Chapitre 7

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Deux Lunes fut le premier à se réveiller.

Voilà une semaine que les deux compères cheminaient ensemble dans la forêt, cap au nord, direction les montagnes. Rien de notable ne leur était arrivé. Quelques attaques animales, quelques arbres hostiles, des fougères carnivores, bref la routine. Ils s'étaient globalement bien débrouillés, Nox s'occupant des efforts magiques pour que DeuxLunes ne soit pas repéré. Et apparemment cela marchait. Pas de signe de l'Ennemi.

DeuxLunes se sentait bien mieux, ses efforts pour se couper de la magie ne le rendaient plus apathique ni faible, il pouvait marcher avec entrain et fonctionner normalement. Cependant il faisait chaque soir le même rêve étrange. Il y pensa en préparant le déjeuner pendant que Nox dormait: le rêve commençait par une femme géante à la peau verte traversant la forêt, recouverte d'un pagne, seins nus, d'une beauté à couper le souffle. Elle avançait vers lui lentement, le regardant fixement, puis son corps rapetissait jusqu'à une taille humaine normale. DeuxLunes était comme figé, soumis à elle, tout son corps l'appelait, l'attirait. Se jetant l'un sur l'autre, ils consommaient leur union sacrée dans une sauvagerie animale pendant qu'une brume électrique leur tournait autour, impuissante à les séparer. Tantôt cette brume lui semblait être Nox, tantôt les âmes mortes de son village. Il s'interrompait alors pour les observer mais la femme verte l'obligeait à la regarder et leur activité sexuelle reprenait de plus belle.

Cette union semblait le renforcer, le régénérer et le deuxième matin déjà, il allait beaucoup mieux. Et chaque nuit il vivait le même rêve, interminable, le laissant au matin dans un état d'agitation sexuelle extrême qui l'obligeait à se soulager le plus discrètement possible; il usait alors d'un tout petit peu de magie pour se nettoyer. Il vivait ses journées dans un état à la fois extatique et perturbé car il ne se comprenait plus. Certes il donnait bien le change, et Nox ne semblait pas percevoir son trouble. Mais qui était cette femme? Il ne pouvait s'empêcher de penser à elle. Jamais elle ne s'expliquait et quand elle était là, présente dans son rêve, il ne pouvait penser à rien d'autre, ne pouvait questionner, totalement subjugué.

Nox se réveilla et constata que, comme d'habitude, DeuxLunes était plongé dans ses réflexions. Cela faisait plusieurs jours maintenant que le même cirque continuait. Cela tourmentait un peu Nox, car il sentait qu'une sorte de barrière s'était créée entre lui et DeuxLunes. Il se demandait si cela pouvait être l'influence de l'Ennemi ou si quelque chose dans son attitude ou dans ses rêves avait trahi ses désirs et fantasmes et que DeuxLunes prenait ses distances avec lui pour lui signifier qu'il n'était pas intéressé par les hommes. Bref, Nox lui aussi cogitait.

- Salut, lui dit DeuxLunes.

- Salut, comment tu vas ce matin?

- Bien. J'ai bien dormi et je me sens de plus en plus solide, répondit DeuxLunes en souriant.

- Super.. génial rétorqua Nox sans marquer l'enthousiasme qu'il aurait dû.

- Tu veux déjeuner?

- Oui merci.

Et ils mangèrent en silence, absorbés par leurs pensées automatiques.


Plus tard ce jour-là, cherchant à s'orienter, ils grimpèrent à un arbre qui n'était pas hostile. Arrivés près du sommet, ils virent pour la première fois, au loin, les hautes montagnes. C'étaient la première fois qu'ils les voyaient. Elles semblaient énormes, majestueuses. Elles appartenaient, ils l'avaient appris à l'école, à la grande chaîne montagneuse centrale de ce continent. Une énorme barrière qui séparait le continent en deux du nord-ouest au sud-est avec de nombreux sommets à dix milles mètres.

- Tu as une idée sur ce que nous devons faire maintenant? demanda Nox, une fois revenu au sol.

- Non, pas vraiment, ce n'est toujours pas clair pour moi. J'attends un signe, quelque chose qui me monterait quoi faire. DeuxLunes « mâchonnait » dans sa tête ses pensées au sujet de son rêve, se demandant si c'était cela le signe qu'il attendait mais sans pouvoir trouver sa réponse. Il en avait assez d'y réfléchir sans fin.

Nox exprima nerveusement une pensée longtemps refoulée:

- Je pense que nous devrions essayer de trouver un autre village, il y a sûrement quelque part une rêv… , quelqu'un qui pourrait nous aider, non?

- Mouais, pour qu'il advienne la même chose qu'à ton village? Non merci, très peu pour moi, répliqua DeuxLunes qui se méfiait toujours des rêveuses.

- Oui je sais, je sais, que tu as peur de faire cela mais en même temps, avons-nous le choix? Nous avons besoin d'aide pour comprendre ce qui t'arrive, pour comprendre qui est l'ennemi. Si nous expliquons bien ce qui t'arrive, une rêveuse qualifiée pourrait tâter le terrain avec circonspection et trouver des réponses, non?

- Peut-être oui, c'est possible, murmura DeuxLunes qui venait de recevoir comme un coup de poing dans le plexus, un coup de poing fait de ses émotions refoulées. Mais je ne peux pas, je ne… je ne… je ne pourrais pas… et DeuxLunes s'interrompit dans un long sanglot.

Sa culpabilité et sa détresse remontèrent en lui, cassant toutes les barrières qu'il avait péniblement érigées pour faire face aux défis pratiques du quotidien. Il pleura et hoqueta un long moment, dévasté par les images de son village détruit, par les souvenirs des habitants du village marin mis en danger par sa seule présence et par les mémoires de peur, de panique et d'épuisement vécu lors de son long combat contre les monstres de la mer. Il essaya de s'expliquer entre ses halètements et ses pleurs. Nox le prit dans ses bras pour le calmer et peu à peu DeuxLunes s'apaisa.

« C’est bien, dit Nox, tu peux encore pleurer si tu veux, je suis là pour toi tu sais. Ce que tu as vécu est au delà de tous les traumatismes que j'ai pu connaître, je ne sais pas trop comment t'aider, mais il me paraît clair qu'il faut que ça sorte d'une manière ou d'une autre, alors laisse toi aller. Je suis là. » Et un peu plus tard il ajouta: « Et tant pis pour mon idée, nous trouverons une solution un autre jour… ».

Et DeuxLunes pleura encore jusqu'à s'endormir. Alors Nox les recouvrit d'un écran protecteur et d'un moirage visuel pour que les prédateurs ne puissent ni les voir, ni les sentir et il s'endormit contre lui, le coeur content.


A son réveil, DeuxLunes se sentait mieux, comme purifié. Il avait encore rêvé de la femme verte mais différemment. Cette fois, elle avait semblé extraire de lui quelque chose, quelque chose de gluant, de collant, de noir et de sombre. Elle l'avait pris et l'avait de ses mains transformé en quelque chose de plus léger, de moins sombre puis l'avait répandu dans le sol, profondément. Oui vraiment, DeuxLunes se sentait infiniment mieux, Nox lui avait fait du bien, ses pleurs aussi et puis la dame verte. Elle existait donc bel et bien! Peut-être était-ce une rêveuse humaine? Peut-être était-ce sa manière de traiter les gens, par les rêves. Il fallait qu'il la trouve. Nox avait raison, il fallait aller dans un village et demander de l'aide. DeuxLunes était confiant maintenant. Mais où était Nox? Etait-il parti chasser? C’est vrai qu’ils n’avaient plus beaucoup de nourriture.

DeuxLunes regarda autour de lui, cherchant son ami, la forêt calme et silencieuse autour de lui ne renvoyait aucun bruit notable. La canopée au-dessus de lui cachait le soleil et le ciel. La lumière était comme voilée et verdie par le toit végétal. Il se mit debout, conscient de la protection magique qui l'entourait. Il n'osait pas appeler Nox et encore moins le chercher magiquement. Il chercha un peu autour de lui puis s'occupa, pour dissiper sa nervosité. Il rangea leurs affaires, cueillit quelques herbes sauvages qui pourraient être mangées ce soir avec la viande que Nox allait ramener. Mais très vite, ses pensées recommencèrent à tourner en boucle. Il s'inquiétait.

Il tenta d'appeler Nox, d'abord d'une petite voix, puis plus fort. Après, que craignait-il? Le champ de protection magique que Nox avait fait pour lui était fort et puissant, il le protégerait. Il cria plus fort et s'aventura plus loin. Il fit un cercle autour du campement. Mais nulle trace de Nox. De guerre lasse, il s'équipa, agrandit les bretelles de son sac à dos pour le passer au-dessus de sa combinaison d'air protectrice. Travailler avec cette combinaison n'était pas chose aisée, ses mains, trop épaisses, étaient très maladroites. Il arriva finalement à ses fins, ouvrit un passage dans la bulle de protection du campement selon un protocole que lui et Nox avait établi ensemble et se mit en route. Il chercha d'abord à trouver les empreintes de Nox, mais le sol était trop moussu à cet endroit de la forêt et les mousses ne conservaient pas les empreintes de pas longtemps. Il fit une prière silencieuse à la dame verte pour l'aider à trouver son compagnon. On ne sait jamais. Pourquoi pas au fond.

Il cherchait encore une solution quand une pensée soudaine lui vint, Nox avait peut-être marqué son chemin? Il vérifia tous les arbres et buissons autour du campement et découvrit une sorte d'estafilade sur un arbre en direction du nord-ouest, bingo! Il suivit ce chemin. Il trouva une autre estafilade 15 mètres plus loin, à peu près en ligne droite. Puis une autre encore, le chemin était assez bien balisé.

Mais tout à coup, plus rien. Il se força à recommencer son chemin, depuis le dernier arbre d'abord à gauche puis à droite, et oui voilà, à 5 mètres du précédent signe, Nox avait marqué un arbre. Les marques n'étaient pas très profondes et ces arbres là avaient l'air endormis et peu réactifs. Il continua son chemin, guettant le moindre son. Son armure d'air lui causait des problèmes, elle occultait beaucoup les sons, tout était ainsi plus assourdi, c'était comme avoir la tête dans l'eau. Il continua son chemin. Il songea que ses appels de tout à l'heure devaient avoir aussi été assourdi par son armure. Il s'entendait lui-même tout à fait normalement mais pouvait-il être entendu? Voilà un problème auquel il n'avait pas pensé mais que les explorateurs du continent avaient sûrement rencontré, quelle solution pouvait-il inventer? D'un arbre à l'autre il s'appliqua à résoudre le problème mentalement; attentif, il regardait partout, dans toutes les directions, cherchant les marques. Son avance était très lente. En une heure, il n'avait probablement parcouru qu'un seul kilomètre, mais la piste était dure à suivre.

Soudain, en lui, il vit une image, très claire. Il vit Nox enchevêtré dans des lianes vertes et brunes, épaisses comme un avant-bras. Sa bouche était bâillonnée par une liane, son bouclier avait explosé! L'image disparu mais pas le sentiment d'urgence! La boule au ventre, il voulait s'élancer mais par où? Et soudain, une ligne verte sembla se dessiner sur le sol, d'un vert clair, similaire à la couleur de la femme de ses rêves.

Il s'élança sans plus attendre, suivant le chemin qui se dessinait devant ses pas à une vitesse vertigineuse. Il n'osait pas voler et utiliser la magie, de plus, les arbres très serrés ne l'auraient pas permis. Il courut alors aussi vite que possible.

Après plusieurs minutes de course, un point de côté compromis sa vitesse. Il trébucha sur une racine peu visible et tomba de tout son long, mais sans mal. Il se remit debout et continua sa course. Tomba encore plus loin dans un petit ruisseau, caché sous les mousses. Sa combinaison d'air était maintenant toute tachée de vert et de brun, un peu comme un camouflage, mais très parcellaire. Il se remit à courir. Le sentiment d'urgence en lui augmentait.

A l'intérieur de lui, une nouvelle angoisse surgit, qu'allait-il faire quand il trouverait Nox? Pouvait-il utiliser ses pouvoirs sans attirer l'Ennemi? Oserait-il le faire? Son coeur battait follement la chamade, son souffle commençait à manquer, sa démarche se fit plus titubante, plus approximative. Il tomba encore une fois et se remit à courir à nouveau.

Soudain, le sol se mit à descendre, rapidement, vers une combe inconnue en dessous. Les arbres furent plus clairsemés et d'une essence différente, plus large et plus massive. Le bois était d'une couleur sombre, brune et jaune avec des veines pustuleuses. Au fond de la combe, un cri! DeuxLunes s'arrêta brutalement pour écouter, mais il n'entendit plus rien. Maudit bouclier! Enfin le chemin vert continuait devant lui, autant y aller. Il courut plus vite et soudain il fut au fond de la combe. Nox était là, amalgamé dans un enchevêtrement de lianes, luttant pour ne pas mourir.

Sa magie faiblissait et aucun signe d’arbre brûlé autour de lui, pourquoi? Pourquoi ne pas utiliser les éclairs comme il savait si bien le faire? Les lianes enserraient tout son corps. Les trois arbres autour de lui pulsaient, répandant des sortes de toxines que DeuxLunes voyait très bien. Mais comment les voyait-il? Bonne question.

Il fallait maintenant réagir vite, utiliser la magie ou pas? Que faire! Ce fut une torture qui dura deux secondes, car DeuxLunes était généreux et son caractère était fondé sur l'aide et la bonté et il ne pouvait supporter de rester en retrait sans aider ceux qu'il aimait.

Il débloqua sa magie, projetant des lames coupantes d'air sur les lianes de tous les côtés. Nox tomba au sol, gigotant faiblement dans les lianes qui restaient encore autour de lui. Un liquide vert suintait de ses blessures. DeuxLunes fit un pas pour l'aider mais des centaines de lianes se jetèrent sur lui, avides de l'attraper.

Son bouclier fut comme vaporisé sous le choc. Sa boucle d'oreille s'activa immédiatement, libérant un deuxième bouclier énergétique. Quel était ce mystère, comment ces plantes arrivaient-elles ainsi à annuler la magie?!

Avant que son deuxième bouclier soit compromis, DeuxLunes déversa autour de lui un maelström magique d'air et de feu… Qui fut aspiré par les arbres environnants! Du sol sous ses pieds surgirent d'autres lianes, traversant la terre sans effort. Il sauta de côté, s'attendant à cette attaque. Il attaqua alors un premier arbre et d'un seul effort mental, le déracina. L'arbre énorme, s'abattit sur le sol. Alors un bruit sourd et pulsant s'insinua dans les oreilles de Nox et de DeuxLunes qui les fit se courber de douleur. Tous les arbres semblaient le produire.

DeuxLunes réactiva un bouclier de terre et d’air pour ses oreilles et celles de Nox et déracina un autre arbre, puis un troisième, puis un quatrième. Il coupa leur tronc en plusieurs parties d'un geste rageur de la main. Puis pour la bonne mesure, il fit exploser leurs restes. Le silence se fit dans la clairière nouvellement créée. Le bourdonnement s'était arrêté.

DeuxLunes sentait l'attente des autres arbres et un nouveau sentiment chez eux, la peur. Une peur bien réelle. Pensant avoir un peu de répit, il s'approcha de Nox pour l'aider à se libérer. Celui-ci était dans un sale état. Couvert d'ecchymoses rougeâtres et bleuâtres, il était épuisé, au bord de l'évanouissement. DeuxLunes le prit sur son dos et péniblement, se mit à marcher. Il puisa dans la magie un surcroît d'énergie et avança plus rapidement.

Mais la peur devenait de plus en plus folle. Elle se répandait des arbres encore debout autour de lui, contaminante comme un virus, faisant écho à sa peur de l'ennemi, faisant battre son coeur à une vitesse considérable.

Il s'affaissa, laissa tomber Nox par terre. Son corps ruisselait de sueur. Ses hormones étaient devenues folles. Il essaya de s'apaiser un moment, en vain. La peur contaminante était en train de le détruire de l'intérieur, Nox gémissait pathétiquement et il entra soudain en convulsions.

DeuxLunes cherchait fiévreusement une solution. Son contrôle magique sur son corps, il s'en rendait compte maintenant, était encore un peu faible et fragile. Ce n'était pas sa spécialité, au fond, il était plutôt un gardien, un attaquant. Il n'avait jamais appris la chimie humaine et ses cours d'anatomie étaient parcellaires. Quand au mental et aux émotions, c'était la spécialité des rêveuses qu'il craignait. Et voilà qu'il succombait maintenant à une bande d'arbres diaboliques!

Il enrageait mais la rage ne parvenait pas à briser l'étau de peur qui paralysait son corps. Plus très loin maintenant, il observa du coin de l'oeil des lianes qui se rapprochaient. Il appela encore une fois la femme verte à son aide. Son coeur, tachycarde, menaçait de lâcher.

Soudain, des images se firent dans son esprit, des images de contes et de légendes qu'on lui racontait étant petit. Comment cela s'appelait-il? Il y avait un joueur de flûte qui hypnotisait des rats, ou des enfants, il ne savait plus. Mais pourquoi cette image? Et comment faire?

Quelque chose, la magie peut-être, força son passage par sa bouche, son bouclier se dissipa et il émit un son suraigu, une trille véloce et très puissante qui se fit de plus en plus forte, de plus en plus massive, répandant son son dans toutes les directions sur une très grande distance. Immédiatement, la peur se calma, les lianes se rétractèrent. DeuxLunes maintenait le son.

Il se sentit réintégrer son corps, comme si son âme avait essayé de s'en échapper. Nox s'agita un peu, tournant la tête vers lui pour le regarder.

DeuxLunes pu se lever sans arrêter sa trille. Celle-ci avait quelque chose d'hypnotique, elle calmait la peur et le désarroi en lui et tout autour de lui. La forêt semblait s’apaiser. Il reprit Nox sur son dos, utilisant la magie pour continuer à siffler sans interruption et à respirer en même temps. Cahin-caha, il avançait.

Plusieurs centaines de mètres plus loin, considérant que c'était assez loin, il cessa enfin de siffler et posa son fardeau. Nox s'était évanoui, mais il était paisible. DeuxLunes remercia la dame verte de tout son coeur et de toute son âme. Il s'inquiéta alors des blessures de son compagnon. Celui-ci semblait au bout de sa vie. Son corps était lacéré à plusieurs endroits, certaines parties étaient broyées, les os sans doute cassés. Un pus vert s'échappait de ses blessures. Tout cela était insoutenable.

DeuxLunes se mit à vomir à cause du choc et de la peur de voir son ami dans cet état. Il pleurait aussi tout en déshabillant Nox pour tenter de le guérir. C'est alors que, dans un demi-rêve, la jeune femme verte lui toucha le dos, se penchant sur lui. Elle était de grande taille mais pas géante, peut-être deux mètres de haut. Elle était habillée d'un pagne manifestement organique mais d'origine inconnue. Ses yeux verts clair faisaient un contraste saisissant avec son corps plus foncé. Elle mit ses mains sur sa tête et quelque chose entra en lui comme une douche bienfaisante. Réparant les tissus, apaisant les hormones, les nerfs, le cerveau et le coeur. En quelques secondes, il était guéri, renforcé, régénéré. C'était un vrai miracle, il n'avait jamais rien vécu d'aussi rapide même avec les guérisseurs du village. Incroyable.

Elle se pencha alors vers Nox dont le corps avait viré au gris. Sans parler, elle montra à DeuxLunes où poser ses mains, elle mis les siennes dessus et envoya la magie. Le flux de cette magie semblait à DeuxLunes de couleur blanche, parfois rose; à l'intérieur de lui, il percevait une odeur de mousse et de fleurs. Sa perception changea et il se mit à regarder le corps de son ami. Il vit alors que son âme n'était plus dans son corps. Il se mit à regarder autour de lui et la vit comme prostrée à quelque distance de lui. C'était en soi une expérience unique, il n'avait jamais vu l'âme de quelqu'un hors de son corps, à l'exception des mourants après l'attaque de son village. Il envoya un flux magique pour reconnecter son âme et son corps, avec tout son amour. L'âme touchée par le flux se mit soudain à regarder, à … respirer, à défaut d'un meilleur mot et elle fut comme aspirée par son corps. Nox toussa et ouvrit les yeux.

Son corps se régénérait à vue d'oeil. Ses blessures se nettoyaient, le pus comme transmuté en pure lumière. L'énergie lui revenait, sa force musculaire aussi. DeuxLunes sentait maintenant que la dame verte était comme entrée en lui, cette fusion ressemblait à ses rêves, c'était à la fois sexuel, amoureux, fusionnel, tendre, concentré et d'une puissance incroyable. Elle semblait lui apprendre, lui donner des instructions, en passant directement par son cerveau. Obéissant à ses impulsions, il bougeait ses mains, orientait la magie en filaments, reconstruisant la peau, les nerfs, les muscles, les os. C'était magnifique. Il apprenait à sculpter le corps!

Blessure après blessure, il réparait, reproduisant les mêmes mouvements magiques, encore et encore. Il apprenait. Nox était éveillé, il regardait tantôt DeuxLunes, tantôt la dame verte, les yeux écarquillés, il ne pouvait pas bouger, quelque chose l'en empêchait, sans doute pour son bien. Il acceptait cela, sentant en lui la guérison affluer.

Puis tout fut fini. Le flux magique se résorba. DeuxLunes se posa sur ses genoux, rêveur, comme en transe. La dame verte se releva, impressionnante. Elle sourit à Nox qui la regardait, se baissa sur lui, lui caressa la joue. Elle fit de même avec DeuxLunes qui lui sourit béatement et aussi soudainement qu'elle était arrivée, elle disparut dans l'air sans laisser de trace.

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