Il grimpa sur les ruines d'un vieux muret qui surplombait la vallée. La vue y était dégagée sur plusieurs lieues à la ronde. Il prit une longue inspiration, appréciant dans toute sa plénitude le calme de cet instant, cette petite brise qui lui chatouillait la barbe ainsi que la douce fragrance des coquelicots.

À regret, il baissa les yeux sur l'attroupement au bas de la colline. Il compta les bannières, plus colorées les unes que les autres.

Ils sont tous là.

Les derniers retardataires s'étaient présentés pendant la nuit, comme prévu. Il serra le poing et sentit l'air s'agiter autour de lui, les vieilles pierres sous ses pieds commencèrent à émettre des craquements. Puis il sentit une main qui s'imposait, des doigts qui s'intercalaient délicatement entre les siens et un profond sentiment de bien-être l'envahit.

Quoi qu'il arrive aujourd'hui, peu importe comment cela finira, nous sommes ensemble.

Il n'avait pas besoin de la regarder pour savoir qu'elle pensait exactement comme lui. Alors il se retourna pour faire face à ses compagnons.

Tous avaient répondu présents. Les amis fidèles comme les vieux ennemis qui ne tarderaient pas à lui sauter à la gorge si par miracle ils triomphaient. Cette pensée lui arracha un sourire, en ce jour tous étaient unis : unis par la destinée.

En bas de la colline, des cris et des trompettes interrompirent cet instant d'insouciance. Le temps était venu. Des regards graves s'échangèrent, mais tout avait été dit depuis longtemps.

— Préparez-vous à charger !

Son regard se tourna une dernière fois vers cette vallée du Gareldor. Là où tout avait commencé.