Prologue

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La tasse de thé brûlante laissa s'échapper un peu de son précieux liquide sur la peau de la main de la jeune femme, sans provoquer de réaction. Alya tremblait, les yeux braqués sur les images de son MacBook Pro.

Encore un...

Le bandeau de la chaîne d'information continue vomissait des horreurs dignes des films catastrophes les plus sordides. Meurtres, viols, combats de rue, débauche, pillages. Le monde semblait devenu fou.

Cela faisait maintenant deux jours que les médias ne parlaient plus que des violences extrêmes ponctuant de manière sordide cet étrange week-end de juillet.

Il ne s'agissait plus d'affrontements dans certains quartiers, d'affaires politiques, ou d'hypothèses fumeuses sur les effets attendus de la canicule à venir. Le pain quotidien des médias à sensation.

Non.

Le phénomène de violence était tel que même les médias considérés comme raisonnables avaient dû en urgence découper leurs journaux d'information par département, tant le nombre de faits divers devenait exponentiel. Plus aucun feuilleton ou programme de divertissement ne jouaient leur générique. Un film d'horreur bien réel semblait tourner en boucle.

Alya y découvrait, blême, le visage des victimes et des familles éplorées. Le cadrage soigneux des caméramans peinait à masquer l'inhumanité des actes perpétrés par des auteurs n'ayant pas le profil de leurs actes. Ces femmes ne ressemblaient pas à des mères infanticides. Pas plus de pathologies psychiatriques chez ces adolescents de tous âges qui se livraient à une débauche sexuelle outrancière à même le béton de la rue. Elle en était certaine. Ils semblaient comme possédés.

Quelques heures passèrent et les scènes d'orgies, de braquages de banques, de voitures qui brûlaient ou de foules incontrôlables dans les magasins disparurent des écrans. Les rédactions assumaient un choix dans l'horreur, gardant leur précieux temps d'antenne pour couvrir ce qui paraissait le plus choquant.

Les présentateurs se relayaient entre eux pour être capables de rapporter ces innombrables détails horrifiants de la voix la plus neutre possible. Peine perdue : même les vieux briscards du PAF se confondaient en excuses alors que les larmes coulaient sur leurs joues, faisant un signe à leur régie qu'ils étaient incapables de continuer.

Un énième reportage réveilla la téléspectatrice de sa catatonie : deux policiers emmenaient de force une enfant d'à peine dix ans hors d'une maison. La fillette fixa spontanément la caméra et Alya sentit que ce regard lui était comme destiné. Un regard rempli de malveillance, de cruauté, de plaisir. Les pupilles de cette gamine autrefois innocente déversèrent un effroi glaçant dans le coeur de la jeune adulte qui ferma dans un sursaut l'écran de son ordinateur.

Cette petite fille venait de tuer sa mère et sa jeune soeur. Et avait mangé leurs yeux.

Alya replia ses jambes contre elle, comme un nounours de fortune, puis lâcha un long sanglot silencieux. Elle était en état de choc. Sans même s'en rendre compte, elle se balançait d'avant en arrière.

Le silence occupait de nouveau le petit appartement et seul le grincement du fauteuil rythmait les lentes secondes d'une apocalypse qui venait tout juste de commencer...

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