Chapitre 9

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Marie jeta un rapide coup d’œil derrière elle pour s’assurer que tout le monde suivait. Les trois filles n’étaient pas loin et Laurent venait de les rattraper, le mercenaire à ses trousses. Elle se demanda où pouvaient être les deux autres mais elle n’avait pas le temps de s’en préoccuper pour le moment. Dans l’immédiat, le plus important était de mettre le plus de distance possible entre l’homme et eux. Elle fit signe à la petite bande de la suivre et accéléra l’allure.

Elle ne voyait pas grand-chose dans le noir, si bien que lorsque qu’un deuxième mercenaire surgit sur sa gauche, elle sursauta. Elle fut obligée de changer de direction et tourna à droite. Elle n’alla cependant pas loin, le troisième homme les attendait en leur barrant la route. Une fois de plus, elle changea de trajectoire, la petite bande à sa suite. Ils slalomaient entre les arbres aussi vite qu’ils le pouvaient, mais les mercenaires n’étaient jamais loin. Régulièrement, un des trois hommes se trouvait sur leur route, les obligeant à prendre un autre itinéraire.

Essoufflée, Marie finit par s’arrêter. Elle prit un instant pour réfléchir à la situation. Ils ne pouvaient plus continuer à courir à l’aveugle comme ça. Depuis le début, les mercenaires jouaient avec eux.

— Qui sont ces hommes ? demanda Emilie à bout de souffle.

— Des mercenaires ! lui répondit Marie toujours en pleine réflexion.

Emilie allait poser une autre question mais Marie lui intima de se taire. Elle venait d’entendre un bruit qu’elle n’arrivait pas à identifier. Ce n’était pas les mercenaires, même si ceux-ci se rapprochaient et commençaient à les encercler, c’était autre chose. Elle décida finalement de suivre son intuition et se laissa guider le bruit qui l’attirait.

— Par ici ! ordonna-t-elle.

Le petit groupe repartit de plus belle, courant derrière Marie. Au fur et à mesure qu’ils avançaient, le bruit devenait de plus en plus fort. Au bout de quelques minutes, Ils débouchèrent finalement sur une rivière. Le bruit était assourdissant, le courant devait être fort.

— J’ignorait qu’il y avait une rivière dans cette région, cria Iris pour que sa voix passe au-dessus des remous du court d’eau.

— Moi aussi, ajouta Laurent, en tout cas, elle n’est répertoriée sur aucune carte.

Le prince se tourna vers Marie et lui demanda :

— Comment as-tu su ?

— Je n’en sais rien, répondit-elle en haussant les épaules, j’ai entendu un bruit et je l’ai suivi

— Mais enfin c’est impossible. On était beaucoup trop loin, même quelqu’un avec des sens hyper développées n’aurait pas pu l’entendre.

— Qu’est-ce que tu veux que je te dise, je l’ai entendue c’est tout.

Laurent commençait sérieusement à agacer la jeune fille avec ces questions. Mais dans un sens elle le comprenait, elle-même était dans l’incompréhension la plus totale. Ce n’était cependant pas le moment de se poser des questions. Sans hésitation, elle entra dans la rivière. Elle tressaillit au contact de l’eau froide mais ne renonça pas pour autant. Elle s’enfonça un peu plus, elle manqua de tomber mais réussit à garder son équilibre. Elle fit ensuite signe aux autres de la suivre.

— Tu es folle ! dit Emilie, le courant est beaucoup trop fort on risque de se noyer.

— Non Marie a raison, répliqua Laurent, c’est la seule façon de distancer les mercenaires.

Et il entra également dans l’eau imité d’Iris et de Sarah. Emilie hésita un moment mais finit par suivre les autres. Une fois dans la rivière elle s’exclama :

— Elle est gelée ! on va mourir de froids !

— Tais-toi et avance ! la rabroua Marie.

Les cinq enfants avancèrent prudemment, lutant pour ne pas se faire emporter par le courant. Ils marchèrent ainsi pendant de longues minutes. Tous étaient transis par le froid mais personne ne se plaignait, excepté Emilie qui de temps à autre de pouvait s’empêcher d’exprimer son mécontentement.

Au bout d’un moment, alors que Marie commençait à songer à sortir de la rivière, une voie se fit entendre :

— Je vous ai enfin trouvé !

C’était Jack qui venait de les rattraper. Il se rapprocha de la rive et tendit le bras pour s’emparer d’Iris qui se trouvait le plus près de sa position. Laurent força sa sœur à reculer. La main du mercenaire se referma sur du vide. Au même moment, il fut déséquilibré et tomba dans l’eau. Il se débâtit pour se remettre debout, mais le courant était trop fort et il se faisait déjà emporter.

Ne pouvant se résoudre à laisser l’homme se noyer, Marie le rattrapa par le bras. Pour ne pas être emportée à son tour, elle attrapa la branche d’un arbre qui passait au-dessus de la rivière. Cependant, le mercenaire était trop lourd pour elle, elle allait finir par le lâcher. Elle sentait déjà que sa prise lui échappait. D’un coup, l’homme sembla peser moins lourd, c’était Laurent qui avait rattrapé son autre bras. A eux deux, ils réussirent à remettre le mercenaire debout. Ils l’aidèrent ensuite à sortir de l’eau.

Une fois au sec, Marie s’effondra sur le sol, exténuée. Laurent s’assit à coté d’elle tout aussi essoufflé. Jack se tenait en face d’eux, silencieux. Iris, Sarh et Emilie sortir également de la rivière.

— Merci, dit le mercenaire une fois remit de ces émotions.

— Derien, mais tu nous en doit une répondit Laurent.

Le mercenaire acquiesça. Il resta encore un instant silencieux puis dit :

— Mes frères sont encore loin, allez-vous-en, je vais les retenir.

Le prince le remercia d’un sourire. Marie se contenta d’un hochement de la tête. Elle retourna ensuite dans l’eau.

— On est vraiment obligé d’y retourné ? demanda Emilie.

Marie ne releva pas et continua d’avancer dans la rivière. Elle n’avait pas envie de barboter plus longtemps dans cette eau glacée mais elle ne faisait pas confiance au mercenaire. Il pourrait bien les trahir à tout moment. L’eau était donc le meilleur moyen de ne pas laisser de trace et de semer leurs poursuivant. Quand elle se retourna, Emilie se trouvait derrière elle, suivie par Sarah et Iris, Laurent fermait la marche.

Ils avaient marché ainsi une bonne partie de la nuit. Quand le soleil commença à se lever, Marie s’arrêta et inspecta les horizons. Elle ne sentit aucunement la présence des mercenaires. Elle autorisa donc tout le groupe à sortir de l’eau. Tous étaient soulagé. La jeune fille se dépêcha ensuite d’aller ramasser du bois et d’allumer un feu. Une fois que ce fut fait, elle demanda à tout le monde de retirer leurs vêtements.

— Pourquoi ? demanda Emilie

— Pour qu’il sèche plus vite, expliqua-t-elle sèchement.

La jeune fille obéit sans rouspéter. Quand tout le monde se fut déshabillé, Marie leur demanda d’étendre les habits sur les branches des arbres. Tous s’exécutèrent.

— Nous repartirons quand ils seront sec, dit-elle une fois tout le monde revenu près du feu, en attendant reposer vous.

Elle s’assit près et profita de la chaleur que dégageait les flammes pour se réchauffer un peu. Les heures passées dans l’eau glacée l’avaient complétement frigorifiée.

— Comment ont-ils fait pour nous rattraper aussi vite ? demanda Laurent en s’installant à côté d’elle.

— Je l’ignore mais nous allons devoir nous montrer encore plus prudent.

Elle poussa un soupir de découragement. Décidément, rejoindre le royaume s’avérait plus compliqué que prévu. Laurent bailla.

— Dort, lui dit-elle, je vais monter la garde.

Le prince voulu contester mais un deuxième bâillement l’en empêcha.

— Tu vois tu es fatigué.

— Mais et toi ?

Marie haussa les épaules. Elle pouvait tenir encore un peu

— Je te réveillerai quand je serai trop fatiguée, ça te va ?

Laurent fit signe que oui et s’allongea à côté de sa sœur qui dormait déjà. Sarah et Emilie ne tardèrent pas non plus à s’endormir. Marie resta seul éveillée à monter la garde.

Au bout de quelques heures, elle se leva et vérifia les vêtements. Ils étaient secs. Elle réveilla donc tout le monde et leur demanda de se rhabiller.

— Pourquoi ne m’as-tu pas réveillé plus tôt, lui reprocha Laurent

Elle ne lui répondit pas. Pourtant, la raison était simple, elle n’avait tout bonnement jamais senti la fatigue la gagner. Elle s’en voulait d’avoir été négligente cette nuit. Leur escapade dans la rivière les avait considérablement éloignés du royaumes d’Allad. Elle avait donc passé les quelques heures de la matinée à réfléchir sur la direction à prendre.

Dès que tous eurent remis leurs vêtements et que le feu fut éteint, ils se mirent en route.

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