Chapitre 1

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Je m’approchai de la fenêtre et contemplai le monde extérieur. Des nombreux immeubles de notre ville s’élevaient des nuages de fumée, tous plus sombres et plus grands. Je soupirai et me détournai de cette vision macabre.

  • Qu’est-ce que tu fais, gamin ? Je te rappelle que tu as un examen à passer, alors ce n’est pas le temps de ne rien faire !
  • Et toi, qu’est-ce que tu fais ? ripostai-je en me tournant vers mon beau-père. Rien, je suppose, sinon tu ne serais pas là !
  • Fais attention à ce que tu dis, Matt ! grogna mon beau-père. Je suis un adulte, et toi tu n’es qu’un gamin !
  • Et alors ? Le fait d’être adulte te donne le droit de ne rien faire ? répliquai-je.
  • Arrêtez de vous disputer ! intervînt ma mère en entrant dans la pièce. Matt, va réviser ou va aider ta sœur ! Arthur, si tu n’as rien d’autre à faire, viens m’aider en cuisine.
  • Bien sûr, ma chérie, répondit Arthur d’un ton mielleux.

En quittant la pièce, il me lança un regard assassin. Je le lui rendis, puis quittai le salon en soupirant. Même après 10 ans de mariage, je n’arrivai toujours pas à supporter la vue de mon beau-père.

Mon vrai père - pas cet imposteur - était mort au combat lors d’une guerre au moyen orient. A ce moment, ma mère était enceinte de ma petite sœur, Elise, et bizarrement n’avait pas cherché longtemps avant de trouver Arthur.

Je déambulai dans les étroits couloirs de notre appartement jusqu’à arriver devant la porte de ma petite sœur. Je toquai - elle avait exigé cette règle - puis entrai. Ma petite sœur tourna à peine la tête lorsque je refermai la porte derrière moi.

Je demandai en m’approchant d’elle :

  • Tu as besoin d’aide ?
  • Ça va, j’ai tout compris. Tu t’es encore disputé avec Arthur ?
  • Ne fais pas comme si ça t’étonnait, soupirai-je.
  • Ce n’est pas comme si j’avais l’habitude, en effet, ironisa-t-elle. Pour quelle raison, cette fois ?
  • Aucune.

Élise tourna grâce à sa chaise et me regarda dans les yeux :

  • Il va falloir que tu fasses un effort.
  • Depuis que tu es née, je fais des efforts ! Je n’y arrive pas.
  • Je veux dire, spécialement aujourd’hui. C’est le nouvel an, ce soir. Essaie de ne pas te montrer trop désagréable.
  • Dis ça à Arthur, pas à moi, grommelai-je.
  • Je suis sûre que si tu fais un effort, il en fera aussi, assura-t-elle. Il suffit que tu fasses le premier pas.

Je levai les yeux au ciel et sortis de sa chambre. Ma sœur était très mature, à tel point que je me demandai s’il n’y avait pas eu un échange d’âge d’esprit entre Arthur et Élise.

  • Pourquoi n’es-tu pas dans ta chambre en train de réviser ? demanda encore Arthur. Tu as un examen à passer !
  • Ce n’est pas comme si tu l’avais déjà dit il y a deux minutes, ironisai-je. Et je te rappelle que je devais d’abord voir si Elise avait besoin d’aide !
  • Et puisque ce n’est pas le cas, va dans ta chambre ! Dans cinq minutes, tu dois faire des exercices de maths, compris ?

Me retenant de lui crier dessus, je claquai la porte de ma chambre derrière moi et m’allongeai sur mon lit. Je tremblais de rage, et grommelai :

  • Je ne suis pas ton esclave, imbécile !

Mais je m’installai tout de même à mon bureau, car, même si Arthur était un imbécile, il ne disait pas faux. J’avais un examen à préparer, le brevet des collèges. Soupirant, je sortis mes cahiers et mon livre de maths pour faire des exercices.

Nous ne possédions que quinze livres en tout dans la maison : la plupart était des livres de cours ou d’exercices, le reste par exemple un livre de cuisine pour ma mère.

Suite au Décret des Livres, en 2060, la plupart des livres de la planète avait été recyclé, pour faire quelque chose de plus utile.

La production de nouveaux livres avait été interdite, officiellement pour lutter contre la déforestation, officieusement pour rendre la population moins instruite. La porte de ma chambre s’ouvrît brusquement et Arthur dit :

  • Qu’est-ce que tu fais à rêver, comme ça ? Travaille !
  • Tu ne peux pas arrêter d’être dans mes jambes, un peu ! criai-je. C’est sûr que c’est difficile de travailler avec un gros lard qui vient m’embêter toutes les cinq minutes, et en plus pour me dire de faire quelque chose que je fais déjà !

Les yeux d’Arthur s’agrandirent brusquement et il fonça vers moi. Une de mes mains se porta immédiatement à la sacoche que je gardais tout le temps avec moi, mais avant que je ne puisse utiliser son contenu, la voix de ma mère retentit :

  • Arthur ! Tu peux venir, s’il te plaît ?
  • J’arrive, ma chérie ! cria Arthur.

Puis il murmura :

  • Tu ne perds rien pour attendre. Un jour, il va t’arriver quelque chose, et tu ne t’en remettras jamais.
  • J’ai les moyens de me défendre, répliquai-je.

Arthur leva les yeux au ciel d’un air amusé et sortis de ma chambre. Il ne me croyait pas. Pourtant, j’avais une arme sûre et efficace, qu’Arthur ne soupçonnait pas.

Je me remis au travail, en lançant fréquemment des coups d’œil derrière moi pour surveiller qu’Arthur ne me surveillait pas.

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