Chapitre 13

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J’arrivai une demi-heure plus tard aux abords de la ville. Je respirai lentement et mis pied à terre. Je marchai vers la ville, en espèrent qu’il n’y ait pas de tireur embusqué prêt à me tirer dessus. J’étais vraiment devenu un peu trop paranoïaque.

Contrairement aux deux premières villes, les rues étaient désertes ( quoique la première, je n’en savais rien, puisque j’étais arrivé le matin ). Toutes les portes étaient fermés, et les rideaux tirés.

Je me méfiai de ce qui pouvait arriver à tout moment. Je ne savais pas ce qui se cachait derrière les murs des immeubles, mais je le craignais. Le silence était assourdissant, pas un bruit ne troublait ce silence.

Je repérai un magasin de nourriture au loin. Mais, petit problème, pour y arriver, je devais passer par une place. Or cette place comportait bien trop de rues à mon goût.

Mais je n’avais pas le choix, sinon j’allais me transformer en Affamé prêt à manger quelqu’un de la même race. Je m’avançai donc, une main dans ma sacoche, l’autre guidant le vélo.

Je traversai la place, regardant chaque issue. Le nombre de rues était un inconvénient comme un avantage. En cas d’attaque, j’avais plusieurs sorties, mais l’attaque pouvait venir de n’importe où.

Sans que je sache d’où il venait, un homme apparut devant moi. Il me demanda :

  • Tu as de la nourriture ?
  • Non, répondis-je.

L’homme hocha la tête et me dit en me montrant le magasin au bout de la rue :

  • Tu peux aller là-bas si tu veux.
  • J’allais justement y aller.
  • Tu as de l’argent ?
  • Un peu, mentis-je. Combien en faut-il ?
  • 100 livres sterling pour un pain.
  • 100 ? m’exclamai-je.
  • Les prix ont monté, c’est la crise, répondit l’homme en haussant les épaules.
  • Je vais voir ce que je peux faire, dis-je en continuant de marcher vers le magasin.

Je sentis le regard de l’homme jusqu’à ce que j’entre dans le magasin. Je frissonnai, mal à l’aise, tout en appuyant mon vélo contre le magasin. Dans la boutique, l’homme qui se tenait derrière le comptoir sortit une carabine et dit :

  • Tu as des armes ?

Je levai les mains en l’air et dis :

  • Oui, une. Elle est dans mon sac.
  • Pose-la sur le comptoir ! dit-il en rechargeant son fusil.

Je sortis mon revolver de mon sac et le posai en évidence sur le comptoir du magasin. L’homme baissa un peu son fusil et dit :

  • Qu’est-ce que tu fais ici avec une arme, gamin ? C’est pas pour toi, ces choses-là.
  • Il me faut bien une arme pour me défendre ! répliquai-je. Quant à ce que je viens faire ici, il me semble que c’est pour acheter de la nourriture !
  • Ne sois pas aussi agressif, gamin !
  • Arrêtez de l’être !

Nous nous affrontâmes du regard un moment, puis l’homme demanda :

  • Combien d’argent as-tu sur toi ?
  • 50 livres sterling, inventai-je.
  • Ce n’est pas assez ! Il t’en fait au moins le double pour acheter quoique ce soit. Mais on peut s’arranger...
  • Oui ?
  • Si tu me donnes ton revolver, je te donne une baguette. Comme ça, tu gardes ton argent.
  • Mais je n’aurais plus d’arme ! objectai-je.
  • Tu as de quoi te nourrir, c’est le plus important, dit l’homme en haussant les épaules.
  • Bon, j’accepte, dis-je.

Le boulanger acquiesça d’un air satisfait et se tourna vers son étalage. J’en profitai pour prendre le revolver et pointai le canon de l’arme contre le dos de l’homme. Je dis, d’un ton que je voulus menaçant :

  • Mets toute la nourriture que tu as dans mon sac, sinon tu auras plus de balles dans le corps que tu n’as d’enfants.
  • D’accord, bégaya le boulanger, prouvant que ma métaphore était bonne.

A ce moment, la vitrine de la boutique se brisa, lançant des éclats de verre partout. Je me baissai derrière le comptoir pour échapper aux éclats. Je vis que deux enfants de mon âge se glissaient dans la boutique et assommaient le boulanger.

Puis ils prirent chacun deux miches de pain et s’enfuirent. Je me relevai et les vis s’enfuir dans l’une des nombreuses rues de la place. L’homme que j’avais rencontré sur la place courait en direction des deux enfants.

Il rameutait de nombreuses personnes embusquées dans les maisons et les immeubles. Profitant que l’attention n’était pas concentrée sur moi, je passai de l’autre côté du comptoir et fis semblant d’examiner le boulanger.

Il n’avait pris qu’un coup de poing dans la joue, rien de plus. Je pris donc une dizaine de baguettes et de pain que je pus, puis examinai les autres mets disponibles. Je pris cinq sandwiches et quatre bouteilles d’eau.

J’hésitai un instant, puis pris également l’argent de la caisse du magasin. J’entassai le tout dans mon sac à dos, puis sortis de la boutique. L’un des gamins avait pris mon vélo.

J’étais obligé de voir ce qu’il advenait des deux adolescents. Je pris donc dans la direction qu’avait prise les voleurs. Je n’eus pas à aller bien loin. Une dizaine d’hommes les avaient coincé dans un recoin de la ruelle.

Tout en approchant, je compris que tout espoir de récupérer mon vélo était mort. L’un des pneus était en effet percé. Mais il était trop tard pour fuir. L’homme de la place me fit signe d’approcher et demanda :

  • Ce sont bien les deux gamins de la boulangerie ?

Je m’approchai, et profitai de l’occasion pour regarder les deux enfants. C’était un garçon et une fille, de mon âge, serrés l’un contre l’autre contre un mur.

Ils avaient une certaine ressemblance physique, mais je ne pus affirmer sur le moment s’ils étaient frère et sœur. Chacun tenait encore les baguettes qu’ils avaient pris à la boulangerie. Cet élément et mon vélo par terre ne me laissait aucun doute.

Je vis leurs yeux s’écarquillent de terreur lorsque je dis :

  • Oui, ce sont bien eux.
  • On va vous pendre, espèces de sales voleurs ! cracha l’homme de la place, qui semblait être le chef.
  • Ouais !!!! crièrent toutes les personnes présentes.

Je continuai de fixer les deux adolescents, qui tremblaient de tous leurs membres. J’eus tellement pitié d’eux que je criai sans réfléchir :

  • Attendez ! Laissez-les s’expliquer, au moins !
  • Ils ont agi sur le coup de la faim, c’est évident, renifla le chef d’un ton méprisant. Mais je suis d’accord. Parlez !
  • Je, je, bredouilla le garçon. Je suis désolé. Mais nous mourrions de faim, et nous étions obligés...
  • Qu’est-ce que j’avais dit ! rugit le chef. Regarde ce garçon ! continua-t-il en me montrant. Lui au moins, il a bien payé !
  • C’est faux, dis-je calmement.
  • Quoi ? fit le chef en se tournant vers moi.
  • J’ai volé le contenu de la caisse, et j’ai profité du fait que le boulanger soit assommé pour voler de la nourriture.

Le chef, les yeux plus grands que jamais, se jeta sur moi. Je mis juste à temps mon revolver sur son front. L’homme se fixa un instant, et grogna :

  • Qu’est-ce que tu veux, gamin ?
  • Laissez-nous partir, tous les trois, décidai-je. Et sans marchandages, compris ?
  • Malheureusement, je crois que c’est impossible.

D’un geste vif, il me saisit le bras, et sans me laisser le temps de tirer, il prit mon revolver et me jeta contre le mur, avec les deux autres enfants. Le chef dit :

  • Et bien ! Trois voleurs pour le prix de deux ! Incroyable, non ?
  • Tu n’aurais dû rien dire et nous laisser crever, murmura le garçon à côté de moi.
  • J’ai trop bon cœur, répliquai-je. Mais je n’ai pas dit mon dernier mot.

Vivement, je portai la main à ma sacoche et sortis le six de Pique et fis deux grands gestes. Tous les hommes présents, sauf le chef, tombèrent par terre, morts. Je profitai de la surprise du chef et me précipitai sur lui.

Je le frappai à la joue, mais l’homme réussit à tirer et me toucher a l’épaule, avant de tomber par terre. Je me tordis de douleur tandis que le garçon frappait au sol le chef. Je tendis la main vers la sacoche et sortis le sept de Cœur.

Au lieu de faire le geste de la main vers l’extérieur, je le fis vers moi-même, et je sentis aussitôt la brûlure de la blessure s’apaiser. Je me relevai vite et examinai les rues alentour. Il n’y avait personne d’autre que les corps allongés par terre.

  • On a intérêt à déguerpir rapidement, dis-je. D’autres villageois vont arriver.

Et sans attendre leur accord, je récupérai le revolver et courus à toute vitesse vers la fin de la ville. Personne ne m’arrêta avant que je ne sois arrivé dans le désert bordant la ville. Une main se posa sur mon épaule, et le garçon dit :

  • Arrête-toi ! Il n’y a plus personne.
  • Il y a encore vous, répliquai-je. Et à ce que j’en sais, je ne vous ai pas demandé de me suivre, n’est-ce pas ?
  • Alors pourquoi est-ce que tu nous as sauvé ? demanda le fille, essoufflée.
  • Ça, je ne le sais pas, dis-je à regret. Ça m’aurait évité bien des ennuis. Bref, arrêtons-nous là, et partons chacun de notre côté.
  • Tu ne peux pas nous laisser comme ça ! protesta le garçon.
  • Pourquoi pas ? Vous avez de la nourriture. Et vous m’êtes redevables une fois pour vous avoir sauvé.
  • On pourrait t’aider !
  • Je ne vois pas comment, reniflai-je.

Les deux adolescents réfléchirent quelques minutes, avant que je n’interrompe leur réflexion :

  • Je n’ai pas besoin d’aide. Merci, et bonne chance.

Sur ces mots, je les quittai. J’entendis leurs pas me suivre dans le désert, toute la journée, sans qu’ils n’émettent un mot. Le soir, alors qu’il commençait à faire noir, je me retournai et regardai les deux adolescents qui me suivait.

Ils paraissaient épuisés, mais je n’avais entendu aucune protestation. Je demandai :

  • Vous allez me suivre longtemps ?
  • En fait, nous allons dans la même direction, répondit la fille.

Je soupirai et m’assis dans le sable. Les deux autres en firent autant. Je poursuivis :

  • Vous n’avez pas de sac à dos, ni de sac de couchage, rien sauf quatre pauvres baguettes ?

Ils secouèrent négativement la tête. Je soupirai de nouveau :

  • Vous n’allez pas être rentables. Mais bon, vous pouvez venir avec moi. Comment est-ce que vous vous appelez ?
  • Corentin, répondit le garçon.
  • Cléa, dit la fille.
  • Vous êtes frère et sœur ?
  • Non, dit Corentin. Mais on vivait dans le même immeuble, et on a décidé de s’entraider.
  • Mes parents ont une maison plus au nord, continua Cléa. Je vais essayer de les rejoindre. Et toi, tu es là pour quoi ?
  • Je ne vous fais pas encore assez confiance pour vous répondre, dis-je. Maintenant, dormez, on a beaucoup de marche à faire.

J’installai mon campement, Cléa et Corentin me regardant faire comme si de rien n’était. J’eus l’impression qu’ils restaient dans la même position jusqu’à ce que je me glisse dans mon sac de couchage et que je ferme les yeux.

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