Chapitre Premier

5 minutes de lecture

Écrit en écoutant notamment : Thomas Bergersen - Humanity [Épique]

20 juin 2013

Rémi afficha un grand sourire devant la boîte qui contenait le nouveau téléphone offert par ses parents. Il l’avait quand même mérité : lui qui avait obtenu son brevet avec une médiocre moyenne de 10,10/20 il y a tout juste un an était remonté à 11,5 lors de l’année de seconde. Il pourrait surtout bien remercier Félix, qui s’était montré généreux sur certains devoirs maisons lorsque la moyenne de Rémi se mettait à patiner.

Il marchait tranquillement vers le lycée pour une des dernières journées de cours, très impatient de montrer son « acquisition », bien que l’objet ne fût pas payé de sa poche, à tous ses amis, et pourquoi pas à quelques filles des classes de seconde qui lui plaisaient bien. Il trouva Julian, adossé contre un platane qui faisait face à l’entrée du lycée :

— Alors gros, tu n’as pas oublié des affaires de baignade ?

— Non non, s’écria-t-il tout sourire, ouvrant son sac devant Rémi. Je devrai juste partir du lac vers sept heures et demie, mais ça laissera déjà un peu de temps !

Rémi détailla quelques secondes son ami ; Julian commençait vraiment à présenter un corps d’homme, avec un torse plutôt large, des mollets affûtés, et une moustache fine et claire bien entretenue. Il était presque jaloux de ce physique, lui qui au contraire pestait contre les quelques poils qui apparaissaient de manière anarchique et aléatoire, et ses épaules qu’il ne jugeait pas assez larges. Hormis cela, il en était relativement satisfait, mais alors ce Julian qui attirait les filles sans le vouloir et les repoussait ensuite timidement comme s’il les dérangeait, cela le mettait parfois hors de lui ! Enfin, Julian était comme ça, il ne semblait pas pressé de devenir un grand tombeur, il aurait toute la vie devant lui pour cela.

Félix et Côme arrivèrent ensemble, pendant que Rémi était en train de vanter les vertus de son nouveau téléphone à Julian :

— T’as vu l’écran tactile, il est incroyable ! Et puis je vais pouvoir mettre plein d’applications…

Félix lâcha avec un sourire amusé :

— Tu vas surtout pouvoir te mater des films de cul en haute définition, n’est-ce pas ?

Côme, comme d’habitude gêné par ces allusions, détourna le regard, tandis que l’intéressé se défendit :

— Félix, je te croyais au-dessus de tout ça ! Je ne vais pas… enfin si peut-être, on verra bien !

Julian et Félix partirent dans un fou rire, tout heureux de taquiner le naturel parfois un peu susceptible et têtu de leur ami. Rémi répliqua :

— Je vous coulerai tous les deux au lac ce soir ! En même temps !

— On aimerait bien voir ça ! Bon allez, il est neuf heures cinq, on va peut-être aller retrouver la mère Desmirails pour les maths.

*

**

Après une journée tranquille, lors de laquelle même l’humeur des profs sentait déjà les vacances, Rémi et ses amis prirent la direction du lac qui se trouvait non loin du lycée de leur petite ville. Ils déposèrent leurs affaires sur une pelouse, se changèrent, et seul Côme prit le temps de se badigeonner de crème solaire, voulant probablement éviter une remarque de ses parents s’il revenait avec quelque coup de soleil. Rémi et les deux autres avaient déjà rejoint l’eau fraîche à grandes enjambées et se mirent à chahuter comme prévu en se projetant de grandes gerbes d’eau, ou en essayant de se couler avec plus ou moins de réussite.

Côme s’avançait prudemment dans l’eau, lorsque Rémi s’écria :

— Tous sur le mioche ! Pas de quartier !

Joignant le geste à la parole, il prit quelques lourds pas d’élan dans l’eau et projeta le malheureux Côme sous l’eau. Félix observait avec amusement la scène de loin, tandis que Julian ne put s’empêcher d’aller intervenir :

— Allez Rémi, soit un peu sympa avec lui ! Il fait partie de notre groupe comme nous tous !

Il parvint à extraire Côme du guet-apens, et alors que Rémi bougonnait une vague excuse, il sonna l’heure de la vengeance.

Pendant que ses trois amis continuaient à lutter dans l’eau, Félix contemplait le paysage tout autour de lui, les baigneurs qui profitaient de la chaleur, la forêt dense qui bordait la rive opposée, le petit îlot cerné d’algues sales qui émergeait sur le côté droit du lac nitescent. Il eut l’idée soudaine de proposer à ses amis de partir ensemble en vacances pendant l’été, seuls, sans leurs parents sur le dos. Il n’avait pas encore d’idée précise quant à la destination, mais s’ils se montraient tous enthousiastes, il ferait quelques recherches, ne suffirait plus qu’à convaincre les parents de chacun de contribuer financièrement.

Une demi-heure plus tard, épuisés par leur joutes, ils se retrouvèrent à l’endroit où ils avaient laissé leurs affaires, et Félix en profita pour exposer son idée. Le projet plaisait énormément à Julian, qui proposait déjà de nombreuses idées, tandis que Rémi ronchonna :

— C’est sûr que ça serait cool, mais ça va être difficile de convaincre mes parents pour ma part, ils m’ont déjà offert le téléphone, vous voyez…

— Bah, tu leur diras que tu ne coûtes pas plus cher avec nous qu’avec eux !

— Mouais, pourquoi pas, ça pourrait marcher…

— Et toi, Côme, qu’est-ce que tu en penses ? enchaîna à nouveau Julian.

— Heu… il y a mes parents qui ont une maison dans les Côtes d’Armor… le village est super beau, la plage n’est pas loin, et il y a l’église à deux pas aussi si vous…

— On s’en branle de l’église ! s’exclama Rémi. Par contre, si on a la bicoque pour nous, je compte bien me faire la faveur de quelques péchés de luxure avec des meufs !

— Eh, tranquille, tu sais bien que les parents de Côme sont… assez traditionnels.

— Mais au moins ils sont gavés de fric !

— Rémi !

— Ouais ouais…

— Blague à part, ça serait une super idée, hein Félix ?

— Bien sûr, répondit ce dernier, tu demanderas à tes parents s’ils sont d’accord, Côme ?

*

**

Confortablement allongé dans son lit, Rémi ouvrit avec une envie grisante le navigateur internet de son téléphone. Il tâtonna un moment pour retrouver le nom du site qu’il avait entendu son grand frère évoquer avec ses amis, mais savoura ensuite le plaisir de braver l’interdit du petit bandeau qui lui demandait s’il avait plus de dix-huit ans. Il jura intérieurement contre Félix, qui avec sa perspicacité habituelle, avait très bien deviné qu’il pratiquerait cette activité. Mais il se rassura tout de même : pas vu, pas pris ! ll pourrait très bien mentir ensuite s’il fallait. Faisant défiler les images et films, il imaginait déjà ce qu’il aimerait essayer lui-même cet été pendant leurs vacances, même si celles-ci restaient pour l’heure à l’état de projet. Enfin, avec un peu de chance, il pourrait quand même remercier Côme pour une fois… Quelle idée avait eu Félix, et surtout Julian, de prendre ce garçon sous leurs ailes…

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