Le maître tailleur

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Londres, 1935

L'homme enflamma une allumette et la regardait se consumer avec admiration. La flamme rouge éclairait légèrement la pièce, plongée dans le noir le plus total. Cette nuit de pleine lune était belle. L'homme se leva, la flamme aussitôt éteinte. Un rayon de lumière parcourait la petite pièce, joliment meublée. Il s'en alla, tout en inhalant la douce fumée laissée derrière lui...

Il était sûr de lui. Il savait ce qu'il avait à faire. Vêtu d'un simple complet et d'un chapeau noir, il arpentait les rues à un rythme régulier, lentement, afin d'apprécier ce doux moment. En même temps qu'il marchait, un bruit métallique sourd se faisait entendre. Ce son provenait de sa poche droite et lui procurait une joie intense, un sentiment de puissance. Mais il restait concentré sur son objectif, il savait que la suite allait être bien plus palpitante... Il croisa un vieil homme qu'il salua poliment. 

Les rues étaient vide et il entendit son souffle régulier, résonnant dans les sombres ruelles. Son excitation était maximale, son envie le torturait, le poussait à faire ce qu'il fallait pour se soulager. On disait les rues de Londres dangereuses à cette époque, la guerre guettait les anglais, la peur s'installait, et déjà une vingtaine d'assassinats avaient été commis. Il n'en était pas l'auteur. Il faisait chaud, les gens ouvraient leurs fenêtres, et les voleurs faisaient leurs affaires. Mais lui n'était pas un voleur, c'est pourquoi il ne choisissait jamais les maisons aux fenêtres ouvertes, c'était trop facile. 

Arrivé à la maison où habitait sa proie, il mit son masque confectionné de tissu blanc, il replaça correctement son chapeau sur sa tête et crocheta patiemment la porte. Une fois ouverte, il monta les escaliers doucement, il entra dans la pièce de droite et admira sa future victime. Il exaltait déjà, imaginait les projections de sang sur les murs, l'odeur de fer qui se dégagerait , et sentait la lourde chaleur monter. L'atmosphère pesait, ce silence était parfait. 

L'homme et sa victime étaient seuls dans la pièce. Il aimait passer un temps privilégié avec sa victime, s'habituer à la chaleur de son corps, regarder ses goûts en matière de décoration, des vêtements. Il aimait comprendre pourquoi chaque objet résidait à cet endroit précis. Il aimait à contempler les peintures qui ornaient les murs. Il remarquait toujours ce qui avait changé depuis sa mission de repérage. Il était déjà venu à cet endroit pour en savoir un peu plus sur sa victime. Il connaissait la maison par cœur, et se plaisait à mettre en place son rituel macabre. 

Il sortit les deux objets métalliques de sa poche droite, deux couteaux taillés à la perfection, dont il prenait soin comme il prendrait soin de ses propres enfants. Les couteaux étaient ornés de différents motifs colorés, de nombreuses gravures et les lames étaient dorées. Les pointes étaient parfaites et les côtés tranchants n'avaient aucun défauts. 

Il se décida enfin à passer à l'acte... En premier, comme à son habitude, il réveilla sa victime après l'avoir ligotée et bâillonnée. L'homme prit ses couteaux et coupa sans réfléchir les longs cheveux blonds de la malheureuse victime en pleurs, qui implorait sa pitié. Mais il était bien trop concentré, imperturbable, et ce n'était qu'une douce musique à ses oreilles. Il déposa les mèches au pied du lit et caressa longuement les joues de son désormais objet. Il chantonnait une douce mélodie, mais les larmes de sa proie inconsolable continuaient encore de couler. Il reprit ses couteaux en main, les contempla, et reprit son travail. 


Il découpa ensuite un par un les doigts de pieds de sa victime, tandis que le sang giclait parmi les cris étouffés par le bâillon. L'homme pansa ensuite soigneusement les plaies et dès que ce fut fait, il retira les doigts de sa proie, phalange par phalange. Il soigna les mains patiemment. Il était incroyablement heureux, il sentait qu'à chaque coups de couteau un poids s'enlevait. 


Il y avait du sang partout et l'auteur de ce crime avait rassemblé tous les membres humains découpés dans un grand bol d'eau chaude. Il décortiquait ces parties retirées en arrachant les ongles, puis en grattant la peau jusqu'à l'os. 


L'homme pris soin de taillader le misérable corps de sa pauvre proie, afin d'en retirer successivement des lambeaux de peau. Cette torture durait depuis des heures, la souffrance était insupportable pour la victime, son corps brûlait et se vidait de son sang, et elle mourut lentement, cédant à la douleur. 


L'homme poursuivait son travail passionné et minutieux, il retira les yeux  avec une cuillère, les déposa soigneusement dans le bol d'eau chaude avec le reste de ce qu'il avait auparavant découpé. Il trancha la gorge du cadavre, puis les veines, jusqu'à que le sang aie inondé la pièce. On ne voyait même plus le sol. 


Enfin, à l'aide de ses couteaux ensanglantés, il découpa minutieusement le corps inerte. Il en jeta des bouts partout, recouvrant ensuite les murs par les multiples lambeaux de peau arrachés, avec de nombreux petits clous rouillés. Et le reste de la tête, il en coupa l'oreille droite en guise de trophée. Puis il l'a déposa sur l'oreiller ensanglanté. Il en arracha les dents et les dispersa dans la pièce. Puis il s'assit sur le bord du lit, et alluma une allumette. Qu'elle était belle cette flamme rouge... 


Il s'en alla, jetant un dernier regard d'émerveillement à cette scène, sa scène. Il était enfin rassasié, il se sentait libre et léger. Il se remémorait les moment de sa soirée, le sang qui giclait, les cris de la victime, et ressentait encore l'horreur qu'elle lui transmettait, à son plus grand plaisir. Il aimait surtout quand ses proies comprenaient que la fin était proche et qu'elles regardaient se faire découper avec horreur et douleur, il aimait surtout voir leurs larmes couler sur leurs joues...


Il rentra chez lui, comme s'il n'avait effectué qu'une simple promenade...
Le lendemain, la police avait découvert son œuvre et les journalistes en avaient fait leur hune : "le maître tailleur  s'en prend à une nouvelle personne".


"Le maître tailleur", il aimait ce nom, il lui correspondait parfaitement. Il se sentait enfin considéré comme un maître dans cet art. Cela le flattait énormément et il n'en était pas peu fier. 

Mais sa joie fut de courte durée, car en lisant la fin de l'article, il était mentionné qu'un de ses deux couteaux était resté sur les lieux du crime. Il savait donc que la police ne tarderait pas à le trouver...



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Le maître tailleurChapitre5 messages | 6 ans

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