chapitre 49

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Soudain, ils entendent un bruit ahurissant, provenant de derrière eux. Ils font volte-face et sont les témoins d’un spectacle qu’ils n’oublieront jamais. Les yeux écarquillés, ils contemplent la base du C.A.S en train d’exploser, dans un nuage de fumée et de flammes. Ils sont pourtant à une certaines distance du sinistre, mais l’explosion est si puissante qu’ils ressentent la chaleur des flammes.

Ils sont tellement captivés par la scène, qu’ils ne voient pas qu’une voiture se gare près d’eux. Constantine est obligé de sortir de la voiture pour attirer leurs attentions.

- Il faut qu’on mette les bouts maintenant ! Ils vont bloquer les accès routiers hurle Constantine pour se faire entendre.

- C’est quoi ce bordel, ce n’est pas nous ça ! s’exclame Shawn

- Je pense que c’est plutôt un coup de nos deux chers frères dit Hayden, en fronçant les sourcils.

- Ça veut dire qu’ils ont aussi réussi à s’en tirer, les fumiers ! s’exclame Max, énervé.

- C’est maintenant ou jamais hurle Constantine, pressé de quitter ce lieu.

- Y’aura des conséquences. Ils vont nous traquer comme des animaux dit Hayden.

- On ne peut plus rien changer. L’important, c’est de mettre les voiles et vite dit Shawn.

Hayden se ressaisi et met son casque, Max fait de même. Ils enfourchent la moto, ne voulant pas perdre de temps. Hayden la démarre d’un coup de kick et se dépêche de rejoindre la route principale. Ils quittent un véritable enfer, au sens propre comme au figuré !

Pendant un long moment, un silence pesant règne à l’intérieur de la voiture. Shawn et le conducteur ne savent pas quoi dire pour combler le vide. Au bout d’un moment, Shawn est le premier à rompre le silence. Désireux d’en savoir plus sur ce qui l’attend dans les prochains jours ou semaine, en représailles de cette attaque :

- Vous qui les connaissez si bien, vous pensez qu’ils vont nous traquer de façon plus intense.

- J’en ai bien peur. Je connais le directeur. C’est une vraie teigne et la perte de la base va être un coup dur. Enfin surtout pour son ego surdimensionné. Il déteste perdre, il prendra toutes les mesures qu’il jugera nécessaire pour vous chopper. Je vous conseillerai de vous mettre au vert quelques temps.

- Et vous ? ça va être quoi votre stratégie ?

- Faire la même chose. Me terrer dans un trou en attendant que ça se tasse. Il ne lui faudra pas longtemps pour comprendre que j’ai eu un rôle las dedans. Je ne compte pas attendre sagement qu’il vienne me trouver. Ce n’est pas son genre à pardonner aux autres.

- Un type charmant en somme !

- Oh oui ! un enfoiré dans toute sa splendeur. Vous ne pouviez pas rêver pire adversaire.

- Et bien ça promet ! s’exclame Shawn, avant de s’affaisser au plus profond de son siège, démoralisé.

Son cerveau part dans dix milles directions à la fois, mais ce qui revient le plus souvent, c’est Sarah. Il regarde sa montre d’un air nerveux. S’ils ne rencontrent pas de problème sur la route, il pourra arriver juste à temps pour le concert. Il se sent totalement épuisé, vidé de toutes ses forces et il n’a plus goût pour rien. C’est la première fois que cela lui arrive, lui qui se croyait invulnérable, un super héros. Ce n’est pas le genre de situation qui arrive à Superman.

Il se rend compte qu’il n’est pas si invincible qu’il l’aurait cru. C’est une bonne leçon à retenir. Une leçon amère, mais une bonne leçon. S’il le pouvait, Shawn s’endormirait et il lui faudrait au moins 24h de sommeil pour se remettre de ses émotions. Mais c’est un luxe qu’il ne peut se permettre. Ils viennent de déclarer une guerre ouverte contre leurs assaillants. Ils vont devoir être encore plus prudents qu’à l’accoutumée. Le repos du guerrier n’est pas pour demain. Shawn jette un coup d’œil dans le rétroviseur afin de s’assurer que ses demi-frères les suivent toujours de prés.

Rassuré par leur présence et avoir après vérifié que personne ne les a pris en chasse, Shawn se permet de se détendre. Le français regarde le panorama et tente de ne pas fermer les yeux. Sachant qu’à la moindre seconde de relâchement, il s’endormira d’une traite. Il ne peut pas se le permettre, il doit rester alerte jusqu’à leur arrivée à Chicago. C’est son rôle de leader de ramener tout le monde sain et sauf.

Il tente de rester éveillé par tous les moyens possibles, mais l’appel du sommeil est plus fort. Constantine tourne la tête vers lui et sourit en le voyant dormir si paisiblement. En le voyant, on ne croirait pas qu’il vient de traverser l’enfer. Le détective est lui aussi épuisé, mais il lui en faut davantage. Par le passé, il a déjà roulé sur des centaines de kilomètres avec une balle dans le ventre, cela ne l’avait pas empêché d’arriver à bon port. Le bon vieux temps comme il le dit souvent avec nostalgie. C’est un véritable professionnel qui a l’habitude de combattre la fatigue. Il a des années d’entrainement derrière lui et est capable de tenir plusieurs jours sans dormir. Le détective s’est quelque peu laissé aller ces dernières années, négligeant quelques exercices. Cela ne l’empêche pas de savoir maîtriser sa fatigue. Il n’est pas dépendant d’elle.

Constantine aurait pu réveiller le jeune étudiant et discuter avec lui pour l’obliger à rester conscient. Mais il préfère le laisser dormir. Shawn a été soumis à beaucoup de stress et il mérite de se reposer un peu. Constantine imagine Cross quand ce dernier va apprendre ce qu’il vient de se passer. Il aimerait trop voir sa tête, ce serait un spectacle terriblement jouissif !

Au siège du C.A.S, tout le monde est en alerte maximum. Ils essayent de comprendre ce qui a pu se dérouler et qui est assez fou pour s’en prendre au C.A.S. Les barrages routiers et les hélicoptères qui sillonnent la zone n’ont rien donné pour l’instant. Cross est dans une fureur sans précédent. Il n’arrête pas de hurler des ordres au téléphone, comme s’il était entouré d’incapables. Même s’il aurait tout donné pour ne pas y être obligé, Peterson entre dans le bureau de son directeur. Le bras droit essaye de se faire le plus petit possible, ne voulant pas subir le courroux de son supérieur.

L’agent sait que dans toute situation de crise, il faut un coupable. Même si ce dernier est innocent. Un agent que l’on pourrait sacrifier sans problème. Peterson a toujours su que son poste au sein de l’agence le plaçait sur une sellette. Les anciens bras droit du directeur ne sont jamais restés longtemps. Cross junior n’a pas son pareil pour se débarrasser des autres. Peterson déglutie avec peine, il ne peut s’empêcher de se demander si son tour est venu.

Il regarde sans réagir Cross jeter brusquement son téléphone à travers la pièce. L’appareil explose contre le mur sous la violence de l’impact. Cross fulmine de rage. Ses joues ont pris une teinte cramoisie. Cela se voit à son regard qu’il a besoin de passer ses nerfs sur quelqu’un… n’importe qui. La première personne qui se trouvera sur son chemin en prendra pour ses frais et manque de chance pour Peterson. Il a fallu que ça tombe sur lui.

- Le conseil veut un rapport dans l’heure et je n’ai rien à leur dire. Putain ! Mais c’est quoi ce bordel ? Comment on en est arrivé là ?

- Les barrages et les hélicoptères font choux blanc pour le moment dit Peterson, d’une voix grave.

- C’est de ma faute. Nous aurions dû être plus vigilant, j’aurai du prendre des mesures plus radicales envers eux. Ils nous ont déclaré la guerre et je n’ai rien fait ! Mais Dieu est témoin que je ne serai plus faible à l’avenir. Ils ne m’auront plus.

- Nous ne pouvions pas prévoir ce qui allait se produire monsieur.

- J’aurai pu le faire ! J’aurai dû ! s’époumone Cross, en longeant son bureau de long en large.

- L’équipe sur place a retrouvé le corps de l’agent disparu ! Il a été tué par l’un d’entre eux.

- Ça fait toujours un souci en moins à régler. Autre chose ? demande Cross en soupirant d’une voix fatiguée.

Peterson rencontre des difficultés à aborder un autre sujet qui lui a fait l’effet d’une bombe. Il ne sait pas comment amener cela sur la table, surtout avec l’actuel bazar. Il finit par prendre son courage à deux mains et par se lancer, sachant que de toute façon Cross finira par l’apprendre.

- Une autre personne a été vue sur les lieux pendant l’attaque. Elle a disparu depuis.

- Qui ? demande Cross, retrouvant toute son énergie en l’espace d’une seconde, attendant la réponse avec impatience.

- Le détective Constantine. Je n’ai pas encore tous les détails mais il semble qu’il ait disparu juste avant l’explosion.

- Intéressant ! Il a donc manigancé tout ça avec eux.

- Nous ne le savons pas encore, monsieur dit Peterson, voulant laisser à Constantine le bénéfice du doute.

- Moi je le sais. Je l’ai toujours su au fond de moi. Ce n’est pas une personne sur qui on peut compter, mon père l’a apprit à ces dépends. L’enfoiré ! Préparez-moi une voiture, je veux me rendre sur place.

Peterson hoche la tête avant de prendre congé pour s’occuper de la requête de son supérieur. Il aurait aimé lui donner son opinion mais il sait que Cross se fiche royalement de son avis. Tout n’est pas encore sécurisé sur place et ils ne sont pas sûrs que les fils de Satan ne soient plus dans le coin. Ils profitent peut être du spectacle et attendent de pouvoir tuer encore plus d’agents. Depuis qu’il travaille avec Cross, il a appris à suivre les ordres sans protester. Et vu l’état émotionnel dans lequel se retrouve le directeur, il ne vaut mieux pas le contredire. Cela pourrait mal finir.

Lorsque Shawn ouvre les yeux, il lui faut quelques secondes pour se rappeler où il se trouve. Les vives douleurs au niveau du bras lui remettent vite les esprits en place. Il se redresse dans un sursaut, avant de se tourner vers le siège du conducteur. Constantine lui fait un signe amical de la main afin de lui faire comprendre qu’il n’a rien à craindre. Shawn se rend compte qu’ils sont à l’arrêt. Il jette un coup d’œil à l’extérieur et se rend compte qu’ils sont revenus dans le centre de Chicago. Shawn pousse un soupir et baille tout en étirant ses membres, se sentant plus détendu.

Il n’arrive pas à croire qu’il se soit endormi. Il en avait besoin bien mais il a tout de même manqué de vigilance. Cela aurait pu lui coûter cher. Heureusement qu’il ne s’était pas sur le compte du détective. Les prochaines semaines risquent de mettre sa bonne étoile à rude épreuve. Le pire est à venir, Shawn en a bien conscience. Il fera tout ce qu’il faut pour prendre soin de ceux qu’il aime.

Il jette un coup d’œil dans le rétroviseur et sourit lorsqu’il constate que ses partenaires sont juste derrière. Ces derniers viennent d’arriver et s’empressent de descendre de la moto. Trop heureux de pouvoir se dégourdir les jambes après avoir roulé sans faire la moindre pause.

- On vient tout juste d’arriver, j’allais te réveiller commente Constantine.

- J’ai dormi longtemps ?

- J’espère suffisamment pour recharger tes batteries. Je crois que tu en avais besoin.

- C’est clair ! Je suppose qu’on ne se reverra pas avant longtemps.

- Tu supposes bien. Nous avons des choses à régler chacun de notre coté.

- On n’aurait jamais réussi sans toi ! Désolé d’avoir été aussi méfiant !

- Ne le sois pas et si je peux te donner un conseil. Continues à l’être. On n’est jamais trop méfiant. Fies toi à ton instinct, il pourrait te sauver la vie à l’occasion.

- Je tacherai de m’en rappeler dit Shawn.

Les deux hommes restent silencieux, sachant que l’heure des adieux est venue. Mais aucun des deux n’est très doué pour ce type d’exercice. Ils se ressemblent plus qu’ils ne voudraient l’admettre. Ils sont tous les deux très solitaire et n’ont pas l’habitude de se confier, ni de se dévoiler. Ils gardent tout en eux, quitte à imploser. Shawn sent son téléphone vibrer dans la poche de son pantalon. Il est sûr qu’il s’agit de sa moitié. Sarah doit se demander où est ce qu’il se trouve.

- Je crois qu’il est temps que je… commence Shawn, cherchant ses mots.

- Il n’y a pas de bonne compagnie qui ne se quitte ! s’exclame Constantine, en souriant.

- Je ne saurai comment te remercier.

- C’est simple. Continues à agir comme tu le fais. Prouves à ceux qui te traquent que tu es différent. Que tu veux juste vivre en paix comme n’importe quel jeune de ton âge.

- Facile à dire !

- Je n’ai jamais dit que ça le serait. Mais bon, tu as bien réussi à me convaincre... Tout le monde n’est pas comme Cross. Ne laisses pas ta colère t’aveugler. Sers-t’ en comme d’un marteau lorsque tu seras sûr de savoir maîtriser le manche.

- J’essayerai. J’essayerai vraiment acquiesce Shawn.

- Je voulais aussi te dire deux petites choses.

- Je t’écoute dit Shawn, plissant les yeux, sous le coup de la curiosité.

- La première, c’est que malgré ce que tu peux penser, tu es un bon leader. Tu n’as pas hésité à risquer ta vie pour sauver tes frères. Peu de gens l’auraient fait. Tu es un leader née, c’est dans tes gènes, mais surtout dans ton cœur. Je l’ai senti quand on combattu ensemble. Rappelles toi ce que je t’ai dis, on apprend beaucoup en affrontant quelqu’un à mains nues.

- Merci, c’est assez flatteur surtout que j’ai toujours été très pessimiste quand il s’agit de me juger.

- Ne le sois pas, tu es voué à de grandes choses. Je me trompe rarement !

- Et la seconde ? demande Shawn.

- Tu as peur de ton destin, mais sache une chose. Ce que les gens appellent destinée, ce n’est rien d’autre que leur stupidité qui s’exprime.

- Pardon ? demande Shawn, n’étant pas sûr, d’avoir compris où le détective voulait en venir.

- Il ne faut pas craindre ta destinée. Rien n’est écrit, tu peux tout changer et tout façonné à ta convenance. Ce sont tes choix qui détermineront qui tu seras plus tard. L’existence est en éternelle changement. Tout peut être modifié si tu le désires vraiment au fond de toi.

Shawn déglutie avec peine, les paroles de Constantine l’atteignent au plus profond de son cœur. Il aimerait tellement croire que le détective ait raison. Depuis le début, il se bat contre des prophéties et des croyances de fin du monde. Cela lui fait du bien d’entendre quelqu’un lui dire le contraire. Que tout est à écrire et que cela dépendra uniquement de la route qu’il choisira d’entreprendre.

- Bon, il vaudrait mieux que tu te sauves. Je ne suis pas doué pour les adieux et tes amis s’impatientent.

Shawn hoche la tête avant de tendre sa main au détective. Ce dernier la lui serre et lorsque leurs mains se séparent, Shawn se retrouve avec une carte, glissée dans la paume. Le jeune homme n’avait rien vu venir. Ce détective est un vrai magicien !

Sur une des faces de la carte, il y’a un numéro de téléphone griffonné au stylo. Tandis que l’autre une adresse. Shawn lui montre la carte et l’interroge du regard.

- C’est mon numéro, en cas d’extrême nécessité. On ne peut pas me retracer, j’ai pris les dispositions nécessaires. Mais c’est vraiment en cas de danger de mort insiste Constantine.

- J’en ferai bon usage, tu peux compter sur moi. Et l’adresse, c’est à Chicago, si je ne me trompe pas ! Qu’est-ce qu’il y a là-bas ?

- C’est l’adresse du siège du C.A.S.

Shawn reste bouche bée, les yeux écarquillés, n’en revenant pas. Depuis tout ce temps, ses ennemis étaient en fait tout près de lui. C’est assez comique quand il y pense. Shawn est passé un nombre incalculable de fois devant le bâtiment, totalement inconscient du danger. L’agence est située en plein centre ville, sous une bonne couverture. Tout le monde ignore ce qui se trame entre ces murs. L’agence a mis les moyens nécessaires pour que personne ne s’interroge sur leurs activités. Mais au moins maintenant, Shawn saura où les trouver et ça c’est un avantage qui pourrait faire toute la différence.

- Ca peut toujours être utile dit Constantine, en lui décochant un clin d’œil complice.

- Prenez soin de vous dit Shawn, avant de lui faire un dernier signe de la tête et de prendre congé.

Une fois descendu de la voiture, il la regarde démarrer et disparaître en tournant au premier carrefour. Constantine est un sacré personnage, un être très dangereux, cela va sans dire. Mais c’est surtout une personne charismatique avec un véritable sens de l’honneur et sur qui on peut compter. C’est assez rare de rencontrer ce type de personnes de nos jours. Shawn commence à l’apprécier. Comme quoi tout est possible dans la vie, même de devenir ami avec un ancien ennemi se dit Shawn.

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