Chapitre 8

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Je marchai longtemps sur la route de campagne, faisant des petites pauses dès que possible. Je croisai quelques personnes, qui marchaient, comme moi, l’air hagard, sans même me voir, tant ils étaient concentrés.

Je pensai soudainement à quelque chose :

  • Pourquoi est-ce que ce n’est pas la nuit ? On était en train de dîner hier !

Puis l’explication me vint facilement : j’étais resté inconscient toute la nuit, pour me réveiller au petit matin. Mes pensées furent interrompues par une voix qui criait :

  • Donnez-moi de la nourriture ! J’ai faim !

Je me retournai, persuadé que c’était l’homme qui revenait, avant de me rendre compte que la voix venait de devant moi. Un homme était debout sur une voiture, devant cinq ou six personnes, qu’il tenait un respect grâce à un revolver.

Je compris que la voix venait de l’une des personnes devant la voiture, et qui réclamait de la nourriture au propriétaire du véhicule. Je m’approchai assez prêt pour entendre leur discussion :

  • Mais je vous dis que je n’ai pas de nourriture ! disait l’homme de la voiture.
  • Tu as bien une voiture ! répliquait une femme. Tu dois aussi avoir de l’argent ou de la nourriture !
  • Je n’ai rien ! Alors laissez-moi tranquille, où je tire sur l’un d’entre vous !
  • Pfff ! On sait tous que ton arme n’est pas chargée ! s’écria un homme. Ça ne marche pas avec nous !

Je vis l’homme de la voiture hésiter, et je compris qu’effectivement, son arme était factice. Les hommes et femmes le comprirent aussi, et se mirent à escalader la voiture. Pris d’un sentiment de compassion, je criai :

  • Stop ! Arrêtez !

Tous les yeux se posèrent vers moi et je sortis mon revolver et poursuivis en criant :

  • Moi, mon arme est chargée ! Alors, vous allez tous vous calmer ! Monsieur, dis-je à l’homme de la voiture, laissez-les inspecter votre véhicule, et ils verront bien qu’il n’y a pas de nourriture. Le premier qui dégrade votre voiture, je lui tire dessus, d’accord ?

Le propriétaire de la voiture acquiesça de mauvaise grâce et ouvrit la portière de sa voiture. Une femme s’avança et inspecta minutieusement la voiture, puis dit :

  • Il n’y a rien, il a raison.
  • Par contre, toi petit, poursuivit un homme en se tournant vers moi, il semblerait que tu aies de la nourriture...

Les six personnes affamées se tournèrent vers moi et avancèrent d’un pas. Je pointai mon revolver sur celui qui semblait être le chef et dis calmement :

  • Le premier qui avance encore, je lui tire dessus.
  • Tu n’es qu’un gamin ! Tu n’as pas assez de volonté pour tirer, ricana une femme.
  • Le dernier qui a dit ça est mort, répliquai-je.

Les affamés s’entre-regardèrent, puis le chef avança d’un pas. Sans hésitation, je lui tirai dans la jambe et il s’effondra en hurlant de douleur. Je poursuivis :

  • À qui le prochain ?

Les hommes et femmes se regardèrent de nouveau, puis commencèrent à se déplacer autour de moi. Voyant que le revolver ne changerait rien, je dis :

  • De toute façon, je n’ai de la nourriture que pour une personne, donc il va falloir décider de la personne qui va avoir cette nourriture...

Les yeux des affamés s’ouvrirent, et presque immédiatement, ils bondirent l’un sur l’autre. L’homme blessé fut assommé par un autre homme, et les quatre autres se combattaient avec des cris hystériques.

Je courus, puis sautai sur le coffre de la voiture juste avant que celle-ci ne démarre. Malheureusement, une femme avait eu la même idée que moi, et nous nous retrouvâmes à deux sur le coffre. Je criai :

  • Freine !

Je me cramponnai de toutes mes forces sur le coffre tandis que la voiture freinait brusquement, envoyant la femme sur la route, assommée. J’entrai dans la voiture et dis :

  • Je ne veux pas que vous me conduisiez quelque part. Éloignez-moi juste de ces fous furieux. Vous me devez bien ça, ajoutai-je, voyant qu’il hésitait.
  • D’accord, maugréa l’homme.

Il roula pendant cinq minutes avant de s’arrêter. Il dit :

  • Maintenant, descendez. J’ai encore de la route.

Je le remerciai, et une fois que je fus sorti de la voiture, et démarra et partit immédiatement à fond de train.

  • Pas un remerciement... Super aimable, cet homme, pensai-je.

Je poursuivis ma route pendant un quart d’heure, jusqu’à apercevoir les toits d’une ville dans tout près. C’était ma première étape.

Je devais trouver : un sac plus gros, pour contenir plus de choses, un sac de couchage, plus d’autre choses que j’espérai trouver dans un magasin. Et bien sûr, essayer de trouver de la nourriture et de l’eau.

Le temps que j’atteigne la ville, la nuit commençait à tomber. Je réfléchis un instant sur la décision à prendre. Soit aller en plein jour, et risquer d’être plus visible, soit aller de nuit, mais en ne sachant pas où aller dans l’obscurité.

J’optai finalement pour un compromis : j’irai le lendemain à l’aube. Je m’éloignais un peu de la ville, pour trouver un petit bosquet où je m’abritai pour la nuit. La nuit était froide, le sol dur et autour de moi résonnaient des bruits bizarres.

Des cris rauques, des hurlements affamés, tout ça me fit comprendre que les hommes n’étaient pas les seuls à mourir de faim ; les rares animaux aussi étaient affamés. C’est à ce moment que je me rendis compte de ma situation.

J’avais quinze ans, j’étais seul dans la nature, avec des armes certes, mais contre des centaines d’individus. Je m’apprêtai à faire deux semaines entières de marche dans le désert, alors que je ne savais rien du tout sur celui-ci.

Durant mon parcours, j’avais prévu de faire des arrêts, mais tout cela allait peut-être s’avérer impossible, avec tous ces Affamés - j’avais décidé d’appeler comme ça le restant de l’humanité - partout.

Et à mon point de destination, je ne savais pas du tout ce que j’allai trouver.

  • En bref, une partie de plaisir, ironisai-je. Je vais crever. Si demain je suis encore en vie, c’est un miracle.

Mais je me réconfortai en pensant que j’avais les armes pour survivre : un paquet de cartes magique et un revolver avec dix balles dedans. Pas si impossible que ça, finalement.

Épuisé par cette première journée de survie dans un monde post-apocalyptique, je m’endormis.

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