Chapitre 26

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Ce samedi-là, Emilie se réveilla avec un léger mal de crâne. Etait-il dû à son manque de sommeil ? La jeune fille se releva et inspecta sa chambre. Elle ne se souvenait plus exactement quand elle y était arrivée, ni même comment.

La danseuse se rallongea dans l'espoir d'atténuer sa douleur, et refit le court de sa soirée. Emi était arrivée vers dix-neuf heures chez Marc. Ils avaient discuté, elle avait bu un peu d’alcool, lui semblait-il, et…

Emilie se redressa d’un coup, les yeux écarquillés. La lycéenne poussa un gémissement, portant sa main à son crâne endolori. Elle tourna sa tête vers réveil pour voir l’heure. Tôt. Trop tôt.

Ses souvenirs la submergèrent. Emi se revoyait revenir des toilettes et constater la présence d’Adrien. Elle se souvenait aussi des moments où ils étaient tombés l’un sur l’autre, par deux fois ! Les joues de la jolie blonde s'empourprèrent au souvenir de la chaleur du garçon. Il était si confortable ! Ses muscles étaient certes très durs, mais lorsqu’ils étaient décontractés, ils formaient un merveilleux coussin… Et dire que cela s'était produit devant tout le monde ! A ce moment-là, la danseuse n’avait plus voulu bouger. Elle avait été si bien… Et puis, cela avait été si réconfortant d’être lovée contre lui.

La danseuse se tourna dans son lit, honteuse. Ses actions et ses pensées lui paraissaient si étranges ! L'alcool y était forcément pour quelque chose et jamais elle n’aurait été ainsi naturellement ; sa réserve s’était totalement effacée.

Son père entra soudainement dans sa chambre, brisant son fil mémoriel. Emi avisa immédiatement son sourire taquin.

« Et bien chérie, on a du mal à se lever ce matin ? »

La jeune fille grogna mais s'efforça de sortir de son lit pour le rejoindre à la cuisine. Un silence étrange y régnait. Emilie était habituée à ce que sa mère déblatère sans s’arrêter, alors pourquoi ce matin-là était-il différent ? Pour la première fois, le babillage agaçant de sa mère lui manqua.

Elle observa ses parents avec une moue interrogative, et sa mère prit la parole.

« Alors mon petit rat, je vois que tu t’es bien amusée hier soir, ricana-t-elle doucement. »

Sa fille haussa un sourcil étonné.

« Tu étais complétement paf lorsque nous sommes venus te chercher, s'esclaffa franchement le mari. Tu étais très joyeuse. Par contre, pourrais-tu nous expliquer qui était ce jeune homme que tu ne voulais pas lâcher ? »

La jeune fille piqua un fard sous les regards hilares de ses parents.

« Marc ? suggéra-t-elle innocemment.

- Certainement pas, mon coeur, la détrompa son père. Nous l’avons bien reconnu, et il est tout à fait charmant, mais ce n'était pas lui. Non, reprit-il après un regard vers sa femme, il s'agissait d’un jeune homme que nous n’avions jamais vu, bruns aux yeux verts…

- Qu’il avait très beaux, d’ailleurs ! ajouta sa mère sous le regard faussement noir de son mari, détrompé par son sourire.

- Alors ? insistèrent-ils. »

Emilie se tortilla. Comment avouer à ses parents que c’était le garçon qu’elle leur avait si souvent assuré détester ? Elle inspira un grand coup, prit son courage à deux mains, et se lança.

« Et bien… Vous vous souvenez que j’ai un cavalier pour le spectacle de Noël ? (Elle poursuivit devant le hochement de tête approbateur de ses parents.) Et bien c’est lui. Voilà. »

Elle se détourna vers l’évier pour prendre de l’eau, sentant les remarques arriver. Ce qui ne manqua pas.

« Ohhh, souffla sa mère, l'air ému. Pourtant, tu ne semblais pas le détester hier, tu avais même l’air de ne pas vouloir le quitter. Et tu as même fait promettre à Marc de le protéger de Charlotte avant de partir, ajouta sa mère dans un rire.

- Oui, bon, ça va à la fin ? Je n’étais pas complètement consciente de mes actes, d’accord ? Sinon, jamais je n’aurais fait cela. Je ne suis pas idiote. »

Ses parents levèrent les yeux au ciel puis continuèrent à chuchoter dans son dos jusqu’à ce qu’elle ne craque et ne leur demande franchement :

« Quoi ? Je sais que vous parlez de moi, donc dites-moi ce qu’il se passe ! »

Ces derniers pouffèrent.

« Si tu y tiens, mon petit chérubin, gloussa son père. On disait juste que tu n’avais jamais dit à quel point il était beau, et à quel point tu trouves ses yeux renversants... »

Emilie se figea, interdite. Puis elle balbutia, mal à l’aise.

« J’ai dit ça, moi ? »

La jeune fille attrapa un pain au chocolat pour se donner une contenance et se tourna vers les deux adultes.

« Ne t’en fais pas, ma luciole, répondit la femme d'un ton rassurant. Il n'a rien entendu ; tu nous l’as dit alors que nous étions déjà dans la voiture. »

La jeune fille s’en souvenait, maintenant. Emi avait été en train de s’assoupir quand ses parents lui avaient demandé qui était ce jeune homme, qu’elle semblait si bien connaître mais qui ne leur avait jamais été présenté. Sa réponse avait été… plus que lamentable.

« Pff, lui ? Mais c’est mon coussin. Il a de beaux yeux, hein ? Les plus beaux que j’ai jamais vu…, avait-elle murmuré en s’endormant. »

Emi croqua dans sa nourriture afin de cacher la brûlure de ses joues. Elle ferma les yeux un instant, profitant de sa bouchée et du fondant de la viennoiserie, relevé par le chocolat. Parfait.

« Bien, reprit-elle après avoir mangé, je vais retourner me coucher. J’ai mal à la tête.

- Voilà qui n’a rien d’étonnant, se gaussa son père. »

Elle lui tira la langue en grimaçant et alla se réfugier dans sa chambre pour se jeter sur son lit.

Les souvenirs de cette soirée affluaient. C’était atroce, comme sensation. Son comportement envers Adrien avait été déplacé, elle n’oserait plus jamais le regarder en face. Elle ne l’avait pas lâché ! A part pour faire les jeux à boire, pendant lesquels, malgré l’insistance de Marc et de M.A., elle avait encore bu de l’alcool. Elle avait également tenté de faire des jeux de rapidité, et avait lamentablement échoué. La jeune fille se revoyait perdre, et se jeter sur Adrien, qui riait, pour le taper, avant de s’écrouler dans ses bras. Encore.

Oh mon Dieu, soupira-t-elle intérieurement, comment pourrais-je les regarder dans les yeux lundi ?

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