chapitre 39

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Il n’aime pas ça car il doit reconnaître qu’il ignore énormément de paramètres par rapport aux pouvoirs de ces individus. Il n’aime pas foncer dans le tas sans être un minimum préparé. Tout ce qu’il sait, c’est qu’ils peuvent brûler à peu près tout ce qu’ils veulent. Mais peut être peuvent-ils aussi lire dans les pensées des autres. Si c’est le cas, Constantine est un homme mort. Il tente de faire le vide en lui au cas où ça pourrait l’aider. Plus l’étudiant approche de lui, plus le signal augmente. Constantine serre de plus en plus fort, l’objet dans sa poche. Il aimerait bien pouvoir l’éteindre, de peur de se faire repérer.

Le détective peut mieux voir le visage du jeune homme et le reconnaît tout de suite. Il s’agit de l’étudiant qu’il a percuté le premier jour. Il n’arrive pas à le croire. La vie réserve parfois de sacré surprise ! Shawn avance dans le couloir, ne se doutant pas une seule seconde du danger qui le guette. Il sourit, d’un air béat, encore sur un petit nuage, dû au doux baiser échangé avec Sarah. En passant à coté de Constantine, il le reconnaît et le salue d’un signe de la main. Constantine sourit poliment à son tour. Son visage ne trahit pas une seule seconde les sentiments qui l’habitent. L’espace d’un instant, il a cru que le jeune homme allait l’attaquer en sortant du feu de sa main. Shawn s’arrête de marcher et se tourne vers lui, en fronçant les sourcils. Constantine sent le regard se poser sur lui et déglutie avec peine, imaginant déjà le pire. Il s’en veut de ne pas avoir pris d’arme à feu sur lui. Le détective aurait au moins pu se défendre.

- Au fait, vous avez fini par trouver ce que vous cherchiez ? demande poliment Shawn

- Ah ! Oui, merci dit Constantine, se reprenant rapidement.

- Tant mieux ! C’est vrai que c’est grand ici, mais on finit toujours par s’y retrouver dit Shawn, avant de s’en aller, après un dernier salut.

Constantine le regarde partir et pousse un long soupir, n’en revenant pas. Il se voyait déjà mourir carbonisé sous d’affreuses souffrances. Lorsque Shawn est passé prés de lui, il a senti une aura incroyable, qui lui a hérissé les poils des bras. C’est comme si un poids énorme s’était abattu sur lui et qu’il avait dû mal à respirer. C’est la première fois qu’un tel phénomène se produit. Il ne saurait l’expliquer, mais cela ne fait aucun doute. Le jeune noir est l’un d’entre eux !

Jusqu’à présent, Constantine n’avait jamais été sensible aux vibrations surnaturelles. Il ne comprend pas pourquoi il a réagi ainsi en croisant Shawn. Et surtout pourquoi il n’avait pas ressenti cet effet lors de leur première rencontre. Le détective se demande si cela ne serait pas lié à la fille. Les deux jeunes semblent très amoureux. Plusieurs hypothèses sont possibles et il se demande si certaines émotions ne joueraient pas un facteur important sur ces personnes. Plus l’étudiant s’éloigne, plus les vibrations de l’appareil dans sa poche diminuent.

- Enfin, je te tiens ! s’exclame Constantine, en se disant que la journée commence bien.

Le détective aurait dû jeter un coup d’œil à son horoscope. Pour savoir qu’il se trompe lourdement.

Mais pour le moment, il a d’autres chats à fouetter. Il doit faire des recherches avancées afin de tout savoir sur ce mystérieux étudiant. Rien ne doit être laissé au hasard. Ce jeune homme va peut-être pouvoir le mener aux autres. Finalement, tout va finir par se conclure rapidement. Il se permet d’ébaucher un petit sourire victorieux au coin des lèvres. Il hésite à appeler Cross pour lui annoncer la nouvelle. Mais il doit d’abord en savoir plus. Et pour cela, il est préférable qu’il utilise sa procédure habituelle. C’est-à-dire agir seul, sans personne sur son dos.

Il a toujours travaillé ainsi et jusqu’à maintenant, cela a toujours payé. Il ne voit aucune raison pour que le vent tourne et que sa chance disparaisse. Au moment où il aura besoin de la cavalerie, il saura qui appeler. Mais pas avant… La bataille à venir va être très intéressante et ce n’est pas dans ses habitudes de faire partie des perdants. Il est hors de question de foncer dans le tas, tête baissée. Cette fois, il n’affronte pas un petit truand. Les personnes qu’il poursuit, disposent de capacités incroyables et pourraient le tuer en une fraction de secondes.

Même si Constantine importe peu d’importance à sa propre existence. Il veut être présent à la fin, pour découvrir comment toute cette histoire se terminera. La conclusion n’est pas écrite… pas encore. Il sait que pour gagner une guerre, il faut être patient, solide, calculateur et surtout prêt à tout sacrifier. Constantine ne reculera devant rien et prendra tous les risques nécessaires afin d’accomplir sa mission.

A l’Ouest du centre-ville, hôtel Liefman. Devon est torse nu et regarde le panorama qui s’offre à lui, à travers la fenêtre de sa chambre. Il a les yeux rivés sur les buildings au loin, l’esprit ailleurs. Il aimerait pouvoir voler ou se téléporter loin de cette porcherie. Il a toujours aimé la solitude et cela depuis sa tendre enfance. Il n’hésite pas à être odieux avec les personnes qu’il a fréquentées, ne supportant pas d’avoir plus de proximité que nécessaire avec les autres. Avoir constamment quelqu’un sur son dos, lui donne la nausée. C’est plus fort que lui, comme s’il avait un poids lourd sur le dos.

Il sait d’avance que lorsqu’il aura tué tous ses demi-frères, il sera le seul à régner. C’est lui qui dictera ses propres règles et les gens n’auront pas d’autres choix que de s’y soumettre. Il a hâte que ce moment arrive enfin et il ne saurait l’expliquer, mais au plus profond de lui, il a le pressentiment que le combat final est proche. Il se demande si c’est son intuition qui lui parle ou si c’est coté impatient qui prend le dessus. Personne ne lui arrive à la cheville, ce sera lui le champion de Satan et personne d’autre. Il ne l’autorisera jamais !

Pour le moment, il doit jouer un rôle avec Ethan. Il n’a pas le choix et se retrouve donc obligé de faire semblant d’être son confident et son partenaire. Devon aurait aimé pouvoir s’en passer car Ethan n’est pas le genre de personne à se prendre en main. Ce qui a le don de faire sortir Devon de ses gonds. Il éprouve de plus en plus de difficultés à jouer son rôle et meurt d’envie de l’étriper sauvagement.

Mais le jeune homme sait qu’il doit être patient et continuer à le manipuler. S’il laisse ses pulsions prendre le dessus, il se retrouvera seul contre trois. Le combat risque d’être moins avantageux pour lui, tandis qu’avec Ethan. Il a un pion à utiliser. Ce dernier est prêt à se sacrifier pour lui. Alors autant le garder en vie, jusqu'au moment où il pourra s’en débarrasser, d’une façon ou d’une autre. Leurs trois autres lâches ont fini par créer une alliance. Plus les jours passent, plus ils deviennent dangereux.

Devon pousse un long soupir, cherchant une solution pour gagner la partie et s’en sortir avec les honneurs. Il sort de ses rêveries en entendant une personne se racler la gorge. Il se tourne et voit une fille âgée d’environ 27 ans allongée sur le lit. Une blonde mignonne, mince, aux cheveux longs et ondulés. Elle ne porte que de la lingerie en dentelle. Il s’agit d’une prostituée que le jeune homme a rencontrée dans la rue. Ils viennent tout juste d’avoir un rapport sexuel.

Il la regarde d’un air menaçant. Elle tremble quelques secondes devant le visage agressif du jeune homme. Elle n’est pas du genre à se laisser facilement intimidée, mais le regard de Devon est si noir, si dénué d’émotions qu’il lui fait froid dans le dos. C’est comme si elle était paralysée par la peur. Elle essaye de ne pas montrer son désarroi, malgré le fait que son cœur bat la chamade dans sa poitrine.

- Alors, mon chou, on fait quoi demande t’elle, de la voix la plus assurée possible

- Tu te casses et fissa grommelle-t-il, entre ses dents.

- Quoi ?

- Barres toi avant que je t’éclate menace Devon, en désignant la porte d’entrée de la main.

La prostituée ne se fait pas prier. Elle se dépêche de sortir du lit et de ramasser ses affaires. Elle sort précipitamment de la chambre, voulant mettre le plus de distance possible entre elle et ce monstre. Elle s’habille dans le couloir, en se jurant d’être plus prudente lorsqu’elle choisira ses futurs clients. Elle se dépêche de rejoindre l’ascenseur et faillit percuter de plein fouet Ethan. Ce dernier s’écarte et la regarde partir en courant, en se demandant ce que Devon a bien pu lui faire.

Il entre dans la chambre et voit son partenaire fixant la fenêtre. Il ne lui jette même pas un regard lorsqu’il fait son entrée. Ethan enlève son manteau qu’il jette négligemment sur un tabouret, avant de se laisser tomber sur son lit. Sans se retourner, Devon lui demande :

- Alors, tu as ramassé combien cette fois ?

Ethan prend le temps de formuler sa phrase, redoutant la réaction de son partenaire.

- Rien du tout, ça craint trop dehors.

Devon pousse un long soupir, en laissant retomber ses épaules. Son demi-frère sait décrypter cette attitude et cela n’augure rien de bon. La seconde d’après, Devon fait volte-face, attrape Ethan par la gorge et le pousse violemment contre le mur. Ethan n’essaye pas de se défendre, ne voulant pas énerver encore plus son unique « ami ». Devon fulmine de rage. Il ne croit pas une seule seconde ce qu’Ethan vient de lui dire. Cela ne peut pas être la vérité.

- Tu te fous de moi ! Tu crois que je vais avaler cette connerie ? Tu essayes de me doubler et de te faire de l’argent dans mon dos. Tu me prends vraiment pour un demeuré ou quoi !

- Je te le jure, c’est dangereux dehors. On n’est plus tout seul dans les rues. Ils sont là !

Devon lâche la gorge de son partenaire, qui s’écroule au sol. Ethan se masse sa gorge endolorie et toussotent en essayant de respirer normalement. La poigne de Devon était très vigoureuse, une vraie poignée de fer.

- Qu’est ce que tu me racontes ? Qui ça ils ?

- Le C.A.S

- Quoi ? Comment peuvent-ils être là ? On a été prudent.

- Je n’en sais rien, ils sont partout. Ils posent des questions sur des personnes qui agressent des gens pour des dépouiller.

- C’est beaucoup trop tôt. Je pensais que cela demanderait plus de temps avant qu’ils ne fassent le rapprochement entre nous et les agressions. Ils sont devenus malins, on dirait ! s’exclame Devon, appréciant le challenge qui se présente à lui.

- Il faut qu’on se casse d’ici et fissa ! On doit se faire oublier un peu dit Ethan, d’une voix paniquée.

Devon ne répond pas, se contentant de lui sourire. Une idée brillante vient d’éclore dans son esprit. Ethan sent d’avance que cela ne va pas lui plaire. Son compagnon n’est pas du genre à craindre le danger. C’est tout le contraire. C’est comme s’il avait continuellement quelque chose à prouver. Devon ne sait pas ce que signifie avoir peur. Il se croit supérieur aux autres, invincible. Tout ce qu’Ethan espère, c’est qu’il ne sera pas présent, le jour où la chance de Devon tournera.

- Non, c’est notre chance, au contraire.

- Comment ça ?

- Réfléchis un peu ! Nous savons qui ils sont mais pas eux. Nous allons en torturer un et le faire chanter pour qu’il nous dise tout. Je veux connaître le coin où ils opèrent. Nous allons prendre l’avantage et leur porter un coup très dur.

- Tu crois que cela vaut le coup. C’est super risqué !

Devon ne prend pas la peine de s’énerver. Il a très envie de le tuer immédiatement, ne supportant pas sa couardise. Heureusement que c’est lui le meneur. Celui qui prend les décisions. S’il devait toujours attendre après Ethan. Ils seraient encore au Canada, à rêver d’une nouvelle vie, sans jamais prendre leur courage à deux mains. Mais Devon n’est pas ainsi. Il va de l’avant et se sent prêt à accomplir son destin.

Université de Northwestern. A l’heure de la pause déjeuner, Sarah est assise seule à une petite table. Jamie pose son plateau en face d’elle, avant de s’asseoir. Ils ont tous les deux pris la même chose. A savoir un steak-frites, une tarte au chocolat et un coca. Un repas très équilibré comme le dit souvent Jamie en plaisantant.

- Shawn n’est pas avec toi ? demande Jamie, en prenant une frite entre ses doigts, avant de la plonger dans du ketchup et de l’engloutir.

- Non, il devait finir un exposé pour cette après-midi.

- C’est dommage !

Sarah sourit à Jamie et ce dernier fronce les sourcils en voyant le regard de son amie. Il la connaît que trop bien. Son petit sourire empli de malice et d’espièglerie en dit long.

- Quoi ? Qu’est-ce que j’ai encore fait ? demande-t-il, s’attendant au pire

- Tu ne te débrouilles pas trop mal sur ce coup-là, je dois l’avouer !

- Tu as fumé la moquette ou quoi ?

- Scarlett est venue au bar explique Sarah, en souriant d’un air complice.

- Ah, ça ! s’exclame Jamie mal à l’aise.

- Tu caches bien ton jeu. Je n’aurai jamais pensé qu’elle pourrait t’intéresser. Ce n’est pourtant pas ton genre de fille.

- Oh ! Tu sais, c’est juste pour lui rendre service dit Jamie, en se rendant compte lui-même qu’il n’est pas très crédible avec son mensonge.

- Mais oui, bien sûr. Tu peux embobiner qui tu veux, mais pas moi.

- Bon, ok j’avoue dit Jamie, qui finit par lever les bras en l’air, s’avouant vaincu.

Sarah ne dit rien. Elle préfère laisser son ami prendre la parole en premier, plutôt que de lui poser les dizaines de questions qu’elle a sur le bout des lèvres.

- J’aurai du mal à l’expliquer, mais c’est vrai qu’il y’a quelque chose chez elle qui me plait beaucoup. Je n’en suis pas dingue amoureux mais elle m’attire et puis voilà ! Mais bon c’est une vraie teigne, alors je me suis dis que je pourrai gagner un peu plus de crédit auprès d’elle si je l’aidais.

- Un vrai samaritain !

- Oh ! C’est bon, pas la peine d’en rajouter. Je sais que c’est pitoyable mais bon que veux tu que je te dise !

- Non, ce n’est pas pitoyable. Au contraire, je trouve ça trop chou et finalement je vous imagine bien tous les deux.

- Sérieux ! s’exclame avec étonnement le jeune étudiant, s’attendant à ce que son amie se moque de lui.

Savoir que son amie approuve son choix compte beaucoup pour Jamie. Ce n’est pas pour autant qu’il aurait renoncé, si Sarah ne partageait pas son avis. Ce n’est pas le genre à s’arrêter en cours de route. Jamie est un fonceur, il va jusqu’au bout. Même si la plupart du temps, il se casse les dents à l’arrivée. Mais, il a toujours su rebondir rapidement et ne pas s’apitoyer sur son sort. C’est ce qui fait sa force !

Jamie est une personne positive, convaincu que le meilleur est toujours devant soi et qu’il faut savoir le saisir. Mais que son amie de toujours soit de tout cœur avec lui, cela lui donne une force supplémentaire. Il se sent prêt à braver tous les dangers. Ça lui donne du baume au cœur.

- Je te souhaite de réussir, vraiment !

- Merci et j’avoue que ce sera un peu grâce à toi. C’est pour quand le concert ?

- J’en ai parlé avec mon supérieur. Ce sera pour demain soir.

- Tu lui as dis, sinon je peux le faire dit Jamie, très motivé.

- Désolé, je l’ai déjà prévenue dit Sarah, en faisant la moue.

Elle n’y avait pas pensé mais elle aurait dû annoncer la nouvelle à Jamie. Il aurait pu être un messager de bons augures.

- Tu as bien fait. Je te remercie vraiment pour ce que tu as fait !

- Arrête ! Tu es mon meilleur ami, c’est normal et puis, je crois en son potentiel. Je suis sûr qu’elle peut réussir dans cette voie.

- Je lui souhaite dit Jamie, en espérant avoir une chance de faire aussi partie de la vie de la rockeuse.

- Promis, si j’ai un autre message, je te préviens avant.

- Je t’adore dit Jamie, avant de l’embrasser sur la joue.

- Je sais, je suis la meilleure. Shawn n’arrête pas de me le dire.

- Ouais ! Ben je vais lui dire d’arrêter. Tu vas finir par avoir la grosse tête, si ce n’est pas déjà fait. Je dois avouer que tu as un peu grossi au niveau des joues.

Le réflexe premier de la jeune fille est de toucher son visage avant de se rembrunir. Quand elle comprend que Jamie se moque d’elle. Elle attrape deux frites dans son assiette et les envoie au visage de son ami. Ce dernier éclate de rire, en se protégeant le visage.

Super ! Très mature comme réaction ! s’exclame t’il, avant de répliquer à son tour.

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