Chapitre 4

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Ecrit en écoutant notamment : Cocooma - Another Race [Hardtrance]

Son ami s’était rapproché de Julian, et se tenait sur ses coudes, le visage à une vingtaine de centimètres de son torse, dont la couverture laissait en entrevoir une partie. Rémi se replaça pour mieux épier la scène, ouvrant très discrètement les paupières à la manière de la petite fille du jeu des loups-garous. Félix tendit imperceptiblement le bras vers Julian, jusqu’à ce que sa main vienne effleurer la chevelure foncée de ce dernier. Il semblait retenir son souffle, détaillant son ami avec un émerveillement fiévreux. Après avoir jeté un rapide coup d’œil tout autour de lui, il approcha ses lèvres des abdominaux de Julian, s’arrêtant seulement lorsqu’il aborda les fins poils qui couraient de son nombril à la limite du boxer. Félix semblait tenté de descendre un cran plus bas, mais il se ravisa, et se recoucha sur le côté de manière à avoir Julian dans son champ de vision.

Rémi remarqua qu’il retenait aussi son souffle depuis trop longtemps ; il prit une grande inspiration silencieuse et se retourna. C’était clair comme de l’eau de roche, Félix en pinçait pour leur Julian. Se pourrait-il que son ami Félix soit gay à l’âge de 16 ans seulement ? Les images qu’il avait vues quelques semaines plus tôt lui revinrent en tête : est-ce que Félix ferait ça ? C’était une question à élucider au plus vite. Malheureusement, cette situation n’améliora pas sa capacité à se rendormir, mais il eut le temps de réfléchir à la mise au point de quelques tests pour son ami. Il n’envisageait pas de lui demander directement, car s’il se trompait complètement, il aurait l’air bien stupide. Bien-sûr, observer la manière dont il regarde les filles et les garçons était primordial, mais il eut aussi l’idée de proposer de faire une petite course de quelques kilomètres le long de la côte. Il avait entendu dire que les personnes gays étaient finalement à moitié féminines, ce serait donc un bon test pour voir si Félix était un mec à 100%. Relativement apaisé par son plan, il ne fut ensuite réveillé que par les rayons du soleil qui commencèrent à entrer dans la pièce vers neuf heures.

Félix et Julian était en déjà en train d’entamer leur petit-déjeuner avec Côme quand Rémi débarqua dans la cuisine. Rien ne semblait avoir changé depuis la veille : Côme mangeait toujours avec autant de manières et de précautions, Julian restait assez silencieux, et Félix commençait à élaborer le programme de la journée.

— Un petit tour en courant le long de plage pour commencer, ça vous dit ? suggéra alors Rémi.

— Euh… pourquoi pas en fait, on pourra prendre notre douche juste après comme ça ! lui répondit Félix.

Ils se laissèrent le temps de digérer, puis enfilèrent leurs baskets et prirent un sentier de terre adapté à l’exercice qui longeait plus ou moins la côte. Rémi était impatient de tester Félix : au bout de cinq minutes, il accéléra progressivement, ce qui eut pour effet de décrocher Côme et Julian. Ce dernier lança à son intention :

— Bon, nous, on y va tranquille, bande de fous, faites ce que vous voulez !

Félix n’était pas particulièrement musclé, mais son corps était tout à fait taillé pour l’endurance. Rémi, qui y allait plus en puissance, comprit rapidement que la tâche serait plus ardue que prévu. Après avoir fait trois kilomètres, Rémi proposa de faire demi-tour, et de faire la course jusqu’à la petite place situé non loin de leur point de départ.

Il engagea directement un rythme soutenu, mais Félix le suivait facilement de ses longues foulées assez propres. Il se dit, que vu la tournure des évènements, mieux valait tenter sa chance sur un sprint final. Lorsqu’ils arrivèrent à quelques rues de l’arrivée, il accéléra brutalement, voulant surprendre son ami. Félix ne se laissa pas faire, et reprit les devants en contre-attaquant. Rémi commença à douter de sa capacité à gagner, lorsque soudain, il trébucha sur le rebord du trottoir et s’écrasa au sol. Félix se retourna instantanément, et tendit la main à son ami, dont la cuisse était joliment rapée, afin de l’aider à se relever. Il refusa en s’énervant :

— C’est de ta faute ! Tu m’as barré la route !

— Quoi ? Mais pas du tout ! Tu étais derrière depuis un moment, et je n’ai pas changé de rythme. Allez, viens, on termine tranquillement en marchant.

Félix s’inquiéta de voir que son ami boitait légèrement :

— Ne t’inquiète pas, ce sont juste les égratignures qui font un peu mal, bougonna Rémi.

Julian et Côme finirent par arriver pour constater les dégâts.

— Il faudra quand même désinfecter, dit Julian.

— Oui, ma mère m’a donné tout ce qu’il faut, s’écria Côme. Heureusement que je suis là pour une fois !

— Mais qu’est-ce que tu racontes, on n’est pas le même groupe sans toi !

Pendant que Côme alla chercher le matériel médical, Rémi s’assit sur une chaise de la cuisine, perdu dans ses pensées. Il savait bien qu’il n’aurait jamais battu Félix. Son ami était un vrai gars, c’était sûr. Peut-être avait-il simplement rêvé la nuit passée ? Le souci était qu’il n’aurait probablement jamais la moindre preuve de ce qu’il supputait. À moins que… qu’il n’attende la nuit prochaine et prenne en photo Félix si celui-ci réitérait ses marques d’affections. Pourquoi n’y avait-il pas pensé la nuit dernière ! Et, le cas échéant, fallait-il prévenir Julian ?

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