Chapitre 19

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En se levant ce matin-là, Emilie était encore agacée par le mauvais caractère de son cavalier. Ce garçon n’était qu’un boulet ! A cause de lui, ils s’étaient fait engueulés, et Mlle Morvan allait avoir une piètre opinion d’eux. Franchement, comment avait-il pu être sélectionné ? Il allait la couler, l'humilier en public !

La lycéenne avait ruminé toute la soirée, et recommença en se levant, à tel point que ses parents n’osèrent pas lui poser la moindre question sur les répétitions. Tous deux la regardèrent partir, à sept heures trente, dépités, sentant que leur fille adorée était tendue, et qu'ils ne pouvaient rien y faire.

Emi marcha rapidement sur la route menant à son école, ne regardant rien ni personne. La jeune fille était en colère. Elle le détestait ! Adrien avait beau avoir de très beaux yeux, ça n’était pas une raison pour être tire-au-flanc ! Elle shoota dans un sac en papier laissé sur le sol et, se rendant compte de ce que cela signifiait, s’énerva encore plus. La danseuse ne supportait pas les incivilités, et considérait que les gens qui commettaient ce genre d’acte de barbarie devraient être sévèrement punis ! A quoi pensaient ces bélîtres en jetant leurs ordures sur la voie publique ? Les Humains la dégoûtait. D’autant qu’elle avait déjà vu une mère dire à son enfant de jeter son déchet dans le caniveau ! Comme si la mer était une immense poubelle, ou que les éboueurs n’avaient que cela à faire !

La belle blonde arriva enfin devant le portail de son lycée et inspira un grand coup. Elle n’allait laisser personne, et surtout pas ce bellâtre prétentieux, lui marcher sur les pieds et ruiner sa carrière en devenir ! Emi affronterait cette épreuve la tête haute. Mais avant de retrouver son cauchemar ambulant, il y avait tous ces cours… Elle soupira. Voilà qui ne la réjouissait pas beaucoup plus. La lycéenne aimait bien les matières communes à toutes les filières mais sa nouvelle école exigeait d’excellents résultats dans chacune d’entre elles… Ce qui allait être plus compliqué à réaliser. Elle n’était pas mauvaise élève, mais la motivation lui manquait souvent. Emi voulait être danseuse, pas ingénieure ! Elle voulait se concentrer sur sa passion. Malheureusement, la jeune fille allait devoir passer par ces cases-là aussi pour l’atteindre. Mais le jour où la danseuse réussirait - parce qu'un grand avenir l'attendait, c'était certain -, elle montrerait au monde entier le pouvoir de sa détermination !

Emi sautilla vers ses amies et les serra dans ses bras. Elle allait parler mais déjà, la cloche sonnait, lui faisant ouvrir de grands yeux. Il ne lui arrivait jamais d’arriver aussi tard à l’école !

La jeune danseuse partit en courant vers sa classe, oubliant par la même occasion ses amies, qui n’avaient pas réussi la suivre. Elle retrouva, devant la porte, son ami Marc. Ils échangèrent un sourire complice et entrèrent en cours.

Après l’appel, le professeur lança la leçon : les probabilités. Emi plongea sa tête dans ses mains. Elle haïssait ça, pourquoi devaient-ils lui faire subir ce cauchemar ? Marc, à côté d’elle, rit doucement. Bon, lui non plus n’était pas très bon, mais cela évoquait en lui les souvenirs chaleureux des après-midis passés à réviser avec Adrien et Édouard, qui se finissaient souvent en fous rires. Le garçon avait toujours aimé travailler en groupe, ça lui permettait de ne pas être trop perdu.

« Du coup, ça s’est passé comment la répétition hier ? Adrien nous en a un peu parlé mais il n’est pas bavard le loulou, chuchota Marc à sa petite voisine. »

Cette dernière se redressa d’un coup et le fusilla du regard.

« Tu veux que je te raconte, Marc ? Vraiment ? Bien, alors je ne vais dire qu’une chose : ton ami est un con. »

Émilie se détourna de lui, boudant ostensiblement.

« Mimi, qu’est ce qu’il s’est passé ? J’ai bien cru comprendre que ça ne s’était pas merveilleusement bien passé mais je ne comprends pas comment vous en êtes arrivés là. »

Son amie secoua la tête, envoyant ses longs cheveux châtains voler autour d’elle. Elle passa le reste du cours à l’ignorer. Marc ne comprit pas vraiment ce comportement étrange…

La sonnerie de l’école retentit, annonçant la fin de leurs deux heures de mathématiques, ainsi que le début de la récréation.

Les deux jeunes gens sortirent ensemble, en hâte, Émilie ayant un peu retrouvé le sourire. Ils virent, au loin, leurs quatre amis. Ces derniers n’étaient pas ensemble mais les deux groupes étaient installés du même côté de la cour. Les deux acolytes s’approchèrent d’abord des garçons, même si cela n’enchantait pas la jeune fille. De toute façon, elle devait bien passer à côté eux si elle voulait aller voir ses propres amies.

Emi prévoyait donc de passer discrètement derrière les garçons, sans se faire remarquer. Mais, alors que la jeune fille tentait de se fondre dans la masse d’élèves pour aller dépasser ce point de confrontation, elle entendit une phrase qui lui glaça le sang.

« Franchement, cette fille est un boulet. Lorsque Mlle Morvan l’a reconnu, j’ai vainement espéré pouvoir changer de partenaire, mais que nenni ! Mon charmant père semble déceler en elle un talent… Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre. Il avait seulement envie de m'énerver. Cette fille n’a pas les épaules pour le rôle, quoi qu’en dise Marc. »

La jeune fille sentit son sang bouillir dans ses veines. C'en était trop ! Ce plumet n’avait rien dans le pantalon pour ne même pas oser parler ainsi devant elle !

« Comment oses-tu ! laissa-t-elle échapper d'une voix furieuse. »

Adrien se tourna vers elle, surpris de la voir. Il se reprit cependant bien vite, et afficha un air condescendant.

« Je ne fais que raconter la vérité, si tu ne l’acceptes pas, tu ne sauras jamais rien faire. »

Elle se retint tant bien que mal de l’étrangler.

« Dois-je te rappeler ce que Mlle Morvan t’a dit ? Elle ne semble pas aussi confiante que toi au sujet de tes compétences. Je vais te dire, moi, pourquoi tu as été sélectionné. C’est parce que tu es le fils du directeur. Il n'y a aucune autre raison. Ton prétendu talent ne vient pas de toi, mais de ton père. Tu es lamentable. Tu crois que tu vaux mieux que moi parce que tu as quelques années de plus ? Mais pas du tout, ça signifie juste que tu n’as plus de marge de progression ; tu n’iras jamais plus loin que le danseur que tu es maintenant. Tu es fini, Adrien Silberdorn. »

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