Elle attaque toujours de même, impérative, m’enjambe,

m’accule dos engoncé dans le mou du matelas,

presse dur mon torse de ses dix doigts braqués,

m'agrippe de ses cuisses fermes.

Que je tente à peine de contester et

son corps raide me brave

sans mot.

Ne bouge pas.

Elle sourit,

pour elle, non pour moi.

Elle sourit des yeux déjà ailleurs,

dévore du regard le tendre de mon ventre

soumis à son caprice,

domine, belle et garce et fière et tendre.

Elle se plie,

se replie sur son désir,

ne plie pas au mien,

porte ses lèvres contre mon torse,

tendre et fière,

plante ses crocs contre mon ventre,

garce et belle.

Sous sa mèche se cache,

d’elle même, non de moi,

et me gobe, fière et gourmande,

pour elle, non pour moi.

Belle.

Je rougis de honte, non elle,

geins comme un enfant.

Elle roucoule, se régale,

cherche ma main, l’agrippe,

la porte à mon sexe,

attentive, alerte,

désespère que je joue,

que j’enserre son jeu de mes doigts,

mette en branle son fantasme,

autour de sa faim,

autour de ses lèvres,

autour de sa fine bouche

insatiable.

Elle domine,

maîtrise son sujet.

Mes yeux gobent.

Je ne suis qu’yeux.

Je se saborde.

Deux n’excite pas.

Deux n’existe plus.

Elle seule existe.

Elle

seule

et son désir.