Keis revient s’assoir au bar d’un pas tranquille. Il prit son verre en main et se tourna légèrement vers la salle. C’était une petite pièce, chaleureuse, avec une décoration dans les tons chauds. Les lumières tamisées reflétaient l’ambiance sensuelle du lieu. Keis laissa glisser son regard sur les quelques tables. Il s’immobilisa. Elle était à la table la plus sombre de la pièce, comme caché dans un recoin. Seule. Personne n’aurait pu savoir ce qui se tramer derrière ses yeux. Keis continuait de la fixer, la détaillant sous tous les angles. Elle leva les yeux vers lui. Ça y est. Le choix. Il devait se lancer ou détourner le regard. Et s’est en repensant à ses jointures blanches sur le lavabo qui décida de se lever lentement et de se diriger vers elle.

 Odyle fronça les sourcils. Voilà qu’il s’approchait avec encore ce satané sourire. Elle tira sur les plis de sa jupe et quand elle releva la tête, il se tenait juste devant elle.

« -Tu ne vas vraiment pas me lâcher, n’est-ce pas ? »

 Keis s’assit en face d’elle sans répondre à cette énième pique.

« -Il semblerait que non. J’y peux rien…tu me fais tellement penser à ma mère.

-Sale con. »

 Odyle prit son sac d’un geste brusque et fut à demi-lever lorsqu’il lui attrapa le poignet.

« -C’est bon, c’était une blague. Rassies-toi. »

 Silence. Ils se zyeutaient l’une avec méfiance, l’autre avec patience.

« -S’il te plait. »

 Odyle se rassit brusquement en poussant un soupir.

« -Bien. Soyons franc. Ce n’est pas parce que tu m’as vu dans un moment, disons délicat, que tu as un pouvoir sur moi. Tu ne me connais pas. Tu ne sais rien. »

 Elle reprit sa respiration. Mais il ne dit rien. Keis continuait juste de la regarder encore et encore. Quand finalement, il se lança :

« -Quel est ton nom ?

-Tu n’as pas entendu ce que je viens de dire. Plus explicitement, je te demande de me lâcher.

-Non.

-Comment ça non ?

-Tu ne me demandes pas de te lâcher, tu me demande de te connaître. Et c’est ce que je fais. »

 Odyle resta silencieuse. Qui était-il ?

« - Quel est ton nom ?

-Odyle. »

 Elle avait répondu brusquement de peur de changer d’avis. Keis eu un immense sourire collé au visage.

« -Ravissant. Keis. »