Chapitre 2

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La jeune fille se concentra, ferma les yeux et se mit à danser, le dos droit, se donnant à corps perdu. Une sensation de légèreté parcourut son corps frêle. Elle s'appliquait sur sa posture, sur chaque position, et chacun de ses pas.

Ses pointes touchaient, puis quittaient le sol, sans une seule erreur de rythme, sans faux mouvement. Ses gestes pleins de grâce respiraient la fraîcheur d'une débutante, mais sa sérénité et sa concentration extrême lui conféraient un air de danseuse expérimenté, sûre d'elle.

« Très bon port de tête, ma belle ! C'est ça ! Par contre, plus léger, le grand jeté, on dirait que tu veux t'envoler.

- Désolée Dianna, je suis juste stressée, surtout avec la rentrée qui approche.

- Ne t'en fais pas pour ça, princesse, tu es la meilleure. Tout le monde va t'adorer !

- Mouais, grommela l'adolescente en plissant le nez, peu convaincue. »

La danseuse éclata de rire devant le peu d'entrain de sa jeune élève.

« Aller, Émilie-Jolie ! Arrête de stresser ; prends un peu exemple sur ta mère !

- Tu veux que je devienne hystérique ? Non merci. Et puis, je te rappelle que si Papa et moi n'étions pas là, Maman vivrait sous les ponts : elle ne sait même pas régler une facture ! protesta la jeune fille.

- Là, évidemment, tu lui en demandes trop ! Mais elle ne peut pas tout savoir faire, aussi, riposta le professeur d'un ton rieur. Elle est danseuse étoile, c'est déjà pas mal ! Enfin, elle l'était ; il faut dire qu'elle est un peu trop vieille maintenant...

- Papa est chanteur d'opéra et ça ne l'empêche pas de savoir payer les impôts... Ma mère est juste un cas, déclara-t-elle, une moue faussement boudeuse s'affichant sur ses lèvres roses. »

Les deux danseuses échangèrent des sourires amusés, fières de leurs moqueries. La plus jeune se dirigea vers les vestiaires pour changer de chaussures. Ceci étant fait, elle sortit, plutôt satisfaite de ses performances.

Emilie détacha sa longue chevelure, qu'elle avait auparavant nouée en un chignon soigné. Elle avait un léger mal de tête, comme à chaque fin de cours. La jeune fille se donnait toujours à fond et ses résultats étaient concluants. Dianna était ravie de pouvoir lui accorder du temps en plus de ses cours collectifs.

Ses longues boucles châtains volaient au dessus de sa nuque, une brise fraîche parcourant les rues de Paris. Arrivée au bas de son immeuble - un bâtiment moderne et cossu du 6e arrondissement - elle attendit devant le visiophone et entra. L'ascenseur étant – encore – en panne, elle monta rapidement par les escaliers, gravissant les marches quatre à quatre. L'adolescente, sitôt rentrée dans son appartement, fila prendre une douche.

Émilie profita de cet instant de bien-être, l'eau chaude coulant sur sa peau claire et détendant ses muscles raidis. Elle respira lentement, laissant son corps se reposer. Ses orteils, surtout, avait bien souffert. La lycéenne cambra le dos pour s'étirer, huma le parfum fruité de son gel douche et lâcha un soupir de contentement.

La danseuse somnolait presque, lorsque la porte de la salle de bain s'ouvrit, laissant place à une grande femme blonde à la silhouette élancée, vêtue d'une petite robe, style BCBG. L'adolescente se retourna, pudiquement, avant de reconnaître sa mère.

« Émi, dépêche-toi ! lui ordonna cette dernière, N'oublie pas qu'on doit aller faire du shopping cet après-midi. Il te faut de nouveaux vêtements - d'ailleurs, je t'ai trouvé des justaucorps parfaits l'autre jour - une paire de pointes neuve – les tiennes sont vraiment défoncées – et un stock de bombes de laque. Et puis, il faudrait que tu t'épiles... Émilie, prend exemple sur ton père, bon sang ! »

Et la femme continua de piailler, tandis que sa fille observait ses jambes imberbes avec incompréhension. Elle finit par l'interrompre, agacée :

« Maman, et si tu allais te doucher, toi aussi ? Tu n'as certes pas parcouru de taudis sordides pendant ta journée de travail, mais tu sais bien ce que l'on dit sur l'air impur du métro parisien. De facto, tu es toute sale.

- Oh oui, tu as raison ! Et je ferai à manger après, alors...

- Mais non, voyons, ne t'embête pas, ma petite Maman. Je vais le faire ! Prends plutôt un peu de temps pour toi, minauda Émilie d'un ton caressant, priant pour que sa mère accepte sa proposition. »

Ce qu'elle fit. Un énorme poids se retira des épaules de la jeune fille. Sa mère n'allait pas – encore un fois – brûler la cuisine...

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