de plaisir. Des draps tout propres. C’est génial. Je lui hotte ses vêtements et elle se retrouve nue.

- Tu as du change ? Une culotte ? Un soutien-gorge ?

- La culotte elle doit encore être mouillée et c’est la seule qui me reste. L’autre elle est tellement trouée que je ne l’a mets que lorsque j’ai mes règles et le soutif, je n’en porte plus depuis belle lurette.

- Ah ! Effectivement. Tu dormiras à poil alors.

- J’ai pas l’habitude mais je crois que je vais m’y faire et tu te rappelles, on ne baise que si j’ai envie.

- J’ai dis ça moi ?

- Tu vois comment tu es !

- Je te fais marcher et j’adore. Tu démarres à tous les coups au quart de tour.

- Mouaih, je crois plutôt que tu testes si des fois il y avait une ouverture.

- Pas du tout. Allez bonne nuit jolie demoiselle.

Je passe un drap sur ses épaules et elle se recroqueville dans la position du fœtus, un pouce dans la bouche, comme un bébé. Je m’allonge à ses côtés et j’allume le téléviseur. Je ne tarde pas à trouver le sommeil moi aussi, ereinté par la route.

- °° -

Sept heures du matin. La télé marche toujours. J’ouvre les paupières et deux yeux amusés me dévisagent.

- Tu ne dors plus ?

- Non, ça fait un moment que je te regarde. T’es beau gosse quand même.

- Merci.

- Tu as des capotes ?

- Tu veux faire l’amour ?

- Oui, j’ai trop envie.

- Désolé Harmonie, non je n’en ai pas et de toute façon je n’aime pas faire l’amour juste au réveil et encore moins avec des préservatifs.

- Pfff, ce que t’es compliqué.

- Tu peux me caresser alors ?

- Où ça ?

- Ben où tu veux gros nigaud, partout, là où tu as envie et là où j’ai envie moi aussi. Je voudrais plein de papouilles mais uniquement avec les doigts et rien d'autre. Tu veux bien ?

- Tu es trop marrante. Tourne-toi.

- Tu sauras être délicat, caressant, tout en douceur, pas trop rapide ? J’ai horreur de la brutalité, de la violence, des mots crus, salaces. Pour me couper l’envie, il n’y a pas mieux.

Je me penche sur le visage d’Harmonie et mes mains partent à la découvert de ce corps offert ; ses cheveux en bataille où je m’applique à remettre les bouclettes en place, une à une. Elle rit, les yeux fermés, confiante. Je contourne ses oreilles et je retrouve la boucle argentée intimidante qui roule entre mes doigts.

- Pas très jolie !

- Chut continue, murmure t’elle dans un souffle.

J’effleure son visage, son front, ses paupières fermées qui tressaillent, ses joues creuses. Je saute sur son nez et ses lèvres dessinent un énorme sourire. Un de mes doigts vient frôler sa bouche.

- Arrête, ça chatouille trop. S’il te plaît…

Je m’éloigne sur son menton avant de descendre le long de son cou. Je suis maintenant sur ses épaules, frêles, presque fragiles et je poursuis sur son bras valide. Je caresse les tatouages que j’essaye de déchiffrer, une véritable bande dessinée. Je les abandonne pour courir sur la paume de sa main. Elle ferme les doigts avec une grimace amusée. Je remonte et mes mains passent entre ses seins. A cet endroit, la peau s’est entièrement irisée et les aréoles se sont contractées alors que je ne les ai même pas encore touchées. Son souffle a changé de rythme, presque imperceptible mais je le remarque au mouvement de son ventre qui s’est accéléré. Ma paume couvre lentement ses seins, tout chaud, presque frémissant.

- Waouh ! continue.

Je ne m’attarde pas ; ne faisant juste que passer mais j’ai adoré la douceur, la fermeté de cette poitrine affirmé. J’ai envie de poser mes lèvres, goûter ces formes audacieuses mais l’interdit me raisonne. Je caresse son ventre passant furtivement sur son nombril parfaitement tracé et mes doigts deviennent plus fébriles, plus moites à l’approche de son sexe. Harmonie retient sa respiration lorsque je frôle les poils pubiens. Je pense à Eléna, à sa pilosité entretenue avec une précision chirurgicale, jamais un poil de travers. Ici, rien n’est plus pareil. Les boucles nombreuses et fournies ralentissent ma progression au point que je me perds dans cette végétation luxuriante. Je cherche, je tâtonne et Harmonie gémit, les jambes totalement écartées pour laisser libre court à ma dextérité. Tout comme avec ses seins, je ne fais que découvrir. Je flâne maintenant le long de ses jambes, des jambes très fines où les muscles sont fermes, probablement dû au moyen de locomotion le plus pratiqué ; la marche. Je termine par ses chevilles et la plante de ses pieds, plutôt rugueuse, agressée par des chaussures de basse qualité. Ici, un seul tatouage, un petit cœur avec des initiales presque effacées. J’approche mon visage et mes lèvres se posent sur les siennes ; juste un baiser furtif.

- Tu fais quoi ?

- Chut !

- Tu triches !

- Pas beaucoup. Mets toi sur le ventre.

- Oui si tu me promets de ne pas recommencer.

- Tu n’as pas aimé ?

- Ce n’est pas la question. Alors tu promets ?

- D’accord. Je te promets.

- Je te fais confiance. C’est important pour moi de savoir que je peux te faire confiance.

- Désolé Harmonie. J’en avais envie et je me suis laissé emporté.

- Bon. Tu es pardonné. Continue ! C’est trop agréable dit-elle en se positionnant maintenant à plat ventre.

Et mes mains reprennent leur voyage sur la partie accessible de son visage. Elles s’aventurent dans ses cheveux qui ont perdu de leur criant, massant cette tête toute petite, cherchant les endroits où elle frémit le plus. J’écoute les vibrations de son corps, j’écoute les battements de son cœur. Je me concentre. Je m’applique. Je prends un plaisir incommensurable à donner ce qu’on aime tant recevoir. Les omoplates d’Harmonie sont saillantes, osseuses mais sa peau est si douce qu’elle semble rouler sous mes doigts. Je suis descendu au creux de ses reins en longeant la colonne vertébrale. En chemin, j’ai cherché la naissance de ses seins de chaque côté de son corps et Harmonie s’est relevée légèrement sur son coude valide pour que mes mains puissent glisser sous elle. Et c’est maintenant la courbure de son derrière qui attise ma convoitise. Des lignes parfaites, de ce que la nature sait faire de plus joli, de plus gracieux, de plus magnifique. Harmonie offre avec une dignité époustouflante ses fesses somptueuses à mes doigts sidérés et personne ne rechigne, ni pouce, ni index ni majeur. ni même les autres d’ailleurs. Chacun participe à sa façon à cette symphonie corporelle dans laquelle un secret est venu se réfugier quelque que part, à l’abri des regards indiscrets. Les notes silencieuses volent, courent, appuient, effleurent, transgressent, glissent en toute mansuétude sur ces formes vertueuses à la recherche de la terre promise.

Harmonie ne bouge plus, momifiée par la délicatesse de mes mouvements, se contentant de geindre légèrement parfois lorsque transportée un peu plus, elle doit mordre l’oreiller pour éviter de réveiller l’hôtel.

Je la laisse pantelante, haletante et je reviens sur son visage où des larmes coulent furtivement, vites épongées par les draps froissés sur lesquels son corps s’est réfugié.

- Tu pleures ?

Harmonie se relève. De sa frimousse encore humide elle me toise d’un sourire généreux et bienveillant. Une frimousse épanouie, comblée, si modeste, si originale dans toute sa simplicité, qu’elle en serait presque élégante.

- Je voulais t’offrir un petit souvenir de moi avant que nos chemins se séparent et toi, tu m’as emmenée si loin que je suis sûre que maintenant je vais regretter.

- °°° -

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